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Jean-Luc Matte
Infos mumuses

Chroniques CD
(14/15)

De temps à autre, l'un ou l'autre d'entre vous me fait parvenir son CD (y compris des démos) afin que j'en parle plus en détail dans mes infos, voici les chroniques ainsi rédigées depuis début 2004 (Tout ceci est indépendant des chroniques que j'ai rédigé pour Trad. Magazine).... 
Sommaire de toutes les chroniques

 


Les Witches

"Manuscrit Suzanne Van Soldt

Danses, chansons & psaumes des Flandres, 1599"

Une fois n'est pas coutume, parlons d'un enregistrement de musique ancienne, du XVIème siècle plus précisément, soit, comme l'annonce la pochette, du temps de Brueghel. Le répertoire interprété est issu du cahier d'une jeune flamande réfugiée à Londres et dans lequel étaient transcrits pour clavecin les pièces les plus connues à cette époque en Flandres, tant profanes (danses, chansons…) que religieuses (psaumes). Malgré la référence à Brueghel, la tonalité demeure bien davantage celle d'une musique de salon que d'une musique de kermesse ou de taverne et si le livret tente de nous convaincre que la séparation des genres musicaux est une notion moderne, difficile de faire coller l'ambiance musicale des quelques airs de danse de cet enregistrement avec celle des tableaux du maître. Il n'était naturellement pas possible de faire référence à ce dernier sans faire sonner de cornemuse et l'ensemble Les Witches a fait appel pour l'occasion à Mickaël Cozien qui intervient sur cinq pièces avec une reconstitution de cornemuse de Poitou de J.Y Péran. Je ne connaissais pas ce musicien (1), mais son interprétation, notamment sur la première plage, est remarquable. Il est également intéressant d'écouter certaines pièces jouées avec un petit orgue muni d'un jeu à la sonorité très proche de celui d'un hautbois dont l'anche serait à peine pincée et joué quasiment en son continu comme le serait une cornemuse (plage 6 notamment). Voilà un CD qui m'a replongé à l'époque où les folkeux que nous étions, à la recherche de tout ce qui pouvait alimenter nos connaissances, écoutions davantage de musique ancienne qu'actuellement (du Clémencic Consort au Concert dans l'œuf en passant par les Musiciens de Provence ou les Ménestriers), à la différence près que la cornemuse y était très rare à l'époque et qu'il a fallu attendre un bon bout de temps avant qu'elle n'y soit vraiment correctement jouée (mais ici encore, ce sont d'abord les progrès de la facture instrumentale qui ont débloqué la situation…)

Alpha coll. Les chants de la Terre http://www.alpha-prod.com

(1) sauf pour les annonces que j'avais relayées au sujet du vol de sa cornemuse, la chronique de ce CD m'a permis d'apprendre qu'il avait eu la chance de la retrouver…


Mandarine

" Tête en l'air - 22 chansons pour chanter, danser, jouer et rêver "

Réédition 2008 de l'album de 2001 avec deux inédits en plus et une nouvelle présentation

Cet album est réalisé par une association de musiciens bien connue de pas mal d'enseignants pour deux CDs davantage destinés à la danse : " Le bal de Mandarine " et " Le nouveau bal de Mandarine ". On y retrouve d'ailleurs deux plages du second opus (et une du CD " Miniatures ".

Les thèmes des chansons de celui-ci sont souvent à couleur écolo ce qui n'est pas plus mal, même si certaines paroles parfois discutables (" J'aurais dû prendre un avion (…) Ca fait moins de pollution " sic !) ou un peu naïves, mais cela ne donne tout de même pas dans la mièvrerie. Du fait que Mandarine est une association, c'est-à-dire davantage un collectif de musiciens qu'un groupe au sens habituel du terme, la liste des interprètes, chanteurs et instrumentistes et impressionnante (24 personnes) mais ils ne jouent pas tous ensemble, se succèdent plutôt et cela donne une belle diversité à l'ensemble. Les couleurs ne sont pas forcément toujours trad., mais entre instruments type sanza ou diato d'une part et mélodies ou rythmiques d'ici et là, les emprunts aux musiques traditionnelles sont tout de même souvent détectables parmi d'autres influences et tout cela est fort bien arrangé et interprété (j'aime bien notamment les deux voix féminines qui assurent les réponses en harmonie sur certains titres…)

http://assomandarine.chez-alice.fr

Dist : L'Autre Distribution

 

Rappels :

* Miniatures (2007)

* Le Nouveau Bal de Mandarine (2005)

* Le Bal de Mandarine

* La Ronde des Musiciens

* Les Quatre Saisons de Mandarine

* Nous, on t'aime

Tous ces albums sont également distribués par L'Autre Distribution


Didier François

"Sjansons patinées"

On ne se délivre pas facilement de ses idées préconçues : en ouvrant ce CD du joueur de Nickelharpa belge, je m'attendais à un instrumental, ayant encore dans l'oreille son premier opus et oubliant un peu facilement que le double suivant l'avait vu collaborer non seulement avec Gilles Chabenat mais également avec Gabriel Yacoub. Voici donc un enregistrement où, à deux instrumentaux près, les voix ont à nouveau la part belle et si G. Yacoub n'y est pas partie prenante, son influence se ressent encore tant il semble marquer tous ceux avec qui il a travaillé. Et il n'y a pas que Didier François qui soit dans ce cas puisque Tom Theuns (Ambrozijn), et Aurélie Dorzée participent à l'aventure. Deux autres voix se font entendre, celle de Neeka (Ilse Goovaerts de son vrai nom mais cela ne vous en dit sans doute pas davantage, elle semble davantage connue dans le milieu de la chanson flamande dite pop-rock …) et celle de Patrick Riguelle que j'avais personnellement découvert sur l'album " Le grand troupeau " dans une superbe version de Jaurès (1). Une petite recherche sur internet m'a appris qu'il a été le chanteur de Kadril et qu'il a naturellement de multiples autres activités.

Mais revenons à Didier François dont l'univers musical est toujours bien personnel et que son instrument de prédilection, le nickelharpa, ne saurait simplement rattacher à la tradition suédoise. Les traces de celle-ci sont d'ailleurs bien ténues ici et nous sommes bien davantage dans le registre de la chanson, d'ailleurs il use de son instrument souvent à la manière d'un violon (alto), avec une belle articulation qui fait oublier la présence du clavier et un usage modéré du jeu sur plusieurs cordes. Mais il reste tout de même une sonorité bien particulière, plus rugueuse que celle du violon et qui déteint parfois sur le jeu de ses complices. Les textes sont en français et en flamand (avec une part belle donnée à ceux de Wannes Van De Velde, le chanteur récemment disparu), prouvant à nouveau que cette dernière langue s'y prête fort bien à condition de savoir bien la prendre, et, faute de pouvoir comprendre ces paroles en flamand (pas de livret, dommage…) on relèvera par ci par là quelques expressions françaises. Quant aux musiques, elles sont toutes de Didier François, à l'exception d'une Gnossienne (la n°3) d'Erik Satie dans une transcription et une interprétation très particulières mais qui soulignent à nouveau la force des pièces de ce compositeur décidément dans l'air du temps (2). Les harmonies sont recherchées et ne se contentent pas des schémas faciles, confiées à un ensemble qui ne comporte que des cordes puisqu'au nickelharpa (voire violon) de Didier et au violon d'Aurélie, s'ajoutent le violoncelle de Lode Vercampt (3), remarquable notamment sur la Gnossienne et la basse discrète de Peter Verhaegen.

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels

Je viens de découvrir que Didier François et Peter Verhaegen jouaient tous deux sur la BO du récent film "Sagan" (2008) avec Sylvie Testud.

Pour le reste je vous renvoie à ma chronique du précédent CD de Didier

De même, je vous renvoie à ma chronique du CD précédent d'Aurélie Dorzée

et à celles d'Ambrozijn pour Tom Theuns

Patrick Riguelle " Le grand troupeau " un CD avec rencontre de musiciens occitans (Une anche passe) et belges, que j'avais eu le plaisir de chroniquer pour Trad. Mag. (avec attribution des "Bravos !") Vredesconcerten Passendale 1999

Et pour ce qui concerne Lode Vercampt, je vous renvoie à ma page violoncelle dans la musique traditionnelle… et à la chronique ci-dessous…

 

(1) enfin il me semble que c'est lui car ils sont deux chanteurs sur cet album, le second étant Koen de Cauter…

(2) Aurélie Dorzée a enregistré la Gnossienne 1 dans le premier volume d'Aurélia ("Festina Lente") et, tout récemment, j'ai eu l'occasion de vous parler de la version de Gymnopédie 1 par le duo Sandoval-Collet.

(3) je précise pour les français, que Lode est un prénom masculin…

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Tri a tolia

"Zumurrude"

S'agit-il d'un trio ou d'une chanteuse accompagnée ? A l'écoute, c'est, naturellement, la voix de Melike Tarhan que vous écouterez en premier lieu, une voix profonde et grave placée dans la poitrine, mais qu'une plage ultérieure nous fera découvrir tout aussi à l'aise dans un registre plus aigü. Une voix turque, c'est-à-dire à la porte de l'Orient et ornant donc son chants de mélismes mais avec parcimonie. Mais Melike Aarhan n'est pas qu'une voix, elle est également auteur et compositrice de la plupart des morceaux. D'autres musiques sont signées par le musicien iraquien Osama Abdurayol qui tient ici le qanun, cette cithare à cordes pincées orientale dont le son aigu et cristallin vient faire contrepoint au timbre profond de la voix de Melike encore renforcé par les basses du violoncelle de Lode Vercampt. Les deux musiciens nous offrent un accompagnement intelligent, sachant rester discrets lorsqu'il le faut, lorsque l'écoute doit se concentrer sur la voix de Melike, venant renforcer les variations d'expression de celle-ci ce qui n'est pas inutile car de nombreuses chansons sont un peu sur le même type de tempo très posé et, sans cela, l'ensemble pourrait paraître monotone mais, grâce à eux il n'en est rien. Et pour ne rien perdre, le beau livret nous donne en anglais, le sens des différents textes, inspirés par le fameuse légende des Mille et une nuits….

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappel : en 2004, album "Macar" de Melike ou l'on retrouve déjà parmi les musiciens Osama Abulrasol au qanun et, entre autres noms connus, Wouter Vandenabeele et Lode Vercampt

"Inn of love" (2014)

Et pour ce qui concerne Lode Vercampt, je vous renvoie à ma page violoncelle dans la musique traditionnelle… et à la chronique ci-dessus…


Duo Billy - Saunière
"Voile"

Nous connaissions Christophe et sa harpe comme complice de Joane Mc Iver, c'était ignorer ses autres activités musicales (notamment dans le domaine du jazz ou du contemporain) et le voici ici dans un duo 100% cordes aux côtés du nickelharpa (1) d'Eléonore Billy, dans un répertoire qui s'alimente en grande partie des compositions de cette dernière, avec des plages à coloration suédoise naturellement, mais pas uniquement : d'autres pièces sont géographiquement moins connotées et le livret nous indique brièvement les thèmes qui ont inspiré chacun d'eux.

Eléonore Billy enseigne le nickelharpa et joue de cet instrument dans des formations d'esprit assez divers, du conte pour enfant au hip hop. Elle a un jeu assez dynamique avec un coup d'archet qui aime bien swinguer et qui accroche juste ce qu'il faut pour donner du timbre à son instrument. Elle manie également le hardingfele norvégien mais j'avoue que j'accroche moins à ce timbre plus aigü et moins ample et à ce jeu d'archet qui ne semble pas pouvoir décoller des cordes…

J'aime toujours autant le jeu de Christophe à la harpe, très multiforme et sortant bien souvent des clichés liés à l'instrument. Et comme lui aussi aime jouer sur les contretemps, le duo fonctionne tout à fait bien. La harpe assure naturellement le plus souvent l'accompagnement mais passe de temps à autre en voie mélodique, chaque reprise du thème d'une mélodie amenant naturellement un traitement différent par le duo.

Une mention pour la très jolie pochette dessinée par le luthier Philippe Monneret… Avec un tel contenu et un tel emballage, il est dommage que cet album ne soit pas encore distribué…

http://www.myspace.com/duobillysauniere Contact 06-11-34-67-20

(1) certains pensent que puisqu'il s'agit d'une " harpa " bien que l'instrument soit plutôt une vièle, le féminin est plus adapté, mais j'ai toujours eu l'habitude d'utiliser le masculin et le livret semble faire de même ici…

Rappels

* Eléonore Billy a enregistré avec la chanteuse Céline Castano sur son CD " Agitation " (juin 2007)

Octantrion
 

Tokso "Cor amant"
 

* Le livret du présent CD nous indique que Christophe Saunière a déjà participé à une soixantaine de disques… Je ne citerai que ceux que je connais bien, c'est-à-dire ceux du duo avec Joane Mc Iver et dont vous trouverez les chroniques sur ce site

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Folk Music from Mari El - Russia

A la retraite de son poste au Musée des instruments de musique de Bruxelles depuis quelques années maintenant, Hubert Boone n'en reste pas moins actif dans le domaine musical, en tant que musicien au sein de Limbrant, en tant que chercheur (il prépare un nouvel ouvrage sur la cornemuse en Belgique afin de remplacer celui de 1983 épuisé de longue date) et, ici, comme auteur de ces enregistrements de chants et instrumentaux du peuple Mari, une population russe du haut bassin de la Volga que des circonstances familiales ont conduit Hubert Boone à côtoyer régulièrement. Il ne s'agit pas à proprement parler d'enregistrements de collectages puisque musiciens et chanteurs qu'il nous donne à entendre ici font partie de petits ensembles, mais ils témoignent encore, à des degrés divers, d'une vraie proximité avec la tradition. Le peuple Mari est connu en particulier pour la présence d'une cornemuse particulière, le chouvyr, formée d'une vessie sur laquelle sont montée un petit porte-vent et deux tuyaux mélodiques parallèles. L'instrument est serré entre les paumes des mains du musiciens et non contre le corps. Il est dommage que parmi les belles photos de pochette, aucune ne montre l'instrument, il faudra que je vous en mette une sur mon site à l'occasion…. Comme en témoignent les quelques plages du CD sur lequel l'instrument est présent (généralement en solo), l'utilisation de celui-ci est souvent plus rythmique que mélodique : la mélodie est minimale et répétitive mais avec des attaques qui la rendent rythmiquement très efficace et parfois des ébauches de polyphonie assez intéressantes. Le CD permet également d'entendre la cithare kyousle et des accordéons dont certain au jeu très énergique mais ce sont les chants qui sont les plus intéressants, tant par les timbres de voix que par leur structure particulière qu'explique l'ethnomusicologue local Oleg Gerasimov en quelques lignes dans le livret, avec, en particulier, des phrases qui ne sont pas simplement doublées comme c'est souvent le cas dans la plupart des traditions, mais reprises à la quinte.

ETNA http://www.pmp.be Festival de Dranouter http://www.folkdranouter.be

Rappel Livres :

Hubert Boone "Les instruments de musique populaire en Belgique et aux Pays-Bas - La cornemuse". Ed. de la Renaissance du Livre Bruxelles 1983 (épuisé)

(et un ouvrage sur l'épinette dans la même collection)

Hubert Boone et Wim Bosmans "Instruments populaires de Belgique" ed. Peters, Leuven 2000


Eric Montbel - Anello Capuano

"Pranam"

  Nous connaissions déjà, au travers de son action au CMTRA vers les musiques immigrées, l'attachement d'Eric Montbel aux musiques traditionnelles d'autres horizons. Si l'on excepte de petites participations à des enregistrements de Khaled ou d'Iness Mezel (1), cela ne s'était pour l'instant, guère traduit de manière évidente dans ses productions musicales. En déménageant de Lyon vers les bords de la Méditerranée il y a quelques années, il s'est géographiquement rapproché des cultures de ce bassin et nous propose aujourd'hui ce CD réalisé, entre autres, avec les joueur d'oud Anello Capuano.

Le texte du livret, après avoir indiqué que le mot Pranam signifie en sanscrit respect et dévotion, explique que ce CD est inclassable et justifie le métissage musical opéré. Comme souvent dans ce cas, je m'interroge sur l'utilité d'une telle justification qui pourrait laisser entendre que les musiciens ne sont pas totalement convaincus par ce qu'ils font et je pense qu'aucune démarche musicale n'est intellectuellement critiquable du moment qu'elle est sincère, et que seuls peuvent l'être les mots que l'on met autour… Que peut-on trouver à redire sur le fait qu'un joueur de musettes du Centre, dont la connaissance des traditions liées à ces instruments n'est plus à démontrer, mêle ses hautbois et bourdons aux cordes de l'oud d'un italien (Anello Capuano) s'étant longuement formé au contact direct de différentes cultures, d'un canadien (Michel Gay) ayant suivi le même type de parcours en Inde, d'une spécialiste des harpes médiévales (Françoise Johannel), deux percussionistes issus chacun d'une lignée de musiciens, l'une iranienne (Keyvan Chemirani) et l'autre d'Inde du Nord (Ishrad Hussain Khan), sans oublier (comme le fait le texte du livret), un dernier percussioniste (Richard Monsegu), déjà compagnon d'Eric Montbel dans son Jardin des Mystères et venu en invité sur un titre. Malgré cette effectif déjà conséquent, le son n'est jamais celui d'un grand ensemble et tous ne jouent d'ailleurs pas sur toutes les plages et cette démarche va jusqu'à la plage solo ou duo (j'allais parler de confrontation entre les percussionnistes iraniens et indiens mais ce terme passe-partout aurait été très mal choisi pour une telle plage visiblement construite sur le respect mutuel des deux musiciens, de même qu'une autre plage un peu plus loin ou se sont les cordes pincées de deux cultures qui dialoguent de même). Et, si l'on excepte les cornemuses au son continu, quasiment tous les autres instruments, qu'ils soient à percussion ou à cordes pincées, jouent par touches, ce qui confère à l'ensemble une sonorité bien particulière, presque en mosaïque, une mosaïque à l'esthétique arabo-orientale où le mélange des genres ne choquera que les spécialistes.

Les cornemuses occupent une place à part dans cet ensemble et il faut reconnaître que l'instrument peine un peu à sortir des schémas occidentaux (mais le cherche-t-il vraiment ?) et l'on retrouve le plus souvent le son bien identifiable d'Eric, ce dont je ne vais pas me plaindre. La plage 3 est d'ailleurs une composition purement " montbelienne " où chaque note est quasiment, tant du point de vue de la ligne mélodique que de l'interprétation, la signature de son auteur-interprète. Mais faut-il s'en étonner avec ce " Jardin d'hiver " qui ne peut qu'émaner du créateur du Jardin de l'ange et du Jardin des Mystères. Et, comme j'ai déjà du le dire à propos de son précédent CD, malgré un air de déjà entendu (ou peut être à cause de….), je ne m'en lasse pas. Finalement, au sein de ce CD, seule la plage éponyme (" Pranam "), ne m'a pas vraiment convaincu : elle semble vouloir reprendre l'ambiance de certains ragas mais sonne plutôt comme une longue introduction qui ne trouverait pas la sortie… Sans doute demande-t-elle plutôt à être écoutée en concert, je suis volontaire pour tenter l'expérience…

 

Al Sur http://www.alsur.fr

Commande possible sur http://ulysse.ange.free.fr/ULysse_Productions_Disques.html (et il est moins cher en décembre…14 euros port compris, tout comme la réédition de son CD " Chabretas ")

(1) si ma mémoire est bonne, je n'arrive pas à remettre la main dessus…Celui de Khaled est " Ya-Rayi " AZ / Universal

Rappel :

Voir la chronique de son CD "Topanga !"

Topanga

du CD "La Charmeuse de serpent"

CD La charmeuse de serpents Eric Montbel


Florence Pinvidic

en duo diatonique avec Florence Glorion

"Chemins"

J'ai déjà eu l'occasion de vous entretenir de ce duo d'accordéonistes bretonnes, qui viennent de troquer leur nom de Potes Flor' pour celui de Diouflo. Mais c'est sous le nom de l'une des deux, Florence Pinvidic, que sort ce CD qui est tout de même, comme son sous-titre l'indique, bien joué à quatre mains par les deux Florence. Cela est sans doute du au fait que toutes les airs ont été composés par elle et qu'elle doit y tenir un peu plus le devant, mais leur duo fonctionne si bien que l'on ne sait pas vraiment qui joue quoi...D'autant que si ce duo se singularisait jusqu'à présent par la juxtaposition d'un diato et d'un chromatique, Florence Pinvidic s'est mise depuis au diato et n'utilise que ce dernier sur cet enregistrement et rien ne laisse plus transparaître le transfuge tant son jeu est digne de celui des meilleurs diatonistes. Si elles sont toutes deux bretonnes et si leurs premiers CDs laissaient la part belle au répertoire à danser de leur région, un peu à l'instar du CD récent de Yann-Fanch Perroches, celui-ci fait davantage dans les danses de couples, entre valses (qui ont la part belle), scottisch etc.. Et encore, l'absence de rappel des noms de danses correspondant à chaque titre sur la pochette témoigne sans doute que l'album se veut autre chose qu'un simple enregistrement à danser et que nos deux accordéonistes s'accordent le droit à quelques petites libertés. Il n'empêche qu'elles partagent la même pulsation, la même manière de vivre le tempo et c'est un vrai plaisir d'entendre un duo fonctionner aussi bien. L'enregistrement utilise relativement peu la stéréo et vous ne pourrez donc pas séparer les voix, c'est peut-être dommage pour ceux qui voudraient reprendre les arrangements, mais sans doute également un peu délibéré, afin de renforcer encore cet effet de jeu à quatre mains qui n'est pas un dialogue entre deux musiciennes, mais plutôt une construction commune. Je mettrai seulement trois petits bémols, la prise de son est un rien acide, le CD un peu court et, enfin, il est dommage qu'un tel album demeure d'une diffusion confidentielle…

Autoproduction http://diouflo.com

Rappels

Dirak an Dud, 2003 Epuisé

Roc'h Vran, Musiques de danses du Léon, 2006

Folk-Noz, 2007 : lire la chronique


Renata Rosa

"Mantos dos sonhos"

La région du Pernambouc au Brésil ne produit pas que le bois des archets, mais également différents types de musiques traditionnelles que Renata Rosa a appris sur place et qu'elle interprète aujourd'hui. J'avoue que je m'y perd un peu entre tous ces types musicaux du Nordeste brésilien : il est question ici de samba de coco, de toré, du maracatú rural et de cavalo-marinho. Disons, pour faire simple que tout cela a bien davantage d'accointances avec d'autres musiques brésiliennes que j'ai eu l'occasion de vous chroniquer (des repentistas au forro…) qu'avec les types brésiliens les plus connus que sont la samba et la bossa… De plus, si elle s'accompagne parfois au rabeca, un violon populaire brésilien, ou au tambourin, elle bénéficie ici d'un accompagnement très riche, entièrement acoustique et vocal. Un accompagnement qui mérite souvent d'être écouté pour lui-même. J'ai eu l'occasion d'entendre Renata Rosa aux NJP (1), en formation trio et j'ai pu constater qu'elle réussissait, avec cette petite formation, par la force de sa voix et de sa personnalité, à faire vivre une grande scène et à tenir en haleine le public pourtant peu facile à gérer d'un spectacle gratuit en après-midi, avec les allées venues inévitables d'une partie de celui-ci. Cette force se retrouve sur le CD mais l'accompagnement un peu plus étoffé en rend l'écoute encore plus agréable, sans pour autant disperser l'attention ou noyer sa personnalité. Elle aime chanter à pleine voix, mais elle ne dédaigne pas quelques chansons plus en douceur et en émotion. Et puis il y a la musique de la langue portugaise, avec juste ce qu'il faut d'accent brésilien…

(1) " Nancy Jazz Pulsation " et je viens de vous mettre les photos à l'adresse : http://musette.free.fr/festivals/renata1.htm

Outro Brasil, Dist France l'Autre Distribution http://www.outrobrasil.com/renata.php

 

Rappels :

- Zunido Da Mata (2003, Outro Brasil Dist l'Autre Distribution)

- Renata Rosa et ses musiciens interviennent sur une plage du CD Clapotis…Coll. Fil de l'air, vol.5, en compagnie de classes primaires (un CD sur lequel on retrouve également et dans les mêmes conditions, Bernard Subert). Production Les Temps Chauds, Dist L'Autre Distribution


Mostar Sevdah Reunion

"Saban"

Voici un CD joliment présenté sous forme de livret cartonné avec un dessin de couverture plutôt réussi, dommage que la couleur en soit un peu trop neutre. Le texte du livret (trilingue anglais-allemand-français) nous fait découvrir la personnalité pour le moins originale de Saban Bajramovic, gitan de Serbie né en 1936, qui débuta la musique en prison (pour refus d'aller à l'armée), ne sait pas combien il peut avoir de fils naturels par le monde, ne respecte rarement ses engagements etc… L'auteur de ce texte bien tourné nous indique d'ailleurs qu'il devait réaliser un film en parallèle avec le présent CD mais rien n'indique ce qu'il est advenu de ce projet. Si Saban Bajramovic a ainsi eu une vie mouvementée mais active, avec 20 albums environ à son actif, cela ne se ressent pas vraiment lorsqu'il chante, toujours en pleine possession de ses moyens, passé 70ans, avec juste cette douceur qui feutre un peu le timbre avec l'âge et le rend d'autant plus attachant. Les textes de ses chansons (ses propres chansons et deux traditionnels) parlent de la vie, des femmes, xxxx mais peu importe de les lire ou non (en version originale ou en anglais dans le livret) pour les comprendre, l'important demeurant la chaleur de cette voix, aux ornements qui passent si naturellement. Cette voix portée par des musiciens qui savent rester en retrait lorsqu'il le faut (très belle plage notamment avec juste un accordéon et un batteur très discret) mais qui se ménagent également quelques transitions instrumentales durant lesquelles ils s'expriment davantage et qui, naturellement, soutiennent parfaitement le rythme et sur les plages plus enlevées. Il faut dire que le Mostar Savdah Reunion n'a plus à prouver ses talents d'accompagnateur, comme il l'avait déjà fait pour ce même Saban Bajramovic par le passé, ou, plus récemment pour Ljiljana Butler, deux grandes voix des Blakans.

Snail record 2008 Dist L'Autre Distribution

Rappels

Ljiljana Butler " The Mother of Gipsy Soul " (accompagnement par le Mostar S.R.), Snail record

Mostar Sevah Reunion " A secret gate " Snail record 2003

Ljiljana Butler " The legend of life " (accompagnement par le Mostar S.R.), Snail record 2007

Mostar Sevah Reunion " Cafe Devdah " Snail record 2007

Dist L'Autre Distribution pour l'ensemble


Les Brayauds

"Bourrées du massif central Vol.1"

Le CD solo d'Ivan Karvaix a fait suffisamment parler de lui cet été pour éclipser un peu cette autre production de Basse-Auvergne… au sein de laquelle il intervient également. Les Brayauds nous offrent un CD multigroupes qui n'a rien d'une compilation (ici aussi il serait bon de le signaler visiblement à l'extérieur). C'est d'ailleurs presque une habitude et cela correspond d'ailleurs à l'esprit de cette association qui a su générer pas mal de groupes. Ils sont cinq à intervenir ici, pour un répertoire constitué, comme l'indique le titre, uniquement de bourrées, à trois temps naturellement. Il en est peut-être qui se lasseront de xxxx mn au même rythme et quasiment au même tempo, voire dans le même esprit car ces interprétations sortent bien de la même école, de la même façon de concevoir et, surtout, de danser la bourrée d'Auvergne "façon Brayauds", un style bien reconnaissable chez ceux qui sont passés en stage chez eux, tout en énergie contenue, technique mais intériorisé, non expansif, (leur style musical l'est heureusement un peu plus…). Mais la diversité des formations instrumentales, voire des interventions vocales, ravive l'attention à chaque plage. Le CD débute d'ailleurs de manière plutôt originale par un bel unisson clarinette et sax soprano, rejoints ensuite seulement par un diato. Il s'agit naturellement de Bardane avec les frères Champion, et Sonia Rogowski (et Fabrice Lenormand mais plus tard seulement), puis interviennent des formations bien connues : Faï Petar, exceptionnellement en version clarinette-diato pour cause de naissance, Komred, et d'autres dont j'ignorais l'existence mais au sein desquelles on retrouve certains musiciens que l'on avait entendu sur le double CD consacré à J.B. Bouillet : Airbag, Tradicomix, Vert de Lune, L'Armoire bleue, Chez Tricoine. Côté instrumentation on se situe en Basse-Auvergne et s'entendent donc davantage de musettes du Centre ou Béchonnet (Y. Karvaix, M. Barse, C. Robert, F. Lenormand…) que de cabrette (Jacques Puech) et le violon domine, qu'il soit dans les mains d'Eric Cousteix, Clémence Cognet, Romain Maurel ou des quatre membres de Chez Tricoine, . Le livret nous livre naturellement les sources de toutes les bourrées interprétées : 17 traditionnels collectés auprès de grands noms du violon traditionnels : (Henri Tournadre, André Gatignol, Alfred Mouret, Antonin Chabrier, Gustave Ythier) mais églament de quelques autres musiciens et chanteurs moins connus et deux compositions plus récentes venues se glisser parmis ces traditionnels afin de tester votre sagacité (défense de lire le livret avant…). Et puis, comme toujours, la mention " Vol.1 " sur la pochette est de bon augure….

 

Production Les Brayauds Centre départemental des musiques et danses traditionnelles 63 Le Gamounet 40 rue de la République Saint-Bonnet Près Riom 04-73-63-36-75 brayauds@wanadoo.fr

Et naturellement disponible auprès de l'AMTA http://www.amta.com.fr

Rappels : voir la discographie en fin de chronique du CD d'Ivan Karvaix

Voir également le CD du trio Airbag "Polyphonies pour cornemuses"

Le volume 2 est paru en 2014


Planètes Musiques

9ème édition

Nouvelles musiques traditionnelles

C'est reparti pour la neuvième année de cette manifestation montée par la FAMDT afin de promouvoir les musiques traditionnelles au travers de leurs formes les plus actuelles. Et si la partie concerts ne débute réellement qu'en février, le présent CD est déjà là pour nous faire entendre les groupes sélectionné, à la fois bénéficiaires de ce coup de projecteur et porte-paroles de tout un mouvement musical. Les choix de cette édition 2009 auront rarement autant insisté sur le terme " nouvelles " le du sous-titre " nouvelles musiques traditionnelles " : de Valentin Clastrier et sa " vielle à roue explosive ", au trad-jazz parfois presque free des Niou Bardonphones, en passant par le " Trafic sonore " de François Robin à la veuze, , les accompagnements électros de Yudal Combo ou encore le dialogue entre le fifre de Sylvain Roux et le chant japonais d'une joueuse de koto, les bourrées de Dzouga ! sonnent comme une bulle d'air frais auvergnat. Mais que l'on ne s'y trompe pas, si leur musique sonne plus trad., jamais violoneux traditionnels n'ont joué ainsi à deux violons… De même, les chansons occitanes de Du Bartàs (avec Laurent Cavalié) sont moins expérimentales que les premiers artistes cités, mais d'une interprétation tout autant actuelle puisque, par le passé, jamais ces textes n'avaient flirtés avec certains des rythmes qui les accompagnent aujourd'hui. Et même le groupe klezmer (Kabbalah), sonne bien différemment de ce que l'on a l'habitude d'entendre en la matière. Bien entendu, on n'aime ou on n'aime pas de voir nos musiques s'acoquiner avec tel ou tel autre style, on pourra trouver que certains métissages ont, aujourd'hui un air de déjà entendu, depuis bientôt presque 40 ans que des artistes expérimentent les mariages musicaux entre musiques trad. et courants plus dans l'air du temps. Et si, finalement, le plus étonnant à l'écoute de ce CD ce n'était tout simplement la voix de Y.F. Kemener chantant en occitan ? Mais, dommage, si cette plage en duo avec Renat Sette figure sur le CD, les deux chanteurs ne font apparemment plus partie de la programmation, pour une raison que j'ignore, remplacés par Benat Achiary en trio.

Comme les années précédentes, chaque groupe est présenté par deux plages et c'est une très bonne chose car les deux sont le plus souvent suffisamment très différentes et montre qu'aucun de ces ensembles ne saurait se réduire à une seule image sonore. Précisons enfin qu'il s'agit bien d'une compilation, avec parfois des plages issues de CD à paraître (F. Robin par exemple) mais avec tout de même quelques enregistrements qui ne paraîtrons peut-être jamais ailleurs. Je ne suis jamais très fan des compilation mais celle-ci peut-être un bon moyen de se tenir au courant des expériences des uns et des autres si vous ne vous sentez pas d'attaquer d'entrée de jeu 50mn des expériences sonores de l'un ou l'autre… Mais le mieux reste tout de même d'aller les écouter en concert…

FAMDT http://www.famdt.com

Rappel : voir la chronique de celui de 2008

celle de l'édition 2007 et le rappel des premiers


Le Comité

"Comment faire"

Il y a eu tout d'abord le duo Roche-Breugnot : le joueur de diato du trio Bouffard, acoquiné avec un violoneux dans un répertoire essentiellement auvergnat. Leur CD " Finissez d'entrer " n'était pas passé inaperçu lors de sa sortie. Puis le duo est devenu trio sous l'appellation " La Fabrique ", avec l'intégration d'un des invités de ce premier album : le chanteur et percussionniste Laurent Cavalié. La couleur musicale s'est, dès lors, élargie de la musique instrumentale à danser de Haute-Auvergne vers la chanson occitane comme en témoigne encore leur CD au joli titre "Acide folklorique et produits dérivés ", sans pour autant renier la Montagne puisque sur le second opus, " Nuit ", le trio fit appel à André Ricros. Visiblement toujours avides de rencontres et de partages, c'est avec le groupe inclassable Joglar'Verne (1) qu'ils se sont maintenant associés pour nous produire ce CD très tonique et naturellement bien différent du duo de départ puisque l'effectif est maintenant monté à 7 musiciens pour une vraie musique de groupe, quitte à décevoir les amateurs de violon ou de diato puisque les interventions de ces deux instruments sont, naturellement moins omniprésents, davantage dans les accompagnements. L'ambiance est plutôt festive, voir un peu déjantée, les membres de Joglar'Verne ayant visiblement apporté un côté tchatche et quelques exotisme mais qui ne remettent pas en cause la couleur de base très occitane du groupe. D'ailleurs les voix qu'ils apportent se marient très bien à celle de L. Cavalié. Mais si l'esprit n'est pas vraiment à la mélancolie, ceci n'empêche pas, mine de rien, une belle rigueur dans les arrangements et dans l'interprétation. S'ils continuent sur leur lancée, le prochain opus devrait les voir s'associer, en plus, à une harmonie ou un big band et le suivant y ajouter un orchestre symphonique et quelques choeurs… Je ne doute même pas du résultat qu'ils pourraient nous produire ainsi…

 

Sirventes : http://www.sirventes.com Dist France : L'Autre distribution

(1) un groupe que je ne connaissais pas mais dans lequel œuvre actuellement Cyril Roche (vous suivez ?). Je les ai trouvés qualifiés de " ragga new folklore " sur internet…

Rappels

Duo Roche-Breugnot " Finissez d'entrer " Studio Blatin 1997

La Fabrique " Acide folklorique et produits dérivés " Modal & AMTA 2001 Dist France l'Autre Distribution

La Fabrique et André Ricros " Nuit " Nord-Sud & AMTA 2002, dist Nocturne et naturellement VPC auprès de l'AMTA

Laurent Cavalié a également enregistré avec le groupe Du Bartas "Turbo baleti" en 2007


et leur second album, est paru en 2009 : lire ma chronique

Il a également composé et enregistré "Le carnaval des insectes" pour la cité des insectes Micropolis à saint-Léons (fev. 2007 - Micropolis disponible auprès de l'AMTA)

Jogar'Verne " Mic Cite " Believe, 2007 (double album)

Soli Solet (2009) en solo comme son nom l'indique


Boombal

Vol.1

Il existe déjà un Boombal vol.2 (1) mais il est plus long et difficile de passer de la Belgique à la France pour un tel CD que de franchir l'Atlantique pour le dernier de Madonna. Le principal c'est qu'il finisse tout de même par être distribué chez nous et si les enregistrements datent principalement de 2004 et 2005, cela n'a guère d'importance…

Précisons d'entrée, puisque rien ne l'indique à l'extérieur de la pochette (2), qu'il ne s'agit pas d'une compilation mais, à une exception près je crois, d'enregistrements originaux réalisés en live. Certes, on y retrouve certains groupes sur des morceaux déjà connus par leurs CDs, mais dans de nouvelles interprétations. . Et si les enregistrement ont été réalisés en condition de bal donc, la prise de son ne le laisse pas toujours deviner tant elle donne une impression de proximité avec les instruments.

Malgré la lecture de plusieurs articles sur le sujet, du Canard folk ou de Trad. magazine, j'avoue que j'ai eu un peu de mal à comprendre en quoi les boombals flamands diffèrent réellement de nos bals folks. J'en ai finalement conclu que toute comme la course à pied s'est au fil du temps transformée en cross-country, puis footing, puis jogging, avec forces commentaires pour vous convaincre qu'il s'agissait vraiment d'une nouveauté et que cela n'avait plus rien à voir avec ce qui avait pu être fait précédemment, il s'agit essentiellement d'attirer de nouveaux adeptes en donnant une nouvelle appellation. Et visiblement cela fonctionne puisque les boombals ont attiré une nouvelle génération de danseurs. Bien entendu, les adeptes des sports pédestres vont me rétorquer que les termes cités plus haut recouvrent réellement des choses différentes tant du point de vue de l'esprit que du lieu où cela se met en œuvre, mais avouez qu'entre la théorie et la pratique… Et il en va certainement de même pour ce qui est des boombals qui ont du, en théorie, favoriser un certain type d'apprentissage sur le tas, de danse et de musique. A propos de musique, et puisque c'est ce qui nous intéresse au travers de ce CD, on aurait pu s'attendre, vu le nom et le public visé, à quelque chose d'assez folk-rock, mais non : le CD témoigne d'une instrumentation plutôt acoustique et les rythmes sont parfois soutenus par des cordes mais jamais écrasés à la mode drum and bass (la basse est présente dans pas mal des groupes présents, mais plutôt bien employée et bien mixée) et il y a de très belles plages toutes en douceur. Il manque juste un peu de voix puisque l'ensemble est purement instrumental. Diatos, cornemuses, saxos, violons ont donc la part belle pour interpréter danses de couples, mixers, andro, hanterdro, laridé un rondeau et deux bourrées, avec une grande majorité de compositions. Le livret nous livre la carte de visite de chacun des seize groupes présents : un effectif nombreux, d'autant qu'ils doivent tous être pros, mais un peu faussé par le fait que certains musiciens oeuvrent dans plusieurs de ces ensembles (Toon van Mierlo dans quatre formations différentes par exemple, Wim Claeys ou Pieter de Meester dans trois). Et tous les groupes ne sont pas flamands puisque Minuit-Guiboles est à l'affiche ainsi que Gilles Chabenat et Frédéric Paris au sein de leur quatuor franco-flamand du CD " En Flandre ". Même parmi les groupes belges, certains noms ne devraient pas être inconnus au public français : Kadril, Fluxus, Balbrozijn (version bal d'Ambrozijn), Göze, KV Express, Naragonia (entendu cet été à St-Chartier, mais ici dans leur véritable formation, c'est-à-dire en simple duo) etc. Des musiciens visiblement bien rodés même les plus jeunes et qui affichent une solide technique. D'ailleurs, une seule plage ne m'a pas convaincu…je vous laisse chercher laquelle mais, par contre, je vous avoue que j'ai encore une fois un faible pour le jeu de diato d'Anne Niepold au sein de Balla Vogala sur la suite de valses qui clôt en beauté cet enregistrement.

Et en plus il n'est pas très cher…

Homerecords : http://www.homerecords.be Dist France : L'Autre Distribution

(1) le volume 2 doit être produit par un autre éditeur, voir sur http://www.boombal.be

(2) on trouvera à l'intérieur les dates et lieux d'enregistrements, mais cela ne précise pas toujours clairement qu'il s'agit de prises différentes de celles des CDs des groupes.


Kristen Nogues

Logodennig 1952/2007 (2CDs)

Début des années 90, en Finistère, dans une petite chapelle au pied du Menez Hom, j'ai la chance d'assister à une représentation du superbe film muet de Jean Epstein Finnisterrae (1928), accompagné pour l'occasion par quelques musiciens fort connus et reconnus : Les frères Molard, Jacques Pellen et Kristen Nogues. C'est la seule occasion que j'ai eu d'écouter cette dernière. Pas vraiment de la voir puisque la chapelle était naturellement plongée dans l'obscurité nécessaire à la projection….

Kristen Nogues nous a quitté en juillet 2007. Elle avait débuté la harpe en 1960, à peine âgée de huit ans, avec Denise Mégevand, participé ensuite à l'aventure Névénoé avec Patrick Ewen et G. Delahaie puis à bien d'autres aventures, notamment avec Jacques Pellen son compagnon.

A peine un an après son départ, Innacor publie un double CD d'enregistrements, inédits pour la plupart, de Kristen seule, accompagnée ou accompagnant, mais également de ses amis jouant ses oeuvres. Car Kristen Nogues était une compositrice, au vrai sens du terme, c'est à dire élaborant non pas seulement des thèmes mélodiques, mais développant des pièces véritables. Oubliez vos clichés sur la harpe celtique rythmant une gavotte ou enchaînant des variations sur la ligne mélodique d'une chanson traditionnelle (ce qui ne manque d'ailleurs pas d'intérêt dans un cas comme dans l'autre), ce n'est pas vraiment dans ce registre que s'exprimait Logodennig, " La petite souris ", plus avide d'expériences musicales nouvelles, de rencontres avec des musiciens jazz ou autres.

Les six premières plages de ce double album nous livrent la musique créée par Kristen Nogues et ses comparses pour accompagner le film Finsterrae. Celui-ci étant passé l'an passé sur Arte (mais avec un accompagnement musical plus conventionnel), je vais pouvoir me le repasser en l'accompagnant avec ces enregistrements, histoire de tenter de renverser le temps et revenir une quinzaine d'années en arrière pour mieux faire connaissance…

Innacor http://www.innacor.com

Dist : L'Autre Distribution

 


Yann-Fanch Perroches

EOST

Son dernier album soliste " An droug hirnez " remontait à 1997 il y interprétait gavottes, ridées, ronds de St-Vincent et autres mélodies bretonnes en compagnie de plusieurs amis (Thierry Moreau au violoncelle pour 3 duos notamment, mais également Gildas Boclé, Bernard Le Dréau, Stéphane Morvan, Dominique Molard et Didier Squiban) et ne nous offrait qu'un vrai solo, même si, dans l'ensemble le diato était tout de même bien placé en avant au mixage. Le voilà aujourd'hui sur un pur CD solo comme le veut cette collection et, plus surprenant pour l'ancien accordéoniste de Skolvan, sans aucune danse bretonne, ni même trad. breton. L'album démarre directement par une bourrée puis s'enchaîne avec une valse, puis une scottisch. Suivent deux autres compositions devenues cercles circassiens par la force des choses et la suite est à l'avenant, même si tout n'est pas à danser et s'il prend des libertés avec ce qui pourrait l'être : il n'est pas en bal et il en profite… et nous également, qui l'écoutons, dans un fauteuil, dans notre voiture ou à l'arrêt de bus…. Aucun traditionnel au programme : la plupart des compositions sont personnelles, entrecoupées de quelques emprunts à des musiciens pour lesquels il exprime son admiration dans le livret. Et le style me demanderez-vous ? Et bien il est à l'avenant, très sensible, souvent bien loin de l'énergie nécessaire au fest-noz (quoiqu'il y ait, entre autres, une scottisch qui balance fort bien…) parfois très lié lorsque le répertoire s'y prête. Avec, de ci delà quelques petites originalités histoire de vous faire dresser l'oreille dès la première plage…

http://www.perroches.com

Coll Solistes Cinq Planètes http://www.cinqplanetes.com (je vous donne l'adresse mais le site n'est pas vraiment à jour…) , Dist France : L'Autre Distribution

Rappels :

- Jolie Vilaine (Dist L'Autre Distribution)

- Daou ha daou (en duo avec Fanch Landreau)

- An droug hirnez (1997, Keltia Musique)

 

- Cocktail Diatonique

- Skolvan : Swing and Tears (1994, Keltia Musique)

 

- Skolvan : Kerzh ba'n Dañs

- Skolvan : Fest-Noz live

- Mais sur le double CD Skolvan "Live in Italia", c'est Loig Troel qui tient le diato


 

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