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Jean-Luc Matte
Infos mumuses

Chroniques CD
(7/16)

De temps à autre, l'un ou l'autre d'entre vous me fait parvenir son CD (y compris des démos) afin que j'en parle plus en détail dans mes infos, voici les chroniques ainsi rédigées depuis début 2004 (Tout ceci est indépendant des chroniques que j'ai rédigé pour Trad. Magazine).... 
Sommaire de toutes les chroniques


Rural Café

"En suivant la Draille"

Second album, en relativement peu de temps, pour le groupe de P. Mazellier qui œuvre, comme chacun le sait (sinon relire Trad. mag. n° 82 et 108) à redonner une place à la musique et aux danses du Dauphiné-Vivarais au sein de notre paysage trad. actuel. En abordant ce second CD, je me disais justement qu'il avait encore du boulot à faire pour faire reconnaître la personnalité propre de ces traditions mais il semblerait que cela ne soit pas vraiment le premier de ses soucis puisqu'il n'hésite pas ici à interpréter, entre rigaudons du Dauphiné, bourrées d'Ardèche, chansons de mai ou de carnaval, quelques airs venus d'ailleurs tels cette mélodie tzigane turque ou un trad. irlandais sur la fin du CD. En écoute aveugle, l'auditeur pourrait d'ailleurs penser que certaines mélodies sont empruntées à d'autres régions, mais le livret nous ramène toujours entre Dauphiné et Vivarais où ont été collectés ces versions d'airs parfois connus par ailleurs. Je retiendrai personnellement de ce CD, tout d'abord les parties vocales, à commencer par la belle polyphonie de la première plage (ardéchoise) qui m'évoque certains groupes provençaux. Mais les instrumentaux sont également à la hauteur, très pros, sans le moindre à peu près, et avec des choix de timbres très bien pensés. Pas franchement rural finalement mais bien agréable à écouter et réécouter…

http://www.ruralcafe.com

Dist. L'Autre Distribution

Rappel :

"Les couleurs du cercle", 2001 L'Autre Distribution


Slonovski Bal

"Dzumbus"

Les fanfares " balkaniques " ont fleuri chez nous ces dernières années, dans la lignée de celles popularisées par les films de Kusturica. Mais Slonovski bal, formation cosmopolite, n'est pas né de la dernière pluie puisque ce groupe en est déjà à son cinquième CD. Je n'ai pas eu le loisir d'écouter les précédents et ne peut donc juger de l'évolution mais il est indéniable que ce groupe a atteint une vraie maturité qui se ressent notamment au travers de ce son d'ensemble qu'ils tiennent d'un bout à l'autre de l'enregistrement. C'est d'ailleurs l'une des principales différences avec les orchestres des Balkans où les solistes se mettent davantage en avant : ici jamais aucun des musiciens ne semble vouloir tirer la couverture à lui au détriment de ses collègues, ce qui ne les empêche pas de se donner avec une belle maîtrise, un style et des sonorités tout à fait " comme là bas " sur leurs instruments (vu leurs noms, le saxophoniste-clarinettiste et l'accordéoniste doivent d'ailleurs être de " là-bas "). Une autre différence tient aux tempos qui sont plus raisonnables avec Slonovski : ce qui se perd en folie se gagne en musicalité et il n'est pas désagréable d'apprécier ces musiques dans une ambiance un peu moins stressante. Ces deux différences pourraient vous laisser craindre un rendu un peu mou mais il n'en est heureusement rien, car ces musiciens assurent avec une belle musicalité, mise en valeur par une bonne prise de son qui permet de bien apprécier le jeu des basses (deux petits tubas et un hélicon, tous à palettes) qui assurent à la fois la base harmonique et la rythmique (complétée naturellement par un tapan ou une darbouka). Par devant, accordéon touches piano, clarinette ou saxo et trompette ou bugle se chargent de broder les mélodies avec une belle entente.

Notons un répertoire pas trop rabâché (ce qui a tendance à être souvent le cas avec ce type de formation) à l'exception d'une heureuse reprise de ce standard connu en France par la chanson "Le temps du muguet ". La présence de deux plages avec chant (dont une avec une invitée : Draganan Vrbaski) offre un peu de diversité, de même que cette plage ou une gaïda s'intègre parfaitement dans l'ensemble (à moins que ce ne soit l'ensemble qui lui offre un bel écrin)… Et, enfin, écoutez bien le CD jusqu'à la fin, il s'y cache une petite valse (" Le bal de la marine ") au style musette, dont l'interprétation par ce type de formation est un vrai régal…

Dist. L'Autre Distribution

CD précédents également distribués par L'Autre distribution : "Balkanska Rumba" et "Balkan Morak"

Voir sur ce site, les photos du concert à Courcouronnes en 2003 et les photos de leur passage Place Stanislas à Nancy le 9 mai 2005 en compagnie de deux autres fanfares des Balkans


Ténarèze

"Aral"

Non cet album n'est pas sponsorisé par une marque allemande d'essence mais construit autour du thème de l'eau, dont le dessèchement de la mer d'Aral (ce qui explique également la photo de pochette) n'est pas qu'un symbole. Le livret décline ce thème au travers de divers textes qui ont inspiré les différentes compositions instrumentales (dont pas mal de Marc Anthony). Mais il ne s'agit, naturellement, pas de musique imitative ou même descriptive et, si ce n'est au travers des paroles des chansons (la plupart traditionnelles), également sélectionnées sur ce thème, bien malin qui pourrait deviner le fil conducteur sans ces indications…Mais à l'inverse, il est intéressant d'essayer de percevoir les mélodies sous cet angle d'écoute, y compris les instrumentaux traditionnels qui n'avaient certainement pas été conçus dans cet esprit.

Pour ceux qui auraient raté un épisode (mais je pense qu'ils sont rares…), Ténarèze est le quatuor fondé par Alain Cadeillan et Christian Lanau en pour prendre la suite de Perlinpinpin (c'était d'ailleurs le titre du dernier album de ce groupe en 1991). Ce changement de nom marquait une certaine ré-orientation, et l'arrivée de deux musiciens non gascons : Marc Anthony à la vielle et Bernard Subert aux clarinettes (également complices dans le récent "Terre-Neuvas"). Christian Lanau, auquel est dédié cet album, est désormais parti rejoindre tous les violoneux mythiques et il n'aurait pas été aisé de confier à un autre violoniste cette place laissée vide. Ce sont donc un guitariste plutôt atypique (Laurent Rousseau) et un percussionniste également imaginatif (Olivier Hestin) qui sont venus étoffer le groupe sans, pour autant, bouleverser la personnalité de celui-ci. Une personnalité qui comporte encore une part de tradition du Sud-ouest (au-delà de la Gascogne proprement dite), au travers de la voix de Kachtoun chantant en gascon ou de ses interprétations instrumentales sur des bohas plus ou moins modifiées. Mais une personnalité qui développe également ces expérimentations sonores qu'Alain Cadeillan faisait déjà entendre au sein de Perlinpinpin (on retrouve ici, outre ses cornemuses, sa clarinoise ou ses tambours d'eau) et auxquelles viennent s'ajouter celles plus jazz-contemporain de Marc Anthony ou Bernard Subert (mais que l'on se rassure, il n'y a qu'un passage de clarinette un peu free sur le CD) et, maintenant, celles de Laurent Rousseau sur ses guitares plus ou moins préparées. Tout le talent du groupe et de ses membres et de mêler tout cela avec équilibre pour ne pas dérouter l'auditeur, pour l'intriguer sans le lasser en introduisant une interprétation plutôt traditionnelle par une intro plus contemporaine par exemple. Et comme d'habitude, le choix des traditionnels dénote d'un goût très sur comme en témoigne le choix de la chanson " Devant Bordeaux " dont l'interprétation ne me fera pas oublier celle de Thierry Boisvert dans l'anthologie des chants de marins mais qui m'a fait retrouver les mêmes émotions.

Ed Buda Musique dist Socadisc

Contact : neuftribus suiv de @wanadoo.fr

Rappel : Ténarèze "Ausèths" Modal coll. Plein Jeu, 1999

Ténarèze Ausèths
Un CD court méconnu : "Una nueï -La route des troubadours", muisque composée par B. Subert dans un style un peu médiéval pour le spectacle du même nom et interprété par M. Anthony, A. Cadeillan, C. Lanau, B. Subert CRMTL 2001 (disponible auprès de l'AMTA)

Rappels Perlinpinpin

"Musique traditionnelle de Gascogne". Maryse Brumas, Alain Cadeillan, Jean-Pierre Cazade, Michel Cazade, Joan-Luc Madier et Marc Perrone. 33t Junqué Oc non daté (1975 ?)

"Musique traditionnelle de Gascogne II". Alain Cadeillan, Patrick Cadeillan, Jean-Pierre Cazade, Christian Lanau et Jean-Luc Madier. 33t Junqué Oc, 1978

Sans titre : même composition que le précédent. 33t Revolum 1980

"Als Curios" : même composition que les précédent. 33t Revolum 1982 (non daté)

"Al Biule" Auvidis 33t même composition que les précédent. (non daté, 1985 ? réédité en CD en 1996)

"Ténarèze" Alain Cadeillan, Patrick Cadeillan, Jean-Pierre Cazade, Christian Lanau. CD Scalen Disc 1991

 

Rappel : Albums non publiés sous le nom de Perlinpinpin

Gabriel Valse : Les Toussaint et cousins (Pierre Toussaint, Ariel Toussaint et Benoit Chantran), Marc Perrone, Perlinpinpin Folk (Jean-Pierre Cazade et Kachtoun (A. Cadeillan))33t Le Chant du Monde non daté (1974 ?)

"Lambrusc" Ventadorn : Miqueu Bianco, Alan Cadelhan, Patric Cadelhan, Rogièr Pages, Joan Maria Carlotti, Joan-pèire Casada, Patrici Conte, Francèsc Dupont et Crestian Lanau, 33t Ventadorn non daté

Rondeaux et autres danses gasconnes à Samatan : Perlinpinpin folc (Alain Cadeilhan, Joan-Luc Madier, Marc Perrone, Christian Lanau, Jean-Pierre Cazade et la participation de Patrick Cadeilhan), Ernest Ludre et Lea Saint-Pé. 33t Junquèr d'Oc 1977

Rappel : Marc Anthony en solo (mais il a enregistré bien d'autres choses, de même que Bernard Subert...)


Jacky Molard

"Acoustic Quartet"

Jacky Molard

Voici donc le quatrième opus du label Innacor monté par Erik Marchand et Jacky Molard, album prévu de longue date dans la collection, mais pour la suite rien n'est encore annoncé (à l'heure où j'écris cela).

Jacky Molard a déjà une longue carrière derrière lui et notamment une participation à la plupart des albums d'Erik Marchand, mais c'est, à ma connaissance, le premier CD à son nom (1). Dans le prolongement logique des expériences menées avec Erik Marchand, le registre de cet album se situe entre musiques bretonnes au sens large, c'est à dire avec les influences irlandaises et autres, inévitables pour un violoniste et musiques d'Europe de l'Est (sud-est même…). Mais la plupart des mélodies sont des compositions de Jacky Molard et seuls deux traditionnels sont à débusquer par les oreilles averties (dommage que les sources n'en soient pas indiquées). Aux côtés de Jacky, Janick Martin au diato, le Martin du fameux Hamon-Martin quintet, une contrebassiste plutôt jazz : Hélène Labarrière (qui a, par exemple, joué en duo avec Sylvain Kassap) et un saxophoniste : Yannick Jory (Les Pires, La Trabant, Decodex…).

Le CD commence très fort, sur un rythme de danse bretonne mais avec un swing et des sonorités qui doivent pas mal aux musiques de l'est. Les quatre musiciens prouvent que du côté de la rythmique il est possible d'être bien plus efficace qu'un classique basse-batterie. De plus aucun des musiciens ne reste cantonné dans un rôle d'accompagnateur : si la contrebasse est, naturellement, davantage dans ce rôle, en duo avec l'un ou l'autre, l'intro de la plage 2, par exemple, la laisse largement s'exprimer, avec une belle prise de son qui laisse entendre les doigts sur les cordes, voire les cordes sur le bois. Le saxo a une sonorité qui déchire juste ce qu'il faut quand il faut, le diato assure tant en accord qu'en mélodique. Quant au violon, on savait Jacky Molard plus que doué, il s'exprime ici pleinement.

Les quatre premières plages sont plutôt pêchues, sur des tempos rapides. La suite est beaucoup plus méditative à l'exemple de la plage 5 et si la plage 6 relance un peu, la 7ème est d'un abord moins facile et la fin ne nous donnera pas l'occasion de retrouver l'énergie du début. S'il y a de superbes choses dans la seconde partie, notamment cette "Marche des gens qui s'en font" qui clôt le CD, la distribution des morceaux (la plupart relativement long) tend à faire décrocher l'auditeur vers la plage 7 ce qui est bien dommage car certains morceaux sont vraiment prenants si on les écoute dans de bonnes conditions. C'est d'ailleurs le seul reproche que j'aurai à faire à ce CD à la belle présentation.

Comme d'habitude dans cette collection, une petite vidéo permet de mettre un visage sur chaque musicien, de mieux comprendre la démarche etc…

Inacor http://www.innacor.com

Dist l'Autre distribution

(1) Il est tout de même le leader du groupe breton de musique bulgare Topolvo dont le CD "Belintash" a été édité par le label bulgare Gega en 2005

Topolvo
Voir la chronique de Pennou skoulm "Trinkan"


Ambrozijn

"10"

Cet album reprend un certain nombre de morceaux déjà enregistrés par le groupe, mais avec quelques invités de marque, des violonistes et violoncelliste etc… D'après la présentation et quelques applaudissements décelés en fin de morceaux, il s'agit d'un enregistrement en public et la dynamique de l'ensemble le confirme, mais la qualité de l'enregistrement, l'absence de bruits parasites m'a fait douter parfois de l'absence de passage en studio, d'autant que des concerts sous cette forme se déroulent à l'heure où j'écris ces lignes (si je l'avais su plutôt je me serai bien déplacé…). Disons-le tout de suite, cet album est un vrai bonheur, ce qui n'était pas une évidence sur le papier : il ne suffit pas de faire venir des invités de marque et de rajouter une floppée de violons, encore faut-il faire prendre la sauce en assurant des arrangements qui permettent tout à la fois de mettre en avant les invités, sans perdre la personnalité du groupe et sans faire inutilement nombre. Il faut également que les reprises des chansons déjà éditées sur les albums précédents aient un intérêt nouveau. Dès la première plage, le pari semble déjà gagné : " Schoon lief ", une reprise d'un titre de l'albums bleu sans titre (1), mais sur lequel la voix de Soetkin Collier remplace celle de Tom Theuns, puis les violons viennent insérer des passages orchestraux plutôt réussis là ou Patrick Bouffard et Wim Claeys assuraient à la vielle et au diato sur la première version. Le reste sera à l'avenant : Sylvie Berger prend la place de Tom sur "Dessus la mer coulante" (superbe !), on attend Gabriel Yacoub sur "Nous irons en Flandres" mais non, c'est Tom (2) et Gabriel interviendra sur la très malicornien " Partons " etc.. si la trame des arrangements reste souvent globalement similaire aux enregistrements originaux, ces changements de voix ou d'instruments et, surtout, l'apport de l'ensemble de "violons" viennent donner un sang nouveau. Je n'avais pas prévu de vous citer les huit noms de l'ensemble à cordes, au sein duquel je n'avais d'abord que relevé la présence d'Aurélie Dorzée (Pantha Rhei, Trio Trad etc…) mais il font un tel boulot dans des styles très variés (parfois dynamiques comme des fiddles irlandais, parfois presque baroques italien, quelquefois plus discrets en accompagnement) que je me dois de citer Steffan Smagghe, Lotte Degezelle, Saskia Swalus, Marijn Thissen, Robrecht Ressels et , Isabelle Vandendriessche déjà présente parmi les violons de l'album Botsjeribo

Et pour être complet, Vera Coomans (3) vient prêter sa voix de même que Ludo Vandeau, l'ancien 4ème membre de ce groupe qui est maintenant un trio dont le troisième membre, non encore cité est, naturellement le violoniste (entre autres), Wouter Vandenabeele.

Je regrette juste l'absence totale de livret et j'espère ne pas avoir fait d'erreur dans le qui chante quoi… Mais sinon, c'est le meilleur album du groupe à mon humble avis…

http://www.homerecords.be

(1) à ne pas confondre avec le morceau de même titre de l'album Kabonka. Précisons également que tous les morceaux sont tirés des albums suivants : sans titre 1998, Naradie 2000 (non importé), Kabonka et Bostkeribo. Aucun n'est tiré du dernier "Krakalin" et seul le traditionnel "Pieronelle" n'apparaît pas dans leur discographie.

(2) c'est amusant d'ailleurs car il la chante dans un style très proche de celui de G. Yacoub dont la version devait de son côté à celle de Jean Blanchard sur "La Bamboche - La saison des amours" (ma préférée, par cette petite pulsation qu'il a ajoutée à la mélodie…), le collectage original ayant été réalisé en Berry

(3) une chanteuses flamande que je ne connais pas mais qui a déjà réalisé un album " Somethink within " avec Tom Theuns chez Wildboar


Cristina Delume

"Ballades, poèmes et complaintes"

Cristina Delume est une chanteuse qui a déjà une belle carrière derrière elle, sans remonter aux années 70 où elle chante de la musique sud-américaine, je citerai ses deux derniers CDs : celui du groupe Calicanto au répertoire hispanophone, (à ne pas confondre avec le groupe nord-italien de même nom) que j'avais chroniqué dans Trad. magazine et, surtout, celui chez Cinq Planètes, auquel un de mes collègues de Trad. Magazine avait accordé les Bravos (n°105) : un CD en duo avec le flûtiste Bernard Wystraëte sur un répertoire ancien et traditionnel espagnol et juif. Un CD qui lui avait valu de se produire à Saint-Chartier en 2005. Je vous explique tout cela pour que vous compreniez pourquoi j'ai demandé à chroniquer cet album et pour vous expliquer que c'est avec une certaine surprise que j'ai découvert que le présent CD qui n'a pas grand chose à voir avec les précédents puisqu'il est consacré à la chanson française, du XXème siècle essentiellement (si l'on excepte la Complainte de Mandrin et Vive la rose), thème dans lequel se fondent parfaitement quatre chansons dont elle est l'auteur. Si je parle de chanson du XXème siècle, c'est que le répertoire va de La complainte de la Butte à Ferré en passant par Aragon, avec un côté très années 70-80 dans l'interprétation, qui me fait penser, par exemple, à Francesca Solleville. La voix un rien sévère de Cristina Delume la rend d'ailleurs plus efficace dans les chansons plutôt revendicatives et enflammées que dans le répertoire plus mélancolique. Les accompagnement sont toujours assurés par B. Wystraëte avec l'appui d'une accordéoniste (un petit côté E. Schaaf) et d'un guitariste. Un CD qui n'a rien de trad mis à part les deux titres cités plus haut, la Complainte de Mandrin étant d'ailleurs joliment interprétée, de façon un peu plus insolente que le ton pompier souvent de mise. Un CD pas vraiment dans l'air du temps non plus, mais cela fait du bien de réentendre des chansons avec des textes qui justifient leur existence…

L'Autre Distribution

Rappels :

Calicanto : Espagne et Amérique Latine MAP 1999

Cristina Delume Romances, decires y cantares Cinq Planetes 2004

Bernard Wystraëte & Group "Strawa no Sertao ed. Carmo 2005


Marc Perrone

"Mes p'tites chansons"

Les CDs de Marc Perrone s'enchaînent, toujours différents des précédents mais, en même temps, formant presque une suite, avec, des morceaux qui reviennent comme des refrains et ces thématiques, comme celle du cinéma par exemple, qui apparaissent, qui enflent, qui prennent toute la place puis qui se font un peu plus discrètes tout en restant présentes. Cela commence ici par cette belle pochette, si évidente qu'on se demande si elle aurait pu être autre (1), par un titre qui annonce la couleur : " Mes p'tites chansons ", par une première plage " La Marine " de Brassens qui nous ramène presque trente années en arrière (2) avec cette interprétation instrumentale qui mit la mélodie au répertoire de nombre de diatoniciens. Mais cette fois, Marc nous chante les paroles, de sa voix devenue si familière, même à ceux qui ne le connaissent pas directement, de cette voix qui ne dénote pas une technique vocale vraiment affutée, qui semble même presque maladroite parfois, mais qui respire la sincérité, qui a le doux parfum de l'amitié. Car chez Marc Perrone, on sent bien que tout est affaire d'amitié avant tout : par exemple au vu de ces nombreux musiciens fidèlement rassemblés à ses côtés alors qu'ils pourraient courir des plans certainement plus rentables vu leur notoriété : d'Azzola à Lubat en passant par Jacques Di Donato ou Dominique Cravic. Amitié de ceux qui composent des textes non pas pour Marc mais carrément sur lui et qui les chantent (André Minvielle dans son style inimitable d'écriture et d'interprétation) ou nous les content (Arthur H qui nous fait imaginer Marc dans la jungle, adopté par les gorilles). Amitié réciproque également avec ces enfants qui chantent cette chanson issue d'un atelier d'écriture collective et qui démystifie la mort. Et puis parfois, cela dépasse l'amitié, lorsque Marie-Odile Chantran interprète un de ses textes, ou surtout, que Marc dit, en italien, un hommage à son père enterré le village familial quelque part en Italie près de Monte Cassino. Comme Eric Montbel à la cornemuse, Marc Perrone fait partie de ses musiciens dont on reconnaît immédiatement la sonorité et, que les amateurs de diatonique se rassurent, si cet album fait la part belle à la chanson, si les invités sont nombreux, le diatonique de Marc est bien présent, mixé en avant par rapport aux autres instruments, comme en soliste (tout différent, par exemple, du dernier R Tesi). S'il chante quelques reprise " La Marine " déjà citée ou " Ma Môme ", s'il accompagne les quelques cadeaux d'amis déjà cités, s'il met en musique Desnos, Marc a écrit et composé la plupart de ces p'tites chansons, dans un esprit musette souvent, de manière plus moderne parfois, à l'image de "Banlieue chronique", même si ce n'est pas forcément de la banlieue d'aujourd'hui qu'il s'agit...

Un CD comme un rayon de soleil italien dans la grisaille de ce mois de février…

 

dist L'Autre Distribution

(1) dessin de Jacky Liégeois et mise en forme de Mathieu Liégeois comme sur le CD précédent

(2) enregistré par Marc sur le premier 33t à son nom en 1978 (cf ci-dessous)

Rappels

Gabriel Valse 1974

Marc Perrone 1978

La Forcelle 1983

BO du film La Trace 1983 (non réédité en CD à ma connaissance) cf http://www.littlebearproduction.com/site/Films/Trace/trace.htm

Velverde 1988 (Le Chant du Monde)

Jacaranda 1995 (Le Chant du Monde)

Cinéma mémoire 1993 (Le Chant du Monde)

Ciné suite 1998 (Le Chant du Monde)

Voyages 2001 (Le Chant du Monde)

Son éphémère passion 2004 (L'Autre Distribution)


Planetes Musiques (1)

"Les nouvelles musiques traditionnelles"

Soyons clair d'entrée de jeu : ce CD est une compilation et comporte donc pas mal de choses déjà connues, les autres étant souvent des extraits de démos. Une telle compilation est, naturellement le résultat d'un choix à double niveau : choix d'un morceau représentif de chaque groupe ou artiste, généralement au sein de son CD le plus récent, mais ici, surtout, choix des groupes amenés à représenter les musiques traditionnelles d'aujourd'hui dans ce festival éclaté organisé par la FAMDT et dont je rappelle que le but est de faire connaître nos musiciens et chanteurs professionnels à des organisateurs de spectacles pas forcément très sensibilisés à nos musiques. Une manifestation dont les retombées peuvent parfois dépasser les artistes en question en redorant un peu l'image des musiques trads, en leur donnant une petite place dans les médias. Les premières éditions étaient volontairement très parisiennes afin d'aller chercher les décideurs dans leur capitale d'ivoire, l'édition 2007 touche également la province. La programmation 2007 mêle habilement des artistes confirmés de longue date (Evelyne Girardon, P. Bouffard ou G. Chabenat) à des formations plus jeunes (La Machine, Familha Artus), des musiques se réclamant de régions de France (Bretagne avec Bill Ebet, Poitou avec C. Pacher et D. Bourdin, Sud-Ouest avec Gadalzen…) ou de traditions plus exogènes (Taraf Goulamas ou Boya : alliance originale et réussie d'un jeune et déjà fameux joueur de gadulka bulgare installé en France, d'une pianiste et d'un percussioniste) et puis des inclassables comme les marseillais de Jugal Bandi.

http://www.famdt.com dist L'Autre Distribution

Les éditions précédentes ont donné lieu à éditions de CDs de ce type : 2005 (avec le bandeau ajouté sur le plastique d'emballage par le distributeur : L'Autre Distribution)

2006

Et je vous ai chroniqué celui de l'édition 2008

....et celui de 2009

 

(1) Lancement du festival Planètes Musiques à la Maison de la Musique de Nanterre (92) les 16, 17 et 18 février puis, du 1er mars au 29 juin dans toute la France


Soetkin Collier

" Nocturne "

Dans ma récente chronique du CD "Floes" j'avais écrit que cet album aurait pu être à son nom tant sa voix y tenait une place importante. Il ne m'aura pas fallu attendre longtemps pour voir se réaliser ce souhait.

N'en déduisez pas trop vite que le présent CD est dans la continuité de Floes : il présente, au contraire une couleur particulière ou plutôt un dégradé de couleurs entre tons flamands et suédois, deux langues aux sonorités finalement assez proches (du moins pour ceux qui le les comprennent pas, pour les autres la perception est sans doute différente…). Le répertoire alterne trads flamands et suédois, compositions de Soetkin, des musiciens qui l'accompagnent ou d'autres.

Je ne vous ai pas encore rappelé que Soetkin est l'une des deux chanteuses du groupe Urban Trad. Elle est discographiquement très active en ce moment puisque, outre le CD Floes déjà cité, on la retrouve également sur Ambrozijn "10" dont je vous entretiendrai d'ici peu. Sa voix se situe plutôt dans le registre grave des voix féminine. Si les belles photos bleutées du livret la montrent plutôt de loin ou de trois-quart dos, elle chante avec sincérité et sans faux-fuyant, plutôt près du micro et sans forcer sur sa voix ce qui donne un caractère souvent intime à son expression, mais lorsque nécessaire, elle démontre qu'elle peut également mettre davantage d'énergie. Son timbre de voix n'est pas de ceux que l'on reconnaît entre mille mais il est plutôt agréable.

Autour d'elle deux musiciens qui ne sont pas des inconnus et qui cisèlent, avec imagination, voire audace, mais sans excès, un bel écrin : Tom Theuns (Ambrozijn) aux cordes pincées et autres (il chante sur une plage) et Didier François au nickelharpa, un musicien belge également dont on se souvient du CD assez intimiste et suédois " Falling Tree" sorti en 2001et sur lequel intervenait, pour la petite histoire, Gilles Chabenat.

Quelques invités également sur le présent CD dont principalement le contrebassiste (Ben Faes) et, sur la dernière et sympathique plage, la toute jeune soeur de Soetkin.

Décidément, il sort beaucoup de belles choses chez nos voisins belges en ce moment…

Homerecords http://www.homerecords.be

Rappel

Didier François, " Falling Tree" sorti en 2001


Matthias Loibner

" Vielle à roue "

Musicien autrichien dont l'éclectisme lui permet aussi bien de jouer de la musique baroque avec Hervé Niquet que du folk progressif avec Deishovida, Matthias Loibner est le second vielleux à enregistrer dans cette prestigieuse collection après l'excellent volume de Marc Anthony. La règle, dans cette collection, est de jouer entièrement en solo, mais il y a parfois de petites entorses dont on ne se plaindra pas forcément…Matthias, de son côté, tient ici le pari : seul de bout en bout.

Il joue, au sens musical du terme, avec les sonorités de sa vielle acoustique (1) : par exemple avec un chien très gras sur la première plage, plus incisif sur la seconde, absent bien souvent, de même que, parfois, les bourdons (belle pièce en imitation de violon…). Mais ce jeu va plus loin puisque son idéal de son semble assez éloigné de la pureté, qu'il utilise parfois la vitesse de la roue jusqu'aux limites inférieures et supérieures de décrochement de la note, que les bruits parasites, des sautereaux sur les cordes notamment, font partie de son jeu etc…. A la différence d'autres vielleux novateurs, il n'utilise pas de bruits optionnels style percussions sur la caisse ou cordes sympathiques pincées mais il se plonge visiblement (je devrais dire audiblement mais là c'est à vous de juger…) dans les harmoniques des vibrations des cordes (seules ou en ensembles à bourdons). Peu de mélodies évidentes ici mais plutôt des cycles, des formules répétées dont certaines montées de clavier, typiquement viellistiques, mais moins caricaturales ici que ce que l'on peut entendre lors de certains concours. Et lorsque mélodie il y a, le tempo devient parfois frénétique (par exemple sur une célèbre Salzarello). La plupart des plages sont, vous l'aurez deviné, des compositions personnelles, on rencontrera cependant un trad. bulgare, un trad. turc et un morceau de Ross Daly. Il y a beau temps que l'on sait que la vielle est un instrument qui pousse pas mal de ses interprètes à l'expérimentation, ce CD en propose un nouvel exemple, qui ne révolutionne pas ce type de démarche mais qui en propose une approche personnelle assez équilibrée. Bien entendu, il faut aimer la vielle, jusque dans ses défauts, pour apprécier…

(1) du facteur autrichien Wolfgang Weichselbaumer

Cinq Planetes Dist. L'Autre Distribution

Rappel :

- Matthias Loibner dans le registre baroque : lire ma chronique pour Trad. magazine

- et l'autre vielleux de la même collection : Marc Anthony


A consommer de préférence
"Elevé en plein air"

On aura beau dire qu'il ne faut pas réduire un groupe ou un CD en lui collant une étiquette, il est bien pratique, pour définir le style d'une production discographique, de se référer à un genre connu, voire à un croisement de styles. Je serai bien en peine de le faire ici pour ce groupe au nom étrange (1). Non qu'ils produisent une musique jamais entendue, mais plutôt que celle-ci ne se rattache pas à une filiation particulière et aux règles de celle-ci. Bien entendu, je pourrais me référer au jazz, ne serait-ce que pour l'instrumentation qui mêle guitare, piano, batterie, saxo, violon et flûtes, mais jamais le groupe ne se plie aux sonorités que l'on a l'habitude d'associer aux divers courants du jazz. Bien entendu, certaines plages doivent une partie de leur inspiration à des musiques traditionnelles, plutôt à l'est d'ailleurs, mais c'est loin d'être une règle générale et il s'agit davantage de couleurs que de véritable style. C'est finalement à des musiques de film que tout cela ressemble le plus, ce qui n'a rien de péjoratif, au contraire, un film qui reste à écrire ou, pour parodier le titre de l'album de Vouters Vandenabeele chez le même éditeur (chronique à venir dans le n°113 de Trad. magazine), des " chansons sans paroles ". A classer dans votre discothèque à côté de Yann Tiersen par exemple car on y retrouve ce côté mélodique, ces parties de piano, un côté parfois dansant et même dynamique, une certaine diversité d'une plage à l'autre etc… En tout cas je ne me lasse pas de l'écouter…

(1) et typiquement belge, on se souvient par exemple du groupe " On Peut Prendre Son Manger Avec " ou, actuellement, de la fanfare féminine " Pas ce soir chéri " http://www.pascesoircheri.be/

http://www.aconsommer.net

Homerecords http://www.homerecords.be

 

Rappels : le suivant "Doré à point" (2009)

cinq des musiciens du groupe ont également provoqué ou participé au projet :
"Idegael"


Ricardo Tesi et Claudio Carboni

"Crinali"

Si vous en êtes restés aux tous premiers albums de ce musicien prolixe, vous vous attendez sans doute à un CD de diatonique italien. Si, par contre, vous avez suivi l'évolution de sa production, vous savez que Ricardo Tesi aime s'entourer de bons musiciens et, d'ailleurs, il partage la paternité de ce CD avec le saxophoniste Claudio Carboni. Les amateurs de diatonique regretteront certainement qu'il en oublie parfois presque de pianoter ou qu'il le fasse souvent si discrètement au sein de l'ensemble ; c'est sur une plage à l'allure de tango qu'on l'entendra d'ailleurs le mieux… Le répertoire puise essentiellement dans les traditionnels de l'Appenin bolognais, auxquels viennent s'ajouter quelques compositions des deux protagonistes principaux, également auteurs de la plupart des arrangements. Pourtant, à l'écoute, cela ne sonne pas forcément toujours italien comme on l'attendrait, parfois un peu tout de même , souvent jazzy, quelquefois même un peu latino-américain. Plages rythmées alternent avec des morceaux plus intimistes au sein desquels la voix de Ginevra di Marco apporte une émotion indéniable. Encore un de ces CDs qui ne marque pas forcément à la première écoute mais auquel on s'attache au fil du temps, signe de qualité en profondeur…

http://www.ricardotesi.it

Felmay records http://www.felmay.it

Dist. L'Autre Distribution

Rappels

"Il ballo della lepre" avec Alberto Balia, Daniele Craighead et al... 33t. Shirak records (non daté)

Ritmia (R. Tesi, A. Balia, E. Frongia et D. Craighead) "Forse il mare" 33t. ed. la Ciapa Rusa (non daté)

P. Vaillant, R. Tesi, J.M. Carlotti et D. Craighead : "Anita-Anita" 33t Robi Droli (réédition CD chez Silex épuisée)

Tesi-Vaillant "Veranda" (1990 Silex épuisé)

Trans-Europe Diatonique (Silex épuisé)

Tesi Vaillant Trovesi "Colline" (1994 Silex-Auvidis, épuisé)

"Un ballo liscio" (Silex épuisé)

"Banditaliana" (Dunya records, Felmay 1999)

"Banditaliana Thapsos (Dunya records, Felmay 2001)

"Acquo Foco e vento" (Felmay 2002)

"Flatus Calami" 2002 Circolo della zampogna enregistré au festival de Scapoli 2001

"Luna" Felmay 2005

Ricardo Tesi joue en invité sur le CD d'Uaragniaun "U diavolo e l'acqua sante" lire ma chronique pour Trad Magazine

Lire la chronique de son CD suivant : Ricardo Tesi solo chez Cinq Planètes 2007
Ricardo Tesi solo

2011 : Bruno Le Ton et al "Accordion Samurai"


Kepa Junkera

"Hiri"

Tout comme Ricardo Tesi, Kepa Junkera passe du statut d'accordéoniste virtuose à celui de compositeur-arrangeur, directeur d'ensemble. Comme s'il voulait marquer une rupture avec l'image d'Epinal du joueur de trikitixa basque, aucune verdure n'évoque ne serait-ce qu'un peu le Pays basque au sein de cette pochette et de ce livret en noir et blanc sombre et aux décors urbains. Les cités sont d'ailleurs le thème directeur de ce CD quasiment entièrement composé (un seul traditionnel) par Kepa dans des styles évoquant les musiques des divers continents mais jamais sous forme de pastiche, plutôt d'évocation. Même la répartition des nombreux invités ne répond pas forcément à une logique géographique et l'on retrouvera par exemple le galicien X.M. Budino sur " Napoli " ou le chœur bulgare sur " Agadir ". Kepa Junkera s'offre une affiche de luxe en invitant plus d'une vingtaine de solistes ou ensembles sur cet album. Certains, présents sur quasiment toutes les plages, composent le noyau dur : Gilles Chabenat à la vielle, son comparse pianiste Alain Bonnin (cf leur duo " Trames "), le duo de txalaparta Etxak, Kepa Calvos et Glen Veldez aux percussions. D'autres sont souvent présents tels le contrebassiste Jean Wellers ou le quatuor à cordes Alos Quartet. Certains, enfin, et non des moindres, viennent juste apporter leur appui sur une plage ou l'autre (d'Ibon Koteron et son alboka au mandoliniste niçois Patrick Vaillant et son Melonious Quartet) et on en vient à regretter que certaines présences soient tellement discrètes qu'il faille écouter le CD livret sous les yeux pour découvrir, par exemple, où intervient la galicienne Mercedes Peon

Que les officionados se rassurent, l'accordéon de Kepa est bien présent sur le CD, même si ce n'est pas sur le répertoire basque habituel. Même les txapalarta omniprésentes ne donnent pas forcément une couleur trad. régionale mais se fondent plutôt dans cet ensemble un peu jazz moderne (un qualificatif forcément simplificateur….)

Elkar Dist. L'Autre Distribution


Fabian Beghin et Didier Laloy

" Cryptonique "

Depuis Oller-Yvert (plus de 20 ans déjà… et je pourrais même remonter à Baly-Blanchard) nous nous étions habitués aux duos de diatos (Pignol-Milleret, Deux Accords Diront etc…) voire aux trios (Tref avec le même Didier Laloy). Mais le duo diato-chromatique, qui plus est sans autre accompagnement, n'est pas si courant à ma connaissance (je n'en vois qu'un autre (1) mais je ne prétend pas tout connaître…), mariage apparemment contre nature et qui pourtant suit une certaine logique, celle qui a vu se créer, à une certaine époque les diatos à basses chromatique chers à Emile Vacher par exemple : le dynamisme du diato et la richesse harmonique du chromatique. Avec l'avantage, pour le duo par rapport l'instrument à basses chromatiques, de conserver au diato un poids raisonnable et donc un maniement plus souple. Si je fais cette comparaison, c'est qu'à l'écoute de ce duo, il apparaît que les rôles sont bien partagés, même si cela n'a rien de rigide et si d'autres formes apparaissent ça et là : la main droite du diato tient le devant de la scène en assurant préférentiellement les parties mélodiques et le chromatique (piano, j'ai omis de le dire), assure l'accompagnement harmonique (main gauche principalement me semble-t-il mais je n'en suis pas certain (2)). Quant à la rythmique, elle est assurée par les deux musiciens, Didier Laloy ayant souvent un jeu très énergique à la main droite, ce qui ne l'empêche d'ailleurs paradoxalement pas d'avoir un beau phrasé. Qui plus est, ils accèdent parfois à d'intéressantes polyrythmies qui seraient un peu complexes à gérer pour un musicien seul. Le duo évite donc la surcharge d'un jeu systématique à quatre mains, ce qui ne les empêche pas de faire jouer de temps à autre les basses du diato ou de faire émerger une petite ligne mélodique au chromatique (qui sait même se faire presque harmonica bluesy sur une plage).

Et puis ils laissent ainsi la porte ouverte à d'autres conceptions du duo diato-chromatique, avis aux amateurs !...

Je pense qu'il n'est plus utile de présenter Didier Laloy qui depuis Panta Rhei, a une importante discographie à son actif, sous son nom propre, au sein de divers groupes dont Tref ou encore en accompagnateur. Fabian Beghin, également belge, est moins connu, quoique le CD de Turlu Tursu ait fait l'objet d'une bonne diffusion en France l'an passé. Si vous les avez vu en concert, vous avez d'ailleurs pu constater que ce n'est pas quelqu'un de vraiment triste. Il a plusieurs cordes à son arc puisqu'il joue également, par exemple, de la flûte bansuri au sein d'un trio de musique indienne (Jugalbandi trio).

Tous les morceaux sont des compositions de Fabian Beghin qui semblent d'ailleurs davantage pensées pour ce type d'interprétation que par pure esthétique mélodique (3), certaines se prêtant bien à la danse (valses, scottische…).

Si j'ai fait référence en introduction au duo Oller-Yvert, c'est que tout comme les enregistrements de ces précurseurs, ce CD nécessite une première écoute attentive afin de se laisser séduire et de l'apprécier ensuite à sa juste valeur, l'idéal étant certainement une première écoute du duo en concert…

 (1) les deux Florence bretonnes des Potes'Flor que je n'ai pas eu encore le loisir d'écouter et qui allient diato et chromatique boutons voir sur http://potesflor.free.fr/. Depuis la rédaction de cette chronique, j'ai eu l'occasion de chroniquer leur album diato+chromatique Folk-noz

... et j'ai croisé les références de plusieurs autres duo diato-chromatique : citons Nathalie Tallarida et Alain Vandescasteele "Achrodia" en 2013

ou encore Les Zéoles, c'est à dire Amélie Dénarié dau diato et Anne Guinot au chromatique "Sur mesure" en 2011

Dans des formations plus étoffées, Marc Perrone a parfois marié son diato avec quelques maîtres du chromatique musette, il doit y avoir davantage de cas de ce genre mais pour l'instant je sèche…

Ajout 2015 : citons l'album d'Anne Niepold et Gwen Cressens
"Monochromatic"

(2) précision de Fabian Beghin : " l'harmonisation au chromatique dans ce projet se fait avec des basses, jouées à la main gauche, qui sont rarement les toniques des accords joués à la main droite. Cette écriture légitimise encore plus le choix d'un chromatique pour assurer ce rôle dans les compositions. Par ailleurs, j'ai ici souvent pensé la main gauche du chromatique comme une ligne de bassiste, indépendante de la main droite, envisagée dans le rôle d'une guitare "

(3) un peu dans l'esprit d'ailleurs de certaines de Motion Trio, le trio de chromatiques polonais

http://www.cryptonique.be

http://www.homerecords.be

Rappel : Turlu Tursu "Accordion 'n Drum 'n Bass" 2005, Homerecords, dist France "L'autre distribution"


...ainsi que "Turlu Tursu" et "The all weathers country "

En 2008, Fabian sort un CD Rock pour jeune public : "L'école des chèvres à pull" Lire la chronique ici :

2012 : Fabian leader du Chouval Brass Band

2017 : Electric Folk Ballroom "O'Steam"

...Et naturellement toute la discographie de Didier Laloy : voir à partir de [Pô-Z]s

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Gjallarhorn

"Rimfaxe"

Passons rapidement sur la première plage que l'on croirait formatée pour l'Eurovision, passons également sur les photos-portraits intérieures du livret, dignes d'un journal de mode, ce troisième opus du groupe Gjallarhorn (dont les précédents ont su toucher un public dépassant celui des musiques trads…) renferme heureusement quelques côtés plus intéressants, notamment lorsque le groupe oublie son côté parfois un peu éthéré, que la voix de Jenny Wilhelms se fait plus présente et que les instruments traditionnels font entendre leur grain, dans un style qui rappelle parfois Hedningardna. Dommage toutefois que les subtilités rythmiques qui sont une des richesses des musiques scandinaves soient parfois mises au carré par une rythmique dans l'air du temps (le prix à payer pour toucher un public plus large ?)

http://www.gjallarhorn.com

Vinduga music Dist. L'Autre Distribution

Rappels :

"Ranarop" 1997 réédité en 2002

"Sjofn" NCB 2000

"Grimborg" (Vinduga music Dist. L'Autre Distribution, 2002)


 

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