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.Jean-Luc Matte
Infos mumuses

Présentations CD et DVD 4

Voici quelques CD dont j'ai continué à signaler la parution après la fin de mes infosmumuses en juin 2009, généralement parce qu'ils m'avaient été envoyés à cet effet...

Sommaire de toutes les chroniques


Début octobre 2014

Havelange
"Cadences"

Second album pour ce trio franco-wallon au sein duquel on retrouve à nouveau Gabriel Lenoir au violon, Marinette Bonnert à l'accordéon et Julien Biget au bouzouki et au chant. L'album est entièrement consacré au répertoire des contredanses collectées en Wallonie soit au XIXème siècle soit plus récemment. Il n'est pas pour autant purement instrumental et on appréciera les deux titres chantés par Julien Biget (1), dans un style très "Yacoubien" (2). Pour le reste, le violon mène naturellement la danse, soutenu par ses deux acolytes toujours aussi efficaces. On regrette juste que l'accordéon ne prenne pas un peu plus le devant...

Un album qui prouve que l'on n'est pas prêt d'avoir fini d'écumer les répertoires anciens et que les démarches pour aborder ces réinterprétations peuvent être très diverses. Ici pas de reconstitution à l'ancienne mais trois musiciens qui jouent avec leur sensibilité habituelle... Et je pense qu'à l'écoute, certains de ceux qui n'auront pas pris la peine de consulter le livret ne détecteront pas la particularité de ce répertoire...

(1) du moins j'ai supposé que c'est lui qui tient le premier rôle puisque le livret m'indique que Gabriel Lenoir chante également de même que Marc Malempré. Tant qu'à citer ce dernier invité, citons également la présence sur un titre chacune de Brigit Bornauw à la cornemuse et d'Aurélie Giet à la clarinette mais également en tant que conseillère en danse d'époque...

(2) tiens, en réalisant les liens des rappels ci-dessous, je me rends compte que j'ai déjà écrit exactement la même chose à propos de son intervention sur l'album du duo Declercq-Liénard...

Bemol production http://bemolvpc.com

Rappel : Havelange "En avant quatre !" (Bemol production 2011)

Marinette Bonnert : voir à partir de :

Julien Biget : voir à partir de la chronique de La Bergère "Etreintes"

Gabriel Lenoir : voir à partir de "La maison de danse"


Eirin
"Tus"

Il ne faut pas être grand devin pour deviner à la lecture du nom de ce groupe, vers quels verts horizons vont leurs goûts musicaux... Un trio de cordes et percussions : un violoniste qui mène la danse, une guitare battante pour l'harmonie et un troisième larron qui passe du banjo aux percussions. Une interprétation de la musique irlandaise qui ne semble pas chercher à bousculer la tradition, un répertoire qui n'hésite pas à reprendre des standard du genre. On appréciera l'intervention de Gabriel Lenoir sur une plage, celle d'un flûtiste (parent du violoniste apparemment) sur la fin de l'album n'est, par contre, pas tout à fait du même niveau...

Un trio qui gagnera à se trouver une personnalité plus affirmée mais ils sont suffisamment jeunes pour avoir le temps de chercher...

Bemol production http://bemolvpc.com


"Mélodies en sous-sol
Musique traditionnelle des grandes cornemuses du Centre-France"

 Il faut tout de même que je me décide à vous entretenir de ce double album, que pas mal de vous doivent déjà connaître, à commencer par ceux qui y jouent... Et parmi ceux qui ne l'ont pas sur leurs étagères, un certain nombre a assisté au concert d'ouverture du Son continu cet été (1)... Commençons donc par rappeler qu'il s'agit d'un vieux projet de Jacques Lanfranchi, grand amateur de longs hautbois et bourdons et qu'il me semble bien reconnaître sur la belle pochette (félicitons au passage Frédéric Wojcik pour l'excellente réalisation graphique). Il a su y faire participer quasiment toute la fine fleur des caresseurs de 17 pouces et plus au point qu'il faut déjà chercher pour trouver des absents notoires. A l'inverse on sera surpris d'y trouver un chabrettaire reconverti pour l'occasion ou un berrichon plus connu pour défendre la 13 pouces que les grandes... Tout ce petit monde joue principalement en solo ou duo de musettes ou, plus rarement en duo avec un autre instrument (accordéon, flûte, violon, vielle à roue, violoncelle) et, pour être complet mentionnons un trio avec deux chanteuses... Côté tonalité, voici un album pour ceux qui se plaignent de l'omniprésence de la tonalité de sol : la 18 pouces s'y taille une belle place, en solo ou en duo avec 23 pouces, 24 pouces... La 20 pouces est naturellement au rendez-vous mais le duo avec la 14 pouces jadis en vogue semble oublié aujourd'hui. Par contre son duo avec la fameuse 26 pouces de J.C. Blanc est bien présent sur une plage.. Outre le duo avec la 18 pouces déjà cité, la 23 pouces oeuvre naturellement avec la 16 pouces, en solo ou en duo avec une homologue (la 20 pouces aussi est utilisée dans cette formule à armes égales...). Les plus originaux ont recours aux 17 pouces, 24 pouces, 24 pouces et demi, sans oublier la 30 pouces dont Luc Vaillant démontre qu'elle peut être maîtrisée. Réalisation AEPEM oblige, le répertoire puise quasi exclusivement dans le traditionnel Centre-France et si je suis obligé de préciser "quasi" c'est juste à cause de l'emprunt aux collectage d'Edmond de Coussemaker réalisé par Laurent Mieze mais on ne lui en tiendra pas rigueur car cette plage en duo avec l'accordéon de Patrice Heuguebart demeure l'une de mes préférées. L'obligation de jouer des mélodies traditionnelles aurait pu conduire à un album avec une majorité d'airs connus mais si certains n'ont pas craint de donner leur version de standards, d'autres ont pris un malin plaisir à dénicher de nouvelles perles : on n'en attendait pas moins de Frédéric et Emmanuel Paris mais citons également Jonas Thin et son "Grand quadrille de la Guillermie" et il serait trop long de citer tous les autres. Il était à craindre également que trop d'interprètes se plient à la formule si évidente (et efficace) sur ce type d'instrument : mélodie lente enchaînée à un air à danser, mais d'autres formules ont été choisies. Le style des interprétations demeure fidèle à ce qui est considéré comme le style traditionnel de l'instrument : je ne sais pas si cela faisait partie du cahier des charges mais pas d'artifice ici pour "faire actuel". Citons tout de même l'accompagnement de violoncelle de Noëllie Nioulou ou le style personnel de Boris Trouplin. Pour finir saluons le niveau de jeu de tous les protagonistes, la qualité des prises de son, le livret toujours très complet chez AEPEM et, surtout, le travail des facteurs (cités plage par plage dans le livret, les instruments de Bernard Blanc étant très majoritaires), travail sans qui cette précision de jeu ne serait pas possible. Et même si certains optent désormais pour des hautbois "copies d'ancien" (2), dans ce registre également les luthiers actuels n'y sont pas pour rien...

En résumé, d'accord, c'est un album où il n'y a quasiment que de la cornemuse, mais jamais il ne lasse les oreilles

AEPEM http://www.aepem.com

(1) précisons que tous les participants à cet album n'étaient pas présent à Ars et que certains duos n'étaient pas similaires à ceux du CD.

(2) et une plage sur hautbois ancien...


Septembre 2014

Arnito
"IR"

Ce n'est pas souvent que j'ai à vous entretenir d'un album de flamenco et j'avoue ne pas être spécialiste de cet univers. Il s'agit ici d'un CD de flamenco instrumental, que je ne qualifierai pas de solo car si on y entend essentiellement Arnito (Arnaud Fillion-Robin de son vrai nom), c'est souvent simultanément à la guitare et aux percussions par la magie de l'enregistrement. Un dizaines d'invités interviennent certes, mais sur un nombre limité de plages. Arnito pratique un flamenco qui cherche à s'échapper des sentiers battus et a notamment travaillé ici à la composition de pièces aux rythmes impairs. Si l'une d'elles sonne très Balkans, effet souligné par la présence de cuivres, l'aspect irrégulier des premières pièces est bien plus subtil et ne saute pas aux oreilles à la première écoute. Le douzième temps "manquant" sur la première buleria à 11t par exemple, pouvant passer pour une simple syncope lorsque l'on y prête pas attention. Je ne sais pas ce que peuvent en penser les puristes mais le résultat est plutôt convaincant, ces subtilités rythmiques collant bien avec le caractère toujours un peu heurté du jeu flamenca. Le jeu d'Arnito a d'ailleurs bien le côté incisif nécessaire. Mais il sait se faire plus coulant, par exemple, dans cette autre pièce dont l'ambiance est plutôt celle d'un mambo latino-américain... Précisons encore qu'il ne s'agit rien moins que de son onzième album (pas uniquement en flamenco, il a touché à d'autres domaines), et pourtant il n'a pas l'air très âgé. Et, petit détail technique que je n'aurai jamais détecté à l'écoute, il joue d'une guitare à sept cordes...

Autoproduction : http://www.arnito.net

Rappel : voir la chronique de l'album suivant : "Musiques de mon monde - vol.2"

puis celle de "Ekut" en 2016

"Musiques de mon monde, vol.3" en 2017

"Le vent, la route"

puis cinq autres entre celui-ci et 2022 mais que je n'ai pas chroniqués... et sans dout e d'autres ensuite....

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La mission Brunot - août 1913 - Fin d'un bel été en Corrèze

Encore une fois, j'ai du faire un choix pour décider si je devais ranger cette production dans les disques ou parmi les livres. J'ai finalement opté pour la première solution car si l'aspect est celui d'un livre, le premier quart est constitué de textes de présentation de ce collectage audio précurseur, toute la suite, joliment illustrée de photos anciennes ou actuelles, donnant le texte des récits et chansons, leur traduction en français enventuelle (pas en anglais, on ne vise visiblement pas encore l'international...) et quelques autres références. Et pour ne rien gâcher, le prix (15 euros) est davantage celui d'un CD que celui d'un livre aussi bien présenté.

Les missions de Ferdinand Brunot sont aujourd'hui bien connues, notamment du fait de leur mise en ligne sur le site de la BNF. Une telle publication était-elle nécessaire ? Dès l'écoute de la première plage la différence de qualité sonore saute aux oreilles (d'autant que cette première plage est particulièrement nette, sur certaines des suivantes, le bruit du moteur de l'enregistreur n 'a pu être éliminé. Autant qu'il m'en souvienne, lorsque j'avais consulté le site de la BNF il y a quelques années, tous les enregistrements n'étaient pas encore en ligne et je n'avais pas perçu l'importance des collectes réalisées en Corrèze (il faut que j'y retourne pour voir s'il en est de même dans les autres régions objets de ces fameuses missions). D'ailleurs l'intégralité ne rentrait pas sur un CD et les producteurs de cet ouvrage ont du faire des choix. Ils ont favorisé les chansons et on ne trouvera donc que 7 plages parlées sur les 35 du disque et, pour ceux qui n'aiment pas les plages sans musique, précisons que celles-ci ne dépassent guère les 2mn et que quatre d'entre elles se suivant on peut les sauter d'un coup. Pour les autres, les traductions sont là pour les aider et la musique de la langue est tout de même bien agréable, surtout dialoguée (et même si ces dialogues ne sont pas tout à fait naturels)... Et puis n'oublions pas, comme nous l'explique le très intéressant texte d'introduction, que ces collectages ont été réalisé dans un esprit et avec une motivation bien différents de ceux qui seront réalisés plus tard et jusqu'à nos jours puisque F. Brunot était surtout attaché à la langue et faisait partie de ces précurseurs qui prirent conscience de l'importance de la langue orale. C'est déjà donc une grande chance pour nous qu'il ait consacré des enregistrements à la parole chantée, que ceux-ci aient été si nombreux, et qu'il ne se soit pas contenté d'enregistrer les membres du fellibriges qui l'avaient convaincus de venir en Corrèze.

Département de la Corrèze - Archives départementales et Centre régional des musiques traidionnelles en Limousin. Sous la direction de Justine Berlière, par Dominique Decomps, Eva Durif, Olivier Durif, Verena Feola, Dominique Meunier et Jean-Marc Nicita. Et, pour la petite histoire précisons encore que l'ouvrage est imprimé par Maugein imprimeur à Tulle...

http://www.crmtl.fr/


Mamy Kanouté -
"Mousso Lou "

Si la liste des musiciens intervenant sur cet album est plutôt conséquente (trente-trois si j'ai bien compté), il y a tout d'abord, et avant tout, une voix : celle de Mamy Kanouté, chaude, expressive et profondément africaine. L'accompagnement de cette griotte sénégalaise est dominé par les entrelacs des cordes des koras de Bao et Noumoucounda Cissokho qui partagent avec la chanteuse et le guitariste Baye Diop le travail de composition (dans un esprit africain) et d'arrangements. Outre les koras, diverses voix sénégalaises viennent assurer les choeurs et donner tout à la fois du caractère et de la dynamique à l'ensemble. Citons également deux balafons qui se fondent fort bien avec les sonorités des koras. L'album a été enregistré à Dakar avec d'autres musiciens locaux, mais il est également discrètement européanisé sous la houlette du violoniste bien connu Wouter Vandenabeele et tout un ensemble de neuf violons, violoncelle, contrebasse, saxo, basses. Les arrangements et le mixage intelligents évitent de placer trop au premier plan cet ensemble (ou alors ponctuellement, et à bon escient pour quelques traits de violon) et laissent ainsi s'exprimer les musiciens africains. De même, si ceux-ci sont également nombreux, l'enregistrement n'est jamais confus

Contact : http://www.homerecords.be

Rappels : Wouter Vandenabeele et Bao Cissokho ont collaboré à l'album d'Issa Sow "Doumale" (CD)
et voir également à partir de "Chansons sans paroles"

 


Compagnie Léon Larchet
"Violons dans la brume"

Dois-je classer cette chronique dans une page consacrée aux CD ou dans celle consacrée au DVD ? A lire le dos de la pochette il s'agit d'abord d'un DVD, accompagné d'un "CD Bonus" (ça me rappelle une lessive....) et il faut reconnaître que la réalisation du film qui figure sur le DVD et donne son titre à cet ensemble, à du occuper pas mal de temps aux membres de la compagnie et, qu'à ce titre au moins, ils souhaitent le mettre en avant... Un film de 35 minutes, de fiction, sans paroles mais, naturellement, pas franchement muet puisque très musical et, d'ailleurs, construit comme un enchaînement de plages : une vision de musicien qui nuit un tant soit peu au rythme général de l'oeuvre... Pas vraiment d'amateurisme dans la démarche de création de ce court métrage : le travail d'écriture, de repérage des décors (et certainement d'aménagement de certains) d'éclairage, la recherche sur les costumes, les maquillages et, naturellement, la musique : tout a manifestement été réfléchi. Côté casting ils ont fait appel à leurs connaissances et on prend plaisir à reconnaître certains musiciens et musiciennes... Mais il faut reconnaître qu'à l'arrivée, si l'ensemble est plaisant à regarder, s'il y a quelques très belles scènes dont notamment celle des deux violoniste tournoyant, il manque tout de même ce petit quelquechose que l'on ne sait pas toujours définir mais qui nous sépare encore du vrai cinéma pro : un petit peu plus de nuance dans les éclairages, une image un peu moins reportage, une direction d'acteurs et un script plus travaillé qui nous fasse réellement croire à cet univers de fiction ?... Il y a donc des chances donc que vous ayez bien plus l'occasion d'écouter le CD que de regarder le film et je vais donc classer cette chronique avec celles des CDs (d'ailleurs le boitier est au format CD et non DVD...). Précisons d'ailleurs de suite que le CD n'est pas la BO du film mais 14 plages à priori différentes principalement interprétées par Jac Lavergne et paradoxalement très peu sur son instrument fétiche (le diato) ni même au violon comme pourrait le laisser croire le titre de l'album mais sur toute une panoplie d'instruments à percussion, à cordes, dont celui qui ressort le plus doit être un oud etc... Virginie Basset intervient tout de même à l'archet sur une plage. L'invitée principale est Sandrine Lagreulet avec un jeu de cabrette qui puise dans la technique traditionnelle sans craindre de s'en éloigner et qui nous use également de sa voix dans un registre presque instrumental et J.C Planès au hautbois baryton vient compléter la distribution avec un son plutôt original parfois (derrière la cabrette notamment). Si "L'hommage aux trapézistes" de Jac Lavergne est garanti bio (cf ci-dessous), il ne semble pas en être de même ici, quoique certains bourdons n'ont jamais aussi bien porté leur nom... Et si j'ai émis quelques réserves sur le DVD, le CD est, lui, résolument pro !...

Contact : http://www.leonlarchet.com

Rappels : voir la chronique juste ci-dessous


Compagnie Léon Larchet
"Hommage aux trapézistes"

Renaud chantait qu'il était une bande de jeunes à lui tout seul, Jac Lavergne est parfois une compagnie à lui tout seul si l'on en croit la pochette de cet album dont il a assuré compositions musicales, prise de son, mixage, graphisme et, naturellement, jeu instrumental (tout à l'accordéon), chant et même quelques courts passages contés ou racontés... Le tout garanti "musique bio", c'est à dire "garanti sans re-re et sans loopeur" dixit la pochette.

Album solo paradoxalement dédié aux trapézistes, un art qui demande pourtant une grande confiance en ses partenaires (mais qui peut se pratiquer seul, je l'admets...). A l'image du chapiteau, qui sert de lien graphique à l'objet, on devine à l'écoute qu'il s'agit d'abord d'un spectacle, de musiques qui prennent tout leur sens dans la proximité avec les spectateurs regroupés en cercle autour du musicien plutôt que face à lui sur une scène. Les ambiances sont plutôt musette, avec des cadences parfois très auvergnates, des anches à l'accord plutôt mouillé qui collent bien à ces styles. Mais Jac nous invite aussi parfois à le suivre sous d'autres latitudes (dans un style qui n'est pas sans rappeler Bobby Lapointe), à moins que ce ne soit plutôt lui qui, de spectacle en spectacle, de salle des fête en bistrot, ne transporte avec lui son univers familier, peuplé de Mamies fluos qui composent. involontairement en funambules de l'ombre, de clowns, de louves ou d'ageasses...

Contact : http://www.leonlarchet.com

Rappels : voir à partir de Musikadansé 1
Cie Leon Larchet

et juste ci-dessus la chronique de...


Tokso
"Cor amant"

 

Voici un quatuor à cordes féminin au sein duquel nous retrouvons deux musiciennes dont j'ai déjà eu l'occasion de vous entretenir : très récemment pour la norvégienne Anne Hytta à propos de son CD solo de Hardanger Fiddle et il y a un peu plus longtemps pour la française Eléonore Billy et son nickelharpa, mais si vous parcourez les photos du présent site vous l'y retrouverez assez fréquemment, que ce soit à Socourt où elle anime, depuis pas mal d'années maintenant, des ateliers très courus de nickelharpa, ou au château d'Ars où elle s'est notamment produite l'an passé en duo avec Laurent Vercambre (souvenez vous la couverture de Trad. Magazine...). Toutes deux vivent la présente aventure musicale en compagnie d'une seconde norvégienne, Sigrun Eng, au violoncelle et, histoire de déplacer notablement le centre de gravité de l'ensemble vers le sud-est, de la grecque Kelly Thomas qui oeuvre sur une lyra crétoise, une version modifiée de l'instrument traditionnel puisque la photo laisse apparaitre de nombreuses cordes qui doivent être tout aussi sympathiques que celles du hardingfele ou du nickelharpa de ses collègues...(1) Aucune mélodie traditionnelle ici, oubliez également les airs à danser et ouvrez vos oreilles (vous pouvez fermer les yeux c'est encore mieux). Si la première écoute pourra vous paraître un peu absraite, mais déjà portée par la variété des timbres, leur mariage, leur confusion parfois (pas toujours facile de savoir quel instrument joue quelle partie...), dès la seconde écoute, votre esprit commence à anticiper le déroulement des lignes mélodiques alors que celles-ci n'ont rien d'évident ni de mécanique. Une écriture souvent plus proche de celle de pièces classiques que de traditionnels et, pourtant, l'esprit des mélodies traditionnelles est omniprésent sans que l'on sache vraiment analyser comment. Et si les quatre interprètes signent chacune deux à trois plages, pas facile de deviner qui a écrit quoi, mais à part l'une des plages de Kelly Thomas qui a tout de même quelques couleurs plus particulières... Le sourire des quatre complices sur la photo de couverture semblent un bon indice de leur plaisir à jouer ensemble, mais l'écoute de l'album en apporte une preuve bien plus tangible...

http://www.toksoquartet.com et naturellement disponible auprès d'Eléonore Billy

(1) si j'avais commencé par lire le livret au lieu de regarder les images, j'aurai su de suite que l'ajout de ces 21 cordes sympathiques est une innovation de Ross Daly avec lequel Kelly a tourné dans le monde entier...

Rappels :

Un album précédent 6 plages sans titre (autre que la précision "Folk string quartet")

Anne Hytta "Draumsyn" (2014)

 

Eléonore Billy : voir à partir de Duo Billy - Saunière "Voile" et juste ci-dessous


Octantrion

 

Voici un second CD, qui, après celui de Tokso ci-dessus, nous fait retrouver Eléonore Billy et ses nickelharpas (1), toujours entourée de cordes (quand collaborera-t-elle avec un souffleur ?), mais en duo cette fois, auprès de Gaëdic Chambrier qui oeuvre sur diverses cordes pincées (cistre, mandole, guitare) avec une certaine prédilection pour les sonorités un peu métalliques. On le retrouve parfois également aux percussions.

L'album fait alterner traditionnels scandinaves et compositions de l'un ou l'autre des deux protagonistes, ce qui donne un rythme intéressant à l'ensemble, les compositions étant généralement plus posées et plus méditatives tandis que les traditionnels sont un peu plus dansants. On retrouve avec plaisir, parmi ces derniers quelques mélodies connues dont par exemple la Polska fran Barseback.

Eléonore et Gaëdic jouent à armes égales, les cordes pincées n'étant pas réduites à l'accompagnement de l'archet et Gaëdic réussit souvent à assurer tout à la fois harmonie, ryhtmique et éléments mélodiques. Il doit bien y avoir un peu de re-recording de temps à autre puisqu'il m'a semblé entendre deux nickelharpas à un moment et je ne pense pas avoir confondu avec la contrebasse de J.P. Viret qui fait figure d'invité discret... Mais je ne crois pas que Gaëdic ait besoin de cet artifice technique pour donner l'impression de deux parties différentes...

Gaëdic dirigeant un studio d'enregistrement d'après ce que je lis sur son site, je suppose que c'est lui-même qui a assuré la prise de son, mais la pochette n'indique pas non plus explicitement l'auteur des belles photos (2) et de la mise en page

(1) ainsi qu'un peu de hardingfele

(2) photos intérieure, celle de la couverture, non légendée étant plutôt énigmatique... Est-ce la proue d'un drakkar tournée d'un quart de tour ?

http://www.octantrion.com

Rappels : voir juste ci-dessus pour Eléonore


Désir chroniques quartet
"Quelques morceaux en forme de poires"

 

La couverture de la simple pochette carton de ce CD fait référence tout à la fois à Satie pour le titre et à Jérome Bosch pour l'image (joli montage à partir d'un détail de la fameuse cornemuse rose de l'enfer du triptyque du Jardin des délices). D'après ce qui figure en tous petits caractère au dos de cette pochette, nous voici face à la bande son d'un spectacle visuel dans lequel cette oeuvre picturale tient une place importante, mais comme je n'ai pas eu encore la chance d'y assister je ne peux vous en dire plus... Pour ce qui est de Satie je ne sais pas s'il faut chercher un autre rapport que la reprise du titre... Mais, au delà de Satie et Bosch, s'il est un artiste auquel cet enregistrement doit beaucoup, c'est incontestablement Eric Montbel qui, s'il n'y a pas directement participé et si aucune de ses compositions n'y est reprise, influence le jeu de cornemuse d'Yvon Bayer ainsi que ses compositions à un point plus que troublant à l'écoute... Il est vrai qu'Eric a un style bien particulier et très reconnaissable et qu'Yvon, danseur contemporain et cornemuseux belge aujourd'hui installé en Provence, a pas mal joué avec lui, ces dernières années travaillant de belles unissons qui l'ont visiblement marqué... Même le traitement du son n'est pas sans rappeler celui des enregistrements d'Eric avec cette réverbération bien particulière. S'il est courant qu'un apprenti musicien construise son jeu à partir de celui de son maître avant de s'en délivrer par la suite pour trouver son propre style, il est moins courant qu'un musicien déjà expérimenté vienne calquer celui d'un autre. Quoique finalement n'est-ce pas le cas de la plupart des cabrettaires qui commencent par apprendre le jeu de l'instrument puis cherchent à approcher le style de Bouscatel ou celui d'Alard ? Et puis, finalement le principal est qu'Yvon a incontestablement le niveau technique et que cela ne verse donc pas dans la caricature.

Mais Yvon n'est pas tout seul ici : il est accompagné d'un batteur tromboniste (double casquette plutôt originale pour Braka puisque tel est son pseudo), d'un guitariste (Remi Charmasson) et d'une contrebassiste (Christiane Ildevert), instrument dont la sonorité est, à mes oreilles, toujours plus captivante que celle d'une basse électrique. Il est presque dommage d'ailleurs que les plages solistes de ces musiciens soient si limitées car certaines intro à la contrebasse ou au trombonne donne envie d'en entendre davantage. D'ailleurs, si les morceaux débutent généralement tranquillement, le quartet a une certaine affinité pour les fins plus musclées. Toutes les compositions sont d'Yvon Bayer et si, à la première écoute j'ai eu parfois l'impression que certaines manquaient un peu d'inspiration en faisant tourner des figures de jeu de cornemuse, les écoutes suivantes m'ont finalement montré que certaines mélodies valent tout de même le détour (notamment la dernière).

Contact : http://www.subito-presto.com

Rappels :

- avec Eric Montbel : "La Charmeuse de Serpents" (CD)
- avec Eric Montbel et al : le Grand balèti (CD) en 2017


- avec Eric Montbel et Laurence Charrier sur l'album collectif "Sackpfeifen in Schwaben 2003" (CD)


La Bergère
"Etreintes"

Il y a très peu de temps je m'étonnais de n'avoir jamais eu l'occasion de chroniquer d'album de Sylvie Berger, et en voici un second qui tombe, moins d'un mois après celui des Sylvie(s). En l'écoutant j'avais prévu pas mal de choses à vous écrire mais j'ai eu le tort de lire l'interview du dernier numéro de Trad. Magazine, qui vient juste d'arriver avec La Bergère en couverture et presque tous ces points y figurent, bien mieux énoncés par Sylvie que je ne saurai le faire... Donc si je vous dis que cet album, tout en étant dans la continuité des deux précédents, toujours avec Emmanuel Pariselle au diato et Julien Biget à la guitare, revient à un répertoire beaucoup plus traditionnel, ce qui nous permet de retrouver Sylvie Berger dans un style un peu plus sobre, mais peut-être finalement au moins aussi personnel. Si je vous annonce que les textes de ces traditionnels suivent un thème inépuisable et qui n'a rien de triste avec quelques textes à double sens dont "Sur les quais du Havre", un texte adapté et remis en musique par Sylvie, et dont Evelyne Girardon nous avait déjà offert une belle version sur "Amours du fusain". Si je vous dis que dans leur apparente sobriété, les arrangements sont très fins (quelle belle idée que ces métamorphoses en un dialogue où les deux chantent quasiment tout du long, celui qui prend la parole se contentant de passer devant...). Si je vous dis que la voix de Sylvie est toujours aussi unique et paradoxale et servie par une belle prise de son... Si je vous dis tout cela, il y a de fortes chance que vous le sachiez déjà par cette interview... Peut-être que, finalement, la seule chose de personnel que je peux ajouter c'est que j'ai beau la retourner dans tous les sens, je ne comprends toujours pas le choix des photos de la pochette... et que j'en aurai bien pris quelques plages de plus...

http://www.aepem.com

Rappels : rappelons les deux précédents albums de La Bergère

"Ouvarosa"

"Fi de l'Eau"

Sylvie et Julien intervenaient déjà sur l'album d'Emmanuel Pariselle "La Nonchalante" en 2005

Sylvie Berger :je vous ai déjà cité quelques-uns de ses enregistrements ci-dessous, mais reprenons ses opus principaux :

"La Polonaise" (CD + DVD) sur des textes et musiques de M. Montanaro

Et bien entendu les deux albums de Roulez-Fillettes
"Amours que j'ai" (1990 déjà, presque un quart de siècle...)

"Depuis des lunes"

En trio avec Jean Blanchard et Robert Amyot : "Fleur de terre"

Sylvie interprète, au sein de La Bergère, "Le galant noyé" dans sa version collectée par Barbillat et Touraine, chanson qu'elle avait déjà interprété en 1997 pour l'album collectif consacré à ces deux collecteurs

elle est également codirectrice du projet des deux triples albums collectifs
"Ronds et rondes traditionnels chantés du Bas-Berry recueillis et publiés par Barbillat et Touraine
Volume1"

et Volume2"

Julien Biget
accompagnant JJ. Revillion sur "Elève toi donc belle"

Havelange "En avant quatre !" avec Marinette, Gabriel Lenoir (Bemol production 2011)

et "Cadences" (2014)

En invité sur le récent album de Margaux Liénard et Christophe Declercq "histoires de violons"

Avec Eric Montbel et sa bande sur le Jardin des Mystères

Un album cinq titres plus personnel (mais en trio tout de même) " Le Premier Pas"

Dans un répertoire irlandais, au sein de Distant Shores

Sur trois plages de l'album de Anne Girard Esposito
"Un instrument un artiste - La flûte traversière en bois"

En invité et pour les arrangements avec le groupe Ormuz sur l'album "Le bois franc"

Avec Kathy Ferré sur une plage de l'album collectif live "20 ans de concours et rencontres à Gannat"

Emmanuel Pariselle :

Outre, naturellement, son fameux album "La Nonchalante" citée ci-dessus et sans remonter à son vinyl avec Katherine Bersoux en 1984

- "Coup de vent" avec Christian Maes (Buda musique 1998)

- "Danses du Sud-Ouest et autres mondes" avec Didier Oliver

- au sein du groupe Gasconha Plus avec ce même D. Oliver, Dani Madier-Dauba et Joan-Luc Madier pour l'album "En dançar"

- et, naturellement, l'indispensable rubrique Brico-diato tous les deux mois dans Trad Magazine...


IF Trio
"Imaginary Folklores"

 

Un trio acoustique composé d'un violoncelle, d'une guitare (nylon) et d'une flûte traversière : ils pourraient faire du classique mais ils ont opté pour des ambiances plus jazz mais avec un peu rentre dedans tout de même, un petit côté rock (depuis Apocalyptica on sait que le violoncelle se prête aussi à ce type de musique, on vient de me faire découvrir le duo croate 2cellos qui ne sont pas mal non plus dans le genre...). Le violoncelle est donc énergique, de même que la guitare et la flûte ne craint pas les coup de souffle (presque des slaps parfois...). Il en découle une musique toujours un peu sous tension, encore mélodique (1) même si elle utilise souvent des cellules répétées quatre fois avec une variante sur la dernière. Le titre fait référence à des foklore imaginaire et certains rythmes impairs nous renvoient vers l'est mais sans jamais que l'on n'envisage qu'il puisse s'agir de traditionnel et non de compositions (en fait je n'en sais rien car je n'ai pas eu le livret... C'est sur le site de l'éditeur que j'ai trouvé les noms de musiciens : Otso Lähdeoja (Finlande) à la guitare et compositions Florian Guibert (un français qui a voyagé) à la flûte traversière et Mauro Sarachian (Argentine) au violoncelle

Homerecords : http://www.homerecords.be

(1) j'ai l'impression d'écrire souvent cette expression, mais c'est une constante chez Homerecords, toujours quasi exclusivement acoustique et relativement mélodique


Astoura
"Set electrad"

Je dois avoir avouer avoir un peu de mal à me forcer, à chaque apparition du nom de ce groupe, à ne pas penser aux Asturies, mais il ne s'agit que d'une homonymie car Astoura est, ici, une expression bourbonnaise signifiant "maintenant" (A c't'heure je suppose... ce qui les rapproche de l'association picarde Achteure...)

Comme le laisse supposer le titre de l'album, le groupe mêle musique traditionnelle et musique électro, un type de cohabitation de genres musicaux qui, en 2014, ne bénéficie plus de l'alibi de la nouveauté et qui se doit donc d'être réussi pour se justifier. Et nos quatre lascars ne s'en tirent pas si mal à ce jeu, même de mon point de vue bien plus attiré par la richesse et la multiplicité des sonorités acoustiques que par celles de l'électronique qui, malgré les apparences, s'avèrent généralement plus pauvres. Thibaut Blanc qui officie ici aux "machines" ne semble pas vraiment à la recherche de sonorités vraiment nouvelles et certaines (sur une plage au moins) sonnent d'ailleurs plutôt électro vintage style jeux vidéos première époque. Mais il diversifie sa palette pour donner une couleur différente à ses accompagnements sur chaque plage. Et surtout, baigné depuis toujours par les musique trad. (fils de...) il joue sur les rythmiques et les contre-temps afin de ne jamais écraser la cadence des ses complices. Et comme ceux-ci sont d'une remarquable efficacité de ce point de vue, l'ensemble prend très bien au point que, sur le premier morceau par exemple, passé l'intro électro, l'auditeur se retrouve face à un son de groupe qui lui fera bien davantage penser au Trio Bouffard qu'à un duo casqué à la mode...

Mais venons-en justement au trois musiciens acoustiques dans une formation qui est effectivement la même que celle du Trio bien connu sus-cité : vielle à roue, accordéon diatonique et cornemuse, sauf qu'ici c'est plutôt la cornemuse qui est au premier plan et non la vielle. Cornemuse 20 pouces à la Bourbonnaise naturellement, mais, plus original, celle-ci alterne avec la 10 pouces à son octave et cela donne finalement une impression de 20 pouces qui disposerait de son octave complète et jouerait tantôt dans un registre et tantôt dans l'autre. Le cornemuseux en question, je ne l'ai pas encore cité, est Olivier Gitenait, un musicien qui ne m'étais pas totalement inconnu mais que j'ai réellement découvert récemment dans une vidéo où il explore, sur un registre beaucoup plus contemporain, toutes les possibilités sonores de l'instrument avec une maïtrise vraiment impressionnante ( http://lafeuilleamta.fr/2013/09/23/eclats/). Il oeuvre ici dans un registre beaucoup plus traditionnel mais avec la même aisance et Catherine qui a, comme d'habitude eu droit à une écoute de l'album en aveugle, n'a pas attendu plus de 30s avant de constater que "c'est un cornemuseux qui maïtrise..." (1). L'accordéoniste n'est autre que Yannick Guyader, un diatonicien encore jeune mais qui n'a déjà plus rien à prouver du côté de la maîtrise de son instrument (2). Et enfin, à la vielle, Jean-Philippe Schmitt, que je ne connaissais pas (sur internet je n'ai trouvé que sa participation à un duo "Foudrailles". avec Yannick (3)..) mais qui tient parfaitement son rôle dans l'ensemble.

Le répertoire (à danser) est entièrement composé par ces trois derniers musiciens (au moins c'est simple à expliquer...) et sonne tout à fait dans le ton, au point que j'aurai été bien incapable de l'affirmer sans me référer à la pochette.

Bon, je vous raconte tout cela mais peut-être les avez-vous déjà entendu, par exemple l'été dernier au château d'Ars et, dans ce cas vous vous êtes déjà fait une opinion...

(1) heureusement puisque je lis qu'il est prof de cornemuse et saxo en école de musique dans l'Allier

(2) et je viens de voir sur des vidéos en ligne qu'il tâte également de la cornemuse... Comme Olivier il enseigne également la pratique de son instrument de prédilection...

(3) si j'avais été plus malin j'aurai commencé par le site du groupe qui donne les biographies de chacun et où j'aurai vu qu'il a joué dans Vichy et ses sources ainsi que la Bourrée Gannatoise.

Autoproduction http://www.astoura.fr

Rappels :

Olivier Gitenait : Ribouldingue "Le manège en chantier" 2001

Olivier Gitenait et Yannick Guyader : Ribouldingue "Virages"
Yannick Guyader : Kitus "Après l'After" 2009

et "Eh bien, dansez maintenant "2010


Jacques Pirotton
"Stringly 612"

 

Voici un nom qui ne vous dit sans doute rien et ce n'est pas étonnant car ce guitariste est étiqueté jazz... En cherchant un peu, je vous ai parlé d'un de ses enregistrements précédents, au sein du groupe Piwiz Trio et j'avais d'ailleurs conclu cette petite chronique en regrettant que la guitare double presque systématiquement le piano alors que quelques passages démontraient qu'il était aussi à l'aise au premier plan. C'est donc chose faite aujourd'hui avec cet album en son nom et où il tient effectivement très largement la place d'honneur, secondé par les percussions au styles très variés de Stefan Pougin (bien connu dans le monde du Trad. belge) et la contrebasse de Boris Schmidt. Citons également un invités de marque : le saxophoniste Steeve Houben, jazzman plus que reconnu en Belgique, mais également connu dans le milieu trad. pour avoir fondé Pantha Rei avec Luc Pilartz, Didier Laloy et autres compères... Et pour n'oublier personne, le joueur de chromatique Philippe Thuriot que l'on pourra entendre aussi bien en accompagnement par accords qu'en mélodique auprès de la guitare. Le jeu de Jacques Pirotton est toujours bien net sur les cordes métalliques de ses guitares et s'il est étiqueté jazz, sa musique est très mélodique, presque descriptive (on l'imagine bien en BO de film), bien dans le ton du label Homerecords et pas si éloigné des ambiances d'un Wouter Vandenabele par exemple.

Ne vous reste qu'à comprendre l'astuce du titre est vous saurez sur quels types de guitares il joue ici... (le chiffre des centaine n'en est pas un en réalité...)

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappel : voir la chronique de Piwiz Trio

Stephan Pougin : voir à partir de Tricycle "King Size"
Tricycle CD jazz musique du monde

Stephan Pougin et Boris Schmidt : participation à l'album de Ialma "Camino - de Bruxelles à Santiago"


Association La Loure
Collection : "Sources"

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Cela fait un certain temps que je vous annonce les souscriptions et parutions de l'association normande La Loure mais je n'avais pas encore eu l'occasion de vous présenter celles-ci plus en détail. En voici un aperçu avec quatre albums de la même collection de collectage, ce qui, précisons-le, ne représente qu'un aspect des productions de La Loure.

La Normandie ne fait pas partie de ces régions auxquelles on pense spontanément en matière de traditions musicales, de ces régions auxquelles s'attachent un style particulier reconnu, un instrumentarium particulier (si l'association La Loure a pris le nom local de la cornemuse, on ne sait quasiment rien sur cet instrument disparu, sur ses particularités éventuelles...). Les efforts de collectages réalisés dans cette région ont donc été assez inégaux selon les époques, les territoires etc... On ne peut donc que saluer le travail réalisé par cette association pour, d'une part, la relance des collectages et, d'autre part, la diffusion des principaux résultats de celle-ci, reprenant le flambeau du beau coffret de 4 vinyls paru en 1980 (cf ci-dessous). Il faudrait également citer le troisième pilier que constitue la réinterprétation de ces répertoires, qui si elle peut être considérée comme facultative voire comme une trahison par les plus puristes, est indispensable à une réappropriation des ces répertoires à leur remise en vie... Mais plutôt que de continuer dans les généralités, passons en revue ces quatre CDs en soulignant toutefois d'abord leur qualité de réalisation et en particulier celle de leurs livrets, très complets et dont j'apprécie, moi qui n'ait qu'une connaissance limitée de cette région (adminstrativement de ces régions puisque la Loure travaille aussi bien sur la Haute que la Basse-Normandie), la présence d'une carte bien réalisée, dans chacun de ces livrets (la chose est malheureusement trop rare pour ne pas la citer).

"Chansons & musiques traditionnelles du bocage normand -
Le bocage Virois"

 

Le Bocage Virois, second volume de cette collection après un premier consacré aux marais du Cotentin et du Bessin, nous amène dans 6 cantons à la jointure du Calvados, de l'Orne et de la Manche. Une région chère à la Loure car c'est à partir de collectages menés ici qu'elle verra le jour en 1998.

La photographie de Suzanne Quesnée en couverture, montrant le violon non monté de son grand-père illustre bien le fait que la tradition instrumentale encore présente dans cette région se limite aux instruments à anche libre (la tradition de violon s'y est perdue...) et cet album essentiellement de chansons ne comporte qu'une plage d'harmonica, deux d'accordéon diatonique et deux de chromatique. Si la pratique instrumentale n'est donc pas le fer de lance des traditions musicales ici, la chanson s'y porte bien mieux à entendre les différents interprètes, tous d'un bon niveau, chantant des mélodies souvent subtiles, sur des thèmes certes connus (répertoriés par leur correspondance dans les catalogues Laforte et Coirault au sein du livret, on relèvera tout de même trois thèmes non référencés dans ces deux catalogues), mais le plus souvent dans des versions assez originales.

"Chansons & musiques traditionnelles du bocage normand -
Le Mortainais"

 

Mêmes constats à l'écoute du volume trois de cette série, consacré à la région de Mortain, tout au sud de la presqu'île du Cotentin : même livret détaillé avec la carte, mais surtout même qualité des interprètes, encore un fois très majoritairement des chanteuses et chanteurs (1 air de chromatique, trois de violons et quatre au diatonique) , à nouveau quelques enregistrements du début des années 80 (7 plages) et, pour l'essentiel, des collectages des années 1999 à 2011 et, enfin, toujours un répertoire très intéressant composé soit de thèmes inconnus (non référencés par Coirault et Laforte) dont quelques perles comme "La chemise de la bourgeoise" , soit des thèmes connus mais dans des versions différentes de ce que l'on peut connaître par ailleurs : citons par exemple la Vache au parlement dont les vieux fans d'Aristide Padygros reconnaîtront le thème mais c'est à peu près tout...

41 plages qui démontrent que même si le collectage a été tardif en Normandie, le répertoire chanté y est encore très bien conservé avec des interprètes quasiment tous encore en pleine possession de leurs capacités vocales (très peu de voix à la justesse imprécise ou en manque de souffle du fait de l'âge...)

"Chansons & musiques traditionnelles du bocage normand -
Le Domfrontais et le Pays Fertois"

 

Si l'on change de département en passant du Mortainais (Manche) au Domfrontais (Orne), ces deux régions sont voisines

Quatre airs de violons et deux de diato cette fois-ci, au milieu de nombreux chanteurs et chanteuses. Toujours la même richesse au sein de ces 38 plages. Citons à titre d'exemple cette longue chanson de demande de la mariée "De l'île des Bourbons", non référencée dans les catalogues mais dont le livret nous apprend qu'elle est connue dans une bonne partie du département de l'Orne. Si elle est, de son côté, bien référencée, la longue chanson sur les différentes cartes d'un jeu de cartes m'était bien inconnue...Et encore une version différente de la chèvre au parlement... Les amateurs de mimologismes y trouveront, eux, une plage sur les chants de différents oiseaux... Bref, comme pour les autres albums de la collection, quelquesoit votre intérêt, voire même carrément votre absence d'intérêt, pour la Normandie, ne passez pas à côté de cet album si vous vous intéressez à la chanson traditionnelle francophone...

  "Chansons & musiques traditionnelles du Pays de Caux"

Retour en Haute-Normandie avec cet album consacré au Pays de Caux, une région sans doute plus connue que les précédentes puisque, formant la moitié ouest du département de Seine-Maritime, sa côte et ses falaises sont célèbres. Mais n'oublions pas qu'il n'y a pas que la côte même si la carte du livret nous montre une plus grande densité de plages issues des environs de celle-ci... Et, contrairement à ce que l'on aurait pu envisager, la présence de la mer n'apparaît guère dans les thèmes traités : s'il figure une version de la barque aux trentes matelots, collectée à Fécamp (et devenue frégate ici), chaucun sait que l'embarcation n'y sert que de symbole. Un court témoignage sur les chants à déhaler a tout de même été inclus dans l'album. Certaines chansons sont visiblement des chants à danser, voire à répondre (sur l'un de ceux-ci, on sent toutefois un auditoire peu familier de ce genre d'exercice...)

Côté instrument, une seule mélodie jouée à l'harmonica et, côté chanteurs, toujours le même niveau d'interprétation que pour les albums précédents, toujours des versions originales de thèmes connus, avec des couplets que, parfois, je n'avais jamais entendu et qui viennent rajouter quelque chose à des récits bien connus (je pense par exemple à la présente version du déserteur par amour...). Si le thème du retour du soldat chez sa femme qui ne le reconnait pas de suite est un classique (une belle version très complète ici encore, sur un tempo paradoxalement assez guilleret), celle du soldat qui n'est pas reconnu de suite par sa mère est moins courante... Parmi les quelques chansons non référencées, citons une jolie histoire de casse noix, au double sens évident... Ce n'est d'ailleurs pas la seule de ce type de l'album.

Si parfois, à l'écoute de premier couplet, la mélodie de telle chanson bien connue paraît un peu pauvre, l'auditeur change vite d'avis au fil des couplets lorsque cette ligne mélodique commence à s'imprégner en lui et également probablement aussi parce que les chanteurs prennent de l'assurance et de la précision dans leur interprétation... D'autres chansons s'affirment dès le début (Passant par Paris mon ami par exemple) mais là aussi il n'est pas trop d'une écoute attentive pour bien en attraper les subtilités mélodiques...

Les enregistrements ont été réalisés entre 1960 et nos jours (certains par Michel Colleu dont il ne faut pas oublier les origines normandes), mais comme pour les autres albums, la qualité d'écoute est très bonne et on a le plus souvent du mal à imaginer qu'il s'agit de vieilles bandes magnétiques tant les interprètes paraissent présents...

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Si l'on juxtapose sur une carte les secteurs couverts par ces quatres volumes (plus le premier), il est clair que l'ensemble des deux régions adminstratives et loin d'être couvert et que La Loure a encore donc bien du travail soit de collectage, soit d'édition à réaliser.... Mais saluons déjà tous ces petits trésors retrouvés et partagés.. Et n'oublions pas que la Loure n'édite pas que des albums de collectage mais aussi des enregistrements de reprises actuelles de ce répertoire.

.Association La Loure http://www.laloure.org

Rappel : en 1981, l'Académie Charles Cros avait fort justement couronné l'édition d'un coffret de 4 33t, bien documenté par un grand livret et dont l'essentiel des collectages était du à F. Redhon, collecteur dont on retrouvera des enregistrements (différents de ceux des vinyls) dans les albums ci-dessus. Seul le premier de ces 4 vinyls, consacré à la Manche, était composé de collectage de l'association Satchi L'Pi.
Collectage de musique eet chansons traditionnelles en Basse-Normandie - Orne -Manche - Calvados Editions Pluriel. Réalisé dans le cadre de l'année du patrimoine 1980

Voir la publication suivante de cette collection, sous forme de livre-CD, consacré au Cotentin

La Loure : Robert Bouthillier, Yvon Davy, Eva Guillorel et Etienne Lagrange "Les chansons du cousinage -Normandie - Amérique du Nord"

 

Joli Gris Jaune" La longue errance"


Anne Hytta
"Draumsyn"

 

Voici un éditeur que je ne connaissais pas encore et que je découvre avec cet album solo consacré à Anne Hytta, musicienne norvégienne qui joue sur des violons Hardanger (Hardingfela), mais également sur d'autres types de vielles et viole, des pièces de sa composition. Si la biographie de Anne Hytta nous apprend qu'elle à appris l'instrument sur du répertoire traditionnel, qu'elle a joué (et enregistré) dans plusieurs formations traditionnelles (Soli, puis qu'elle a touché également aux musiques médiévales (et du Balouchistan...), l'album est d'une tonalité plus contemporaine avec des rappels plus ou moins discrets de la tradition (1). La présentation du CD n'est d'ailleurs pas sans rappeler celles du label EPM et l'on se doute dès le premier abord qu'il ne s'agit probablement pas vraiment d'un album trad. Par contre le catalogue de cet éditeur est plutôt tourné vers les musiques anciennes avec visiblement une attirance particulière pour luths et guitares.

Rappelons que le Hardingfela est un violon caractérisé par le présence de plusieurs cordes sympathiques qui lui donnent un son très particulier. On le reconnait également à sa décoration très particulière, génaralement au niveau des filets et de la touche. Le jeu du Hardingfela utilise très largement les doubles cordes afin de produire un effet de bourdon et cette technique est quasi omniprésente sur le présent album, avec un bourdon le plus souvent plus aigu que la mélodie. Ce bourdon n'est pas tout à fait fixe car lorsque la mélodie nécessite de changer de corde, la corde d'accompagnement ne peut rester la même et il arrive que le bourdon bascule ainsi en dessous pour quelques notes. Cette techinque de jeu explique pourquoi Anne Hytta utilise cinq instruments différents, dotés chacun d'un accordage particulier qui, de ce fait, modifie la hauteur des "bourdons" par rapport aux cordes mélodiques. Ceci explique également pourquoi les cellules mélodiques sont généralement d'un ambitus réduit (afin de rester sur la même corde.). Pas de grand développement mélodique ici mais presque toujours des enchaînements de courtes cellules bissées. Mais surtout, pas d'utilisation de rythmique dansante, pas de passage un peu swingué et c'est sur cet aspect que l'on se sent éloigné du jeu traditionnel dans lequel la corde bourdon joue également un rôle rythmique ce qui n'est guère le cas ici. Voici donc un album à réserver à une écoute attentive et à des oreilles averties car sinon il risque de vous paraître très monocorde, ce qui est tout de même un paradoxe pour un instrument qui se joue, justement, en doubles cordes...

Carpe Diem Records (livret en anglais, allemand et norvegien)
Existe également en Vinyl LP
http://www.carpediemrecords.de/

Contact http://www.annehytta.com

(1) je vois sur son site qu'elle joue également dans le quartet Tokso, orienté compositions mais moins éloigné de la tradition que le présent album, avec la joueuse de nickelharpa française Eleonore Billy...

Rappel : Tokso "Cor amant"

 


Henri et Marie Rouland, Les trois Sylvie(s)
"Chanteurs corréziens" "Dans la trace des Rouland"

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(exceptionnellement vous avez droit au recto et au verso de cet album Janus)

Que voici une publication intéressante et originale ! Originale par la forme certes (un grand livret en hauteur avec un CD sous chacun des rabats de couverture et dos (1)), mais surtout par le contenu qui met en regard un premier CD de collectage avec un second de réinterprétation actuelle. Naturellement, pas question de tomber dans la caricature et le programme des deux albums n'est pas le même : si 7 des chansons bénéficient des deux interprétations, il en est plus du double qui ne figurent que sur l'un des deux albums.

Henri et Marie Rouland, de Chamberet en Corrèze sont des noms familiers à ceux qui lisent les livrets des disques qu'ils écoutent. En effet, plusieurs musiciens et chanteurs ont déjà repris certaines chansons de leur répertoire sous forme chantée ou instrumentale et citons, notamment, Lo Jaï dans son premier 33t. Quelques albums de collectages plus collectifs permettaient également de les entendre (cf ci-dessous). C'est donc avec une étonnante impression de familiarité que j'ai écouté le premier CD (2), d'autant que la plupart des titres sont des thèmes bien connus du répertoire francophone et l'on est donc en pays de connaissance. A ceux qui craignent l'écoute des enregistrements de collectage, soulignons qu'Henri et Marie sont de grands chanteurs, encore en possession de leurs moyens vocaux et qu'ils ne donnent jamais l'impression d'à peu près dans le rythme ou la justesse, de perte de mémoire ou de reprise de souffle intempestive. Comme le souligne le livret, leurs style sont différent, l'un plus extraverti que son épouse, mais la lecture du livret pourrait justement laisser penser qu'Henri s'est éloigné de l'interprétation traditionnelle pour se laisser influencer par le répertoire caf'conc. Si cette influence est parfois perceptible, elle reste anecdotique et il s'agit bien d'abord d'un chanteur de tradition. La chanson "Le chauffeur d'automobile", visiblement plus récente en est une excellente illustration puisqu'Henri la tire vers une interprétation qui doit plus à la pratique traditionnelle qu'à celle des scènes parisiennes. Il est même probable que l'intégration de cette chanson à son répertoire n'est pas un hasard mais du au fait qu'elle n'est sous certains aspects, pas si éloignée que cela du répertoire traditionnel, notamment par la finesse de son double sens... J'ai d'ailleurs ressenti quelques similitudes entre Henri Rouland et Louise Reichert, notamment par cette position tout à la fois influencée par des aspects plus modernes de la chanson, sans pour autant y perdre son âme et avec un grand talent (on est loin de ce que l'on pourrait qualifier de queue de tradition avec tout l'aspect péjoratif que cela suppose). Cette similitude avec Louise Reichert est naturellement accentué par l'interprétation du Curé et du teinturier (dont Jean-Marc Delaunay nous indique dans le livret (3) qu'il s'agit d'une chanson remontant, d'après Coirault, au XVIIIème siècle, voire au moyen-âge pour son thème). Leurs versions sont tout à la fois très proches et différentes sur bien des points et, pour qui a déjà la version de Louise Reichert dans l'oreille, voire par coeur en tête, ce n'est pas une gêne d'entendre cette version différente mais un vrai plaisir puisque toutes ces variations n'ont pas moins de logique que la version précédemment entendue.

Bien que non mentionné en couverture, ce premier CD nous fait entendre d'autres interprètes qu'Henri et Marie : en premier lieu leur nièce Marcelle Pathier, que l'on retrouve et que l'on entend chanter dans un reportage vidéo inclu au second CD (visionnable sur ordinateur)? Dans ce petit reportage actuel (8mn) est inclus un petit film super 8 de 1978 qui nous permet de revoir non seulement les Rouland, mais également les membres du Grand Rouge de l'époque venus les collecter et notamment le regretté Pierre Imbert.
Interviennt également sur le premier CD Marcelle Delpastre et sa mère Marie-Louise sur lesquelles le livret est curieusement totalement muet (mis à part l'indication de la source de ces enregistrements, cf ci-dessous). Les concepteurs ont-ils considérés qu'elles sont sufflisamment connues par ailleurs (cf rappels ci-dessous)

Le second CD est donc consacré à des réinterprétations actuelles de ce répertoire par trois voix féminines que le hasard a doté des mêmes prénoms : Sylvie Berger que l'on ne présente plus, Sylvie Heintz et Sylvie Géneaux que je ne connaissais pas jusqu'à présent. Leurs polyphonies ont été harmonisées par Gabriel Durif et c'est une belle surprise car, si certaines harmonies surprennent à la première écoute (sans tomber dans la dissonnance), on est tout à la fois dans la continuité de ce que peuvent faire Evelyne Girardon ou Gabriel Yacoub (pour ne citer que deux artistes qui ont influencé par le passé le travail de Sylvie Berger), mais avec une vraie couleur nouvelle et cela sans aucun artifice pour faire moderne mais des techniques éprouvées comme le canon, le voix bourdons etc... Et comme les trois filles interprètent cela à merveille (certains arrangements ne supporteraient pas l'à peu près), c'est une belle réussite. On en oublie d'ailleurs presque trop rapidement de faire le lien avec le premier CD et c'est tout à leur honneur : il aurait été irrespectueux de ne faire qu'une simple réinterprétation de ce répertoire, cela aurait en effet pu passer pour une "mise au propre" de celui-ci alors que, comme je l'ai souligné ci-dessus, les versions d'Henri et Marie Rouland (et des autres chanteuses), sont déjà des versions qui ne souffrent d'aucun défaut.

CRMTL http://www.cmtrl.fr

(1) pour le prix d'un CD ordinaire, soit 15 euros, soulignons le, en ces temps de crise...

(2) curieux, j'ai déjà écrit presque la même chose à propos du CD de Smitlap la semaine dernière...

(3) je n'ai pas encore parlé de ce livret ou O. Durif, C. Oller, JM. Delaunay et Les Sylvie(s) nous disent l'essentiel en peu de mots sur ce couple de chanteurs, le contexte de leur collecte, leur style et répertoire, la réinterprétation de celui-ci etc... Le tout servi par l'alternance de très belles photos de collectage (sans crédit malheureusement...) et, en couleurs, de photos de paysages corréziens et des trois Sylvie(s) (là le crédit est indiqué : S. Nonigue-Desvergnes)

Rappels

La plage interprétée par Marcelle Delpastre, les deux très brèves interprétées par sa mère Marie-Louise ainsi qu'une plage interprétée par Henri Rouland sur le premier CD de la publication ci-dessus proviennent du 33t "French folk song of Correze" Topic 1974 (apparemment réédité en K7 1994) dont vous trouverez les détails et pouvez charger le livret ici. Cet album de 1974 contenait bien d'autres titres de Marie Louise et Marcelle Delpastre, Henri et Marie Rouland et Marcelle Pathier et même Antoinette Pathier.

Henri Rouland : deux titres "Chanson des compagnons" et "La femme et le capucin", non repris dans la présente publication dans le CD "Chanteurs et musiciens en Limousin - enregistrements 1974-1991" Silex-Auvidis 1995

La publication de "La chanson des compagnons" dans l'album précédent a conduit à sa réinterprétation sur l'album ""S'en sont trois bons maçons... de leur pays s'en vont" Modal 2000, album collectif sur des arrangements de F. Pouget

Sur son 33t "L'art de la cornemuse" Arion1985, repris (et complété) en CD, par Arion toujours, en 1993, Eric Montbel joue une suite dont le titre "Les chansons d'Henri Rouland" indique bien l'origine

Marie Rouland : Le premier 33t de Lo Jaï (1981, jamais repris en CD à ma connaissance, contrairement au second), use de plusieurs chansons collectées auprès de Marie Rouland : "J'ai fait une maîtresse", "La Velhada" (pour la mélodie), "Aval dins la ribièra" et "Vous en venez"

Marie-Louise et Marcelle Delpastre :

33 t. Vendémiaire (vd33116 ad37) intitulé "Dits, Chants et Danses Populaires du Limousin - volume 1" (le 2 existe-t-il?), fait par Paulette et Myette Marouby, nov 1981 (photo de couv : carte postale, 83. La Bourrée tournante, en extérieur, 10 danseurs, un jeune accordéoniste diato touches sur une chaise sur une bassine retournée au second plan) Marcelle Delpastre chante :"La mantille", "La n'emmenan la paubra novia", "Roseta se marida", "Petit papillon volage", "Le chaudronnier", "Celine" et conte : "Les trois voleurs et la vieille" (Merci à JM Péru pour cette information)

"Rossignolet charmant" par la mère et la fille sur l'album Auvergne et Limousin de l'anthologie "France - Une anthologie des musiques traditionnelles 1913-1998" Frémeaux
. volume :

le duo Ancelin-Rouzier dans "Tornarem dançar" interprète plusieurs titres tirés du répertoire de cette chanteuse, folkloriste, écrivain... mais je vous renvoie a sa page Wikipedia qui, malheureusement pour l'instant, ne parle d'elle et de son oeuvre qu'en tant qu'écrivain et non chanteuse...

Je suis certain qu'il y en a encore bien d'autres (il me semble bien avoir un album avec des enregistrements de Marcelle Delpastre... mais surtout il me semble que d'autres titres ont été réinterprétés à partir du répertoire d'Henri et Marie Rouland, "Drin drin" par exemple...) mais je n'ai pas encore réépluché toute ma discothèque pour les retrouver...

 

Les trois Sylvie(s) ont participé (individuellement je pense), au double album Répertoire d'Evelyne Girardon en 2005. Ont-elles fait connaissance à cette occasion ?

Sylvie Berger : curieusement, alors que depuis la première fois ou je l'ai entendue (colloque de Clermont-Ferrand début des années 80), je suis toujours aussi sensible à sa voix, il semble que je n'ai encore chroniqué aucun CD où Sylvie intervient autrement qu'en invitée alors que sa discographie est suffisamment fournie pour que je n'ose m'y attaquer aujourd'hui : de Roulez-fillettes à ses albums avec Eric Montbel (Le jardin des amours et Le jardin des mystères), en passant par ceux avec Montanaro, Gabriel Yacoub et ses projets plus personnels (La Bergère, Fi de l'eau,Ouvarosa), sans oublier une K7 de son duo féminin "Les puces" avec Nikki Matheson que j'aime beaucoup... Voir sa page Wikipedia

Je vous cite donc les quelques albums que je vous ai chroniqué et où elle intervient, même si le résultat forme une discographie très particulière :

La Fanfare de Cornemuses "Chroniques"

Jacques Lanfranchi, Jean-Michel Péru "Bourrées, montagnardes J.B. Bouillet"
J.B. Bouillet  par J. Lanfranchi et J.M. Péru

Didier François invite Gabriel Yacoub " Brand new world "
 

Ambrozijn "10"

Voir quelques albums plus marquants de Sylvie ci-dessus à propos de son troisième opus de La Bergère

 

Sylvie Géniaux intervient sur l'album collectif "Chansons populaires reccueillies dans les Alpes Françaises, Savoie et Dauphiné. D'après Tiersot " atlas CMTRAn°18 - 2004


Smitlap
"En bal - Live in Bollezeele"

On peut enregistrer en live à l'Olympia, au Carnegie Hall, à Montreux ou au stade de France, mais lorsque l'on s'appelle Smitlap c'est à Bollezeele que l'on pose ses micros le temps d'un bal (1) histoire de célébrer trente ans d'existence... Bien que n'ayant malheureusement pas souvent eu l'occasion de les entendre en live et bien que ce soit le premier CD d'eux qui parvienne jusqu'à moi, à la première écoute j'ai eu l'impression d'un album déjà familier... Il faut dire qu'ils n'hésitent pas à reprendre un certain nombre de compositions de nos fines lames du Centre-France (G. Chabenat, F et E. Paris, J. Blanchard, E.Montbel) et certaines de ces mélodies semblent avoir été suffisamment rodées lors des boeufs à Embraud et ailleurs pour avoir pris la patine de leur région d'origine... Le Nord n'est pas absent pour autant de cet album avec des airs de carillons transformés en scottisch et, surtout, la reprise de "L'carette à quiens" dont la mélodie me reste en tête à la fin de chaque écoute de l'album... L'occasion de préciser que Smitlap n'est pas qu'un groupe instrumental puisque Dominique (le violoniste et diatoniste) et Marie (vielleuse bien connue) assurent les parties chantées, et ce de façon fort honorable même si l'on sent encore un peu, sur disque, qu'il s'agit avant tout d'instrumentistes.. Outre les bourrées et danses de couples, nous avons droit aux inévitables cercles et chapeloise, le défi pour un groupe de bal aujourd'hui étant de trouver comment assurer ces danses obligées avec des mélodies intéressantes et Smitlap ne s'en sort pas trop mal à cet exercice, notamment avec la suite d'une chanson boulonnaise et d'une amoureuse wallone. Et nous avons également droit à un petit saut en Haute-Bretagne avec un facétieux rond de St-Vincent chanté... Mais c'est tout de même dans le répertoire du centre que je les préfère, la 20 pouces de Laurent Mieze menant la danse, parfois doublée par le violon, épaulée par la vielle de Marie et surtout par le chromatique de Patrice et la contrebasse de François. On sent qu'ils se font plaisir à jouer et c'est communicatif (il ne suffit malheureusement pas de se faire plaisir pour le transmettre à ses auditeurs) comme en témoigne d'ailleurs le retour de la salle, retour qui ne gêne à aucun moment l'excellente prise de son, digne de celle d'un studio... (il faudra demander à Aurélien Tanghe quel est son secret pour parvenir à ce résultat dans les conditions du bal puisque ce n'est pas un coup d'essai en la matière). Et pour finir un beau livret avec les infos que l'on espérait y trouver...

Bémol production http://www.bemolvpc.com

(1) ou plutôt de trois bals car il faut tout de même pouvoir choisir les meilleurs prises par la suite... Pour la petite histoire, Roland Delassus, dans l'intro du livret, nous explique que l'album a été enregistré à la même occasion que le dernier Shillelagh et à l'initiative de ces derniers;

Rappels :

Smitlap intervenait sur une plage de l'album de Shillelagh "Le vagabond" enregistré lors des ces soirées

On retrouve Patrice Heuguebart et François Baladou au sein de l'album d'Haeghedoorn "1975-1993"

 


Nisia
"Eredita"

Au sein du duo d'une chanteuse et d'un contrebassiste, c'est généralement la première qui est la plus connue, mais ici c'est le nom de l'accompagnateur qui m'est le plus familier car Vincent Noiret est un habitué de chez Homerecords, dans des formations souvent plus étoffées. On appréciera donc, en duo cette fois-ci, de pouvoir mieux l'entendre manier ses cordes au doigt ou à l'archet. Il accompagne ici une chanteuse italienne installée depuis quelques années en Belgique : Emanuela Lodato, qui, comme il se doit, manie également diverses percussions, voire la guimbarde. Quant à Vincent, il ne se cantonne pas au rôle de contrebassiste mais nous offre également une plage à la guitare qui démontre s'il en était besoin qu'en musique il n'est pas forcément nécessaire de faire compliquer pour faire efficace... Outre quatre traditionnels, l'album est essentiellement composé par nos deux complices, sur des paroles d'Emanuela lorsqu'il ne s'agit pas d'instrumentaux (rares). Mais l'ensemble sent bien la tradition italienne, parfois dansante mais plus souvent dans la complainte ou, au moins, la retenue, d'où un album à écouter plutôt au calme en lisant les paroles (malheureusement non traduites) dans le livret (chose rare chez Homerecords...)

Rappels : Vincent Noiret je ne vous listerai pas ses 38 enregistrements à l'heure actuelle (d'après le site Homerecords), mais uniquement ceux dont je vous ai parlé :

Tricycle "King Size"
Tricycle CD jazz musique du monde
ainsi que sur « Orange for tea » & « Queskia »

Amorroma / Traces / Zefiro Torna "Les Tisserands"
Les tisserands

Zefiro Torna "O monde aveugle ! - Songs for the Apocalypse"

Amorroma "Chants d'amour et de mort en Wallonie"
et "Balance"
Amorroma Balanceainsi que « Op Voyage » « Carduelis » « Là-bas dans ces vallons » « Carrousel » (Emmanuella doit d'ailleurs intervenir sur ce dernier)

Geneviève Laloy " Hirondelles "

(ainsi que sur "Si la terre..." et "blues")

Dazibao "E40"
(ainsi que sur "Alma")

Karoline de la Serna "Traduzca"

Ialma "Nova era"
(ainsi que sur "Marmulada")

Homerecords : http://www.homerecords.be


GanSan feat Foulane Bouhssine
"Live in Gaume jazz festival"

Je vais être très bref car ce CD de chez Homerecords est clairement un album de jazz et que je ne suis donc pas compétent pour en parler. Mais au moins, en parcourant leur catalogue vous saurez de quoi il retourne : un quartet de formation assez classique sax, guitare électrique, basse et batterie, invitant pour l'occasion deux musiciens marocains Foulane Bouhssine: ribab, violin et percussion et Amine Kanzi Belghiti aux percussions. Mais la présence de ces deux dernier ne donne pas pour autant un côté trad à l'album, juste quelques sonorités plus originales lorsque le ribab intervient, trop brièvement à la quatrième plage. Remarquez que cet album n'est pas désagréable à écouter pour des oreilles habituées au trad (mais un peu ouvertes à d'autres horizons tout de même) : du jazz qui n'est plus vraiment mélodique mais pas encore vraiment tombé dans les interminables "impros" en forme de montées et descentes de gamme.

Homerecords : http://www.homerecords.be


Nathalie et Olivier Daviau
"La terre est froide - Noëls - Chabrettes limousines"

Je pense que je serai loin d'être le seul pour lequel cet album va réveiller par mal de souvenirs : en 1985 Olivier et Nathalie enregistraient, dans une chapelle du village de Claude Girard, une cassette audio consacrée à un répertoire de cantiques profanes limousins. Olivier y jouait chabrette et grande chèvre (grande cornemuse à miroirs selon la terminologie montbélienne) et Nathalie l'accompagnait à l'orgue lorsqu'elle ne le rejoignait pas à la chabrette. Une cassette qui, malgré une prise de son pas fantastique (forte réverbération naturelle du lieu d'enregistrement) tourna beaucoup, à la saison appropriée, sur ma chaîne et mon autoradio. Elle fit également date car c'était l'un des premiers enregistrements sur lequel la grande chèvre était aussi présente. Il faut dire aussi que le répertoire était superbe et l'interprétation à la hauteur. Jacques Lanfranchi qui avait réalisé la prise de son de la cassette originale a souhaité rééditer cet enregistrement, mais il n'a pu le faire pour des raisons techniques et Olivier lui a proposé, tout simplement, de refaire l'enregistrement, ce qui est finalement une excellente chose car l'interprétation n'a rien à envier à celle de l'époque et, de plus, la prise de son est nettement meilleure (même si on avait fini par s'habituer aux excès de l'ancienne et que cela avait fini par lui donner un certain cachet.) Si le titre ne fait mention que de Noëls, l'album renferme en réalité également des passions (ce n'est pas le premier album dans ce cas…). Outre Olivier et Nathalie, Michel Le Cam, P. Randonneix et sa fille Pauline assurent les parties chantées sur un titre chacun, Julien Barbances manie l'archet sur une plage et Romain Ben Ali intervient au saxophone. Faut-il encore le préciser puisque l'on est chez AEPEM, toutes les sources, paroles etc. figurent sur le livret…

AEPEM http://www.aepem.com

Rappels :

La cassette originale en 1985

Olivier, Nathalie et Michel Le Cam assurent deux des plages du CD collectif Chabretaires à Ligoure

Olivier joue sur l'album de Malicorne Les Cathédrales De L'Industrie (1986) de même que Michel Le Cam

Nathalie et Olivier interviennent également en duo à l'harmonium sur deux plages de l'album "Un tot pitit bocin" de Philippe Randonneix

et Olivier à la vielle sur une plage de "Un instrument au artiste : La Chabrette"


Komred
"Sous les noyers"
 

Voici déjà 4 ans que ce groupe de la jeune génération brayaude (1) a enregistré son premier album, qui avait d'ailleurs fait très bonne impression. Un CD de musique à danser d'Auvergne naturellement, à la cadence irréprochable. Nous les retrouvons aujourd'hui dans une composition de groupe inchangée : il faut aller dans le détail pour constater qu'Antoine Cognet taquine désormais du banjo en sus des guitares. Pour le reste sa soeur Clémence est, bien entendu, au violon. Du côté de la fratrie Etienne, Cyril est à la clarinette et Loïc au diato et, enfin, Mathilde Karvaix joue toujours de la clarinette. Ce deuxième opus montre toutefois une évolution musicale dénotant indéniablement une plus grande maturité : les plages à danser, à la cadence toujours aussi impeccable (sans doute parce que cette cadence n'est pas le fait d'un musicien soutenant l'ensemble, même si les battements de pieds très efficaces de Clémence peuvent le laisser croire, mais bien celle de chacun d'entre eux..) sont entrecoupées de plages aux tempos plus lents, aux ambiances différentes : l'une d'elle démarre à la manière d'un air renaissance, d'autres sont un peu plus " actuelles ". Les inconditionnels du bal en seront peut-être déçus (quoiqu'il leur reste pas mal de morceaux pour se réjouir), mais les amateurs de musique apprécieront certains arrangements, certaines atmosphères, les quelques parties chantées (par Mathilde)… Tout cela contribuant d'ailleurs à mettre en valeur, par contraste, bourrées et…. Nul doute que la patte de Clémence Cognet, dont on suit régulièrement les nouvelles expériences, ait une influence certaine sur cette évolution, mais elle n'est vraisemblablement pas seule en cause car sinon le résultat ne serait pas aussi convaincant. Leur force est d'ailleurs de savoir faire simple et efficace, pour la danse comme pour les airs à écouter : il ne craignent ni les unissons ni les passage en petite formation. Signalons la présence de la cabrette de J. Puech sur deux plages, avec son jeu bien reconnaissable (au notes tenues quasi non vibrées).

Le second album n'est jamais une évidence pour un groupe dont le premier a été très bien accueilli. Ils s'en tirent fort bien... Il y a juste que, j'ai beau chercher, je ne vois pas trace des noyers du titre de l'album sur la photo de couverture. Photo dont la belle ambiance hivernale justifie que je vous parle de cet album 6 mois après sa sortie... ;-)

Rappels : Premier album "Musiques d'Auvergne" en 2009 chez le même éditeur

Clémence Cognet : Duo Lamzé

et voir juste ci-dessous "Les Poufs à cordes"

(1) quoique, le temps passant, une nouvelle va peut-être surgir un jour….

 


Les Poufs à cordes
"La trotteuse"

 

Voilà un album que l'on attendait depuis un certain temps déjà, personnellement depuis que j'ai su que ce duo avait remporté le concours des rencontres du château d'Ars en xxxx et que je n'avais pas eu l'occasion d'entendre cela en direct… Vous devez savoir que j'ai un faible pour le violoncelle, surtout lorsqu'il intervient en musique traditionnelle (voir la page consacrée à la discographie trad. de cet instrument). Mais Clémence Cognet a d'abord produit un album dans le cadre d'un autre duo, histoire de nous faire un peu patienter….C'est donc avec une certaine avidité que j'ai enfin mis ce CD dans la platine, dans l'espoir d'une version auvergnate du duo Fraser-Haas et, petite déception, il débute par un plus habituel duo de violons. Fort heureusement celui-ci se situe dans la droite ligne d'albums d'autres duos dont je vous ai entretenu dans l'année (Durif-Champeval, Ancelin-Fey, et, pour partie Declercq- Liénard. Noëllie Nioulou passe à l'archet supérieur à la plage suivante et ce n'est, heureusement pas la seule, dans des parties souvent parallèles à celle du violon C'est une solution simple en théorie, qui demande toutefois une certaine dextérité sur cet instrument plus grave et, qui, en tout cas, se montre efficace. Mais les arrangements du duo sont tout de même parfois plus audacieux, notamment sur les deux versions de Tant pire qui semblent bien les inspirer, avec un violon et un violoncelle qui s'échangent parfois les rôles d'accompagnant et d'accompagné…

Deux invités s'immiscent discrètement sur l'album. Si j'écris discrètement c'est que je ne les ai pas entendu venir et soudain je me suis rendu compte de leur présence, juste avant qu'ils ne viennent occuper le premier plan quelques instant, à l'harmonica pour D. Detammaecker (au chant et tun-tun également) ainsi que J. Padovani à l'accordéon.

Et puis, décidemment, après la lecture du livre d'Eric Montbel sur les chabrettes et la nouvelle version du CD de Noëls limousins des Daviau, même ces deux jeunes me provoquent sur la corde de la nostalgie en enregistrant "Brouillard corrézien", une composition d'Olivier Durif que jouait le Grand Rouge à la fin de son épopée et qu'il n'a jamais enregistrée (à quand un enregistrement de "La tempête" d'Eric Montbel ?)

AEPEM http://www.aepem.com

Nota : Pour une fois chez AEPEM, le livret ne détaille pas les références des sources plage par plage mais également donne les référence d'albums où l'ont peut écouter les musiciens collectés qui nous ont transmis ces airs (L. Peyrat, A. Gatignol, A. Chabrier, J. Perrier, H Tournadre pour ce citer que les plus connus, A. Bouscatel également mais là ce n'est plus du collectage)… Mais certains airs proviennent de collectes inédites..

Rappels :
Clémence Cognet : voir juste ci-dessus à Komred

Noëllie Nioulou : joue également dans Bal Musard, pas d'enregistrement à l'heure où je rédige ces lignes mais vous pouvez en voir des photos ici


Karim Baggili featuring Le Trio Joubran
"Kali City"

"Karim Baggili invite le Trio Joubran", espérons que cette participation du trio d'ouds palestiniens bien connu en France aidera à y faire connaître ce guitariste, joueur d'oud également et compositeur d'origine jordano yougoslave dont le fait de vivre en Belgique semble pour l'instant handicaper la reconnaissance et même simplement la connaissance par le public français... Cela fait pourtant quelques années qu'il déroule sa carrière en Belgique avec une belle admiration de la part de son public. Malgré la présence du trio Joubran sur les cinq premiers titres et de son "Arabic band" pour les huit autres, l'album ne peut être classé en musique arabe : certaines plages tiennent davantage du flamenco et l'ensemble n'est pas sans rappeler l'univers de Titi Robin... Et comme ce dernier Karim Baggili dispose de ce don particulier, aussi bien dans le jeu que les compositions, qui font qu'on peut l'écouter avec ce sentiment exquis que rien ne pourrait être amélioré, qu'aucune inflexion ne serait à revoir... Même si je suis davantage attiré par les vents que par les cordes, surtout pincées, ici chaque note me ravit... Que dire de plus ?...

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels : voir à partir de ma chronique de l'album "Douar"


Joanne McIver et Christophe Saunière
"The cannie hour"
"Train 221 - The jazz album" 

Maintenant qu'ils ont été programmés aux Rencontres du Château d'Ars, et même si l'église de Lourouer Saint-Laurent s'est révélée bien trop petite pour accueillir tous ceux qui auraient voulu les entendre, j'espère que ce duo est davantage connu et reconnu car ils le méritent. Il faut dire que Joanne fait partie de ces gens "énervants" car doués dans tout ce qu'ils touchent : chant, flûte, cornemuses diverses, composition, écriture des textes en anglais et gaélique et même la confection des petits gâteaux... Et de plus, pas la grosse tête et très sympathique.. Il en est de même pour Christophe plus discret derrière sa harpe mais oh combien efficace (c'est surtout en concert que l'on s'en rend compte d'ailleurs). Je vous présente deux albums d'un coup, tout simplement parce que j'étais passé à côté du précédent (ils m'avaient pris au sérieux lorsque j'avais écris que j'arrêtais les chroniques...). "The cannie hour" est un album tout à fait dans la lignée des précédents, c'est à dire enraciné dans les îles écossaises de Joanne qui signe d'ailleurs tous les titres, paroles et musique, Christophe se chargeant de son côté des arrangements pour cordes (tiens, au vu du livret je me rend compte qu'il ne joue pas que de la harpe...). Dans l'esprit des albums précédent donc... mais je ne m'en lasse pas... et de plus il y a quelques invités dont un quatuor à cordes... Il n'y a que le traitement de la photo de couverture qui ne me convainc guère...

Le second album, paru cet été, est d'un abord différent, comme l'indique son sous-titre "The jazz album" (1) et l'esthétique de la pochette. Pour atteindre cet objectif jazz, notre duo s'est adjoint les services d'un batteur (capable d'une telle régularité qu'on le prendrait presque parfois pour une boîte à rythme...) et d'un contrebassiste. Quatre invités, sur des instruments moins jazz (2) viennent également prêter main forte de temps à autre.

Bien des joueurs de cornemuses se sont frotté au jazz et il faut bien reconnaître que l'absence de dynamique de l'instrument (l'impossibilité de jouer sur la puissance) et le son continu sont des handicaps sérieux dans ce style musical. De plus les musiciens issu des musiques traditionnelles sont souvent trop attachés aux lignes mélodiques pour être de bons improvisateurs. Joanne ne fait d'ailleurs pas trop dans l'impro, mais, par contre, la dynamique de son jeu, qui n'est pas sans rappeler celle d'Hamish Moore ou, sur un autre type de cornemuse de Kathryn Tickell (3). Et puis, pour se libérer des contraintes de la poche, elle officie également aux whistle. Comme en concert, elle clôt la séance au bagpipe...

Plus facile de swinguer lorsque l'on joue de la harpe et connaissant ce que Christophe réalisait déjà de swinguant sur les albums précédents, nous n'avions guère de souci à nous faire...

Mais jazz ou pas, s'il demeure une constante, c'est que tous les titres sont à nouveau composés par Joanne et même sur cet album "jazz", dans un style très traditionnel. Mais si j'ai un regret par rapport à cet album, c'est qu'elle n'y chante pas.... ( et un autre regret : jazz oblige le livret n'est qu'en anglais. Il est heureusement beaucoup moins dense que celui des autres albums)

 

(1) après cela ils vont être obligé de nous pondre "The Christmas album"....

(2) on retrouve d'ailleurs l'accordéon et Pascal Pallisco et l'alto de David Gaillard présents tous deux sur "The Cannie hour", les deux autres invités sont Josselin et Jacob Fournel au bodhran et tin whistle

(3) rappelons que Joanne joue essentiellement du scottisch small pipe qui est une cornemuse à soufflet mais de même doigté que le bagpipe. La conicité bien plus réduite de son tuyau mélodique lui donne ce son plus doux et moins puissant. Tandis que Kathryn Tickell joue du Northumbrian smallpipe qui est un instrument à perce quasi cylindrique mais, surtout, dont l'extrémité est bouchée et dont le doigté consiste à lever un seul doigt par note. La combinaison des deux donne un jeu très staccato aux caractéristiques rythmiques très différentes.

Buda musique http://www.budamusique.com

Rappel : Voir la chronique de celui-ci et les rappels qui y figurent :
Joanne McIver et Christophe Saunière


Biscam pas
"Le bal Queb'Oc"

"Le bal Queb'Oc- La suite sioplet !"  

Comme l'indique les noms de ces deux albums, "le bal Queb'Oc" nous voici en présence d'un groupe (trio en l'occurence) dont les passions musicales se portent sur l'occitanie mais également le Québec. Si je vous en cite deux des membres, vous aurez vite fait de comprendre : d'un côté Philippe Carcassès que les lecteurs de Trad. magazine ne peuvent plus ignorer désormais, musicien sétois enraciné dans sa ville, ses joutes, son jeu de hautbois... De l'autre Patrick Plouchard, dont les lecteurs de la même revue connaissent le goût pour tout ce qui touche aux traditions francophones d'outre-atlantique et notamment du Québec et d'Acadie. Résident jadis dans le Nord, il a émigré il y a quelques années dans le sud avec son violon. La troisième musicienne est Marie Frinking, qui tâte fort bien du mélodéon et du diato.

Si vous avez lu les courriers de Philippe Carcassès dans la revue sus-citée, vous devinez qu'il n'est pas vraiment du genre à faire du métissage québéco-occitan et vous avez raison : la solution radicale trouvée par nos trois compères pour jouer tant du répertoire du sud que du québécois sans pour autant sacrifier les spécificités de l'un et l'autre est toute simple : un premier album québecois et un second occitan ! CQFD ! (1)

Ceci nous vaut donc d'une part l'opus 1 dont la couverture mêle la croix occitane et la fleur de lys québecoise, mais dont le répertoire n'émarge qu'à la seconde et, d'autre part, l'opus n°2, dont la couverture évoque davantage nos bals-folks (ou baletis si vous préférez...) et dont le répertoire pioche dans les régions du sud, qu'il soit de l'ouest (rondeau, rondes du Quercy) ou davantage de l'est. Et comme il faut des exceptions pour confirmer les règles, les deux albums se terminent par une plage d'origine différente : une muneira galicienne (donnée pour cercle circassien, ce qui est un peu donner de la confiture aux cochons, mais je leur pardonne car j'ai fait de même avant eux...) en fin d'album québecois et une polka flamande (qui rappelle fortement une maclotte) pour clore le second.

Naturellement chaque album respecte l'instrumentation locale, avec toutefois quelques petites exceptions bien sympathiques (un peu de 14 pouces et de hautbois du Languedoc sur les airs québecois par exemple...) et qui ne dénaturent pas le style des morceaux. L'album de bal est bien dansant, j'aurais juste une réserve pour la suite de bourrées deux temps qui fait un peu dans la caricature tant dans la cadence que dans les paroles...

Certaines plages québecoises sont callées par Patrick Plouchard, visiblement en studio ce qui leur donne une curieuse allure intimiste pas forcément en rapport avec l'ambiance habituelle d'une salle de bal mais finalement pas désagréable...

Donc finalement, le choix de séparer leurs passions musicales en deux albums était une bien bonne initiative...

(1) et non VDQS come l'avait inscrit un de mes collègues de lycée à la fin d'une démo de maths...

Rappels : Philippe Carcassès interprète Brassens en sétois dans les albums Corne d'Aur'oc. On retrouve d'ailleurs Marie Friking sur l'un deux.


Association Aigardent
"Apprends moi ton langage - Chansons des pays d'Ardèche"

Voici une publication qui réveille des souvenirs car il s'agit de la réédition en CD d'un vinyl paru en 1985. Je l'avais acheté, à l'époque, mais pour l'offrir à un membre de ma famille (et oui, j'ai des origines ardéchoises du côté maternel...). Cette réédition me permet donc de réécouter ces collectages de chansons, en français et en occitan, réalisés à l'époque par Sylvette Béraud-Williams, Dominique Laperche, Christian Oller et Aline Sevilla. Une réédition d'autant plus nécessaire qu'il faut bien reconnaître que l'Ardèche est l'une des régions de bordure du massif central pour laquelle nous disposons de peu de collectages, descriptifs de jeux instrumentaux et autres éléments qui ravissent nos insatiables appétits ethnomusicologiques. Bien entendu Sylvette Béraud nous a gratifié de quelques ouvrages de référence et notamment en 1987 "Chansons populaires d'Ardèche" (et voir ci-dessous d'autres références), Joannès Dufaud a également publié "300 chansons populaires d'Ardéche" et "Chansons anciennes du Haut-Vivarais" en quatre tomes, mais pour le reste, combien de fois avez-vous entendu annoncer un air ardéchois dans un bal folk ?.... Et pourtant, il y a bien des airs à danser au sein de cet album, et le livret nous renseigne d'ailleurs sur les danses en Vivarais. Saluons d'ailleurs la reprise du livret du 33tours avec ce CD, à l'identique de la première édition. Curieusement, le CD est conditionné dans une simple pochette carton et le livret et un grand format séparé. Cela n'est pas des plus pratique à ranger sans séparer les deux (d'autant que l'avant dernière page du livret n'est pas vide et que l'on ne peut donc y coller la pochette du CD...) mais la lecture d'un livret grand format et tout de même plus confortable que celle des 12 x 12 cm...

Si vous avez lu l'article de Jean-François Dutertre sur l'interprétation de la chanson traditionnelle dans le dernier numéro de Trad. Magazine (n°152), je vous conseille, entre autres, l'écoute de La fille du geôlier à la troisième plages, bel exemple d'interprétation qui ne manque pas de style, même si celui-ci n'a rien d'académique...

Rappel : Sylvette Béraud Williams :

"Chansons traditionnelles du Pays des Boutières" 1979, K7 + livret

Chansons populaires d'Ardèche, 1987 ed; Edisud (repris sur le site AEPEM)

Les chants de la soie. 1993, Atlas sonore Cassette et livret. Atlas sonore CMTRA, K7 + livret

Voir ses autres publications, non musicales, sur http://sylvetteberaudwilliams.com

Deux autres atlas sonore du CMTRA concernent l'Ardèche et plus exactement le Haut-Vivarais, c'est à dire le nord de ce département : n° 1 "Ieu savo uno chançon" et n°5 "Haut Vivarais"
.

 P. Mazellier, A. Gränicher, C. Oller et J. julien
"Mémoires du plateau ardéchois - chansons, danses et récits..." (CD + DVD) (2015)

Collectages de Christian Oller "Dames d'Ardèche - Song from France - 07 - Chanteuses et chanteurs"


Brigada Menestrèrs (Menestrèrs Gascons, Traderiderai et Eliseo Parra)
"Transumància"

Même si son nom ne figure pas sur la couverture, voici qui doit tout d'abord au guitariste et chanteur Denis Frossard et auquel participent pas moins de 17 musiciens et chanteurs parmi lesquels je citerai simplement Marie-Claude Hourdebaigt, Crestian Josuer et Marc Castanet. Du coup je ne sais pas trop qui chante quoi, voire qui joue quoi lorsque plusieurs musiciens pratiquent le même instrument. Il est tout de même une plage où je suis quasiment certain que le chant est assuré par Eliseo Parra car il n'y a qu'un espagnol qui puisse chanter ainsi un air de jota aragonaise, une mélodie qui ne m'étais pas inconnue et qui demeure, pour moi, le plus beau titre de cet album, ce qui est un avis tout à fait subjectif et peut-être lié au fait que je n'avais plus écouté de musique aragonaise depuis quelques temps... Le répertoire est quasiment entièrement traditionnel, avec des mélodies plus ou moins connues et s'achève par un presque déjà traditionnel : Esperanza de Marc Perrone. Un son bien gascon, avec une belle part de chants et de polyphonies, mais j'ai tout de même un bémol à apporter sur certaines polyphonies féminines, notamment sur la Bataille d'Achos, de Pierre Arrius Mesplé, avec de petits problèmes de justesse dont elles doivent être bien conscientes car on les sent peu à l'aise et cela se ressent sur la cadence du morceau à partir de la seconde reprise, là ou la polyphonie se complique un peu... Dommage car cela nuit un peu à l'image de ce projet collectif par ailleurs très réussi et qui n'est pas sans rappeler (joli livret compris) certains albums transpyrénéens auxquels participait déjà C. Josuer...

Menestrers Gascons http://www.menestrersgascons.com

Rappels :

Brigada Menestrers "Capsus" (2017)

Denis Frossard

- " Vrenhadas " (avec également C. Josuer et Marc Castanet en invités)

C. Josuer :

- "Pireneos Perines Pireneus Pyrénées - Musicas de Aragon y Occitania"

- " Pirineos Magicos " (CD)

C. Josuer et Marc Castanet : Verd e Blu "Baladas e danças"
Ver e Blu, baladas e dancas


 
Regis Huiban
"Le train Birinik"

Voici un album bien paradoxal : si le livret nous plonge, photos à l'appui, dans la première moitié du XXème siècle, le long du parcours de ce train bigouden et avec pas mal de photos de ce dernier et autres documents d'époque, le contenu sonore de la galette est bien moins ethnographique (mis à part quelques courts témoignages parlés), dans un style musical bien davantage jazz musette que traditionnel breton. Le contenu est donc plus en rapport avec la photo de couverture, non figurative (sauf si on y devine les fumées de ce fameux train voilant le soleil), qu'avec les cartes postales anciennes et les anecdotes de l'intérieur du livret. Les trains fascinent visiblement les joueurs d'instruments à anches libres : harmonicistes et accordéonistes et Régis Huiban n'échappe pas à la règle, évoquant lui aussi, à coup de soufflets sur son chromatique, le souffle d'une locomotive à vapeur, mais il s'agit naturellement toujours d'évocations et pas d'une imitation relou..... Accompagné de 7 comparses dont 5 sur des instruments à cordes, un bugle et un batteur, ils nous offre ces 7 compositions (dont les deux premières co-écrites avec le guitariste P. Gloagen) dont les mélodies ne vous accrocheront peut-être pas à la première écoute, mais qui vous deviendront familières au fil des écoutes... De toute façon, ceux qui le connaissent savent qu'avec Regis Huiban la qualité est toujours au rendez-vous.

Bémol production http://www.bemolvpc.com

Rappel : voir à partir de Wipidoup (groupe où l'on retrouve Regis Huiban et Philippe Gloagen)" L'opium du danseur "

Régis Huiban "Mille boutons"


Ghent Folk Violin Project
"Tatoeage"

A lire le nom de l'ensemble, je m'attendais à une joyeuse bande de violons, mais surprise, l'album démarre par de calmes notes de guitares, bientôt rejointes par les pizz d'un violon, puis un autre violon s'envole en un tranquille lyrisme rapidement rejoint par un second un peu plus en retrait. Et là je me souviens que le projet est mené par Wouter Vanden Abele et qu'il n'y a rien de surprenant à se retrouver dans ces ambiances qui lui sont chères, ces ambiances de "chansons sans paroles". L'ensemble est formé, outre Wouter au violon, mandoline et composition de cinq jeunes musiciens, dont un seul garçon, à la guitare, une chanteuse et trois violonistes. Si la plage 2 démarre avec des sonorités un peu plus contemporaines, au bout de quelques secondes c'est bien une ambiance voisine de celle de la première plage qui prend le dessus, mais n'ayez crainte de monotonie, une voix féminine vient, cette fois, déposer ses textes flamands sur les instruments. Si, au milieu de la plage l'ambiance semble radicalement changer avec un passage au tempo dansant, ce n'est qu'un petit leurre de quelques mesures, un court intermède avant le retour dans les couleurs premières de cette chanson avec paroles... Je ne vais pas vous détailler ainsi les différentes plages, même si la suite s'anime progressivement avec davantage de mélodies dansantes et de violons à l'unisson. On pourrait se demander finalement ce qui relie encore cette musique à la tradition et si on ne se retrouve finalement pas plus près du violon classique, mais non, le phrasé, les coups d'archets sont bien plus proches de ceux d'un violoneux des shettland que de ceux d'un violoniste d'orchestre ou de chambre...

Rapppel :

Album suivant : GFVQ "LIQA' "

Wouter Vandenebeele voir à partir de"Chansons sans paroles"

Homerecords : http://www.homerecords.be


Daniel Willem Gypsy Jazz Band
"Sinto Swing"

Ce n'est pas tous les jours que j'ai à vous décrire un album de jazz manouche. Celui-ci est mené par un violoniste, dans un style qui rappelle forcément un peu Grapelli, avec ces notes glissées caractéristiques. Naturellement, deux guitares assurent la pompe à l'arrière plan, soutenues par le contrebassiste Patrick Willem (le frère ?) et une première guitare (Samson Schmitt) vient prendre le relai sur la voix mélodique, jouée au médiator avec la dynamique particulière que cet accessoire donne à chaque attaque de note. Mais l'album gagne en diversité avec la présence d'un accordéoniste (Tchavo Berger, au chromatique boutons à en juger par la phrasé, registre au vibrato très lent) ou d'un harmonica (Thierry Crommen en invité) qui donne à certains morceaux où il intervient, l'ambiance de certaines musiques de films français des années 70 ce qui apporte un petit brin de nostalgie mais avouons qu'il est tout de même dommage que ce type d'instrumentation ait été ainsi galvaudée par un usage particulier (surtout que pas mal des films en question étaient des navets...). Autre invité : Daniel Pollain au sax et clarinette. Et enfin, pour être certain que vous ne vous lasserez pas au bout de quelques plages, certaines sont chantées, en duo à l'unisson, par les deux guitaristes accompagnateurs Popso Weiss et Sylvestre Berger, et en manouche naturellement, sauf la dernière qui est en français et là il faut bien avouer ça a plus de mal à passer, d'autant que les paroles ne sont pas franchement inspirées. Le répertoire mêle les compositions de D Willem, trois d'autres membres de l'ensemble, un traditionnel et un grand standard.Voici donc un album qui possède une couleur d'ensemble bien définie : même la valse musette à l'accordéon, vers la fin, ne dépare pas, nous rappelant que des accordéonistes comme J. Privat ont collaboré avec les pionniers de ce style... (notons que cette valse rappelle furieusement la Flambée montalbanaise). Mais si ce CD fait ainsi montre d'une réelle homogénéïté, le fait qu'aucun des instruments n'occupe longtemps la première place, relance sans cesse l'attention de l'auditeur...

Rappel : Thierry Crommen " Versions originales "

Homerecords : http://www.homerecords.be


Les Alwati, La Mère Folle et Duo Synkro
"Traditionnel Comtois - Vol.5 Airs à danser"

Voilà donc le cinquième tome de cette série dont l'objectif clairement annoncé est, en premier lieu, de valoriser et faire connaître un répertoire traditionnel franc-comtois fort peu exploité dans notre milieu des musiques traditionnelles et pour lequel pourtant déjà un millier de mélodies ont été retrouvée dans les collectages anciens ou plus récent. Nous retrouvons donc à nouveau l'ensemble vocal Les Alwati dont la composition comporte un petit changement (c'est d'ailleurs le cas quasiment à chaque opus, mais on y retrouve toujours les fondateurs Pierre Maire et Henri Meunier) avec l'arrivée pour la première fois d'une voix féminine... Le style chanté est toujours très choral mais, en réponse à ma chronique de l'album précédent, Henri Meunier m'a précisé que c'était un choix totalement assumé par ces chanteurs issus du milieu choral et pas du tout une ignorance des styles d'interprétations actuel davantage issus de la tradition puisque certains ont déjà suivi des stages avec des personnalités reconnues du trad. vocal... Si ce style choral n'est pas actuellement de mise dans le milieu trad. ce choix leur ouvre certainement davantage de portes auprès d'un public local plus large. Mais ne vous arrêtez surtout pas à cela, surtout pour ce dernier album consacré aux airs à danser, car la place des instrumentaux y est plus grande que pour les précédents (on passe d'une moitié d'instrumentaux à presque les trois-quart, avec également quelques pièces chantées et accompagnées instrumentalement) et du côté des musiciens, le style est tout à fait actuel, quoique tout à fait acoustique et sans recherche de modernité à tout prix. Paradoxalement, si la pochette semble annoncer la présence d'un groupe de plus par rapport aux précédents albums, les instrumentistes y sont moins nombreux : quatre seulement : Yves Grosprêtre à la vielle, présent depuis le premier album et qui semble ici boosté par ses comparses, Isabelle Blô, aux cornemuses et autres, dont on suit les progrès depuis le vol.1 et qui se lâche ici sur plusieurs morceaux qui a eux seuls valent l'écoute, François Tillerot à l'accordéon, chromatique certes, mais dans un style qui rappelle souvent celui des joueurs de diato actuels et, enfin, Dominique Chiffaut à la flûte à bec. François et Isabelle font partie de la Mère Folle mais forment également le Duo Synkro et c'est probablement pour rendre hommage à leur place importante dans cet album que le duo est, cette fois-ci, cité sur la pochette, ce qui n'est que justice...

Un mot pour terminer sur ce fameux répertoire franc-comtois qui n'est, certes, pas toujours original puisque l'on y reconnaîtra quelques standards d'autres régions dans des versions à peine différentes (mais c'est un phénomène bien connu et courant entre répertoires traditionnels des différentes régions de France et au delà...), mais qui révèle, à contrario quelques très intéressantes mélodies, initialement prévues pour la danse ou bien que nos musiciens et chanteurs ont interprété en les rendant compatibles avec les danses les plus couramment pratiquées en bal aujourd'hui. Naturellement le livret donne tous les détails des sources ainsi que les textes des chansons et notons qu'il s'y glisse une seule composition, mais celle-ci peut déjà être considérée comme un traditionnel vu le nombre de reprises dont elle a déjà fait l'objet : La Bourrée du Val d'Amour, sur laquelle Isabelle Blô fait montre d'une belle maîtrise instrumentale.

Rappel : voir à partir de la chronique du précédent :

Autoproductions disponibles auprès de hmeunier suivi de @wanadoo.fr


Quark
"Trust in time"

Difficile de trouver un lien entre cet album et les musiques traditionnelles qui puisse me servir d'alibi pour vous en entretenir : musique entre jazz un peu rock et musique électronique, quoique une écoute attentive permette de se rendre compte que pas mal des sonorités qui passeraient facilement pour électroniques sont, en réalité bien acoustiques. Duor du tromboniste Adrien Lambinet et du percussioniste Alain Deval avec un certain nombre d'invités

Homerecords http://www.homerecords.be


 

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