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En parcourant les pochettes des trois derniers CD de ce groupe (je ne connais pas les deux premiers *) , je m'aperçois que l'effectif diminue d'un enregistrement à l'autre. Ils ne sont plus que trois sur celui-ci **, sans le moindre invité, pour une musique encore un peu plus épurée, réduite à l'essentiel, autour de la voix irremplaçable de Joan Francés Tisnèr, dans des sonorités très gasconnes qui nous rappellent certains fameux opus de Perlinpinpin : le même niveau de qualité, la même mise en place irréprochable, le même sens de la pulsation, la même originalité qui les fait sortir du lot mais tout cela, naturellement, avec une personnalité propre… que dire de plus qui ne soit bavardage inutile ?
* depuis que j'ai rédigé cette chronique, j'ai pu écouter les deux premiers et découvrir que le premier (épuisé)... était déjà un pur trio, sans invité, mais dont seul demeure J.F. Tisnèr puisque ses deux comparses de l'époque étaient Jean Baudoin et Marie-Claude Hourdebaigt. C'est ce même trio que l'on retrouve sur le second (toujours disponible) mais en compagnie de 8 invités...
** Joan Francés Tisnèr, Marc Castanet et Crestian Josuèr, tous chantent, tous manient le diatonique et d'autres choses, dont la boha pour Marc…
Editeur : Les " Menestrèrs Gascons " : http://www.menestrersgascons.com Distribué par l'Autre Distribution et disponible sur http://joanfrancestisner.com
Rappels : .
J.F. Tisner, Marc Castanet et C. Josuer ont très largement participé au CD de Denis Frossard dont vous pouvez lire la chronique
et voir également J.F. Tisner ci-dessous
A l'écoute de la première plage, célébrant en Ch'ti " ch'bon jus d'houblon " l'auditeur se dit qu'il est parti pour écouter un CD dans la même veine que celui " Renaud cante el' Nord ". Et bien non : cette chanson d'Alexandre Derousseaux (l'auteur du P'tit quinquin) est un peu l'exception au sein de ce CD qui, bien au contraire, va nous montrer que le Nord (au sens large, jusqu'à la Picardie incluse) partage avec le reste des régions de France une bonne partie de son répertoire et nous retrouverons donc des thèmes bien connus ailleurs tels " Jésus-Christ s'habille en pauvre ", " La belle est en jardin d'amour " ou " Le petit ramoneur " (dans une très charmante version où le double sens est à peine masqué…) etc.
Jean-Jacques Révillion fait partie des piliers du revival trad. dans le Nord depuis des lustres et pas mal d'entre vous connaissent son intérêt et ses recherches sur les épinettes, le cistre, les kiosques etc… Pas étonnant donc que l'accompagnement instrumental laisse une belle part aux cordes et l'ambiance générale rappelle celle de certains enregistrements trads. des années 70 (j'ai l'impression d'écrire comme T. Laplaud…), certains mauvais côtés en moins… Une plage me rappelle un peu le style de M. Hindenoch et une autre Yves Albert, je vous laisse deviner lesquelles…
Mais il n'y a pas que des cordes dans ce CD : on peut également, par exemple, apprécier le chromatique de Philippe Heuguebart, la guitare de Julien Biget ou le violon de Christophe Declercq pour ne citer qu'eux… En cherchant bien on trouvera cinq compositions de Jean-Jacques au milieu de tous ces traditionnels ou presque. Si j'écris " presque " c'est à cause de celle de Desrousseaux déjà citée naturellement mais également pour la reprise de L'Assassinat de G. Brassens, que l'on jurerait bien être trad. en écoutant cette version qui est une belle réussite, ce qui n'est pas peu dire de ma part car je ne supporte pas trop, en général, les reprises chantées de Brassens ou Brel… (quoique " Les oiseaux de passages " par Ténarèze….)
Contact jjrevillion suivi de @wanadoo.fr, disponible également auprès de Trad. Mag. http://www.tradmagazine.com ou à l'estaminet Les Damoiselles à Nieppe (59)
Voir JJR présentant son CD à St-Chartier 2005
Rappel : Jean-Jacques Révillion : lire la présentation de "C'était bien - Chants traditionnels du Nord de la France" (2013)
Julien Biget : voir à partir de la chronique de La Bergère "Etreintes"
Voilà un groupe dont le nom ne vous dit sans doute pas grand-chose si vous n'êtes pas du Nord et il serait bon que vous répariez cette lacune car ils méritent d'être écoutés, surtout si vous êtes amateurs de musique bourbonnaise, de vielle, de 20 pouces et/ou de diato. Créé il y a deux ans sur les ruines du défunt " Accords déhanchés ", Borkan réunit Olivier Marichez à la 20 pouces, son complice de longue date Pierre Sacépé à la vielle (en les entendant jouer en duo on perçoit rapidement leur complicité musicale…) ainsi qu'une seconde vielleuse Françoise Jennequin, Jean-François Terrier au diato et Jala Jerra Oulidi aux percussions plutôt orientales… Après quelques mois d'existence, il se sont présentés au tremplin trad. du festival de Loon Plage (près de Dunkerque) qu'ils ont remporté, ce qui leur a permis d'enregistrer ce CD d'une demi-heure qui constituait le prix à emporter (ce sont cette années les deux accordéonistes de D'accord Léon qui l'ont emporté avec leur nouveau spectacle " Les Léonnes "). Il paraît que leur jeu a encore mûrit depuis mais cet enregistrement est déjà une belle réussite, avec un beau style, pas mal d'énergie sans artifice, de l'imagination dans les arrangements et un son de groupe qui se tient. Un style souvent proche de celui des derniers opus du Trio Bouffard. Des bourrées bien enlevées naturellement, mais également une belle valse davantage dédiée au diato, une plage un tout petit peu plus expérimentale etc… Et à ceux qui reprochent aux groupes actuels de mêler leurs compositions aux morceaux traditionnels, il n'y a ici que des compositions, des membres du groupe, mais également de Didier Laloy, F. Besson ou G. Jolivet…
http://perso.numericable.fr/~borkan/htlm/Accueil.htm
Je vous avais informés de la souscription puis de la sortie de ce CD produit par Hervé Rolland, l'organisateur du festival Corn'muzik à Chalones près d'Angers (pas d'édition cette année) et interprété par toute une équipe de ses amis. Difficile de vous résumer le contenu de ce CD en quelques ligne tant il est varié : comme l'indique le titre, des contes et des chansons, d'accord, mais de toutes sortes : prenons, par exemple, le cas des contes : il s'en trouve ici certains plutôt pour enfants tel cette variante originale des trois petits cochons mais également deux qui sont plus proches de nouvelles de Maupassant ou de George Sand : " Le poisson de Lune " et, surtout, " La bosse de la cigogne " avec une narration presque radiophonique. Mais tous ont en commun d'être très bien interprétés. Côté chansons, le répertoire, issu de collectage, emprunte également à des thèmes connus (la brouette à Satan, l'honneur gardé…) mais dans des versions assez originales (la brouette est ici celle de Pluton…) et dans des interprétations diverses allant d'un style plutôt chanson française à un style un peu plus trad. (la polyphonie de " Côté filles " par exemple). Les accompagnements sont tout aussi divers (il y en a quelques uns autour des parties contées), du petit solo d'épinette (c'est marqué citharion sur le livret..) assez convenu aux clarinettes plus inventives de Ph. Cabaud.
Plus qu'à attendre le vol.2, heureusement, il n'y a pas d'histoire marquée " à suivre… "
rv.rolland suivi de @wanadoo.fr 02-41-69-50-21
Les Forestins sont, comme l'indique leur site internet, un " groupe d'Arts et Traditions populaires ", ce est une nouvelle appellation pour les groupes folkloriques histoire de redorer une image une peu vieillissante auprès du public. Fort heureusement, chez les Forestins, ce rajeunissement ne se limite pas à la dénomination : la pochette de leur CD, par exemple est également une belle réussite, conciliant la photo de danseurs en costumes et celle des instruments, sans faire pour le moins du monde ringard. Côté musique également (c'est là ce qui nous intéresse ici…), les Forestins font partie de ces groupes folkloriques qui ont su tirer parti du revivalisme des années 70, à l'image de La Chavannée, des Thiaulins et de quelques autres… Ils n'en sont d'ailleurs pas à leur premier enregistrement mais un coup d'oeil à leur site permet de voir que la composition du groupe a pas mal bougé, notamment depuis la cassette " Entonailles " qui avait été produite par l'AMTA : huit musiciens sur ce CD (mais ils ne jouent pas tous ensemble, je vous rassure, ce n'est pas une fanfare folklorique !…) parmi lesquels je relève la présence d'une tête bien connue, celle de Bernard " Pitchou " Bennaval, à la vielle principalement, et à la cornemuse de temps à autre. Ce sont d'ailleurs les 2 vielles qui mènent un peu la danse ici, épaulées par les deux diatoniques, la cornemuse et les autres instruments à vent de temps à autre. Le jeu est simple mais quasiment toujours net et précis, les tempos propices à la danse (dans le haut de la fourchette de ce qui est dansable) et les arrangements sympathiques et pas trop chargés. Quelques parties chantées viennent relancer l'intérêt mais, et c'est là que le bât blesse une plage chantée en polyphonie m'est franchement insupportable, surtout dans son début, l'une des voix ne se fondant pas dans l'ensemble. Vous la reconnaîtrez facilement… Ceci rappelle que l'on a toujours intérêt à faire écouter ses maquettes par des oreilles extérieures : cette plage aurait du être écartée ou réenregistrée…
Tant qu'à être dans les remarques un peu critiques (sinon on me reproche d'être trop gentil…), le titre de l'album, outre le fait qu'il prête à sourire lorsque l'on songe à ce que l'on peut faire d'autre avec le pied gauche fait référence à une convention plutôt folklorique : il est connu que les danseurs traditionnels ne se souciaient guère de leur pied de départ…
Mais que cela ne vous empêche pas d'apprécier le reste : un répertoire composé en majeure partie de traditionnels berrichons qui ne sont pas inconnus (certains moins que d'autres) parmi lesquels se sont glissées trois compositions dont une sympathique scottish vers la fin du CD.
Un CD à écouter, à danser et à conseiller à ceux qui font de l'atelier bourrées du Berry.
http://perso.wanadoo.fr/lesforestins/
Attention, que l'on aime ou pas, voici un CD qui sort incontestablement du lot et si vous avez assisté à leur concert à Saint-Chartier cet été (2005) (voir les photos ici) , vous avez pu vous en rendre compte (ils ont d'ailleurs vendu tous les CD qu'ils avaient pris avec eux à l'issue de cette prestation : comme l'avouait après cet épisode, J.M. Péru, coproducteur avec J. Lanfranchi de ce CD: " Je ne suis pas habitué au succès… ").
Cela démarre efficacement mais relativement classiquement par une bourrée à 2 temps qui balance bien dans l'esprit dit " bourbonnais " d'aujourd'hui : pas de doute, sur ce terrain là Julien Barbance (arrangeur et membre de la Fraternelle de Cornemuses du Centre, connu également pour son duo avec J. Lanfranchi) et Grégory Jolivet (l'un des meilleurs jeunes vielleux actuels) n'ont rien à craindre. Ils sont, de plus, solidement épaulés par la contrebasse de J.L. Cayzac et les percussions de Marc Riou. La surprise vient à la seconde plage, lorsque
Julien, non content de manier les tuyaux, se pique également de chanter et… à sa manière... Je dois avouer que la première écoute ne m'a pas entièrement convaincu : sa petite voix ne répond pas vraiment aux canons habituels et son phrasé "déstructure" sans détour mélodies et rythmes (de l'art de la syncope utilisée presque à outrance). Et pourtant, une ou deux écoutes supplémentaires suffisent largement à se laisser convaincre : pire, ces chansons vous trottent ensuite dans la tête et impossible de rechanter les versions plus classiques si vous les connaissiez auparavant : attention ce disque est contagieux ! Cette manière de chanter un peu en décalage avec la tradition n'est pas inintéressante, d'autant que Julien parvient à conserver une certaine sincérité dans l'interprétation, ce qui manque à mon sens à pas mal de tenants de la nouvelle chanson française actuelle. Mais n'oublions pas les trois musiciens qui l'accompagnent : Grégory dont le jeu de vielle progresse toujours et qui assure ici la plus grosse partie du travail instrumental (ne vous méprenez pas à l'écoute du CD : la vielle ce n'est pas que le chien…), J.L. Cayzac et M. Riou aux accompagnements inventifs mais jamais envahissants. N'oublions pas non plus que Julien ne fait pas que chanter et ses parties de cornemuse valent également l'écoute du CD (il manie également le violon et l'oud). Un dernier mot pour saluer le choix du répertoire qui pioche dans les collectes d'Achille Millien, de Barbillat-Touraine pour ce qui n'est pas des compositions de Julien (il y en a également une de Marc Riou )
Ed. AEPEM http://www.aepem.com
Contact : http://www.lamachine.info
Addenda octobre 2006 : maintenant distribué par L'Autre Distribution
Voir la chronique du second CD de La Machine sorti fin 2007
La Machine "Les couleurs" (2011)
"Super Gain" (2016)
Julien Barbances : voir à partir de son album solo"Approchez pour entendre"
Gregory Jolivet :voir à partir de la chronique de son CD solo comme le titre l'indique :"Alt 'o solo"
JL Cayzac et Marc Riou ont participé en appui en 2010 à l'enregistrement du CD collectif sur des arrangements de Patrick Bouffard "Détours de Bresse"
L'idée paraît banale et pourtant, à y réfléchir, je ne trouve pas d'exemple d'autre CD ou deux groupes se partagent les plages. Il est vrai qu'ici l'un des deux groupes est un duo, dont l'un des membres joue également dans le second… A la première écoute, avant d'avoir lu la pochette cette alternance ne se remarque d'ailleurs pas forcément et pourtant elle équilibre bien les ambiances :
- " Pouce étiré " est un duo de diatos (j'allais écrire " un pur duo " mais j'ai entendu de la clarinette, non citée en pochette, sur une plage…) qui exploite différentes combinaisons en la matière : mélodiste d'un côté, accompagnement en accords main droite de l'autre ou duo à deux voix plus en contrepoint. Cela tourne très bien et les deux diatoniciens (Thomas Lavarenne et Jacky Saly) maîtrisent visiblement suffisamment bien leurs instruments pour pouvoir s'exprimer…
- " La poupée du loup " est un ensemble plus conséquent où Thomas Lavarenne tient donc toujours le diatonique mais épaulé par les cordes de Valère Kaletka et de Mathieu Lavarenne, le tout soutenu par basse (Eric hartmann) et batterie (Nicolas Jarrige). J'avais eu l'occasion de vous commenter leur démo live et si certains titres de celle-ci se retrouvent sur ce CD, l'ambiance s'est nettement calmée (effet studio certainement mais également une mise en place plus affinée) et il ne serait plus vraiment exact de les qualifier simplement de groupe folk-rock : le percussionniste est, en particulier, bien plus fin qu'un batteur de rock et la basse n'est pas ronflante. Certaines plages sont chantées (par Valère épaulé par deux choristes…), toujours avec une voix qui croit à ce qu'elle chante et qui y met de l'énergie, en moins débridé toutefois que sur la démo. Le registre tient alors de la chanson française actuelle, du moins celle qui a un peu de pêche. Les instrumentaux sont menés soit par le diato, soit par les cordes. Par leur ambiance, certaines plages rappellent d'ailleurs que Valère et Mathieu ont longtemps oeuvré dans Au gré des vents et Gilles Péquignot est d'ailleurs venu en invité assurer une partie de gaïda et de violon sur une plage.
Bien entendu, toutes les plages sont à danser et si le groupe est alsacien, l'inspiration puise à diverses régions avec parfois quelques liens discrets avec l'Alsace que la lecture du livret vous aidera à découvrir…
Ajoutons pour finir que, pour une fois, la " bonus track " mérite son nom et montre ce que peut faire un bon ingénieur du son avec des chutes de studio et un bon sens musical…
Contact : lapoupee.duloup suivi de laposte.net ou 03-89-70-81-36
Commençons par prévenir tout de suite ceux pour qui la musique bretonne doit être toujours mélodique et dansante : ce n'est pas vraiment le cas ici, du moins pas toujours… La première plage est d'ailleurs une des plus free-jazz (1) du CD, histoire de bien mettre les points sur les i dès le départ. Cela dit nos quatre compères (cinq en réalité car deux batteurs se partagent les plages) ne dédaignent pas non plus faire tourner des boucles mélodiques d'inspiration trad. d'où ils ne s'échapperont que mieux. Le choix de ce style musical n'a d'ailleurs rien d'étonnant à la vue des CV des trois souffleurs qui ont déjà partagé pas mal d'expériences, notamment au sein du novateur bagad Men ha Tan (on se souvient des expériences réussies de celui-ci avec H. Texier ou Doudou N'Diaye Rose) ou, pour deux d'entre eux au sein de l'Occidentale de fanfare. On retrouve ainsi Ronan Le Gourierec, le sonneur qui semble pouvoir tout faire avec sa bombarde mais qui a, ici, troqué les quelques centaines de gramme d'ébène de celle-ci contre les kilos de " ferraille " d'un sax baryton (est-ce à force de voir Francis Mounier mener l'Occidentale sur cet instrument qui lui a donné des fourmis dans les mains et les lèvres ?…). S'il assure bien également sur cet instrument, son jeu est un peu moins déjanté qu'à la bombarde. Cette dernière est ici confiée, ainsi que sa grande soeur, baptisée " trélombarde " à Gwénolé Keravec qui n'en est pas à ses premières expériences jazz non plus puisqu'il a participé, entre autres, à l'aventure de la Marmite Infernale tout comme Erwan Keravec qui tient la cornemuse écossaise, instrument difficile à manier s'il en est en style jazz (on en a vu d'excellents se casser les dents, restant bêtement collés à leur ligne mélodique…). Quant aux deux batteurs, Pierre Le Toux et Yves Prothais, aux références tout aussi fournies, en bons batteurs de jazz il assurent dans un style efficace et jamais envahissant (s'ils se lâchent parfois, c'est que le contexte le permet). Si je vous ai déjà cité plusieurs fois l'Occidentale de fanfare, c'est que, par delà l'appartenance de certains à cette formation, les Nioubardophones se situe indéniablement dans la même veine, avec un côté free un peu plus poussé ici, un effectif plus réduit et la Gascogne en moins… Ils sont parfois également proche du premier Sclavis.
Un CD qui s'apprécie davantage au fil des écoutes (j'en suis à la troisième en trois jours et cela doit être encore mieux après les avoir vu et entendu en concert…). Si les envolées free sont ce qui ressort le plus à la première écoute, les suivantes permettent de s'apercevoir que tout cela est diablement construit (écoutez la précision de certains duos bombarde-cornemuse (2) réalisant l'accompagnement du sax baryton tandis que trente secondes plus tôt c'est ce dernier qui était à l'arrière plan, écoutez la prise en compte des bourdons de la cornemuse…) et que le travail de composition réalisé est loin d'être anodin.
Un CD qui en déroutera plus d'un mais, par delà les expériences sans lendemain, par delà les discours sur le métissage trad-jazz qui ne tiennent pas leur promesses, un de ces CD qui font tout doucement avancer les choses…
Voir également sur http://www.geocities.com/ekeravec/nioubardophones.html
(1) du moins l'amateur de musique trad. pourra-t-il trouver cela un peu free, l'amateur de free trouvera sans doute cela très mélodique, question de point de vue....
(2) si je prend cet exemple, bombarde et cornemuse ne jouent pas forcément toujours ensemble, les deux musiciens ne se laissent pas enfermer dans ce schéma de couple...
Rappel : "Sage comme des fous" en 2013
Voir la chronique du CD solo d'Erwan Keravec en 2007
Plutôt que de vous rédiger une chronique, je me contenterai de quelques extraits significatifs de celle de Pierrick Lemou dans Musique Bretonne (la revue de l'association Dastum : http://www.dastum.net ) de mars-avril 2005 :
"Les Irlandais disent "the pure drop" pour exprimer l'essence même de la musique traditionnelle irlandaise. Eh bien, il me semble que Marc Pollier l'exprime à souhait sur son nouveau CD" ou encore : "Dextérité et maturité s'accordent à la prefection sur chacun des titres enregistrés"
Que dire de plus sinon que ses invités ne sont pas en reste...
Autoproduction : envoyer un mail à marcpollier suivi de @hotmail.com
Rappel : "Reeds & Hammers" duo uillean pipe et piano avec Dominique Manchon. Publié en K7 autoproduite en 1992 puis réédité en CD par Coop Breizh bien des années plus tard... .
Marc joue sur un enregistrement public d'I Muvrini
....
Comme l'indique le titre de l'album, ce groupe vient d'Occitanie, du Languedoc plus exactement mais leur répertoire déborde largement le cadre de leur région, comme le font aujourd'hui la plupart des groupes de bal folk (dans le sud-est, c'est le terme " balleti " qui s'utilise aujourd'hui ce qui est beaucoup plus joli…). Se succèdent donc au fil des plages, bourrées de la plaine ou de la montagne, rondeaux, valse, mazurka, scottisch, scottisch-valse, les incontournables cercle circassien, chapeloise, Cochinchine et jusqu'à la danse de l'Ours. Rien de bien transcendant à priori si vous n'êtes pas de ceux qui usent leurs chaussons tous les samedi soir sur les parquets et pourtant ! Pourtant ce CD a une personnalité propre et sympathique, pourtant Coriandre est bien du sud et cela s'entend tout du long, pourtant tout cela me met de bonne humeur à chaque écoute. Parce que chaque morceau a été pris à bras le corps par les musiciens du groupe qui ne se contentent jamais d'en faire la nème interprétation mais réinventent chaque mélodie comme si c'était une nouvelle composition, recréent des paroles s'il le faut ou les traduisent. "La Marmita d'Oc" par exemple, qui donne son titre à l'album, n'est autre que la célèbre bourrée " à Gaston Pommier " (1), mais la présente version, dotée de paroles occitanes balance en un rythme quasi créole, quelle soit chantée ou jouée au sax soprano par Denis Galvier, soutenu par la vielle de Phil. Puygrenier, le tout sur fond de percussions exotiques (Claude Reynaud) et d'une basse discrète (Julien Regi). Je regrette personnellement qu'il n'aient pas maintenu cette belle plage en tête de CD comme elle l'était sur leur maquette initiale mais je pense qu'ils ont du craindre d'effrayer leur public de bal. Certains danseurs, attachés aux formes traditionnelles, risquent en effet de perdre un peu leur latin face à cette version par trop… latino ! Ceux-ci se rattraperont sur la mazurka suivante (composition), tout aussi agréable à l'écoute que la bourrée précédente mais un peu plus respectueuse de la cadence habituelle de la danse. Le CD est ainsi à l'image de ces deux plages car Coriandre n'échappe pas au dilemme (et débat) bien connu entre respect, pour les danseurs, des rythmes et carrures traditionnels d'une part et espace de liberté et d'improvisation des musiciens d'autre part et ils optent plus ou moins, selon les plages, pour l'une ou l'autre des deux options et parviennent souvent à marier les deux, ce qui est alors un régal pour tant pour l'oreille que pour le corps. Une mention spéciale pour la voix si timbrée et énergique et le saxo inventif de Denis Galvier auquel le groupe doit beaucoup de sa personnalité. Une mention également pour les invités, du trio vocal féminin Tralala (CD en préparation semble-t-il) à Pascal Jaussaud sur sa boha, en passant par Jean-Michel " Spi " Poisson pour un court chorus d'harmonica. Tout cela me donne envie de les entendre en bal car nul doute qu'ils ne fassent " bolegar " leur public.
Autoproduction : http://www.coriandre.info tel : 04-66-77-75-99
Jean-Luc Matte
(1) le livret, bien documenté malgré quelques coquilles (fautes de frappe), rappelle que ce morceau est déjà présent sous une forme très proche dans le répertoire noté par J.B. Bouillet sous le titre Bourrée de Clermont (il y en a d'ailleurs plusieurs sous ce nom), ce que l'on peut vérifier en écoutant la seconde de la plage 19 du CD de J. Lanfranchi et J.M. Péru.
Lire la chronique du suivant : "Se lèva lo vent…. "
et celle de "Lo tornet - Le petit vélo" (2008) :
" Itinerança " (2011)
"Viu - En concert" (2013)
Camin d'Estèlas (2017) Chronique à venir prochainement
Denis Galvier et Vivian Peres jouent également dans Garric "Cercaires d'Oc" (2015)
Denis Galvier joue également dans le groupe de bal folk pour enfants "Sors les mains d'tes poches"
A l'image de la pochette, voici un CD qui possède l'élégance des choses simples mais bien faites, et sympathiques en plus. Elles sont trois et, d'après leurs noms, on devine que deux doivent être sœurs. Elles viennent du nord de la France et font partie de la génération de jeunes musiciens qui dédicacent telle reprise à leurs " parents qui ont conservé pour notre plus grand plaisir leurs vieux vinyls " (1) comme elle l'écrivent dans le livret à propos d'un thème bien connu depuis Malicorne. Grâce à la regrettée Katrien Delavier elles jouent toutes trois de la harpe celtique et chantent également, en français, en latin ou en anglais (sur ce CD du moins…). On remarque dès la première plage (une jolie composition collective pour harpes : " Coccinelle au clair de lune ") un petit swing bien particulier que l'on retrouve dans l'interprétation vocale qui suit : " Le garçon jardinier " qui permet de constater qu'elle savent prendre de la distance par rapport à leur modèle, leur interprétation, d'après Malicorne, étant bien personnalisée, tant sur le plan polyphonique que rythmique. On retrouvera ce petit swing bien agréable dans d'autres plages du CD. Leurs arrangements ne sont jamais chargés : sur leurs harpes, elles se plaisent à commencer en un unisson bien maîtrisé (ce n'est pas si simple) puis à introduire des harmonies discrètes : il est souvent difficile de deviner que six mains s'agitent sur les cordes. Du côté des cordes vocales c'est un peu le même esprit, parfois un peu plus complexe comme sur le très beau " Audite silete " qui, à lui seul, vaut l'écoute du CD. Un CD d'un format court (8 plages, 26mn) qui semble la marque de fabrique de Bémol productions et dont le prix est en conséquence.
On a davantage l'habitude d'entendre la ciaramella de Carlo Bava accompagnée par les zampogne d'Ilario Garbani (au sein du duo Verbanus, cf leur CD dont une plage figure dans la compilation Trad. Mag.). Il change ici de partenaire pour mêler le timbre de son hautbois italien à celui des grandes orgues tenues par Giovanni Galfetti (organiste titulaire, chef de choeur, compositeur, professeur et… musicien de rock ce qui ne s'entend pas vraiment ici). Notons d'ailleurs que si Carlo joue sur deux ciaramella (en ré et sol), Giovanni n'utilise pas moins de quatre grandes orgues, l'instrument étant, comme chacun le sait, facile à transporter :-)) Trêve de plaisanterie, les orgues jouées se situent en Suisse (dans le Tessin je suppose où résident ces deux musiciens) et en Italie.
Ce type de duo n'est pas complètement une nouveauté puisqu'il rappelle beaucoup son cousin breton bombarde et orgue dont il est bon de rappeler d'ailleurs qu'il s'agit d'une création relativement récente. Si l'ambiance générale est assez proche, la couleur sonore de la ciaramella est toutefois un peu plus chaude, la sonorité un peu plus ronde mais s'accordant tout aussi bien avec l'orgue, dans un répertoire qui privilégie largement les airs lents (il doit falloir attendre la plage 9 pour entendre un air plus dansant, mais on ne se lasse pas pour autant auparavant…). A propos de répertoire, je ne vous ai pas encore indiqué que celui-ci est consacré à la nativité et si on reconnaît quelques classiques, l'ensemble est plutôt original ce qui n'est pas toujours le cas avec un tel thème… Quant à l'interprétation et aux arrangements (dus au duo), ils sont excellents, l'organiste maniant à merveille son difficile instrument, avec un beau phrasé et un jeu intelligent sur les registres. La ciaramella de Carlo est expressive sans exagération et le duo sait faire monter la tension lorsqu'il le faut. Du bien beau travail, à l'image d'ailleurs du livret en beau noir et blanc, avec, notamment, les photos des buffets des orgues utilisés et les textes en italien, français et anglais. Le livret, bien que détachable, est glissé dans le digipack d'une manière astucieuse qui permet de le lire sans avoir à le sortir .
http://www.laetimusici.net contact : stroliga1955 suivi de @libero.it
Rappels :
Voir leur CD suivant : "Laetitimusici"
Duo Verbanus : lire la chronique
La Compagnie Léon Larchet sort son 7ème CD (excusez du peu) : " Muzikadansé " et le titre n'est pas usurpé car il n'aura pas fallu plus de 30 secondes pour que mes pieds ne se mettent à frapper le rythme de bourrée et la première fois que j'ai écouté ce CD. Tout en travaillant sur mon ordi, je n'ai pas arrêté de m'interrompre pour suivre le rythme (il faut dire que le " siège " situé devant mon ordi est un cajon…), ce n'est donc pas un CD à conseiller pour travailler (sauf si on est danseur…). De plus leurs tempos sont juste comme il faut pour bien faire ressentir la cadence. S'ils sont cinq musiciens à intervenir (les mêmes qu'à St-Chartier dans " Entremodes " plus Alexia Basset au violon), il s'agit d'abord d'un duo : le violon de Virginie Basset et les diatos de Jac Lavergne, lorsque celui-ci ne prend pas également l'archet. Leurs deux parties s'entremêlent sans cesse en une belle dentelle sonore (on entend généralement l'une des voix continuer lorsque l'autre tient une note un peu plus longue) ; difficile de dire qui accompagne qui, surtout lorsque Jac Lavergne prend son petit diato au joli son de concertina (probablement parce qu'il ne doit avoir qu'une voix). Et si les trois autres musiciens se font oublier, percussions et contrebasse sont pourtant bien présents lorsqu'il faut et soutiennent la cadence de manière aussi efficace que très discrète : de quoi donner des leçons à beaucoup d'accompagnateurs (je soupçonne le mixage de les avoir mis encore un peu plus en retrait.). Désolé pour Alexia, mais je n'ai pas encore repéré où intervenait le troisième archet…Mais avec tout cela j'oublie de préciser, pour ceux qui ne les connaissent pas, qu'ils jouent un répertoire de danses d'Auvergne (d'ailleurs le titre complet de l'album est " Muzikadansé en Auvergne ") qui ne semble comporter aucun trad. mais uniquement des compositions de Jac Lavergne, compositions qui viendront démentir ceux qui prétendent que seuls les traditionnels sont vraiment dansables, compositions avec des titres parmi lesquels je relève, par exemple, la suite de bourrées " Chez Belune - Chez Nuffard ". Remarquons d'ailleurs qu'il y a finalement peu de compositions actuelles en musique auvergnate alors qu'il y en a pourtant eu pas mal durant tout le XXème siècle et que cabrettaïres et accordéonistes ne dédaignent pas ce répertoire moins ancien, parfois un peu pompier. Quelques compositions de Jac Lavergne présentes sur ce CD tendent d'ailleurs parfois vers cette ambiance un peu musette mais c'est loin d'être la couleur dominante de l'album.
Voir les photos de leur concert à St-Chartier cet été 2004 sur : http://musette.free.fr/stchart/ch04emode.htm
Lire l'interview dans le n°98 de Trad. magazine
Rappels : deux CD chroniqués sur ce site :
Pour Virginie Basset, voir à partir de la chronique de l'album "Le violon d'Anaïs" :
Muzikadansé 2 :
L'album Muzikadansé 3 paru en 2011 est d'une autre composition puisque c'est Sandrine Lagreulet à la cabrette qui joue auprès de Jac Lavergne
Voir également l'album solo de Jac Lavergne 2014 "Hommage aux trapézistes"
Compagnie Léon Larchet "Violons dans la brume"
Un nom qu'on dirait tout droit sorti des années 70 "Folkamusette", une petite aquarelle en couverture réalisée par la sœur de l'accordéoniste diato du groupe, lui même beau-frère du cornemuseux-chromatiqueux parce que ce dernier a épousé sa sœur vielleuse dont le beau frère a réalisé l'enregistrement, un livret réduit à un recto-verso, un CD qui semble fabriqué en petite série et vendu au profit de l'Association pour l'Occupation des Kiosques Inutilisés… Tout cela fait très gentil amateur et, pourtant, je vous conseille l'écoute de ce CD pour trois raisons au moins :
- tous les morceaux sont des compositions de Serge Thorey, (le cornemuseux et joueur d'accordéon chromatique, également auteur des arrangements) et il en est de fort beaux. S'il n'y a aucun traditionnel, tout cela sonne pourtant bien du Nord (je ne vous ai pas encore dit qu'ils nous venaient du pays des estaminets…).
- l'interprétation est très bonne, en particulier le jeu des accordéons, avec parfois des accents à la Tiersen notamment dans les valses lentes. Côté cornemuse ce n'est pas mal du tout non plus, même si, en écoutant bien, on perçoit parfois quelques attaques qui roulent un peu (signe que l'enregistrement n'a pas du être retouché…). Quant à la vielle, il est plus difficile de se prononcer car la prise de son (très bonne sinon) la laisse un peu plus en arrière et qu'on ne l'entend guère en soliste, mais cela n'a pas l'air mal non plus.
- enfin, c'est le type même de CD qui alterne les ambiances entre valses un rien nostalgiques et danses un peu plus enlevées (mais toujours à des tempos propices à la danse) qui vous mettent de bonne humeur le matin.
Les danseurs qui n'ont pas d'oreille leur reprocheront peut-être de ne pas avoir indiqué les noms des danses mais les autres reconnaîtront sans problème valses, scottisch, mazurka etc…
Bref laissez vos préjugés de côté et découvrez ce sympathique trio : sergioth suivi de @free.fr
Voir le CD suivant de ce groupe :
Parmi la masse des CD qui paraissent (et c'est tant mieux), en voici un qui se démarque du lot par une démarche originale : nous offrir à entendre l'ensemble des bourrées notées par J.B. Bouillet (1) dans son "Album Auvergnat" paru en 1853, ainsi que dans son "Guide du voyageur à Clermont-Ferrand, soit 57 bourrées, pour moitié à 2 temps (nous sommes en Basse-Auvergne) et l'autre à 3 temps (dites "montagnardes"). Le parti-pris de Jacques Lanfranchi et Jean-Michel Péru, explicité dans un livret très complet, est très intéressant : interpréter ces airs quasiment tels que notés par J.B. Bouillet, sans guère d'interprétation personnelle, sinon un montage en suites de deux ou trois airs. Ce qui précède pourrait vous laisser croire à un CD catalogue de répertoire un peu austère mais il n'en est rien et s'il ne comporte nulle envolée, la qualité du jeu de J.M. Péru à la vielle et de J. Lanfranchi aux musettes 20 et 30 pouces (en sol grave, premier enregistrement mondial !) ainsi que la présence d'invités de marque tels Sylvie Berger, Julien Barbances ou Gilles Poutoux (2) et, surtout, une cadence parfaitement en place sur des tempos raisonnables, font- que ce CD s'écoute fort bien. On y trouve des alternances de duos, de solos, un air chanté (vous aurez compris par qui…) etc… On y reconnaîtra un certain nombre de classiques, parfois dans des versions différentes ou sous d'autres noms (cf la plage 13 par exemple…). Ce CD prouve, en outre, que contrairement à ce que pensent beaucoup, les ouvrages de collectages ne comportent pas seulement quelques airs intéressants au milieu d'une masse de choses quelconques : J. Lanfranchi et J.M. Péru n'ont rien éliminé : ils interprètent l'intégralité des airs à danser notés par J.B. Bouillet et, à l'écoute, il se confirme que rien n'est à jeter.
Un CD qui intéressera donc les amateurs de répertoire mais également les amateurs de bourrées de Basse-Auvergne (plus proches des bourbonnaises que de celles du Cantal) et qui est également à conseiller aux animateurs de danse (s'il en reste qui travaillent avec CD).
renseignements et commande : aepem suivie de @laposte.net
(1) attention, ne pas confondre ce CD avec le double CD édité cette même année par l'AMTA et dont la démarche est également originale mais assez différente.
(2) citons également Cédric Hergault et Philippe Suzanne qui interviennent également sur cet enregistrement et notons que Gilles Poutoux et Julien Barbance assurent seuls en duo l'une des plages…
Faut-il encore présenter Yann-Fanch Kemener, sa voix unique, sa façon bien à lui d'interpréter le patrimoine des chansons traditionnelle bretonnes, sans artifice, tout en simplicité apparente ? Est-ce une impression ou bien sa voix s'améliore-t-elle encore en vieillissant, prenant davantage de naturel sans perdre son timbre si particulier ou bien est-ce parce qu'elle est devenue si familière à nos oreilles. On se souvient, entre autres, de ses albums en duo avec D. Squiban et il faut reconnaître que la formule du duo convient à merveille à cette manière de chanter sans vraiment forcer la voix mais en assumant la mélodie, le rythme, les intonations, la musique de la langue… Aldo Ripoche, dont le livret nous apprend qu'il est le directeur musical de l'Académie Paul le Flem, manie l'archet sur violoncelle, violoncelle baroque et viole de gambe, des instruments de chambre dont le registre un peu grave et la rondeur de la sonorité complètent à merveille le timbre plutôt opposé de Y.F. Kemener. On songe naturellement à l'album d'Annie Ebrel avec le contrebassiste Ricardo del Fra mais la démarche est différente ici et si le maniement des instruments à cordes frottées par A. Ripoche ne respecte pas, loin de là, les canons de la musique baroque, on est loin des audaces du jazz moderne. Le livret nous dit que le son n'a pas été retouché mais, à l'écoute, il semble que deux parties de violoncelles sont parfois enregistrées et superposée (l'une en pizzicati et l'autre à l'archet par exemple).
Y.F. Kemener est non seulement un excellent chanteur mais également un dénicheur de mélodies et, comme souvent dans ses CD, la plupart des mélodies traditionnelles présentes ici sont, pour moi, des découvertes. S'y ajoutent un certain nombre de compositions sur des textes originaux ou sur des textes traditionnels, telle cette longue gwerz qui clos l'enregistrement, remise en musique par Y.F. Kemener.
Un très beau disque donc et, venant de Y.F. Kemener, c'est le contraire qui aurait été surprenant (et, rassurez-vous, je vous l'aurais dit…)
http://www.budamusique.com et http://www.kemener.com
Vous pouvez lire la chronique de ce CD (dans un style totalement différent par J.J. Boidron) dans le n° 97 de Trad. Mag. ainsi qu'un article sur ce duo.
Le duo a récidivé sur trois CDs ultérieurs dont
"Dialogues", avec la pianiste Florence Pavie
"Noël en Bretagne - Nedeleg", Chants - contes et récits, édition bilingue Yann-Fañch Kemener– Chants et récits Aldo Ripoche – Viole et vielles Invités : Françoise Gascoin – Flûte baroque, Hervé Merlin– Théorbe, Ensemble vocal Er Gedourion, Maîtrise de Sainte-Anne-d’Auray (fin 2008)
Voici un CD qui n'est pas nouveau puisqu'il est sorti l'an passé pour St-Chartier, mais si vous ne l'avez pas encore acheté, vous pourrez profiter des prochaines rencontres pour le faire…
Sous ce titre en mot-valise, se cache le duo d'un diato et d'un violon alto (1). Le premier est bien connu puisqu'il s'agit de Jean-Michel Corgeron (Bouffée d'airs, Ballet de sorcières et, bien entendu, les innombrables transcriptions en tablatures pour accordéon…), le second, Vincent De Greef, l'est un peu moins jusqu'à présent (mais voir son portrait dans Trad. Mag n°94). A l'image du nom du duo qui imbrique astucieusement et rigoureusement les noms de leurs deux instruments sans la moindre lettre en trop, nos deux compères mêlent la sonorité des anches libres à celle des cordes frottées en un bel ensemble, chacun passant, au fil des phrases d'un même morceau de la partie mélodique à l'accompagnement, " aux accompagnements " devrais-je d'ailleurs dire, puisque ceux-ci se renouvellent sans cesse avec une belle inventivité. A l'écoute, on finit par oublier qu'il s'agit d'un duo tant les deux instruments finissent par se fondre. Si le répertoire (2 trads et le reste en compositions des deux musiciens ou d'autres) emprunte aux danses de différentes régions (de la scottisch nordique au rondeau en passant par les bourrées 2 ou 3 temps ou un air irlandais à danser en cercle), le style musical demeure relativement homogène. On reconnaît d'ailleurs la " patte Corgeron " dès le premier morceaux, mais comme Vincent de Greef joue depuis longtemps avec lui, il n'est sans doute pas pour rien dans cette couleur musicale attribuée un peu rapidement à Jean-Michel. Voilà donc un CD dont je ne me lasse pas après onze mois d'écoute, un de ceux que je classe parmi les CD à écouter le matin pour être de bonne humeur toute la journée… Et, petite cerise sur le gâteau, il s'achève par une plage au dulcimer (et à la guitare) exécuté avec une maîtrise et une sensibilité qui réconcilierait le plus réfractaire avec ce type d'instrument.
(1) en fait il s'agit plus exactement d'un quinton qui mêle les avantages du violon et de l'alto.
http://www.franches-connexions.com
Rappel : JM. au sein d'un autre duo en 2013 : Duo t'en bal "Premiers pas"
et au seine de Bouffée d'Airs "Confidences de bal"
Mettre en musique 12 recettes de la cuisine locale est une idée plutôt originale, mais, comme chacun le sait, il ne suffit pas d'un bon ingrédient pour faire un bon plat, il fallait donc plus qu'une belle idée de base pour réussir ce CD : un bon cuisinier tout d'abord et avec J.F. Tisner derrière le fourneau, pardon : le micro, on a quelques gages de réussite (rappelons qu'il a déjà commis un CD solo, qu'il chante avec Verd e Blu etc…). Quelques aides ne seront pas de trop pour venir à bout de ce festin aux 12 plats et, pour ne citer que les principaux, Jakes Aymonino (Les Manufactures Verbales…), Mixel Etxekopar et Alain Cadeillan ne sont pas les premiers mitrons venus… Il faut ensuite faire cuire ni trop ni trop peu, épicer correctement, délayer, lier etc. Il faut surtout avoir de l'idée pour accommoder des recettes en prose avec des airs traditionnels, des compositions de J.F Tisner, des paroles traditionnelles et des textes plus récents, des voix et tout un attirail d'instruments, de sonorités, de bruitages (les couteaux qu'on affûte, le cochon qu'on égorge…), quelques bouts de collectage (me semble-t-il) et bien d'autres choses…. Et des idées il n'en manque pas tout au long de cet enregistrement, on en redécouvre à chaque écoute de ces recettes souvent lues en arrière plan d'une chanson sur un thème en rapport. Tout cela pourrait virer à la création un peu prise de tête mais il n'en est rien et si le hachis musical qui survient lors de la confection des saucisses surprend un peu l'oreille à la première écoute, celle-ci s'en accommode rapidement et les passages inventifs ne s'éternisent jamais et laissent toujours rapidement la place à des choses plus dansantes, plus mélodiques : un bel équilibre entre sucré et salé… De même le recours à quelques artifices techniques, à quelques sonorités synthétiques n'est jamais dérangeant parce que, contrairement à bien des productions, ce n'est ici qu'un épice et non pas une sauce épaisse destinée à masquer le produit. A propos d'épice, signalons également quelques modes musicaux plutôt originaux. J'aurai un reproche toutefois à faire : si on trouve à manger sur ce CD, question de boire, mis à part la garbure et le thé ce ne me semble pas vraiment le régime gascon ! Les bonnes bouteilles ont-elles été mises de côté pour le prochain CD ?
Editeur : Les " Menestrèrs Gascons " : http://www.menestrersgascons.com disponible sur http://joanfrancestisner.com
Rappels : (très partiels puisqu'il a plus de 30 albums à son actif, voir sur son site) .
et voir également ci-dessus Verd e Blu .
J.F. Tisner chante sur la plupart des plages du CD de Denis Frossard dont vous pouvez lire la chronique
2009 : Chez Menesters Gascons toujours, réédition "restaurée" de l'album de 1987 de Suber Alber, groupe dans lequel oeuvrait Joan-Frances Tisner. 61'15 Toutes paroles dans le livret, avec leur traduction en français. Disponible sur http://joanfrancestisner.com
"Transports Tisner SA" en 2012
"Tralhaires, sur les pas de Félix Arnaudin"
"EBTé - Electro Trad"
Serais-je objectif en vous chroniquant ce CD dans lequel joue David Bourger, cornemuseux également au sein d'Avalanche (même si on l'y voit moins depuis qu'il joue avec ce groupe) et avec lequel je collabore pour illustrer le courrier des lecteurs de Trad. Mag après avoir réalisé l'album de dessins sur Saint-Chartier ?
Je vais essayer tout de même, sachant que même s'ils sont mes voisins, je n'ai encore jamais eu l'occasion de les écouter en représentation et que David n'est pas vraiment le pilier de ce groupe musicalement mené par Pascal Minne d'une part, aux cornemuses et hautbois mais également à la harpe et au chant et par Arnaud Lachambre à la vielle à roue, aux différents instruments à cordes pincées et au chant. Un quatrième larron : Laurent Larbi vient compléter le groupe en tenant (fort bien d'ailleurs) les percussions. La Branche Rouge est un groupe comme il en existe un certain nombre désormais, qui se produit essentiellement dans des fêtes médiévales et autres reconstitutions en costumes. Les photos du livret, grimaçantes et déformées à la façon des Visiteurs dans la scène du voyage dans le temps laissent présager le pire et on craint un peu à le néo-médiéval fantasy pour touristes lorsque l'on pose pour la première fois le CD dans sa platine. Un coup d'œil au livret nous prévient d'ailleurs que les morceaux interprétés sont les classiques du répertoire médiéval tardif et renaissance. Heureusement l'écoute vient balayer toutes ces réticences et si nos quatre lascars ne prétendent pas à la reconstitution historique fidèle, force est de constater qu'ils ne font pas non plus dans la caricature : tout cela est bien joué, bien mis en place, les arrangements sont bien pensés et le programme même du CD, qui alterne les pièces dansantes jouées sur les hauts instruments avec des plages plus posées menées par le duo harpe et oud (ou autres instruments à cordes pincées) dénote un souci de réaliser un CD de qualité. J'ai d'ailleurs une préférence pour les interprétations des pièces pour bas instruments, à l'image de ce " Lamento di Tristano " qui prend son temps. Mais il y a également de beaux passages dans les danses, seules deux ou trois d'entre elles me semblant un peu trop précipitées ou un peu simplifiées dans leur formule mélodique (branle des chevaux par exemple). Ne négligeons pas non plus les quelques parties chantées, avec des voix intéressantes et sincères.
Bref une bonne surprise, qui ne révolutionnera certes pas la discographie (et encore moins la musicologie) médiévalo-renaissance mais dont l'intérêt dépasse ce que l'on peut imaginer à la vue du produit. Nul doute qu'il n'auront aucun mal à écouler les 500 exemplaires de cette édition lors de leurs nombreuses prestations et que ceux qui repartiront avec ce CD ne seront pas déçus en l'écoutant à la maison.
Dernier détail : pas le moindre dessin de David dans le livret ni sur la pochette…
Rappel : en duo avec le percussioniste Paul Mindy : "Canto instrumental" (Night and Day, non daté)
Leur premier CD était consacré au répertoire des sauts pyrénéens, celui-ci, comme l'indique clairement la pochette figurant un paysage landais d'avant les plantations devant lequel joue un bohaire, redescend dans la plaine pour s'attaquer au répertoire noté par Félix Arnaudin ou transmis par les musiciens de routine de cette région.
La première plage du CD, lente, est un peu rude dans les sonorités : visiblement Jacques Baudoin, ses fils David, Mathieu et Thomas et J.C. Arroseres ne cherchent pas à faire dans l'easy listening et ne se sont pas amusés à traquer la moindre note anticonformiste pour la nettoyer ainsi que le permettent les studios actuels. C'est très bien ainsi, ce sont souvent, en effet, ces petits "parasites" qui donnent du relief à l'interprétation. Si cette première mélodie, qui se finit en un intéressant duo de bohas, est d'une cadence un peu contenue, les rondeaux qui suivent démontrent qu'Ad'Arron est un groupe qui sait faire danser et pour lequel (grande qualité à mes yeux), la cadence est donnée en premier lieu, et de manière très efficace par les instruments mélodiques : on est très loin de la démarche des groupes qui installent une section rythmique sur laquelle brodent des mélodistes. Avec tout cela j'oublie de vous dire qu'ils ne font pas que manier bohas et autres instruments à anches, violons, diatonique, guimbarde et petites percussions (avec un goût particulier pour les duos d'instruments similaires : duo de bohas, de violons, de flûtes également mais joué par la même personne), ils chantent également et avec une belle énergie. Emaillé de quelques ambiances sonores, ce CD est très festif (en particulier la plage sur carnaval). On y retrouve quelques vieux classiques que chacun a encore dans l'oreille entendus sous les doigts d'Alain Cadeillan mais le présent enregistrement soutient bien la comparaison. Si j'ajoute que, comme sur le précédent, une très jolie partie CD-Rom vient compléter tout cela (nécessite une installation, en principe cela marche sur tout PC… sauf le mien…), elle contient pas mal de photos des Landes, d'instruments, divers articles (par exemple ceux de Jacques parus dans Trad. Mag. ou Pastel il y a peu mais également un de Pierre Corbefin etc…) Et malgré la présence de cette partie CD Rom, le livret n'a pas été sacrifié, on pourra dire qu'on ne l'aura pas attendu quelques années pour rien ce CD…
Ad'Arron 1 rue Chantilly 64000 Pau baudoin.jacques suivi de @libertysurf.fr
Rappel de leur premier CD :
et leur CD suivant (2010) : "Vriolonaires Pirenencs"
Rédaction du chapitre historique de la méthode des Bohaires de Gasconha "La Boha - Méthode de cornemuse des Landes de Gascogne - Découvrir Apprendre Entretenir"
et participation aux CDs collectifs des bohaires de Gasconha, voir à partir de la chronique de : "Bohas Bohaires"
Participation de Jacques sur l'album d'Arnaud Bibonne "Bohaussac - cornemuse traditionnelle des Landes de Gascogne "
Jacques est l'instigateur et le directeur artistique du DVD collectif "Monde de bohas" en 2024 (et du concert du Son Continu 2018 dont il est tiré). Il y intervient ainsi que Mathieu et Thomas