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Jean-Luc Matte
Infos mumuses

Chroniques CD
(13/16)

De temps à autre, l'un ou l'autre d'entre vous me fait parvenir son CD (y compris des démos) afin que j'en parle plus en détail dans mes infos, voici les chroniques ainsi rédigées depuis début 2004 (Tout ceci est indépendant des chroniques que j'ai rédigé pour Trad. Magazine).... 
Sommaire de toutes les chroniques


Coriandre

"Lo Tornet" - "Le petit vélo"

Comment n'y avait-on pas pensé plus tôt ? Un double CD, l'un en occitan pour les versions " originales " des chansons et l'autre en français, sur les mêmes accompagnements instrumentaux… Une idée d'autant plus adaptée à un répertoire à destination du jeune public, public qui pourra donc, du coup, être occitanophone ou non. Bien entendu il n'est pas souhaitable que les premiers n'écoutent que le CD en occitan et les seconds que celui en français : les deux se complètent et se mettent mutuellement en valeur : le CD en français est suffisamment bien fait et interprété pour dépasser largement le simple aspect utilitaire de la traduction mais il est certain que les non-occitanophones comprendrons facilement les textes en occitan après les avoir entendu chanter en français (et bien mieux que s'ils en avaient simplement lu la traduction.). Bien que faisant partie de cette dernière catégorie, je n'ai pas résisté à écouter tout d'abord la version occitane, pour la musique de la langue et j'ai été heureux de retrouver le groupe Coriandre tel que je l'avais entendu sur leur premier CD, plein de fougue, d'inventivité et plus coloré régionalement que sur leur second opus. J'ai un peu tendu le dos en mettant sur la platine immédiatement après la version française, mais cela fonctionne également fort bien sur la plupart des titres, ce qui suppose un beau travail d'adaptation des textes.

Le répertoire reprend un certain nombre de standards : Jean Petit, Ai vist lo lop, La molhera… mais les interprétations en sont suffisamment enlevées pour nous éviter l'impression de déjà entendu que l'on pourrait craindre. J'aime d'ailleurs bien l'impro d'harmonica jazzy (de Spi) sur "Se canta" qui casse le caractère souvent trop solennel donné à cette chanson. Et puis ces CDs nous offrent quelques adaptations plutôt originales.

Comme je vous l'annonçais en introduction, ces CDs sont en principe, destinés au jeune public, mais Coriandre a eu le bon goût de ne pas chercher à infantiliser et je pense que tous les publics s'y retrouveront davantage…

Un mot enfin sur la pochette et le livret particulièrement réussis.

http://www.coriandre.info

Distribué par l'Autre Distribution : il sera dans les bacs le 8 décembre 2008

Rappel : voir la chronique du premier La Marmita d'Oc

 

celle du second "Se leva lo vent..." :

et celle du quatrième : " Itinerança " (2011)


Tao Ravao et Vincent Bucher

"Lazao Izy"

Cinquième CD au moins pour ce duo d'un harmoniciste (Vincent Bucher) et d'un chanteur et joueur de divers instruments à cordes (Tao Ravao). Rencontre des cultures malgache, françaises et du blues, de la vahila et de l'harmonica. J'ai pris le temps de réécouter les deux premiers albums du duo (je ne connais pas l'avant dernier " He là-bas ", ni la version trio de " Tany Manga " avec Karim Touré) et celui-ci apparaît bien plus abouti et le cheminement du duo montre qu'un métissage réussi ne se fait pas en quelques jours (1) : l'album Tany Manga avait une couleur un peu plus chanson française tandis que Love Call était davantage blues, anglophone et outre-atlantique, celui-ci offre un excellent mariage de la musique malgache et du blues, à tel point qu'à l'écoute cela apparaît comme une évidence mettant en lumière les racines africaines communes à ces deux mondes musicaux. Aucun traditionnel ici, principalement des compositions de Tao Ravao (ne vous laissez pas abuser par l'indication de son nom véritable), quelques-une de Vincent Bucher et deux ou trois reprises. A noter le style très G. Yacoub de Tao Ravao sur certains titres (" Changer de visage " par exemple) mais, à côté de cela, il peut chanter avec une voix bien plus grave à tel point que l'on se demande si c'est bien le même…N'oublions pas la présence d'un troisième larron aux percussions : Emile Biayenda. Et tout cela sous une pochette plus chaleureuse que les précédents… Voilà qui devrait permettre, à juste titre, à ce duo de toucher un public plus large.

(1) et, de plus, Tao Ravao n'avait pas attendu ce duo pour se frotter au blues. D'ailleurs les deux musiciens ont chacun un beau parcours.

Cinq Planètes

Dist L'Autre Distribution

Rappels

"Love call" Brodway Records

"Tany Manga" Samarkand


Matthias Collet et Ricardo Sandoval

" Café para dos "

Tout d'abord, oubliez toutes les images sonores que vous pouvez avoir en tête sur la mandoline, il y a de fortes chances qu'aucune ne corresponde vraiment au style de jeu de Ricardo Sandoval. Oubliez les trémolos : ils sont très discrets ici. Si, entre certaines mains, tirer une mélodie de cet instrument semble toujours un peu laborieux et si les cordes en semblent désespérément trop tendues pour pouvoir en tirer des nuances, Ricardo Sandoval nous prouve que tout ceci est faux et il en joue, de son côté, avec la même facilité, la même fluidité et les mêmes possibilités expressives qu'un très bon guitariste classique. Heureusement d'ailleurs, puisqu'il est ici justement accompagné d'un jeune guitariste et cette égalité dans les facultés d'expression donne un bel équilibre au duo (soutenu sur quelques plages par un guitarron).

Mais avant d'aller plus loin, il est sans doute nécessaire que je vous les présente : Ricardo Sandoval est franco- vénézuélien et son répertoire est fortement nourri de culture sud-américaine, pas forcément au sens folklorique du terme d'ailleurs puisqu'il combine celle-ci avec une formation classique. S'il réside près de la même ville que moi, il ne s'y produit malheureusement que peu souvent et semble bien plus connu et reconnu à l'étranger et notamment en Espagne. A l'heure où je vous écris ces lignes, le duo doit d'ailleurs être en partance pour trois semaines de tournée au Japon…

De formation classique mais largement ouvert à d'autres styles musicaux, Matthias Collet, professeur de guitare en conservatoire, joue, par exemple, également dans un groupe de musique traditionnelle suédoise et s'intéresse à bien d'autres styles de musique.

Si le répertoire de ce CD est majoritairement d'origine latine et si la pochette nous indique des noms de danses pour une bonne moitié des plages, l'ambiance est plutôt calme et intime, ce qui n'empêche pas certains morceaux de swinguer. C'est d'ailleurs un CD que vous pouvez vous passer sans problème lorsque vous travaillez ou en musique d'ambiance, mais il serait vraiment dommage de n'en avoir que cet usage : prenez les temps de l'écouter au casque pour apprécier la couleur de chaque note, pour écouter le dialogue entre les deux musiciens qui passent tour à tour du premier plan à l'accompagnement, même si, la mandoline, du fait de son registre plus aigu est, naturellement, plus souvent à l'avant. Et puis laissez vous transporter (transpercer…) par la superbe interprétation de la première Gymnopédie de Satie….

Autoproduction

http://www.cafeparados.net

http://www.myspace.com/cafepara2

http://www.ricardosandoval.com/

http://membres.lycos.fr/bandolas/bandolfr.htm

Voir les photos de Ricardo Sandoval en concert à Socourt en 2003

et celle du concert de ce duo à Metz en 2008 à l'occasion de la sortie du présent CD :

Rappel : Ricardo Sandoval "Al Natural - Mandolina y bandolas de Venezuela" 2005

Attention !!! Nouveau CD "Rosa Blanca" en souscription jusqu'au 20 septembre 2009


Lou Dalfin

" I Virasolelhs "

Oui, je l'avoue, même si j'en avais déjà pas mal entendu parler, je n'avais encore pas écouté Lou Dalfin, malgré 26 ans d'existence, un passage à Saint-Chartier en 2002 auquel je n'avais malheureusement pas pu assister et une dizaine de CDs dont le précédent "L'òste dal Diau " dont la distribution a été bien assurée en France (il doit même y avoir une version DVD) etc… Je ne pourrai donc pas vous éclairer sur l'évolution éventuelle de ce groupe. Il n'empêche que j'ai été heureusement surpris à l'écoute de celui-ci, par rapport à ce que j'avais pu entendre sur ce groupe que l'on m'avait parfois décrit sous un côté folk-rock qui ne me semble pas vraiment les décrire correctement. Certes, leur musique est énergique, mais elle oscille surtout entre style occitan (rappelons qu'ils nous viennent des fameuses vallées occitanes du Piémont) et italien avec quelques influences rythmiques un peu plus à l'est. Les parties chantées, elles aussi avec énergie et style sont nombreuses et bien mises en avant, entrecoupées de passages instrumentaux avec un son de groupe bien particulier, souvent mené par la vielle du leader Sergio Berardo (et une intéressante plage à la boha par le même, épaulé ses sept musiciens. Et tout cela balance fort bien… Il faudra décidément que je rattrape mes lacunes et que j'écoute les précédents !

 

http://www.loudalfin.it

Production Felmay http://www.felmay.it

Dist France : L'Autre Distribution

Voir les photos de leur bal à Rabastens en decembre 2008


Geneviève Laloy

" Hirondelles "

Si vous ne connaissez pas Geneviève, le nom de famille vous dit certainement quelque chose car il s'agit, bien entendu, de la cousine de Didier Laloy, une famille de musiciens puisque l'autre cousin, Philippe joue flûte, saxophone et autres tuyaux. C'est d'ailleurs lui qui signe les arrangements et la direction musicale de ce CD et c'est lui que l'auditeur entendra le plus derrière la voix de sa cousine. Mais s'il n'y a pas que des Laloy sur cet enregistrement, les autres musiciens font tout de même partie de la " famille " puisque l'on retrouve les noms bien connus de Vincent Noiret, Stephan Pougin, Kathy Adam…. Il ne s'agit pourtant pas d'un CD de musique trad. mais de chansons, Geneviève Laloy étant auteur-compositeur et interprète. Je n'ai pas écouté son précédent CD mais je sais qu'il visait le jeune public et à l'écoute de celui-ci, j'imagine tout à fait que cela devait coller et celui-ci s'adresse à tout public. Elle dispose d'un timbre de voix qui n'a rien d'extraordinaire, mais qui est plutôt sympathique, sans effet inutile et avec une diction naturelle qui permet de suivre sans effort toutes les paroles ce qui est devenu rare de nos jours… Cela rappelle finalement un certain style de chanson des années 70 et j'ai parfois pensé à Annie Nobel (rappelez vous : Nobel et Richeux…), sur des textes moins revendicatifs qu'à l'époque, qui chantent les petits bonheurs de la vie mais qui n'oublient pas que ceux-ci sont parfois menacés…

http://www.genevievelaloy.be/

Dist : Homerecords http://www.homerecords.be

Rappel : Geneviève Laloy : "Si la terre..." CD à destination du jeune public, 2005 ed Polyson, avec P. Laloy, S. Cavez, V. Noiret, S. Pougin, P. Prignot et J. Verhaegen.

Pochette française :

Pochette en Belgique :

Vincent Noiret voir à partir de Nisia "Eredita" (2013)

Stephan Pougin : voir à partir de Tricycle "King Size"
Tricycle CD jazz musique du monde


Ivan Karvaix

Cornemuse Bechonnet

Je pense que cette année (2008), lors des rencontres de Saint-Chartier, une bonne dizaine de personnes ont du me demander si j'avais déjà eu l'occasion d'écouter le CD d'Ivan Karvaix. Comme il venait juste de sortir j'ai du leur répondre par la négative mais il est maintenant dans tous les bons bacs et j'ai naturellement eu l'occasion de pallier ce manque. Rappelons, pour ceux qui auraient raté pas mal d'épisodes, qu'Ivan est un des musiciens des Brayauds depuis les débuts de ce groupe (au moins depuis le disque " Couleurs ") et qu'il joue ici exclusivement de la musette Béchonnet, en soliste comme le veut la règle de cette belle collection au visuel immédiatement identifiable. Pour être honnête, précisons qu'il n'est pas entièrement seul sur trois plages mais cela permet de casser un peu l'austérité du pur disque solo mono-instrumental sans pour autant trahir vraiment la règle du jeu. Ivan a, par ailleurs, emprunté trois musettes Béchonnet différentes de la sienne afin de varier également les tonalités et sonorités d'une plage à l'autre. Rappelons que la musette Béchonnet est, sur un strict plan musical, l'ancêtre de toutes nos " musettes du centre " modernes puisque le hautbois mis au point par Bernard Blanc et Remy Dubois dans les années 70 doit plus aux musettes Béchonnet qu'aux autres cornemuses du Centre (1). Actuellement, toutes ces cornemuses modernes, quelle que soit leur esthétique (musette d'étude, musette incrustée, Béchonnet, mais également cornemuses flamandes, Schäfferpfeifen allemands ou certains borderpipes d'Outre-Manche type J. Swayne) utilisent ce même type de hautbois et offrent donc la même sonorité et les mêmes possibilités de jeu. Musicalement parlant, la musette Béchonnet se distingue des autres musettes du Centre par la présence d'un troisième bourdon situé à l'arrière du boîtier et à l'octave supérieure du petit bourdon (soit à l'unisson de la fondamentale du hautbois). Certains enregistrements des années 70-80 font d'ailleurs bien entendre ce petit bourdon et, du coup, j'avoue qu'à la première écoute, j'ai eu un doute sur son utilisation ici et je n'avais d'ailleurs pas du bien écouter les premières secondes de la première plage, sur lesquelles les trois bourdons entrent successivement en action, du plus grave au plus aigu et l'on peut ainsi apprécier l'homogénéité de leurs sonorités et de leurs volumes respectifs, les trois se fondant en un son unique. Ils sont tellement beaux et réguliers que l'on finit par se demander s'ils sont bien enregistrés en direct…Mais comme Ivan s'est entouré de deux luthiers pour régler ses instruments pour cet enregistrement on veut bien le croire… (et la prise de son est également remarquable). Mais assez tourné autour du pot : il joue comment Ivan ? Parce qu'on a beau l'avoir entendu au sein des Brayauds, il n'y était pas seul (2) lors du concert solo de St-Chartier il partageait la scène avec d'autres solistes et ses autres enregistrements solistes commençaient à dater suffisamment (" cornemuses 93 " de l'AMTA) et il était probable que son jeu ait gagné en maturité depuis. Et bien ce CD est loin de décevoir, bien au contraire : dès le premier morceau il s'y montre très convaincant avec un jeu à la fois technique et très fluide, toujours très lisible, évitant soigneusement le piège de ce type de prestation solo qui consiste à vouloir trop en faire. Côté danse et cadence, rien à redire, mais cela semble évident pour un musicien des Brayauds. Le livret nous dit qu'il s'est forgé un style personnel entre jeu de cabrette (instrument dont il use également, mais pas ici) et jeu de la plaine. A l'écoute des différentes plages, disons plutôt qu'il oscille, selon le répertoire, entre deux styles certes personnels mais très influencés, l'un par la cabrette, l'autre par le style actuel des musettes du centre. Ajoutons-y même l'une ou l'autre plage qui sonne plutôt chabrette. Le répertoire qu'il nous a sélectionné ici mêle avec équilibre les airs traditionnels (avec sources bien documentées dans le livret) et les compositions personnelles ou émanant d'autres musiciens actuels mais toujours plus ou moins dans la lignée des airs anciens. Certaines de ces mélodies sont peu connus et si d'autres le sont davantage, il en offre toujours une lecture personnelle (3) mais qui ne perturbe jamais, au contraire et même à la première écoute. Il dispose d'une belle panoplie d'ornements et petites variations qu'il sait placer à bon escient et il est certains que nombre de cornemuseux seront tentés de reproduire certains de ces traits : l'écoute du CD donne souvent envie de prendre ses tuyaux pour essayer de tester certains passages. Voici donc un volume de plus qui ne dépare pas au sein de cette belle collection. Une collection dont j'apprécie encore une fois qu'elle offre ainsi, par le choix des artistes qu'elle produit, une vraie reconnaissance à des musiciens de talent auquel il ne manquait souvent que ce petit plus pour être vraiment connus et reconnus de l'ensemble du public trad….

 

(1) On pourra d'ailleurs le vérifier ici puisqu'une musette Bechonnet ancienne est utilisée sur certaines plages.

(2) Marien Barse y manie aussi les tuyaux depuis toujours et maintenant, Christian Robert, Fabrice Lenormand … Les deux premiers interviennent d'ailleurs sur une plage du CD.

(3) même si l'influence du style de tel ou tel cornemuseux connu se ressent plus ou moins nettement sur certaines plages

PS Après avoir rédigé cette chronique, j'ai appris que la prise de son d'Ivan Karvaix avait été réalisée avec pas moins de huit micros

 

Cinq Planètes Coll. Solistes Dist : L'Autre Distribution

Le CD est également vendu à l'Amta pour 16 €. Pour le transport, les acheteurs sur le territoire français ont le choix entre un envoi sécurisé en "colissimo suivi" à 5.80 € ou un envoi simple à 3 €.
Voir sur le site à la page http://www.amta.com.fr/fr/production/titre.asp?codetitre=604
Ou par mail auprès de vpc suivi de @amta.com.fr règlement par chèque ou carte bancaire en indiquant le numéro de carte sur le courriel.

Il est également distribué en VPC par la FAMDT

 

Rappels : le livret me facilite la vie puisqu'il y retrace les enregistrements auxquels Ivan Karvaix a participé et sans cela j'aurai peut-être oublié l'un ou l'autre bien qu'ils figurent dans ma discothèque (dont certains en tant qu'invité).

Les Brayauds " Couleurs " encore à l'époque du vinyl...

... mais réédité en CD

" Eau forte " (Ocora Radio-France 1986),

" Jusqu'au petit matin " (Silex 1991),

" Clarinettes " (AMTA 1992),

Cornemuses 93 " (AMTA 1993),

Musique et Auvergne " 1996,

" Finissez d'entrer " Studio Blatin 1997 (invité sur la plage 10),

La Fabrique " Acide folklorique et produits dérivés " Modal & AMTA 2001 Dist France l'Autre Distribution (invité sur le titre 4)

Les Brayauds : Bourrées du Massif central vol.1

Trio Airbag "Polyphonies pour cornemuses" (2013)

"Musette Béchonnet - Musique traditionnelle des Combrailles"

Rappelons également que son collègue des Brayauds Eric Champion (que l'on retrouve ici sur une plage) a également enregistré, à l'accordéon diatonique, dans cette même collection Solistes

Voir les photos d'Ivan et comparses à Saint-Chartier 2008


" L'école des chèvres à pull

" Farce Rock'nRoll familiale de Fabian Beghin "

Fabian Beghin est maintenant connu du public français, par son album en duo avec Didier Laloy, paru l'an passé et distribué en France depuis cet été . Rappelons nous également son trio précédent, plus " Drum n' bass " : Turlu Tursu. C'est d'ailleurs de la basse qu'il joue principalement ici, dans un album de chansons à destination du jeune public dont l'ambiance oscille entre chansons gentiment rock, vrai rock plutôt hard (" La chanson qui pue des pieds "), mais également reggae, rythmes latinos et jusqu'à du. Et tout cela sans vraiment se prendre au sérieux comme l'annonce le sous-titre " Farce musical rock'n'roll familale " et avec des moments plutôt décalés comme ce " St-Nicolas dub " qui renouvelle le genre. Une question me tracasse toutefois : que jouerons ou écouterons les enfants actuels lors de leur future révolte adolescente si on les berce déjà au hard rock aujourd'hui ?

http://www.chevres-a-pull.be

Dist : Homerecords http://www.homerecords.be

Rappels : voir à partir de la chronique du CD en duo avec Didier Laloy


CMTRA

"Pays de Samoens

Haute Savoie, vallée du Giffre."

Atlas sonore Rhône-Alpes n°9

Souhaitons que ce CD ne soit pas la dernière production du CMTRA dont l'existence est, comme chacun le sait maintenant, menacée par la suppression de ses subventions de la part de la Région et l'Etat.

Et ce CD est là, comme toutes les productions du CMTRA pour prouver, s'il en est besoin, le sérieux et l'investissement d'un organisme dont le rôle ne s'est jamais limité à redistribuer des aides. Sauf erreur de ma part, c'est l'AMTA qui a lancé le principe de ces atlas sonores qui offrent un aperçu auditif d'une petite région donnée, au delà des seuls aspects musicaux de celle-ci. Plusieurs centres ont poursuivi sur cette voie (Rhône-Alpes et Limousin notamment) avec des productions dont l'intérêt est parfois inégal. Mais celui-ci, consacré à une vallée alpine, a rencontré suffisamment de succès depuis sa première édition en 1995, que le CMTRA a choisi de le rééditer en CD. Une réédition pas tout à fait à l'identique : Péroline Babet s'est chargée de remettre en forme tant le contenu audio que le livret. Un travail que l'on devine important, même si, pour l'auditeur-lecteur, les différences entre les deux éditions ne sautent pas aux oreilles (elles sont plus faciles à apprécier sur le livret). Rappelons que le matériau de base avait été principalement collecté par Jean-Marc Jacquier et mêlait, naturellement, musiques traditionnelles (clarinette, accordéon, violon…), musiques populaires (fanfare), bruits de la nature, bruits de métiers, cloches et, surtout, divers témoignages qui viennent lier tout cela. Si, comme je l'écrivais plus haut, quelques atlas sonores souffrent d'un manque apparent de construction, ici tout s'enchaîne avec logique, les témoignages introduisant les plages musicales. Tout cela s'écoute donc et se réécoute comme une bonne émission de radio, de celles qui savent se passer d'animateur parce que les documents sonores se suffisent à eux-même et se mettent même mutuellement en valeur.

http://www.cmtra.org

Rappel : Lire la chronique de l'atlas sonore de La Guillotière avec liste des différents atlas du CMTRA:


Basile Brémaud - Hervé Capel

Duo Artense

Il y a des CDs sur lesquels il est nécessaire de s'étendre soit pour expliquer pourquoi il nous plaise, soit pour faire la part des bons côtés et des moins bons et puis il y a des enregistrements, comme celui-ci, qui sont d'une telle évidence qu'il paraît presque incongru de les détailler, que j'aurai presque envie de vous dire " Ecoutez-le et vous verrez que tout commentaire est inutile, c'est un pur plaisir ! ". Encore une fois l'AEPEM (Jacques Lanfranchi, Jean-Michel Péru et, maintenant Philippe Suzanne) continue son sans-faute dans le choix des artistes qu'il produit et dans la réalisation des CDs. Il faut dire qu'avec ce duo ils ne prenaient pas grand risque : Basile Brémaud d'une part, le violoniste auvergnat du trio Faï Pétar et Hervé Capel, l'accordéoniste (chromatique et également " du Pays ") du trio DCA. Deux musiciens qui ont fait preuve, dans les trios cités, autant de leurs talents personnels, que de leurs capacités d'écoute des autres. Pas étonnant donc que le duo fonctionne aussi bien, servi par une excellente prise de son et par un mixage qui évite soigneusement au violon de se laisser couvrir par l'accordéon : l'équilibre entre les deux instruments est excellent, le violon légèrement devant, ce qui permet d'apprécier toutes les finesses de jeu de Basile, un violoniste qui allie la pureté du son d'un violoniste classique à un registre très étendu d'ornements de violoneux traditionnels du Massif central, toujours utilisés à bon escient (à apprécier encore davantage sur la plage solo). Quant à Hervé, son jeu me semble avoir encore gagné en maturité, en sobriété parfois, mais toujours avec la même efficacité rythmique. Inutile de vous dire que l'ensemble dégage une cadence qui vous lèvera de votre chaise, que ce soit naturellement sur les bourrées, mais également sur les danses de couple. Ajoutons encore un choix de répertoire traditionnel très judicieux (et bien documenté dans le livret), quelques passages chantés, dont l'un qui m'a bien fait penser au style d'Olivier Durif : y aurait-il un style de chant propre aux violoneux ? D'accord je suis un peu dithyrambique dans ce papier mais c'est vraiment un coup de cœur…

 Association d'Etude, de Promotion et d'Enseignement des Musiques traditionnelles des pays de France (AEPEM-tpf)

cf coordonnées en bas de la chronique ci-dessous

 Rappel :

Duo Artense "Sur le vif" (2014)

puis en 2021 "Per dançar - Muisque d'Auvergne et du Limousin"

On retrouve les deux même au sein du quartet Tres "Musiques et chants des contreforts du Massif Central" (2012)

Basile Brémaud : Faï Petar ed. AMTA 2005

 
Hommage à J.B. Bouillet (ADDMD 63 - AMTA 2004) : Basile y joue au sein de Faï Petar, Bardane et Les violons du Gamouent

"Violon - Musique traditionnelle d'Auvergne et du Limousin"

Hervé Capel : Trio DCA "Musique de Haute Auvergne" (Modal 2002)

Jean Bona et son ensemble (Cinq Planètes, coll Taraf 2001)

Hervé intervient sur un titre de l'album de Dominique Manchon et Yves Cassan

"Accordéon chromatique - Bourrées traditionnelles d'Auvergne et du Limousin" 2018, chronique à venir

 

 

Voir quelques photos de Basile Brémaud à Tradanse 2006 et d'Hervé Capel à Socourt 2008 et des deux en bonne compagnie à Saint-Chartier 2008


Gregory Jolivet

"Alt 'o solo"

Il y a des musiciens qui vous marquent immédiatement et je me souviens parfaitement de la première fois où j'ai entendu jouer Grégory Jolivet, à Anost, sur la petite place, au sein de son groupe de l'époque " Tradicelte ". Il a fait pas mal de chemin depuis, dans différentes formations et nous offre pour la première fois un CD à son seul nom, qui plus est un vrai solo (1). Dès les premières secondes l'auditeur est fixé sur ce qu'il va entendre : de la vielle et de la vraie, acoustique, non aseptisée, avec ses bourdons qui frottent parfois, le son de la corde sur le bois de la roue, un chien un peu gras, le bruit des touches et sautereaux et quelques autres " parasites " qui font tout le son de l'instrument (2), tout cela servi par une belle prise de son. Mais que l'auditeur se rassure s'il trouve que les accords de la première intro frottent un peu, Gregory ne se permet ces tensions que sur quelques brèves introductions par ci par là et il ne s'agit pas du tout ici de vielle expérimentale ; seule la troisième plage fait un peu morceau de concours pour vielleux. La première plage démontre immédiatement que Gregory a une technique irréprochable et une belle énergie dans le coup de poignet. Ceci étant posé dès le départ, il peut ensuite diversifier un peu les styles sur des morceaux qui sont tous des compositions personnelles mais le plus souvent dans l'esprit du répertoire traditionnel à danser. Vous ne pourrez oublier que Gregory est le vielleux de La Machine car une plage est tellement dans le style de ce groupe que je m'attends toujours a y entendre apparaître la voix de Julien, mais non… Bien entendu, il s'agit d'un CD instrumental solo dont l'écoute n'est pas aussi variée que celle d'un groupe comme La Machine, mais la vielle est un instrument au son si complexe qu'il est vraiment bon de l'écouter en solo de temps à autre, surtout en de si bonnes mains et je peux vous garantir que l'on ne s'ennuie guère à l'écoute de ce CD….

 

(1) si ce n'est la participation de David Leucrot au diato sur deux plages.

(2) Une grande vielle dite alto de Philippe Mousnier, d'où le titre de l'album

 

Association d'Etude, de Promotion et d'Enseignement des Musiques traditionnelles des pays de France (AEPEM-tpf)
24, rue Villiers de l'Isle-Adam
75020 Paris
aepem suivi de @laposte.net
Pour l'AMERIQUE du Nord : Claudia Schiller, claudie suivi de @calwisp.com

Rappels : discographie noin exhaustive de Grégory Jolivet

Tradicelte "Revanche" Autoproduction

Duo Fabrice Besson - Gregory Jolivet "Musiques traditionnelles d'aujourd'hui" Nord-Sud dist Nocturne 2002

Et voir, sur ce site les chroniques des CDs du groupe La Machine...

CD La machine : Les rodeurs..

.

et du duo Glitch

Gregory a également enregistré avec le groupe anglais Blowzabella ("Octomento" en 2007)

En duo avec Sophie Cavez (KV Express) sur une plage de "Zaphon"

En duo avec David Lecrot sur une plage de l'album collectif live "20 ans de concours et rencontres à Gannat"


Union des Groupes et Ménétriers du Morvan

" Chansons du Morvan "

L'UGMM nous offre avec ce CD quatre chansons morvandelles dont deux sont quasiment des hymnes de la région : Les Galvachers et La Morvandelle. Il n'y manque que Les Filles de mon pays pour que le tableau soit complet mais les morvandiaux jouent davantage ce dernier air plus qu'il ne le chantent. Les deux autres titres de ce CD sont, d'une part une variante de La Morvandelle, écrite par un déporté en Ukraine et La fille qui coupe du bois, non pas vraiment à double sens mais dont je dirai plutôt que les parties de texte trop crues y sont remplacées par des métaphores à peine voilées, il s'agit de la seule chanson réellement traditionnelle des quatre d'ailleurs. Comme souvent au sein des productions de l'UGMM, pas mal de chanteurs et musiciens locaux ont été mis à contribution et se retrouvent donc sur ces quatre enregistrements un certain nombre de noms bien connus sur la région, de Remy Guillaumeau à Vincent Belin ou René Fortin par exemple pour les chanteurs en passant par Daniel Raillard, Bernard Jacquemin et bien d'autres pour les musiciens, chacun apportant sa personnalité et tant pis si le niveau technique n'est pas totalement homogène chez les chanteurs, la convivialité l'emporte. S'il s'agit donc essentiellement d'un CD de chants, ce sont tout de même les accompagnements, à l'arrière plan, qui font preuve de la plus grande recherche et originalité, à commencer par l'accompagnement très swinguant d'Aline Dumont et Arnaud Rognon sur la première plage. Du côté des voix, chacune des quatre chansons subit un traitement personnalisé : La Morvandelle est confiée à un ensemble d'enfants, de façon à rappeler qu'elle a été écrite par M. Bouchor à la demande des instituteurs de la Nièvre. Pour les Galvachers, chacun y va tour à tour de son couplet en solo ou en duo : cela commence doucement et cela finit très fort, sur un accompagnement très intéressant. La fille qui coupe du bois est chantée par petit trio vocal féminin, sur un arrangement d'Eveline Girardon très intéressant, mais qui semble parfois un peu trop ardu pour ces voix qui manquent un peu d'assurance. Et pour finir, la Morvandelle des déportés swingue autant que son aïeule, cette fois-ci sous les doigts de Julien Thiery et consorts et de chanteurs qui ont l'air d'y prendre bien du plaisir..

http://perso.wanadoo.fr/ugmm


Etnoritmo

" Tondomondo "

Voici un nom de groupe, qui associé au titre de l'album, semble annoncer quelquechose de traditionnel, ou tout du moins d'inspiration traditionnelle, même si le dos du boîtier nous indique que textes et musiques sont toutes de Paolo Farina. Et si, effectivement, les voix sonnent parfois trad (le côté le plus intéressant du CD), si on retrouve quelques instruments familiers à nos musiques, notamment dans les mains de Giancarlo Parisi (et même un peu de zampogna en tendant l'oreille), contrairement à ce qu'indique le nom du groupe, ce sont les rythmes qui sonnent le moins ethno. Bien entendu, la première plage est un reggae et, à l'origine c'est traditionnel, mais la rythmique donne à cet album une consonance très variété, avec une batterie très funkie qui ne déparerait pas sur la bande FM, claviers, guitare électrique etc…. Tout cela est très pro, mais trop lisse à mon goût

http://www.etnoritmo.it


Forro Acustico

Vol.2

"Accordéon du Nordeste du Brésil"

Le volume 1 paru l'an passé annonçait au moins un petit frère, il ne sera donc pas fait beaucoup attendre et ressemble comme deux gouttes d'eau à son aîné. Vu les qualités de ce dernier c'est plutôt une bonne chose mais je ne vois pas trop ce que je vais pouvoir vous raconter de neuf sur ce second opus sur lequel se retrouvent pas mal d'interprètes du premier, sur de nouveaux morceaux naturellement. La présentation est toujours aussi réussie, mais les photos des musiciens communs aux deux CD sont souvent des clichés tirés de la même séance de prise de vue que sur le premier et les textes biographiques sont identiques, voire même le début de la présentation de certains morceaux (C. Verde par exemple). On se demande donc pourquoi ces deux CDs n'ont pas été réunis en un double album.

Mais passées ces considérations sur le contenant, le contenu est toujours aussi magique et tout accordéoniste se devrait d'avoir écouté au moins une fois ces enregistrements aux personnalités variées, à l'intérieur d'un style commun (si ce n'est pas le propre de la tradition ça…). Et l'avantage de ce second opus c'est qu'ayant un peu moins l'effet de surprise, on fait davantage attention au reste, et plus particulièrement aux voix. D'ailleurs le CD s'ouvre sur une très belle plage à deux voix féminines et quelques autres perles vocales suivent…

Ed. Cinq Planètes http://www.cinqplanetes.com

Dist : L'Autre Distribution

Rappel : lire la chronique du volume 1 :


Duo Pennec-Bertrand

" Réunion de Chantier "

Duo Pennec-Bertrand : voici un nom qui ouvre bien des possibilités de combinaisons instrumentales puisqu'Alain Pennec joue (entre autres) tant de la veuze que du diato et que dans la famille Bertrand on connaît Thierry à la veuze et Sébastien au diato. Ce nom aurait donc pu cacher des duos veuze-veuze, diato-veuze ou diato-diato. Mais c'est un pur duo d'accordéons diatoniques que nous offrent ici Sébastien Bertrand et Alain Pennec (1), deux musiciens qui se connaissent bien, notamment pour jouer ensemble dans Sloï. Il serait trop long de retracer le parcours musical d'Alain Pennec, mais du sonneur de couple des débuts à Sloï et ses divers duos actuels, en passant par Tammles, il a toujours eu au moins un pied dans la musique à danser. Quant à Sébastien, chacun a en mémoire le fameux Duo Bertrand dont la cadence (le swing adapté à la danse traditionnelle si ce mot vous parle mieux) était exemplaire. Si je vous fais ainsi un petit rappel en insistant sur l'aspect musiques à danser, c'est que ce CD y est en grande partie consacré, sur un répertoire du Marais breton vendéen, de Haute et de Basse Bretagne. Mais c'est surtout parce que notre duo fait à nouveau preuve d'une bien belle cadence et met les arrangements au service de celle-ci. A la première écoute, vous serez d'ailleurs surpris de ne pas avoir réellement l'impression d'entendre un duo : le plus souvent une ligne mélodique et un accompagnement de basses, comme le ferait un accordéoniste seul, mais un accordéoniste qui disposerait d'une bien belle indépendance des mains (voire du soufflet…) et d'un jeu de basses bien riche. Ce sont les danseurs qui vont apprécier, eux qui trouvent généralement que les polyphonies nuisent plutôt à la cadence. Ils n'aiment en général pas non plus que la ligne mélodique disparaisse et si nos deux larrons utilisent parfois de petits passages en accords rythmiques pour relancer la danse, c'est toujours suffisamment bref pour ne pas perturber même un danseur débutant. Et en y réécoutant de plus près, parce qu'il n'est pas non plus nécessaire de danser pour apprécier ce CD, vous découvrirez que derrière cette apparente simplicité, se cache naturellement l'expérience de ces deux musiciens dont le jeu a la force de ceux qui n'ont plus vraiment à démontrer leur talent.

 

(1) un CD tellement pur diato que les percussions assurées par Sylvain Fabre derrière le duo sur la dernière plage sont exécutées sur un diato…

Coproduction éditions Alain Pennec http://www.alain-pennec.com - Cinq Planètes http://www.cinqplanetes.com

Dist : L'Autre Distribution

Voir un petit rappel discographique sur ces deux artistes dans la chronique du CD de Sloï

Sloï


Marc Clérivet

"M'ner l'draw Vol.2

Guide sonore illustré des danses et traditions populaires en Haute-Bretagne - Tradition dansée entre Fougères et Dinan"

Livre + CD + DVD


Cliquer sur l'image pour lire la chronique dans la rubrique livres


Kaulakau
" Bernoiver "

Voici un groupe catalan que j'ai découvert en zappant sur les chaînes TV espagnoles et sur TVCi plus particulièrement. Quleques minutes de " clip " ont suffit à me convaincre de la qualité de ces musiciens, d'autant que le vielleux, Marc Egea, ne m'était pas inconnu, ayant eu le plaisir de chroniquer son CD solo il y a quelques années pour Trad. Magazine. Jordi Molina, à la tenora (1) n'était pas un inconnu non plus puisqu'on avait pu l'entendre à St-Chartier en 2002 au sein du Workshop de hautbois populaires de Philippe Neveu (2) et il ne s'agit que de la partie émergée de sa carrière de compositeur, soliste dans diverses coblas et accompagnateur. Tous deux se partagent ici le devant de la scène, accompagnés par le contrebassiste Franco Molinari, discret mais efficace et le batteur Enric Canada, que je serai plutôt tenté de qualifier de percussionniste car il ne joue pas que de la batterie et, même sur cette dernière, son jeu est assez atypique, ni rock, ni classiquement jazz, ne cherchant jamais à occuper l'espace sonore mais rythmiquement toujours suffisant et jouant sans cesse avec goût des diverses sonorités de ses percussions. Sa technique est bien réelle même si elle ne sautera pas aux oreilles du néophyte.

La vielle possède ce son aujourd'hui bien typé des instruments électroacoustiques parfaitement réglés (comme celle d'un Gilles Chabenat par exemple). Il joue sans bourdon ou avec des bourdons discret, use peu du chien et lorsque celui-ci est mis en action, il est curieusement très gras, ce qui ne peut qu'être un choix volontaire de la part de Marc Egea. Jordi Molina, de son côté, maîtrise parfaitement l'anche de sa tenora, sur toute la tessiture de l'instrument, voire dans des effets un peu spéciaux. La tenora nous offre une sonorité à mi-chemin entre hautbois populaire et hautbois classique ou plutôt une sonorité combinant celles de ces deux types d'instrument : tantôt riche en harmonique comme un hautbois populaire (sonorité un peu en canard) et tantôt plus lisse comme un hautbois classique. Mais ne cherchez pas sur ce CD les plans habituels de la tenora en coblas : tel n'est pas l'objet de ce CD qui n'offre que très peu de références directes au répertoire catalan. Toutes les pièces sont d'ailleurs des compositions de trois des musiciens, dont principalement Marc Egea. Il s'agit de pièces de tempo généralement modéré, dont l'aspect mélodique ne saute pas aux oreilles à la première écoute, mais dont on se rend compte, dès la seconde, qu'elle se sont déjà un peu imprimées dans notre mémoire. Ces mélodies permettent à la vielle et à la tenora de s'exprimer, tantôt en duo, tantôt en soliste, aucun des deux n'hésitant à s'arrêter de jouer pour laisser l'autre s'exprimer. Si l'une est à cordes et l'autre à anche, vielle electroacoustique et ténora ont finalement des sonorités qui se ressemblent suffisamment pour que les transitions se fassent en douceur et que l'auditeur passe sans toujours s'en rendre compte de l'une à l'autre, ou d'un solo à un duo. S'agissant de musique résolument actuelle, quelques passages sont plus free, mais jamais rien ne semble gratuit ou purement technique ou virtuose. Et un retour régulier à la mélodie redonne toujours des repères à l'auditeur.

Bien entendu, si pour vous musique trad. n'est synonyme que de musique à danser, ce CD n'est pas pour vous, mais si vous êtes ouvert au trad. actuel et novateur et que vous appréciez lorsque celui-ci ne pioche pas simplement aux recettes toutes faites du rock ou du jazz, ce CD devrait vous intéresser et même certainement vous plaire…

http://www.kaulakau.com

Discmedi http://www.discmedi.com

Rappel : Marc Egea "D'aqui, d'allà i de més enllà" Tecnosaga 2001

On peut également l'entendre sur deux plages du CD "La tradicion musical en Espana - La Zanfona" également chez Tecnosaga 2003

(1) hautbois catalan doté d'un clétage et d'un long pavillon métallique, mis au point à la fin du XIXème par André Toron et qui fait office depuis d'instrument soliste dans coblas catalanes ou il figure généralement aux mains de deux musiciens. Un second hautbois, plus court, le tible, est également présent dans les coblas.

(2) mais il ne figurait pas encore sur le CD des Grinces-Charmants. Voir également http://philneveu.free.fr/BOOK-WHP.pdf

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Emmanuel Louis with the Gardenning Group

" Play some music about your garden "

Je ne peux me résoudre à passer sous silence un CD qui m'est envoyé dans le cadre de cette lettre d'info (1) même lorsque le CD en question n'a pas grand-chose à voir avec les musiques trads, ce qui est le cas ici. Je peux vous dire qu'il s'agit tout de même de musique acoustique (guitare acoustique, flûte, violon, violoncelle, chant) mais pour le reste c'est aussi inclassable que le laisse entendre le titre. D'ailleurs, je l'ai écouté trois fois et, comme un jardin que l'on visiterait à trois saisons différentes, j'en ai perçu à chaque fois des couleurs différentes, à se demander si j'écoutais bien le même CD : plutôt pop-rock acoustique avec ses chansons déclamées et parfois presque criées en anglais et en français la première fois. Plutôt musique dite " classique " mais souvent un peu tendue dans les harmonies à la seconde écoute, jugeant d'ailleurs que les chansons étaient plutôt dans le style des spectacles musicaux à l'anglaise que vraiment rock et, enfin, hier soir, je l'ai trouvé finalement très sage, avec des passages finalement proches de ce que j'écoute d'habitude.... Je garde les impressions de la quatrième " saison " pour moi… Un CD qui ne plaira, certes, pas forcément à tout le monde, mais qui ne déroge pas à la qualité habituelle de ce label.

Homerecord http://homerecords.be

(1) sauf lorsque je considère que c'est un raté, auquel cas je vois directement avec celui qui me l'a envoyé.


Ricardo Tesi

" PresenteRemoto "

A propos de ses deux derniers CDs, je vous écrivais qu'il y a R. Tesi joueur de diato soliste (cf son récent CD chez Cinq Planètes) mais également un R. Tesi arrangeur et accompagnateur, qui aime s'entourer de musiciens et chanteurs de talents auxquels il donne la place de s'exprimer dans ses formations, ce qui ne l'empêche tout de même pas de prendre la parole (instrumentalement s'entend…) sur le devant de temps à autre. C'est cette seconde option que nous offre ce CD et Ricardo n'a pas fait les choses à moitié pour ses 30 ans d'accordéon puisqu'il a invité 24 musiciens et chanteurs dont certains avec qui il avait déjà travaillé sur de précédents enregistrements (Banditaliana, Patrick Vaillant, G. Mirabassi, D. Sepe, …), ce qui pourrait laisser craindre, au vu de la pochette, à une compilation, mais il n'en est rien, tous ces enregistrements sont originaux. Il nous fait à nouveau profiter de son goût pour les bons saxophonistes et clarinettistes (pas moins de 6 praticiens invités), de son intérêt de toujours pour les musiques Sardes (avec, en invités, Elena Ledda, le trio de chanteuses Balentes et le joueur de launeddas C. Mariani) n'hésitant pas à y introduire du chant dans le style mongol… et de son ouverture à d'autres styles, comme ce tango de sa composition. Ricardo Tesi est sans doute l'un des musiciens italiens les plus connus par chez nous et ce n'est pas pour rien. Si vous suivez sa carrière CD après CD (et ils sont nombreux), vous pourrez constater sur celui-ci que même s'il avait démarré fort dès le début de sa carrière, il gagne encore aujourd'hui en maturité musicale sans tomber dans l'hermétisme ou l'élitisme, ni verser dans le commercial.

Felmay http://www.felmay.it

Dist France " L'Autre Distribution "

Voir sa discographie avec ma chronique de son CD : Crinali


 

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