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J’ai rédigé très rapidement ma chronique précédente parce que le CD en question est, de mon point de vue, très bon, dans la continuité du précédent du même groupe et qu’il n’était guère utile que j’en multiplie les écoutes. Voici un DVD que j’ai sous le coude depuis longtemps, paradoxalement pour une raison très proche (1) : parce qu’après en avoir visionné la première heure environ, j’ai compris qu’il constitue un outil pédagogique exceptionnel (et ce n’est pas une formule de style !) et que j’ai souhaité trouver le temps de le visionner dans les meilleures conditions et d’en faire profiter également mon épouse. Résultat des courses, le temps a passé bien vite et je viens d’apprendre le décès de René Zosso avant d’avoir publié cette recension.
René Zosso fait partie des pionniers du revivalisme trad. : vielleux dès les premières années 60, soit dix ans avant même ce revivalisme et hors du mouvement folklorique ce qui devait être assez exceptionnel à l’époque. Son approche particulière de l’instrument développée durant cette période et tournée vers la notion de modalité (2), lui vaudra de jouer un rôle irremplaçable de guide pour certains des premiers musiciens trad. et d’influencer ainsi de manière directe ou, surtout, indirecte, par l’intermédiaire de ces derniers (3), l’ensemble du mouvement et avec un impact sensible encore aujourd’hui. Mais en visionnant ces quatre heures de conférence-master-class, on se rend vite compte que c’est toujours lui qui explique cela le plus clairement, en comptant sur les doigts plus ou moins écartés d’une main, sans charabia, le moindre terme un peu technique étant subtilement amené, expliqué, justifié et lorsque ce terme a vu son sens glisser (pour ne pas dire se dévoyer) au sein de l’enseignement officiel il l’explique également tout aussi clairement ce qui vous évitera par la suite de vous poser des questions.
Les quatre heures de cette conférence (visiblement enregistrée en plusieurs sessions, et vous ferez de même pour la visionner…) débutent par une partie explicative où il réussit à tenir sans problème toute votre attention, puis vient une présentation des modes un par un, par grandes familles, chaque mode étant mis en exemple par une chanson traditionnelle le plus souvent, plus ancienne parfois, le tout entrecoupé de quelques considérations supplémentaires.
La manière de chanter de René Zosso ne faisait pas forcément l’unanimité, ce qui est tout à fait normal puisque chacun a des atomes crochus ou pas avec certains types de voix, certaines manières de placer la voix. Mais, quelque soit votre sentiment en la matière, n’en tenez pas compte pour aborder ce DVD où ce n’est pas le vielleux ou le chanteur qui opère mais bien le pédagogue et c’est d’ailleurs vous qui allez vous retrouver à chanter devant votre écran, en compagnie du public de cette conférence, et quelques soient vos talents en la matière, le plus important est que vous allez ainsi comprendre ce qui sous-tend certaines mélodies données en exemple et les apprécier encore davantage par la suite. Notons tout de même que René Zosso a une manière bien particulière de chanter, non tempérée, mettant parfaitement en évidence les degrés particuliers à chaque mode.
Et puis, et ce n’est pas le moins important, cet enregistrement immortalise ce personnage unique, âgé de plus de 80 ans lors de l’enregistrement (il vient de décéder à l’âge de 85 ans), à l’œil malicieux, qui sait prendre le temps qu’il faut, dont les explications ne sont jamais sentencieuses (« ce n’est pas une règle…, juste une habitude… ») et qui semble surtout animé par un vrai désir de faire comprendre, de partager… mission accomplie !
René Zosso vient de nous quitter, avec ce DVD il laisse un inestimable héritage offert à chacun…
Rappels : pour une fois je vous renvoie à l’importante discographie et autre de la page Wikipedia consacrée à René Zosso https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Zosso …
(1) ce n’est d’ailleurs pas le seul dans ce cas, il était notamment en compagnie de deux ouvrages, l’un en italien, l’autre en galicien, que je n’arrive pas à me décider de chroniquer en ne comprenant que superficiellement leur contenu du fait de la barrière de la langue, et tout en sachant qu’ils valent bien mieux que ce que je peux en saisir.
(2) c'est-à-dire de musique à bourdon, y compris, comme il l’explique d’ailleurs, lorsque ce bourdon n’est pas physiquement audible mais sous-entendu.
(3) ce DVD a notamment été conçu avec Evelyne Girardon, Marc Anthony, Jean François Vrod, Norbert Pignol, Christophe Sacchettini...
- 2017 - MusTraDem MTD 1747 http://www.mustradem.com
Il est bien plus facile de réaliser et de diffuser un document vidéo aujourd'hui que dans les années 80, mais il faut bien reconnaître qu'il y a sur le marché davantage de DVD de concerts que de DVD à destination des danseurs alors que c'est dans le domaine de la danse que l'apport de l'image est le plus appréciable. Saluons donc l'initiative de la Talvera de mettre sur DVD un condensé de ce qu'ils ont recueilli en matière de danses traditionnelles sur le Tarn, le Lot et au delà. Précisons d'emblée que ce DVD ne comporte malheureusement pas de documents de collectages, juste quelques photos en introduction de certaines danses. Après une présentation par Daniel Loddo (dénomination, origine, contexte de pratique…). Chaque danse est décomposée par Céline Ricard en studio (avec la complicité de Thierry Cintas) puis montrée dans une pratique actuelle par quelques membres et sympathisants de la Talvera, en extérieur, sur des petites places de village, le plus souvent au son de la bodega ou du diato de Daniel Loddo et de la clarinette de Fabrice Rougier. Certaines danses se finissent même en nocturne avec le groupe plus au complet et la voix de Céline…
L'explication de chaque danse est relativement brève et, effectivement, la plupart des premières danses semblent relativement simples, sur base de pas de polka ou de scottisch : il s'agit souvent de variantes, voire de danses-jeux. Cela se complique un peu à partir de la plage 11 où est abordé le pas de bourrée, avec une approche sur laquelle j'ai plutôt des réserves (pas de base présenté chassé et en face à face : il suffit de regarder ensuite Céline danser en réel pour voir que son pas ne répond que pour partie à ce schéma caricatural, mais que, par contre, certains des autres danseurs peinent à en sortir, ce qu'auront constaté tous ceux qui pratiquent les ateliers de danse…Il me semble plus efficace de partir d'un pas latéral et courru que les danseurs pourront, par la suite aménager pour revenir, si cela est effectivement justifié par le style local, à un pas légèrement chassé et plus face à face). Encore une fois, il est dommage de ne pas avoir mis quelques images de collectages afin de fournir aux danseurs aux moins quelques attitudes générales " de référence " (je mets des guillemets pour toutes les réserves que l'on peut avoir sur cette expression.). Seul le bonus nous offre de belles séquences de la danse des soufflets dans son contexte traditionnel mais mi-revivaliste : les danseurs sont relativement jeunes et la pratique de cette danse très symbolique (1) connaît un regain d'intérêt, mais la tradition n'a, semble-t-il pas connu de vrai coupure.
Ceci étant dit, saluons un document de très bonne facture (remarquable qualité d'image, d'éclairage…), l'édition bilingue occitan-français (au choix) et, naturellement, la musique de la Talvera que l'on retrouve toujours avec plaisir. Et réjouissons nous de la mention " vol.1 " qui annonce des futurs petits frères…
http://www.talvera.org
Dist L'Autre Distribution
(1) Voir notamment le fameux ouvrage de C. Gaignebet et J.D. Lajoux "Art profane et religion populaire "
Rappels : voir la chronique de "Cants e musicas del pais de Lodeva" et les rappels qui y figurent
Autres DVD sur la danse traditionnelle notamment en Centre-France et Sud-Ouest :
"Danses en couples à deux ou trois temps Scottishes, Polkas, Mazruka & Varsovienne, Valses" Musiciens : Oliver Wely et Alain Borman Production : RDEP rdep.association suivi de @ yahoo.fr Présenté au château d'Ars 2009
Bourrées en Haut Berry (2008) Bourrées en Bas-Berry volume1 (2009)
"Un catalogue des bourrées traditionnelles recueillies en Bas-Berry présentées par des danseurs d'aujourd'hui"
Musiciens : B. Benaval pour le Haut-Berry, Amaury Babault, B. Bennaval, J.C. Laporte, L. Fosset, R. Raymond, C. Renaud pour le Bas-Berry
http://www.vivezladanse.fr
Au CMRTL (Limousin) : DVD "Les danseurs de bourrée de Treillet"
"Par-delà les formes de bourrées exécutées par Robert Pouget et André Dupuy, le propos du film est de montrer la personnalité de ces danseurs dans leur quotidien de vie dans ce hameau de Treillet, citadelle de pierre au milieu des châtaigniers, tout en haut de la vallée de la Vimbelle. "
15 € - Tirage limité à 400 ex. à la vente - © 2009
http://www.crmtl.fr/spip.php?article55
Ce n'est pas toujours le cas, mais je peux vous assurer que, cette semaine, toute ma famille sait que je vous chronique une méthode de balafon : depuis une semaine ils m'entendent taper sur mes lames de bois face à ma télé… Mais, malheureusement pas en même temps que celle-ci car le seul xylophone pentatonique que j'ai trouvé chez moi n'est pas dans la tonalité (La) de celui utilisé par Aly Keita sur cette méthode. Commençons donc par ce point matériel : l'idéal, pour suivre cette méthode est de posséder un instrument pentatonique, c'est à dire possédant cinq lames seulement par octave et produisant donc la mélodie que l'on obtient en jouant les touches noires d'un piano. Il faut, en outre, disposer ainsi d'au moins deux octaves plus une note dans le grave. Pour pouvoir jouer en même temps que le DVD, ce qui est bien pratique, il faut un instrument en La, c'est à dire dont les lames sont accordées en La, Si, Do#, Mi, Fa# + la seconde octave au dessus et le Fa# grave en dessous. Si vous avez, comme moi, un instrument similaire mais dans une autre tonalité, il vous faudra écouter d'abrod le DVD et jouer ensuite transposé, ce qui ne pose pas de vrai problème mais s'avère tout de même moins pratique (d'autant que le DVD offre un système du duo intéressant avec vue des deux balafons et choix de l'écoute de l'un ou l'autre). Si vous avez un instrument diatonique (7 lames par octave) en La majeur, il vous faudra ignorer les deux lames inutiles et il vous sera donc un peu plus difficile de vous repérer visuellement par rapport à la vidéo (qui présente de beaux plans de jeu filmés à la verticale). Si vous avez un instrument diatonique dans une autre tonalité, vous cumulez les deux inconvénients. Et si vous avez un instrument chromatique, vous pouvez jouer à l'unisson mais avec des positions de lames différentes. Dans ce cas vous avez peut-être intérêt à remonter les seules lames utiles sur un nouveau support qu'il n'est pas difficile de se bricoler pour vous constituer un instrument pentatonique en La…
Tout cela étant précisé vous pouvez attaquer l'apprentissage du premier morceau, ce qui m'a demandé, en quasi-débutant que je suis, une semaine environ, à raison de trois ou quatre quarts d'heure par jour. Chaque morceau se compose d'une mélodie et de trois " patterns ", soit quatre phrases musicales qui peuvent se jouer ensemble, ce qui autorise, en duo, un certain nombre de combinaisons. Mélodie et patterns utilisent tous les deux mains et sont d'ailleurs présentés dans la méthode en individualisant le jeu de la main droite et celui de la main gauche. Je dois avouer que s'il est facile de les apprendre ainsi, je n'ai pas réussi à les jouer ensemble ensuite et j'ai donc plutôt appris chaque pattern comme une mélodie unique utilisant les deux mains avec des frappes alternées et parfois simultanées. C'est d'ailleurs la première difficulté qui apparaît au débutant : dès le premier pattern, les frappes main droite et main gauche sont d'abord synchrones puis alternées, la main gauche assurant deux frappes en contretemps. Cette première difficulté étant digérée, sur le pattern B c'est l'inverse : une frappe synchrone vient succéder à trois frappes alternées… Le pattern C m'a donné davantage de fil à retordre et, même non lecteur, j'ai du recourir à la partition pour bien comprendre. Mais, naturellement, l'écoute de la version d'Aly Keita avant tout essai s'est avérée indispensable afin de bien reproduire le rythme exact dont j'ai naturellement tendance à gommer les nuances. Ce pattern C se joue sur une étendue plus grande et les deux baguettes ne tiennent plus simultanément dans le même champ visuel : petite difficulté supplémentaire… La mélodie, enfin, présente moins de difficultés car entièrement jouée avec les deux baguettes en octave parallèle : il suffit de tenir les écartements ou plutôt de les ajuster si, comme le mien, votre balafon comporte des lames plus étroites dans l'aigu… Mais, en résumé, en une semaine j'ai déjà eu une belle satisfaction à venir au bout des petites embuches de ces quatre parties et il me reste maintenant quatre autres airs à travailler ainsi.
Entre temps, j'ai, naturellement, pris le temps de lire le livret (98 pages bilingues français-anglais) et, surtout, de visualiser l'intéressant documentaire qui replace l'instrument dans son contexte d'origine, dresse le portrait d'Aly Keita et des autres musiciens de sa famille, nous montre les différentes étapes de la fabrication et quelques beaux moments de jeu. Le même DVD comporte un concert d'Aly et du groupe de ses cousins-cousines " Super Zamaza ". Certains morceaux entendus dans ces versions de " concert in situ " étant justement ceux proposés à l'apprentissage sur l'autre DVD, il apparaît vite que les trois patterns et la mélodie ne sont qu'un squelette sur lequel les musiciens brodent allègrement et il est probable que ces patterns n'ont été extraits, sur les conseils de Gert Killian (percussioniste blanc associé au projet), que pour fournir un matériau pédagogique abordable par un public " toubab ". D'ailleurs, je n'ai trouvé nulle part d'explication sur la manière dont s'agenceraient traditionnellement ces patterns. Je suppose donc que lorsque l'apprenti balafoniste aura fait le tour des morceaux offerts à l'apprentissage dans la méthode, il lui faudra tendre l'oreille pour essayer de capter le jeu d'Aly et de ses cousins et continuer ainsi son apprentissage à l'imitation. Le fossé semble large et, une étape intermédiaire nous est fournie sur le DVD méthode par une interprétation des morceaux de la méthode en duo par Aly et Gert Killian, le second tenant un pattern de la méthode et le premier brodant à partir des autres. Et la biblio nous apprend que Gert Killian a édité également une méthode qui doit certainement être complémentaire à celle-ci et permettre de poursuivre l'apprentissage.
En résumé, cette méthode s'avère efficace pour débuter sur l'instrument, même s'il est parfois nécessaire de s'inventer quelques petits exercices intermédiaires pour passer certaines difficultés. Il ne faut pas se leurrer, comme l'indique son sous-titre, il ne s'agit que d'une musique d'initiation et l'écoute des musiciens maliens vous démontrera vite que ceux-ci ont une technique et une dextérité à l'égale de celle de nos meilleurs musiciens (Aly et l'un de ses cousins n'ont rien à envier aux très bons pianistes jazz) et que ce talent ne s'acquiert que par des années de pratique et d'immersion dans cette culture.
Le salon de musique, réalisation Philippe Nasse
142 mn toutes zones, français, anglais, allemand
http://www.le-salon-de-musique.com
Voici un curieux produit : la pochette pourrait bien être une affiche de film et d'ailleurs, sous le titre "Funambules", on peut lire "Un film de Vincent Valente". On songe naturellement à une bande originale jusqu'à l'instant où l'on découvre que sous ce format CD, il s'agit en fait d'un DVD. Celui-ci présente donc directement le film et j'avoue avoir été un peu déçu de constater qu'il s'agit plutôt d'un documentaire, certe d'une très belle facture du point de vue de l'image et du montage, mais pas d'un film de fiction ou alégorique comme j'avais pu me l'imaginer... Ce documentaire dure 36mn et permettra à ceux qui, comme moi, n'ont pas encore eu la chance de voir et entendre le duo en direct, de faire un peu mieux connaissance (je ne vous les présente pas, je vous laisse vous référer aux deux albums précédents). Les interviews sont entrecoupées d'extraits de concert, d'ateliers (est-ce en France ou en Suède ?...), de voyages en train, de tournage de clip (très beau décor ancien...). Par la suite, on visionnera peut-être plus régulièrement les extraits de concerts (23mn), filmés efficacement et sobrement (une seule caméra de face, avec juste ce qu'il faut de mouvement pour maintenir l'attention), devant un public si discret que l'on douterait parfois de sa présence si l'on ne distinguait la silhouette d'une tête...Naturellement, la prise de son est la hauteur... Je regrette juste de ne pas avoir trouvé le moyen de visionner ces extraits sans revenir au Menu entre chacun d'eux. Enfin, le clip dont le documentaire donnait quelques images du making off est également visible sur le DVD (avec bien davantage de changements de plans naturellement, mais dans un esprit musique trad. tout de même...)
Bemol production http://www.bemolvpc.com
Rappels : Duo Jonsson-Coudroy "Vagg", lire la présentation ci-dessous
Voir la présentation de leur second album "Vind"
Le Salon de Musique nous a habitués à sa remarquable collection de DVD didactiques sur les percussions. Sans renoncer à ceux-ci (celui sur le balafon est toujours en gestation), il entame, avec le présent CD+DVD (au prix d'un CD ordinaire) une nouvelle collection.
Il ne s'agit toutefois pas vraiment d'une nouveauté puisque le CD est la réédition d'un disque de 20 ans d'âge (1), à l'époque où les percussionnistes africains étaient beaucoup plus rares par chez nous et bien moins largement reconnus qu'aujourd'hui. Autant dire que les musiciens que nous entendons ici font aujourd'hui figure de précurseurs. La bonne surprise est d'avoir accompagné ce CD d'un DVD reprenant l'enregistrement d'un concert de l'époque, déjà réalisé par Philippe Nasse qui n'est autre que l'actuel concepteur des différents DVD du Salon de Musique. Précisons d'emblée que ces enregistrements, tant sonore que vidéo n'ont pas pris une ride et qu'il ne s'agit donc pas de documents d'époque pour spécialistes. L'intérêt du DVD est évident puisqu'il permet de bien percevoir immédiatement qui joue quoi, comment et par quoi sont produits les différents sons etc. Cela donne également davantage de personnalité à chaque musicien.
Si le groupe porte le nom de l'un des musiciens et si les arrangements lui sont, pour la plupart, attribués, on ne doute pas un instant que ceux ne soient d'abord oeuvre collective et il serait vain de vouloir mettre l'un des percussionnistes au dessus des autres, tant chacun s'exprime avec une technique propre.
La base rythmique est généralement assurée par trois dununs et deux cloches joués par un seul musicien (différent selon les plages), un djembé (Mare Sanogo) , un set latin à base de congas (Miguel Gomez), l'un ou l'autre des deux sets plus hétéroclites voire contemporains (gongs, cloches de bois, tambour à eau, cymbales etc..) tenus par Emmanuel Baudry et Florent Haladjian. La dessus, selon les plages, viennent s'ajouter un second djembé, un balafon (Epizo Bangoura), une flûte peuhl ou malinké (Ali Wagué, aussi remarquable que les percussionnistes..) ou un synthé (heureusement peu fréquemment et discret) et diverses autres percussions. Tout cela se mêle, non pas dans une optique de fusion, mais bien plutôt d'échange et de rencontre, aucun des percussionnistes ne paraissant jouer en dehors de son champ de compétence.
Après les 6 morceaux de DVD, les bonus reprennent deux de ces morceaux, probablement filmés dans les mêmes circonstances mais un autre soir et il est intéressant de comparer les deux versions : sur Mansani Cissé, par exemple vous pourrez constater que l'intro d'Epizo Bangoura au balafon est une vraie impro, différente d'un soir à l'autre ou encore qu'Ali Wagué attaque à la flûte avec une dynamique relativement différente. Je n'ai, par contre, pas fait la comparaison avec les versions du CD audio mais celui-ci fait encore intervenir d'autres musiciens : Fanta Kouyaté (chant et petites percussions), Olivier François et Christian Nicolas
Le Salon de Musique http://www.le-salon-de-musique.com/cd_08/percu_ensemble.htm
Naturellement, après avoir visionné ce DVD on a envie de savoir ce qu'ils sont devenus depuis :
Maré Sanogo : http://www.percussions.org/article.php?t=4286
Louis César Ewandé : http://www.louiscesarewande.com/
Miguel Gomez : http://www.miguel-gomez.com/
Ali Wagué : http://www.g-point-music.com/wague/index.htm
Florent Haladjian http://www.musiqueaction.com/live/2003_live/pages/2003_live_florent.html
Emmanuel Baudry est professeur au conservatoire du Luxembourg et produit pas mal d'arrangements.Il a séjourné à plusieurs reprises à Cuba et connaît donc très bien ce type de percussions
Epizo Bangoura,… là je n'ai rien trouvé de synthétique et c'est bien dommage car il est vraiment remarquable sur l'enregistrement…Il est paraît-il souvent aux USA
Même chose pour, Fanta Kouyaté…
(1) le CD reprend la photo de pochette du vinyl original, ce dernier était doté d'une inscription en jaune, elle est un peu différente et rouge aujourd'hui…
D'après la forme du boîtier, j'ai tout d'abord cru que cette galette était un DVD mais lorsque je l'ai mis dans mon lecteur de salon, ce dernier a simplement commencé à me lire des mp3 successifs. Tentative de vérification sur la pochette ou sur le disque lui-même mais aucune mention n'y figure pour me préciser s'il s'agit d'un CD ou d'un DVD ni sur le format du contenu. Mettons-le donc dans le lecteur DVD de l'ordinateur : c'est bon, après m'avoir demandé si je préfère l'anglais, l'italien ou l'istrien, un menu s'affiche, sur fond de carte de l'Istrie et avec une belle photo d'un groupe de jeunes, milieu XXème, avec au premier plan un joueur de diato, tandis qu'en fond résonne la musique d'une douce cornemuse accompagnée d'une guitare. Cinq occurrences à ce menu : musique (essentiellement vocale), instruments, danse, galerie photo et Istrie. Chaque menu comporte lui même plusieurs occurrences et le choix de chacune conduit à l'affichage de la carte de l'Istrie pointant les zones concernées par ce sous-thème, à l'affichage d'un texte d'explication et, généralement, à l'apparition de petites icônes en forme de note de musique qui vont permettre de lancer l'écoute d'exemples musicaux. Lorsque l'extrait est fini, la petite musique de fond revient, un peu lancinante mais finalement sympathique…
Voyons-voir ce que l'on trouve en matière de cornemuse : menu " instruments " naturellement, puis " aérophones " qui me donne accès à 15 instruments, de l'harmonica aux cuivres (traités globalement en une rubrique) en passant par diverses flûtes, hautbois, trompe en écorce et, naturellement, deux types de cornemuses à double chalumeau : la pive dont les deux chalumeaux sont séparés m'est présentée par un petit texte, 3 photos, un tableau de doigté et deux courts extraits sonores. Le mih dont l'organologie est plus proche de celle de la boha l'est par un petit texte également, deux photos, un tableau de doigté et un court extrait. Les points rouges sur la carte me permettent de voir que les deux instruments ont été retrouvés sur une large partie du pays mais que le mih était davantage présent. Les tableaux de doigté aiguisent ma curiosité : pas aussi simple qu'on pourrait le croire…
Après avoir ainsi visité un certain nombre d'instrument, un coup d'oeil aux danses, qui ne sont représentées chacune que par un ou deux extraits sonores et, naturellement, la mise à jour de la carte avec les points de présence. Ni texte, ni photo, ni vidéo… dommage…
La galerie photo me permet de visionner 153 photos d'iconographie ancienne, de photos début XXème ou de musiciens actuels mais sans légendes. Pas mal de détails intéressants à relever par soi-même sur ces documents souvent très intéressants. J'en profite pour constater la présence assez notable d'une sorte de violoncelle dans les ensembles, de belle facture mais souvent à épaules tombantes comme nos contrebasses et joués avec un archet en arc… La rubrique instruments à laquelle je retourne pour en savoir plus m'apprend qu'il s'agit plutôt de petites contrebasses, que certaines n'ont que deux cordes, que le chevalet traverse la table à l'un de ses pieds etc…
Comme les réalisateurs nous aiment bien, ils ont cherché à nous garder en cachant un peu la sortie qui n'apparaît pas sur le menu principal : il faut passer par la galerie photo et cliquer sur la croix en haut à droite
Une réalisation remarquable, il est un peu dommage que le choix du support en limite la diffusion, elle mériterait un financement permettant une mise à disposition sur internet…
Mmc Luka 300 exemplaires
Le contenu de ce CD-Rom est désormais téléchargeable sur son site http://www.dariomarusic.com sous forme d'un exécutable.
Faut-il présenter cette artiste écossaise qui a déjà vendu 15 millions d'album de par le monde ? Personnellement je dois dire que ce n'est pas le genre d'argument qui suffit à m'attirer et finalement, je ne connaissais que peu cette chanteuse, compositrice-arrangeuse et multiinstrumentiste ou du moins c'est ce que je pensais mais en visionnant le DVD j'ai eu très souvent l'impression d'être en territoire bien connu. Est-ce d'avoir déjà entendu à l'occasion un ou l'autre de ses CDs précédents, est-ce parce qu'un collègue de boulot se passait cela en travaillant, est-ce parce que les morceaux se fixent bien dans l'oreille ou est-ce que certaines mélodies sont chantées ou jouées par d'autres ? J'avoue ne pas avoir réussi à faire la part des choses : sans doute un peu de chacune des ces raisons, peut-être d'autres… En tout cas, tout cela est loin d'être désagréable à écouter et je comprend que cela marche fort pour elle, d'autant que rien ne semble laissé au hasard.
Le présent coffret est un " live " enregistré lors de sa dernière tournée, en un lieu prestigieux entre tous : le palais de l'Alhambra (le vrai, près de Grenade, pas une salle de spectacle ou un de ces cinés qui ont repris le nom….). Deux séquences musicales présentent quelque peu le lieu, en journée, mais le spectacle est, naturellement, filmé en nocturne, en public, avec des éclairages qui mettent en valeur cette belle architecture… et également la chevelure rousse de Loreena en jouant sur les fonds bleus. Des éclairages à la hauteur du décor et qui se gardent bien d'en faire trop : pas de faisceaux qui pivotent, de fumées etc… juste une belle mise en lumière qui ne varie qu'entre les morceaux.
Loreena Mc Kennitt n'est, bien entendu, pas seule sur scène. Elle est même très bien entourée avec, à ses côté une violoncelliste et un violoniste qui jouent sur des instruments de forme classique qui doivent être en fibre de carbone : petite touche high-tech pour ne pas risquer de faire folklo… A l'arrière, un trio d'instrumentistes aux accents quelques peu orientaux, ce qui cadre bien avec le décor : oud, kanoun et une petite lyra. Pour renforcer la couleur celtique, Steafan Hannigan tient les uillean pipes et le bodhran. On retrouve avec plaisir Nigel Eaton à la vielle, dans un rôle qui fait un peu penser à celui de Gilles Chabenat au sein d'I Muvrini. Pour compléter tout cela un contrebassiste, un guitariste et des percussionistes à tout faire… Et tout ce petit monde est en permanence au service de l'ensemble : pas de véritable solo, à peine quelques phrases permettant parfois de mieux entendre l'un ou l'autre : un remarquable travail d'orchestration au vrai sens du terme, jouant sur les couleurs instrumentales, n'hésitant pas à les marier souvent, par petites touches lorsqu'il le faut, pour un rendu global sur lequel s'exprime notre chanteuse qui, j'allais oublier de le préciser, s'accompagne tantôt à la harpe, tantôt au piano, tantôt sur un petit accordéon à touches piano, ce qui m'a rappelé M. Montanaro maniant le sien avec Vent d'est. Mais autant son jeu de harpe ou de piano sont bien audibles, autant j'ai eu du mal à percevoir ce qu'elle joue sur son chromatique. Mais, Loreena McKennitt est avant tout une chanteuse, avec une de ces voix qui ne semble exister qu'en Ecosse et en Irlande et qui sait parfaitement passer de la balade à des choses plus rythmées.
Précisons enfin que le DVD donne à voir l'intégralité du concert (18 titres), sans ajout de bonus ou autres babioles et que les deux CDs reprennent en neuf titres chacun, le même programme. Le coffret est bien présenté mais le contenu du livret (anglais-français) est minimaliste : quelques lignes d'introduction, quelques paragraphes sur le palais de l'Alhambra et les crédits habituels.
Voici donc une grosse production qui, si elle use de quelques ficelles pour créer les ambiances et capter l'auditeur, ne fait tout de même pas dans la variet. et qui, de plus, a le bon goût de ne pas se faire diffuser par une major parisienne : je ne doute pas que ce type de produit constitue pour Keltia une bouffée d'oxygène (euphémisme !) qui lui permet de prendre, par ailleurs, des risques avec des créations moins rentables.
Keltia musique http://www.keltiamusique.com
Présentation animée par le lien électronique :
QuickTime version:
http://www.quinlanroad.com/videos/nfta_fr.mov
Windows Media version:
http://www.quinlanroad.com/videos/nfta_fr.asx
Rappels partiels :
.... etc...
Les atlas sonores du Centre des Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes ont débuté sous forme de cassettes dans des boîtiers déjà un peu hors normes qui permettaient la présence de vrais livrets (on peut d'ailleurs encore se procurer ces cassettes à un tarif très intéressant, et si le support est un peu passé de mode, le contenu n'a pas pris une ride…). Puis ces atlas ont naturellement évolué vers le CD et c'est aujourd'hui sous la forme d'un beau livre cartonné de 36 pages en couleur au format 14x19cm et renfermant un CD et un DVD bien clipsés dans des boitiers plastiques à l'intérieur des couvertures.
Mais intéressons-nous en premier lieu au contenu !
Commençons par le DVD dont le document principal est un reportage dans le quartier, nous faisant découvrir, l'une après l'autre, les différentes communautés vivant ici : maghrébins, chinois, kurdes, arméniens, iraniens etc…. La musique est chaque fois présente mais pas forcément omniprésente dans la discussion qui porte plus généralement sur les conditions d'arrivée, d'accueil, l'organisation en associations etc… De belles images présentent, à chaque fois, la trace de la communauté en question dans la ville, un petit aperçu d'une fête communautaire et naturellement un bout de prestation musicale…Un reportage qui devrait être donné à voir à tout élu urbain tant il montre que les cultures immigrées vont bien au delà de simples folklores festifs et que bien des artistes de ces communautés sont de vrais créateurs et/ou de grands interprètes. Le livret revient sur la biographie de chacun des personnages rencontrés durant ce reportage, de même qu'il détaille chaque plage du CD. Un CD qui prolonge ce reportage, auprès d'autres musiciens, d'autres origines, sans l'image, mais toujours sur le mode de la visite du quartier, avec des bruits de fonds, des témoignages etc… Un choix qui pourra surprendre car on aurait pu s'attendre, compte-tenu de la présence du DVD, à ce que l'aspect reportage soit dévolu à celui-ci et que le CD soit davantage un CD purement musical, mais, visiblement, il y avait trop de communautés à prendre en compte, le CD ouvre d'ailleurs le propos également aux déracinés d'autres régions française, aux enfants etc…
J'allais oublier les bonus du DVD, à ne pas négliger, notamment celui sur le travail de la nouvelle chorale de la Guillotière, dirigée, pour chaque morceau, par un musicien du pays en question. Il est intéressant de comparer le petit bout de chanson chantée par certains de ceux-ci, avec la version bien plus tempérée chantée ensuite par l'ensemble… Un second bonus donne un aperçu des concerts organisés à l'occasion de la fête de la musique : une nouvelle occasion de percevoir le haut niveau de certains musiciens. Et pour les amateurs de cornemuses, il s'achève avec un joueur de mezzued. Ajoutez-y encore deux diaporama noir et blancs en musique…
J'ai tout de même un petit regret : celui de ne pas entendre cette chanson qui me vient immanquablement en tête chaque fois que je passe à proximité de ce quartier où que j'entends son nom, chanson chantée par Eric Montbel sur le premier vinyl du Grand-Rouge :
" Sur le pont de la Guillotière on nous a vu passer bien enchaînés Sont les gendarmes qui nous emmènent Avec grand peine En faisant nos adieux Les larmes aux yeux "
Et si vous ne voyez pas le rapport avec l'immigration, écoutez l'actualité…
http://www.cmtra.org
Rappels Atlas Sonore du CMTRA :
N°1 "lèu savo una chaonçon " Chanteurs de langue occitane Haut Vivarais (réédition en CD)
n°2 : Joutes sur le Rhône (Cassette)
n° 3/4 : Rives de Giers (Cassette)
n°5 Haut Vivarais (Cassette)
n°6 Conscrits en Bresse (Cassette)
n°7 : Les chants de la Soie
n°8 Les Baronnies en Drôme provençale
n°9 Pays de Samoëns et sa réédition en CD en 2008 :
n°10 Entre Loire et Rhône
n°11 : Musiciens du Maghreb à Lyon
n°12 : Tignes Val d'Isère
n°13 : Cévennes, Pays de Cèze
n°14 : Flamenco à Lyon
n°15 : Le Vercors (avec, outres les anciens, quelques plages avec des musiciens revivalistes : le Syndrôme de l'Ardèche, Dédale, Eric Montbel et le Jardin des Mystères, Patrick Mazellier...)
n°16 : "Lyon Orientale" (Rhône)
n°17: Les pentes de la Croix-Rousse
n°18 : Chansons populaires recueillies dans les Alpes françaises - Savoie et Dauphiné, d’après le livre de Julien Tiersot (un atlas un peu spécifique puisque composé uniquement d'interprétations revivalistes)
Je fais un peu les choses à l'envers puisque je vous chronique en dernier le plus ancien des cinq DVD de cette collection de méthodes de percussions (du moins en attendant le prochain…). Celui-ci date donc déjà de 1998 mais, heureusement, il n'a pas vieilli d'une ride et c'est seulement en le comparant aux volumes plus récents de la série que l'on pourra constater que DVD après DVD, le Salon de musique peaufine ses présentations et nous en offre toujours plus, tant en support numérique (les premiers n'ont qu'un DVD, les plus récents deux) que sur le livret. Mais au moins, le livret de celui-ci a un avantage : il rentre facilement dans la boîte alors que j'y ai renoncé pour celui consacré à la darbouka…
Mais ce qui n'a pas changé, c'est la présence d'un documentaire sur l'instrument dans son contexte orginal (ici au Burkina Faso) avec une partie sur la fabrication de l'instrument, la description de son contexte social etc…
Inza Diabaté a un jeu de djembé intéressant qui joue pas mal sur les nuances de volume (contrairement à certains djembefolas qui ne jouent toujours qu'à pleine puissance sonore) et avec pas mal de " touches " (petites frappes presque en l'air).
La méthode commence naturellement par la description des trois frappes de base mais passe un peu rapidement sur cet apprentissage fondamental : les techniques de frappe pour obtenir des claqués et des toniques corrects auraient mérité d'être un peu développées : un débutant qui ne s'appuiera que sur cette méthode risque de ne jamais avoir des claqués bien différenciés des toniques et donc un jeu toujours brouillon.
La méthode détaille ensuite, avec le système habituel et très bien fait de menus avec possibilité de faire tourner en boucle certaines séquence, 6 rythmes différents, c'est à dire 6 polyrythmies à quatre " voix " : djembé solo, djembé d'accompagnement, dunun et sa cloche. La partie de dunun est jouée par un musicien unique sur deux dununs afin de disposer de deux sons différents. Ces parties de dunun correspondent à ce que d'autres méthodes font jouer sur un seul tambour en utilisant deux frappes différentes (frappes ordinaires et pincé dont il n'est pas fait état ici, par contre, sur un rythme particulier Inza Diabaté montre une forme de jeu traditionnel avec baguette d'un côté et la main de l'autre). Rappelons que les polyrythmies mandingues peuvent comporter, en sus des deux voix de djembé et du soliste-improvisateur éventuel, trois voix totalement distinctes de dununs et trois voix de cloches correspondantes mais ceci est une certaine forme de standardisation actuelle et non un fait traditionnel, nous ne saurions donc reprocher à Inza Diabaté de ne pas s'y plier..
J'émettrai quelques petites réserves sur le côté pédagogique : il n'est quasiment jamais question de la partie de cloche (mais elle est jouée en même temps que les dununs, bien visible et audible), les démonstrations à vitesse rapide et lente ne sont pas toujours strictement identiques (sur l'un des premiers rythmes par exemple, l'une des frappes n'est pas sur le même tambour selon la version) ou bien encore, sans prévenir, les parties de djembés présentent des variantes d'une reprise à l'autre ce qui fait qu'il n'est pas facile de comprendre où commence et où finit le cycle. Le calage des voix les unes par rapport aux autres n'est présenté que par le fait de chanter l'appel du djembé avant la partie de dunun et il n'est pas expliqué que l'appel des rythmes " ternaires " n'est pas le même que celui des " binaires "..
Mais ces réserves traduisent finalement un côté plutôt " africain " ou peut-être simplement " tradition orale " où l'élève doit chercher par lui même, observer pour comprendre, chercher à reproduire sans pour autant se voir expliquer toutes les clefs… Un vrai débutant devra donc s'accrocher pour suivre, celui qu a quelques bases trouvera avec cette méthode, le moyen d'apprendre quelque rythmes et de les monter à plusieurs s'il n'est pas isolé. Et enfin, celui qui travaille avec une autre méthode ou dans un cours ou atelier, gagnera toujours à voir un autre style, une autre manière de faire. Ils retrouveront ici des choses connues, parfois sous d'autres appellations, et en découvriront de nouvelles assez originales.
Le salon de musique http://www.le-salon-de-musique.com
A l'occasion de ses trente ans, l'association Sonneurs de veuze publie ce DVD autour de l'instrument qui est sa raison d'être et, comme le disait Thierry Bertrand dans son interview à Trad. Magazine (n° 110), ce n'est que le premier d'une série dont les suivants devraient être plus pointus et davantage liés au répertoire et aux danses.
Par quelque bout qu'on aborde ce DVD, ce qui frappe dès les premières images, c'est la qualité très pro de la réalisation (lumière, décor, cadrage, montage, tout est très travaillé tout en paraissant naturel). A ce genre de détail se mesure le chemin parcouru depuis les années 70 et le fameux bouquin blanc sur l'instrument, quasi dactylographié à la main …
Comme tout DVD qui se respecte, celui-ci comporte un film principal et des bonus… Le documentaire principal, de moins de 30mn, est le plus grand-public : il présente l'instrument, sa fabrication (la partie la plus longue, de près de 12mn), son apprentissage en cours et stages et sa pratique actuelle, notamment en bal mais également en concert. Si je vous dis que ce documentaire est assez grand-public c'est que ceux d'entre vous qui ont déjà un peu de culture en la matière n'y apprendront pas énormément, sinon en ouvrant bien leurs yeux par ci par là, notamment sur la partie facture et pour les quelques extraits de films muets du début XXème (1) montrant des danseurs traditionnels : superbes fragments, malheureusement de quelques secondes seulement : vous risquez d'user les boutons de votre télécommande à vous les repasser plusieurs fois, jusqu'à l'image par image…
Si, sur les DVD du commerce, les bonus font souvent office de remplissage, ici c'est l'un d'entre eux qui constitue, à mon avis, la partie la plus intéressante du DVD, celle qui en justifie pleinement l'achat, même si vous jouez d'une autre cornemuse : Thierry Bertrand s'y livre à un véritable cours de facture d'anche double en roseau : chaque étape est minutieusement filmée et commentée, de la même manière que le ferait un animateur de stage d'anches (2). Les coups de main y sont parfaitement détaillés (manière de prendre les mesure, de tracer les repères, de serrer une ligature, de mettre les doigts pour faire la boucle du fil sans perdre de tension etc…). Il y propose sa manière de faire puisqu'il s'est développé différentes techniques de facture des anches en roseau (ici les languettes sont pliées après trempage dans l'eau, l'anche est chauffée au moment d'enrouler le fil qui va faire épouser au roseau la forme du canon, et l'anche finie n'a pas de ligature laiton).
Malheureusement, l'indication du titre de ce bonus sur la pochette et sur le menu est erronée : en 30mn, Thierry présente toute la facture de l'anche mais pas son réglage : je suppose (et j'espère) que c'est pour un prochain DVD…
Je passerai rapidement sur le bonus concernant les aspects historiques, iconographiques et symboliques de l'instrument car il y a un certain nombre d'affirmations avec lesquelles je ne suis pas d'accord mais il serait un peu long de détailler ici : voir mes autres écrits à ce sujet… Précisions juste que ce n'est pas parce qu'un manuscrit médiéval s'appelle " Livre d'heure d'Anne de Bretagne " que le berger joueur de cornemuse de l'annonce aux bergers et son instrument sont bretons : le célèbre enlumineur en question était tourangeau, travaillait pour le roi de France et avait également réalisé des ouvrages pour des nobles de Charente ou de Savoie…
Le troisième bonus enfin est une petite séquence collectage au sein de laquelle un chanteur livre quelques airs de grand danse. Un document intéressant car il montre le petit jeu du collecteur et du collecté qui livre son répertoire tout à la fois de bon cœur mais en faisant sentir qu'il n'est pas dupe de ce que le collecteur lui fait faire…
http://sonneursdeveuze.free.fr/
(1) celui montrant des danseurs d'avant d'eux doit, lui, être de l'immédiat après-guerre…Dans ceux du début XXème, la danse est menée au diato.
(2) contrairement à la partie facture du documentaire principal qui ne montre que quelques étapes de la fabrication du hautbois, de la fixation des souches sur la poche et de la pose de la soupape avec un système assez astucieux d'ailleurs….
Oui, le temps passe et les années 70 qui marquèrent l'explosion du mouvement revivaliste dit " folk " s'éloignant tout doucement, les documents de cette époque voient leur statut se modifier progressivement : ce film de Jean-Pierre Bruneau témoignait, à l'époque, d'une tradition musicale cajun encore bien vivante (même si certains des musiciens se reconnaissent comme les dernier tenants de tel ou tel style et si certaines traditions comme celle du carnaval avaient déjà subies un revival après être tombée en désuétude). Aujourd'hui, près de 35 ans plus tard, quasiment tous les musiciens qui apparaissent à l'image sont décédés et ce documentaire est devenu une pièce d'archives qui justifie pleinement sa réédition en DVD, car si l'écoute des enregistrements de l'époque est une chose, revoir les musiciens à l'image leur donne une autre dimension. Et puis J.P. Bruneau avait eu, à l'époque, la bonne idée d'une construction sobre de ce documentaire, très moderne pour l'époque, quasiment sans commentaire et faisant alterner de brèves séquences où les musiciens parlent, tout simplement, et pas forcément de musique (1) et des séquences musicales prises sur le vif et présentant les morceaux dans leur quasi intégralité. Même si l'on n'a pas la qualité d'image d'un concert filmé actuel qui permet de suivre les doigts du musicien, le mélomane n'est pas frustré comme il peut l'être parfois par des documentaires où les séquences musicales sont trop brèves. Le DVD est présenté dans un livret cartonné de 24 pages au format en hauteur des boîtes de DVD et cette présentation semble tellement évidente qu'on se demande pourquoi elle n'est pas davantage utilisée. La qualité de reproduction des photos noir et blanc y est, de plus, remarquable. On regardera donc le documentaire livret en main afin de profiter des explications sur chaque morceau interprété et s'il n'est pas toujours évident de mettre un nom sur chaque visage au premier visionnage, le générique de fin le fait très bien. Je n'aurai que deux regrets à exprimer :
- ne pas voir à l'image la très jeune chanteuse Little Yvonne Leblanc à la voix assez incroyable (un des rares morceau que l'on entende sur le documentaire sans l'image correspondante)
- et que le contenu de ce DVD se limite à ces 45mn de documentaire (pas le moindre bonus, mais finalement il est préférable d'avoir un beau livret) : pourquoi ne pas avoir réédité sur le même DVD le documentaire " Louisiana Blues " réalisé par J.P. Bruneau dans les années 90 et dont la comparaison aurait déjà été intéressante ?
(1) à noter que le DVD est sous-titré en anglais et que même le piètre anglophone que je suis, s'y est parfois référé pour comprendre… le cajun parlé ou chanté…
Ed Cinq Planètes http://www.cinqplanetes.com
Il y a longtemps que je ne vous ai pas chroniqué une méthode de la collection du Salon de Musique, il faut vous dire que j'en avais reçu 4 d'un coup et qu'il aurait été un peu indigeste de vous les chroniquer l'une derrière l'autre aussi je vous les distille progressivement. En attendant la prochaine sortie qui doit être consacrée au balafon, il me restera encore, après la présente, à vous parler de celle sur le djembé.
Comme d'habitude dans cette collection, la méthode proprement dite, sur DVD, est complétée par un documentaire permettant de replacer les percussions en question dans leur contexte d'origine. Et c'est bien de cela qu'il s'agit ici puisque ce documentaire traite davantage du phénomène des écoles de samba (ne pas se laisser abuser par ce nom très réducteur), et du concours annuel qui se déroule lors du carnaval de Rio, que des percussions proprement dites. Mais, naturellement, celles-ci ont la part belle à, l'image et sur la bande audio, notamment par de longues séquences faisant entendre tel ou tel ensemble. Ces séquence permettent d'ailleurs de constater que les musiciens font surtout longuement tourner les rythmes plutôt que multiplier les breaks, variations et autres comme auraient tendance à faire les percussionnistes de par chez nous. Mais comme l'explique d'ailleurs le chef de l'un de ces ensembles, en faisant jouer un break à 200 musiciens, on a toutes les chances d'observer un flottement dans le rythme à la reprise et, visiblement, ce qui importe à Rio, c'est de garder la pulsation (le même choix se retrouve d'ailleurs dans d'autres styles musicaux d'Amérique Latine, je pense notamment aux percussionnistes cubains). Le documentaire laisse quelques frustrations : rien, par exemple sur les chanteurs et quelques guitaristes qui s'adjoignent à la Battucada, perchés sur un imposant camion sono. Pas grand-chose non plus sur l'apprentissage et la mise en place des différentes parties quoiqu'il semble ressortir que tout cela se fait davantage par la pratique et l'immersion que par une démarche didactique : les répétitions des écoles de samba sont davantage des fêtes (à entrée payante) qui permettent aux musiciens de jouer en situation, que des répétitions au sens où nous l'entendons…
Mais pas mal de ces questions trouveront réponse dans la partie méthode, accessible, comme d'habitude dans cette collection, par des menus successifs très bien conçus avec possibilité de faire tourner en boucles certaines séquences. Jean-Christophe Jacquin détaille les caractéristiques de chaque instrument, sa fonction, un exemple de rythme (avec éventuellement des variantes) et le placement dans l'ensemble (les instruments démarrent sur un temps donné des quatre temps du samba (1) après une phrase d'appel et s'arrêtent systématiquement sur le troisième temps. Le DVD est un support particulièrement adapté à ce type de méthode car la cadence particulière du samba est issue d'infimes variations de durée des différents temps : des subtilités complexes à expliquer et qu'il est beaucoup plus aisé d'apprendre à l'oreille par écoutes multiples. Il me semble que le travail de ce type de rythme peut être bénéfique à tout musicien quelque soit son domaine habituel, de part, justement, l'importance qu'il oblige à accorder à ces légers décalages des temps. Même si JC. Jacquin y fait moins référence, on perçoit également qu'outre ces notes très légèrement à côté des temps, les accents donnés par l'intensité de la frappe jouent également pour certains instruments. Il est très intéressant également d'entendre comment J.C. Jacquin décrit efficacement certaines rythmiques en les chantant. Le problème principal de cette méthode est qu'elle donne envie d'essayer et même de jouer de chacun des instruments présentés. En plus cela paraît souvent facile… tant qu'on n'a pas l'instrument en main (2)…. Je pense qu'après avoir assimilé le rythme d'un instrument, on doit pouvoir le tester sur les séquences musicales du documentaire…
Et si vous n'avez pas trouvé toutes les réponses à vos questions dans le documentaire et la méthode il vous reste à vous plonger dans le livret de 70 pages qui reprend certains de ces éléments sous forme écrites (partitions, tenue de jeu des instruments, glossaire etc…), détaille certains aspects historiques ou actuels (la sonorisation du sambodrome de Rio par exemple) et nous offre même dix pages couleurs de photos du carnaval…
Précisons enfin que sur le DVD, se trouve également, en format audio seul, un enregistrement de l'école de Manguera.
Bref, si ces méhodes peuvent paraître un peu chères au premier abord, le contenu justifie très largement le prix que l'on soit musicien souhaitant réellement s'initier à ces techniques ou, même, simple mélomane souhaitant pénétrer les arcanes de ces musiques pour mieux les comprendre et les apprécier.
(1) oui, apparemment le mot est employé au masculin dans toute la méthode, même s'il me semble que J.C. Jaqcuin utilise une fois le féminin. De même, cette méthode nous apprend que le mot Batucada actuellement employé en France pour désigner ces grands ensembles de percussions n'est pas celui utilisé au Brésil (ou alors pour de petites réunions de percussionistes plus informelles) et que le rythme de samba joué sur deux cloches que tout le monde a en tête n'est naturellement, jamais employé au Brésil….
(2) même si le rendu n'est pas le même, il est, naturellement, possible de s'essayer sur les instruments proches de ceux présentés que l'on peut avoir sous la main
Je vous ai chroniqué, à l'occasion de leur sortie les DVD de cette série consacrés au tombak iranien et à la Darbouka marocaine. Je reviens un peu en arrière pour vous chroniquer les trois premiers de la collection en commançant par celui consacré aux tablas indiens.
Un seul DVD dans le coffret, en sus du livret, mais, que l'on se rassure, toujours un reportage sur l'instrument dans son contexte d'origine en sus de la méthode proprement dite. Reportage toujours intéressant, qui nous permet de faire un peu connaissance de Pandit Shankar Ghosh, de l'entendre chanter, tout d'abord, puis de le voir enseigner, en cours collectif, d'entendre trois de ses élèves de niveau très variés (du grand débutant au percussionniste aguerri) et, surtout, de l'entendre jouer des tablas dans plusieurs contextes : en accompagnement d'une chanteuse, avec un sarod ou quasiment en solo avec un discret guide-chant derrière. Une intéressante séquence montre les tablas joués de manière bien moins sophistiquée, dans un cadre très populaire avec une sono tout aussi populaire ; naturellement ce n'est pas Pandit Shankar Ghosh qui joue sur cette séquence. Bien entendu, la facture de l'instrument est également filmée, du sciage de la bûche dans laquelle va être taillé le fut du dayan (le plus petit des deux tambour), à la fixation et à la tension des peaux, sans oublier, naturellement, la réalisation des fameuses pastilles noires qui, en filtrant certaines harmoniques, donnent le son si particulier de l'instrument.
Mais passons maintenant à la méthode proprement dite qui débute naturellement par la position de jeu : s'asseoir à l'indienne, bien placer l'instrument (aviez-vous remarqué que la pastille noir du plus gros de deux tambours n'est pas centrée ?), placer ses mains… Puis viennent les premières frappes, dont les sonorités sont parfois peu convaincantes prises isolément (surtout les sons fermés) mais qui prendront ensuite tout leur sens placées dans les morceaux. Chaque frappe possède son onomatopée (" bol "), voire plusieurs et l'apprentissage de celles-ci est tout aussi indispensable que l'apprentissage de la frappe elle-même puisque, selon la tradition indienne, tous les morceaux seront d'abord appris à partir de la récitation de ces onomatopées, sur un tempo marqué par les mains. Un coup d'oeil au premier morceau le confirme immédiatement : inutile de l'aborder tant que les frappes ne sont pas parfaitement connues (y compris celles dont les onomatopées nous sont un peu difficiles à distinguer (le tê dental et le té retroflexe). Pandit Shankar Ghosh explique la structure de chaque type de morceau (si vous ne faites pas tout de suite parfaitement le lien entre la structure du Kaida expliquée et ce que vous entendez, rassurez-vous, il explique par la suite que c'est un peu plus complexe), introduit progressivement de nouvelles frappes (curieux choix d'ailleurs dans le découpage des séquences : l'apprentissage des frappes nécessaire à un morceau est placée en fin du précédent plutôt qu'au début de celui-ci) et quelques explications supplémentaires. Les morceaux sont joués très lentement et devraient permettre à un élève moyen mais attentif de toujours pouvoir suivre. Par contre, après cela chaque morceau est interprété à vitesse réelle, sans intermédiaire, et là il faudra parfaitement avoir intégré le morceau et acquis la virtuosité nécessaire pour l'interpréter à ce tempo. Mais cela ne devrait pas poser de problème si, comme le recommande Pandit Shankar Ghosh, vous consacrez trois heures par jour à l'instrument (et même à ce rythme, il devrait vous falloir un certain temps pour apprendre les 14 morceaux proposés avec leurs variations)….
Le petit livret reprenant toutes les frappes (photo + onomatopée) et tous les morceaux (sous forme de suites de ces onomatopées), permettra de vérifier, en cas de doute, ce que l'on aura vu et entendu sur les vidéos et servira par la suite d'aide mémoire. Il serait naturellement dommage de jouer en lisant, ce qui serait contraire à l'esprit de cette musique basée sur l'oralité. Le livret reprend également les explications sur l'instrument, la structure des différents types de morceaux etc…
Comme les autres DVD de cette collection, ces méthodes sont de vraies méthodes qui devraient permettre au musicien motivé d'acquérir des bases sérieuses sur l'instrument mais également au mélomane curieux de mieux comprendre le jeu de ces percussions fascinantes.
Pandit Shankar Ghosh s'exprime en anglais mais le menu langues permet de surajouter un doublage français des explications tout à fait correct.
Coll. Le salon de musique
Editions Improductions BP 10156 Bornel
60541 MERU CEDEX
Tel/Fax 03-44-08-88-14
Dist France ID Music
Cinquième volume de cette collection de DVD consacrée aux percussions du monde et toujours la même qualité, la même approche de la percussion par ses différentes facettes (sociale et culturelle, technique, lutherie, répertoire…), la même complémentarité des supports (1 livre et deux DVD).
Pour aborder ce volume, les hasards de mon emploi du temps ont fait que j'ai commencé par lire le livre, ce qui m'a déjà mis l'eau à la bouche, puisque j'y ai vite constaté que la méthode ne se limitait pas à la Darbouka proprement dite mais abordait également d'autres percussions du monde arabe, décrites l'une après l'autre et que l'on retrouvera sur les DVD, soit au sein de la méthode (initiation au jeu du bendir ou à celui du riqq, présence du tbila, du gallal, des tarijas ou des sagattes dans les parties de polyrythmie), soit plus brièvement dans le DVD documentaire (Qraqebs des gnawas par exemple). J'ai également vite vérifié, toujours à la lecture du livre, que cette méthode ne se limitait pas à la musique marocaine (pays d'origine d'Ali Alaoui) mais, plus généralement au monde arabe. Là également, les DVD viendront le confirmer et notamment les exercices de polyrythmie tirés des traditions marocaine, du Golfe persique ou égyptienne. En visionnant le long documentaire, c'est encore une impression d'infinie diversité qui m'a sauté aux yeux : si ce reportage est davantage centré sur le Maroc, Ali Alaoui, filmé lors de son retour (il s'est installé à Toulouse en 1999), y joue dans des contextes et répertoires très divers (il change d'ailleurs de costume pour chaque circonstance) : confrérie Aïssaoua avec procession de rue le matin puis scène de transe au soir, musique populaire marocaine, orchestre arabo-andalou, musique classique arabe en petit ensemble avec chanteuse et, enfin, impressionnante prestation solo de Darbouka sur scène histoire de prouver à ceux qui ne l'auraient pas encore été, qu'Ali Alaoui est un maître et que les instructions et conseils prodigués dans la méthodes ne viennent pas de n'importe qui. Il suffit d'ailleurs de l'entendre sur n'importe quel petit exercice de base de cette méthode pour constater qu'il sait transcender la moindre petite suite de frappes en lui donnant une dynamique, un accent particulier qui en fait déjà une vraie musique. Mais revenons au reportage qui, outre les parties strictement musicales (des pièces filmées dans leur intégralité et c'est bien ainsi), présente le tannage des peaux, le tournage des fûts, la décoration de ceux-ci par peinture et le montage des darboukas traditionnelles. Paradoxalement, et même si le commentaire souligne le danger de voir disparaître le modèle traditionnel face aux darboukas en fonte d'aluminium et membrane (1) plastique, c'est sur ce dernier type de darbouka que l'on entendra presque toujours Ali Alaoui tant sur le documentaire que sur la méthode. Et pourtant, la partie de concert solo sur darbouka traditionnelle permet de bien constater la différence de sonorité. Plus flagrant encore, le bendir moderne à membrane plastique utilisé dans la méthode présente vraiment une sonorité pauvre par rapport aux bendirs traditionnels…
Mais venons-en à la méthode : Ali Alaoui, avec un accent qui rappelle celui de Djamel Debouze, mais avec un ton beaucoup plus posé (heureusement…), y détaille chaque frappe de base (et elles sont nombreuses) et les met en application dans des exercices progressifs. Celui qui manipule déjà la darbouka de manière intuitive aura vite fait de constater qu'il faut tout reprendre à zéro et que la moindre frappe de base n'a rien d'évident !. On peut d'ailleurs regretter que la méthode ne détaille pas, comme le ferait un professeur en situation réelle, les défauts les plus courants à éviter (il ne suffit pas d'expliquer ce qu'il faut faire, il faut également montrer ce qu'il ne faut pas faire lorsque l'expérience pédagogique montre que certains défauts sont quasi systématiques.).
Un retour au livre peut être souvent utile, celui-ci constituant, un excellent aide mémoire (description des frappes de base, partition des rythmes), voire de nombreux compléments, mais s'avérant, comme j'ai pu le constater en commençant par lire celui-ci, tout à fait insuffisant sans les DVD pour expliquer un mouvement de poignet ou, naturellement, pour pouvoir comprendre le son qui doit être produit par une frappe ou la pulsation d'un rythme donné.
Une intéressante partie du DVD méthode, sur les polyrythmies permet d'entendre et de voir (par une image en mosaïque), différents rythmes exécutés par des ensembles allant jusqu'à 8 percussions diverses entrant successivement dans le jeu. Si les parties de darbouka ne sont pas forcément faciles à capter, le débutant pourra facilement se caler sur certaines parties relativement faciles et en essayer plusieurs par rythme.
J'ai relevé encore pas mal de choses intéressantes, tant dans le livre (pas moins de 100 rythmes décrits dont quelques-uns avec adaptation pour la batterie par exemple) que sur les DVD (un documentaire qui fait le lien entre la musique et d'autres formes artistiques par exemple ou la possibilité de faire tourner les exemples en boucle) mais il serait trop long de tout détailler ici… Je vous laisse découvrir…
(1) : comme me le faisait remarquer M. Dumas, parcheminier à Annonay, il est tout à fait incorrect de parler d'une peau en plastique…
DVD Pal toutes zones, Français-Anglais
2 DVD toutes zones et un livret
Cette méthode, la quatrième d'une série éditée par Le Salon de Musique, est consacrée au tambour iranien ici dénommé tombak mais plus connu chez nous sous le nom de zarb. Le premier DVD contient un documentaire sur cet instrument en présentant notamment toutes les étapes de fabrication, du choix du bois à la pose de la peau en passant, naturellement par le tournage du fût. Le livret (77 pages au format d'un boitier DVD) reprend également un certain nombre d'explications sur l'instrument et son histoire et présente quelques innovations récentes permettant notamment de régler la tension de la peau, ce qui n'est pas possible sur les instruments traditionnels. Le premier DVD contient également tout un concert solo de Majid Khaladi, au tombak naturellement, mais également au daf et dayré (deux types de grands tambourins à anneaux suspendus) et aux petites cymbalettes de cuivre (c'est fou ce que l'on peut faire avec quatre minuscules cymbalettes…).
Le second CD constitue la partie méthode proprement dite et propose de travailler, partie par partie, une longue suite en 6/8 puis une " fantaisie ". Bien entendu le point de départ est l'étude des frappes de base, puis les frappes et ornements supplémentaires sont introduits au fur et à mesure des besoins du morceau. Iranien d'origine, Majid Khaladi est un maître en la matière, disciple de Hossein Thérâni (compositeur des deux suites étudiées), c'est à dire d'une école différente de celle de Chemirani. Parlant parfaitement le français, ses explications sont très claires et la méthode parfaitement adaptée à un débutant et tout à fait autosuffisante (à condition de savoir, naturellement, percevoir ses propres défauts et savoir s'autocorriger). N'ayant malheureusement pas de tombak sous la main, j'ai suivi les premières leçon avec ce dont je disposais (une bonne derbouka) et, malgré un rendu sonore différent et une position de main gauche inadaptée compte tenu de la différence de forme du fut, j'ai rapidement intégré de nouvelles techniques… et fait travailler ma mémoire... J'avoue d'ailleurs que je n'ai pas vraiment l'intention de me mettre à ce type de percussion (la vie est trop courte pour avoir le temps de tout apprendre…) mais j'ai trouvé un grand intérêt à visionner cette méthode car elle permet de bien comprendre la technique de l'instrument et j'ai ensuite revu le concert du premier DVD avec une écoute très différente de par ce que j'avais appris, concrètement les doigts sur la peau… Signalons d'ailleurs que le support DVD est très bien exploité car, outre une excellente qualité tant visuelle que sonore, le menu permet de faire tourner en boucle certains exercices, de ne visionner les explications que la première fois et de passer éventuellement outre ensuite etc… Il ne manque que la possibilité de régler la vitesse ! J'ai juste eu des problèmes avec les sous-titres espagnols qui apparaissent parfois sans qu'on l'ai demandé…
Cette méthode s'adresse donc naturellement à ceux qui voudraient débuter sur l'instrument et n'auraient pas la chance de pouvoir prendre des cours auprès de Majid Khaladi à Paris ou auprès d'un autre maître, mais beaucoup plus largement, à tous ceux qui voudraient avoir une bonne connaissance de cette percussion afin de mieux profiter de ses concerts ou enregistrements. De ce dernier point de vue, je regretterai seulement, que les différences entre écoles ne soient pas davantage explicitées, que la discographie soit quasiment exclusivement celle de Majid Khaladi (disponible en France chez Buda, Al Sur…) et que l'instrument n'apparaisse jamais, même dans le reportage, dans un contexte de musique d'ensemble pourtant cité.