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Jean-Luc Matte
Infos mumuses

Chroniques CD
(12/15)

De temps à autre, l'un ou l'autre d'entre vous me fait parvenir son CD (y compris des démos) afin que j'en parle plus en détail dans mes infos, voici les chroniques ainsi rédigées depuis début 2004 (Tout ceci est indépendant des chroniques que j'ai rédigé pour Trad. Magazine).... 
Sommaire de toutes les chroniques

 


Collectif

"Cornemuses landaises"

Ce CD suit de peu la parution des actes du colloques d'Arthous et a été réalisé par les mêmes maîtres d'ouvrage : le Département des Landes (Conseil Général) et l'Ecole Nationale de musique et de danse des Landes, devenue semble-t-il depuis, " Conservatoire des Landes ". On retrouve également, à la direction artistique et à la coordination (et sur la pochette me semble-t-il, même si l'on y voit que ses mains et sa boha…) Yan Cozian. Outre l'intitulé du Conservatoire, je remarque que le titre a pris le pluriel : si les actes du colloque étaient titrés " La cornemuse landaise - la boha ", le CD s'intitule " Cornemuses landaises ". Un pluriel qui pourra paraître curieux (1) puisque, alors que le colloque a rassemblé des joueurs de boha de tous horizons géographiques (de toute la Gascogne et de plus loin encore…), le CD se concentre sur les musiciens résidant dans le département des Landes. Il ne faudra donc pas s'étonner de ne pas y retrouver nombre de joueurs de boha qui auraient pu sembler incontournables au sein d'un tel enregistrement. Résidant à l'autre bout de la France et ne sachant pas précisément qui réside dans le département des Landes, cela m'évite de chercher à vérifier si tous les landais manieurs de boha sont bien présents ici. Comme dans bien d'autres départements, certains musiciens oeuvrent dans différentes formations et on ne s'étonne pas de retrouver les profs du conservatoire en formation trio (" Pass'Aires ") en sus de la formation plus importante avec leurs élèves et Yan Cozian encore en duo avec un percussionniste (" Duo Cozian-Oberlé ") ou au sein du " Big Band Boha " (où oeuvrent également certains de ses élèves du Conservatoire) et, bien entendu, parmi l'ensemble de 100 bohaires enregistrés à Arthous. Mais tout ne tourne tout de même pas autour de Yan Cozian dans les Landes et on retrouve forcément également des membres de la famille Baudoin, ici au sein de Familha Artus dont je vous ai déjà parlé récemment (" Orb "). Au vu de ce premier regard sur les participants, la diversité des styles et des types de formation, le pluriel du titre commence à se comprendre. Ajoutons-y encore le jeune groupe " Rock'N'trad " et, à l'autre bout du spectre, les musiciens de Confédération des groupes folkloriques et le pluriel se justifie encore un peu plus. Mais, comme cela est clairement apparu lors du colloque d'Arthous, le pluriel s'applique également aux instruments car s'il n'y a historiquement qu'un type de cornemuse dont la tradition populaire est attestée dans les Landes, les évolutions de celui-ci durant les quatre dernières décennies ont produit des instruments finalement assez différents, à l'image de la cornemuse visible sur la pochette, avec ce double bourdon de poche (2), six trous de jeu sur le dessus du tuyau mélodique et, probablement quelques petits bouchons pour changer de gamme. Notons que le même Yan Cozian qui joue habituellement d'une boha de ce type, interprète une plage du CD en solo sur une boha ancienne, celle de Jean Lestage.

Il ne m'est naturellement pas possible de vous donner une impression musicale d'ensemble puisque chaque plage a sa couleur propre, que la boha y occupe une place différente et que la maîtrise instrumentale n'est pas tout à fait homogène (mais rien ne choque, rassurez-vous, le jeu, sur certaines plages, est simplement plus appliqué). La prise de son pourrait parfois avoir un peu plus de rondeur et de proximité (certains autres enregistrements de boha nous y ont habitué).

Le livret donne une belle présentation assez grand public de l'instrument. J'y ai juste relevé deux petites coquilles : la mention de la République Tchèque à la place de la Slovaquie pour les cornemuses cousines de la boha et l'inversion des plages 9 et 10. Mais c'est juste histoire de vous prouver que j'ai bien tout lu et écouté ;-)

Agorila http://www.agorila.com

(1) Je vous épargne " le pluriel qui pourrait paraîte singulier… "

(2) Le bourdon de poche est, si mes informations sont bonnes, une invention d'Alain Cadeillan (naturellement…). Il consiste en un bourdon basse dont le tuyau n'est pas percé dans le bois comme sur les autres types de cornemuses, mais simplement constitué d'un tuyau souple, placé à l'intérieur de la poche (de même que l'anche, naturellement protégée par un petit boîtier). Le choix du tuyau interne à la poche permet notamment, de conserver à la boha sa silhouette habituelle. Un ingénieux système de disques pivotant l'un contre l'autre et dont l'un est doté d'une rigole circulaire prolongeant le tuyau bourdon et l'autre du trou d'évent (éventuellement deux), permet de régler la longueur totale de la perce et donc d'accorder ce bourdon.

Rappel : La Cornemuse landaise - La Boha
Actes du colloque 20 & 21 mai 2006
Abbaye d'Arthous - Hastingues (40)
Conseil Général des Landes http://www.landes.org

Yan Cozian coll. Solistes chez Cinq Planètes, lire la chronique ici

En 2011, les professeurs du Conservatoire des Landes, rassemblé dans l'ensemble Pass'Aires enregistrent l'album "Gasconha, de la memoria a la creacion : lire la présentation ici


Les Frères Nardan

" Nardanie Autonome "

Rappelons qu'ils ne sont pas frères et qu'ils ne s'appellent pas Nardan, mais là s'arrête l'imposture car ce sont de vrais musiciens et leur musique, entièrement composée par leurs soins, n'a rien d'une copie, même si elles s'inspire manifestement des musiques de l'est et notamment de certaines musique tziganes. Ce ne sont pas des inconnus car il s'agit déjà de leur troisième CD et il aura fallu attendre six ans depuis le précédent. Sur les premières plages, l'auditeur peut penser que c'est reparti pour un album de musique de l'est : violon et accordéon mélodiant de concert sur un accompagnement de guitare et de sax baryton. Et puis, quelque plage plus loin il s'apercevra soudain que l'ambiance a tourné au sud, plus latino, avec un sax langoureux. Un peu plus tard c'est une valse très musette qui tranche avec le rythme assymétrique de la plage qu'elle précède. Et encore un peu plus loin, c'est le son d'un mélodica qui le surprendra dans une valse lente à l'atmosphère très cinématographique… Mais tout cela conserve une certaine unité, sans doute parce que musicalement très inspiré…

http://www.nardan.com

Dist L'Autre Distribution

 

Pour compléter cette chronique je vous ai mis des photos d'un de leur concert de l'été dernier en Vendée, prises par F. Devèze sur la page http://musette.free.fr/festivals/nardan.htm


Coriandre

" Se lèva lo vent…. "

" Se lèva lo vent…. " est le second CD de ce groupe de Sommières, en Languedoc. Et tout comme pour le groupe Folkamusette, de l'autre bout de la France, dont je vous ai également chroniqué récemment le second opus après avoir bien apprécié le premier, mon sentiment à la première écoute a été une petite déception. En effet, d'une part, après un premier CD marquant, on attend évidemment un second encore meilleur et, d'autre part, la première audition d'un CD me fait souvent ressortir les points négatifs : ici une rythmique très marquée capable de faire danser le folkeux le moins doué rythmiquement (1) ou quelques harmonies un peu bizarres derrière la boha. Heureusement pour les groupes dont je vous chronique les productions, je procède toujours au moins à trois écoutes dans des conditions différentes (au salon, dans la voiture, au casque etc…) et les suivantes m'ont permis de constater qu'il y a tout de même pas mal de bonnes choses sur ce CD, notamment des parties chantées, en occitan, très vécues, certains traits de flûte (et, de plus, il n'ont pas le complexe français sur la flûte à bec), une impro soufflée chantée à la flûte, des passages de vielle, des envolées de saxo, des compositions agréables (deux trads seulement) et une bien belle pochette pour emballer tout cela…

 

(1) et, de plus, le CD s'ouvre sur une chapeloise et le cercle circassien n'est pas loin. Quant à la bourrée, simplement estampillée " trois temps " dans le livret, elle sent plus la plaine que la montagne…

http://www.coriandre.info

Dist L'Autre Distribution

Rappel : voir la chronique du précédent La Marmita d'Oc

 
et celle du suivant "Lo tornet - Le petit vélo" :

" Itinerança " (2011)


Luc Pilartz, Kieran Fahy et al.

Trip to Ireland

On connaît le goût de Luc Pilartz pour l'exploration de divers horizons musicaux traditionnels : déjà au sein de Verviers Central Trio, le répertoire wallon voisinait avec l'auvergnat et, surtout, avec pas mal d'humour. Puis on l'a connu en touche-à-tout éclairé dans Panta Rhei avant de revenir à un répertoire plus local avec Violons de Wallonie. Ce retour à la maison n'aura eu qu'un temps et il est reparti dans les rythmes scandinaves (tiens, je suis passé à côté de ce CD là…). Le voilà maintenant en Irlande, en bonne compagnie, avec le violoniste Kieran Fahy auprès duquel il jouait déjà dans les années 90 au sein de Shantalla. Muisicien irlandais installé en Belgique, Kieran est également l'un des membres de Valerio. Luc et Kieran jouent à l'unisson ou en harmonie, soutenus par le theorbe de Bernard Zonderman et la guitare ou la mandole de Maarten Decombel (dont je vous ai parlé récemment à propos du CD " En Flandre "). Un CD pures cordes donc, à part, les discrètes apparitions de Philip Masure aux percussions (et encore, ce qui doit être un cajon sur la première plage, par exemple, demeure un peu dans les mêmes timbres.)

Le répertoire interprété reprend quelques classiques : The Fox Chase par exemple (1) mais également des choix plus personnels, des compositions de musiciens irlandais et quelques incursions hors Irlande (Ecosse ou Galice, cette dernière pouvant d'ailleurs difficilement être classée dans les contrée qui entourent l'Irlande comme l'écrit le livret, sauf à considérer une proximité culturelle actuelle…le morceau en question a d'ailleurs paradoxalement pour titre " Asturian Air ", on serait donc plutôt chez les voisins….). J'ai bien apprécié le solo de théorbe sur " My lady Binnis lilt " dans un style très musique ancienne qui marque une sorte de pause très agréable au milieu des coups d'archets . Une atmosphère que l'on retrouve d'ailleurs dans l'intro puis l'accompagnement de la mélodie lente asturienne.

Mais revenons à nos violons qui balancent fort bien, sur des tempis très raisonnables, avec cette assurance des musiciens qui n'ont rien à prouver, juste à nous faire partager leur ressenti musical.

 

(1) voir l'article que Sylvain Roy a consacré à ce morceau dans Trad. Mag. N°103

http://www.indigoasbl.be

ed Wild Boar Music dist France : L'Autre distribution 

Rappels :

Luc Pilartz dans un autre groupe de musique irlandaise : Faran Flad "Maiden Voyage" Wild Boar (2011 ?)

en accompagnement de Ialma "Nova era"

Duo Pilartz-Gielen "Un" 2014

et voir la discographie de de Panta Rhei

Maarten Decombel : voir discographie sous la chronique de :


Mostar Sevdah reunion

" Café Sevdah "

J'apprécie décidément toujours autant ces CD présentés sous forme de petit livres 12x12cm à couverture rigide (cf ceux de La Talvera par exemple). Ils permettent un nombre de page important, ce qui n'est pas un luxe ici car le livret est trilingue français-anglais-allemand pour le texte principal puis toutes les paroles des chants sont données avec une traduction anglaise. Le tout illustré de grandes photos anciennes, dont, naturellement, une du fameux et symbolique pont de Mostar.

Curieusement, le texte principal du livret, ne parle pas réellement de musique, mais du café et de son histoire en Europe ainsi que des cafés en Bosnie Herzégovine, lieux sociaux par excellence. Faute d'autre indication, l'auditeur pourra donc supposer que la musique interprétée ici est probablement en partie issue de ces cafés et notamment les plages les plus intimistes, chantées avec le seul soutien d'une guitare sonnant un peu comme un saz. D'ailleurs si onze musiciens et un quatuor féminin ont participé à l'enregistrement, celui-ci résonne tout de même de l'atmosphère d'une petite formation avec pas mal de quasi-solos, posés et expressifs, de guitare, violon, accordéon etc… Et naturellement, tout cela au service de la voix et, surtout, des textes des chansons. Si les cafés étaient sans doute des lieux réservés aux hommes, les femmes sont quasi omniprésentes dans les textes très poétiques de ces chants. Afin de ne pas réaliser un CD trop monochrome, le Mostar Sevdah Reunion a intercalé quelques airs plus dansants, l'instrumentation y est parfois un peu plus fournie, le chœur féminin y intervient également.

Dragi Sestic productions, Snail Records http://www.snailrecords.com

Dist L'Autre Distribution

Rappels :

Ljiljana Butler " The Mother of Gipsy Soul " (accompagnement par le Mostar S.R.), Snail record

Mostar Sevah Reunion " A secret gate " Snail record 2003

Ljiljana Butler " The legend of life " (accompagnement par le Mostar S.R.), Snail record 2007 Dist L'Autre Distribution

Mostar Sevdah Reunion "Saban" Snail record 2008 Dist L'Autre Distribution


Folkamusette

" à chaqu' rondeau dessous l'eau faut y mettr' un canon… "

Je vous ai parlé, en son temps, du premier opus de ce groupe de la région de Dunkerque me semble-t-il, qui oeuvre par ailleurs pour la remise en service des kiosques locaux et qui s'est maintenant fabriqué son propre kiosque ambulant. Il me semble avoir lu d'ailleurs qu'ils sont allé le promener en Morvan et il n'est donc pas étonnant que l'on retrouve, sur le présent album, plusieurs morceaux signés de musiciens de cette région : Pierre Berthau, Michelle Chevrier Reuge ou le regretté Alain Vieillard ainsi qu'une bourrée traditionnelle du Morvan. S'ils puisent à pas mal d'autres sources (Wallonie, Italie, Irlande, Suède, Anjou, répertoire musette et une scottisch de Wim Claeys…) auxquels ils ajoutent un certain nombre de compositions de Serge Thorey, l'un des deux cornemuseux du groupe, l'écoute ne donne pas une impression de mosaïque : leur interprétation dégage au contraire une certaine unité sonore sur toutes ces musiques à danser, avec, naturellement, des couleurs tout de même particulières selon l'origine des mélodies. A la première écoute, il y a quelques petits défauts qui m'ont sauté à l'oreille, rappelant qu'il s'agit d'un groupe amateur et d'un enregistrement certainement pas trop trafiqué, mais, maintenant que je l'ai entendu cinq ou six fois, je trouve, au contraire, qu'il y a pas mal de beaux passages, à commencer par le duo de cornemuses en entrée, ménageant un long unisson qui fait encore davantage apprécier l'arrivée de l'harmonie.

http://sergioth.free.fr

Rappel :

Note :

L'un de vous a réagi à ma phrase ci-dessus : " A la première écoute, il y a quelques petits défauts qui m'ont sauté à l'oreille, rappelant qu'il s'agit d'un groupe amateur et d'un enregistrement certainement pas trop trafiqué , (…) " en trouvant que " la formulation n'est pas très sympa envers ces et les musiciens amateurs, à croire qu'amateurisme est synonyme de non qualité. " et il me rappelle les définitions du Petit Larousse. :

" Amateur: adj et n (lat.amator) Qui à du goût pour: //amateur de tableaux// Qui s'adonne aux arts, aux sports, sans en faire sa profession.// Qui manque de zèle et de compétence, dilettante.................... "

Il me reproche d'avoir un peu glissé du deuxième vers le troisième sens du terme…

Il n'a pas tort mais je vais tout de même justifier mon propos (qui n'a pas choqué les intéressé d'ailleurs…)

Je ne reviendrai pas sur les tentative de définition juridiques plutôt floues du musicien amateur qui doivent toujours traîner dans les cartons du Ministère de la Culture (au fait, pas de nouvelle de ces textes ?). Sur une base étymologique, il est courant d'entendre dire, par eux-mêmes, que les musiciens amateurs sont ceux qui aiment ce qu'il font (comme si ce n'était pas le cas de la majorité des pros…), personnellement je préfère retourner la phrase et dire que le musicien amateur est celui qui joue ce qu'il aime, hors de toute contrainte d'audience, de contrats etc… et c'est ainsi que je l'ai toujours pratiqué.

Il est certain que certains musiciens amateurs ont le niveau de leurs collègues professionnels. Je ne citerai personne, mais il n'est qu'à entendre, par exemple, certain et même certains joueur(s) de cabrette… Il faut toutefois reconnaître que les meilleurs musiciens sont naturellement tentés de passer professionnels (quoiqu'en ce moment, vu le statut….) et que les musiciens pros ont, en principe, davantage de temps à consacrer à leur pratique instrumentale et à la recherche musicale, ce qui est donc susceptible de creuser encore l'écart. Concernant leurs productions (disques, spectacles…), ils sont, de plus, tenu par leur réputation, à un degrés de finition auxquels ne sont pas forcément astreints les groupes amateurs qui compensent souvent par la convivialité de leur pratique et de leur relation avec le public.

Rappelons que dans pas mal de disciplines (arts graphiques par exemple), les concours comportent deux catégories : amateurs et professionnels. L'écart de niveau moyen est sans doute moindre en musique puisqu'il me semble n'avoir jamais croisé de telle distinction…

Et vous êtes bien placé pour savoir que tout ce que j'ai pu faire jusqu'à présent dans le domaine de la musique (jouer, faire des recherches diverses, monter des sites internet, écrire ici, dans Trad. Mag ou ailleurs), l'a toujours été… en amateur (comme en témoignent par exemple, les fautes d'orthographes que je ne pourrai me permettre de laisser passer si je le faisais en professionnel…)


Cécile Girard

" Sur un fil doré "

Voici un CD qui n'est pas réellement récent et vous en aviez peut-être lu la chronique à l'époque dans Trad. Mag. Mais il n'est jamais trop tard pour revenir sur les bonnes choses, surtout lorsqu'elles n'ont pas fait vraiment beaucoup parler d'elles. J'avais entendu Cécile Girard accompagnant Bertrand Obrée à St-Chartier et son jeu efficace et souvent original, notamment en pizzicato style contrebasse, m'avait scotché. Comme en témoigne la page que j'ai consacrée à cet instrument sur le présent site, je suis assez sensible aux sonorités du violoncelle et le présent CD, qui donne dans différents genres musicaux, me comble. Il faut dire tout d'abord , que la prise de son est superbe : au casque en particulier, l'auditeur se retrouve quasiment à la place de l'instrumentiste, mais pour le reste, compte-tenu de la diversité des thèmes, je vais être obligé de vous le détailler plage par plage...

Le CD s'ouvre sur un thème bien connu de Nino Rota, de quoi apprécier la belle sonorité de Cécile Girard et une belle interprétation, en particulier dans les petites variations de tempo nécessaires à l'interprétation de ce thème. Le morceau est très court, dommage, j'aurais bien attendu quelques variations sur le thème…Sur la seconde plage, les guitares et la contrebasse qui assuraient un accompagnement discret laissent la place à un unique bodhran en un duo inattendu à priori mais qui paraît totalement évident après écoute, les deux instruments semblant faits l'un pour l'autre avec leurs sonorités rondes et chaudes. Le morceau aux allures irlandaises en question est d'un certain J.S. Bach, écrit pour violoncelle seul à l'origine…Les premières secondes de la plage suivante pourraient laisser penser que l'on reste chez le même compositeur, mais ce presque bourdon qui sonne un peu comme un orgue au départ, se révèle un accordéon et la suite en question est signée Pink-Floyd et Génésis. Mais ne vous y fiez pas, cette plage est tout aussi calme que mélodique… Mélodique comme l'est également la suivante, la valse " Mystérieuse " de Jo Privat suivie par un autre thème musette " La Java de Varenne " où l'on découvre que Cécile Girard est également chanteuse… La plage suivante nous révèle encore une surprise puisqu'elle est interprétée au violoncelle naturellement, mais en duo avec les ressorts d'un canapé. C'est, bien entendu, un peu plus contemporain mais sans excès. Le temps d'un duo improvisé de violoncelles qui reste un peu dans l'ambiance de la plage précédente (à loa première écoute, je n'avais pas perçu qu'il s'agissait de deux plages différentes…) et l'on arrive aux deux plages irlandaises qui justifient la présente chronique ici : le premier joué en solo style fiddle irlandais (avec, tout de même, la sensation d'une certaine inertie due à la taille de l'instrument et au poids de son archet par rapport au violon) enchaîne jig et reel à une mélodie lente . La seconde plage est une berceuse joliment chantée en gaélique par Hélène Girard (cela se passe visiblement en famille puisque le bodhran de tout à l'heure était joué par Jean-Christophe Girard), Cécile assurant l'accompagnement au violoncelle et la seconde voix sur le refrain. Suivent, introduites par une longue intro qui vous conduira à vous demander si vous êtes bien sur la bonne plage, des tarentelles composées par Cécile, dédicacées à Marc Perrone (et influencées par les disques de ce dernier) sur lesquelles ont peu apprécier le jeu de Pascal Pallisco à l'accordéon.. L'album se clôt par une composition solo en forme de suite sur le thème du cirque avec quelques beaux thèmes (plages 11 et 19 notamment) et une citation musicale à la fin de la plage 11 que je n'arrive pas à identifier...

http://www.cecile-girard.org


José Roux

" Cabreta d'amor "

Si c'est toujours avec plaisir que l'on voit paraître le CD d'un musicien ou d'un groupe connu et reconnu, c'est un bonheur également de découvrir, au travers un CD de qualité un musicien dont on ignorait jusqu'à l'existence auparavant. Et pourtant José Roux n'est pas un jeune cabretaïre émergent mais un musicien né en 1938 et ayant longuement roulé sa bosse entre cabrette et orchestres " modernes " de bals populaires, comme nous le décrit le livret autobiographique. S'il n'est pas rare que l'un ou l'autre musicien d'un orchestre de bal populaire auvergnat sorte la cabrette pour une série de bourrées, ce n'est pas toujours avec une technique ou un style très convaincant. Il devait en aller de manière toute autre avec José Roux qui n'a jamais délaissé l'instrument sur lequel il eu le coup de foudre en écoutant Martin Cayla en 1949. Et le présent CD est là pour nous le prouver, nous faisant entendre un jeu de cabrette très agréable, faisant appel à toute la technique de l'instrument, depuis les fameux vibrés, jusqu'aux rappels à la tonique en passant par toute la panoplie des ornements de l'instrument mais dans un style homogène (1), ne sacrifiant jamais à la technique pour la technique (il use plutôt modérément des rappels à la tonique) et donc quasiment toujours avec un jeu clair ne brouillant pas la mélodie. Si son style n'a pas le côté percutant de certains cabretaïres, sa cadence est néanmoins toujours parfaite et communicative, grelots aux pieds ou non. Et puis, sur les mélodies plus lentes, il se plait visiblement à faire chanter les notes longues et à jouer des différents vibrés, ce à quoi je ne suis pas insensible.

Le CD s'écoute d'un bout à l'autre sans la moindre lassitude, malgré qu'il s'agisse quasiment d'un solo. J'y ai tout de même découvert que Paul Grollier (ancien de Yole entre autres) tâte également du répertoire auvergnat avec un beau style sur son diato et de belles idées en matières d'arrangements.

Il est juste dommage que Marcel Piaud ne soit plus là pour écouter ce CD dont le titre reprend celui d'une de ses valses, naturellement interprétée ici ainsi qu'une de ses bourrées…

 

Son blog : http://joseroux.over-blog.com/ et sa page Myspace : http://www.myspace.com/joseroux

Editeur : AMTA http://www.amta.fr mail : vpc suivi de @amta.com.fr

(1) le texte d'introduction, note comme particularité de son jeu, l'utilisation fréquente de la sixte mineure en note de passage

Lire la présentation de son CD suivant :


Hopland

" Polysons "

Voici, venu d'Armentières, le CD presque entièrement à danser, d'un sextet au nom flamand qui ne comporte pas moins de trois joueurs de cornemuses. Mais je dois avouer que les styles de jeu sur ces instruments ne m'ont pas tous entièrement convaincus, certains manquant un peu de vibrés et d'attaques à mon goût mais se rattrapant par un jeu en harmonie, en duo (parfois avec des couleurs un peu néo-médiévales sur des instruments à perces étroites). J'ai donc du attendre les plages 10 et 11 pour entendre un jeu de cornemuse qui me touche davantage (est-ce le troisième larron qui officie alors ?). Mais ce qui précède ne concerne que le jeu des cornemuses et le présent CD ne se limite pas à cela car le groupe comporte également des cordes pincées , une contrebasse et un intéressant percussionniste et le CD recèle quelques belles surprises, notamment une version joliment relookée de la fameuse scottisch " Plant un cao " ou bien encore un paso doble, " La noce en sabot ", à la mélodie très sympathique, dommage que cette danse ne soit pas facile à caser en bal folk…

http://www.hopland.canalblog.com

Dist en Belgique : Wild Boar Music

Dist France : L'Autre Distribution

Il s'agit de leur troisième CD si j'en crois leur site, qui livre d'ailleurs la signification " gambrinienne " de leur nom flamand…


Olla Vogala

" Marcel "

Je vous préviens, comme pour la plupart des chronique des CDs de cet éditeur belge : il ne s'agit pas réellement de musique trad, même si se retrouvent au générique de cet album quelques noms connus… Mais si chacun reste dans sa chapelle, qui fera état de ces productions inclassables mais de grande qualité. Ici la tonalité générale est plutôt jazz notamment du côté des cuivres et de la contrebasse, et même des parties chantées par Soetkin Baptist. Mais il serait trop simple de réduire cette création de Wouter Vandenabeele (le violoniste d'Ambrozijn mais souvenez vous également de ses " Chansons sans paroles ") à un simple disque de jazz : cela commence avec une ouverture intitulée " Les nains " et dont l'ambiance colle bien avec le titre. Je la verrai bien en musique de scène pour un spectacle type Cirque du Soleil ou quelque chose comme cela.. Suit une valse lente chantée à laquelle je verrai bien la même destination, quoique je ne dédaigenrait pas de danser dessus. Sur ces deux plages, je retrouve avec bonheur la sonorité d'Anne Niepold au diato (je vous ai déjà plusieurs fois parlé, notamment à propos du duo " Deux accords diront " de cette accordéoniste plus que prometteuse mais toujours quasi inconnue en France). Elle oeuvre ici dans un registre encore différent de ce que j'avais pu entendre jusqu'à présent et transforme son diato en un vrai bandonéon pour le tango qui suit (qui n'est d'ailleurs pas le seul de l'album), après une plage 3 un peu plus classiquement jazz. Nous retrouverons ensuite la voix chaude de Ludo Vandeau (ex Ambrozijn, on l'a également entendu, entre autres, avec Laïs) qui prouve une fois encore que le flamand est une langue qui se chante très bien… Un CD qui recèle plein d'autres bonnes surprises, en suivant l'histoire de Marcel dont j'ai oublié de vous préciser qu'il s'agit d'un poisson… Un CD qui nécessite une première écoute attentive afin de se laisser apprivoiser, de comprendre son aspect multiforme et de le réécouter avec un vrai plaisir par la suite.

http://www.homerecords.be

Rappels

Leur album suivant : "Live in de Sint-Baafsabdij"

: également chez Homerecords Wouter Vandenabeele, voir à partir de "Chansons sans paroles"

et également de "Chansons pour le temps qui reste" où l'on retrouvera également l'accordéoniste Sara Salverius

Le groupe en version bal, sous le nom Balla Vogala a enregistré un titre pour :


Cordae/La Talvera

"Al Son del diableton - Anthologie de l'accordéon traditionnel occitan vol.1"

Il y a des présentations dont la seule vue vous met, par expérience, l'eau à la bouche. C'est naturellement le cas pour celle des CDs de Cordae/La Talvera, c'est à dire l'équipe à D. Loddo et Céline Ricard non pas chanteurs-instrumentistes au sein du groupe La Talvera, mais collecteurs et diffuseurs de ces collectes. L'eau à la bouche car on sait d'avance que le contenu du CD nous réservera pas mal de bonnes surprises et également parce qu'un livret conséquent (ici 38 pages), nous livrera toutes les arcanes de ces documents et de leur contexte, nous fera connaître un peu ces musiciens, témoins d'une époque, d'un lieu, d'un esprit, d'un style mais, avant tout, musiciens dans l'âme… Ce sont ici cinq accordéonistes disparus qu'il nous est donné d'entendre : l'un du Tarn (Marcel Bacou), au travers de 21 plages, et quatre de l'Hérault, se partageant les 24 autres. Mais ne nous attardons pas sur les départements car tous cinq sont en réalité d'une même zone géographique qu'il aurait d'ailleurs été bon de faire figurer sur une carte dans le livret … Un livret qui, par contre, commence judicieusement par remonter à l'invention de l'accordéon puis aux premières traces de l'instrument dans la région : un musicien ambulant dès 1859…

Précisons qu'il ne s'agit pas du premier volume d'une anthologie de l'accordéon diatonique mais "de l'accordéon traditionnel" et il est donc donné à entendre également du chromatique, aux mains de Pierre Planès sur les 6 dernières plages du CD, mais également dans celles de Marcel Bacou, interprète principal de ce CD (1) et qui laisse à deux reprises le diato pour le chromatique auquel il adjoint d'ailleurs un jazz, c'est à dire une grosse caisse et diverses percussions actionnées au pied. On remarquera que son jeu de chromatique reste toujours très cadencé. Une photo du livret montre qu'il est également passé par l'accordéon mixte (diato à basses chromatiques).

Bien entendu, la majorité des mélodies sont des airs à danser, et la principale qualité de ces musiciens tient à leur cadence impeccable, rodée par des années de pratique en bal. Ecoutez, dès les premières plage, ce rythme de scottisch puis celui de mazurka tel qu'on ne les joue plus guère aujourd'hui etc…

Si le répertoire renferme quelques classiques, on y entendra également des mélodies moins connues et des versions un peu différentes de celles que chacun a dans l'oreille. On appréciera également de comparer trois interprétations bien différentes du même Butavam.

C'est avec plaisir (et impatience) qu'on peut lire sur la couverture qu'il s'agit d'un premier volume qui en annonce donc d'autres du même accabit.

http://www.talevera.org

Dist L'Autre Distribution

(1) Ce n'est pas un hasard, et La Talvera lui a, par le passé, déjà consacré un livre " Marcel Bacou l'accordéoniste d'Angles. " Albi ass. La Talvera, 1985 112p. épuisé

Rappel :

Trois autres enregistrements de Marcel Bacou figurent sur le premier CD (sources) du coffret "Bodega, bodegaires !" édité par Cordae la Talvera, Musique et danse en Languedoc-Roussillon, Le Conservatoire occitan et l'ADDMD de l'Aude en 2004

Pour ce qui concerne les autres publications de La Talvera, elles sont bien trop nombreuses pour que je vous en fasse un rappel : je vous renvoie sur leur site internet http://www.talevera.org


La Panika

"Afan Toufan"

Pas de doute, dès la première minute, nous sommes clairement dans le trip fanfare des Balkans : le claquement du tapan assure la rythmique, soutenu par la scansion des tuba, saxhorn et soussaphone, et laissant les cuivres plus aigüs et les anches (y compris un accordéon touches piano) dérouler les mélodies rapides en se ménageant des passages solo. Tout cela sur un répertoire traditionnel assez original.

Ceci n'empêche pas quelques petites trouvailles comme cet accompagnement saccadé d'accordéon sur le début de la plage 4, plage en duo avec une clarinette plutôt inspirée (si l'on peut dire parce qu'il n'y a guère que dans un harmonica que l'on peut jouer en inspirant…). Ou ce texte dit en français, avec une voix au timbre qui s'y prête parfaitement, sur la plage7. Ou encore l'usage d'un ophicléïde (forcément d'époque puisqu'à ma connaissance il ne s'en est jamais refabriqué depuis le XIXème) sur la plage 11 etc… Curieusement, le dernier morceau, sur un rythme plus électro est plus atypique que la plage cachée… Qu'ils soient français, belges ou bulgares, tous les musiciens de ce groupe ont parfaitement intégré le fonctionnement de ce type d'ensemble.

 

Compagnie du Tire-Laine http://www.tire-laine.com

Dist L'Autre Distribution


La Caravane Passe

" Velkom Plèchti ! " (CD + DVD)

La première fois que j'ai entendu (et vu) ce groupe, ils m'ont laissé dubitatifs. C'était au sein d'un concert télévisé retransmis du Cabaret Sauvage. Que penser de ces hurluberlus, manifestement originaire de par chez nous et jouant de la musique tzigano-balkanique jusqu'à la caricature, y compris dans leur accoutrement. Un seul morceau ne permettait pas de trancher. Je les ai retrouvé sur le CD-DVD " Voyages en tziganie " dont je vous déjà entretenu, et notamment dans les reportages du DVD et j'ai eu la confirmation de ce que j'espérais, leur jeu de scène est bien à prendre au second degrés et avec humour. Ceci étant acquis, j'ai pu apprécier pleinement leurs délires et d'autant plus en visionnant le DVD qui n'est pas avare puisqu'il reprend le spectacle du " Vrai faux mariage de Sacha et Mona " mixé, comme si de rien n'était, avec des mises en scènes tournées hors spectacle, ce qui ne passe pas inaperçu, pas plus que la Roumanie reconstituée dans la campagne française, mais ce côté bricolé s'intègre finalement tout à fait à cette ambiance déjantée ou les sexes s'inversent et où l'accessoiriste a visiblement fait du zèle… Finalement le making-off qui suit calme presque le jeu et le DVD nous offre encore quelques autres bonus… Certain que s'ils passent près de chez moi je ne vais pas rater cela…

Mais n'oublions pas qu'il s'agit de musique et de chants et, au milieu de tout ce capharnaüm, des ces acteurs qui courent, boivent et se battent entre les musiciens sur une scène minuscule, ces derniers parviennent à assurer tant le fond musical que les chorus (mention au sax soprano) et côté voix cela tient bien la route avec une mention spéciale pour l'ange de la résuscitation (une invité…).

Mais pour apprécier la musique, mieux vaut ne pas être distrait par l'image et se replier sur le CD, de toute façon, après avoir vu le DVD vous aurez le spectacle dans la tête… Et n'hésitez pas à recourir au livret pour comprendre les textes rédigés, eux aussi, dans une langue improbable et parfois davantage dictés par les sonorités que par le sens…

http://www.lacaravanepasse.com

Coll Voyage en tziganie http://www.myspace.com/voyageentziganie

Dist L'Autre Distribution


Massot - Florizoone et Horbaczewski

"Cinema novo"

 

Si vous suivez un temps soit peu la scène belge actuelle (ne serait-ce qu'à travers les chroniques que je vous rédige), le nom de Tuur Florizoone doit vous dire un tant soit peu quelquechose, il joue en effet sur le CD Tricycle (réécoutez le superbe morceau sur le CD compil Homerecords que vous avez reçu avec Trad. Mag l'an passé ainsi que sur celui de la chanteuse jazz finlandaise Anu Junnonen " aNoo " dont je vous ai également parlé brièvement. Le présent CD se situe toujours dans la même mouvance, que j'apprécie, bien qu'elle se situe un peu au delà de ce que l'on peut qualifier de musique trad. mais que j'ai toujours autant de mal à qualifier. Comme cet éditeur s'en est fait un peu une spécialité, je crois que je vais finir par vous parler de tendance " Homerecords ". Mais ce serait un peu limitatif, puisque je viens de chroniquer pour Trad Magazine, le CD d'un groupe aragonais qui se situe également à la frontière du trad. actuel et du jazz. Attention, il ne s'agit pas de musique trad. jouée dans un style un peu jazzy mais plutôt de compositions se réclamant du jazz mais gardant toujours une ligne mélodique, même dans les chorus. Pas question ici de descendre et de monter des gammes sur des grilles d'accords et ce qui pourrait passer pour une certaine frilosité, nous évite, à la réflexion, de tomber dans maints stéréotypes du jazz et saura séduire certains de ceux que certains aspects du jazz ont laissé depuis longtemps sur le bord du chemin et notamment une part de public de sensibilité trad. Mais à force d'essayer de vous décrire les traits généraux de cette musique j'en oublie de vous rappeler que Tuur Florizoone s'exprime à l'accordéon touche piano. Il partage le devant de la scène avec Michel Massot au tuba, euphonium (une version du saxhorn améliorée par nos voisins anglais) et au trombone et Marine Horbaczewski, assure principalement les accompagnements au violoncelle, ou des parties de duo dans lesquelles les deux instruments sont plutôt sur un pied d'égalité : des sortes de " pas de deux " musicaux. Elle utilise diverses possibilités de son instrument, voire quelques sonorité non conventionnelles, tout comme M. Massot qui débute une plage en tuba diphonique, mais les passages de ce types sont très limités et viennent toujours à bon escient. L'ambiance générale est d'ailleurs très posée, intimiste, limite nostalgique du début à la fin.

 

Ed. Homerecords http://www.homerecords.be

Rappels : Tuur Florizoone, voir à partir de l'album du trio "King Size"

Tricycle CD jazz musique du monde


Mr Diagonal & The Black Light Orchestra

"BBB"

Comme ce CD est vraiment hors sujet dans ces infos dédiées aux musiques trad., je ne peux vous en faire une chronique à part entière mais je ne me résous pas à ne pas au moins citer un CD qui m'a été envoyé. La présentation indique qu'il s'agit d'un entre musical anglais et surréalisme belge, cela résume effectivement assez l'ambiance musicale, à condition d'y ajouter une petite touche de rock dans la voix par ci par là.

Une mention particulière pour la pochette très sobre mais livrée avec quelques gommettes pour la personnaliser…

 

Ed. Homerecords http://www.homerecords.be


Samarabalouf

" Bababa "

Pour ceux qui auraient raté les trois opus précédents, rappelons que, contrairement à ce que pourrait laisser penser la consonance de leur nom il ne s'agit ni 'un taraf de plus ni d'un ensemble de musique orientale, mais du trio de deux guitaristes et d'un contrebassiste, dans un style qui doit pas mal aux guitaristes manouches, notamment par une guitare à la "pompe" et l'autre en mélodique. Il ne s'agit toutefois pas de musique manouche à l'identique, mais d'une démarche toute personnelle qui puise également au picking, au musette, au jazz, à l'oud (très belle plage chantée par Leila en invitée), et sans doute à d'autres sources.

Le risque d'une telle démarche est de produire une musique finalement sans style, ce n'est pas le cas ici et Samarabalouf a su se créer une vraie personnalité, non dénuée d'une pointe d'humour et de quelques petits cotés expérimentaux comme ces jeux vocaux qui parsèment le CD en arrière plan (1). Mais au delà de ces notions de style, ils ont d'abord une belle technique instrumentale qui leur permet de développer tout cela avec brio et, surtout, une belle inspiration qui sait nous surprendre et nous toucher.

 

(1) Il s'agit d'ailleurs de ce qui est présenté comme l'idée de l'album, une cinquantaine de voix amenant leur contribution par chuchotements, cris, rires etc... Mais cela reste discret au final.

Rappels :

"Samarabalouf" (2000)

"La valche folle" (2002)

"Profitez-en" (live 2004 avec pas mal d'inédits et l'accordéoniste A. Van Lancker en invité)

Tous distribués par L'Autre Distribution

http://samarabalouf.com


Philip Peris trio

"Zephyr"

P Peris Trio

 

Je me souviens parfaitement de la première fois où j'ai entendu le son du didjeridoo (ou yidaki) : cette sonorité basse et prenante qui revenait périodiquement dans le film de Werner Herzog "Le pays ou rêvent les fourmis vertes", vu à l'époque de sa sortie (1983) dans un petit ciné d'art et essai aujourd'hui disparu. J'ai toujours guetté un passage télé de ce film, en vain... Cela m'aurait permis de savoir si c'est le film en lui-même qui m'avait fasciné ou sa bande son et ce bourdonnement alors inédit. Je crois bien que c'est la conjonction des deux. Depuis lors, l'instrument a connu la mode que l'on connaît et il a été sans doute parfois plus commun sur nos trottoirs que dans son désert australien d'origine. La mode ayant décanté, l'instrument connaît aujourd'hui des utilisations plutôt intéressantes.

Mais revenons-en plus précisément à ce CD et à P. Peris, musicien australien blanc s'étant formé auprès des aborigènes ce qui ne l'empêche pas de développer un jeu davantage dans le registre des musiques actuelles que dans le respect de la tradition. Il s'est d'ailleurs mis à deux autres techniques qui forment aujourd'hui quasiment une famille avec le ddjeridoo : la guimbarde et la voix diphonique. P. Peris n'est pas un inconnu puisque c'est lui qui a enregistré le CD de didjeridoo solo chez Cinq Planètes en 1996. Il joue maintenant en trio avec deux musiciens d'origine japonaise mais pratiquant tous deux des instruments d'autres cultures : guitare classique pour Hideaki Stuji (prof de conservatoire à Strasbourg et jouant tout de même également du shamisen) et sitar et tablas pour Kengo Saito. Musique plutôt World donc, voire parfois new age, plutôt agréable à écouter, bien mise en valeur par une belle prise de son du didjeridoo et permettant de bien apprécier ce bourdon grave aux harmoniques changeantes (surtout sur la dernière page solo ou cet effet cyclique se suffit à lui même). Tout n'est pas du même niveau d'inspiration et l'utilisation d'un synthé sur une plage n'apporte rien à ces instruments acoustiques aux sonorités si riches mais l'ensemble se laisse écouter sans ennui.

Bakoy Music baokoymusic suivi de @mac.com

Dist L'Autre Distribution

Rappel : Philippe Peris Didjeridoo Cinq Planètes coll. solistes 1996


Le Vent du Nord

"Dans les airs"

Le Vent du Nord est indéniablement, au moins pour nous autres Français (1), le nouveau groupe québécois, aisément reconnaissable par la présence d'un vielleux. Personnellement, je les ai découvert un soir d'août 2005 à Concarneau, lors d'un concert en prélude aux "Filets bleus", dans des conditions pas vraiment optimales car leur prestation déjà tardive avait été retardée d'une heure à cause d'une panne de courant et que le vent en avait profité pour se lever, non pas du nord, mais de la mer et tout aussi froid.

Je n'ai pu assister qu'à un petit bout de leur concert à St-Chartier, le temps de quelques photos (2). Bref, c'est finalement par ce CD que j'ai vraiment pu me rendre compte de la finesse de leur jeu et de leurs orchestrations. Si certains groupes québécois y vont un peu à l'arrache, la musique de Vent du Nord, à l'image de leur accent, bien présent mais jamais caricatural, présente toutes les caractéristiques et la cadence de la musique québécoise, mais avec une belle précision dans le jeu instrumental comme dans les vocaux. Ajoutons un répertoire original issu de recueils, amis musiciens, collectages propres et compositions, le tout formant un programme très équilibré entre chansons et instrumentaux, reels bien enlevés et mazurka lascive etc...

 

(1) fondé en 2002, c'est tout de même leur troisième album

(2) Notons que le gigueux Benoit Bourque présent lors de ces concerts ne figure plus dans le groupe actuel, il a été remplacé par Réjean Brunet (voix, basse, diato…) qui n'est pas un inconnu puisqu'il vient de La Volée de Castors. Les trois autres membres étant Simon Beaudry (voix et guitare), Nicolas Boulerice, (voix et vielle principalement), et Olivier Demers (voix, violon pieds…)

Borealis Records/Le Vent du Nord

http://www.borealisecords.com

http://www.leventdunord.com

Dist France L'Autre Distribution


 

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