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Jean-Luc Matte

Les chroniques CD écrites pour Trad. Magazine
(5/20 Espagne 1 : coll "La tradicion musical en Espana"
et chant sépharade)

Cette page est consacrée à quelques-unes des collections de l'éditeur Tecnosaga, voir les chroniques des autres CDs de cet éditeur sur la page suivante

De 1991 à 2009, j'ai rédigé diverses chroniques dans le revue Trad. Magazine que cette revue m'a autorisé à vous mettre en ligne. Les date de parution sont citées, mais ces textes ont été écrits au minimum deux mois auparavant et parfois jusqu'à plus d'un an...

Tout ceci était indépendant des chroniques que j'ai rédigé pour mes infosmumuses, mais pour cette mise en ligne, je ne me prive pas de mettre des renvois des unes vers les autres .... 

Pour savoir comment a débuté et fini cette aventure, lire "Chronique Story"

Sommaire de toutes les chroniques

 
Contact de cet éditeur :

Tecnosaga, Plaza del Maestro Tarrega 7 28100 Alcobendas Madrid Espagne http://www.tecnosaga.com tecnosag@tecnosaga.com


Vol. 9 :"El Viejo Aragon"

Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page - Durée : 74'

Commençons par traduire l'expression "Viejo Aragon" par "Ancien Aragon", le titre de ce disque (de la même collection que les deux ci-dessus) faisant référence à l'étendue historique de cette province, différente de celle actuellement fixée par les limites administratives. Cet excellent CD de collectage nous fait donc découvrir les traditions musicales de cette partie du versant sud des Pyrénées qui, si elle semble, sur la carte, tourner le dos à nos vallées d'Aspe et d'Ossau, offre de nombreuses similitudes avec certaines traditions occitanes, une légère coloration hispanique en plus. Regroupés en sept thèmes (depuis "nativité et enfance" jusqu'à "la mort", en passant par "l'amour et la vie", "la maison et la terre" et "la fête" déclinée sous trois aspect : "église", "danses cérémonielles" et "bal", les 48 plages de ce CD, tout comme le livret très didactique, témoignent du souci des concepteurs de ce projet de faire connaître les multiples aspects de la culture populaire de l'Aragon : si le chant est majoritairement présent, les thèmes "danse cérémonielles" et "bal" font entendre, violon, flûte à trois trous - tambourin à cordes (enregistrements différents de ceux du CD ci-dessus dédié à ce pseudo-couple) et accordéon. De courtes plages font également entendre des devinettes, formules pour prévoir le temps ou conjurer le mauvais temps etc. Bien entendu, s'agissant d'un disque de collectage, les interprètes sont des anciens, mais ceux qui savent apprécier ce type d'enregistrements bruts y découvriront au delà de l'aspect documentaire quelques perles non seulement du point de vue du répertoire mais également de la sensibilité d'interprétation.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°70 mars-avril 2000)


Voir le vol.13 un peu plus bas avec le 17,

je n'ai pas eu l'occasion de chroniquer les vol.1 à 8,
1 LA CORNISA CANTABRICA.
2 Los ultimos tanedores del Rabel,
3 PANDERO CUADRADO Y PANDERETAS TRASMONTE (ASTURIAS),
4 DANZAS DEL SUR DE BADAJOZ Y NORTE DE HUELVA,
5 OS RITMOS BAILABLES (en Galice, avec gaita, chant et pandereita)
6 PANDA DE VERDIALES
7 EL VALLE DE POLACIONES
8 Monegros (réédition d'un 33t d'un groupe aragonais avec cornemuse locale)

ainsi que les volumes :
10 "Jerez de la Frontera",
11 "Romancero Sefardi",
12 "Las Hurdes"
et 16 "El Caldero", chants des hommes, des femmes, de table et de travail


Vol. 14 :" Instrumentos tradicionales"

Durée : 72'

Vol. 15 :" El Tambor de cuerdas de los Pirineos"

Durée : 56'
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page

La plupart des magasins de disques français ne proposent, en matières de musiques traditionnelles espagnoles quasiment que du flamenco (celui que je fréquente le plus régulièrement dispose d'un bac " flamenco " qui contient en principe du flamenco et un bac " Espagne " qui contient … également du flamenco). Entendons nous bien, je n'ai rien contre cette tradition, bine au contraire, mais il est navrant de voir qu'elle occulte le reste de la production discographique espagnole qui n'est, le plus souvent pas du tout distribuée en France. J'ai déjà exprimé ce regret au sujet des productions du label " Do Fol ", je vais le renouveler à propos du label " Tecnosaga " dont le catalogue en matière de musiques traditionnelles est impressionnant et n'offre pas de comparaison en France (surtout de la part d'un privé, celui de l'AMTA est celui qui s'en approcherait le plus : un mélange de disques documents et de groupes revivalistes). Vous pouvez d'ailleurs consulter ce catalogue sur Internet (cf ci-dessus). Leur domaine de prédilection se situe en Espagne du Nord et, particulièrement, mais pas uniquement, en Aragon et régions voisines, contrées souvent mal connues des Français bien que situées juste de l'autre côté des Pyrénées (j'ai déjà eu l'occasion de chroniquer les enregistrements de l'excellent groupe aragonais Biella Nuei également parus chez cet éditeur).

Le premier des CD qui nous intéresse aujourd'hui, sous couvert de nous faire découvrir la variété instrumentale de l'Espagne (le livret, rédigé par Joaquin Diaz est un petit dictionnaire des instruments), nous promène allègrement au travers de la péninsule et des ses nombreuses et très diverses expressions musicales traditionnelles, on se plait d'ailleurs à penser que ces enregistrements auraient tout aussi bien pu illustrer la diversité des rythmes, des contextes musicaux et des répertoires que celle des instruments. Notons d'ailleurs que si la voix n'est pas citée dans le livret au titre des instruments, elle est très largement (et diversement) représentée ici, parfois accompagnée uniquement d'une percussion sommaire. La nature des enregistrements est également variée et passe du document brut de collectage à des ensembles parfaitement (parfois trop) en place. Certains sont de petites perles et l'on regrette que le livret ne nous permette pas d'en savoir plus sur leur contexte. Ce disque est le 14ème volume d'une collection consacrée à la tradition musicale espagnole (j'y mettrais bien un pluriel) mais fait, de par sa diversité, quelque peu exception dans cette série aux thèmes bien plus pointus. On aurait d'ailleurs pu penser que ce volume constituait la conclusion de l'ensemble si un 15ème n'était rapidement paru, reprenant le fil des enregistrements plus spécialisés (livret très complet en Castillan).

Ce dernier volume nous intéresse particulièrement puisqu'il balaye une tradition instrumentale connue sur les deux versants pyrénéens : celle de la flûte à trois trous jouée avec le tambour à cordes. Cet ensemble instrumental (joué par un musicien unique) est parvenu jusqu'à nous dans les provinces espagnoles de Navarre et d'Aragon ainsi que, de notre côté en Béarn (vallée d'Ossau), Bigorre et Soule. Ce disque fait donc appel à des musiciens de ces différentes région (entre autres Marcel Gastellu Etchegorri, musicien chercheur de longue date, aussi discret qu'efficace), quelques anciens et pas mal de plus jeunes mais jouant tous traditionnellement et le plus souvent en solo. Ceci nous offre un intéressant tour d'horizon de l'instrument double au sein duquel la flûte déroule sa mélodie tandis que le tambourin à cordes fait office de base rythmique obstinée et de bourdon (les vibrations volontairement créées par la courbure du chevalet contribuent d'ailleurs à faire ressembler ces cordes davantage à des timbres de tambour qu'à des cordes de cithare). Si l'instrument est indéniablement conçu pour la danse (richesse en harmoniques aiguës de la flûte, présence du bourdon, fonction rythmique du tambour), il sait également donner un aspect envoûtant aux airs lents. Si l'on doit retenir une chose de ces enregistrements, c'est que les Pyrénées ne constituent de barrière qu'administrative : essayez donc les yeux fermés d'attribuer chaque morceau à sa région : sauf si vous êtes spécialiste vous donnerez rapidement votre langue au chat et si des échanges récents sans doute pu avoir lieu, l'unité organologique et musicale qui se dégage ici est indéniable.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°70 mars-avril 2000)


Vol. 13 :" El Gaitero de Sanabria"

Durée : 63'12 : Recommandé T. Mag

Vol. 17 :"Galicia"

Durée : 51'22

Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page

J'ai déjà eu l'occasion de vous présenter trois autres enregistrements de cette magnifique collection sur les traditions musicales espagnoles (livrets très documentés en espagnol). Précisons à nouveau qu'il s'agit d'enregistrements de collectage et non de réinterprétations. Certains vont certainement en conclure un peu vite que l'intérêt n'est que documentaire, je ne pourrai que leur donner tort tant nombre de plages présentent une qualité d'interprétation à laquelle toute oreille correctement éduquée ne peut rester insensible.

Je dois avouer qu'en voyant la photographie de Julio Prada Guzman, le "Gaitero de Sanabria", posant un peu gauchement avec sa gaita posée sur le genou et ses soixante quinze ans souriants sous le béret, je ne m'attendais pas forcément à un jeu aussi riche et précis que celui qu'il nous propose dès les premières plages; et ce d'autant que la province de Zamora où il est né fait partie de ces régions bordant la Galice et les Asturies, au sein desquelles la tradition de gaita s'est conservée de manière plus sporadique que dans ces dernières, mais souvent de manière plus archaïque. Passées les premières danses interprétées à la gaita et aux percussions, le CD nous présente ensuite des plages de chant accompagné à la gaita : sept chanteurs et chanteuses différentes si succèdent, tous accompagnés par J. Prada. Celles-ci sont un peu plus rudes à l'oreille non avertie mais nous font découvrir une autre facette de la tradition de gaita.

Le second album est consacré de manière plus générale aux traditions de Galice, nous y retrouvons naturellement quelques plages de gaita de derrière les fagots dont l'intérêt est indéniable à l'heure où l'instrument subit de nombreuses influences extérieures. Le reste des enregistrements est essentiellement consacré aux chants, éventuellement accompagnés au tambourin avec différentes techniques de frappe (superbe plage 9 avec tambourin martelé devant la poitrine). Ici également on a parfois du mal à imaginer meilleures interprétations que celles de ces voix certes âgées, mais o combien habitées par ces chants.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°73 sept-oct 2000)

Rappel : voir ci-dessous le CD consacré à cette région et reprenant quelques plages du présent CD


Vol. 18,19 et 20 :" La Montana Palentina, Rebanal de las Llantas

Durées : 73'02 + 73'56 + 70'51
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page

L'enregistrement de collectage c'est un peu comme l'opéra : sauf exception seuls ceux qui sont nés dedans accrochent spontanément. Pour les autres, il y a un petit effort à faire au départ : dans le cas des enregistrements de collectage, la motivation première de l'auditeur est souvent intellectuelle (il s'agit de documents de référence), et liée au désir de connaître un nouveau répertoire. Mais lorsque le déclic s'est produit, l'auditeur découvre que tous ces "informateurs" sont avant tout des artistes à part entière, passeurs d'émotion au même titre que n'importe quel chanteur ou musicien actuel. C'est dans cet état d'esprit que je vous souhaite d'écouter ce triple CD, essentiellement chanté, consacré à la région de Rebanal de las Llantas (Palencia) dans les monts cantabriques, côté Castille. Moins typées que les musiques instrumentales, ces traditions chantées nous sont finalement plus familières (il ne s'agit essentiellement de chants à voix naturelle) et l'on devine presque, derrière chaque plage, l'ambiance dans laquelle elle a été enregistrée : le lieu, le moment de la journée, le temps qu'il faisait…Notons que l'on retrouve parmi ces chants des textes connus par chez nous, par exemple, " Jesucristo en traje de pobre " et il serait intéressant d'étendre les catalogues des thèmes des chansons francophones à celles des pays voisins de langues différentes. Comme pour les précédents volumes de cette impressionnante collection (cf n° précédents de T.Mag.) celui-ci est remarquablement bien conçu et le livret détaille un programme bâti autour du calendrier (CD 1), des étapes de la vie (CD 2) et du "romancero" traditionnel (CD 3). Signalons pour les amateurs d'art campanaire quelques plages dédiées aux sonneries de cloches.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°74 nov-decembre 2000)


Vol. 21 :" Gaita de odre"

Durée : 70'26
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé Trad. Mag.

Si pour vous la tradition de cornemuse par delà les Pyrénées se limite à une gaita galicienne dont le style de jeu serait proche de celui du bagpipe, il est urgent que vous écoutiez ce CD qui nous offre un voyage au travers des diverses régions d'Espagne du Nord (avec une incursion au Portugal) où la cornemuse est traditionnellement présente. Les enregistrements se situent pour la plupart dans une zone difficile à définir entre collectage et revivalisme : qu'ils soient issus directement de la tradition ou qu'ils aient constitué leur technique de jeu par leurs recherches (Pep Roger ou Martin Blecua par exemple), tous pratiquent le style propre de leur région et les enregistrements présentés le sont sans artifice (le plus souvent cornemuse et percussions, parfois quelques voix, flabiol-tambourin en Catalogne et Baléares selon la formation traditionnelle). Chacun peut ainsi s'offrir un petit voyage cornemusicologique allant de Catalogne en Aragon en passant par Majorque et toutes les régions gravitant autour de la Galice et des Asturies (Leon, Zamora et nord-est du Portugal : Miranda de Douro) au sein desquelles la pratique de la gaita est, sans doute un peu moins présente, moins emblématique aussi, mais qui a conservé des styles de jeu particuliers (on reconnaît aisément en particulier le style des gaitero portugais.). Comme c'est souvent le cas dans cette superbe collection, ces enregistrements ne sont pas vraiment grand-public mais raviront les vrais amateurs de cornemuses. On regrettera juste que le livret ait une approche historique assez généraliste plutôt que de présenter la tradition de chacune de ses régions et les interprètes (une petite carte n'aurait pas été superflue…)

Jean-Luc Matte (paru dans le n°76 mars-avril 2001)


Vol. 22 : "Sones de gaita y tamboril en la tierra de Ciudad Rodrigo"

Durée : 61'32
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé Trad. Mag.

Si je lui attribue sans arrière pensée le label "Recommandé Trad. Mag.", autant vous prévenir, comme quelques autres enregistrements de cette remarquable série, ce CD est plutôt destiné à un public soit régional, soit spécialisé mais dans tous les cas familiarisé avec ces sonorités et capable de supporter 61mn jouées exclusivement par une flûte à trois trous et son tambour à une main d'accompagnement. Ne soyez pas surpris par le terme gaita : si en France on l'assimile à la cornemuse galicienne ou asturienne (gaita gallega ou gaita de foles, voire gaita de odre), il désigne, selon les régions espagnoles d'autres cornemuses (gaita de boto aragonaise par exemple), un hautbois (souvent joué en couple d'ailleurs), voire, comme ici, une flûte à trois trous d'une quarantaine de centimètres jouée avec un petit tambour timbré comme un tambourin de Provence. Pour achever d'être précis, indiquons que ce CD reprend les enregistrements d'un 33 tours de 1984 auxquels ont été ajoutées des pièces enregistrées à l'époque pour celui-ci mais non retenues faute de place et quelques interventions de l'époque sur d'autres vinyls. Le jeu de Jose Ramon Cid Cebrian, élève de plusieurs anciens "tamborileros" et bien dans l'esprit de ce qu'était certainement le jeu de ces anciens : posé, sans virtuosité gratuite mais avec une belle cadence imperturbable. Un coup de chapeau pour le livret réalisé par Jose Ramon lui-même : si les livrets des ed. Tecnosaga sont toujours soignés mais parfois incomplets, celui-ci fait parfaitement le tour de ce qu'il faut savoir sur l'instrument, le musicien, la région et son histoire, les pièces jouées etc…

Jean-Luc Matte (paru dans le n°80 nov-dec 2001)


Vol. 23 :"Tiempo de Navidad"

Durée : 73'29
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé Trad. Mag.

Si le Portugal dispose actuellement d'une collection de référence en matière de collectage (voir encadré sur Sons da Terra), l'Espagne possède elle aussi une collection très voisine (y compris dans l'esthétique des livrets), dont je vous signale depuis quelques temps les parutions : "La tradition musical en Espana" des éditions Tecnosaga. Au sein de cette série, voisinent des enregistrements dédiés à un seul musicien ou très localisés, mais également des CD plus génériques tels celui-ci sur certaines traditions de Noël. Je précise "certaines traditions" car je ne pense pas que l'éditeur ait envisagé un balayage exhaustif de celles-ci. Il a, bien plus à propos, orienté ses choix autour de trois thèmes : les chants de la nuit de Noël, qui se chantent collectivement dans les rues avant la messe de minuit souvent accompagnés de tambours à friction et autres percussions, les chants sur les rois (plus intimes dans leur style, plus axés sur le texte) et, enfin, les pastorales des régions voisines de Leon, ces représentations chantées de la nativité dont les trois extraits présentés aiguisent notre curiosité. Trois styles de chants différents, eux-mêmes déclinés selon les régions mais également selon le type d'interprétation, brute et poignante sur nombre de plages, légèrement plus folklorisées sur quelques autres. Des enregistrements qui donnent envie d'en savoir plus et, surtout, d'aller vivre ces instants de fête.

Jean-Luc Matte (paru dans le n° 81 janv-fev 2002)

Rappel : voir ma page consacrée à la discographie de la période de la nativité en musiques traditionnelles


Rabelistas en Olea

Concierto en directo grabado el 26/01/2002
Durée : 74'33

Vol. 24-25 :" Palotiaux del Viejo Aragon y Valle de Broto"

 

Durée :74'46 + 47'37 + partie CD Rom
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page

A chaque numéro de T.Mag, je chronique, toujours avec plaisir, deux ou trois CD de cette maison espagnole dont j'essaye toujours de vous rappeler le nom car, à l'encontre des grandes majors produisant de manière interchangeable des CD " qui se vendent ", Tecnosaga fait partie de ces rare producteurs qui osent mettre sur le marché des enregistrements pointus dont la diffusion ne peut rester que confidentielle : enregistrements de collectages explorant une tradition, un instrument très précis ou bien groupes jouant une musique traditionnelle sans concession aux modes actuelles. C'est encore le cas avec des deux productions : un concert dédié à un instrument unique : le rabel et un double CD dédié à une tradition de danse de bâtons.

Le rabel est, comme son nom l'indique, un descendant populaire du rebec médiéval, instrument à cordes frottées piriforme dont le manche est taillé dans le même bloc que la caisse. L'instrument est encore présent dans le nord de l'Espagne (Cantabrie principalement), sous une multitude de formes, dont certaines très rustiques. Ce CD est l'enregistrement d'un concert réunissant 19 musiciens dont je ne sais s'il faut les désigner comme joueurs de rabel ou comme chanteurs, l'instrument servant, sur la plupart des plages, à accompagner le chant soliste dans un style et un répertoire assez homogène, vraisemblablement du fait du style d'accompagnement inhérent au rabel : jeu en doubles cordes avec corde bourdon, faible volume sonore… 4 groupes viennent compléter le concert. Un enregistrement assez austère, il faut bien le dire, mais nullement dénué de charme, tant pour la sonorité voilée du rabel que pour les beaux timbres de voix.

Le double CD consacré au " Palotiaus " (danses de bâton, généralement effectuées lors de processions religieuses sur le versant sud des Pyrénées aux environs de Jaca) ne comporte pas moins de 118 plages, découpage indiquant que les concepteurs de celui-ci visent essentiellement un rôle pédagogique (facilité d'accès à un point bien précis pour apprentissage). Une partie CD rom comporte, par ailleurs, les 151 partitions correspondantes et leur version midi. Chacun des CD commence par un texte explicatif parlé puis chaque morceau est précédé de l'annonce de son titre, voire d'une version chantée. Seuls les premières plages sont interprétées par des ensembles, les suivantes le sont par des joueurs solistes de flûte-tambourin. Personnellement je regrette un peu que ce côté didactique trop marqué nuise à l'aspect artistique: on est bien loin d'y retrouver l'ambiance qui devait régner lors de ces danses collectives. Il faut attendre la fin du second CD pour trouver un peu de ces ambiances au travers d'enregistrements de rue d'ensembles sans doute moins traditionnels (un son davantage fanfare, avec hautbois toutefois) mais plus vivants (on y entend enfin le bruit des bâtons des danseurs !).

Jean-Luc Matte (paru dans le n°84 juillet-août 2002)


Vol. 26 :"Seleccion de romances sefaradies de Marruecos"

Durée : 74'41
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé Trad. Mag.

Si vous avez lu dans le numéro précédent (n°86) l'article sur Sandra Bessis, vous avez sans doute été intrigué par ses chants sépharades qui se sont conservés de 1492 à aujourd'hui parmi les populations juives d'origine espagnoles en exil, en particulier au Maroc. L'éditeur espagnol Tecnosaga qui a déjà a son catalogue plusieurs CD de chants sépharades (cf. par exemple T.M n°78) nous propose justement d'écouter les dépositaires actuels de cette tradition au travers de collectages réalisés dans le nord marocain de 1979 à 1991. Si le livret ne retranscrit pas les paroles de ces chants, c'est qu'ils figurent tous dans "Romancero Sefardu de Marruecos - Antologia de tradicion oral" publié en 1979 Par S. Weich-Shahak. Tous ces chants sont des ballades (narratives) de thèmes divers : épique, bibliques, amoureux… et sont, pour la plupart, interprétés ici par des femmes d'âge respectable mais dont la maîtrise vocale permet encore d'en apprécier la beauté et les subtilités. Il est souvent fait état des influences que les chants sépharades ont intégrées durant leur exil, mais à l'écoute de ces interprétations, on est plutôt étonné de la discrétion de celles-ci et l'on se demande, par exemple, si les mélismes discrets qui ornent ces chants résultent de ces influences ou datent de l'origine médiévale de ceux-ci. En écoute aveugle, qui devinerait que ces chants ont traversé cinq siècles d'exil et qu'il ne s'agit pas, tout simplement de chanteuses d'une quelconque région d'Espagne ? Un document indispensable à tout amateur de musique sépharade, pour se faire sa propre opinion.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°87 Janv-fev. 2003)


Vol. 27 :" La Zanfona"

Durée : 61'27
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé Trad. Mag.

Je ne vous présente plus cette très bonne série espagnole dont je vous ai chroniqué tous les volumes depuis le 13. Le présent numéro, consacré à la vielle à roue en Espagne est un peu surprenant dans son contenu, à commencer par la présence d'une suite de 6 plages de Michel Corrette ("La belle vielleuse"), compositeur bien français : visiblement, il n'y avait pas de quoi représenter la période baroque avec un répertoire plus local. Le CD enchaîne ensuite directement avec un morceau de Marc Egea dans un style contemporain proche de Valentin Clastrier puis dans un style plus traditionnel catalan. Je vous ai déjà présenté le vielleux catalan Marc Egea (TM n°78) ainsi que Rafa Martin (TM n°82) autre vielleux espagnol bien actuel, présent également sur ce CD, mais si les deux plages de M. Egea sont originales, celles de R. Martin ne sont que des reprises de son CD. Les autres vielleux qui interviennent l'un après l'autre sur ce CD présentent tous une vision plutôt actuelle de l'instrument (d'influence française ?) et je suis surpris, au sein de cette série, que seul German Diaz, dans la plage d'ouverture, représente l'usage de la vielle en accompagnement d'un chant du romancero. Comme d'habitude, le livret (en espagnol) est un vrai petit cours sur l'histoire de l'instrument, ses usages traditionnels, son revival etc… dommage qu'il en oublie de présenter de manière un peu plus détaillée les pièces et les interprètes. Précisons enfin, car c'est important pour cet instrument, que les prises de son sont remarquables.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°90 juillet-août 2003)


Vol. 28-29 : "Sanabria - Musica Tradicional"

Durée : 71'53 + 66'27
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé Trad. Mag.

La région de Sanabria n'est pas inconnue aux amateurs de cornemuses qui savent que l'on y trouve une tradition de gaita moins vivace mais plus préservée des évolutions que celle que l'on peut entendre dans les régions voisines de Galice ou d'Asturies. J'ai déjà eu l'occasion d'ailleurs de chroniquer le CD de Julio Prada (N°13 de la même collection), le plus fameux des anciens gaiteros de cette région, gaitero que l'on retrouve d'ailleurs sur plusieurs plages de ce double CD (quelques plages reprises du CD en question mais également de nouvelles). La présence d'autres gaiteros de l'ancienne génération nous prouve d'ailleurs qu'il n'est pas le seul porteur de cette tradition. Mais il n'y a pas que la gaita dans cette région, loin de là et les deux CD nous font entendre principalement des chants, en soliste, en ensemble, avec gaita voire rabel mais, surtout, accompagné d'un simple tambourin à cymbalettes, le fameux pandereta que l'on sait si bien manier dans toute cette zone de l'Espagne. Il est d'ailleurs étonnant de voir que si la voix accuse parfois l'âge de certaines chanteuses, celles-ci s'accompagnent toujours avec une efficacité et une précision remarquable au pandereta. Ce double CD (paru tout d'abord en 1986 sous forme de 4 LP) est accompagné de deux livrets : le premier nous présente de manière générale le répertoire, les instruments, les danses etc… tandis que le second donne le détail de chacune des 49 plages.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°92 nov-dec 2003)


Vol. 30 : "La Ronda de Motilleja"

Durée : 49'26
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé Trad. Magazine

Trentième volume de cette série chez un éditeur qui a bien d'autres choses intéressantes à son catalogue. Curieuse série d'ailleurs qui, sous une présentation homogène, consacre ses volumes successifs tantôt à un instrument, tantôt à un musicien, tantôt à une région plus ou moins grande et, cette fois-ci, à un ensemble, un groupe folklorique devrais-je dire si la connotation de ce terme en France ne me semblait pas aussi peu appropriée à ce que j'entends ici. La " Ronda de Motilleja " est le groupe du petit village du même nom, dans la région d'Albacete au sud-est de la Castille et cette implantation explique que l'on retrouve dans leur musique des parentés avec le flamenco, dans l'implication des chanteurs par exemple ou dans l'instrumentarium composé d'instruments à cordes pincées (guitares, octavilla, luth, bandurria…) et de percussions diverses. Un groupe relativement nombreux mais qui laisse s'exprimer les individualité sur de nombreuses plages et c'est sans doute ce qui fait une bonne partie de la valeur de cet enregistrement car ce sont sur ces plages que l'on sent le mieux la proximité de la tradition.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°95 mai-juin 2005)


Je n'ai pas eu l'occasion de chroniquer le vol.31 qui a été perdu par la poste...

Vol..32 "Chantres de Andavias
Misa Solemne Andavia (Zamora)"

Durée :54'02
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé Trad Magazine

Une fois n'est pas coutume dans cette collection principalement destinée au public local, l'un des textes du livret de ce CD est rédigé en français. Il faut dire que ledit texte est de la plume de Marcel Pérès (ensemble Organum) est cela est déjà en soi un gage d'intérêt pour ce document. Car c'est bien d'un document qu'il s'agit, mais un document bien vivant, conservé en vie, comme l'explique Marcel Pérès, par les chantres de cette paroisse de la région de Zamora, malgré plus de 150 ans de désinterêt général et même d'opposition de l'église davantage attachée à une normalisation du chant grégorien qu'à la préservation de cet héritage du chant mozarabe monodique du premier millénaire aux échelles toutes particulières. Précisons que ces chants lancés sous les voûtes, n'ont certes pas le côté spectaculaire de certaines polyphonies méditerranéennes et que ce CD tout de même assez austère ne sera certainement véritablement apprécié que par des initiés mais on ne peut s'empêcher, à son écoute, de trouver des similitudes avec tel ou tel autre type de monodie interprétée en chœur, voire paradoxalement avec certaines polyphonies tant le caractère modal marqué entraîne une impression de polyphonie.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°104 nov-dec. 2005)


Vol. 33 :"Canconiero sefardi de Turquia"

Durée : 54'52
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Bravos Trad. Magazine

Faut-il rappeler que les Séfarades sont ces juifs expulsés d'Espagne il y a cinq siècles. Ils emportèrent avec eux une culture qu'ils préservèrent jusqu'à nos jours dans leurs différents pays d'exil, non sans quelques influences locales naturellement. Ce CD est loin d'être le premier consacré à cette culture par l'éditeur Tecnosaga mais celui-ci est d'un intérêt exceptionnel :

- par la qualité du livret (en espagnol et en anglais) de l'ethnomusicologue Susana Weich-Shahak, auteure également des enregistrements, et qui après des explications générales, détaille chaque plage,

- par la diversité du répertoire, structuré sur le CD par types fonctionnels (chansons de noce, cancionero lyrique, répertoire enfantin etc.)

- par l'intérêt de ce style résultant de la rencontre entre le chant espagnol et les apports discrets et parfaitement bien intégrés de la musique turque,

- et, par dessus tout, par le talent de la chanteuse (a capella ou s'accompagnant parfois d'un tambourin) Bienvenida Aguado-Mushabak, née en 1929 au sein de la communauté sefarade de Turquie, toujours en pleine possession de ses talents de chanteuse, maniant les subtilités tant rythmiques que modales ou ornementales avec une belle diction et un timbre des plus agréables.

Le seul reproche que je ferai est, d'ailleurs, que ce CD ne porte pas son nom en titre, alors qu'elle le mériterait amplement.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°102 juillet-août 2005)


Vol. 34 :" Enguera y la Canal
Musica tradicional Valenciana"

Durée : 67'57
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé

Trente quatrième opus de cette toujours intéressante collection espagnole aux thèmes variés, malheureusement non distribuée en France mais très facilement commandable via internet à des prix qui valent vraiment la démarche…

Celui-ci est consacré à la région d'Enguera, ville de 500 habitants au Sud-Est de Valence. Il est interprété par la Colla Brials, groupe cherchant à se positionner hors d'un folklorisme sacrifiant le respect de la tradition au spectacle et hors d'un mouvement folk qui veut bousculer la tradition sans prendre le temps de la connaître. Si la sonorité générale du groupe rappelle celle de la plupart des groupes folkloriques de la région, à base de cordes pincées, de percussions et, naturellement, de chant, la variété des instruments à cordes locaux utilisés est plus grande ( guitare, octavilla, bandurria, laud etc..) de même que celle des percussions (nombreuses percussions populaires que le livret (espagnol uniquement) décrit brièvement mais dont il n'indique malheureusement pas l'utilisation au sein des différentes plages)

Jean-Luc Matte (paru dans le n°102 juillet-août 2005)


Vol. 35 :" Zamora - Musica tradicional"

Durée : 43'30
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé

Le nom de cette région du nord de l'Espagne voisine du Porgual n'est pas inconnu aux amateurs de cornemuse qui savent qu'elle fait partie de l'aire d'utilisation traditionnelle de la gaita et dont le gaitero le plus connu est Julio Prada, malheureusement récemment disparu et auquel cette collection avait consacré son vol.13. Mais la tradition musicale de Zamora ne se limite pas à la gaita et le double CD vol.28 et 29, toujours de cette même collection, nous avait déjà fait connaître les traditions de chant, de flûte à trois trous,de dulzaine (hautbois) ainsi que l'utilisation de diverses percussions (tambour, tambourin, castagnettes, bouteilles…) que l'on retrouve avec plaisir ici dans les mains d'autres interprètres. Si, par exemple, une plage (déjà présente dans le vol.13) nous permet de réécouter Julio Prada, deux autres plages, en nous faisant découvrir deux autres gaiteros de tradition et de talent nous confirment que la pratique de cet instrument ne se limitait pas ici à un musicien isolé, ce que nous avaient d'ailleurs déjà prouvé deux autres gaiteros dans le double CD sus-cité. De manière plus générale, le niveau des interprètres, musiciens ou chanteurs, témoigne d'une tradition encore forte et offre de superbes moments aux oreilles qui font le petit effort d'écouter des enregistrements de collectage.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°104 nov-dec. 2005)

Addenda 2014 : Ce CD est la réédition d'un 33t paru en 1985 et qui était le volume 1 d'une série "Musica tradicional" très probablement à l'origine de la collection des CDs objets de la présente page


Vol. 36 :" Isla de la Palma - La cultura oral "

Durée : 64'42
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page

En chroniquant le CD du groupe Echentive dans le dernier numéro, j'exprimais le regret de ne pas entendre les musiciens collectés par le groupe et cités dans le livret. C'est maintenant chose faite avec ce second CD, chez le même éditeur, qui nous livre ces sources, et bien d'autres puisque 45 plages nous sont offertes… Joueurs (et joueuse) de diatonique, chanteurs et chanteuses, clarinettiste à la technique minimaliste, flutiste etc… ce ne sont pas moins de 16 musiciens qui ont été collectés par le groupe Echentive durant ces trente dernières années et parfois avec des moyens techniques sommaires d'où une qualité sonore limite sur quelques plages. Plusieurs de ces musiciens ont passé une partie de leur vie au Vénézuela ce qui s'entend nettement sur une plage au moins. Pour le reste, même si ces îles vous sont inconnues, un ou deux morceaux devraient vous rappeler quelquechose…

Jean-Luc Matte (paru dans le n°105 Janv-fev. 2006)


Vol..37 "El romancero de la tradicion oral"

Durée : 67'48
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé

Quelle ambition que de vouloir retracer en un CD, un genre musical tout entier, qui plus est celui-ci et dans une collection qui, nous avait habitué à traiter de traditions plus ponctuelles ou d'instruments particuliers. Le terme romancero désigne, pour simplifier, l'ensemble des chansons narratives traditionnelles espagnoles et, naturellement, les thèmes en sont nombreux. Le but que semble s'être fixé l'éditeur est d'ailleurs de donner un aperçu représentatif (et, naturellement, non exhaustif) de ces thèmes, au travers d'enregistrements d'anciens collectés dans les années 80 et 90 dans diverses régions (jusqu'au Portugal d'ailleurs…). Si j'ai eu l'occasion de déplorer que certains livrets de cette collection ne décrivent pas chacune des plages, ce n'est pas le cas ici où chaque chanson est longuement commentée (en espagnol naturellement), ce qui permet d'apprécier pleinement ces interprétations toujours poignantes.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°105 Janv-fev. 2006)


Vol..38 "Ball de bastons - Catalunya"

Durée : 67'10
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé

Attention aux faux amis, ce CD ne traite naturellement pas de la " baston " dans les bals du samedi soir, mais des danses de bâtons en Catalogne. Avec ce 38ème volume de sa fameuse collection, Tecnosaga, nous présente un nouvel exemple de ces danses cérémonielles dont la base est souvent une double rangée d'hommes dotés de bâtons relativement courts, danses pratiquées dans de nombreuses régions d'Espagne (voir, par exemple, le dernier CD chroniqués sur de telles danses, en Guadalajara, dans TM 107 ). Naturellement, le livret (en catalan et castillan) détaille tant les danses que les instruments utilisés pour leur accompagnement : gralla (hautbois), flabiol i tamborino (flûte à trois trous et très petit tambour), flûtes, violon ou accordéons diatoniques. Ces divers instruments sont utilisés dans les 55 plages du CD mais sans mélanges (solistes, ensemble de gralla simplement accompagnés d'un tambour et duos de diatoniques ou de violons). Ils sont, naturellement, accompagnés par le rythme des bâtons frappés par les danseurs. Les mélodies sont, bien entendu, en grande majorité des traditionnels mais quelques compositions s'y sont glissées. Un enregistrement en situation un peu inclassable : dépassant le simple recueil de répertoire (toutes les partitions figurent sur le CD en format pdf) mais pas vraiment un CD de collectage car les interprètes ne sont plus des anciens, ce qui ne les empêche pas d'être les dépositaires actuels de la tradition et de ne pas rechercher des formes visibles de modernisme (folk ou autre). Une pratique qui ne se situe pas vraiment non plus, dans le registre folklorique au sens pris par ce terme chez nous, sans doute du fait d'un lien moins ténu avec la tradition ancienne. Inclassable donc, mais loin d'être inintéressant…

Jean-Luc Matte (paru dans le n°109 de sept-oct 2006)


Vol..39 "Semana Santa - Gusendos de Los Oteros (Leon)"

Recommandé
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Durée : 54'53

Voici un CD que je vous ai classé en "recommandé" car on ne peut qu'encourager de telles éditions qui témoignent et gardent la trace de traditions très particulières, très locales et qui ont peu de chance d'être vraiment médiatisées un jour. Le courageux éditeur espagnol Tecnosaga est d'ailleurs coutumier de ce genre d'initiative, notamment dans cette collection. Mais je ne vous cacherai pas que ces chants à l'unisson des offices de la Semaine sainte, du dimanche des rameaux au dimanche de Paques, sont d'une écoute plutôt austère. Mais il s'agit, ici, de garder la trace d'un élément de patrimoine culturel, propre à un village particulier de Castille-Léon : chants issus des XVIIème, XVIIIème et XIXème siècle et ayant subi un processus de folklorisation, au sens noble du terme, c'est à dire une adaptation populaire tant au niveau des textes, des mélodies que de l'interprétation. Notons tout de même que ces chants n'ont pas été enregistrés tout à fait en situation puisqu'ils l'ont été, dans l'église en question, par ses interprètes habituels mais lors 'une journée spécifique en août.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°117 janv-fev.2008)


Vol..40 " Voces sefardies de Sarajevo

Recommandé
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Durée : 49'28

Cette remarquable collection "La tradicion musical en Espana" en est à son 40ème volume, et il faut bien constater qu'elle ne semble pas vraiment avoir pour objectif de constituer un panorama exhaustif et représentatif des musiques traditionnelles espagnoles : certaines régions (notamment celles du nord de l'Espagne) semblent nettement privilégiées de même que la tradition des chants sépharades, ce répertoire conservé en divers points du globe par la diaspora juive espagnole depuis l'exil forcé de 1492. Ce thème fait d'ailleurs mentir le titre de la collection puisque nous ne sommes plus vraiment "en Espana". On se souvient du magnifique CD de la même collection consacré à une chanteuse sépharade turque (Bravo in T.M. 102), c'est à Sarajevo que l'éditeur nous conduit aujourd'hui, à la rencontre de ces communautés sépharades qui ont conservé non seulement un répertoire, mais un style qui semble avoir été très peu influencé par les styles musicaux du pays d'adoption. Il s'agit ici d'enregistrements de collectage et la première chose qui saute aux oreilles, c'est la parenté avec les collectages réalisés par chez nous : mêmes voix masculines ou féminines dont le timbre trahit l'age mais disposant toujours d'une belle aisance tranquille, d'une belle tranquille assurance. Ce qui frappe également c'est la faible influence stylistique du pays d'adoption, malgré l'écoulement des siècles…Et, enfin, par dessus tout, la qualité de la plupart de ces interprétations. Si la plus grande partie du CD est constituée d'enregistrements récents (1967 à 2004) de très bonne qualité technique, la fin est composée de 9 plages de 78t gravés en 1935 et beaucoup moins audibles, en particulier la dernière plage où le rythme de la rotation du disque l'emporte sur le contenu : un mix involontaire mais finalement non dénué d'intérêt artistique...

Jean-Luc Matte (paru dans le n°116 nov. Dec. 2007)


Les suivants, que je n'ai pas chroniqués :

Vol.41 et 42 LAS FUENTES DE LA MÚSICA TRADICIONAL EN LEÓN

Vol.43 : SONES CACEREÑOS DE GAITA Y TAMBORIL, c'est à dire joueurs de flûte à trois trou et tambour de la région de Caceres en Extremadura


 

Chant sépharade

 

Todas las Voces de Sefarad vol. 1 à 3

..

 

Durée : 68'46 + 60'44 + 58'26
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé T. Mag (photo du vol.3)

L'histoire du peuple sépharade commence à être connue de tous aujourd'hui : le terme (au sens strict) désigne les juifs d'Espagne, contraints à l'exil ou à la conversion (vraie ou simulée) depuis 1492. Ils furent ainsi expulsés par l'inquisition naissante qui mit fin brusquement à une faste période de plusieurs siècles au cours de laquelle l'entente entre musulmans, chrétiens et juifs donna à l'Espagne un rayonnement culturel unique. Leur culture et leur langue survécurent et, comme le rappelle le livret, la musique sépharade n'est pas une musique médiévale : elle a, fort heureusement, continué à vivre, en particulier en exil, et s'est enrichie de divers apports, notamment orientaux, turques ou balkaniques. Ces trois CD donnent un aperçu des chants de cette tradition au travers divers interprètes : Jochin Diaz (CD 1 &3), La Bazanca (1), Rosa Zaragoza (2), Simane (2), Arboleras (3), Adolfo Osta (3), Adela Rubio et Santiago Blasco (2 &3), Gerineldo (3), Raices (1 &3), Judith Cohen (2 &3), Felipe Curiel (2 & 3) et le chœur d'enfants Cantabile (2). Les interprétations sont belles et plutôt sobres (accompagnements le plus souvent discrets à base de guitares, luths et percussions, voix plutôt naturelles, ornementations modérées) et, dans l'ensemble, sonnent davantage chant traditionnel que musique ancienne. On s'étonne même que l'influence orientale soit finalement souvent plus discrète que dans certaines autres musiques ibériques (mais cela est variable selon les interprètes). Curieusement si le livret du vol. 1 décrit en détail chaque morceau et ses origines, le livret du vol. 2 est inexistant et celui du CD 3 constitue une petite étude de l'histoire du peuple sépharade et de sa culture. Si vos finances ne vous permettent pas l'achat des trois volumes, vous pouvez donc, vous contenter des volumes 1 et 3 qui me semblent d'ailleurs musicalement les plus intéressants. Dommage d'ailleurs que le vol.2 n'ait pas de livret, j'aurais aimé savoir le pourquoi de la présence d'un chant en français (Germaine et les trois cavaliers) : les sépharades furent très présent dans le sud de la France mais pourquoi ce chant particulier ? Précisons pour finir que cet éditeur a, outre ces trois volumes, édité bien d'autres CD de musique judéo-espagnole.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°78 juillet-août 2001)

 

 Voir également dans la collection ci-dessus les vol. 26 SELECCION DE ROMANCES SEFARDIES DE MARRUECOS et vol.33 CANCONIERO SEFARDI DE TURQUIA et vol 40 VOCES SEFARDIES DE SARAJEVO


Collection "Archivo de la tradicion oral de Palencia"

Vol.8 & 9 "El Paloteo en Tierra de Campos"

Durée : 73'10 + 33'31
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page
Recommandé

Il me semble que dans chaque numéro où je chronique des CD de cet éditeur, figure désormais un CD consacré à une tradition de danses de bâtons d'une région ou l'autre d'Espagne. Cette fois-ci nous sommes à Cisneros petite localité de la province de Palencia, dans la communauté autonome de Castille-Léon, à mi chemin entre Valladolid et Leon où la tradition s'est, paraît-il, maintenu avec le plus d'authenticité au sein de cette région et c'est un double CD et son livret de 35 pages en espagnol, qui nous offre un véritable reportage non pas uniquement sur ces danses proprement dites, mais sur l'ensemble du déroulement de la journée, avec ses chants religieux, ses déclamations ponctués d'applaudissements renforcés de castagnettes et, naturellement la dulzaine et le tambour jouant pour les danseurs et leurs bâtons (le livret explique d'ailleurs que ces deux instruments ont remplacé à partir du milieu du XIXème le joueur de flûte à trois trous et tambour). Le rôle très fonctionnel de ces musiciens ressort d'ailleurs bien à l'écoute, par certains aspects très codifiés (phrase d'appel, ici souvent précédée d'une très brève annonce du thème du "lazo" et formule de fin, où le tambour se met à résonner) et également par la longueur de certaines pièces où le joueur de hautbois, contraint à répéter la même suite de formules, finit visiblement par fatiguer avant les danseurs…. Si les parties parlées ne sont pas gênantes à l'écoute, même pour un non hispanophone dans le CD1 car participant de l'ambiance de la fête, le CD 2 qui commence par des versets à la Vierge et à l'enfant Jésus comporte moins de 10mn de parties non parlées. Mais celles-ci ne sont pas sans intérêt puisque ces 20 petites plages présentent des versions chantées, par des anciens, des lazos entendus à la dulzaine sur le premier CD, plus quelques autres.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°111 janv-fev 2007)


Vol.11 "Bailes y danzas - Villada (Palencia)"

Durée : 45'20
Ref : WKPD-2105
Ed. Tecnosaga , coordonnées en tête de la présente page

Nous voici au nord de l'Espagne, en Castille-Leon, juste au sud de la Cantabrie, dans la Province de Palencia et dans la ville de Villada très exactement. Une région où l'on pratique, entre autres, les danses de bâtons (" palos ") au son de la dulzaina (hautbois) et du tambour, comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le présenter à propos d'autres CDs de cet éditeur. Comme nous l'explique longuement le livret (en Espagnol), les interprètes de ce CD sont issus d'un mouvement de sauvegarde du patrimoine oral démarré à la fin des années 30, mais qui, contrairement à bien d'autres groupes folkloriques, s'est toujours consacré exclusivement aux traditions purement locales . Nous sommes donc loin de l'image du groupe folklorique tel qu'on l'imagine généralement. Et à l'écoute, il est difficile de faire la différence avec des enregistrements de musiciens de tradition car nos quatre chanteuses, le joueur de dulzaine et celui de tambour s'en tiennent à une interprétation traditionnelle sans artifices ni influences externes décelables. Le jeu de la dulzaine est propre et efficace et témoigne d'une longue pratique de la part de ce musicien qui doit avoir passé la soixantaine depuis longtemps. On retrouve la même efficacité sous les baguettes du tambour qui est, lui, de la génération suivante. Quant aux voix, à l'unisson, elles ont ce timbre espagnol bien particulier et nous donnent à entendre les versions chantées des thèmes joués par les instrumentistes.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°125 mai-juin.2009)


Autres volumes de la même collection :

VOL. 5 ABASTAS DE CAMPOS. El Calendario Anual

VOL. 10 CANCIONERO TRADICIONAL, Camasobres

Vol 12 DULZAINEROS DE SALDAÑA

Vol.13 Villanueva de la Torre y Brañosera

Vol. 14 et 15 ROMANCES TRADICIONALES DE BRAÑOSERA

Vol-16 Registros de Luis Guzmán Rubio en 1959,1963 y 1980


Chroniques Trad. Mag.


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Chroniques des Infos mumuses

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