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.Jean-Luc Matte
Infos mumuses

Présentations CD et DVD 3

Voici quelques CD dont j'ai continué à signaler la parution après la fin de mes infosmumuses en juin 2009, généralement parce qu'ils m'avaient été envoyés à cet effet...

Sommaire de toutes les chroniques


Txutxukan
"Surf the river lee"

Curieux nom de groupe, qui n'annonce pas vraiment la couleur avec cette orthographe qui nous ferait davantage penser au Pays Basque ou à la Catalogne avec des X chuintés (1). Curieux car leur musique au rythmes impairs prend bien davantage sa source quelquepart dans les Balkans que dans une vallée pyrénéenne... Bon, allez-vous penser, des groupe de musique des Balkans on commence par en avoir entendu beaucoup depuis plus d'une dizaine d'année et puis tant qu'à faire autant écouter ceux du cru. Et il est vrai que ces derniers ont généralement un jeu plus sauvage et naturel, les groupes français comme Txutxukan ayant un jeu plus intellectuellement construit (je n'ose pas dire "écrit" car je ne suis pas certain que ce soit le cas). Les groupes tziganes cultivent également des styles reflétant des diversités locales (c'est grand les Balkans...). Mais si l'on passe outre ces deux critères, il nous reste tout de même un groupe d'excellents musiciens, un répertoire entièrement original (compositions du groupe), une bonne unité musicale tout au long de l'album même si celui alterne les plages rythmées et d'autres plus dans les ambiances. Ce sont d'ailleurs parmi ces dernières que je trouve les passages qui me touchent le plus, non pas langoureux ou larmoyants mais plus en profondeur. Tiens je ne vous ai pas encore parlé de l'instrumentation : Dylan Gully à la clarinette et Joseph Detailleur à l'accordéon piano occupent généralement le devant de la scène, ensemble ou plus en solo, Bruno Hollemaert aux instruments à cordes principalement navigue entre mélodique et accompagnements, cette dernière fonction étant principalement dévolue à Eric Belot à la basse et Joachim Mouflin aux percussions (naturellement indispensables pour ce type de musique...).

 

(1) si les moteurs de recherche ne m'avaient orientés que vers des pages au sujet de ce groupe, j'ai fini par trouver sur l'une de leurs plaquettes que ce nom signifie plus ou moins bricoler en basque de la province Xiberua (Soule-Xiberoa ?)... Mais pourquoi ce nom pour ce groupe, le mystère reste entier...

ed. Wild Boar Music téléchargeable sur http://www.txutxukan.com

Rappels:

Je viens de voir qu'il s'agit de leur second CD, le premier se dénommant "Balkan Jig" mais ce titre ne figure pas sur la pochette qui ne comporte qu'une inscription en cyrillique (2008) Wild Boar Music, dist l'Autre Distribution, téléchargeable sur http://www.txutxukan.com

Dylan Gully au sein de Troad "Effervescence"

et de Lazik "Far Fetched"

 


Les Alwati et La Mère folle
"Vol.4 Noël et Printemps - Chants et danses"

 

 

Voici le quatrième CD enregistré par Les Alwati et La Mère Folle, deux groupes devenus inséparables. Les Alwatis sont, au delà du groupe essentiellement vocal que l'on peut entendre sur ces différents albums, une association qui oeuvre sur divers aspects de la culture comtoise et cela va jusqu'à la cuisine comme en témoigne un de leurs ouvrage sur la cuisine des gaudes (farine de maïs torréfiée qui constituait traditionnellement l'élément essentiel de la cuisine comtoise et bressane). L'un des piliers de cette association (et membre du groupe vocal) n'est autre qu'Henri Meunier dont les fils sont des cornemuseux bien connus, aujourd'hui éloignés de leur Jura natal....Quant à la Mère Folle, il s'agit d'un groupe instrumental dijonnais, dont les membres ont évolué au fil des enregistrements, autour du vielleux Yves Grospretre et d'Isabelle Blo à cornemuse. Depuis le numéro 3, François Tillerot est venu se joindre à eux... et à quelques autres que je n'ai pas la place de tous citer, mais Isabelle et François sont maintenant connus pour un CD en duo. L'album atlerne donc les pièces chantées par le choeur d'hommes des Alwati et les pièces instrumentales interprétées par La Mère Folle. Si ces dernières ne surprendront pas les amateurs de musique traditionnelle , il risque de ne pas en être de même des oeuvres chantées car l'interprétation de celles-ci tient davantage de l'interprétation chorale que de ce que l'on a l'habitude d'entendre dans le milieu traditionnel. Je préfère vous prévenir car ce type de voix et d'harmonie pourra paraître trop affectée à certains d'entre vous. Ce point étant précisé, saluons le travail réalisé par les Alwati autour d'un répertoire comtois peu joué : travail de recherche tout d'abord et travail de présentation ensuite, avec cette série d'album formant une belle anthologie régionale, thématique (ce volume 4, comprtant pas moins de 34 plages, est consacré à Noël et au printemps, le 3 portait sur les chants de tables, le 2 sur les chants d'amour et le premier sur les chants de métier et de région). Les livret sont naturellement détaillés avec paroles complètes, sources et commentaires. L'alternance chants - instrumentaux est une bonne idée et les airs à danser sont bien interprétés par vielles, cornemuse et accordéon diatonique principalement. Je regrette juste que la prise de son donne l'impression que la cornemuse est enregistré de loin ce qui dessert son interprétation...

Rappels : 2001 Vol 1 "Airs à danser, chants de Métiers et de Région"

 2003 Vol 2 "Chants d'amour et airs à danser"

 2006 : Vol 3 "Chants de Table et Airs à Danser"

Et le cinquième : "Airs à danser"

Tous sont disponibles auprès de hmeunier suivi de @wanadoo.fr

Voir également Jean Garneret - Charles Culot - Folklore Comtois "Chansons populaires comtoises - édition numérique" (livres réédités sur DVD)

 


Jean-Jacques Revillion
"C'était bien - Chants traditionnels du Nord de la France"

Nous nous souvenons encore tous de son album précédent "Elève-toi donc belle", unanimement salué, la similitude de graphisme de la pochette (1) indique déjà que JJR (pour les intimes...) remet le couvert dans le même esprit, c'est à dire avec cette envie de nous faire partager des chansons traditionnelles (ou de chansonniers déjà un peu anciens) du Nord de la France. Et comme Jean-Jacques est un chineur bien connnu, autant d'instruments de musique que de répertoire, il nous régale de quelques petites perles, de culture certe, mais populaire... J'ai d'ailleurs une préférence certaine pour "La belle hollandaise", chanson flamande à la belle mélodie mais, surtout, au double sens aussi discret que précis et remarquablement préservé par la traduction de Jacques Yvart et Raymond Declerck (2) D'ailleurs quelques plages plus loin une seconde chanson à double sens, assez proche, mais plus récente, montre qu'il n'est pas aussi facile que cela de réussir cet exercice avec autant de doigté... Il figure également dans cet album quelques airs plus connus, voire de grands standards tels la fameuse Chanson de Craonne, dont le livret nous apprend qu'elle circulait déjà dès 1915 sous un autre titre... Mais je ne vais pas vous détailler chaque titre, je vous laisse découvrir ces 17 plages interprétées sans artifice et par voie de conséquence dans un style qui ne fera pas daté dans quelques années. Jean-Jacques Revillion ne fait pas que chanter puisqu'il manie également l'archet, s'accompagne sur le bouzoutare (celui qui doit être représenté sur la couverture je pense...) et joue également un peu de guimbarde. Il est accompagné à l'accordéon diatonique par le fidèle Didier Demarcq (et Serge Desaunay également) et Gabriel Lenoir au violon a pris la relève du regretté Christophe Declercq qui avait préféré consacrer le temps qui lui restait à son album plus personnel en duo avec Margaux Liénard. On l'entendra toutefois sur une plage, au sein de son ensemble "Envoyez les violons".

 

(1) du regretté Marc Lequenne auquel on doit quelques belles affiches notamment de Cassel. JJR nous révèle que le présent dessin de couverture faisait partie des projets pour le premier album.

(2) elle n'est pas sans faire penser l'une de celle interprétée par Evelyne Girardon sur Amour de fusain... Le livret indique qu'elle a été collectée auprès d'un marchand de pipes, on hésite à prendre cela au premier degré...

Autoproduction. Contact jjrevillion suivi de @orange.fr

Rappel : lire la présentation de "Elève toi donc belle"
Cd de Jean-Jacques Révillon


Les Allumés du Chalumeau

C'est toujours avec un mélange d'envie, de curiosité mais également de crainte que l'on aborde la première écoute d'un tel album dont on sait par avance qu'il risque de bousculer nos habitudes auditives. Il est en effet toujours à craindre que la recherche de nouveauté conduise les musiciens mêmes les meilleurs à se fourvoyer dans des délires trop intellos à force de rejeter tout héritage. Je vous rassure tout de suite, même si ces deux musiciens font effectivement partie des meilleurs, ils se sont gardé de jeter le bébé avec l'eau du bain et leur modernisme ne rejette pas pour autant le jeu traditionnel. Il ne s'agit pas non plus d'un collage artificiel, voire d'un simple habillage de l'un par l'autre ou vice-versa. Mais revenons-en tout d'abord à nos deux compères : Ronan les Gourierec est certainement le sonneur de bombarde dont le jeu m'a le plus impressionné la première fois que j'ai eu l'occasion de l'entendre, à l'époque au sein des Trompettes du Mozambique, un nom qui faisait référence à l'ébène du Mozambique utilisé pour tourner les bombardes, ces "trompettes bretonnes". On ne s'étonne pas de le retrouver quelques années plus tard dans Les News Bardophones et aujourd'hui dans Les allumés du chalumeau (sans parler de l'Occidentale de Fanfare et de pas mal d'autres expériences aux dénominations parfois moins audacieuses...). Comme il joue aujourd'hui plus souvent du sax baryton que de la bombarde, on apprécie de l'entendre ici sur l'anche double (mais parfois tout de même également au sax...) et le livret nous mentionne un "arbre à bombardes" qui nous fait regretter de n'avoir que le son... Il y a bien une belle photo au milieu de la face intérieure de la pochette mais bien insuffisante pour comprendre de quoi il s'agit...

François Robin (1) de son côté est connu depuis quelques années notamment par un spectacle solo novateur à la veuze dont je ne vous dirai pas davantage car je n'ai pas eu la chance d'y assister (un CD doit en témoigner mais là également je suis passé à côté...). Il ne faut pas longtemps pour entendre que c'est un élève de Thierry Bertrand dont il a repris le jeu très ornementé et rythmique.

Les présentations étant faites revenons-en au contenu qui s'il ne comporte aucune mélodie traditionnelle, ne craint pas de faire reposer les expérimentations sonores sur des mélodies de style traditionnel et bien enlevées, de celles qui vous accrochent l'oreille et ne la lâchent pas forcément. Et pour le reste, pour ce qui s'écarte davantage du style de jeu traditionnel (ou issu de la reconstruction à partir de la tradition puisque l'on sait peu de choses du jeu traditionnel de la veuze notamment), je dirai simplement qu'ils cherchent davantage à pousser les instruments dans leur retranchements grâce à leur grande maîtrise de ceux-ci, plutôt qu'à rechercher l'effet gratuit ou le contre-emploi, ce qui est finalement devenu d'un grand clacissisme en musique dite expérimentale...

Au fait j'oubliais de vous dire qu'il ne s'agit pas d'un travail de studio mais d'un spectacle enregistré en live (même si le retour de la salle n'y est pas audible)

(1) à ne pas confondre naturellement avec le guitariste Thierry Robin ou le joueur de musette baroque Vincent Robin (il y a aussi Murielle mais là il y a peu de risques...). Voir sa biographie sur http://collectifalenvers.wordpress.com/musiciens/musiciens-associes/francois-robin/

Aremorica records. Disponible sur albumtrad.com

http://www.myspace.com/lesallumesduchalumeau


Les Niou Bardophones
"Sages comme des fous"

Je vous ai présenté très récemment l'album des Allumés du chalumeau, retrouvons Ronan Le Gourierec, sa bombarde et son sax baryton au sein de ce trio dont c'est le second album. Il s'agit, comme pour les Allumés du chalumeau, de musique résolument actuelle (quoique…) et expérimentale, mais la démarche est cependant différente tout comme le rendu général : si les Allumés imbriquent expérimentations sonores et jeu dit "traditionnel", ce dernier est quasi absent de l'album des Niou bardophones et tout au plus retrouvera-t-on de temps à autres des parties de bombardes (surtout en duo) proches de ce que l'on peut entendre au seins de bagadous progressistes actuels. L'esprit général est proche du free-jazz avec une batterie qui percute assez fort et d'une manière qui pourrait sembler décousue et des souffleurs qui se lâchent par-dessus. Ceci explique le " quoique " entre parenthèse ci-dessus car le free-jazz date de plus de 60 ans…. Si la première plage débute dans cet esprit, elle s'achève bien davantage dans le conceptuel, ambiance scies circulaires et plaintes d'agonies du scieur qui a du se prendre au moins le bras dedans… Mais peut-être ma lecture n'en est-elle pas la bonne…. Rappelons, pour expliciter tout cela que le trio est formé, outre Ronan le Gourierec déjà présenté, des frères Keravec à la bombarde et au bagpipe, Erwan qui officie sur ce dernier, nous ayant déjà offert deux albums de bagpipe contemporains dont je vous avais présenté le premier opus.. N'oublions pas de citer le batteur : Jean-Marie Nivaigne qui doit venir du jazz mais qui a déjà officié avec d'autres musiciens trads bretson (S. Barrou, E. Marchand…)

Rapppel : " Air de Rien "

Le Nioubardophones Air de rien


Duo t'en Bal
"Premiers pas"

Lorsque Jean-Michel Corgeron nous présente un nouveau duo c'est forcément un petit événement, qui plus est lorsque celui-ci est d'une formation peu commune diato-piano, voire harmonica-piano... Sa compère en l'aventure est la pianiste Béatrice Spoutil, une musicienne qui doit nous venir du monde dit classique. Le second petit événement de cet album est que Jean-Michel Corgeron y officie à l'harmonica, instrument qu'il avoue apprécier de plus en plus et sur lequel il travaille beaucoup. L'écoute permet de constater qu'il a effectivement une technique de jeu tout à fait honorable, même si, par comparaison avec quelques maîtres de l'instrument, il est évident qu'il lui reste une marge de progression, notamment au niveau de la fluidité du phrasé (pas facile de jouer croisé sur un harmonica ;-)). Mais visiblement Jean-Michel n'a pas cherché à copier les styles les plus courants de pratique de cet instrument (blues notamment) et vise davantage à l'adapter aux styles trad et musette. Je rassure tout de même les amateurs de diato, plus de la moitié des titres sont joués au soufflet, avec ce style personnel si particulier, tout comme celui de ses compositions d'ailleurs. J'ai d'ailleurs un faible pour la valse à huit temps façon musette, ce qui nous change des rythmes impairs façon Balkans... Le répertoire se partage entre une moitié de compositions de Jean-Michel, un quart de compositions autres (belle relecture à l'harmonica de la fameuse mazurka de Gilles Chabenat) et un quart de traditionnels (Suède, Québec et Yddish). Avec tout cela je ne vous ai rien dit du jeu de piano, tout simplement parce qu'il a l'intelligence de la sobriété, une sobriété qu'il ne faudrait pas prendre pour de la simplicité... Et je n'ai d'ailleurs pas regretté de refaire une écoute focalisée sur cet instrument, ces notes qui ne cherchent pas à occuper l'espace mais juste à esquisser des ambiances, souvent un rien nostalgiques, derrière les anches libres...

http://www.franchesconnexions.com

Rappels Jean-Michel Corgeron (mais souvent avec Béatrice également)

Dialto"Paire tranquille"

Bouffée d'Airs "Confidences de bal"

Bouffée d'airs

Jean-Michel Corgeron (mais toujours en bonne compagnie)
"Le pas sage - Compositions et..."

Trio Jaconor "Musique traditionnelle du Québec"

Irland'airs "Première vague + Musique irlandaise pour cercle circassien et autres mixers..."

 

 


Clica Drona
"Musica de Gasconha"

Voici un groupe gascon dont c'est le premier album mais dont les musiciens disposent déjà de bonnes références, notamment si l'on s'en réfère aux résultats des concours du Château d'Ars : une version trio de l'ensemble a remporté le concours en petites formations en 2012, Adrien Villeneuve avait par ailleurs remporté le premier prix cornemuse en 2010 et Bastien Fontanille en vielle en 2012. Daniel Detammaecker a déjà fait ses preuves dans de nombreuses circonstances et on se souvient du duo Lamzé avec Clémence Cognet. La quatrième musicienne est la périgourdine Adeline Quentin, au diato principalement (titulaire du D.E.M., elle enseigne cet instrument sur Toulouse), mais également au violon. Je passerai sur quelques intros et autres petits passages dans l'air du temps (c'est à dire qui seront datés d'ici quelque-temps) pour ne parler que de l'interprétation de ces traditionnels (plus d'un tiers compositions tout de même, malgré le fait que l'on soit chez AEPEM...), dont certains sont de vrais standards : pas forcément évident de reprendre la fameuse Polka de l'Aveyron de Gabriel Valse, mais n'oublions pas qu'une génération est passée depuis... Dès le premier rondeau il est évident que ces musiciens ont la cadence et que demander de plus sur ce type de répertoire ? D'ailleurs il ne craignent pas de jouer à l'unisson. Par contre sur les deux plages chantées, sud-ouest oblige, c'est naturellement en polyphonie que cela se passe. Mais oserais-je dire que, sur ce CD j'ai un coup de coeur pour le tun-tun, fort bien rendu par la prise de son et qui joue bien avec les rythmes sur l'une des plages....

AEPEM http://www.aepem.com

Rappels : Daniel Detammaecker au sein du duo Lamzé avec Clémence Cognet


Jean Blanchard
"Cornemuses toutes nues"

Julien Cartonnet
"Cornemuses du Centre (16 et 20 pouces), banjo, du Nivernais-Morvan"

L'exercice était vraiment trop tentant : comment résister à mettre en parallèle ces deux albums parus simultanément en ce début juillet 2013 : deux albums de musette du centre solo. L'un enregistré par celui que l'on ne présente plus, précurseur du renouveau de nos musiques traditionnelles (1) et dont plusieurs albums et notamment le premier en duo avec Eric Montbel ont été des jalons importants dans l'histoire de nos musique, père spirituel de bien de cornemuseux de l'hexagone et au delà. Le second donnant à écouter une jeune pousse morvandelle, fils d'un joueur de 16 pouces, mais que l'on ne peut toutefois déjà plus qualifier d'espoir lorsque l'on entend son bagage technique. Observons les pochettes tout d'abord et, mis à part les différences de couleur (des fonds mais également des barbes…), impossible de ne pas relever une certaine similitude des attitudes. Dommage que Julien porte des lunettes de soleil qui nous empêchent de comparer les éclats de malice que tous deux ont fréquemment dans les yeux…

Retournons les pochettes et jetons un coup d'œil aux menus : l'un est pur trad et l'autre pure compositions personnelles mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas le plus jeune qui a opté pour les mélodies personnelles mais bien Jean Blanchard et là, impossible, en cette période où l'on nous annonce la fin du CD, de ne pas se souvenir d'un de ceux qui garnirent en tout premier nos CDthèques personnelles, celui de la collection Ocora en 1988, également en solo et qui comportait 16 pièces composées (certes au milieu de bien davantage de traditionnels...). Pour Julien Cartonnet au contraire, mis à part une plage irlandaise, tout le reste est exclusivement tiré du répertoire morvandiau avec pas mal de classiques (et là, nouveau retour en arrière, comment ne pas évoquer la méthode de cornemuse produite par Jean en 1984 sur un répertoire morvandiau que l'on pouvait écouter sur la K7 (2) qui l'accompagnait ?). Mais revenons en à Julien Cartonnet et saluons le courage de publier, comme premier enregistrement sous son nom (3) un quasi pur solo, sur du trad exclusivement, d'une seule région et sans craindre de relire les classiques alors que la plupart des jeunes disposant de sa maîtrise instrmentale auraient probablement opté pour des initiatives plus tape-à-l'œil. Même l'ordonnancement des plages ne vise pas à jouer l'esbrouffe : le premier titre, la fameuse " Montée des bois de Vaux " chère aux vielleux et jouée à un tempo modérée, comme une mise en jambes (quoique tout cycliste vous dira que démarrer par une montée ce n'est pas ce qu'il y a de mieux….). Il faut attendre les plages suivantes pour voir se développer davantage les variations, sur des rythmes plus enlevés. Le jeu de Julien Cartonnet est très net, avec même quelques influences irlando-écossaises qui lui font parfois préférer un ornement à un vibré pour meubler une note tenue (cf certaines finales de cette Montée des bois de Vaux…), mais il n'en abuse tout de même et s'il ne vibre pas comme un cabrettaire, les vibrés sont bien présents, parfois même amenés par une note tirée…Certains tirent même sur la trille. Quelques piqués avec retour à la tonique également… Sur quelques plages, un discret accompagnement de banjo se fait entendre. Le livret ne mentionne pourtant aucun invité...j'ai cherché longtemps pour trouver que c'est sur la couverture même qu'il est précisé que Julien joue du banjo en sus de la cornemuse sur cet album...

Quant à Jean Blanchard, je serai plus bref car je dois dire que son jeu m'a rarement autant convaincu, et ce dès la première plage. Si j'ai parfois pu trouver que le côté technique et réfléchi de son jeu bridait un peu sur le côté sensible, il n'en est rien ici et, de plus, les mélodies qui s'y prêtent, c'est à dire celles à danser pour faire simple, sont bien enlevées. On ne s'ennuie donc pas une seconde sur cet album pourtant pur solo et ça c'est une prouesse ! (bon, faut tout de même aimer la cornemuse...)

Mais finalement si ces albums ont bien quelquechose en commun c'est d'être désormais indispensables, autant l'un que l'autre, à toute bonne discothèque de cornemuse…

Jean Blanchard : Bémol production : http ://www.bemolvpc.com

 Julien Cartonnet : AEPEM http://www.aepem.com

 

(1) pas tout à fait pour ce qui concerne spécifiquement la cornemuse comme j'ai failli l'écrire tout d'abord puisqu'on l'a connu au diato auparavant, instrument sur lequel il avait enregistré tout d'abord en duo pour le fameux " Spécial instrumental accordéon diatonique " avec Jean-Loup Baly puis un album solo célèbre… pour ses bruits de touches et clapets.

(2) que les plus jeunes demandent à leur parent ce que signifie ce K7 qui n'est pas un code mais du langage SMS précurseur, apparu 15 à 20 ans avant les premiers téléphones portables…

(3) Julien Cartonnet a déjà enregistré avec Mister Klof (CD 6 titres puis album "Octopus" qui vient de paraître). Il ne me semble pas qu'il ait enregistré avec Re-fût de Chêne précédemment…

 

Rappels : comme pour Eric Montbel, je ne tenterai pas une discographie exhaustive de Jean Blanchard. Voici toutefois les référence des albums cités dans le texte :

"Cornemuses", le mythique 33t en duo avec Eric Montbel paru en 1980 chez Hexagone (rien que la pochette me faisait fantasmer, il faut dire que n'ayant pas de platine sous la main, j'ai du attendre un bon mois avant de pouvoir l'écouter...)

Son petit frère paru quelques années plus tard (1989), en CD cette fois dans la collection Auvidis-Unesco (excusez du peu) :

Mais auparavant il y avait eu celui-ci, soliste mais avec quelques invités (Bernard Blanc à la 14 pouces, son frère Jean-Claude avec sa fameuse 26pouces, Philippe Destrem à la vielle, Bruno Leutron au diato et Jean-François Vrod au violon...

Son CD suivant celui objet de la présente chronique : Auvergnatus "Auvergnatus"

Jean Blanchard "Au vrai chic Berrichon" 2018, chronique à venir

Et pour Julien Cartonnet voir Mister Klof "Le galant indiscret"


 

Osvaldo Hernandez-Napoles
"Quilombo"

Un musicien sud-américain, multi-instrumentiste et chanteur mais bien éloigné d'une musique de cartes postales. D'ailleurs j'ai préféré vous le présenter comme sud-américain que comme brésilien (Nordeste) car sinon vous auriez eu en tête l'un ou l'autre style musical trop défini et cela vous aurait induit en erreur... Car même lorsqu'il chante en s'accompagnant d'un de ses instruments à cordes, même si son placement de voix ou la sonorité des cordes nous rappellent par instant ses origines, là n'est pas le plus important. Autour de lui des musiciens de même origine, mais également africains ou belge. Ici encore cette présentation est réductrice car elle pourrait laisser penser à une expérience de plus en matière de métissage alors qu'il ne s'agit visiblement d'une rencontre musicale, le terme rencontre étant naturellement à considérer dans son sens positif et non dans une connotation temporaire. En tout cas l'alchimie fonctionne parfaitement entre notre soliste, l'accordéon, la kora, les sabars etc.... Bon d'accord, un texte de l'éditeur nous explique que les "Quilombos" qui ont donné le titre à l'album étaient des lieux de refuges des esclaves, points de rencontres entre afros et latinos persécutés, mais à l'écoute, faute de saisir les paroles, et même si l'ambiance semble parfois effectivement un peu à la complainte, j'ai bien plus ressenti la musique d'artistes actuels sachant transcender les traditions desquelles sont issues leurs musiques, leurs instruments...

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappel :

Osvaldo accompagne les deux chanteuses de "Elles s'y promènent" sur leur second album "C'est le chant de la Terre" (2015)

Il a également accompagné Karim Baggili sur "Cuatro con cuatro" en 2005 et "Lea & Kash" en 2010
Karim Baggili Quartet

Il assure les percussions principales sur l'album d'Osman Martins et Quatuor MP4 "Vontade Saudade"


Olla Vogala
"Live in de Sint-Baafsabdij"

Je vous avais, en son temps, entretenu de leur précédent album, mais la composition du groupe a un peu évolué : Anne Niepold est remplacée par Sara Salverius (au chromatique et non plus diatonique, mais avec une sonorité tout aussi en sensibilité) et d'ailleurs ce groupe pourtant conséquent ne comporte en dehors d'elle que des instrumentistes hommes, onze pour être exact, plutôt portés sur les cordes (pincées, frottées ou frappées) que sur les vents (un sax et un trombone tout de même et, de plus, souvent mis en avant). Heureusement que parmis les trois voix solistes, figurent deux chanteuses pour ramener un tout petit peu de parité hommes-femmes. Et, pour en rien gâcher, ces trois voix méritent le détour et ramènent souvent nos douze musiciens au rôle d'accompagnateurs. J'allais vous écrire que c'est Elly Aerden qui ouvre l'album en prenant en main la première plage, mais je n'en suis pas complètement certain, non que je puisse confondre sa voix avec celle de Soetkin Baptist mais tout simplement parce qu'en mp3 je ne suis jamais certain d'écouter l'album dans l'ordre... Mais qu'importe, rappelons plutôt qu'Elly Aerden est cette chanteuse dont je vous ai parlé il y a peu à propos du très bel album d'Amorroma "Chants d'amour et de mort en Wallonie", tandis que Soetkin Baptist intervenait déjà sur le précédent album ("Marcel") ainsi que sur celui de Wouter Vanden Abele "Chansons sans paroles", mais ce n'est visiblement qu'une petite partie de ses activités vocales. Quant au troisième chanteur soliste, si vous avez suivi le parcours de Laïs, vous reconnaîtrez de suite sa voix puisqu'il s'agit de Ludo Vandeau avec qui elles avaient partagé un album. On a pu l'entendre sur l'album live 10 d'Ambrozijn, sur le précédent d'Olla Vogala et je viens de voir qu'il intervenait également sur un album de G. Yacoub que je ne connais malheureusement pas ("Je vois venir.."). Une bonne partie des chansons sont en flamand, langue qui me charme toujours autant lorsqu'elle est ainsi chantée. Chansons et instrumentaux sont mis en musique par Wouter Vanden Abele (compositions, arrangements, direction artistique) et on retrouve naturellement la patte particulière de ce musicien prolixe (Ambrozijn naturellement, mais également bien d'autres projets plus ou moins personnels). C'est sur les plages instrumentales que se retrouve l'esprit un peu instrumento-narratif dont j'avais gardé le souvenir de l'album précédent d'Olla Vogala... Tout cela dans un style naturellement inclassable à l'image, par exemple de la plage 8, entre tzigane, jazz mélodique, musique de film etc... Mais là j'ai l'impression de me répéter à chaque chronique d'un album de ce label alors que tous ont pourtant un style original et différent...

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels : voir à partir du précédent : "Marcel"

Egalement cités dans la chronique ci-dessus :

Laïs et Ludo Vandeau "A la Capella"

Ambrozijn en live "10"

Wouter Vanden Abele : "Chansons sans paroles"

 


Coriandre
"Viu - En concert"

Cet été j'ai enfin pu voir Coriandre officier en bal, à la Feria de Béziers (voir photos ici) et au même moment, 800km plus au nord, ce CD arrivait dans ma boîte aux lettres. Ce bal à Béziers était d'ailleurs le tout dernier du groupe dans cette formule et le présent album est donc le témoignage de cette aventure qui va désormais se poursuivre avec quelques changements de personnel. Cet album live reprend l'essentiel des "tubes" du groupe, de la Marmite d'Oc à Esperança mais avec l'énergie de l'enregistrement en situation. Je ne reviendrai donc pas sur ce que j'ai déjà pu dire à l'occasion de la sortie des albums précédents mais, maintenant que j'ai pu les voir sur scène, je vous propose les portraits de ces cinq lascars... Au milieu de la scène, de rouge vêtu au milieu de ses collègues en noir, Denis Galvier fait montre de toute la folie artistique indispensable pour transmettre son énergie au groupe tout d'abord, mais, surtout, au public, qu'il soit danseur ou simple auditeur. Entre deux envolées chantées, il officie aux saxophones, divers hautbois et ne dédaigne pas la simple flûte à bec. Autour de lui virevolte le bassiste Alex Roux, le visage illuminé par un grand sourire et qui semble jouer sans y prêter attention. A l'opposé, Phil Puygrenier est généralement très concentré sur sa vielle à roue. Il délaisse parfois la manivelle pour gonfler une gaita ou une boha, mais c'est bien sur la vielle électroacoustique qu'il donne le meilleur de lui-même. Si Denis Galvier peut apparaitre comme le chanteur soliste du groupe, Julien Regi prend régulièrement la relève, dans un style plus intime qui convient parfaitement aux valses musette notamment. Le reste du temps, c'est à la guitare et au bouzouki, qu'il intervient souvent en finesse. Enfin le plus discret (de dos sur la pochette et caché derrière ses cymbales en fond de scène lors des bals),Vivian Péres assure les percussions (batteire et autres...) avec un bon professionalisme, assurant une assise rythmique solide mais pas trop envahissante. Alex et Julien sont partis depuis vers d'autres horizons (au sens propre pour le second et plus figuré pour le premier), mais rassurez-vous ils sont déjà remplacés...

http://www.coriandre.info, Distribué par l'Autre Distribution

Rappel : voir à partir de la chronique du premier :
CD Coriandre


Ormuz
"Tôt le matin - Musique de Bretagne et du Québec"

En recherchant la présentation de l'album précédent, je me rends compte que j'avais été particulièrement concis, ce qui ne signifie pas que je n'avais pas apprécié ce groupe du Nord, mais tout simplement qu'il avait eu la malchance de tomber à l'époque où j'essayais de réduire ces présentations au minimum. Je vais essayer de me rattraper avec la présentation de ce second opus. J'avais qualifié, à l'époque, le répertoire d'Ormuz d'éclectique, mais aujourd'hui, comme l'indique le sous titre ils se sont désormais recentré sur deux régions : la Bretagne et le Québec et c'est une excellente initiative car cela leur permet d'interpréter ces répertoires avec davantage de style (par spécialisation d'une part et sans doute également parce que ce sont ceux où ils doivent se sentir le plus à l'aise). Et si le mélange des genres est une quasi-obligation en bal folk actuellement (il y aurait beaucoup à dire sur ce phénomène...), l'auditeur d'un CD apprécie de se plonger dans un univers particulier... mais peut-être est-ce que je parle pour moi et que la génération zapping actuelle ne partage pas cet avis.... Mais revenons-en à cette question de style : bien entendu il ne s'agit pas de caricaturer les interprétations locales et ils nous épargnent l'imitation de l'accent québecois, mais leur manière de jouer et chanter et tout de même parfaitement dans le ton. D'ailleurs les plages relatives à cette région étaient déjà parmi les meilleures du premier opus et ils se sont encore affinés depuis. A l'écoute on se félicite d'entendre qu'ils ont déniché des chansons et mélodies peu connues, mais un coup d'oeil au livret nous indique que la plupart des titres sont de la plume de M. Huygebaert : bravo ! Je me suis fait avoir, ces compositions sont bien dans le style...

Un présentaton vidéo lisible sur PC vient compléter le CD. Saluons la qualité très professionnelle de ce petit film de 7mn (beaux éclairages, très belles images dans une définition qui nous change des timbres poste habituels, son parfait et bon montage : rien à redire...).

Bémol production : http ://www.bemolvpc.com

Rappel : "Le Bambocheur"


William Schotte
"Zoetelboom - Musique traditionnelle flamande revisitée pour violoncelle seul ou presque"

... "ou presque" tout est dans ces deux petits mots rajoutés à la fin du sous-titre et qui viennent désarmorcer le côté prétentieux qu'aurait pu prendre cette référence au chef d'oeuvre du violoncelle classique que sont les suites de Bach... Faut-il en chercher des indices précis au sein de ces 13 plages ? Je vous avouerai ne pas être assez connaisseur de ces fameux BWV 1007 et suivants pour être capable d'en dénicher des réminiscences. Par contre pour ce qui est des traditionnels flamands revisités ici par William Schotte, musicien plutôt connu dans le Nord et malheureusement pas suffisamment au delà (dommage pour moi qui habite cet au-delà...), j'ai eu bien moins de problèmes à y retrouver avec plaisir quelques vieilles connaissances. Plaisir d'autant plus important que, comme vous devez le savoir, le violoncelle est un instrument dont les sonorités me font toujours vibrer et qu'il est bien rare de l'entendre en solo dans nos musique (1) et également parce que les relectures de William Schotte possèdent cette part d'inventivité qui en justifie l'existence. Je finirai en revenant sur ce "ou presque" qui se justifie à deux titres : d'une part parceque W. Schotte a sollicité la discrète présence à ses côtés de Gabriel Lenoir et Olivier Darques (scie musicale) sur un titre chacun et, d'autre part, parce qu'en sus de tenir l'archet, il chante parfois et percussionne un tout petit peu également...

Bémol production : http ://www.bemolvpc.com

(1) voir ma page consacrée au violoncelle dans la musique traditionnelle

Rappel : voir à partir de la chronique de Rococo Rijsel Trio" Snaar "


Faune
"Quand la Pastora"

J'ai eu un petit doute au premier regard en recevant ce CD de Jacques Puech : ne s'agissait-il pas de celui que j'avais acheté il y a trois ans ? Mais non, passé la première impression graphique, s'il s'agit bien toujours d'un duo avec Jacques Puech, celui-ci n'est plus avec le vielleux Yann Gourdon mais avec le guitariste Guilhem Lacroux, duo qui apparait dans les pages apéros de mes photos d'Ars 2013... La similitude de présentation annonce probablement une parenté dans le style musical : pas vraiment du trad. conformiste. D'ailleurs la pochette s'ouvre à l'envers et le choix des deux photos est une énigme à déchiffrer : lave en fusion à un peu floue à l'intérieur, portrait XVIIIème au regard interrogateur, étrangement dédoublé au dos. Mais c'est également une musique qui ne renie pas le passé et, toujours pour faire référence à la présentation de l'album, c'est le premier CD que je rencontre où la galette plastique est glissée dans une petite pochette de plastique fin avant d'être insérée dans le rabat en carton : ma description n'est peut-être pas très claire mais cette pochette est tout simplement une mini pochette de vinyl...

Mais assez parlé de la présentation : passons à l'écoute. Jacques Puech, connu comme cabrettaire s'y avère tout d'abord un remarquable chanteur dans un style tout à fait traditionnel, avec une voix bien posée et un beau timbre affirmé (un petit regret sur la prise de son et le mixage qui place parfois cette voix un poil trop en arrière). Guilhem Lacroux, de son côté pratique un jeu de guitare électrique plutôt en finesse, laissant leurs places aux résonnances des notes. De temps à autre il passe à jeu plus rentre dedans, mais c'est loin d'être la règle générale. Mais en vous écrivant ce qui précède, je ne vous livre pas la clef de la musique de ce duo (qui est également celle des autres formations de cette mouvance nouvelle produite par le label La Novia... : Toad, Puech-Gourdon etc.) : un goût prononcé pour les sons riches en harmoniques aiguës, des sonorités qui frottent et des bourdons qui dérangent. Expliquons-nous : la première plage, par exemple, serait presque une interprétation trad. habituelle : une mélodie traditionnelle (en l'occurence un standard : Quand la pastora"), interprétée par un chanteur avec une vraie voix un sens mélodique certain et ce qu'il faut d'ornements, le tout sur un arrangement discret de guitare certes électrique, mais ça cela fait bien 40 ans que c'est rentré dans les moeurs (quoiqu'on lise encore toujours autant d'interviews de groupes et chroniques de CDs qui présentent comme une originalité le mélange du trad. et des instruments dits "actuels" : c'est un peu comme sur eBay ou le mot le plus présent dans les descriptions est probablement le mot "rare"...). Oui mais voilà, pour en revenir à cette première plage, on y discerne un bourdon à l'arrière plan qui nous renvoie rapidement à la pochette pour vérifier si Yann Gourdon n'est pas venu prêter main forte : pas le moins du monde. Alors vérifions l'instrumentation des deux compères et tout s'éclaire : Jacques Puech s'est mis au glass-harmonica : cet intrument cher aux francs maçons et constitué de bols en cristal montés sur un même axe et mis en vibration avec les doigts. Un choix instrumental qui répond parfaitement aux trois critères sonores que je citais plus haut : des harmoniques aiguës, des sons qui frottent (contrairement à ce que l'on pense souvent, cet instrument ne produit pas des sons purs mais fait bien entendre une sorte de distorsion due au frottement des doigts) et son accord souvent imparfait (non ajustable en tout cas) induit des tensions, renforcée naturellement par les choix harmoniques. Il ne s'agit naturellement que d'un exemple et ces caractéristiques musicales délibéres se retrouvent sous d'autres formes par la suite : pied aigü de la cabrette par exemple. Précisons toutefois que les effets de distorsion sont relativement discrets sur cet album. Si la présence du bourdon dans la musique traditionnelle est souvent présentée comme une base harmonique unique (la pédale des musiciens classiques) sur laquelle le musicien va faire reposer son édifice mélodique, si les vielleux comparent ces bourdons à un cocon duquel ils vont faire éclore leurs mélodies, il n'en est rien ici où le bourdon apparaît bien plus comme une source de tension qui bouscule le confort de l'écoute, qui met souvent l'auditeur mal à l'aise. A vous de voir si vous êtes candidats à ce genre de sensation. Mais même si ce n'est pas la cas, impossible de ne pas reconnaître la qualité de leur travail et leur ancrage dans la tradition auvergnate (1)

(1) aucune mention d'auteur ou sources sur la pochette, il me semble que toutes les plages peuvent bien être des traditionnels auvergnats.

La Novia http://www.la-novia.fr

Rappels : Guilhlem Lacroux en trio dans Toad : voir ma chronique Trad. Magazine

Duo Puech Gourdon "La Chabra Bura" (comme le présent album, celui-ci ne semble pas avoir réellement de titre aussi je me permets d'utiliser celui du premier morceau ou celui écrit en plus gros...)

 

Duo Lhotte-Dankers
"Tour de danses"

Voici un duo clarinette-accordéon diatonique qui nous propose un "Tour de danses", c'est à dire, comme l'explique le livret, un tour de France davantage inspiré de celui des compagnons que de celui des cyclistes, même si la sympathique pochette (de Florent Coubard) les représente tous deux à vélo. Une jolie carte de France à l'ancienne situe d'ailleurs chacune des plages en son lieu de recueil (1) et le livret détaille les sources. A l'exception de deux airs de Floor insérés dans des suites, toutes les mélodies sont des traditionnels. L'interprétation est sympathique mais souffre un peu d'un défaut courant chez les musiciens qui touchent à divers répertoires : un petit manque d'accent régional, non pas tant dans les sonorités mais dans ce je ne sais quoi que les anciens nommaient la cadence... Ils n'ont pourtant pas hésité à faire appel à Dominique Paris pour une mazurka et une suite de bourrées, mais si ce dernier est bien soutenu par le diatonique de Floor, la clarinette de Sylvain, mixée en avant de la cabrette plombe un petit peu la dynamique cabrette-accordéon sur les bourrrées et l'on regrette que plutôt que de doubler la mélodie, elle n'ait pas fait le choix d'un accompagnement harmonico-rythmique... Naturellement, ce défaut de caractère sera surtout ressenti par les familiers des répertoires en question (je l'ai plus ressenti sur les airs auvergnats que j'ai davantage dans l'oreille que sur ceux de Bretagne, mais peut-être parce que le clarinettiste a davantage d'expérience en musique bretonne, le répertoire du Centre étant davantage amené par l'accordéoniste...) et les amateurs de bal folks ne seront probablement pas du tout génés par ce point, les airs étant parfaitement dansables notamment du point de vue des tempos... Puisque j'ai cité D. Paris signalons également la présence de deux autres invités gonfleurs de panses: Gabriele Coltri, le plus francophile des cornemuseux italiens et Jacques Lanfranchi qui signe également la prise de son. Deux plages chantées par Floor, heureuse inititive qui rompt le côté instrumental de l'album.

(1) en situant d'ailleurs sur Paris les airs auvergnat recueillis de musiciens de la colonie auvergnate de la capitale.

Production Chant et danses de France. http://www.chants-danses-france.com

http://lhottedankers.wordpress.com/ (Ce site comporte notamment leurs biographies )


 

Shillelagh
"le Vagabond"

 

La couverture de l'album nous montre que la composition de ce groupe presque déjà historique n'a pas changé depuis les deux CDs précédents : toujours Benjamin Macke au diato, entouré des cordes du violon de Gabriel Lenoir et de celles d'Aurélien Tanghe à la guitare. Il est donc d'autant plus surprenant d'entendre le son d'une cornemuse à l'avant dernière plage... Et oui, l'album a été enregistré en bal (1) et avec leurs voisins de Smitlap en invités. C'est donc Laurent Mieze, excellent cornemuseux injustement peu connu, que l'on peut entendre sur cette scottisch (2). Mais le hasard a voulu que j'écoute cette plage en premier ce qui m'a d'autant plus surpris, alors que j'aurai du débuter en plage 1 par une contredanse flamande dont, hasard des parutions, la partition figure dans l'ouvrage d'Hubert Boone sur la cornemuse en Belgique qui vient juste de sortir. Si l'air est tiré d'un recueil fin XVIIIème, l'interprétation est très cercle circassien fin XXème et c'est loin d'être ma plage préférée donc, comme d'habitude, ne vous fiez pas à la plage 1 pour vous faire une opinion sur un CD... Le répertoire emprunte d'autres titres à des recueils plus ou moins anciens, à un collectage d'H. Boone (encore lui...), mais également à des compositions plus actuelles : deux de Gabriel, une de Benjamin et les autres de divers autres musiciens, de Jon Swayne à Manu Paris en passant par Y Guilcher, pour s'achever sur une belle valse de Wim Poesen qui ne vous sera sans doute pas inconnue (3)... Les danseurs auront à leur menu danses de couples, une bourrée de chaque (2t. et 3t.), rond d'Argenton et diverses danses collectives.

Je ne vous ai encore rien dit de l'interprétation, mais est-ce encore nécessaire de préciser que ces trois lascars savent faire swinguer toutes ces mélodies à danser sans pour autant forcer les tempos (4), qu'ils savent parfaitement se passer le relai afin de relancer l'attention et qu'ils possèdent ainsi bien d'autres ficelles du métier de musicien de bal ?

(1) Nos musiciens deviennent des habitués de cela, d'autant qu'Aurélien est l'un des deux responsables de la prise de son... On n'est visiblement jamais mieux servi que par soi-même car le résultat est très bon, à tel point que l'on entend guère le public que dans son enthousiasme de la première plage...

(2) il y a, sur la pochette, une petite erreur sur le numéro de plage à laquelle participe Smitlap. Notons également que, hormis la cornemuse, le reste du groupe est mixé un peu en retrait..

(3) merci à Google, Youtube et autres qui me confirment que cette mélodie est déjà un vrai standard et qu'on a déjà pu l'entendre entre autre sur l'album de Hopland dont je vous avais entretenu, enregistrée également par Amuséon (là je n'ai pas encore eu l'occasion de l'écouter) et il y a même une page qui liste, de manière incomplète puique Hopland n'y figure pas encore et à plus forte raison le présent album, les CD et receuils où elle figure (http://users.skynet.be/leo.rutten/papaver/walsvoorpolle-en.html ) Il faut dire que c'est le type même de l'air que vous avez envie de jouer lorsque vous avez fini de l'écouter, surtout fort bien placé, comme ici, en dernière plage...

(4) si vous préférez "tempi" tant pis...

Rappels : voir à partir de :
CD Shillelagh

Smitlap : l'album enregistré lors de ces mêmes soirées


Duo Tanghe Coudroy
"Hemma"

 

Dans la première des notes de la chronique ci-dessus, j'ai écrit qu'en matière de prise de son, Aurélien Tanghe devait être un adepte, du "on n'est jamais mieux servi que par soi-même". Cet album vient le confirmer puisqu'il en a assuré seul l'enregistrement et toute la post-production. Et à nouveau dans les conditions du jeu en public, un choix non pas délibéré mais, comme nous l'explique le livret, plutôt le fruit de concours de circonstance...

Je vous avais déjà présenté leur premier album, vous connaissez donc maintenant ce duo d'un diato féru de musique scandinave et d'un guitariste qui a déjà prêté ses cordes à maintes aventures musicales. Le répertoire emprunte essentiellement à la Scandinavie (pas uniquement la Suède), au travers de traditionnels et de compositions. Mais on y croisera également quelques morceaux "exotiques" comme les qualifie malicieusement le livret...

Tout cela est joué avec une grande sensibilité et si la guitare fait parfois dans l'accompagnement harmonico-rythmique elle égrène souvent ses notes plus discrètement et là c'est un vrai bonheur que ces petites perles brodées autour du chant du diato. Un album qui démontre s'il en était besoin que la meilleure musique n'est pas forcément celle qui fait le plus de bruit ou le plus de notes à la minute...

PS : si la prise de son est d'Aurélien Tanghe, l'infographie est d'une certaine Margaux Liénard... Cela ne vous dit rien ? Alors passez à la chronique ci-dessous...

Rappels : voir à partir du précédent :"Oiseaux de Nuit - Musiques de Suède et d'ailleurs"


Margaux Liénard et Christophe Declercq
"histoires de violons"

 

On ne présente plus Christophe Declercq (à ne pas confondre toutefois avec d'autres Declerck du Nord-Pas de Calais dont certains manient également fort bien l'archet...). On connait son attirance aussi bien pour les musiques de violon de Scandinavie que du Centre-France mais également, bien entendu, du Nord. Margaux Liénard est, quant-à elle, une jeune violoniste, de formation classique mais qui se soigne...

Un duo de violons donc, qui nous arrive après Durif-Champeval ou Ancelin-Fey, mais dont la personnalité est encore différente, à l'image de cette première plage, aux allures d'improvisation qui nous fait prendre conscience, dans ses premières mesures, que même sur de simples coups d'archet, les violonneux trads ont un son bien différent de ceux du classique ou du jazz. L'album comporte d'autres plages ainsi assez personnelles, qui ne vous accrocherons pas forcément à la première écoute mais qui se laissent finalement bien apprivoiser. Ces plages alternent naturellement avec des mélodies plus enlevées, plus proches des traditions de violons telles qu'on les conçoit généralement. Mais à l'image de la pochette en bleu et blanc, voici un album qui n'a rien de raccoleur, dont certains aspects pourront même sembler un peu austère à la première écoute mais qui finalement, n'en a que plus de classe.

A noter une partie chantée par Julien Biget, le seul invité du CD, dans un style un peu yacoubien...

Post-scriptum du 25/07/13 : Christophe nous a quitté le 24 juillet 2013, peu de temps après la sortie de ce CD dont JJ Révillon nous appris après coup (cf hommage ) qu'il l'avait réalisé en sachant que le temps lui était compté

Rappels : Christophe Declercq, voir à partir de Mouchafou

Voir la biographie de Margaux Lienard à l'adresse : http://www.muzikacine.fr/download/documents/biographielienard.pdf

Elle joue de l'alto, du violon et de la mandoline sur l'album "Les amuseurs d'oiseaux" de Vincent Brusel

et on lui doit également de belles illustrations et mise en page d'albums dont par exemple celui de La Bricole en 2020

ou de Vincent Brusel en 2014


Marino Mapihan
"J'aimerai qui m'aime"

 

Marie Noëlle Le Mapihan, fondatrice des Mangeouse d'oreilles, lauréate de plusieurs concours de chants des plus réputés en Bretagne est devenue Marino Mapihan sur cet album bien plus personnel et, mais peut-être n'est-ce qu'une impression de ma part, son timbre de voix que j'ai toujours trouvé un brin sévère, me semble s'être un peu adouci parallèlement. Mais par contre elle prodigue toujours à ses interprétations l'énergie indispensable à la danse...

Nous sommes ici en Bretagne gallo et les 14 chants de cet album sont en français. Leurs sources sont naturellement indiquées, même si le livret se limite aux 4 pages du digipack. A vous d'y détecter, sans recours à ce livret bien entendu, les quatre compositions commises par Marino Mapihan.

Mais autour de la chanteuse oeuvrent cinq musiciens et non des moindres : Pierrick Lemou, Marc Anthony, Yannick Hardouin, Delphine Quenderff (contrebasse) et Neven Sebille Kernaudour, un uillean-piper que je ne connaissais pas jusqu'alors. Et les accompagnements qu'ils tissent autour de ces chants méritent à eux seuls l'écoute de cet album. Ici encore, je passe sur la première plage dont l'accompagnement est tout à fait convenable mais bien moins original que celui des morceaux suivants.

Rappel : Les Mangeouses d'oreilles (où l'on trouvait d'ailleurs déjà quelques titres de l'album ci-dessus)

Marc Antony et Pierrick Lemou, voir à partir de :

 



Emre & Lütfü Gültekin -
"L'exil- refuge du barde "

 

Par delà toutes les analyses musicales, toutes les évaluations techniques, toutes les étiquettes, il est indéniablement des interprétations qui vous prennent aux tripes, dont chaque note, chaque sonorité résonne en vous comme une évidence et même, si, comme moi, vous n'êtes pas spécialement un adepte des musiques turques, je vous souhaite de prendre autant de plaisir à l'écoute de cet album qui réunit le chanteur Lütfü Gültekin (il joue également du saz mais pas sur cet album d'après ce que dit la pochette...), son fils Emre (saz et chant) et divers invités parmi lesquels on relèvera les noms connus dans notre milieu de Wouter Vandenabele et d'Anne Niepold (dont la sensiblité de jeu ne pouvait que s'accorder avec celle de ces musiciens). Avec une mention spéciale pour Vardan Hovanissian au duduk, notamment pour la première plage, en quasi solo sur fond de bourdon de la contrebasse de Joris Vanvinckenroye. Une entrée en matière qui ne pouvait que me mettre dans de bonnes dispositions pour écouter la suite.... D'ailleurs père et fils ont des timbres vocaux dont la chaleur n'est pas si éloignée que cela de la sonorité du duduk. La présence d'invités belges s'explique par le fait que Lütfü Gültekin vit de longue date dans ce pays. Mais certaines sonorités viennent de plus loin, par exemple la présence d'un Chatkan, une intéressante cithare originaire de Sibérie (peuple khakas), aux mains de Raphaël de Cock (plage solo) ou la participation du chanteur sénégalais Malick Pathe Sow et son hoddu, instrument à cordes pincées à table en peau tendue. Tout cela aurait pu donner un album un peu décousu, d'autant que les protagonistes principaux sont absents de certaines plages, mais il se dégage tout de même de l'ensemblee une unité d'esprit, de timbres.

Homerecords http://homerecords.be

Rappels :

2011 : Chansons pour la fin d'un jour avec Emre Gütelkin, Wouter Vandenabele, Joris Vanvinckenroye et Ertan Tekin (homerecords)

2016 : Guo Gan - Emre Gültekin "Lune de Jade"

Au sein du duo Adana avec Varian Hovanissian "Histoires sans paroles" (2015 ou 16)

En invité sur deux plages de l'album du Soolmaan Quartet "Letters to Handenberg"


Juin 2013 

Marc Malempré et Remi Decker
"Codicille 2013"

 

Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises d'enregistrement de Remi Decker, un excellent joueur de cornemuse belge amateur d'expériences nouvelles. Sauf erreur de ma part il s'agit de son premier enregistrement chez Homerecords dont on connaît également le goût pour les productions originales et là surprise : voici un album de chansons traditionnelles de facture très "habituelle" que nous offre Remi et son comparse Marc Malempré (1). Un album presque folkeux même parfois puisque, comme ils l'expliquent dans le livret, ils n'ont pas hésité à adapter légèrement certaines mélodies afin que celles-ci se prêtent à la danse. Seconde surprise : Rémi joue très peu de cornemuse sur cet album qui tourne bien davantage autour de la guitare et du violon (et des voix naturellement...) et les quelques plages où l'instrument est présent nous le font d'autant plus regretter...

Notons enfin que si le répertoire interprété a été entièrement recueilli en Wallonie, je n'y ai guère trouvé de thèmes originaux, soit que ceux-ci soient également bien présents en France, soit qu'ils soient déjà connus par d'autres enregistrements de groupes wallons.. Mais j'ai déjà du écrire à peu près la même chose à propos du récent CD d'Amorroma ;-)

(1) qui doit être le père du percussioniste Fred Malempré que l'on connait notamment pour sa participation à Tref

Homerecords http://homerecords.be

Rappels :

Le suivant : Decker-MalempréS "Chansons pour oreilles averties" (2016)

Remi Decker, voir à partir de la chronique de Griff

 


Intermezzi
"Dos"

 

Je serai assez bref sur cet album, car son style se situe assez loin du trad, plutôt entre guitare classique et jazz type cave enfumée et trompette bouchée. Mais c'est une définition très grossière et, naturellement, caricaturale... il y a également des plages plus chanson actuelle, des accents parfois un peu variété, quelques sonorités synthétiques... C'est d'ailleurs également pour cela que je serai bref : si tout cela est fort bien écrit (par Eric Bianchin) et interprété, le résultat est un peu disparate et je peine à trouver une réelle unité à l'ensemble. Peut-être est-ce du à la participation d'une dizaine d'invités (parmi lesquels j'ai relevé les noms de Karim Baggili et Stephan Pougin) qui auraient parfois tendance à voler la première place à ce groupe de jeunes guitaristes dont la couverture nous indique qu'il s'agit de "l'ensemble musical des ateliers d'art contemporain de Liège", c'est à dire les meilleurs élèves d'Eric Bianchin.... Sur certaines plage, la guitare est même parfois fort discrète...

Une mention pour la dernière plage : belle relecture de la sarabande de Robert de Visée, sur le fameux thème de La Folia, l'un des thèmes de la musique occidentale qui connut le plus de version, dont, naturellement celle très célèbre de Haendel...

Homerecords http://homerecords.be

Rappel : CD précédent : "Uno" en 2011


Airbag
"Polyphonies pour cornemuses"

 

"Enfin !" serait-on tenté de dire pour saluer la sortie de ce CD d'un trio de musettes du Centre dont l'existence nous avait été discographiquement révélée en 2008 déjà au travers une plage du CD de bourrées des Brayauds. Au sein de ce trio deux Brayauds de la première heure : Ivan Karvaix et Marien Barse, tous deux joueurs de musette Bechonnet et un troisième larron pour assurer les basses : Christian Robert. Depuis son CD solo chez Cinq Planètes, il n'est plus besoin de revenir sur le talent d'Ivan Karvaix, le présent album démontre qu'il n'a pas renoncé pour autant au jeu en formation. Marien Barse est le plus discret du trio puisque six des plages des 15 plages sont assurées en duo par ses deux acolytes tandis qu'il n'en a enregistré qu'une en duo avec Christian. Ce dernier, moins connu jusqu'à présent (même si c'est celui que je connais le mieux personnellement...) assure les parties de 23 ou 20 pouces sur tous les morceaux, mais est également le compositeur de dix des mélodies, car cet album fait la part belle aux compositions, de Christian donc pour la plus grande partie, mais également d'Ivan ainsi que de JC. Blanc et Ph. Beauger. Ces compositions font naturellement la part belle aux danses traditionnelles (bourrées 2 ou 3temps, valses et mazurkas), mais Christian pousse tout de même l'originalité en composant ... deux Noëls. Et il s'en sort plutôt bien... Les arrangements sont relativement sobres mais efficaces et ne laissent jamais poindre une quelconque impression de répétition. Comme le disait un de mes collègue d'Avalanche à propos d'un CD wallon de polyphonies de cornemuse (1) : "En écoutant un CD comme cela, je comprends pourquoi j'aime par dessus tout la cornemuse !". Pour chercher un peu la petite bête, je pourrai faire remarquer que sur une plage ou l'autre, on sent une des 16 pouces tirer un peu le tempo vers l'avant, mais ceux qui ont eu l'occasion de jouer avec moi savent que c'est une de mes hantises en jeu de groupe et c'est donc pour cela que je le remarque sur les enregistrements des autres... Un mot enfin sur le livret tout à la fois complet, précis, joli et convivial (cf. la dernière photo).

Production Pic Noir : Les Brayauds http://brayauds.free.fr

(1) : je vous laisse chercher lequel... indice : je lui avais donné les Bravos Trad. magazine

Rappels :

Le trio au sein de l'album multi-groupes Bourrées du Massif central vol.1

Christian Robert et Marien Barse jouaient déjà en trio, mais avec un vieleux sur l'un des CDs du double l'album "Hommage à J.B. Bouillet" (ADDMD 63 - AMTA 2004), un projet dans lequel Yvan Karvaix était également impliqué...

Yvan Karvaix voir discographie à partir de :

(ainsi que par la même occasion un certain nombre de références qui concernent également Marien Barse)


Avril 2013

Yan Cozian
"Boha ! "L'incroyable histoire de la cornemuse landaise - Au coeur des Landes" double DVD

 

 

Décidément les bohaires sont gâtés en ce moment : après la parution encore récente d'une très belle méthode papier réalisée par l'association des "Bohaires de Gascohna" (avec CD joint), voici une méthode sur DVD, avec parution d'un recueil complémentaire annnoncée. Les deux projets sont totalement indépendants, même si, curieusement, le titre du présent DVD reprend le "Boha !" qui rappelle le titre du bulletin de l'association sus-citée et même si les maquettes des deux projets ont été réalisées par Frédéric Vigouroux. Mais le présent double DVD a été pensé et réalisé par Yan Cozian dans le cadre de son poste de directeur du département musiques traditionnelles au conservatoire départemental des Landes et il faut bien avoir cela en tête pour comprendre que lorsque le titre annonce "Au coeur des Landes", c'est bien du département des Landes qu'il s'agit et que le contenu du documentaire qui fait l'objet du premier DVD s'en tiendra strictement aux frontières départementales, ce qui explique ce qui pourrait passer pour des omissions.

Commençons d'abord par ce premier DVD, un documentaire très bien réalisé, techniquement tout d'abord avec un qualité d'image, de son et de montage très professionnelle. Sur le fond également (c'est tout de même le principal) avec une présentation de l'historique de l'instrument qui ne néglige ni la période où l'on pensait l'instrument disparu (avec le témoignage d'un membre de groupe folklorique qui faisait de la figuration avec l'instrument dans les mains), ni, surtout, les débuts de la période revivaliste. Comme je l'ai évoqué plus haut, ce reportage fait la part belle à toutes les actions soutenues par le Conseil Général des Landes : classe de conservatoire, colloque d'Arthous et plus généralement à celles ou intervient Yan (Pass'Aires, atelier de facture avec JP Saintorens) etc... Et l'on regrette un peu de ne pas sortir davantage de ce cadre afin d'offrir une vision encore plus diversifiée de la pratique de l'instrument.

Je dois reconnaître que je n'ai pas encore visionné toute la méthode , mais celle-ci, bien découpée en courtes leçons très claires (on sent que Yan a déjà une longue pratique pédagogique), donnera indéniablement de bonnes bases à l'apprenti bohaire, les premières leçons prenant le temps d'insister sur les questions fondamentales de tenue de l'instrument, de gestion du souffle etc... A condition toutefois qu'il ne cherche pas à brûler les étapes ce qui est, forcément difficile lorsque l'on est seul avec son instrument, son DVD et son envie de jouer de premiers airs...

Un recueil des partitions correspondantes est annoncé, mais pour ce qui concerne le premier DVD, les 35 pages du livret trilingue (Fr, Oc et En) permettent de retrouver rapidement les principaux points évoqués dans le reportage, avec quelques belles photos, une carte etc...

Production "En Companhia" http://www.yancozian.fr/index.php?rub=12

Rappels : voir à partir du CD soliste de Yan Cozian
 


Laurence Bourdin
"Essai(s) Electroacoustique(s) pour Vielle(s) à roue" DVD

 

 

Avec ce DVD la vielliste Laurence Bourdin s'offre une carte de visite comme peu de musiciens en disposent et il faut reconnaître que c'est efficace car à la fin du visionnage de ce DVD on a bien envie d'aller l'écouter (ou réécouter) en concert. Le sommaire de ce DVD est fort bien pensé et adapté à des publics très différents, connaisseurs ou non de l'instrument, des musiques traditionnelles, des musiques électroacoustiques etc... S'il dure tout de même 1h23, on ne s'y ennuie jamais.

Il débute par cinq plages, captées en concert, de son trio vielle à roue, piano et contrebasse. Il faut également rajouter bande magnétique car l'auditeur un peu attentif se rend vite compte que certains sons ne sont pas produits par les trois musiciennes. C'est d'ailleurs encore un peu plus compliqué car visiblement Laurence utilise également une pédale de boucle. Si l'usage de la pédale de loop ne me dérange pas puisque il ne s'agit que de recopier une musique créée en direct devant le public, l'usage des bandes m'a toujours un peu perturbé par le fait qu'elles rompent l'unité de temps du concert. Mais, et c'est là l'intérêt d'un tel DVD, la suite du reportage nous expliquera par la bouche de Laurence ou de celle de Jean-Michel Rivet qui réalise la manipulation des sons, la genèse de ces sons additionnels, leur raison d'être. Même choses pour les images projetées en fond de scène (dont on regrettera juste qu'elle perturbent parfois un peu les gros plans par le quadrillage qu'elles induisent). Après ce concert introductif suit une plage avec un autre trio, de vielles cette fois-ci, superbe plage que je vais m'empresser d'extraire du DVD pour pouvoir l'écouter sur mon lecteur mp3. Un bel exemple de composition pour des instruments de même type (mais non semblables comme le DVD nous l'expliquera également, chacune de ces vielles contemporaines étant d'un facteur différent) où chaque instrument assure un rôle bien défini dans une parfaite communion avec les deux autres. Viennent ensuite des petits chapitres documentaires sur l'histoire de l'instrument, sa facture, ses évolutions récentes et notamment les aspects électroacoustiques, les deux types de capteurs utilisables etc... Laurence Bourdin y retrace également son parcours (Viellistic, Montanaro, projets solo etc...), y décrit la genèse des ses projets plus récents sur son lieu d'inspiration. Sans oublier quelques interventions des ses collègues du trio "Résonnance", issus d'autres horizons musicaux, ainsi que du facteur Philippe Mousnier. Cette partie se clôt comme elle a débuté avec le trio de vielles mais avec la présence d'un danseur hip hop. Attention à ne pas rater le bonus qu'il faut aller chercher dans le menu des chapitres (il ne se lance pas lorsqu'on lit tout le DVD), on y retrouve trio de vielle et danseur hip hop mais Yann Gourdon et Fabienne Déroche sont venus remplacer Jérome Liogier Elsener et Hubert Boutry et le danseur n'est pas le même non plus mais visiblement il a davantage droit à la parole cas si la composition de l'ensemble est la même sur le principe, celui-ci est nommé quatuor et non plus trio...

Un dernier mot sur la musique de Laurence dont le côté expérimental, le recours à l'électroacoustique, à des bandes etc. qui l'accompagne depuis ses début pourra en effrayer certains. Mais à l'écoute des diverses plages figurant sur ce DVD, il est évident que Laurence a également une attirance et un don pour les belles lignes mélodiques et si certaines compositions débutent de façon parfois très contemporaines, elles retrouvent toujours à un moment ou un autre des racines plus traditionnelles.

Autoproduction (1) de la Compagnie Grain de son. http://www.laurence-bourdin.net

(1) mais ne vous y trompez pas, autoproduction ne signifie pas amateurisme et ce doc a bénéficié d'une réalisation très pro avec un générique digne d'une émission TV.

 Rappel :

Voir la chronique de "Un grain de quartz"

Laurence Bourdin Un grain de quartz

Jérôme Liogier Elsener: voir à partir de la présentation de l'album 2012 de "Tres"


Virigine Basset et Johan Jacquemoud
"Stéréophonie"

 

Le talent de la violoniste Virginie Basset ne fait plus de doute depuis ses collaborations avec Jac Lavergne de Mazelune à Muzikadansé. Nous l'avons ensuite suivi dans un autre duo "Le violon d'Anaïs" toujours au sein de la Compagnie Léon Larchet mais c'est indépendamment de cette dernière qu'elle nous propose aujourd'hui ce nouveau duo avec un contrebassiste. Je n'avais d'ailleurs pas fait attention à l'identité de ce dernier lorsque j'ai commencé à écouter l'album mais une évidence m'est rapidement apparue : ce ne pouvait être que le contrebassiste qui accompagne Thomas R. sur l'album "Toseti", album qui fait partie de mes coups de coeur de ces dernières années. J'y retrouve en effet le même son de contrebasse (un pluriel serait d'ailleurs peut-être plus approprié...) mais également le même esprit dans les compositions de sa plume. J'aurai d'ailleurs pu m'en douter carVirignie intervient sur "Toseti" et la maquette est d'une esthétique très proche (aucune des deux n'est signée mais notre contrebassiste serait-il également graphiste ?). Autre indice qui aurait pu me mettre la puce à l'oreille, tous deux avaient enregistré une plage sur un album collectif de l'AMTA mais, il fallait avoir lu les petits caractères pour y retrouver son nom... En compagnie de Virginie, la magie ressentie dans son duo avec Thomas R. opère à nouveau, servie, ici aussi, par une prise de son qui permet de profiter de toutes les sonorités tirée de cet instrument (il est loin le temps ou les moments ou l'on entendait plus rien dans un disque de jazz correspondaient soit au changement de plages soit au solo de contrebasse...). Le duo fonctionne donc parfaitement et il n'est nul besoin d'un autre instrumentiste pour les accompagner, ne serait-ce que sur une plage... Bon d'accord, il doivent bien un peu tricher ça et là avec les enregistrements multiples mais on ne boudera pas notre plaisir pour autant avec ces dix compositions de l'un ou l'autre, voire les deux, entrecoupée d'un morceau signé par J.F. Vrod. Je ne l'ai pas encore précisé, mais leur musique se situe dans cet espace musical inclassable que j'apprécie bien en ce moment, tendance "Homerecords", un peu jazz mélodique, débarassé des tics trop visibles de ce style musical et sur des bases de musiques traditionnelles d'ici ou d'ailleurs... De la musique quoi !

http://www.virginiebasset.com

Rappels :

Virginie Basset joue en invitée sur le CD de Thomas R. et Johan Jacquemoud "Toseti"

Elle intervient avec Johan Jaquemoud sur un titre de l'album collectif de chansons grivoises de l'AMTA

Pour le reste, voir à partir de la chronique de son album précédent :

Le violon d'Anaïs CD


Duo Corbefin Marsac
"Bal Gascon à la voix"

 

 

On ne présente plus Pierre Corbefin, mais il faut reconnaître qu'il était, juqu'à ces derniers temps, bien plus connu comme danseur et, surtout, pédagogue hors pair des rondeaux et autres danses gasconnes. J'ai eu l'occasion de faire un week-end de stage avec lui il y a quelques années et j'en ai gardé un souvenir très fort, surtout du fait d'y avoir appris bien d'autres choses que des pas de rondeau et notamment ce sentiment qu'il est possible de danser non pas en s'élevant depuis le sol mais en se maintenant une vingtaine de cm au dessus pour n'avoir ensuite plus qu'à descendre lorsqu'il le faut ce qui est toujours plus facile que de chercher à monter. Je sais, théoriquement cela ne tient pas debout, mais en pratique cela fonctionne tout de même et ceci passe par la fameuse surrection chère à Pierre. S'il a eu l'occasion d'enquêter par lui-même est de cotoyer des danseurs de rondeau de tradition, il me semble également que la pratique actuelle du rondeau dans le sud-ouest doit pas mal à la perception qu'il a pu avoir de ces danseurs, à ce qui l'a frappé dans leur pratique, à ce qu'il en a retransmis en mettant en valeurs certains traits, en en offrant sa lecture personnelle.

Tout cela pour vous dire que l'on avait un peu oublié le chanteur et pourtant, sans remonter juqu'au 33t Lambrusc, impossible de ne pas citer le CD "Les Voix" de la collection "Musique et voix traditionnelle aujourd'hui" du Conservatoire Occitan dans les années 80, projet pour lequel il avait d'ailleurs réalisé la transcriptioin des chants en occitan et leur traduction.

Je serai plus bref pour présenter Philippe Marsac que je n'ai jamais encore eu le plaisir de rencontrer mais dont je reçois régulièrement depuis des années les messages d'informations sur ce qui se passe autour de chez lui.

La réussite d'un duo vocal tient en premier lieu à l'équilibre, à la complémentarité des timbres de voix et ici c'est tout à fait le cas, la voix plus claire de Philippe venant équilibrer celle plus ronde et, donc, un peu plus sourde de Pierre. Mais ceci n'est qu'un début : pour réussir un bon duo il faut réunir bien d'autres ingrédients, surtout lorsque ce duo se consacre au chant à danser où interviennent donc le tempo et, surtout, la cadence propre à chaque danse. Après tout ce que j'ai écris en introduction, il n'y avait pas grand souci à se faire pour ces deux derniers paramètres et, effectivement, les rondeaux ont bien ce mouvement si particulier qui leur confère leur personnalité propre. Quant au tempo, on connait l'attachement de Pierre aux tempis modérés et il s'en explique à nouveau dans le livret. Attention, il ne faudrait pas non plus les prendre pour des intégristes et on appréciera ici ou là quelques petites astuces rythmiques et même parfois un peu de recours au multipistes pour une interprétation à plus de deux voix.

J'ai tout de même un regret, c'est que l'album n'ait pas été enregistré en situation de bal, ce qui aurait donné une étincelle de vie supplémentaire à cet enregistrement qui, comme c'est le cas fréquemment, sent parfois un peu le studio et le désir de bien faire plutôt que l'osmose avec une assemblée de danseurs

AEPEM http://www.aepem.com

Rappel : "Les Voix" de la collection "Musique et voix traditionnelle aujourd'hui" du Conservatoire Occitan, années 80

33 tours Lambrusc (non daté)

Je ne résiste pas à vous mettre la photo du verso....


Les Trégériz
"chantent Anjela Duval"

 

Voici un album qui n'est pas une nouveauté et j'étais d'ailleurs persuadé de vous en avoir déjà parlé mais, vérification faite ce n'était pas le cas. Une réédition donc, sous une même pochette mais avec toutefois une petite mention supplémentaire indiquant que, désormais, les textes et leurs traductions figurent au sein du livret qui méritait effectivement de dépasser le 4 pages de l'édition originale. D'autant que comme l'indique le titre, il s'agit d'un enregistrement entièrement consacré à Anjela Duval qui n'était pas une musicienne mais une poétesse bretonne (1905-) dont certains textes ont été mis en musique par divers compositeurs dont, Soazig Noblet, harpiste de ce trio. A ses côté, Franseza Riou assure la partie chantée, avec une voix plutôt travaillée ce qui donne une interprétation qui pourrait faire penser à des cantiques bretons (d'ailleurs deux des textes peuvent s'y rattacher...). Le troisième larron est le sonneur Louis Abgrall qui a délaissé pour l'occasion sa bombarde pour quelques discrètes interventions aux flûtes. Pour en revenir aux compositions, celles-ci sont bien dans l'esprit de la musique traditionnelle bretonne. Et puisque le CD est consacré à une auteur laissons lui le mot de la fin avec cette citation choisie parmi des textes qui content tour à tour l'amour du Pays, l'amour tout court, espéré ou regretté, la colère contre les accapareurs, la solitude au coin du feu, le soldat mort à la guerre ou simplement la poésie de la nature.

"Lorsque j'entends un artiste chanter
J'aimerais être la chanson
Lorsque j'entends le vent souffler
J'aimerais être une harpe
"

Autoproduction contact : Soazig Noblet : rlsn.laouen suivi de @orange.fr


Amorroma
"Chants d'amour et de mort en Wallonie"

 

Amorroma est le groupe de Jowan Merckx, flûtiste et cornemuseux flamand, vainqueur du concours de St-Chartier il y a quelques années. Mais la composition de ce groupe évolue fortement à chaque album : ils étaient 13 sur "Op Voyage" mais plus qu'un duo (avec deux invités) sur un album plus récent, on a également eu droit à des albums en association étroite avec d'autres groupes (Les Tisserands) et j'en passe.... mais c'est un quintet dérivé du duo auquel nous avons affaire aujourd'hui, quintet à la composition parfaitement établie : une chanteuse (Elly Aerden), un chanteur (Vincent Grégoire), une harpiste baroque (Sarah Ridy), un contrebassiste (Vincent Noiret, membre quasi stable d'Amorroma) et Jowan aux flûtes et percussion. Flûtes est au pluriel sur le livret mais j'ai eu l'impression d'entendre surtout de la flûte à bec alto. Tout cela au service d'un répertoire de chansons traditionnelles qui, comme l'indique le titre de l'album, ont été recueillies en Wallonie (toutes francophones donc, dont deux en wallon), principalement par Françoise Lempereur dans les années 70 mais également plus récemment (on note des collectages de Vincent Grégoire de 2010 et 2011) ou, au contraire tirées de recueils. Si le livret nous indique que la plupart de ces versions n'avaient pas encore été réinterprétées, il s'agit pour la plupart de titres qui ne nous sont pas inconnus. L'interprétation sonne assez "musique ancienne" et, au delà des spécificités propres à ces versions wallones, elle contribue à donner un caractère particulier à ces enregistrements, à nous faire redécouvrir ces chansons. Et puis il y a les accompagnements de flûte de Jowan qui réconcilierait avec l'instrument l'auditeur le plus hermétique à la flûte à bec (et dieu sait si l'usage scolaire en a produit en France....). Tout d'abord parce qu'il a un vrai son et un vrai phrasé de flûtiste et, ensuite parce que ses variations sont d'une inventivité peu commune (tout en restant dans cet esprit que j'ai qualifié de "musique ancienne", donc sans le côté jazz qu'on lui a connu sur d'autres albums) que sa parfaite maîtrise de l'instrument (je préfère éviter le terme de virtuosité qui fait un peu frimeur) ne bride jamais. Le jeu de harpe de Sarah Ridy évoque souvent un accompagnement de luth ou de guitare ce qui colle également tout à fait avec l'esprit de l'album. Bref, si le style est un peu éloigné des interprétations réellement traditionnelles et qu'il sent plus le salon bourgeois que la cuisine de campagne, voici un album qui me ravit l'oreille.

Homerecords http://www.homerecords.be

Rappels :

Jowan, Sarah Ridy, Elly Aerden et Vincent Noiret étaient les quatre protagonistes (les deux dernier en invités) de l'album de 2001 "Là-bas dans ces Vallons"

et on les retrouve tous quatre (avec d'autres musiciens) sur le coffret de 3CD "Carroussel" en 2010

Pour le reste, voir à partir de ma chronique de "Balance"

Amorroma Balance

Voir les photos de leur concert à Marsinne Héron 2014

Vincent Grégoire : 2015 JP Van Hees, Luc Ponet, Consorella, Vincent Grégoire et Trio Musa "Christmas in Belgium"


Turdus Philomelos
"Grive générale !"

 

 

Une amie liégeoise me recommande régulièrement les concerts déjantés de ce groupe. Elle m'avait fait écouter un précédent album, plutôt sympathique et j'ai eu la chance d'en croiser un autre un jour dans un bac. Pourtant, le présent album m'a plutôt dérouté car il part dans tous les sens, de la techno (avec un accordéon tout de même pour garder un peu d'acoustique...) à la chanson de potache, en passant par le tango, quelques sonorités de l'est, un clavier aux sonorités vintages et bien d'autres choses... Je pense qu'il faut avoir vu le spectacle pour comprendre comment agencer tout cela dans sa tête mais d'ici qu'un organisateur français les programme...

Homerecords http://www.homerecords.be

Rappels : "Ici maintenant là Pouf !" 2009

 


Février 2013

Duo BarBar
"De bars en bals"

 

Décidemment, les duos sont à la mode en ce moment. Est-ce parce que les organisateurs recherchent les groupes moins chers ? Ici, comme l'indique le titre de l'album (mais pas le nom du duo), ce violoniste et son compère guitariste se sont produits essentiellement dans les bals et les bars et, pour ces derniers, n'est-il pas préférable d'occuper moins de place qu'une philharmonie ? Revendiquant, dans le livret sur lequel je n'avais jeté qu'un petit coup d'œil, leur goût pour la musique irlandaise j'imaginait déjà deux sessionneurs adeptes du jig-and-reel and jig-and-reel…. un peu contraints de se mettre au répertoire plus local (ils sont du sud-ouest) pour aborder la pratique du bal. Bref j'ai débuté l'écoute du CD un peu sur ma réserve, mais, dès les première notes des congos de la première plage, mes craintes se sont dissipées et la suite m'a confirmé cette première impression. Tout d'abord il y a un violon qui assure, qui occupe l'espace, qui joue sur les cadences propres à chaque danse, qui ornemente, qui prend des risques. On est donc bien loin du stakhanoviste du reel mécanique ou du forçat du bal folk : on sent un vrai plaisir de jouer. A côté de Guilhem Cavaillé (tiens je ne vous avais pas encore donné son nom…), Olivier Arnaud œuvre à la guitare principalement (1). Je dois avouer que ce n'est pas l'instrument qui me transporte le plus, surtout en accompagnement, mais Olivier est remarquablement efficace et jamais quelconque : comme son compère violoniste, son jeu n'est jamais mécanique et il marque remarquablement bien les cadences en jouant sur la dynamique de son instrument. Voici donc un duo qui se suffit largement à lui-même, qui ne donne jamais l'impression d'être en sous-effectif, le sentiment qu'ils pourraient faire mieux en étant davantage… Ils ont pourtant fait appel à quelques invités deci-delà au fil des plages dont Xavier Vidal et son violon (si j'avais vu cela tout de suite sur le livret j'aurai eu moins de doutes préalables que mentionné ci-dessus) où Hélène Lafont qui vient apporter une heureuse touche vocale à cet album instrumental. Un mot encore sur le répertoire, plutôt traditionnel pour le répertoire irlandais, plutôt composé pour le répertoire de bal (deux trads auvergnats tout de même), avec des suites improbables assemblant des pièces de ces deux origines et fonctionnant étonnamment de manière remarquable sans rupture et, pourtant sans que cela donne l'impression que l'un ou l'autre ne perde son âme… Quelques standards également dont une interprétation de " Music for a found harmonium " façon trad irlandais très assumé mais avec quelques pirouettes rythmiques donnant un caractère personnel à cette version…

Et une mention pour finir pour la photo de la pochette…

Production Arpalhands et duo Barbar http://duobarbar.com

(1) Un peu de mandoline, de banjo ténor et même de violon pour un trio.


Philippe Laloy
"Kind of Pink"

Juste deux mots sur cet album, d'une part parce que je l'ai reçu en mp3 uniquement et d'autre part parce que l'on est assez loin du trad. même si l'on est au sein de la famille Laloy. Quoique finalement il est possible de commencer à penser que les thèmes de Pink Floyd que P. Laloy revisite ici sur un registre très jazz cool (loin des couleurs rock), sont devenu des standards donc un peu des traditionnels tout comme les Feuilles mortes de Kosma...

Philippe Laloy au saxo (soprano d'après la photo de couv mais alto d'après le livret, flûte traversière standard et basse), Emmnuel Baily aux guitares et Arn Van Dongen à la contrebasse

http://www.homerecords.be


Janvier 2013

Durif-Champeval
"Dans les rochers du Viallaneix"

Cinq Planètes Dist L'Autre Distribution

Duo Ancelin-Fey
"L'oreille du lièvre - Violons d'Auvergne et du Limousin"

AEPEM http://www.aepem.com

L'actualité de notre petite monde des musiques traditionnelles n'est pas régulière et uniforme : certains instruments ont de temps à autre une actualité plus riche, tandis que d'autres se font temporairement plus discrets. Il ne faudrait pas y voir des phénomènes de mode comme il en existe dans des domaines proches, mais bien plutôt le hasard des calendriers et parfois tout de même, le résultat d'une volonté (je pense notamment à la vitalité actuelle de la boha impulsée par l'association des bohaires de Gasconha). Le cas du violon d'Auvergne et régions proches me semble davantage relever des hasards du calendrier qui nous a gratifié en un an de la sortie des albums sur les violons du Cézalier, de Lamzé (Clémence Cognet), Muzikadansé (Jac Lavergne), Tres (Basile Brémaud), duo Roche-Breugnot (François Breugnot) et des deux duos dont il est ici question (j'en oublie sans doute d'autres, qu'ils veuillent bien m'en excuser). Il est d'ailleurs intéressant de constater que les violonistes cités appartiennent aux diverses générations du revival : des pionniers de la redécouverte du violon corrézien avec Olivier Durif et Jean-Pierre Champeval à la nouvelle génération qui est quasiment née dedans et qui a bénéficié de cet apprentissage précoce, en passant par cette génération intermédiaire, celle qui n'a pas forcément eu la position la plus facile, arrivée trop tard pour faire partie de la première fournée et trop tôt pour oser la bousculer… Philippe Ancelin fait partie de cette dernière catégorie et nous montre comment un musicien qui a essentiellement bénéficié des collectages de ses précurseurs a pu s'approprier très finement le style des violoneux du Massif central. Et c'est d'ailleurs l'un des aspects de cet album qui me touche le plus : ce style tout à la fois très proche de celui des enregistrements de collectage mais répondant également aux exigences d'une écoute actuelle. Nul ne pourra douter, après écoute, qu'il existe bien un véritable style de violon Auvergne-Limousin qui n'a rien à envier à d'autres styles de violons traditionnels bien plus connus et reconnus. De plus la qualité de la prise de son permet d'analyser les composantes qui donnent cette couleur si particulière. Naturellement, un style musical n'est jamais monolithique, bien au contraire. Il s'agit toujours d'un simple centre de gravité autour duquel se positionnent de manière plus ou moins distants les styles personnels des différents interprètes. Et c'est là que la comparaison avec le duo Durif-Champeval est intéressante puisque si ces derniers ont eu les mêmes modèles (qu'ils ont, eux, bien davantage cotoyés), le son des deux albums est légèrement différent : celui du duo Ancelin-Fey un peu plus en retenue, tandis qu'Olivier et Jean-Pierre dégagent une énergie impressionnante qui conduit souvent à douter qu'ils ne soient que deux à manier l'archet (d'autant que c'est souvent sur les retours à l'unisson que cette énergie est la plus sensible)… Et puis ceux qui les ont entendu à l'époque du Grand Rouge déjà (" Traversée du Pays "), ont forcément gardé dans l'oreille cette sonorité bien particulière. D'ailleurs leur complicité de longue date est une évidence à l'écoute et explique certainement une bonne partie de l'énergie citée ci-dessus. La cause de celle-ci étant sans doute également à rechercher dans le fait d'avoir fréquenté les anciens, joué avec eux, mais surtout d'avoir tissé des liens allant bien au-delà de ceux qui relient l'informateur et du collecteur. Des liens qui les conduisent à respecter davantage l'esprit dans lequel vivaient et jouaient ces musiciens plutôt que la seule forme musicale transmise par ceux-ci. Et c'est sans doute cela qui leur permet de dépasser le carcan du respect de la forme ancienne sans pour autant trahir la flamme qui anime cette musique.

Avec tout cela je ne vous ai pas dit un mot de Pierre Fey, le complice de Philippe Ancelin, tout simplement parce que je ne le connaissais pas avant cet album et que le livret ne m'en dit pas davantage. Heureusement internet (merci l'AMTA...) m'apprend qu'il est titulaire d'un DEM et enseigne le violon traditionnel dans la Haute-Loire. Je ne vous ai pas dit non plus que les deux membres de ce duo troquent aussi bien l'un que l'autre de temps à autre le violon pour l'alto, qu'il arrive à Pierre de chanter (tout comme Olivier Durif sur l'autre CD) et que si leur répertoire tire ses sources de bien de noms connus (A. Mouret, M. Péchadre, A. Chabrier, L. Peyrat, L. Jarraud…), ce répertoire n'est pas un catalogue de standards du violon corrézien mais renferme de belles trouvailles… Les noms de sensiblement les mêmes informateurs se retrouvent dans le livret du duo Durif-Champeval, accompagnés de quelques compositions d'eux-mêmes ou d'amis (dont notamment la très efficace "Doum doum" d'E. Girardon).

Bon je m'arrête là mais il y aurait tant à dire sur ces deux albums : je ne vous ai même pas cité la discrète présence de L. Rousseau et Hervé Capel sur le CD Durif-Champeval. Une amie cabrettaire m'avait dit que ce dernier se classait pour elle parmi les meilleurs de toute la production 2012, maintenant que je l'ai écouté, je partage cet avis…

 

Rappels :

Quelques anciens en CD, par exemple dans la collection "Portrait de musicien" chez Modal :
Léon Peyrat (édité en 1999)

et Alfred Mouret (édité en 2002)

Le Grand Rouge "Traverser du Pays", réédition CD du 33t de 1979, pas le même éditeur : Hexagone

Un CD collectif de 1995 sur lequel on retrouve tout à la fois le duo Durif Champeval et Philippe Ancelin (AMTA) :

Trio Violon : JP Champeval, O. Durif et JF. Vrod (ed. Silex-Auvidis 1991)

Philippe Ancelin en duo avec Nicolas Rouzier

et son CD solo 2016 "Violon du Limousin et autres lieux"

 


Etsaut
"Jazz et cornemuse"

Habituellement, j'essaye de ne pas lire d'autres chroniques avant d'en rédiger une sur un CD donné. J'écoute d'ailleurs également toujours l'album avant de lire le livret afin d'avoir une première écoute objective et non influencée par le discours des musiciens (ou de l'éditeur…). Cela m'est habituellement assez aisé puisque je reçois les CDs alors que les publications papier ne sont pas encore parues. Mais présentement, comme pour l'album de Durif-Champeval ci-dessus, je n'avais pas reçu les albums lors de leur parution et il s'agit donc de chroniques un peu tardives mais il n'est jamais trop tard pour les bonnes choses.... Tout cela pour vous dire que j'ai reçu cet album accompagné de la copie de toutes les chroniques déjà publiées, soit dans la presse trad, soit dans la presse jazz (plus fournie), voire dans des publications plus généralistes (Libé). Je l'avais tout de même écouté une fois ou deux avant et je dois dire que j'ai été un peu surpris de voir à quel point les chroniques (surtout dans les revues de jazz) mettaient en avant le rapprochement jazz-cornemuse. Les jazzmans ne sont visiblement pas habitués à côtoyer des cornemuseux et les chroniqueurs ne peuvent s'empêcher de faire référence à Rufus Harley, un musicien qui à mon avis serait resté totalement inconnu s'il n'avait trouvé un instrument original pour sortir du lot (1) : difficile de faire un parallèle avec Eric Montbel. Un autre cite Albert Ayler (1939-70) ce qui est un plus pointu comme référence (2) mais il ne s'agit pas du tout du même type de jazz. Je passerai sur celui qui pense qu'Eric est breton…. Mais si l'on prend les choses du point de vue des amateurs de musiques trad., il y a bien longtemps que les ponts avec le jazz sont fréquentés, même si effectivement, la circulation semble s'y faire essentiellement du jazz vers le trad : jazzmans venant faire une incursion dans le monde du trad (Sclavis, Texier etc…), groupe trads ayant intégré des accompagnateurs, voire des solistes issus de ce courant (citons, parmi tant d'autres, l'Occidentale de Fanfare), ou musiciens trads flirtant avec le jazz (Thierry Bruneau par exemple avec Pienza), voire passant d'un style à l'autre, mais le plus souvent en se pliant totalement aux codes du jazz lorsqu'ils s'y officient. Un éditeur comme Homerecords nous a également démontré depuis longtemps qu'il existe une vie musicale dense mais totalement inclassable entre jazz, trad, chanson, voire musique classique. Sans oublier des musiciens tels Didier Malherbe qui ont popularisé certains instruments traditionnels aux oreilles du grand public dans un genre qui se raccroche davantage au large monde du jazz. Et pour ne pas parler qu'au passé, Joane McIver nous prépare pour début 2013 un CD de cornemuse jazz. Bref, nous ne sommes plus dans les années 80 et ce n'est heureusement plus ce type d'argumentaire qui, de mon point de vue, peut encore susciter l'intérêt pour un enregistrement… Ce qui compte c'est le résultat musical et on a connu par le passé des tentatives de rencontre entre cornemuseux et ensemble de jazz intéressantes mais fort peu convaincantes : intéressantes parce qu'elles montraient bien ce qui ne fonctionnait pas dans une rencontre entre un mélodiste coincé sur un instrument modal (surtout si la cornemuse est un bagpipe avec un jeu sans vibré) et peu habitué à l'improvisation autre qu'au niveau des ornements et, face à lui, des musiciens pensant d'abord en terme d'harmonie puis de travail du son, de dynamique etc... Tout ceci nous rappelant que si le jazz est issu en grande partie de musiques traditionnelles et que si les musiciens trads se sont toujours sentis assez proches des jazzmans, un siècle d'évolution du jazz a produit des courants forts éloignés des origines.

Fort heureusement le présent album n'a rien à voir avec ces expériences sans suite et son écoute ne surprendra pas forcément l'amateur de musique trad aux oreilles un tant soit peu ouvertes. Ceci tout simplement parce qu'au sein de ce grand monde du jazz, Eric Montbel a choisi un groupe qui officie dans un style très mélodique assez proche des musiques qu'il pratique habituellement. Et le contrebassiste Laurent Cabané qui dirige cet ensemble et a composé toutes les mélodies s'est certainement inspiré également de l'univers d'Eric (j'ai du vérifier sur le livret qu'une plage était bien de la plume de L. Cabané et non de celle d'Eric). De plus, la cornemuse est traitée comme un instrument de l'ensemble et non comme le soliste d'un concerto. Elle voisine donc à part égale avec le saxo de François Cordas, voire le piano de Perrine Mansuy. Tout cela sur le jeu de batterie aux couleurs bien jazz (c'est à dire bien plus fines qu'un jeu rock) de Djamel Taouacht. Notons également qu'Eric joue également des flûtes avec cette sonorité qui lui est propre et, également de la clarinette en bambou, un instrument qui est déjà présent de longue date sur certains de ses albums mais plus souvent dans les musiciens de ses amis.

Je me suis donc finalement moi aussi plus étendu sur la théorie que sur le résultat, mais finalement parce que celui-ci se passe de commentaires : il vaut bien mieux l'écouter...

Ed Opus News

(1) et s'il n'avait joué une fois dans un festival avec Sonny Rollins ce qui figure dans toutes ses biographies.... sans que l'on ne sache finalement grand chose du résultat...

(2) merci au passage à Dominique qui m'a fait entendre ce jazzman au bagpipe il y a quelques années.


Aurelia
"La création du monde"

Quatrième opus déjà pour ce trio formé d'Aurélie Dorzée, de Tom Theuns et d'un percussionniste qui n'est plus Stephan Pougin mais désormais Sérigné CM Gueye. Malgré un usage de percussions un peu plus africaines, cette arrivée ne change pas fondamentalement la couleur sonore de l'ensemble, sauf lorsque Sérigné chante et que l'on flirte donc avec les traditions africaines. Pour le reste, nous sommes toujours dans l'univers particulier d'Aurélie Dorzée, assez loin des musiques traditionnelles (même si certaines influences européennes ou extraeuropéennes émergent ici ou là), dans des ambiances assez éthérée créées notamment par sa manière de chanter, et soutenue dans ce style particulier par la voix de Tom Theuns. Avec des textes parfois surprenant à la première écoute (mais presque envoûtants par la suite). Donc si vous n'écoutez que de la musique de bal folk passez votre chemin, mais si vos horizons musicaux sont plus vastes et ouverts à la découverte vous avez certainement de belles rencontres à appréhender ici…

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels : voir à partir de la chronique du premier :


Carré de deux
"A la table des bons enfants"

Revoici ce quatuor dont on se rappelle que le concept de départ était de proposer aux organisateurs de bal, non pas un quartet mais diverses combinaisons de duos. Le second volume avait déjà bien malmené cette idée originale, elle semble quasi enterrée ici (1) et si on ajoute les quatre voix c'est même parfois un octet que l'on peut entendre. Par contre s'il est un point sur lequel ils n'ont pas transigé, c'est le mode d'interprétation : instruments trads (violon, musettes du Centre, vielle, diatonique) joués avec une cadence impeccable mais sans innovations, sans les petits artifices actuels que les groupes utilisent pour se démarquer. Et c'est cette absence de recherche d'originalité qui, finalement fait l'originalité du groupe car, finalement, peu de groupes jouent dans cette veine. Il faut plutôt rechercher du côté des groupes folkloriques mais ceux-ci n'ont, le plus souvent, pas cette cadence, ce niveau technique qui nous épargne tout sentiment de lourdeur. Et comme la pochette et le titre l'indiquent un certain nombre de plages tournent autour des plaisirs simples de la vie ("Ce sera pour boire", "Je plains les garçons qui n'ont pas de maitresse", "Petit papillon volage", La chasse" et pas étonnant donc si le verre se casse à l'avant dernier morceau et si la dernière plage tombe "enceinte sans l'avoir senti"...

(1) c'est presque dommage, car en réécoutant le premier de leurs album, j'y ai redécouvert un duo de cornemuses à la Montbel-Blanchard qui m'a bien fait plaisir...

AEPEM http://www.aepem.com

Rappels : voir à partir de la chronique du premier :

 


Régis Gizavo
"Ilakeke"

L'accordéoniste malgache Régis Gizavo n'est pas un inconnu du plublic trad. français, notamment pour avoir accompagné I Muvrini. Mais on a pu voir sa sympathique figure est, surtout, son accordéon chromatique, derrière un certain nombre d'autres artistes d'horizons divers et il ne faudrait pas croire que ce musicien se cantonne à un rôle d'accompagnateur. Cet album, qui n'est d'ailleurs pas son premier dans le genre, est donc entièrement écrit et composé par Régis Gizavo qui s'est entouré de musiciens nombreux mais qui n'interviennent souvent que sur une, deux ou trois plages, rarement davantage. Je vous ai dit ci-dessus qu'il avait travaillé dans divers styles musicaux et cela se ressent à l'écoute de cet album avec des couleurs assez différentes d'une plage à l'autre : un large éventail du trad à la variété. Précisons toutefois que le côté rétro années 50 évoqué par la pochette, ne ressort pas vraiment parmi ces ambiances... ou peut-être faut-il disposer des références malgaches correspondantes.... Des chansons qui parlent de Madagascar cotoient un rif d'harmonica aux couleurs d'outre-Atlantique. Sur la liste des musiciens du livret on peut lire "Régis Gizavo chant, accordéon, guitares acoustiques, choeurs" et effectivement, à l'écoute il est évident qu'il a placé le chant avant l'accordéon et celui-ci n'est donc pas souvent au premier plan. Précisons enfin que le livret donne les textes de la plupart des chansons en malgache sans la traduction exacte, mais avec un texte explicatif en français.

Cinq Planetes Dist L'Autre distribution


Chouval Brass
"The jungle pub salsa"

La première originalité de ce brass-band est d'être mené... par un accordéoniste. Cet officiant du clavier piano n'est d'ailleurs pas un inconnu puisque Fabian Beghin je vous ai déjà entretenu de son CD en duo avec Didier Laloy. Nous sommes donc avec des musiciens belges qui soufflent, en petit effectif (quintet) dans saxophones, trompette et sousaphone accompagnés naturellement par un percussioniste (deux lorsqu'un cubain vient les soutenir de ses timbales), sans oublier l'accordéon déjà cité. La photo de milieu de livret, avec chemises à fleur nous laisse prévoir des ambiances cubaines ou sud-américaines mais c'est loin d'être aussi simple que cela puisque toutes les compositions sont de Fabian Beghin et qu'il n'a pas fait dans le fac-simile et que ses sources d'inspiration semblent assez diverses : certaines parties de percussion + sousaphone évoquent parfois plutôt la section harmonico-rythmiques de certaines fanfares de balkans, puis parfois on navigue plutôt vers le jazz américano-brésilien. Dans le livret il commence par évoquer Franck Zappa.... là je n'ai pas vraiment reconnu la couleur au sein de l'album....Mais il suffit de parcourir la description des titres dans le livret pour comprendre qu'il est vain de chercher trop sérieusement des filiations à des morceaux qualifiés d'Asian Dub Fondation Roi Baudouin ou titrés "La vache kiwi" en hommage aux gastronomes néozélandais... Et oui, nous sommes en Belgique et l'on ne se prend pas trop au sérieux sauf pour ce qui est de la qualité de la musique...

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels : voir à partir de la chronique du CD en duo avec Didier Laloy

 


Note : suite à une petite erreur, les chroniques du second semestre 2012 sont sur une autre page


Juin 2012

Boris Trouplin
"
Pistes recyclables"

 

Boris Trouplin est un artiste au plein sens du terme, c'est à dire un personnage dont la vie et l'oeuvre sont indissociablement liés. Boris est en effet un grand voyageur, non pas de ceux qui sautent d'aéroport en aéroport, mais de ceux qui préfèrent appuyer sur les pédales d'un vélo ou marcher à côté d'un âne. Le titre de l'album fait d'ailleurs référence au premier de ces moyens de transport doux ainsi qu'à la pochette sans plastique de cet album, pochette encore plus originale que la précédente et dont, entre autres, l'aspect de la couverture varie selon la position du CD.

Mais venons-en au contenu, interprété par Boris aux musettes du centre, à la veuze sur une plage (sauf erreur de ma part), au steel-drum, son second instrument fétiche depuis l'époque de Minuit Guiboles, à la flûte et également à quelques bidouilles électroniques diverses, dont le champ d'intervention est suffisamment limité sur ce CD pour ne pas trop effrayer les tenants du pur acoustique. Idem pour le morceau soutenu par basse-batterie (instruments qui interviennent bien plus discrètement sur deux autres plages) et qui donne également à entendre une voix féminine invitée.

A la première écoute, certaines mélodies apparaissent un peu complexes, techniques, dénotant une composition sur l'instrument, à partir de coups de doigts, d'effets liés à l'instrument. Mais dès la second passage de l'album sur la platine, les mélodies se révèlent plus attachantes qu'il n'y paraîssait : on se surprend à en avoir gardé en tête des passages entiers et la première impression s'estompe...

Mais Boris n'est pas qu'un instrumentiste et, comme sur le premier album il use également de la voix parlée (sur fond musical naturellement). Il nous conte (c'est le terme qui me semble le plus approprié) une aventure imaginaire (?), il revendique puis, enfin, il relativise la place de l'homme dans la monde. Une mention pour le premier de ces textes, remarquable exercice de rime qui jamais ne conduit à un texte artificiel et dont la diction conserve tout du long un naturel permettant à l'auditeur de ne pas se détacher de l'histoire tout en goûtant les prouesses de versification...

Autoproduction contact : risboem suivi de @hotmail.com

Rappels : Voir sa discographie à partir de la présentation de son album solo précédent :


Benjamin Macke
"L'accordéon diatonique -
collection musique traditionnelle Un instrument, un artiste"

 

Voici donc le troisième volume de cette collection prometteuse puisque l'éditeur annonce qu'elle comportera 8 à10 volumes. Comme pour les deux précédents (Gabriel Lenoir et Fabien Dubarre), c'est un musicien du Nord qui officie sur son instrument de prédilection, ici l'accordéon diatonique. Et comme les deux précédents toujours, si le nom de Benjamin n'est peut-être pas l'un des premiers qui vient à l'esprit lorsque l'on songe à cet instrument, il n'en est pas pour autant un inconnu et on ne peut plus, non plus, le ranger dans les espoirs puisque son talent est déjà bien confirmé. Cet album devrait donc enterriner le fait qu'il joue maintenant dans la cours des grands et le faire connaître à ceux qui seraient passé à côté jusqu'à présent, notamment en dehors de sa région d'origine. Rappelons que Benjamin joue depuis plusieurs années dans Shillelagh (voir les différents albums déjà chroniqués ici), qu'il forme avec le guitariste P. Destanque le duo Bastringue de style davantage musette (voir également la chronique) qu'il joue dans d'autres groupes qui n'ont pas encore enregistré à ce jour à ma connaissance (Accords déhanchés, Souffle court, Marchand de Sornettes) et, qu'à l'instar de Marc Perrone, mais dans un style encore différent, il s'est lancé dans le ciné-concert et qu'il anime même désormais des stages sur ce genre musical particulier.

Masi revenons-en au présent album sur lequel, assez classiquement maintenant, le répertoire se partage entre une moitié environ de compositions personnelles, un seul tradionnel, et des compositions empruntées à d'autres (d'Yvon Guilcher (1) à Marc Perrone en passant par Martin Coudroy et Richard Galliano, sans oublier une très belle reprise du poème de Prévert mis en musique par V. Kosma "Barbara" sur lequel la chanteuse Rachel Bazoges (2) nous offre une remarquable interprétation, déjouant tous les pièges de cette mélodie avec suffisamment d'aisance pour parvenir à se concentrer sur l'expression du texte...). Les pièces alternent également mélodies à écouter et airs à danser, mais l'ambiance générale, très agréable demeure plutôt dans le registre de l'émotion, de l'intimiste. Outre Rachel Bazoge déjà citée, on notera les interventions de J.C Cheneval au vibraphone, C. "Pher" Motury au bugle et Aurélien Tanghe... à la contrebasse sur un titre aux ambiances de petit matin dans un club de jazz et celle de Birgit Bornauw à la cornemuse sur le traditionnel flamand (le diato passe alors en accompagnement) et de tous ces invités sur les dernières secondes de la dernière plage.

http://www.bemolvpc.com

(1) une bourrée d'Auvergne dont la mélodie bien dans le ton fait un peu arlequin, que Benjamin interprète tout d'abord sagement avec toutefois quelques originalités du côté de la main gauche avant de partir en impro (on imagine alors les danseurs faire la tête, mais ici c'est pour écouter, pas pour danser...)

(2) déjà présente sur le second album du Duo Bastringue "L'arbre à danses ou la rencontre insolite du bal folk et du bal musette"

Rappels : Voir à partir de :

et de :
CD Shillelagh

ou des liens dans le texte ci-dessus


Fabien Dubarre
"La cornemuse -
collection musique traditionnelle Un instrument, un artiste"

 

Pour les amateurs de cornemuse de l'Hexagone (1), la sortie d'un CD solo est toujours un petit événement, surtout si le musicien jouit d'une solide réputation ce qui est le cas de Fabien Dubarre, lauréat à St-Chartier comme nous le rappelle la pochette, mais sans doute plus connu encore comme le musicien ayant enregistré le CD joint à la méthode de Bernard Boulanger. Musicien demeuré amateur, il est également bien connu dans le Nord et au delà, pour son Estaminet des Damoiselles où la musique n'est jamais totalement absente... Outre ses participations aux enregistrements de la Piposa, école de musique traditionnelle dont il est issu, il nous a également précédemment offert un CD en quartet au sein de Mouchafou et il officie au sein d'autres groupes encore.

Il a choisi d'enregistrer ici 12 plages soit 15 morceaux, dont principalement des compositions, de lui-même naturellement, de Bernard Boulanger et de quelques autres musiciens et deux suites plus traditionnelles (sont-ce finalement les compositeurs, les collecteurs ou les collectés dont les noms sont cités en face ?)

Le jeu de Fabien est d'une remarquable rigueur technique, avec un beau son et de belles petites variations, que l'on remarquera dès la première écoute sur les quelques morceaux plus connus. A l'entendre ainsi, il est évident qu'il était le musicien adéquat pour réaliser le difficile travail d'enregistrement de la méthode de B. Boulanger, mais on aimerait qu'il se lâche parfois davantage, ce qui n'a certes rien d'évident en studio. Mais les complices qu'il a invité sur l'une ou l'autre plage l'aident bien en ce sens, notamment Patrice Heuguebart sur une suite de valses qui est, pour l'instant, ma plage préférée de cet enregistrement (et pas uniquement parce qu'elle émane des répertoires cabrette et chabrette...).

Une mention encore pour Nadège Fagoo auteur des photos de la pochette et notamment du très beau portrait de couverture aux remarquables nuances de gris (il faut donc également féliciter l'imprimeur...), digne d'un portrait de chez Harcourt...

(1) mais si le CD vient de Belgique c'est tout aussi bien....

http://www.bemolvpc.com

Ce CD fait suite à celui à celui de Gabriel Lenoir au violon,, en attendant celui de Benjamin Macke au diato...

Rappels :

Mouchafou

Méthode de Bernard Boulanger "Jouer de la cornemuse"


Mai 2012

Lena Jonnson et Martin Coudroy
par Vincent Valente
"Funambules"
(DVD)

J'ai remis cette chronique à sa place sur la page des DVD


Jean Perrier
"Quand tu joues - Musique d'Aubrac"

Voici typiquement un album qui n'aurait pas intéressé le folkeux des années 70. Imaginez, un CD consacré à un accordéoniste chromatique, né en 1936 (donc ni un "ancien", ni un folkeux, tout comme José Roux), avec un peu cabrette sur une plage ou l'autre mais mixée en arrière plan comme dans les 33t folkloriques : c'est tout ce que nous rejetions à l'époque. Mais , heureusement, les mentalités évoluent et on sait aujourd'hui reconnaître le talent des musiciens par delà les étiquettes. D'ailleurs même les bretons ont réhabilité l'accordéon-gavotte (accordéon chromatique également). Et si vous n'êtes pas encore convaincu, Tiennet Simonnin, a rédigé au sein du livret 8 pages d'analyse très détaillée du style de jeu de Jean Perrier, style qu'il rattache au style musette des années 20-30, décennies durant lesquelles Jean Perrier n'était pourtant pas encore né... Au sein de ce même livret, Michel Esbelin dresse la biographie de Jean Perrier, né en Auvergne puis, comme beaucoup, émigré à Paris, bougnat puis dans le commerce des boissons. Sa disparition en 2006 a failli mettre fin à ce projet de CD, qui devait être initialement un trio avec Jean Bona à la cabrette et Bruno Bonte au banjo mais que Jacques Lanfranchi a réussi à mener à terme tout de même, en complétant les enregistrements qu'ils avait déjà réalisés par le trio ainsi que ceux de Jean Perrier en solo par trois reprises de l'album "Accodéon en Aubrac" (Buda 2009) et trois inédits issus des mêmes enregistrements de F. Loth en 98 (dont deux plages avec Didier Pauvert en duo d'accordéon) et un inédit de 2004. Tout comme pour l'album de José Roux, j'avoue avoir une préférence pour les plages solo au sein desquelles la lisibilité du jeu de Jean Perrier est optimale.

AEPEM http://www.aepem.com

Attention, ne confondez pas l'accordéoniste Jean Perrier avec le violoneux Joseph Perrier (aucun lien de parenté à ma connaissance) auquel AEPEM a consacré un ouvrage rédigé par Laurence Dupré, Jean-François Vrod et al. "Les airs de Jo - 117 mélodies du répertoire de Joseph Perrier - violoneux de l'Artense"


Evasion
"Du vent dans les voix"

C'est à l'occasion d'un tout récent concert près de chez moi, que j'ai eu l'occasion de trouver ce dernier album du groupe vocal féminin Evasion. Un album qui regroupe d'une part un DVD de la quasi-intégralité du spectacle (il vaut donc mieux voir le spectacle d'abord pour profiter des effets de surprise dans les présentations) et, d'autre part un CD contenant uniquement les titres inédits de ce spectacle, les autres titres pouvant être écoutés sur les CDs précédents du groupe.

Dans ma chronique précédente, je soulignais le fait que la composition du groupe n'avait pas bougé depuis l'origine de celui-ci. Ce n'est malheureusement plus vrai puisque Habla Troudi a quitté l'aventure un peu après. Lors du concert auquel je viens d'assister, Laurence Giorgi était remplacée (provisoirement ?) par une jeune chanteuse-danseuse et percussioniste très douée dont je n'ai pas le nom mais qui a assuré le spectacle à l'identique comme j'ai pu le vérifier sur le DVD (tenue de scène comprise, mais le timbre de voix est naturellement différent) et je pense que les spectateurs qui ne connaissaient pas la composition du groupe ne se sont rendu compte de rien. J'espère bien la revoir... tout comme j'espère également ré-entendre Laurence...

Si le groupe a débuté en interprétant des traditionnels de tous pays puis de plus en plus de reprises de chansons à textes toujours issus de différents horizons et dans autant de langues, le présent enregistrement marque un tournant avec un répertoire essentiellement créé pour le groupe soit par elles-mêmes (notamment par Anne-Marie Ferreira), soit par d'autres musiciens (Michel Bühler par exemple). Ceci leur permet de se concentrer sur les sujets qui les touchent le plus : les femmes, les inégalités en tout genre, le racisme etc... propos très engagés mais jamais sans humour même lorsque la plume n'a rien de tendre... Et tout cela sur des mélodies et des arrangements (il n'y a plus d'accordéoniste mais toujours le même pianiste-arrangeur : Serge Besset) que l'on retrouve avec un peu plus de plaisir à chaque écoute et à chaque plage....

Voir leurs activités et calendrier sur le site http://www.vocal26.com

Rappel : voir leur discographie avec la chronique de leur CD précédent
Evasion Femmes de plein vent

Evasion a également sorti un CD avec Michèle Bernard en 2011, mais curieusement, je ne l'ai pas vu à l'issue de leur concert

Voir les photos aux rencontres de Socourt 2007

Nathalie "Talia" Ferreira chante également le fado : voir sur http://www.fadotalia.com


Gabriel Lenoir
"Le violon -
collection musique traditionnelle Un instrument, un artiste"

 

Bemol production inaugure visiblement avec cette album, une nouvelle collection qui, comme son titre l'indique sera consacrée à des instruments au travers d'enregistrements d'instrumentistes en solo (ou presque), à l'instar des fameuses collections "Spécial instrumental" du chant du monde et, plus près encore, "Solistes" de Cinq Planètes (1). En choisissant Gabriel Lenoir pour ce premier opus consacré au violon, l'intérêt n'est pas tant pour l'éditeur d'utiliser un musicien local et bien connu de la maison (2), que pour nous autres auditeurs, de nous proposer un soliste auquel nous n'aurions pas forcément pensé d'emblée (3) mais qui s'avère largement à la hauteur du challenge, voire même tout à fait adapté à ce type d'exercice, avec un jeu tout à la fois posé et dynamique : expressif sans avoir besoin d'en faire trop. La prise de son permet d'apprécier tous les détails du jeu et lorsque Gabriel fait intervenir un second violon (Christophe Declercq ou Prune Lacante) ou la guitare d'Aurélien Tanghe cela reste en continuité avec l'ambiance du solo. Le répertoire puise pas mal aux traditions flamandes et wallonnes (si le livret n'est pas épais, les sources et collecteurs sont cités), s'y intercalent quelques compositions de Gabriel ou d'autres musiciens (JJ Revillion, Chris Wood, Didier Demarcq et Didier Oliver). 

(1) on pourrait citer encore la collection "L'art de..." chez Arion. Les prochains disques de la collection Bemol seront ceux de Fabien Dubarre à la cornemuse et Benjamin Macke à l’accordéon diatonique.

(2) au sein de Shillelagh par exemple, mais voir également Trio Guerbigny, Rococo Rijsel, Havelange etc...

(3) le premier nom qui me serait venu à l'esprit aurait été, Basile Brémaud par exemple.... Cinq Planètes avait fait appel à Luc Charles-Dominique ce qui était un choix original également. Jean-François Vrod avait, de son côté, enregistré un CD solo "Voyage" chez Silex avec également l'intervention de Christophe Declerck sur deux plages...

Bemol production http://www.bemolvpc.com

Rappel : outre les groupe cités dans la note (2) ci-dessus voir La Cuivraille "Tous ensemble" en 2015


 


 

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