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Chroniques CD
(5/16)

De temps à autre, l'un ou l'autre d'entre vous me fait parvenir son CD (y compris des démos) afin que j'en parle plus en détail dans mes infos, voici les chroniques ainsi rédigées depuis début 2004 (Tout ceci est indépendant des chroniques que j'ai rédigé pour Trad. Magazine).... 
Sommaire de toutes les chroniques


La Chavannée

"Avant soleil levé"

 

Un nouvel opus des Chavans c'est toujours un évènement, d'autant que leur précédent CD " Bateau doré " datait déjà de 1998 (mais les différents membres du groupe ont, pour la plupart, enregistré dans d'autres formations depuis…). Si, pour vous, la Chavannée c'est avant tout la musique à danser, les bourrées au son des vielles et cornemuses, vous allez être déçus, autant vous prévenir. Mais si vous êtes amateurs de chant traditionnel arrangé à la mode actuelle, si vous aimez Frédéric Paris chanteur et clarinettiste, vous allez être comblé car cet album a, indéniablement, une couleur très " Paris " et même pourrait-on dire, dans le prolongement logique de l'évolution musicale de ce que nous donne à écouter Frédéric depuis le début de son activité. Il signe en effet tous les arrangements du CD ainsi que les musiques dont il rhabille des textes traditionnels sur près de la moitié de ces chansons (le jeu est de deviner lesquelles sans recourir au livret, c'est relativement évident pour certaines, moins pour d'autres…). Et lorsque je parle d'arrangement, c'est d'orchestration qu'il faudrait parler puisque, à l'image de ce que nous a offert G. Chabenat dans le récent " Nohant " des Thiaulins, mais dans un style naturellement différent, F. Paris utilise les musiciens de la Chavannée non plus simplement pour jouer des mélodies ou tenir des voix mais bien pour modeler ensemble à coup de touches colorées, les accompagnements qui vont soutenir et mettre en valeur les chanteurs, généralement solistes. Que les amateurs de coups de quatre se rassurent : le fameux pupitre de vielles de la Chavannée (Maxou, Patrick Bouffard et Marc Peroneille) a quelques occasions de se lâcher mais toujours en cohérence avec cette construction autour des parties chantées. Car il n'y a aucune plage purement instrumentale sur cet album, mais 14 chansons se rattachant (plus ou moins fortement) au thème de la nuit. Parlons donc des chanteurs, tous de la famille Paris (pas de chanson reprise en choeur comme sur les CD précédents) : pas de surprises avec le couple Frédéric et Eveline dont on connaît maintenant bien les talents vocaux, talents qui s'affermissent d'ailleurs encore d'enregistrement en enregistrement de même que ceux, plus jeunes, de Catherine. Mais, la découvertes de ce CD réside pour moi dans ces parties solo de Manu que l'on avait davantage appris à connaître derrière sa grande cornemuse qu'en tant que chanteur et il nous prouve ici que c'était dommage. Manu est d'ailleurs le seul à user de cornemuses sur ce CD, l'instrument se prêtant sans doute moins aux arrangements de Frédéric, Eric Elsener joue donc uniquement des flûtes ce qui nous vaut d'ailleurs une belle plage où deux flûtes à bec sonnent comme un petit orgue positif. Signalons enfin, pour être complet, que le violon est tenu par Patrick Heinisch et la contrebasse par Jean-Marc Duroure

Y'a pas, on aura pas attendu 8 années pour rien ! En ce moment il tourne un peu en boucle dans mon autoradio... (ce qui ne veut pas dire que je n'écoute que cela puisque je voyage davantage en bus qu'en voiture...)

Coll Modal Plein Jeu (FAMDT)

Dist. L'Autre Distribution

Rappel (bien incomplet...)

Cotillon en 1991 chez Silex, dans cette collection devenue introuvable

CD La Chavannée : Cotillon

"Chants de mariniers" 1994 AMTA K7 coll. "Les musiques du paysage"

Bateau doré 1998 Dist L'Autre Distribution

CD La Chavannée : Bateau doré
Vent de Galarne Bel Orléans

Voir les photos de leur passage à Courcouronnes en 2003 sur ce site


Loulou Djine

"Fragments"

Dans le texte de présentation, à l'intérieur de la pochette, Dragan Ulric, violoniste et chanteur de ce groupe, explique que ces " Fragments " sont, entre autres, ceux de son pays, l'ex-Yougoslavie, qu'il essaie de rassembler en interprétant la musique tzigane, avec des musiciens serbes, croates, bosniaques, macédoniens et tziganes, parce que cette musique était aimée de tous en Yougoslavie, quelque soit son groupe ethnique. Si Dragan Ulric ne semble pas le relever, n'est-ce pas là un beau paradoxe comme seul la musique sait en produire : l'unité d'un pays multi-ethnique au travers de la musique d'une minorité nomade ?… Au sein de Loulou Djine, Dragan Ulric y rajoute, par la présence de divers invités (basson, trombone, violoncelle, programmation etc…) quelques touches d'autres musiques auxquelles il s'est frotté.

Tout cela produit une musique indéniablement tzigane avec un son qualité studio : pas vraiment du tzigane rural, plutôt parfois un peu variété, mais sans le côté péjoratif, plutôt pour le côté populaire. Si la première plage est un pur instrumental, vif mais très construit, où l'on ne s'ennuie pas une seconde, avec de nombreux changements d'instruments, de rythmes et de mélodie, les autres plages sont presque toutes chantées, principalement par Dragan Urlic semble-t-il, dans un style tout à fait adéquat et en laissant toujours la place aux parties instrumentales qui permettent aux musiciens de s'exprimer en dehors de leur remarquable travail d'accompagnement. Les plages alternent les chansons lentes, un brin nostalgiques et d'autres bien plus enlevées, toutes apparemment tirées du répertoire traditionnel.

Une mention enfin pour le petit livret aux superbes photos noir et blanc de Milomir Kovacevic:

http://www.louloudjine.net

Dist. L'Autre Distribution

Rappel : Aldranidjo Exxos Nextmusic2002


2009 : "Zapad" Lire la chronique


Tref

"Loop of the Moon"

CD Tref

 

Je dois dire que la première écoute de ce CD ne m'a pas emballé, sans doute parce que les conditions n'étaient pas optimales (les oreilles un peu fatiguées et la tête embrumée au retour d'un bal, un autoradio standard de chez Renault…) Heureusement, j'écoute toujours plusieurs fois les CD dont je vous entretiens et, en particulier au moins une fois au casque ce qui m'a permis de changer d'avis… Il s'agit du second CD de cette formation dédiée au diatonique qui a évolué en concert en formation variable : ils ont joué en Lorraine il y a deux ans et leurs trois concerts présentaient trois formations différentes, jouant sur les combinaisons de deux que l'on peut obtenir avec trois joueur de diatonique. Mais surprise ici, Bruno Le Tron a disparu de l'affiche et ne demeurent que les trois belges du groupe : Wim Claeys et Didier Laloy aux diatoniques et Frédéric Malempré aux percussions. Même si les tempos ne sont pas forcément lents, tous trois nous offrent une musique plutôt intimiste, majoritairement composée par Wim Claeys, un peu également par Didier Laloy et avec un trad. breton au milieu. Un choix esthétique très différent de celui de " Deux accords diront " (qui reste mon coup de cœur de l'année…) avec, ici, très peu de basses ou accords sur les diatos : plus souvent deux mains droites au naturel, presque nues, et lorsqu'une main gauche est active, elle est généralement mixée très en retrait. Les percussions, assez inventives, sont, par contre mixées un peu trop fort à mon goût : visiblement le trio a voulu placer le percussionniste au même plan que les diatos et non dans une simple fonction d'accompagnement. Comme je vous le disais en intro, à la première écoute je n'ai pas vraiment été accroché par un air ou l'autre mais dès la seconde écoute, et à fortiori la troisième, j'ai retrouvé avec un vrai plaisir certaines mélodies, certaines ambiances. Contrairement à ce que pourrait laisser penser la superbe photo de pochette, il ne s'agit pas d'un CD humoristique mais pas ennuyeux pour autant non plus…

http://www.tref..fr

Ed. Wild Boar Music : http://www.wildboarmusic.com

Dist. L'Autre Distribution

Rappel : 1er album TREF " Accordéon diatonique " edit : ALEA 2001

CD n°1 de Tref

et la présentation du troisième opus

Didier Laloy : voir à partir de [Pô-Z]s
 

Pour Bruno Le Tron voir à partitr de celle de Maubuisson "Bréhatitude" (2009)

Wim Claeys : voir à partir de Ambrozijn, ou Göze)

Fred. Malempré

Karoline de la Serna "Traduzca"

TAB "Seahorse"

2017 : participation à l'album de Ialma "Camino - de Bruxelles à Santiago"


Norig

"Gadji"

Norig

Voici une chanteuse qui a indéniablement une voix, une voix à la tzigane, presque à la bulgare, chargée en harmoniques aigües mais capable également de descendre dans le grave. Une voix qui colle tout à fait avec le répertoire tzigane des balkans, à commencer par Eclerzie qui ouvre l'album, chanson traditionnelle célèbre depuis que G. Bregovic l'a reprise pour la BO du Temps de Gitans. Mais il ne suffit pas d'être une chanteuse de talent, qui chante avec ses tripes (sur certaines plages plus que d'autres, d'ailleurs), encore faut-il être bien accompagnée et c'est le cas ici : des musiciens qui ont la pêche propre à ce répertoire, sans jamais être ni envahissants, ni folklorisants, et adeptes de tempos raisonnables. Sébastien Giniaux, le violoncelliste du groupe est d'ailleurs le compositeur de pas mal de titres (il n'y a que cinq traditionnels et cela ne se remarque guère, certaines compositions mettent, par ailleurs, en musique des textes traditionnels…) A la lecture des noms, ces différents musiciens, violoncelliste, violoniste, accordéoniste, guitariste et contrebassiste ne semblent pas majoritairement d'origine tzigane (1), pas plus que Norig d'ailleurs, qui est grenobloise, d'origine espagnole, mais qu'importe puisque le résultat est là… Notons toutefois la présence de quelques musiciens invités, notamment Adrian Receanu dont les parties de kaval semblent insuffler un esprit particulier à la plage 7 qui est, à mon goût, la plus aboutie de l'album (mais n'est-ce pas parce qu'il s'agit d'un des traditionnels comme j'ai pu m'en rendre compte par la suite ?). Signalons enfin que Norig interprète deux chansons en français (et quelques phrases par ci par là) et si elle n'a pas à en rougir, son chant en français a indéniablement moins de timbre, moins de personnalité, moins de caractère et on ne peut donc que l'encourager à continuer à interpréter le répertoire tzigane et balkanique…

En attendant que le site http://norig.recher.free.fr/ soit réellement opérationnel, voir une petite vidéo sur http://www.tv5.org/TV5Site/musique/mondomix.php?id_artiste=737 : extrait de concert et petite interview mais le choix des morceaux ne me semble pas entièrement représentatif …

(1) renseignement pris, l'accordeoniste et le joueur de cymbalum sont moldaves et Norig et ses musiciens travaillent, naturellement, souvent avec des musiciens tziganes : "C'est important car notre musique est le fruit de nos rencontres humaines, culturelles et musicales."

Tzig'Art Coll. Voyage en Tziganie

Dist. L'Autre Distribution


Erik Marchand, Costica Olan, Jacky Molard et Viorel Tajkuna

"Unu daou tri chtar"

Eric Marchand 1234

Norkst

"Kreiz Breizh Akademi"

Norkst

Innacor est un petit label récemment monté par Erik Marchand, Jacky Molard et et qui bénéficie, fort heureusement, d'une distribution nationale

Ces deux CD sont respectivement les deuxième et troisième de la collection, le premier ayant été consacré au clarinettiste turc Hasan Yarimdünia. Un quatrième est déjà prévu : " Jacky Molard quartet ", je pense que nous aurons l'occasion d'en reparler le moment venu…

Si je vous chronique ces deux CD ensemble c'est, tout d'abord que celui d'Erik Marchand est sorti depuis quelques mois déjà et que j'étais un peu gêné de vous en parler avec autant de retard, mais surtout parce que tous deux font intervenir Erik Marchand, soit en tant que chanteur (principalement) sur 1 2 3 4, soit comme formateur, arrangeur sur Norkst. Mais ces deux galettes sont toutefois très différentes et j'avoue une préférence pour la première.

Eric Marchand 1234

Les échanges et partages d'Erik Marchand avec des musiciens roumains ne datent pas d'aujourd'hui : chacun a encore dans l'oreille les deux CD avec le taraf de Carancebes puis son plus récent CD Pruna où l'on retrouvait encore les membres de ce taraf, mêlés aux musiciens bretons mais également à des serbes, moldaves et turcs sous le nom " Les balkaniks ". Jacky Molard était également de toutes ces expériences et Costica Olan également, ce fameux joueur de taragot et clarinette roumain étant également connu chez nous pour deux CD chez Cinq Planètes : l'un en solo dans la fameuse collection aux pochettes noir et blanc, l'autre avec son taraf. Le quatrième compère est un nouveau venu, Viorel Tajkuna est un jeune rom de Serbie (région du Banat), qui manie les claviers : orgue dans son pays et accordéon par chez nous. Tous quatre sont, avant tout, des musiciens hors pair à la technique éprouvée (et fonctionnant à l'oral naturellement), mais surtout aux fortes personnalités musicales et c'est sans aucun doute ce qui explique la réussite d'un tel projet : quelque soit l'origine du morceau : traditionnel breton, serbe, roumain ou composition plus récente, chaque musicien s'en empare totalement, le ressent et s'exprime pleinement au travers de cette mélodie, de cette cadence. Il y a, de plus, un respect mutuel bien présent entre ces quatre artistes et jamais l'un n'empiète sur l'autre, quitte à se faire souvent discret derrière le discours du voisin, mais toujours efficace.

Et puis il y a "Jaurès", la chanson de Brel qui vous prendra par les tripes plutôt deux fois qu'une : en breton d'abord, cette langue qu'Erik Marchand sait si bien faire sonner qu'à la première écoute on appréhende même un peu la version française qui viendra en fin de CD, persuadé par avance qu'elle ne pourra avoir le même grain, et puis, petit miracle, Erik la chante avec tout autant d'intensité en français (et sur le même arrangement…) et l'on redécouvre alors phrase après phrase, toute la force du texte de Brel. Je dois avouer que pendant de longues années je n'ai pas supporté les reprises de Brel ou Brassens, tant il me semblait vain de s'attaquer à ces chefs d'œuvre parfait tant pour leurs textes, leurs musiques, leurs arrangements et leurs interprétations originales. La reprise de " Chez ces gens là " par Ange dans les années 70 était d'ailleurs un sujet de discorde fréquent avec mes copains de l'époque… D'autres reprises, surtout les commerciales, m'ont encore davantage convaincu dans cette idée et c'est par des versions instrumentales ("La Marine" par Perrone en premier), voir par des traductions ("Les oiseaux de passage" (1) par Ténarèze ou Brassens en basque par Anje Duhalde ) que j'ai fini par accepter les réinterprétations de Brel ou Brassens (Le Forestier s'en sort également plutôt bien avec Brassens dont il s'est fait le serviteur et l'accent des chanteuses de Laïs sur " Grand Jacques " me fait craquer…). Et là je reconnais que "Jaurès" interprété par Erik Marchand, sur l'accordéon très discret (parfois presque un bourdon) de Viorel, avec l'intervention déchirante du taragot de Costica me fiche davantage de frisson que l'original (il est vrai que cette chanson est tirée du dernier enregistrement de Brel, dont un excès (le mot est faible) de pub à sa sortie m'avait un peu dégoûté à tort…). Pour être complet à propos de ce titre, signalons qu'il avait déjà été réinterprété, en instrumental, par un autre artiste breton : Yan Fanch Perroches sur "An droug hirnez"

Un intéressant petit documentaire vidéo (à lire sur son ordi) entre interview et making-of, mêlant images tournées à Langonnet et quelques images tournées en Roumanie complète le CD et permet de mieux comprendre la démarche et de mieux connaître les quatre musiciens.

 

Norkst

Mais trêve de bavardage (j'en profite, ici je ne suis pas limité en longueur, je peux être presque aussi long que les chroniqueurs de Pastel…), venons-en à Norsk dont le nom pourrait faire penser aux pays scandinaves, mais il n'en est rien, ce mot signifie tout simplement Orchestre (avec la liaison de l'article devant) dans certaine région de Bretagne. Changement d'orientation, puisque nous sommes ici purement en Bretagne (quoique…) et que le quatuor fait place à un ensemble beaucoup plus conséquent de 16 musiciens et chanteurs, jeunes mais pas forcément inconnus, ayant participé durant un an à l'aventure de la Kreiz Breizh Akademi (Académie de musique populaire du Centre-Bretagne) et encadrés par des musiciens reconnus tels Thierry "Titi" Robin, Ross Daly, Keyvan Chemirani, Hasan Yarimdünia, Tamer Girnataci et, naturellement, Erik Marchand. Il ne fallait pas avoir peur pour utiliser le mot " Académie " pour qualifier un tel projet car le terme bénéficiait déjà d'une connotation péjorative (le côté plutôt figé de l'académisme ") avant d'être récupéré par l'émission télé que l'on sait. Mais n'est-ce pas un pied de nez à cette dernière que cette académie de musique populaire qui, loin de formater ses artistes aux style uniforme des productions commerciales actuelles, leur fait travailler sur les tempéraments anciens, que ce soit sur les instruments sur lesquels cela se pratiquait traditionnellement (biniou, bombarde, violon et, naturellement chant), sur ceux plus récent qui furent encore adaptés à ces gammes (clarinettes) ou ceux qui ne l'avaient quasiment jamais été (accordéon diatonique).

Le CD démarre par une première plage très péchue faisant intervenir une bonne partie des musiciens sur fond de batterie très présente. Un son très fest-noz actuel avec bombarde en avant : pas de quoi m'emballer vraiment je l'avoue…. Heureusement, la suite est beaucoup plus nuancée avec beaucoup d'espaces où musiciens et chanteurs peuvent s'exprimer individuellement ou en petits ensemble, quitte à finir certains morceaux beaucoup plus nombreux (mais avec, à mon goût, un manque d'homogénéïté dans ces parties en tutti qui donnent parfois davantage l'impression d'une juxtaposition de voix et de sonorités que l'impression d'un véritable orchestre avec sa texture sonore propre). Le fond est indéniablement traditionnel, tant dans le répertoire que dans le style des chants (on reconnaît la patte d'Erik Marchand) ou les techniques instrumentales, mais la place est laissée à des solos plus libres, tendance musique actuelle ou balançant, tel ce chorus de violon dans les premières plages, entre Grappelli et musiques de l'est. Pas d'académisme au sens poussiéreux du terme donc dans ce CD, mais plutôt un sens créatif puisant dans les richesses et subtilités de la tradition.

Ici également, une petite vidéo complète le CD

 (1) Les oiseaux de passage : musique de G. Brassens sur un texte de Jean Richepin

Pour les deux CD :

Ed. Innnacor http://innacor.free.fr Dist l'Autre Distribution

 

Rappels : Je ne vous rappelle pas la longue discographie d'E. Marchand, elle figure sur son site http://www.erik-marchand.com/

Quatre CDs cités dans la chronique à propos de Brel et Brassens réinterprétés :
Brassens en basque Anje Duhalde.Tenareze Les oiseaux de passage.Lais  : Grand Jacques.

et d'autres encore (cliquer sur les pochettes pour lire les chroniques) :

 


Benoit Guerbigny en compagnie

"La Généreuse"

Benoit Guerbigny en compagnie

L'accordéoniste poitevin Benoit Guerbigny semble aimer les rencontres musicales puisque chacun de ses albums fait intervenir d'autres comparses : on l'a connu en duo avec Robert Thébaut, on l'avait entendu précédemment en quartet avec Buff'Grôl, sa discographie nous indique qu'il a également enregistré en duo avec Christian Pacher et en remontant dans le temps on le retrouve sur un CD de rencontre entre musiciens trad. et orchestre de jazz. Le voici aujourd'hui avec deux comparses dont je vous ai entretenu il y a quelques mois à peine : le violoniste Gabriel Lenoir et le guitariste Aurélien Tanghe qui, avec Benjamin Macke forment le groupe de bal Shillelagh. Il faut bien reconnaître que si Benjamin est loin d'être un mauvais accordéoniste (1), la comparaison des deux formations montre que le métier, la maturité musicale de Benoît Guerbigny nous placent à un autre niveau : outre ses talents d'instrumentiste, il impulse au trio une dynamique, un swing bien particulier et le fait qu'il ait baigné dans le monde de la musique traditionnelle poitevine aux références encore proche n'y est sans doute pas étranger. Un autre indéniable apport au sein du trio est sa compétence en matière d'arrangements : si je ne m'abuse il anime d'ailleurs de temps à autre des stages de musique d'ensemble. Dernier atout dans sa manche, Benoit compose et La Généreuse, qu'il présente comme " une photo sonore de son jardin secret musical " comporte pour moitié des mélodies à lui et, pour le reste des traditionnels bien choisis ou des compositions d'amis ou transmises par des amis… La quasi totalité sont des mélodies à danser (mazurkas, valse, valse lente, bourrées, scottischs et… "avant-deux cercle"), histoire de prouver, s'il en était besoin, que la musique à danser peut n'avoir rien à envier à celle de concert…

 

(1) comme on pourra le constater en écoutant son CD ultérieur dans le Duo Bastringue et puis, si vous lisez les chroniques de Trad. Mag. vous constaterez dans le n°110 que Thierry Laplaud préfère, de son côté, Shillelagh au trio de Benoît Guerbigny…

http://www.benoitguerbigny.com

Dist L'Autre Distribution

Rappels :

En Avant Two : rencontre entre 10 musiciens trad. et l'orchestre de jazz Poitou-Charentes ed. UPCP 1990

Buff'Grôl " Tarale " ed. Modal Plein Jeu 1998

Duo Guerbigny-Thebaut " Les pieds sur la braise " Musique à danser du Poitou 2001

et vol.2 en 2009

L'effet du Logis (Duo Guerbigny-Breugnot) "Tout droit" (2014)

 

Voir également, outre celles de deux albums de Shillelagh la chronique du CD du duo Lenoir-Tangue : "La Maison de danse",

celle de "Rococo Rijsel Trio" de G. Lenoir avec W Schotte et Gerald Ryckeboer

Voir, enfin, la présentation du CD solo de Gabriel Lenoir (2012)


Tre Martelli

"Tra Cel e Tèra"

Tre Martelli  Montgolfière

Tre Martelli est un groupe piémontais (Italie du nord) presque trentenaire et qui, pourtant, demeure relativement peu connu en France.

Leur CD alterne :

- d'une part les instrumentaux dansants au sein desquels les divers instruments (tous acoustiques : violon, violoncelle, accordéon, musette du centre, vielle à roue etc…) se succèdent, s'épaulent, se remplacent afin que l'auditeur ne s'ennuie jamais et que chaque reprise ait une sonorité différente

- d'autre part des chansons généralement beaucoup plus posées, interprétées par la belle voix de Giancarla Guerra , soutenue le plus souvent avec discrétion (et il n'est pas besoin de davantage) par un ou plusieurs instruments

Ce n'est d'ailleurs pas la seule voix du groupe, puisque parmi les nombreux invités de ce CD figurent quelques chanteuses et chanteurs. Je pense que, parmi ces invités, le plus connu par chez nous est le vielleux Maurizio Martinotti…

Les mélodies sont quasiment toutes des traditionnels dont, pour la petite histoire, une " Monferina Provincia di Allessandria " retrouvée dans un recueil d'airs des XVIIème et XVIIIème publié fin XIXème et que le groupe préfère considérer comme une bourrée compte-tenu de son analogie avec nos bourrées, tout comme une seconde mélodie du Piemont. Leur interprétation tend à le démontrer (dans le style 3 temps Berry). Et toujours pour la petite histoire, la plage débute (en français) par la comptine bien connue dans nos cours de récréation " Napoléon est mort à St-Hélène…. " ici tirée d'une publication sur l'épopée napoléonienne dans la chanson populaire du Val d'Aoste.

Felmay - Dunya Records

Dist. L'Autre Distribution

Rappel très partiel :

Omi e Paiz 1995

Semper Viv - 25 anni di canti e danze tradizinoali del Piemonte : compilation des 7 albums produits en 25 ans (2002)


Ambrozijn
"Krakalin"

Krakalin

Avec une régularité d'horloge, le trio flamand Ambrozijn produit un CD tous les deux ans et signe ici son cinquième volume, auquel il faut ajouter un sixième CD réalisé en compagnie de Paul Rans et que je ne connais pas (probablement non importé en France, tout comme leur CD de 2000 " Naradie "). Chacun de leurs albums est marqué par une couleur différente et le précédent se distinguait par une ambiance très folksong. Celui-ci débute par une chanson (" Krakalin ") qui nous place nettement dans l'ambiance des Balkans (presque caricaturale), tant par le côté instrumental que par les voix rauques. Mais cette couleur musicale, à la mode actuellement, n'ira guère au-delà de cette première plage et la suite nous ramène à la chanson, en flamand (un petit côté Rum pas désagréable), en français (l'influence de Gabriel Yacoub est nettement perceptible, c'est d'ailleurs lui qui produit ce CD comme les précédents) ou en anglais (davantage folksong). Si le groupe offre toujours une formule bal (avec Aurélie Dorzée au violon), nous sommes loin ici d'un quelconque répertoire à danser et les instrumentaux presque aussi rares que les traditionnels sur ce CD… Il n'en reste pas moins que l'on apprécie d'entendre l'accordéon de Wim Claeys (qui joue également dans Tref), le violon de Wouter Vandenabeele, la guitare et, surtout, la voix de Tom Theuns, ici parfois rejointe pour notre plus grand plaisir par celle de Vera Coomans.

http://www.ambrozijn.be Dist. L'Autre Distribution

 Voir les photos d'Ambrozijn en concert à St-Chartier 2008 et en bal à Socourt 2010

 

Rappels : disponibles en France

1998 "Ambrozijn" ed. Wild Boar music coll. Alea http://www.wildboarmusic.com dist L'Autre Distribution

2002 "Kabonka" Dist L'Autre Distribution

2004 "Botsjeribo" Dist L'Autre Distribution

? "Naradie (Virgin)

2006 "10" voir la chronique de ce CD Live

Le trio en version bal, sous le nom Balbrozijn a enregistré un titre pour :

 

Wouter Vandenabeele Voir à partir de la chronique de "Chansons sans paroles"

Tom Theuns : voir à partir de son album solo de 2009

 

Wim Claeys : voir à partir de la chronique de Wim Claeys, Frédéric Paris, Gilles Chabenat, Maarten Decombel "Live en Flandre"

 


Tapok

"Tapokapat"

Pour ce CD également, il vous faudra faire preuve de discernement et de perspicacité pour deviner, CD scellé, qu'il s'agit d'un CD de musique réunionnaise (mais l'Autre Distribution le dotera j'espère d'un bandeau explicatif comme ils en ont pris l'habitude.). Cela étant acquis, il ne s'agit pas d'une musique créole de fête mais bien plutôt de chansons à texte, revendicatives. Les voix sonnent très africaines, les rythmes sont variés, entre langueur tropicale (voire cadence reggae) et dynamisme africain (mais qui a dit que la musique trad. réunionnaise se réduisait au maloya ?). L'écoute des paroles permet à l'auditeur francophone de saisir ça et là des mots connus mais pas vraiment de comprendre les textes. Il est alors tentant de se reporter au livret qui les retranscrit intégralement… mais en graphie réunionnaise qu'il vous faudra vocaliser pour tenter de comprendre. Petits exemples au hasard en commençant pas un évident " Pouskafé sa mi koné " ou encore, un peu moins facile " Le mwa d'novanm le mwa lé zavan la fini pasé " ou encore plus hermétique : " Mwin la krwaz out somin dann santié marla ". Vous pouvez d'ailleurs retrouver tous les "teks" sur le site du groupe http://www.tapok.fr

Ed. Cinq planètes Dist. L'Autre Distribution


Serge Desaunay
"Rue du Canal"

Serge Desaunay

Serge Desaunay fait partie de ces musiciens au style bien personnel et, chez lui, c'est même davantage qu'un style, plutôt une atmosphère particulière, un brin musette, un brin nostalgique voire carrément cafardeux (on se souvient de " Matin gris "). Le présent CD s'ouvre de manière plus gaie avec l'originale polka chinoise de Joseph Colombo, moins connue que sa fameuse valse chinoise mais qui en partage quasiment la même introduction et, en tout cas, le même esprit. L'interprétation de S. Desaunay est tout à fait dans le ton, notamment dans le choix d'une instrumentation très variée, presque hétéroclite, tout à fait dans le goût de l'époque (la liste des musiciens invités de ce CD est d'ailleurs assez impressionnante, S. Desaunay n'a visiblement pas fait les choses à l'économie) … La seconde plage est plus actuelle dans son style et puise aux couleurs des Balkans. C'est à la troisième plage seulement que l'on retrouve la nostalgie à la Desaunay, avec une intervention assez originale de Marc Pollier au uillean pipe dans un registre pas du tout irlandais (à quand le uillean pipe musette ?). La plage suivante reste dans le même esprit en un peu plus jazz, aux accents enfumés du bugle de Jean-Luc Cappozzo. Le cinquième morceau est sans doute le plus austère du CD, plus contemporain et les suivants nous ramènent, heureusement, à des couleurs plus musettes au rythme de valses jazzy (toujours quelques interventions de cuivres bouchés…). La plage 9 est une composition de Serge qui ne me semble pas inconnue (je n'ai pas encore retrouvé d'où je peux la connaître…) et on la retrouve avec plaisir avant d'enchaîner sur Fredo Gardoni puis Tony Murena et avant de finir sur deux plages plus irlandaises au rythme bien posé et sur lesquelles intervient à nouveau le pipe de Marco et la banjo de Patrick (et oui, j'avais omis de vous dire que le frère intervient également à la guitare ou au banjo sur plusieurs plages…)

Compagnie du Tire-Laine http://www.tire-laine.com

Dist. L'Autre Distribution

Lire la chronique de son CD suivant (avec discographie)


Jean-François Rossi et Jérôme Richard
"Duo"

Duo

Si, comme moi, vous êtes, de temps à autre, attiré par l'accordéon musette mais que vous n'avez pas envie de tomber sur ces nombreux enregistrements de virtuosité dégoulinante et sans âme, ce CD est un bon choix : du chromatique musette certes, et reprenant quelques standard du genre (Indifférence, Brise napolitaine, L'accordéoniste), mais dans des interprétations bien senties, qui cherchent à se détacher des modèles, qui flirtent parfois franchement avec le jazz (abandon de la mélodie pour improviser sur la grille d'accords, mais toujours de manière temporaire), sans tape-à-l'œil et accompagné par la seule guitare jazzy de Jean-François Rossi qui n'est autre que le fils de l'accordéoniste Joë Rossi et qui honore bien son hérédité. Le répertoire doit comporter des compositions des deux compères mais le livret oublie de préciser les auteurs des différents thèmes (on reconnaît toutefois facilement le style de Piazzola sur le tango qui clôt le disque…)

Cinq Planètes

Dist. L'Autre Distribution


Amorroma / Traces / Zefiro Torna
"Les Tisserands"

 Les tisserands

Je vous ai dit récemment tout les bien que je pensais du récent album d'Amorroma "Balance". Le présent CD nous permet de les retrouver ou pour beaucoup de Français, de les découvrir puisque contrairement à " Balance ", celui-ci est distribué en France (1). Ils se sont fondus pour l'occasion avec les membres de deux autres formations : Traces (sans Karim Baggili) et Zefiro Torna pour former un ensemble de huit artistes.

Il vous faudra recourir à la lecture du livret pour comprendre comment le titre de l'album fait référence au Catharisme qui ne fut pas l'apanage que de l'Occitanie (où il connu sa fin) mais exista également, entre autres, également en Flandres. Si ce mouvement religieux constitue d'ailleurs le thème du CD, celui-ci n'est pas à proprement parler un CD de musique ancienne : la plupart des morceaux sont des compositions de Jowan Merckx ou de la soprano Els Van Laethem. Instrumentaux ou mise en musique de textes de Bernard de Ventadorn de R. de Miraval ou de Peyrol, les différentes plages, mêlent, à des degrés divers, l'esprit de la musique ancienne (du médiéval, renaissance…), des musiques tradtionnelles (rythme de scottisch sur une plage, utilisation de la musette du centre, du bouzouki…), voire de sonorité plus actuelles (sax soprano), le tout sans le moindre heurt, en toute fluidité, certainement grâce à la parfaite maîtrise instrumentale et vocale des huit interprètes et à une bonne connaissance des mondes musicaux qu'ils tissent et métissent ainsi.

(1) souhaitons que " Balance " le soit rapidement, notamment pour que les danseurs puissent profiter du DVD inclus…

Edit : homerecords http://www.homerecords.be

Dist. L'Autre Distribution

Rappel :

Zefiro Torna, fin 2010 "O monde aveugle ! - Songs for the Apocalypse"

En 2016 : Zefiro Torna - Franck Vaganée trio "Scattered Rhymes"

Didier François : voir à partir de son album avec Gilles Chabenat

Amoromma :

"Balance"
Amorroma Balance

en duo : "La-bas dans ces vallons" (2010)

Vincent Noiret voir à partir de Nisia "Eredita" (2013)


Karim Baggili
"Douar"

 

Grâce à cette technique de jeu qui permet de détacher une mélodie sur un accompagnement en arpèges, la guitare est certainement l'un des instruments les mieux adaptés au jeu soliste et ce CD soliste le confirme s'il en était besoin puisque l'on ne s'y ennuie jamais et qu'il est tout à la fois dynamique, prenant et reposant. Karim Baggili, jeune guitariste belge d'origine jordano-yougoslave y interprète quasiment seul (à peine un peu de cajon ou de conga sur deux plages) ses compositions qui se situent à la frontière entre guitare flamenco et guitare classique espagnole (frontière on ne peut plus indéfinissable s'il en est…) lorsqu'elles ne s'inspirent pas également d'autres ambiances. C'est notamment le cas lorsqu'il joue, toujours avec le même talent, le oud. Ce CD soliste n'est d'ailleurs qu'un des aspects de ses activités musicales puisqu'il a son propre quartet (CD "Cuatro con Cuatro" que je n'ai pas eu l'occasion d'écouter) et qu'il n'était autre que le guitariste et joueur de oud du groupe trad. Dazibao, (formation qu'il a maintenant abandonné ce qui explique son absence lors du concert de ce groupe à St-Chartier 2006) et qu'il manie la guitare électrique dans d'autres formations lorsqu'il n'accompagne pas Christian Merveille ou Yvette Berger…

http://www.karimbaggili.be

Edit : homerecords http://www.homerecords.be Dist. L'Autre Distribution

Karim Baggili oud et guitare

Karim Baggili mars 2007 cliché J.L. Matte

Rappels :

* Karim Baggili Quartet"Cuatro con cuatro" Homerecords 2005
Karim Baggili Quartet

* au sein du groupe Dazibao " Alma " même éditeur et dist L'Autre Distribution
Dazibao

 

* Karoline de la Serna "Traduzca" 2009 lire la présentation ici

* "Lea & Kash" en 2010 chez Homerecords toujours

Karim Baggili featuring Le Trio Joubran "Kali City" chez Homerecords toujours

En 2016 "Appolo You Sixteen chez Take the bus, son propre label http://www.karimbaggili.be

* Voir également sa participation au CD de Thierry Crommen

* et même si son nom n'apparaît pas sur la pochette, c'est lui qui accompagne Christian Merveille dans le spectacle pour enfants très intimiste "Sur le bout des doigts":

Son nom apparait par contre bien sur la pochette du CD "Le moulin des comptines" (2009) avec ce même chanteur pour enfants

Il participe en invité aux CD du groupe Turdus Philomelos

Il intervient sur une plage de l'album KV express "Zaphon"


Mireille Ben ensemble
"Miniatures"

 

Calicanto
"Isole Sanza Mar"

Une fois n'est pas coutume, voici une chronique commune pour deux CD dont le premier est consacré à des chansons traditionnelles françaises et l'autre aux musiques des Collines Euganéennes, région au Sud-Est de Padoue. Mais tous deux nous viennent d'Italie et, si vous lisez Trad. Mag., vous savez, depuis le n°106, que Mireille Ben, d'origine française, vit depuis de longues années déjà dans le Tessin (c'est à dire, pour brouiller un peu plus les pistes, en Suisse, mais italophone.). Et tous deux nous permettent d'entendre, aux cornemuses du Centre, Gabriele Coltri dont le jeu a atteint une réelle maturité qu'il met ici au service aussi bien de l'accompagnement du chant de Mireille Ben, que du jeu de groupe dans Calicanto. Il entre maintenant dans le club des très bons cornemuseux : belle sonorité, justesse sans accroc, précision, sensibilité du jeu, tempos et cadence, rien à redire : écoutez en particulier son interprétation parfaitement balancée de la célèbre mazurka de Lanternaire (en polyphonie, merci la technique…), intermède instrumental au sein du CD de Mireille Ben. Sur le CD de Calicanto, il s'offre le plaisir d'un duo avec la cabrette de Dominique Paris himself sur une polka d'Alfred Mouret, air dont la présence sur le CD se justifie par un jumelage du Parc naturel des volcans d'Auvergne avec celui des Collines Euganéennes (il serait intéressant que ce jumelage favorise la diffusion en France du CD mais je ne l'ai pas encore vu au catalogue de l'AMTA…)

Mais, bien que très importante, la présence de ce sympathique cornemuseux ne constitue, naturellement, qu'une partie du contenu de ces albums et il serait injuste de ne pas rendre compte plus en détail, par exemple, du talent de Mireille Ben qui interprète un petit florilège de traditionnels français, plutôt connus, mais dans des interprétations non dénuées d'intérêt, d'une voix décidée et joliment teintée d'une pointe d'accent italien. Certains arrangements sont originaux, par exemple cet accompagnement non rythmique du seul percussionniste sur la Perdriole (il gagnerait toutefois à être un peu plus discret…). Quant à la version du Maître de maison, bien balancée, elle me réconcilierait presque avec cette mélodie trop rebattue.

Calicanto, de son côté, est un groupe qui a déjà 25 ans d'âge et dont l'effectif a naturellement évolué avec le temps (je me souviens d'avoir fait un stage avec leur premier cornemuseux…). Leur musique, acoustique, est parfaitement en place, autour de la belle voix de Claudia Ferronato et de celle de certains invités. Si l'album est consacré au répertoire des Collines euganéennes, région naturelle présentée dans le véritable livre qui constitue l'écrin de ce CD (textes en italien traduits en anglais, et même en français et espagnol pour le texte de présentation), ce thème est pris avec une certaine liberté et le CD comporte également quelques compositions et quelques morceaux exogènes tels la polka déjà citée. Si le livret laisse apparaître un nombre conséquent d'invités, du chanteur provençal J.M. Carlotti, aux galiciens de Milladoiro en passant par une harmonie entière, on se demande, après la première écoute, où tant de musiciens ont pu intervenir puisque les arrangements sont très épurés, sans jamais rien de superflu et avec un beau travail sur les sonorités. Les parties chantées sont, d'ailleurs, souvent accompagnées par un seul instrument, voire un bourdon. Il faudra donc réécouter le CD avec le livret sous les yeux pour saisir qui joue quoi dans ce voyage sur les " îles sans mer " (1)

(1) voir la photo de courverture ci-dessus pour comprendre le titre

Mireille Ben Ensemble est édité par Folkclub Ethnosuoni http://www.folkclubethnosuoni.com

Calicanto est distribué par Felmay : http://www.felmay.it

Gabriele Coltri est un musicien qui multiplie les participations à divers groupes, à chaque fois avec d'autres comparses : ses précédents enregistrements à ma connaissance étaient : "Picotage - Noël nouveau est venu " album sur les chants de Noëls traditionnels français (cf ma chronique dans Trad. Mag. n° 104 p.90)

et " Istrophonia " avec le groupe d'Istrie " Marusic Is Trio " (cf Trad. Mag. n°94)

La discographie de Calicanto est assez impressionnante et commence en vinyles, une exemple au hasard (le seul que j'avais sous la main …) : Dièse, compilation à partir de 5 albums publiés entre 1981 et 1991 :


Carré d'Auvergne

"Musiques à danser du Massif Central"

 Carré d'Auvergne

Pour une fois commençons par trois réserves :

- ce CD n'est, à mon avis, pas le meilleur pour apprécier les finesses du jeu de cabrette de Dominique Paris (je garde une préférence pour le CD solo de la coll. Cinq Planètes). Mais, de Café-Charbon à DCA en passant par son duo avec F . Lazarévitch, chacun a pu s'apercevoir qu'il est tout aussi bon lorsqu'il est bien entouré et la prise de son permet tout de même ici de parfaitement entendre les détails de son jeu…

- ce " Carré d'Auvergne " ne respecte pas les lois de la géométrie : un côté cabrette largement dominant (c'est elle qui mène quasiment toujours le jeu et ce n'est pas pour me déplaire après plus d'un demi-siècle de domination du chromatique dans les enregistrements (1)…), un côté accordéon chromatique (Jean-Marie Cantaloube) pas vraiment timoré, un côté vielle (Christine Donnard) dont on percevra surtout le coup de poignet efficace et un côté violon (Francis Donnard) un peu noyé dans la masse, à une plage près… Mais tout cela n'est-il pas finalement qu'une question de perspective qui nous fait percevoir ce carré comme un trapèze ?

- le répertoire reprend pas mal de classiques auvergnats et corréziens, mais ceci est quasiment la règle en matière de production discographique auvergnate où l'on ne compose guère mais où l'on n'hésite pas à reprendre des compositions très datées des années 30,40, voire 60… En cherchant un peu en fin de CD vous trouverez tout de même deux compositions actuelles et, parmi les traditionnels proposés figurent, comme toujours avec D. Paris, quelques versions peu courantes…

Que ces trois pseudos-réserves ne vous détournent donc pas de cet excellent CD qui vous plongera dans l'ambiance musette auvergnat où le chromatique ne craint pas de forcer un peu le ton (écouter en particulier Reine des Pré en plage 8 en particulier). Et c'est finalement dans les vieilles marmites que l'on fait les meilleures potées : pas d'arrangements intellos ici mais une construction traditionnelle jouant simplement sur les ornementations de la cabrette et les registres (ou simples changements d'octaves ?) de l'accordéon. Tout cela pour une musique qui ne vous laissera pas les pieds et les jambes en repos….

Un CD produit par AEPEM (Jacques Lanfranchi et J.M. Péru aepem suivi de @laposte.net), à ne pas surtout pas confondre avec le " Carré de deux " niverno-berrichon paru dans la même collection l'an passé

 (1) domination pas encore totalement achevée puisque sur la photo, c'est encore le cabrettaire qui transporte l'accordéon….

Rappels : Discographie récente de Dominique Paris (sans remonter au premier vinyl de Marc Perrone ni au mythique 33t de Café-Charbon (réédité un temps en CD....):

Dominique Paris : disque soliste chez Cinq Planètes (dist L'Autre Distribution) :

Tri DCA avec Anne-Lise Foy et Hervé Capel :

Avec Basile Brémaud, Anne-Lise Foy et Gilles Poutoux (sous le nom "Les musiciens de Saint-Julien") autour de François Lazarevitch "Danse de bergers, danses des loups - Musiques traditionnelles du coeur de la France"

Ecouter également le duo avec François Lazarevitch sur le CD Paris-Centre chez AEPEM et sa participation au CD de Calicanto "Isole senza mar"


Silvério Pessoa

"Cabeça elétrica - Coraçao acustico"

 Silverio Pessoa

" Cœur acoustique et tête électrique " annonce comme une profession de foi, le titre de cet album issu d'une collection visant à diffuser la nouvelle musique brésilienne. Certains chroniqueurs ont d'ailleurs insisté sur le côté électronique voire " funky " de ce CD : je me suis franchement demandé s'ils avaient eu la même galette que moi dans la pochette : je n'y ai personnellement entendu que des rythmes franchement brésiliens (forro, samba…), bien balancés et pas mal d'instruments acoustiques : de belles parties d'accordéons (touches piano apparemment) notamment sur une plage, des cuivres, des cordes, des percussions traditionnelles etc… Bon d'accord, la première plage est bien soutenue par une basse électrique mais celle-ci n'a rien de quelconque. Lorsque la batterie démarre, les petites percussions traditionnelles repassent très rapidement au premier plan pour mettre en place le rythme traditionnel adéquat et éviter un glissement vers des rythmiques plus quelconques. Des sonorités électroniques se perçoivent également sur certaines plages mais ce ne sont pas elles qui donnent la couleur principale à ce CD que j'ai bien apprécié (sinon je ne vous en parlerai pas) car tout à la fois bien brésilien (le charme de certains rythmes et de cette manière de faire chanter la langue portugaise…) mais qui ne fait jamais dans la carte postale…

http://www.silveriopessoa.com.br

Edit. Outro Brasil : http://www.outrobrasil.com Dist : L'Autre Distribution


euroCELTES

1ère édition

 CD du festival Euroceltes 2006

Je vous avais signalé en son temps, c'est à dire en mai 2006, la tenue du festival Euroceltes à Strasbourg. Les organisateurs n'ont pas fait dans le détail puisque pour garder la trace de cet événement, ils viennent de publier un coffret comportant deux CD de 74mn et un DVD de 23mn, susceptible d'intéresser bien plus que les spectateurs de cette manifestation.

Le premier CD reprend des extraits des concerts donnés par les invités pros du festival. La prise de son en est de qualité tout à fait correcte.

Fred Morrinson entame au low whistle et démontre que cet instrument ne convient pas qu'aux airs lents et éthérés : il en use ici de manière très dynamique en jouant sur le souffle et les impulsions de celui-ci. Après une seconde plage au border pipe (c'est du moins ce que je suppose à l'écoute…), instrument sur lequel il peut se permettre quelques ornements non tolérés au bagpipe, il passe à ce dernier instrument pour un exercice de virtuosité qui, à lui seul, mérite l'écoute de de ce CD même si ce type d'exercice n'est pas plus votre tasse de thé que pour moi. Fred Morrison est en effet vraiment époustouflant de dextérité, de précision, d'imagination dans les variations et d'aplomb pour retomber sur ses pieds les rares fois où il semble cafouiller un peu (on a du mal à en être certain…).

Après un " Right of Men " instrumental vraiment très Gwendal, le groupe " Les Chum's " interprète un très beau " Danny Boy " : très belle voix, belle interprétation et accompagnement au service du chant.

Jean Baron et Christian Anneix attaquent avec une dans Kef très posée puis continuent sur une gavotte pourlette au tempo très soutenu. Je en suis pas entièrement convaincu par ces cadences (est-ce le manque de danseurs lors du concert ?) En tout cas leur complicité musicale fonctionne toujours…

La prestation du Strathclyde Police Pipe Band de Glasgow est des plus classiques : attaque sur Amazing Grace en solo rejoint par le pipe band, solo des batteurs en seconde plage, suite bretonne puis conclusion sur Scotland the Brave. Heureusement, la qualité d'interprétation est à la hauteur.

Susana Seivane commence par chanter et par faire chanter le public (mais celui-ci est un peu loin des micros…) sur " Tempo de pensar " tiré de son dernier CD. Suivent deux morceaux qui ne doivent pas figurer sur ses CD mais qu'elle joue systématiquement à la fin de ses concerts : " The water is wide " (mélodie bien connue depuis que Renaud l'a utilisée) qu'elle débute seule avant d'être rejointe par les cornemuses des bagad de Lann Bihoué et Kiz Avel pour un bœuf sympathique mais qui arrive un peu trop vite : ceux qui ont entendu son solo en concert sur ce morceau regretteront de ne pas l'entendre davantage seule. Elle poursuit avec le tube de la musique galicienne : la muneira de Chantada, ce qui permet de profiter de sa belle technique et de sa sonorité à la gaïta, mais également des talents de ses compagnons de scène (j'aurai toutefois une réserve sur l'utilisation de la batterie, mise en valeur par le mixage et qui écrase un peu la mélodie au lieu de la relever comme le ferait un tambour traditionnel galicien et une grosse caisse (je sais je le répète souvent…).

Le bagad de Lann Bihoué enfin, ferme le programme de ce CD avec, en particulier, une suite Plinn et démontre que s'il ne participe pas aux concours de bagadoù, il se place maintenant résolument au niveau de ceux de première catégorie, tant par la précision de l'interprétation que par la qualité des arrangements.

Le second CD reprend la quasi-intégralité du concours de bagadoùs divroet et pipe bands qui s'est déroulé lors de ce week-end et si le niveau n'est pas celui des ténors de ce type de formation, il y a des choses intéressantes à écouter ici. Il est d'ailleurs intéressant de constater que ces ensembles de pied de classement dans la hiérarchie des bagadoùs ont un niveau supérieur à celui des meilleurs ensembles des années 60-70 que l'on peut encore écouter sur les vinyles de cette époque. Le niveau des musiciens a progressé, la qualité des instruments et donc de l'accord général également Pour la petite histoire, comme la durée de l'enregistrement du concours dépassait la contenance d'un CD, le bagad de Strasbourg, organisateur de la manifestation, n'a guère eu d'autre choix que de s'autocensurer en partie…

Dernière galette de la boîte, un DVD présente un sympathique reportage sur le festival, en musique quasiment de bout en bout, à l'exception naturellement du discours de Mme le Maire de Strasbourg (1). Visiblement filmé à une seule caméra, le reportage fait un peu dans le zapping mais présente la plupart des acteurs de ce festival en situation. Il est dommage cependant d'avoir cru bon d'ajouter un commentaire dit d'un ton mal assuré et dont on se demande souvent s'il est vraiment à prendre au second degrés humoristique… 

(1) dont la présence sur le DVD ne doit pas être totalement indépendante du financement de la ville à ce projet. Ce passage est d'ailleurs un intéressant témoignage ethnologique sur le comportement de l'élu en public : obligation de glisser quelques mots aux personnes saluées, discours convenu sans aucune idée sous-jacente si ce n'est les remerciements aux organisateurs et aux participants…

Les coffrets sont disponibles aux FNAC de Metz, Nancy et Strasbourg.

Et il sont en vente à 28 € + 3€ de frais d'envoi en France à Euroceltes 2006, "Les Vignes", 2 Rue du Kefferberg 67120 Ergersheim,

Renseignements complémentaires : euroceltes2006 suivi de @wanadoo.fr (chez le président) ou romain_hodapp suivi de @yahoo.fr 


 

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