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P. Ricci Via petrarca, 9 86170 Isernia Italie Recommandé Trad. Mag.
J'ai déjà présenté ce zampognaro amateur qui tire la tradition de la zampogna vers de nouveaux horizons, tant du point de vue de la musique que de la facture instrumentale (voir Trad. Mag n°60). L'attrait de la nouveauté lui a d'ailleurs déjà joué quelques tours, notamment vis-à-vis du public trad. français qui bloqua sur l'usage des boîtes à rythmes et autres synthés pré-enregistrés lors de ses passages en France avec I Tratturo et, du coup, ne perçut pas toujours ce zampognaro à sa juste valeur. Il a heureusement fait marche arrière sur ces derniers aspects et cet enregistrement laisse apprécier un musicien-compositeur hors pair utilisant la zampogna avec de nouvelles possibilités harmoniques et un superbe phrasé (qui rappelle parfois celui d'E. Montbel bien que zampogna et chabrette n'aient pas grand chose à voir…). Il joue maintenant accompagné par l'excellent pifferaro Gianni Perrilli également amateur d'innovations (piffero à clefs, zampogna jouée sans sac…) et l'accordéoniste Ernest Carracillo. Nombreux sont ceux qui, comme moi, attendaient un enregistrement de P. Ricci, celui-ci est "fabriqué à la maison" et l'on s'étonnera que son groupe n'ait pas encore trouvé de vrai producteur. L'enregistrement se clôt sur deux pièces pour zampogna et orchestre symphonique (de L. Di Tullio et P. Niro) qui bien que musicalement intéressantes risquent de beaucoup moins vous convaincre.
Jean-Luc Matte (paru dans le n°75 janv-fev 2001)
Autoprod. P. Ricci, via Petrarca 9 - 86170 Isernia - Italie Durée : 37'56 Bravos Trad. Magazine
Si vous avez acheté leur CD à St-Chartier, où ils se sont produits cet été avec un beau succès, et que vous avez relu ma chronique du n°75, vous n'avez sans doute pas tout compris. En effet, sous une pochette assez similaire, le contenu de ce CD autoproduit a été, pour moitié, modifié. Exit les plages live, exit les morceaux avec orchestre symphonique (qui, sur CD, ne m'avaient pas entièrement convaincues) : si les magnifiques compositions de P. Ricci sont toujours présentes, les quatre plages suivantes sont désormais des compositions de G. Perilli dans un esprit assez similaire mais d'une patte différente. L'enregistrement gagne ainsi en cohérence et en intérêt pour les amateurs de musique traditionnelle italienne. Ajoutons que la fabrication est désormais moins artisanale aussi, cette fois, je n'hésite plus à attribuer à ce trio les Bravos qu'il mérite, en espérant qu'il trouve maintenant un distributeur.
Jean-Luc Matte (paru dans le n° 81 janv-fev 2002)
Ocora Radio-France Durée : 71'10 Recommandé
Ce CD de la très officielle collection Ocora est composé d'enregistrements réalisés en Sicile entre 1984 et 2004 par l'anthropologue Sergio Bonanzinga qui signe également le texte détaillé du livret. Il est réalisé par Claude Monnet, passionné de musique traditionnelle italienne à qui l'on doit quelques émissions sur France Culture, plusieurs CD chez Buda ainsi que celui sur le Canto Nuovo en Sicile paru l'an passé chez Iris Music. Mais ce dernier et celui dont il est question ici sont loin de faire double emploi, le thème étant différent (le présent CD donne une large place à la musique instrumentale) et, surtout, le type de musique : il s'agit ici d'enregistrements de collectage qui demandent un minimum d'habitude d'écoute de ce type de documents (ne vous fiez pas à la photo un peu folklorique de la couverture). Loin des clichés grand public donc, mais également des pratiques revivalistes, nous pouvons découvrir ici dans leur jus des formes musicales peu courantes et notamment d'intéressantes pièces de flûtes simples ou doubles, des chants de charretiers, des interventions de guimbardes, quelques guitares et mandolines nturellement etc.. Les deux types de zampogne siciliennes peuvent être entendues ici : la zampogna a paro la plus répandue en Sicile (présente également en Calabre) et, surtout la très grande ciaramedda de Monreale, à usage religieux, sur une seule plage malheureusement (28), en soliste (un bon choix mais j'aurai aimé l'entendre également en accompagnement d'un chanteur).
Jean-Luc Matte (paru dans le n°98 nov-dec. 2005)
Ed. Dunya Records http://www.felmay.it Dist France : Orkhestra Durée : 69'44
Ce CD est une compilation offrant un extrait de 19 CD récents de musique traditionnelle italienne. Il en est d'ailleurs un certain nombre dont je vous ai entretenu dans ces colonnes et écouter une plage pourra vous aider à vous faire un avis. Certains des CD sources sont distribués en France (Ricardo Tessi, Filippo Gambetta, Daniele Sepe ou Banda Ionica par exemple), quelques uns ne le sont malheureusement pas encore : Acquaragia Drom par exemple ou encore Nando Citarella mais il est possible de les acheter via internet (http://www.finisterre.it). L'Italie du Nord n'est pas oubliée avec la présence de Baraban ou de Lou Dalfin, pas plus que la Sardaigne par la voix d'Elena Ledda. Une compilation certes, mais du beau monde…
Jean-Luc Matte (paru dans le n°100 mars-avril 2005)
Ed. Dunya Records http://www.felmay.it Durée :42'47 Recommandé
Sous cette pochette peu parlante, ce cache le CD d'un italien sachant faire chanter les instruments à cordes pincées (de la guitare dite "classique" à la chittara battente d'Italie du sud, en passant par mandole et mandoline) et ce dans des styles plutôt traditionnels et variés : pièces à écouter ou à danser, instrumentaux ou accompagnement de chanteurs. Ce dernier registre nous permet d'ailleurs d'entendre successivement pas moins de 6 chanteuses et chanteurs invités. Car Antonio Poliotti aime visiblement jouer en bonne compagnie et six musiciens (presque exclusivement sur instruments à cordes et percussions) l'accompagnent. Si la première plage, à la guitare dite "classique" a quelques accents espagnols, ce sont paradoxalement les castagnettes, maniées dans le style typiquement italien où elles scandent le rythme d'une manière métronomique qui nous rappelle que nous sommes bien dans cette péninsule et non dans l'autre…. La plupart des autres plages étant des traditionnels italiens, le doute n'est plus permis, surtout lorsque la sonorité se fait aigre sous les cordes de la chittarra battente. Un Cd finalement assez original qui ravira naturellement les amateurs d'instruments à cordes pincées dont je ne suis pas vraiment mais qui a su me séduire par ses ambiances, quelques belles voix, une remarquable précision rythmique et une belle sensibilité de jeu.
Durée : 31'15 Autoproduction http://www.zampogna.ch Recommandé Trad. Mag.
Vous avez sans doute croisé Ilario Garbani à Saint-Chartier où il vient depuis quelques années et où il exposait cette années les zampognas de sa fabrication. Il s'agit de zampognas molisanes (a chiave) dotées, à l'instar de celle de Pietro Ricci, d'un double trou de pouce sur le bourdon, permettant des changement de modes assez spectaculaires. Verbanus est le duo d'Ilario avec Carlo Bava, sonneur de ciaramella à l'excellente sonorité. Disciple de Pietro Ricci tant pour le jeu que la facture, Ilario aurait pu produire une pâle copie de la musique du précédent mais il n'en est rien : s'il ne possède pas tout à fait la finesse du phrasé de Pietro, il sait fort bien choisir et interpréter des airs qui se prêtent au jeu de sa zampogna et de la ciaramella : traditionnels italiens, compositions plus récentes, gavotte de Praetorius ou la célèbre bourrée "Ton ruban bleue", dont la couleur est transformée par les changements de mode (un air qu'il avait déjà enregistré sur le CD de sa "Brève méthode de zampogna"). Quatre compères interviennent très discrètement sur le CD pour soutenir le duo lorsque cela est utile et on peut saluer un excellent mixage qui met en avant le rôle mélodique de la ciaramella. Un enregistrement dont je ne me lasse pas…
Jean-Luc Matte (paru dans le n°86 de nov-dec 2002)
Rappel : lire la chronique de leur CD suivant : Alegar
Voir également les CD de Carlo Bava en piffero et orgue...
Giada Record Durée : 55'27
NCDT Record Recommandé T. Mag Durée : 69'35 http://www.tammorra.com
Si les tambourins à cymbalettes (souvent découpées dans des couvercles de boîte de conserve) sont largement utilisés en Italie, le mot Tammorra désigne plus spécialement sa forme napolitaine, une forme qui ne se manifeste d'ailleurs pas tant du point de vue de l'instrument lui-même que de son usage et de ses rythmes : la "tammuriata". La tammorra peut accompagner un chanteur, une flûte, un accordéon ou plusieurs d'entre eux, mais est-ce bien le tambourin qui accompagne ou n'est-il pas plutôt l'élément musical principal, celui autour duquel les petites cellules mélodiques répétées ne viennent finalement que broder ? N'en déduisez toutefois pas que les rythmes soient spectaculaires : à la première écoute on les trouverait presque simplistes, moins enlevés que ceux des Tarentelles que l'on peut entendre dans d'autres régions d'Italie ; une écoute plus attentive ou, mieux, une écoute en situation, permet toutefois de relativiser cette première impression. La Nuova Compagnia, autour d'Antonio Matrone surnommé "O'Lione", poursuit une démarche originale et quasi-militante : se réapproprier fidèlement cette pratique, non pas uniquement sur le plan musical, mais également social : il est évident que l'intérêt majeur de cette forme musicale tient dans la convivialité qu'elle génère, tant entre musiciens (le cercle n'est jamais fermé, chacun peut s'y adjoindre avec son tambourin, ses castagnettes, sa voix ou tout autre instrument approprié) qu'avec le public comme c'est le cas lors des fêtes religieuses traditionnelles au sein desquelles cette pratique est un élément indispensable. Les livrets de chacun des CD donnent d'ailleurs la liste des fêtes religieuses au sein desquelles la tradition est encore présente "nella sua forma piu autentica". Si le premier CD fait entendre la Nueva Compagnia, le second, enregistré en situation, permet d'entendre également des anciens (et toutes les plages y ont une partie chantée), mais vous constaterez rapidement qu'il est difficile de distinguer les uns des autres, preuve de la réussite d'O'Lione et ses compagnons dans la voie sans concession qu'il se sont tracée (preuve s'il en est de cette absence de concession, le second Cd s'ouvre par une plage de 23'30 mn ! génération zapping s'abstenir !)
Jean-Luc Matte (paru dans le n°89 mai-juin 2003)
Durée : 55'30 http://www.tarantellapower.it Recommandé Trad. mag.
Le titre de ce CD, un peu provocateur, n'a rien d'usurpé : la tarentelle calabraise telle que nous pouvons l'écouter ici a réellement une puissance spécifique, sans doute plus celle, thérapeutique, de la légende mais certainement toujours celle de chauffer l'ambiance, de pousser à la danse. L'instrument principal n'est pas vraiment l'accordéon, la zampogna ou le piffero mais bien le tambourin (tamburello) qui donne l'assise rythmique sur laquelle l'instrument mélodique va broder des petites cellules qui vont venir habiller cette rythmique tout en la renforçant. L'accordéon et le piffero excellent dans ce rôle tandis que, curieusement, les 2 plages avec zampogna ("a paru" et sourdeline) sont d'un caractère assez différent : moins enlevé et plutôt hypnotique (d'autant que le bourdon, aigu, est très présent et que l'une des plages fait plus de 9mn). Il ne reste plus qu'à préciser que ce CD a été enregistré au cours d'un festival à Caulonia (un "live" qui explique en partie le dynamisme des musiciens) et qu'il fait intervenir divers musiciens, jeunes ou moins jeunes.
http://www.tabernamylaensis.com Pan Records PARA 097 dist . France Abeille Music Durée : 37'33 Recommandé Trad. Mag.
Encore un CD qui a le bon goût de passer un peu inaperçu à la première écoute mais que l'on retrouve avec un peu plus de plaisir à chaque écoute suivante. Ce groupe nous vient de Sicile, de Milazzo plus exactement, et son leader en est le chanteur et guitariste Luciano Maio, également auteur et/ou compositeur inspiré de la majorité des morceaux. On pourrait disserter pour savoir s'il s'agit de musique traditionnelle ou de chanson, disons plutôt que l'on se situe dans une intéressante zone de transition, la sincérité de la voix de Luciano Maio, dans un style rappelant parfois celle de J.M. Bernardini, s'alliant aussi bien à des accompagnements de guitare qu'à ceux d'instruments plus connotés musique trad. (diatonique, flûte de Pan, tambourin italien etc.). Un style musical qui oscille donc entre chanson à texte et tarentelle déchaînée. Pour la petite histoire c'est à un éditeur néerlandais que nous devons d'avoir rassemblé des enregistrements live de ce groupe sicilien à la discographie très fournie. Ces enregistrements ont été réalisés entre 1978 et 2000 à Copenhague, Amsterdam, Schveningen et… Istamboul
Jean-Luc Matte (paru dans les n°89 mai-juin 2003 et 91 sept-oct 2003)
Rappel : E vinniru du mari ... Federicu (2004)
Iris Music dist Harmonia Mundi Durée : 51'05 Recommandé Trad. Mag.
Un italien sur sa petite moto (non ce n'est pas une Vespa…), son chien juché sur le réservoir : le choix du cliché de couverture indiquerait-il que cette compilation vise un large public, non seulement un public d'amateurs de musique traditionnelle mais un public qui chercherait à retrouver l'île derrière sa musique ? Ce type d'emballage abrite plus souvent le pire que le meilleur, on penche ici, heureusement, vers la seconde option. A cela une raison toute simple : le choix des interprètes, choisis parmi une génération relativement jeune de musiciens chercheurs. Citons par exemple Giancarlo Parisi, que je n'ai pas encore eu le plaisir de rencontrer mais que pas mal d'italiens m'ont cité comme un des spécialistes actuels des zampogne siciliennes et que j'ai donc pu écouter ici sur deux plages jouant d'une zampogna a paro harmoniquement améliorée. Citons également Carmelo Salemi dont le jeu sur sa petite flûte en canne fait penser tout à la fois aux musiciens traditionnels et aux pièces de fifre virtuose pour kiosque à musique. Impossible de citer tous les autres car le programme du CD est varié (instrumentaux solo ou en groupes, chants avec accompagnement de guitare ou de tammorra, à danser ou à écouter…) et les interprètes préservent tout à la fois qualité musicale et facilité d'écoute. Finalement je ne sais pas quel est le public visé mais tout le monde devrait y trouver son compte…
Jean-Luc Matte (paru dans le n°91 sept-oct 2003)
Buda record http://www.budamusic.com Recommandé Durée : 60'39
Voici un CD qui ressemble beaucoup, sur le fond, au CD sur la Sicile chroniqué ci-dessus : la démarche est similaire, même si le présent CD a comme fil conducteur officiel la diversité instrumentale de l'Italie du Nord au Sud et non la description d'une région particulière. Mais dans les deux cas, il est fait appel à des musiciens actuels, de ceux qui ont effectué des recherches sur des traditions parfois quasiment oubliées et qui en ont assuré un revival plutôt respectueux mais pas figé pour autant. Si le livret nous indique que certaines plages ont été enregistrées spécialement pour cette production, bien d'autres sont tirées de CD existants (dont certains ont été chroniqués dans ces colonnes) mais, comme c'était déjà le cas pour le CD sur la Sicile, la plupart des CD originaux sont très peu connus en France et vous avez donc peu de chance d'avoir beaucoup de doublons dans votre discothèque. A ce propos, je suis très surpris que le rédacteur du livret n'ait même pas cité les références et éditeurs de ces disques sources. Mais revenons-en aux instruments de musique qui sont l'objet de ce CD : à l'écoute de celui-ci on pourrait tout d'abord dire que le principal instrument de la musique italienne est la voix et si celle-ci ne fait pas partie des instruments passés en revue dans le livret, elle est très présente dans les enregistrements. Le choix des instruments présentés est judicieux mais, bien entendu, non exhaustif : on sait qu'il faut bien un CD complet pour présenter ne serait-ce que la diversité des zampogne italiennes… mais le but est plutôt de donner une image de la palette instrumentale populaire italienne et l'objectif est atteint.
Dunya Records http://www.felmay.it Durée : 57'23 Recommandé
Voici un CD qui fait un peu figure d'OVNI au sein de la production actuelle de CD trad. Pour donner le ton, un couple doté de masques à gaz tente de s'embrasser sur la photo de la pochette, Piero Ricci à la zampogna ouvre la première plage en solo, rejoint ensuite par la voix au timbre haut perchée de Auli Kokko : un début plutôt trad. qui contraste avec la seconde plage franchement rock. Le reste est à l'avenant, mélange hétéroclite d'éléments traditionnels d'ici et d'ailleurs, de musique rock ou jazz moderne, de chansons d'amour ou d'actualité, en passant par la fable du loup et de l'agneau ou une petite valse presque à la Tiersen. Ce serait beaucoup dire que le résultat est cohérent, mais c'est peut-être cette incohérence, cet aspect mosaïque qui fait finalement le charme de cette production téméraire, sans oublier que certains thèmes mélodiques sont plutôt attachants et que Daniele Sepe a su bien s'entourer pour réaliser ce projet. On pense parfois, en moins typé tout de même, à certaines bandes originales des films de Kusturica où alternent ainsi passages rock et sonorités traditionnelles, mais ici ces dernières sont géographiquement plus hétérogènes. En référence à la chanson titre de l'album, le livret est illustré de 14 clichés de Mario La Porta, sur la guerre en Afghanistan, 14 photos à forte charge humaine mais dont la beauté est presque impudique compte tenu du sujet, 14 petits chefs d'œuvre qui justifieraient à eux seuls l'achat de ce CD.
Alpha music - Raitrade http://www.alphamusic.com Durée : 62'38 Bravos Trad. Magazine
Le premier CD de cet ensemble italien (T.M. n°79 ed. Finisterre) laissait la part belle aux percussions même si le chant y occupait déjà une belle place. Celle-ci s'est encore développée pour ce second opus et cela n'a rien d'étonnant lorsque l'on sait que l'ensemble est dirigé par le chanteur napolitain Nando Citarella (voir chronique in T.M. n°91) mais il n'est pas le seul à assurer les parties vocales : les solistes Gabriella Aiello et Lucilla Galeazzi, notamment, font partie des très nombreux invités sur cet enregistrement cosmopolite comme l'est Naples autour de son port. Si l'on ne retrouve pas sur cet enregistrement l'approche originale de la percussion que j'avais appréciée sur le premier, si les arrangements sont apparemment plus habituels en faisant intervenir davantage d'instruments mélodiques, chaque plage fait naître une vraie ambiance et ce second CD, auquel j'ai longuement hésité avant de mettre les Bravos, contient quelques perles de sensibilité musicale qui justifient la distinction, je vous laisse les découvrir….
Jean-Luc Matte (paru dans le n°92 nov-dec 2003)
Rappel : "Magna Master" (CD + DVD) en 2011 chez Alfa Music (dist Felmay)
Ed. FolkClub Ethnosuoni http://www.folkclubethnosuoni Durée : 44'00
Ils sont trois, jeunes, musiciens doués et sans complexes, peu enclins à se contenter des schémas tout faits de leurs anciens, avides de nouvelles expériences et de nouvelles sonorités, sans pour autant rejeter le son acoustique d'une vielle, d'un violon ou d'un diatonique. Ils nous offrent un CD à l'image de tout cela, qui cherche à s'affranchir tout autant des schémas de la musique traditionnelle que de ceux d'un modernisme convenu (ils ne basculent ni dans les schémas rock ou techno) et dont je retiens surtout le très beau jeu de diatonique de Simone Bottasso (une belle sonorité, des impros imaginatives). Un CD qui n'est pas exempt de quelques erreurs de jeunesse mais n'est-ce pas le prix à payer lorsque l'on cherche à sortir des sentiers battus ? Et lorsque l'on a encore l'âge ou l'avenir musical est devant soi, n'est-ce pas le meilleur choix ?
Ed. ARPA Durée : 40'54 Recommandé
Ed. Arpa Durée : 45'52
Voici deux CD produit par l'Association calabraise "di Ricerca, Produzion, Animazione del Territorio" (ARPA). Tous deux font intervenir les instruments traditionnels de cette région, de la zampogna à la lira (sorte de gadulka) en passant par la guitare battante, l'accordéon diatonique, le tambourin ou encore la guimbarde pour Phaleg ou le violon et les petites flûtes pour Agora, mais lorsque ce dernier ensemble utilise un duo de violoncelles ou une contrebasse pour renforcer un peu le son, Phaleg use de la basse et de la batterie, voire de la guitare électrique. Je ne suis pas franchement allergique à ce dernier type de section rythmique, même dans le trad., mais ici la comparaison montre nettement que loin de soutenir la pulsation traditionnelle de ce répertoire, basse et batterie ont plutôt tendance à l'étouffer, à la banaliser et votre corps a bien plus de chances de vous entraîner à vous lever et à danser à l'écoute d'Agora qu'à celle de Phaleg. C'est dommage car il y a de bonnes choses au sein du Cd de ce dernier groupe (notamment grâce à la présence de Danilo Gato) mais le mixage fait décidément bien trop ronfler la basse. Il y a d'excellentes choses dans le CD d'Agora et la présence au sein de ce groupe d'Antonio Critelli, facteur d'instruments et chercheur y est sans doute pour beaucoup ; je vous avais déjà recommandé le CD "Tarentella power" ou il intervenait (T.M. n°89), je fais de même pour celui-ci.
Durée : 41'19 Ed : Felmay http://www.felmay.it
Ce CD italien soulève la question des limites de notre domaine musical dit " traditionnel " : non pas pour le plaisir de fixer des limites mais tout simplement pour savoir s'il est nécessaire de faire une place à ce type de répertoire dans ces colonnes. Il s'agit en effet de musique d'harmonie (cuivres, dont principalement des cors d'harmonie), composée au début du XXème siècle. Un répertoire probablement populaire mais plus proche du domaine classique, des musiques de film ou des musiques de cirque que des musiques traditionnelles. Si, dans les années 70, les cuivres étaient quasi-exclus des musiques folk, notre horizon s'est bien élargi depuis, par la prise en compte des petits orchestres de bal du début de siècle où cuivres et instruments à bourdons cohabitaient encore parfois ou étaient joués par les mêmes musiciens selon les circonstances, ainsi que par la fréquentation des coblas catalanes, des fanfares des Balkans, du Rajasthan ou d'ailleurs. Mais ici, l'alibi trad. est bien ténu, ce qui n'empêche pas cet enregistrement d'être superbe, de même que les photos du livret.
Jean-Luc Matte (paru dans le n°93 janv-fev. 2004)
Circollo della Zampogna http://www.zampogna.org Durée : 51'42 Recommandé Trad. Mag.
Désolé de chroniquer un CD de Noël en plein printemps mais cela est à imputer aux délais de réception, chronique, édition de la revue etc… Mais vous pouvez d'ores et déjà le commander pour Noël 2004, histoire de changer un peu de la Nème version de Douce Nuit ou de White Chrismas. Mauro Gioielli est un personnage dans tous les sens du termes, certaines facettes en masquant d'autres, en particulier celle de chercheur infatigable dans le domaine des zampogne (dont il ne joue pourtant pas) et de la chanson traditionnelle (qu'il pratique avec une vraie voix et pas mal de talent.). Il nous démontre ici, si besoin est, la variété des chants inspirés par la période de la nativité et interprétés dans un cadre familial, dans la rue ou à l'église. On passe ainsi d'une berceuse à " Gesù Bambine " à de vrais rythmes de danse. Mauro Gioielli et Marika Spieza assurent la plupart des parties chantées en solistes ou en duo doucement accompagnés par une guitare ou plus énergiquement par le traditionnel duo piffero-zampogna ou le plus moderne duo accordéon-piffero et, naturellement, les percussions traditionnelles. La liste des musiciens intervenant sur l'une ou l'autre plage est impressionnante mais tous sont de très bon niveau et l'ensemble est une belle réussite, que l'on s'intéresse aux traditions de Noël, aux traditions italiennes ou, mieux, au deux…
Jean-Luc Matte (paru dans le n°94 mars-avril 2004)
Autoproduction http.//www.tratturo.net Durée : 38'38 Bravos Trad. Magazine
Il Tratturo est connu pour être le groupe de Mauro Gioielli, personnage au fort caractère, dont les recherches et les écrits portent sur deux thèmes principaux : la zampogna qu'il ne pratique pourtant pas (il est l'un des principaux rédacteurs de la revue Utriculus), et le chant traditionnel italien qu'il pratique avec talent et une belle voix qu'il a le bon goût de ne pas trop forcer ici comme il le fait parfois sur scène. Si le groupe ne compte plus dans ses rangs l'excellent zampognari Pietro Ricci, Lino Miniscalto assure toujours de superbes parties de ciaramella et s'est mis à la sourdellina molisane (une autre cornemuse italienne), tandis qu'Ivana Rufo tient maintenant la zampogna a chiave en plus de ses parties chantées. Le groupe à fort judicieusement repris une instrumentation entièrement acoustique (leur période plus électrique n'avait pas convaincu lors de certains de leurs passages en France dans les années 90) mais leur sonorité et leur dynamisme restent tout-à-fait reconnaissables et s'il ne font peut-être pas encore l'unanimité, j'avoue être très sensible à leur musique et je leur décerne donc mes bravos pour toutes les images qu'elle sait réveiller en moi…
Jean-Luc Matte (paru dans le n°103 sept-oct 2005, T. Laplaud avait chroniqué "Folkoncerto" dans le n°95)
Ed. Musicali FolkClub EthnoSuoni http://www.folkclubethnosuoni Durée : 41'42 Recommandé Trad. Mag.
J'ai eu l'occasion d'évoquer le zampognaro Giancarlo Parisi récemment à l'occasion de sa participation à deux CD multigroupes (1). Avec cet album en duo avec une pianiste, je m'attendais à ce qu'il développe tout l'art de la zampogna, soutenu par le piano. Mais là n'était visiblement pas leur intention et le duo fonctionne tout différemment, presque en trio, Katia Pesti assurant souvent mélodie et accompagnement dans un style jazz inspiré par le traditionnel, un peu à la manière de Didier Squiban. Un style pas facile à assumer à la zampogna (même chromatique et à bourdon variable : cf plage 9) et Giancarlo utilise, à juste titre, davantage du sax soprano, plus apte à broder sur le jeu du piano. Du beau travail, mais si, vraiment, vous préférez Giancarlo dans un style plus trad. à la zampogna vous pouvez toujours redécouvrir son précédent CD 'Amanca Luna " chez le même éditeur…
(1) Italie, Instruments de la musique populaire et Sicilia Canto Nuovo (TM 91)
Ed. Musicali FolkClub EthnoSuoni http://www.folkclubethnosuoni Durée : 45'28 Recommandé Trad. Mag.
Il est des CD qui cachent bien leur jeu sous une pochette décalée : sous une mosaïque orientale et une graphie de même inspiration, seule la mention " Feathuring Paddy Keenan-Martin O'Connor " peut vous mettre la puce à l'oreille : ce groupe sicilien penche pour la musique irlandaise qu'il interprète cependant à sa façon (jazzy), ou plutôt dont il s'inspire car la plupart des morceaux sont des compositions du guitariste. L'instrumentation (harpe, violon, flûtes, bouzouki, percussions…)et le style des instrumentistes et chanteurs sont généralement de la même veine mais le saxophone apporte un son plus jaz et, parfois les percussions se font plus orientales, la traversière devient bansouri et l'alternance italien-anglais des textes laisse la place à un diptyque en langue arabe, manière de justifier la pochette et le titre de cet album original et réussi: " Frontiera " au sein duquel on regrettera juste un relatif sous emploi des deux " guest-stars ".
Alpha music - Raitrade http://www.alphamusic.com Durée : 57'32 Recommandé Trad. Mag.
Le livret nous apprend qu'Alfio Antico a été berger dans un petit village de Catanie (Sicile) jusqu'à l'âge de 18 ans, seul avec les cloches de ses 600 bêtes et, surtout, les tambourins qu'il a appris à fabriquer lui même. Le temps a passé et, de nombreuses rencontres artistiques plus tard, il nous offre ce CD mêlant tambourins, instruments médiévaux (cordes essentiellement) et, par dessus tout, son beau timbre de chanteur que vient tempérer l'acidité métallique de la guitare battante et des sonnailles de tambourin. Si le livret nous indique qu'il cherche toujours à évoquer la nature, force est de constater (je ne lis les livrets qu'après écoute…) qu'une approche légèrement new-âge world (utilisation de voix diphoniques, tambours d'eau etc…) a rejoint l'usage des sonorités et rythmes traditionnels italiens pour un CD qui ne tombe toutefois jamais dans les effets gratuits et qui est, avant tout, le CD d'un chanteur.
Jean-Luc Matte (paru dans le n°95 mai-juin 2005)
Folkclub Ethnosuoni http://www.folkclubethnosuoni Durée : 49'07 Recommandé
Voici un trio qui nous vient d'Italie et dans lequel on retrouve un musicien dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprise : Giancarlo Parisi, une des figures du renouveau du jeu de la zampogna (de type calabro-sicilien dit "a paro"), un de ces musiciens qui "civilise" l'instrument par un accord rigoureux et qui a adopté, comme bien d'autres le principe du bourdon variable permettant de changer de mode (l'utilisation en reste discrète sur ce CD). Ce CD montre qu'il manie avec talent d'autres instruments dont, notamment les petites flûtes populaires. Il est également l'auteur-compositeur de la majorité des titres. A ses côtés œuvre le chanteur Massimo Laguardia qui, naturellement, s'accompagne au tambourin et l'accordéoniste (chromatique piano) Tanino Lazzaro. Le répertoire est beau, l'interprétation également et ce CD se laisse écouter et réécouter avec plaisir mais, à vouloir trop "civiliser" ces instruments populaires, le résultat est un peu lisse et l'habitué des enregistrements de collectage regrettera ce grain, cette rudesse qui, si elle heurte parfois un peu l'oreille, donne du corps à la musique populaire.
Jean-Luc Matte (paru dans le n°99 de janv-fevrier 2005)
Rappel : Asteriskos (Giancarlo Parisi, Massimo Laguardia et Tanino Lazzaro) "Amanca luna" Folkclub Ethnosuoni 2002
Open Folk Fundación Joaquín Díaz http://www.funjdiaz.net Durée : 49'41 Recommandé
Il est des signes qui ne trompent pas et la vue du logo du "Centro etnografico Joaquin Diaz" à l'arrière de ce CD laisse déjà présager du meilleur. L'écoute ne dément pas cet à priori : les deux frères Mancuso (rien à voir avec les frères Mangalou….), auteurs, compositeurs, chanteurs et musiciens siciliens, nous offrent un superbe CD de chant, entourés de toute une floppée d'invités de talent, italiens et espagnols (on retrouve d'ailleurs la voix de Joaquin Diaz chantant en castillan sur la plage 2). Ne connaissant pas ces deux frères (internet m'a appris qu'ils ont subi 25 ans d'exil et qu'ils se sont produit à Tatihou en 2002), j'ai un peu de mal à la seule écoute du CD à comprendre qui fait quoi sur chaque plage mais il semble que Lorenzo soit, avant tout, cette voix très timbrée, un peu tendue vers l'aigu, typique de cette région d'Europe et, à l'instar de certains chanteurs corses actuels par exemple, il chante avec ses tripes tout en conservant toujours une certaine réserve apparente, une certaine intériorité. Enzo, semble avant tout manier les instruments à cordes pincées et doit être l'auteur des arrangements, ce doit être également lui qui, de sa voix, ponctue ces chants essentiellement monophoniques, de passages en polyphonie de style traditionnel. Voilà un CD hispano-italien dont les ambiances sont assez variées, méditerranéennes serait-on tenté de dire si ce terme n'était pas un peu trop à la mode… Mais que l'on se rassure, les deux frères ne font pas dans le métissage facile : rien ne paraît gratuit dans leur musique, même si le texte de la chanson titre est simplement composé des noms de lieux de leur village et alentours.
Durée : 25'17 (le CD vendu en tant que CD, à gauche, est le même que celui inséré dans le livre à droite) Ed. Nota : http://www.nota.it Réalisation Niocola Scaldaferri dans une collection dirigée par Roberto Leydi et sous direction éditoriale de Valter Colle.
Durée : 53'48 Ed. Nota : http://www.nota.it Réalisé par Ettore Castagna et Diego Pizzimenti dans une collection dirigée par Ettore Castagna et sous direction éditoriale de Valter Colle. Recommandé Trad Magazine
Autant vous prévenir tout de suite, le premier CD est à réserver à un public averti, capable d'écouter tout un disque (même court) d'enregistrement de collectage de cette petite zampogna à la sonorité assez aiguë par rapport à ses grandes sœurs "a chiave", aux bourdons très présents et dont la polyphonie (sorte d'arpèges) se paye par une tessiture réduite. Cela étant précisé, comme le rappelle Roberto Leydi dans son livret, sous ses aspects simples et répétitifs, la musique de sourdeline est l'une des plus intéressante d'Italie par sa structure modulaire et par le fait qu'elle est restée davantage préservée des influences externes que ses consoeurs. Son histoire est liée à celle des Albanais immigrés en Italie au XVème siècle et elle est pratiquée en Calabre et Basilicate. Issu du sud de cette dernière région, Carmine Salomone, décédé en 2000, était considéré comme l'un des derniers maîtres anciens de l'instrument et il interprètait aussi bien des tarentelles et autres danses que des airs de processions et des accompagnements de chant (un seul sur le CD). Attention, ce CD existe également à l'identique, encarté dans le livre du même nom (édtion Nota, coll "Musica e cultura tradizionale della Basilicata" n°1, qui permet de bénéficier des partitions et de davantage d'explications, notamment sur la sourdeline, que dans le livret du présent CD)
Le second CD nous mène un peu plus au sud, à l'extrême sud de la Calabre et quoiqu'il s'agisse encore de collectage (nous sommes toujours dans la même collection) il est d'une écoute plus aisée de par la variété des instruments et le fait que certains soient accompagnés de percussions. On peut y entendre les deux cornemuses de la région : la zampogna a la moderna à deux chalumeaux de taille différente mais sans clef et la zampogna a paro, plus petite et dont les deux chalumeaux sont de même longueur. On y entend également sur une plage la zampogna a chiave, la plus courante en Italie et qui s'est implantée plus récemment dans cette zone. Mais il n'y a pas que de la zampogna sur ce CD : quelques plages sont consacrées à des joueurs de diatonique un rang et deux basses et, outre une plage de flûte double et une d'harmonica, on y découvrira l'usage d'une flûte harmonique très semblable à celle que l'on connaît en Suède.
Livre 220p + CDs 73'29 mn et 70'27 mn
Voir à la page livres
Autoproduction Durée 74'03 Recommandé
Ce groupe d'Italie du Sud est maintenant officiellement un trio (la chanteuse Maria Moramarco, le guitariste Luigi Bolognese et le percussionniste Silivo Teot) et ne compte plus parmi ses membres le zampognari Nico Berardi. Ce dernier officie désormais avec son propre groupe, davantage centré sur la zampogna et nous prépare un album à sortir prochainement. Mais il est toujours présent sur ce CD ainsi que de nombreux autres invités dont Ricardo Tesi pour ne citer que le plus connu par chez nous, ou encore quelques musiciens de la colonie basque. A voir la liste des musiciens intervenant sur chaque plage, on pourrait s'imaginer une musique de grand ensemble ; mais non, chacun n'intervient qu'à bon escient et le résultat reste sobre, laissant toute sa place à la voix de Maria Moramarco qui mène le groupe, omniprésente, terriblement expressive, au beau timbre chaud (Italie du sud oblige). Si la plupart des textes (choisi autour du thème évoqué par le titre de l'album) sont traditionnels, ils ont tous été mis en musiques par Luigi et Silvio.
Jean-Luc Matte (paru dans le n°116 nov. Dec. 2007)
Rappel : Les deux autres CD d'Uragniaun que je connais (voir les autres sur leur site http://www.uaragniaun.com) :
"Uaili" en 1996 production Officina et Piazza
"Skuarrajazz" 2000 ed Felmay http://www.felmay.it dist France L'autre distribution
Ed : Felmay http://www.felmay.it dist Dunya Records Durée 43'05 et un clip vidéo de 4'02 Recommandé Trad. Magazine
Voici une chanteuse du sud de l'Italie aujourd'hui bien reconnue et dont cela doit être le quatrième CD. Les précédents n'étaient pas passé inaperçus, pas plus que ses passages à Saint-Chartier en 1998, Tatihaou, Lavoir-Héron (Belgique) etc. Dix ans plus tard, sa voix a toujours ce beau timbre et autant d'énergie. Si l'instrumentation fait appel à un certains instruments traditionnels italiens (accordéon, tambourin…) et également à d'autres horizons (guitare flamenco, percussions du maghreb, tabla), elle utilise également les couleurs plus jazzy du piano, du sax soprano (très prisé en trad. actuel italien…), voire du vibraphone et, surtout elle repose souvent sans risque sur basse-batterie. Le CD est bien à l'image de tout cela, rythmes italiens en entrée, bien sûr, mais également chant en duo avec un chanteur maghrébin, plages plus variet, sans oublier l'inévitable passage en rythme reggae ou le remix de la première plage sur la fin de l'album…
Rappels :
Rosapeda "In forma di rosa" 2001 ed. Sotosuono http://www.sotosuono.net
Rosapeda "In forma di rosa" 1998 ed. Sotosuono http://www.sotosuono.net
Megasound CP 16/469 00155 Roma Italy http://www.megasound.org http://www.sounomega.com Durée : 46'40
Des parties d'oud sympathiques sur ce CD italien, des sonorités world (didjeridoo, instruments indiens etc…), des parties chantées qui fonctionnent souvent en bourdon (sur une note unique) mais une rythmique implacable, (très variétés actuelles funkies, probablement programmée en grande partie) qui enlève à mon sens une bonne part de la vie qu'il y aurait pu y avoir dans cette expérience.
Cela ne m'arrive pas souvent, mais j'avoue que je n'ai vraiment pas réussi à accrocher à ce CD et j'ai peur qu'il n'en soit de même pour nombre d'entre vous….
Jean-Luc Matte (non paru)
Autoproduction alexaccordeon suivi de @msn.com +39 335 69 04 761 +39 340 33 89 513 Ref :AU20061V Durée : 41'08, déduction faite des 14 mn de silence avant la plage cachée…
Après Les Potes Flores puis le duo Laloy-Beghin, c'est d'Italie que nous vient un nouveau duo d'accordéons diatonique et chromatique. Mauro Savin au diato assure quasi-systématiquement la voix mélodique principale, accompagnée d'un jeu de basse. Derrière lui, Alex Danna brode des accompagnements, sans délaisser, bien évidemment, le jeu main gauche . Ce dernier est d'ailleurs souvent assez proche de celui du diato au point de ne plus savoir qui fait quoi, bien que l'enregistrement, permette une écoute analytique des différentes voix.
Mis à part une saltarelle traditionnelle bien connue jouée dans un style très valse germanique le répertoire n'est pas franchement connoté italien : plutôt folk européen bien que composé en grande partie par le duo. Il comporte quelques reprises de standards et nos deux accordéonistes osent même une reprise d'En avant blonde (qualifiée de traditionnelle...) qui me semble être une première depuis Gabriel Valse.
Sur des tempis très posés, un Cd plutôt tranquille, qui ne révolutionnera pas le monde de l'accordéon, mais très agréable à écouter et qui devrait intéresser les joueurs de diato.
Jean-Luc Matte (paru dans le N°119, mai-juin 2008)
FolkClub Ethnosuoni Via Duomo, 3 - 15033 Casale Monferrato (AL) Italie http://www.folkclubethnosuoni Ref :ES 5364 Durée : 57'54 Recommandé Trad Magazine
Valeria Cimò, Matilde Politi sont deux chanteuses de Palerme (Sicile) aux voix bien italiennes, de ces voix qui se suffisent déjà à elles-mêmes, qui n'ont nul besoin d'accompagnement superflu. Et elles l'ont bien compris, elles qui se contentent de tambourins et autres percussions traditionnelles et d'un peu de guitare pour asseoir leurs interprétations (elles s'accompagnent elles-mêmes et sont épaulées par Lajos Zsivkov).
Au premier abord, l'auditeur s'imagine écouter un répertoire traditionnel légèrement arrangé, mais s'il consulte le livret il s'apercevra que toutes les plages sont signées par V. Cimo et parfois cosignées par sa consoeur. Un CD de composition donc, mais indubitablement plus proche de la tradition que certaines interprétations de véritables traditionnels par des groupes trop superficiels. Ma'aria se place plutôt quelque part entre G. Marini (lorsqu'elle n'est pas dans la création trop contemporaine), Carlo Rizzo et les chanteuses traditionnelles siciliennes… A noter la présence d'une petite vidéo en bonus.
Jean-Luc Matte (paru dans le N°118, mars-avril 2008)
Terreinmoto Recording http://www.terreinmoto.it Ref :TIM 009 Durée : 36'58 Recommandé Trad. Magazine
Aucun traditionnel sur cet album et pourtant, l'écoute de celui-ci nous transporte immédiatement en Italie, du côté de Naples, là ou la tammora rythme de manière quasi hypnotique des chants tout aussi énergiques que le jeu de ce tambourin. Basse, guitare, violon, accordéon et percussions moins traditionnelles soutiennent ici discrètement et sans la dénaturer, cette cadence avec des sonorités plus actuelles, voire des accompagnements dont la douceur contrebalance l'énergie du chant, mais l'esprit est bien là, notamment dans la voix de Melina Sicchitano, ainsi que dans celles Francesco Ferrara, Gaia Fusco et Antonello Gajulli. Il n'y manque qu'un bon zampognari mais on y entend tout de même une ciaramella, certe pas exceptionnelle, mais ajoutant cette couleur d'anches…
Jean-Luc Matte (paru dans le N°120, juillet-août. 2008)
FolkClub Ethnosuoni http://www.folkclubethnosuoni Ref :ES5373 Durée : 54'23 Recommandé Trad. Magazine
Le titre de cet album italien fait, bien entendu, référence aux émigrés italiens partis par la mer pour gagner leur vie au travers le monde. Un thème qui rappellera à certains un fameux 33t des années 70 distribué en France par Le Chant du Monde et dont retrouvera deux titres ici, dans une nouvelle interprétation .On retrouve un peu de l'esprit de cet enregistrement sur le présent CD qui fait intervenir de nombreux musiciens et chanteurs,, avec des voix généralement bien timbrées à l'italienne, mais le thème est élargi à d'autres pays avec des traditionnels espagnols. Les accompagnements sonnent davantage musique ancienne et les voix les rejoignent parfois dans ce style lorsque le répertoire puise aux XIIIème siècle. Quelques instrumentaux viennent s'intercaler entre les chants sur ce CD complété d'un bon livret papier et de fichiers pdf.
Jean-Luc Matte (paru dans le n°123 janv-fev..2009)
Radici Music Records http://www.radicimusic.com RMR-121 Durée : 71'49 Bravos Trad. Magazine
Les femmes italiennes ont la réputation d'avoir du caractère, c'est sans aucun doute le cas de Claudia Bombardella que le livret nous présente comme chercheuse, compositrice, chanteuse et polyinstrumentiste, n'hésitant pas se frotter à la clarinette contrebasse ou au sax baryton. Et je suppose qu'il faut également ajouter à ces différents rôles, les arrangements et la direction du quartet de cordes pincées et frottées qu'elle a réuni autour d'elle pour cet album, se chargeant d'assurer, de son côté la voix (quoique ses comparses l'accompagnent parfois) et les vents, accordéon inclus. Tout ceci pour une musique sur laquelle il serait vain de poser une étiquette : visiblement nourrie des diverses influences que vivent les musiciens actuels, entre classique (certaines orchestrations, quelques petits passages en voix quasi lyrique, des solos de violoncelle etc…), jazz (notamment pour les sonorités et une certaine liberté mais dont ils n'abusent pas), chanson (dans diverses langues dont le français, sans accent et avec un je ne sais quoi d'Anne Sylvestre…) et, naturellement traditionnel même si presque aucun instrument utilisé n'est exclusif des musiques traditionnelles : clarinettes modernes, violon, violoncelle, guitares et autres, et même si les musiques sont toutes des compositions de Claudia (parfois sur des textes traditionnels, pas forcément italiens). Des influences diverses donc, mais suffisamment digérées pour qu'il ne soit même plus opportun de parler de métissage. Une musique tout à fait actuelle même si elle ne fait appel ni aux instruments électriques ni aux influences rock ou rap. Bien plus simplement de la Musique, avec un grand M, tel que ces musiciens doivent la ressentir et la vivre et telle qu'ils ont visiblement envie de la pratiquer, telle qu'ils s'y expriment (certaines parties solistes notamment sont très expressives), telle qu'elle les inspire (beaucoup d'idées dans les arrangements…). Mais pour arriver à un tel résultat, il faut de la pratique et ces musiciens n'en manquent pas, que ce soit Caudia qui a déjà plusieurs CDs à son actif (à son nom ou en duo avec Luca di Volo) mais également le guitariste Silvio Trotta, la violoniste Gloria Merani, le violonceliste Filippo Burchietti et le contrebassiste Massimo Pinca
Jean-Luc Matte (paru dans le n°124 mars-avril 2009 )
Rappel de deux albums précédents : Luca di Violo et Claudia Bombardella "Strumenti di pace - Live" 2000 réédité en 2005
et "Paesaggi lontani" également Live de 2004 (chroniqué par Claude Ribouillault dans le n°103)
Caliope http://www.caliope.tm.fr Cal 9377 Durée : 60'50 Bravos Trad. Magazine
Voici un groupe napolitain qui tourne régulièrement en France (passage à Saint-Chartier en 2007 notamment) et dont le premier CD a déjà été bien distribué chez nous. Mais malgré cela je n'avais encore jamais eu l'occasion de les entendre jusqu'à présent et c'est bien dommage car ils possèdent la qualité musicale indispensable à l'interprétation du répertoire napolitain le plus traditionnel : l'énergie. Non pas l'énergie factice des décibels, des percussions surabondantes et/ou des tempis excessifs mais bien cette énergie qui vient du fond de la voix ou qui se niche dans chaque attaque de note sur l'instrument. Et ils nous prouvent ici que cette fougue peut être rendue sans surcharge instrumentale, parfois avec juste une voix et quelques cordes. Et lorsque les chansons se font plus intimes, il demeure cette profondeur qui devient sincérité. La musique napolitaine est multiforme et, comme bien souvent, composée de strates multiples dont chacune présente un intérêt propre, Neapolis Ensemble se revendique de l'authenticité et du répertoire ancien et se bat jusque dans les textes de ses chansons contre les usurpateurs de chansons napolitaines, ce qui ne semble toutefois pas incompatible pour eux avec un répertoire majoritairement de leur composition et des orchestrations acoustico-actuelles. Je leur laisse ce type de débat et ne m'en rapporte qu'à la qualité de ce que j'entends…
Jean-Luc Matte (paru dans le n°124 mars-avril 2009)
Rappel : Neapolis Ensemble "Napoli" 2006 Calliope
Digipack trois volet sans livret 12 titres Durée : 50'33 Genre : Jazz à coloration parfois ethnique
TT
L'éléphant de la pochette n'est pas sans nous évoquer celles de Slonovski Bal et la première plage, dont la pulsation peut évoquer la démarche du pachyderme en question, est également d'inspiration visiblement balkanique. Mais la suite de l'album de ce band qui nous vient d'Italie, fait davantage penser à du jazz US pour formation moyenne (14 musiciens : 10 souffleurs, trois percussionnistes utilisant notamment percussions africaines et latines et un contrebassiste) qui ne dénoterait pas en musique de certaines séries TV(ce qui n'a rien de péjoratif, précisons-le). A noter la participation de 6 invités dont, au tuba, Michel Godard, bien connu par chez nous et dont les interventions sont aisément identifiables ici. Je suis certainement un peu sévère en n'attribuant que TT à cet enregistrement mais c'est essentiellement parce que, malgré des percussions africaines et quelques autres clins d'oeil aux musiques du monde, la couleur est davantage jazz que trad.
Felmay http://www.felmay.it
Jean-Luc Matte (paru dans le n°126 juillet août.2009)