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.Jean-Luc Matte
Infos mumuses

Présentations CD et DVD 10

Voici encore quelques CD dont j'ai continué à signaler la parution après la fin de mes infosmumuses en juin 2009, généralement parce qu'ils m'avaient été envoyés à cet effet par des musiciens et éditeurs qui n'ont pas accepté que je veuille arrêter...

Sommaire de toutes les chroniques, chroniques à venir


Filos
"Ouranos"

 

Voici un album qui est paru il y a presque un an (2022) et que j'avais un peu gardé sous le coude mais ne pensez pas pour autant que c'est parce qu'il ne me plait pas, bien au contraire, je n'aurai pas voulu faire une chronique trop rapide et comme la musique grecque n'est pas celle que je connais le mieux cela m'a conduit à repousser un peu trop ma rédaction.... On connait Bal O'Gadjo, le groupe qui compose des musiques de bal folk en utilisant instruments mais surtout le style musical des Balkans. On retrouve trois des cinq membres de ce groupe au sein de ce "grand ensemble" Filos (désolé pour la graphie) de sept musiciens : aux cordes de Paul Oliver, à la clarinette de Lucie Gibaux et aux percussions de Samuel Wornom, viennent s'adjoindre le violon de Raphaëlle Yaffee, les flûtes traversières de Damien Fadat; les percussions de Christophe Montet, et, surtout, la voix de Clémence Gabrielidis qui, seule ou secondées par les harmonies traditionnelles de Lucie et Raphaëlle, voire des autres membres du groupe (1), avec son beau timbre très légèrement voilé, apporte cette âme que seules les voix semblent pouvoir fournir.

Pas de référence à la danse sur la pochette de l'album : le groupe vise visiblement le concert mais pas le bal. Le répertoire est, par ailleurs, bien plus traditionnel. Le texte de présentation du groupe indique qu'ils jouent un répertoire grec, turque et kurde, les plages du CD sont principalement grecques, kurdes et arméniennes entrecoupées de deux compositions de Paul Oliver et d'une de Stélios Petrakis, toutes trois sur des textes d'auteurs grecs.

Attention, lorsqu'il est question de traditions grecques ici, chassez de votre esprit les clichés sur la musique grecque. Celle-ci est naturellement diversifiée et Filoç explore plutôt les couleurs balkaniques, voire orientales des ces musiques plutôt que celles de ce pays qui ont été les plus popularisées (il y a tout de même un rebetiko mais pas de bouzouki...).

Le livret donne les paroles de tous les chants dans leur langue ainsi qu'un résumé et/ou extrait en français. Il aurait juste pu être un peu plus détaillé sur les sources (Mitsos Stavrahakis) a même perdu son nom de famille...)

Tous ces musiciens maîtrisent parfaitement leurs instruments dans les styles de musiques dont il est question ici, ce qui n'exclut pas une part de modernité dans les arrangements, mais ceux-ci sont si bien intégrés qu'on en oublierait presque leur richesse et leur précision (allez sur leur site ou sur directement surYoutube jeter un coup d'oeil à la belle vidéo de l'un des titres filmé lors de l'enregistrement). A l'aveugle, un grec ou un kurde reconnaîtrait sans doute un accent musical étranger mais je ne suis pas certain que beaucoup d'entre nous détecteraient qu'il ne s'agit pas d'interprètes du cru....

(1) il y a même au moins une plage où les voix sont masculines...

Comme Bal O'Gadjo, Filoç fait partie du collectif de musiciens Cooperzic basé dans l'Hérault : http://www.cooperzic.com (attention leur ancien site, non à jour, est encore en ligne)

Rappel : Paul Oliver, Samuel Wornom et Lucie Gibaux de Bal O'Gadjo "Humeurs du monde"

 
Daniela Heiderich et Gilles Chabenat
"Un jour encore"

 

Situation paradoxale : il est probable qu'un certain nombre de lecteurs de cette chronique auront eu la chance de pouvoir écouter le duo au Son Continu 2023 (ou ailleurs), tandis que je n'ai pas pu profiter de cette occasion (je les avais toutefois brièvement entendu dans le parc lors de l'édition précédente).

Mais j'avais, par contre, eu le plaisir de découvrir le talent de Daniela Heiderich dans le très bel album "Abfhart in fünf Minuten" du duo Zirla avec la harpiste autrichienne Merit Zloch dont elle s'est très certainement en partie inspirée pour construire son style de jeu.

Le titre de l'album de Zirla était d'ailleurs bien choisi puisque Daniela semble avoir pris un bon départ depuis lors et en jouant avec un de nos vielleux les plus réputés, elle se fait connaître du public français qui a toujours du mal à faire l'effort d'écouter les artistes germaniques (Merit Zloch mériterait d'ailleurs d'être bien plus connue par chez nous....). Daniela doit avoir des attaches avec les chemins de fer puisque le nouveau duo semble bien poser sur un pont ferroviaire sur le présent CD...

Mais passons au contenu : avant même la première écoute la mention de la présence de Gilles Chabenat ne nous laisse guère de doute sur le fait que nous allons avoir droit au son bien particulier de sa vielle électroacoustique : ce son ample lorsqu'il joue chanterelle seule dans le grave, ce chien précis, ces bourdons parfaitement accordés... Notons d'ailleurs que la vielle est mixée légèrement en arrière de la harpe de manière à ne jamais étouffer celle-ci. Les deux instruments ayant, de plus, des caractéristiques opposées (notes piquées de la harpe et son continu de la ville sauf exceptionnellement lorsque Gilles joue par acoups sur la manivelle), il est donc aisé de suivre la mélodie sur la harpe, les basses de celles-ci, le clavier de la vielle et son coup de poignée. Je ne revient pas sur le dispositif de distorsion acoustique de la harpe que Daniela utilise à bon escient lorsque cela s'avère utile.

J'avoue qu'à la première écoute, lorsqu'une cornemuse intervient j'ai cherché à deviner quel bon cornemuseux de ses amis Gilles avait pu inviter. J'ai du donner ma langue au chat et pour cause : c'est Daniela qui joue non seulement de la harpe mais également fort bien de la cornemuse. On en aurait bien entendu davantage. Sur la plage en question c'est une bonne idée que de jouer en instrumental une version traditionnelle différente de celle qui vient d'être chantée.

Car, comme nous l'avais déjà montré le CD de Zirla, Daniela chante également, d'une voix que l'on soupçonne d'avoir été un peu travaillée en classique. Elle interprète trois chants dont un en allemand et deux en français, presque sans accents. On pressent que sa technique vocale devrait encore progresser à l'avenir en gagnant en assurance et, par là même, en souplesse dans les mélismes.

Je ne vous ai pas encore parler du répertoire : tout d'abord deux mélodies issues de recueils allemands anciens qui prouvent encore qu'il y a bien des perles dans ces ouvrages et si la Polonaise sonne peut-être plus classique que trad., elle est tout à fait adpatée à une interprétation trad. Pour le reste deux traditionnels français et tout le reste de l'album de la plume de Gilles Chabenat.

http://www.bemolvpc.com

Rappel :

Daniela Heiderich :   duo Zirla avec Merit Zloch : "Abfahrt in fünf Minuten"

Gilles Chabenat : voir à partir de voir à partir de


La Cantiga de la Serena
"La Novia"

 

Lorsque je reçois un album de ce label, je sais maintenant qu'au delà de la petite rondelle de plastique dans sa belle pochette cartonnée (toujours aussi soignée), c'est un billet de voyage qui m'arrive et qui va me transporter, avec une empreinte carbone quasi nulle et autant de fois que je le souhaiterai, au coeur de l'Italie traditionnelle. Mais surprise ici, dès les premières secondes puisque l'album s'ouvre sur une exclamation bien plus flamenco et, de fait, ce trio de musiciens italiens va nous faire voyager bien plus largement autour de la Méditerrannée entre chants séfarades (d'où le caractère hispanisant de la première plage, 3 autres plages sont également des chants séfarades, l'un marocain) mais également en Syrie ou au Liban. Bien entendu ils n'oublient pas pour autant l'Italie du sud avec des traditionnels du Gargano et du Salento et deux mélodies anciennes dont une de Monteverdi. C'est naturellement sur ce répertoire italien qu'ils sont les plus efficaces pour nous emporter mais ils s'en sortent fort bien pour le reste et le répertoire du Moyen-Orient est un peu plus facile d'accès lorsqu'il est ainsi légèrement occidentalisé, ne serait-ce que par une prononciation de l'arabe un peu moins accentuée. Certaines couleurs musicales nous mènent d'ailleurs presqu'aux Indes (utilisation de la flûte bansouri notamment) et un court final est d'ailleurs clairement un petit flash indien...

Le trio est schématiquement composé de Fabrizio Piepoli aux guitares , Giorgia Santoro aux flûtes traversières (dont basse et bansuri) et Adolfo La Volpi au oud et guitare. Mais tous donnent également de la voix et les deux premiers n'hésitent pas à compléter l'instrumentation par des percussions, voire pour Giorgia par l'usage du duduk et de la harpe celtique. Quatre invités (voix,, violon, percussions etc) et l'ensemble vocal féminin Farualla interviennent également ponctuellement. Avec une mention particulière pour un musicien nommé "L'Escargot" (en français dans le texte) qui oeuvre à l'accordéon et dans un beau chorus de piva sur la plage titre. Ils ont d'ailleurs eu le très bon goût de placer cette "Novia" non point en première plage comme de nombreux groupes auraient été tenté de le faire pour en mettre plein la vue dès l'ouverture, mais en seconde plage seulement et elle n'en prend que davantage de relief : une interprétation un peu entêtante et un peu plus contemporaine que le reste de l'album, un traditionnel séfarade originaire du Maroc et qui nous fait prendre conscience d'une certaine similitude entre tammuriata italienne et transe gnawa.

 L'album précédent de Fabrizio Piepoli nous avait fait apprécier une voix très riche par, ses timbres, la variété de ses couleurs, sa sincérité, son enracinement. On la retrouve ici, mise en valeur par l'écrin instrumental du trio et des invités et c'est encore un album qui se bonifie à chaque écoute : j'en suis au stade où chaque plage, qu'elle soit enlevée ou plus posée, me semble maintenant un petit bijou....

http://www.zeronovenove.com

Rappels : Fabrizo Piepoli : voir à partir de "Maresia"

Deux des albums du groupe Farualla :

Faruala (1999)

Sospiro (2008)

Je suppose qu'il y en a eu d'autres....


Clément Rousse
"Accordéon diatonique - Musique traditionnelle de Gascogne"

 

Au sein de cette collection déjà bien étoffée (ce doit être le onzième...), Jean-Michel Péru et Jacques Lanfranchi auraient pu assurer en n'invitant que des pointures reconnues de longue date comme Anne-Lise Foy ci-dessus ou Gregory Jolivet etc., mais nous avons vu qu'ils font également confiance à des musiciens à la réputation plus locale comme Michel Nioulou ou, comme ici à un accordéoniste de la jeune génération. Pas toute jeune non plus car Clément Rousse est titulaire d'un DEM depuis 2017 déjà, a déjà collaboré entre autres avec Guillaume Lopez ou oeuvré en duo avec JF.Tisner et ceux qui comme moi vivent loin du sud-ouest ont pu l'apprécier sur CD au sein de Dirty Caps. C'est naturellement un répertoire gascon et purement traditionnel comme le veux la règle de cette collection qu'il interprète ici. Un répertoire exigeant en terme de cadence et sur ce plan sa main droite est des plus efficace, avec ce petit swing qui lui permet de mettre l'énergie sans forcer le tempo, ce qu'apprécieront les bons danseurs. Une cadence suffisamment efficace à la main droite pour qu'il n'ait pas besoin d'en rajouter à la main gauche et, celle-ci étant mixée un poil trop fort à mon goût (1), on a tout loisir de l'écouter et de constater que Clément Rousse privilégie généralement l'harmonie à la rythmique côté basses et accord et joue la plupart du temps presque en son continu avec cette respiration particulière due aux inversions de sens du soufflet. Il y a même des passages où il joue quasiment à trois voix : une main droite et deux à la main gauche (ce doit être plage deux, une partie sans la main droite permettant de mieux entendre). J'avoue toutefois que lorsqu'il aère un peu le jeu de la main gauche en pointant davantage (plage 11) cela repose un peu l'oreille....

J'apprécie particulièrement la recherche d'un répertoire entièrement traditionnel mais relativement original et varié, preuve qu'il reste encore pas mal de choses à valoriser dans les recueils et collectages de cette région et, faut-il encore le préciser, le livret mentionne les sources de chaque mélodie.

(1) mais la prise de son est irréprochable comme d'habitude chez cet éditeur

http://www.aepem.com

Rappel : Dirty Caps' "Musique traditionnelle du Quercy et de la Gascogne"


Merit Zloch
"Stand der Dinge"

 

Merit Zloch est une harpiste autrichienne, vivant aujourd'hui en Allemagne, et dont je vous ai déjà entretenu à plusieurs reprises et qui, après divers albums en groupe, en soliste avec invités ou encore en duo signe ici son premier album solo sans invités, avec sa seule harpe de Bohême. Et c'est un vrai plaisir de l'écouter ainsi avec ses cordes, le plus souvent une main mélodique et l'autre en accompagnement dans le grave, avec cette rythmique qu'elle sait si bien mettre en avant et qui la distingue des harpistes "celtiques" même si son instrument est tout aussi "diatonique".

Elle interprète ici six compositions personnelles intercalées de quatre traditionnels trouvés dans des recueils germaniques plus ou moins anciens (XVIIème pour le plus ancien) et tout à fait intéressants : que de perles doivent encore renfermer tous ces recueils.

On retrouve sur cet album l'usage de la petite planchette à peigne qui vient, lorsque la harpiste le souhaite, toucher les cordes basses et produire un étrange son vibré, une distorsion acoustique qui renforce la présence de l'accompagnement par les cordes basses (1). Un mécanisme qu'elle utilisait déjà sur l'album du duo Zirla avec Daniela Heiderich et que les amateurs de trad français ont sans doute été plus nombreux à découvrir ensuite dans le duo de cette dernière avec Gilles Chabenat. Un effet très spécial et dont l'usage doit naturellement être réalisé avec parcimonie et à bon escient, ce que Merit réalise parfaitement, tirant parfois de ses basses des sons de trompette marine, parfois davantage de sitar indien.

Un album solo et sur un unique instrument, certains pourront craindre que cela soit monotone (2) mais Merit sait parfaitement varier les couleurs, les rythmes, les ambiances et c'est un vrai plaisir de l'entendre seule dans son univers musical et non plus comme c'est souvent le cas en grande partie en accompagnement.

(1) un dispositif copié sur un instrument ancien conservé en musée. Merit et Daniela utilisent des harpes du même facteur Pepe Weissgerber.

(2) une crainte qui doit d'ailleurs être plus importante dans notre type de musique où les musiciens nous habituent à changer d'instruments : qui penserait cela de l'album d'un grand violoniste ou pinaiste classique ?

http://www.meritzloch.net

Rappels : voir à partir de "Urban Legends"


Solidghost
"sudden need"

 

Matthias Branschke, facteur de cornemuses berlinois et de sa compagne Merit Zloch (voir ci-dessus) ont enregistré plusieurs albums en duo d'instruments de même type : Merit en duo de harpes au sein de Zirla; Matthias en duo de cornemuses avec Callum Armstrong et plus récemment en duo de Säckpipan avec Olle Gallmö (voir ci-dessous). Mais s'ils avaient enregistrés ensemble du temps du groupe Bilwez, il ne l'avaient encore pas fait en duo. C'est chose faite avec cet album sur lequel on retrouve la dynamique toute particulière de la harpe de Merit et ses effets spéciaux (cf chronique ci-dessus) et toute la technique, voire la virtuosité de Matthias sur ses cornemuses (de sa fabrication, sur le standard actuel des perces Blanc-Dubois).

Le répertoire est composé en tiers égaux de compositions de l'un et de l'autre ainsi que de mélodies anciennes trouvées dans des manuscrits de danse. Si on excepte le "Menuet La Scheene" du manuscrit Dahlhoff, relativement connu (1), tout le reste est nouveau à nos oreilles. Leurs compositions sont souvent très techniques avec des lignes complexes et changeantes, propices à un jeu virtuose mais qui demande plusieurs écoutes pour être bien intégré, d'autant qu'ils multiplient les variations.

Pour les avoir écoutés au Son Continu puis à Cassel, je dois dire que le CD ne rend pas tout à fait justice au duo car il souffre un peu de l'effet studio : s'ils sont tout deux bien en phase, il leur manque un peu de la fougue et de ce petit supplément de complicité induit par le jeu en public et qui dope l'interprétation. Le duo harpe cornemuse est également moins évident sur CD qu'en concert de par l'écart très grand entre ces deux instruments, l'un aux notes très piquées, l'autre au son continu, et l'on se dit parfois qu'un troisième larron (un violoncelle par exemple) viendrait bien lier la sauce.

Mais ne faisons pas la fine bouche parce que l'on aurait pu espérer encore mieux : nous avons là deux excellents musiciens qui nous offrent un duo de très bonne facture....

 (1) connu principalement par la version présente dans le manuscrit wallon Valdembrille de la même époque sous l'intitulé "Menuet de la chaîne", avec une partie supplémentaire sur un rythme différent. Profitons-en pour mentionner le remarquable travail réalisé par le vielleux Simon Wascher pour rendre public le manuscrit Dahlhoff, donner ses correspondances etc...

http://www.meritzloch.net et http://www.dudelsackmanufactur.de


Duo Gällmo Branschke
"Double Yolks"

 

J'ai l'habitude (j'ai du l'écrire déjà plusieurs fois) de considérer que la première plage d'un CD est souvent non représentative et qu'il faut bien se garder de se faire une opinion trop rapide à dès l'écoute de celle-ci. Mais le présent album constitue une belle exception à ce principe car dès les premiers instants j'ai été saisi par cet unisson si parfait entre ces deux joueurs de säckpipa suédois. Ils sont pourtant de deux générations différentes, l'un, Olle est suédois, un nom bien connu dans le petit monde du säckpipa, le second, Matthias, originaire du nord de l'Allemagne (donc des bords de la Baltique) a suivi nombre de ses stages mais le säckpipa n'est que l'une des cornemuses dont il joue et l'une de celles qu'il fabrique dans son atelier berlinois. Pourquoi s'extasier devant cet unisson si parfait ? Tout simplement parce qu'il témoigne d'une parfaite symbiose entre les deux instrumentistes, du fait qu'ils sont en parfaite entente sur le tempo, qu'ils ressentent chaque phrase, chaque note de ces mélodies exactement de la même manière, qu'ils partagent les mêmes choix d'ornements. Il n'est pas facile de trouver un musicien avec lequel on soit ainsi en phase et les musiciens parmi vous qui ont un peu d'expérience du jeu en duo ou en groupe doivent comprendre de quoi il s'agit. Mais, me diront peut-être certains d'entre vous, outre le plaisir communicatif qu'ont nos musiciens à jouer ensemble, quel est l'intérêt d'un unisson aussi parfait qu'à certains instants on s'en demande s'il y a bien deux säckpipan qui jouent ensemble ? Naturellement le son de deux instruments, aussi bien accordés soient-ils (tous deux ont été fabriqués et très probablement anchés et réglés par Matthias) présente une sonorité différente de celui d'un instrument seul (précisons que le mixage a fait le choix de laisser les instruments relativement fondus au centre et de ne pas les séparer sur les deux canaux stéréo) et lorsque survient un passage en harmonie, on a vraiment l'impression d'un seul instrumentiste jouant sur un instrument polyphonique (c'est d'ailleurs un album qui devraient plaire aux bohaires, rappelons que le säckpipa avec ses anches simples et ses perces cylindriques a une sonorité qui s'en rapproche....).

Outre cette interprétation exceptionnelle, cet album offre un second intérêt : celui de mêler les répertoires du nord (Suède) et du sud (Allemagne du nord) de la Baltique. Il mêle en effet traditionnels suédois et mélodies retrouvées dans d'anciens recueils allemands. Tous étant interprétés à la suédoise (faute de disposer de référence de style d'interprétation allemande), il est bien difficile de les différencier à l'écoute et je ne sais pas si cela prouve une proximité d'inspiration mélodique ou plutôt le fait que le style de jeu prime sur celui des mélodies.

Je regrette juste que le triple digipack sans livret ne nous donne aucune autre indication qu'un simple nom pour chaque recueil et juste un titre pour les traditionnels suédois. On aurait apprécié quelques détails à la manière des livrets des albums AEPEM.

Mais passé ce petit regret, cet album est déjà un de mes coups de coeur de l'année...

http://ollegallmo.se et http://www.dudelsackmanufactur.de

Rappels : Olle Gällmo "med pipan i säcken"

Matthias Branschke : voir à partir de Branschke Armstrong duo"Antithesis"


ainsi que dans l'album juste ci-dessus...

 


Frères de sac quartet
"S'il vous plait"

 

On l'attendait impatiemment depuis une fameuse vidéo largement partagée sur le net, à l'époque du confinement si ma mémoire est bonne..... Voici donc l'album du duo Frères de sac des frères Sacchetini, désormais quartet avec l'arrivée de deux clarinettistes : Marie Mazille et Marie Mercier. Outre le même prénom elles partagent le même goût pour la clarinette basse ce qui nous vaut quelques plages à deux clarinettes basses ce qui n'est guère courant. Mais toutes deux ont également une plus classique clarinette en Si bémol et Marie Mazille manie l'archet de son nickelharpa. Du côté des deux frères, l'un est toujours fidèle à son diato et l'autre alterne toujours entre musette du Centre et flûtes à bec; ce dernier instrument, dans sa forme "classique", étant plus rare dans nos musiques trad. que la cornemuse, du fait de l'image que lui a malheureusement conféré son usage scolaire forcé. Mais lorsqu'on écoute Christophe en jouer, l'envie reprend d'en jouer. On avait été habitué à l'entendre souvent à la flûte alto qui se démarque davantage de la flûte scolaire mais visiblement il assume aujourd'hui totalement le son de la soprano ....

Le quartet, comme le duo précédent, fait toujours dans le répertoire à danser, de bal folk dirons nous puisqu'il interprète aussi bien un branle renaissance, des branles de la vallée d'Ossau, une valse musette de Jo Privat, un kost ar c'hoad et une gavotte, uns suite de slängspolskas, un cercle, des bourrées à 2 ou 3 temps et diverses danses de couple. Un répertoire en grande partie composé (les trads sont les danses les plus particulières : branles, airs bretons ou suédois) et où les bourrées 3t ne sont, comme souvent, pas rattachées à un terroir donné pour leur conférer un caractère spécifique ce que je trouve toujours un peu dommage.

Un quartet purement acoustique, sans percussion, mais qui ne manque aucunement de pêche car, très souvent et très efficacement, diato et clarinette(s) basse(s) assurent l'assise harmonico-rythmique sur laquelle flûte, cornemuse, clarinette en sib ou nickelharpa n'ont plus qu'à promener la mélodie et ses variations, voire des chorus. On appréciera d'ailleurs la variété des combinaisons instrumentales lorsque l'on considère l'accompagnement d'une part et les voix mélodiques d'autre part : l'album s'ouvre sur un nickelharpa s'associant fort bien à une cornemuse, sur la seconde plage on s'étonne que clarinette et flûte à bec se fondent si bien ensemble et cela continue tout au long de l'album avec même une flûte un peu lointaine qui accompagne la main droite du diato.

Et pour fnir l'albumen beauté, le quartet quitte le parquet et Marie Mazille donne de la voix (2) pour une belle interprétation d'un texte peu connu de Gaston Couté (1) qu'elle a elle-même mis en musique.

(1) depuis que le regretté Bernard Meulien et son comparse Gérard Pierron nous l'ont fait découvrir dans les années 70, on ne se lasse pas d'écouter le poète populaire beauceron...

(2) elle "fredonne" déjà sur une plage précédente...

http://www.mustradem.com

Rappels : voir à partir de : "Tout n'a qu'un temps"


Anne-Lise Foy
"Vielle à roue - Musique traditionnelle du Massif Central"

 

Anne-Lise Foy a tout d'abord été vielleuse (et même très jeune vielleuse) puis on l'a entendue chanter et si elle n'a jamais lâché sa vielle on en aurait presque oublié qu'elle est une vielliste soliste remarquable, qu'elle nous vient de la colonie auvergnate de Paris, où elle a baigné dans la bourrée et qu'elle a tourné un temps dans le trio DCA aux côtés de la cabrette de Dominique Paris. Mais tout cela nous saute à la face lorsque l'on écoute cet album, purement solo comme le veut cette intéressante collection. Non seulement elle interprète à la vielle un répertoire purement auvergnat (1) mais, de plus, elle se frotte à des mélodies réputées purement cabrette comme la Tricoutade par exemple, des airs que les autres instruments n'interprètent généralement qu'en accompagnement. Et sans surprise, elle s'en sort parfaitement pour faire passer sur la vielle des mélodies prévues pour les coups de doigts des cabrettaires, quitte à adapter légèrement pour y mettre des coups de doigts de vielleux...

D'emblée on entend une vielle (Boudet) naturellement parfaitement réglée, un chien un peu gras pour être efficace en bal, un coup de poignet dont la ligne rythmique reste proche de celle de la mélodie mais paradoxalement sans jamais sembler redondant au point que c'est un plaisir de suivre l'une ou l'autre, de tenter de comprendre comment elle les distingue. Et c'est un autre plaisir que de suivre ses variations sur les mélodies interprétées (2).

Je viens d'écrire que sa vielle est parfaitement réglée mais en réalité elle en utilise deux, de longueur de cordes différentes donc l'une aux sonorités plus graves que l'autre ce qui participe à varier les couleurs instrumentales. De plus elle intercale quelques plages chantées avec discret accompagnement de vielle "en imitation de violon" et si l'album peut être entièrement dansé (3), trois valses chantées et quelques autres plages plus calmes reposent agréablement l'oreille entre bourrées , polkas et autres danses enlevées. Aucune lassitude à craindre donc avec cet album dont chaque écoute me laisse encore découvrir de petites pépites...

(1) je préciserai par prudence auvergnat de Paris inclus....

(2) aux côtés de Dominique Paris, maître en la matière elle a été à bonne école, mais sa pratique de la variation est encore différente...

(3) certaines mélodies dont ce n'était pas forcément la vocation sont traitées sur des cadences dansables notamment une passion traitée en valse à 5 temps. Il y a également une suite de marches qui ne sont pas des danses mais des marches de noce puis de quête pascale.

http://www.aepem.com

Rappels : voir à partir de Tend'm "Une musique trad-urbaine en Centre-France"

  


Dominique Colpaert
"dia-Tonique-ment vôtre"

 

Je ne sais pas de quand date ce double CD que le hasard a conduit jusque chez moi et donc comme à l'habitude, je vous en touche un mot. Dominique Colpaert est un joueur d'accordéon diatonique (un trois rangs Ré, Sol, Do à basses unisonores) belge flamand, résidant proche de la frontière. S'il a enregistré cet album c'est visiblement en premier lieu pour transmettre son répertoire de compositions (son "patrimoine musical" comme il l'écrit sur la pochette. Est-il déposé ou libre de droits ?). Un répertoire quasi exclusivement à danser (bourrées, danses de couples et une "jig"), classé, comme dans un recueil de partitions, par types de danses avec indication des multiples tonalités utilisées.

Il s'est auto-enregistré ("Recording Garageband") puis a fait mixer les différentes voix (deux à trois voix mélodiques de diato + main gauche et percussions) par un ami.

Il faut bien dire que Dominique Colpaert n'a pas la virtuosité de nos pointures du diatonique et qu'on le sent parfois sur certains passages, à la limite de l'agilité de ses doigts, limite qu'il se garde de dépasser et son jeu reste toujours propre même s'il manque de swing pour marquer davantage les cadences propres à chaque danse. L'ajout de percussions n'était finalement pas indispensable car sa main gauche est, la plupart du temps, plus efficace pour faire balancer les mélodies.

Ses compositions demeurent assez classiques et bien mélodiques, ce qui lui fait naturellement courir le risque de retomber proche de choses déjà entendues (sa valse à 5 temps notamment peine à se démarquer de la première connue dans le milieu folk dans les années 70). Les airs prennent pourtant de la personnalité dès qu'il introduit des voix supplémentaires.

Finalement, cette interprétation modeste et rythmiquement perfectible pourrait être un atout pour la transmission de ce répertoire car, d'une part, ce jeu tranquille facilite l'apprentissage des mélodies en jouant lorsque l'album est en lecture (toutes les plages débutent par la première voix seule et les morceaux ne sont jamais arrangés en suites) et, d'autre part, à l'écoute, on a parfois envie de reprendre une mélodie pour relerver le défi de la jouer avec le swing qu'on aurait aimé entendre, celui qui doit donner envie aux danseurs de se lever de leurs chaises.

Voici donc un album qui n'est certes pas celui d'un grand joueur de diato, mais qui relève d'une démarche de partage éminemment sympathique...

Contact : colpaert.domi suivi de @gmail.com


Yaraka
"Curannera"

 

Je n'ai plus très souvent l'occasion de chroniquer des productions italiennes depuis que je n'écris plus pour feu Trad Magazine, mais que cela fait du bien de recevoir un tel album et , dès la première minute d'être ainsi transporté dans le sud de l'Italie (province de Tarente d'où est originaire le trio, mais également provinces voisines du Basilicate jusqu'en Sicile) avec ces timbres de voix, ces sonorités de tambourins et de cordes, avec ces rythmes qui combinent énergie et suspension dans une cadence bien particulière.

L'essentiel de l'album est d'ailleurs constitué de ces très dynamiques traditionnels et il faut attendre la cinquième plage pour entendre le seul morceau plus lent, soutenu par un quatuor à cordes : une petite perle dont la mélodie me fait un peu songer au très beau chant sur "xxxxxxxxx complètement à l'autre extrémité de l'Italie. Mais même sur ce tempo plus posé, la voix de Virgnia Pavone sait donner de l'énergie lorsqu'il le faut.

Elle est accompagnée par Gianni Sciambarruto aux cordes (guitare, saz...) et Simone Carrino aux percussions, tous deux assurant un soutien vocal lorsqu'il le faut. Signalons également une partie de guimbarde, jouée comme un instrument véritable et non comme c'est trop souvent le cas comme un générateur d'effets spéciaux...

La belle pochette et le livret combinent tout à la fois sobriété et esthétique tout en fournissant les textes de tous les chants et une belle photo du trio en double page. La pochette nous précise que l'album est dédié à la figure de la "Curannera", c'est à dire la guérisseuse locale, tandis que le nom du groupe est un terme topi-guarani désignant les quatre élements.

Comme je le disais en introduction, voici un album qui offre un vrai voyage dans l'Italie du sud, dommage que celui-ci soit un peu court mais on peut le refaire à volonté...

Zero Nove Nove : http://www.zeronovenove.com


Jean-Pierre Van Hees, Luc Ponet et Ronan Kernoat

Nicolas Chédeville et Antonio Vivaldi
"Il Pastor Fido - sonates pour la musette et la basse continue"

Voici un CD dont le premier mérite est de faire la lumière sur une oeuvre dont j'avoue que je n'avais pas une vision très claire : Il Pastor Fido (le berger fidèle) est une oeuvre que j'ai d'abord considérée pour vielle à roue, puisque la 1ère de ces 6 sonates fut enregistrée par Michèle Fromenteau dès 1970 puis R. Zosso participa en 1972 à l'enregistrement d'une intégrale (1), puis la 1ère sonate fut à nouveau gravée par Nigel Eaton en 1988 (2) et enfin (3) cette même 1ère sonate par Robert Mandel en 2014. Il fallut attendre 1983 pour que Jean-Christophe Maillard enregistre la 6ème sonate à la musette puis 2009 pour que François Lazarevitch fasse de même (4).

Il était donc temps de disposer d'un enregistrement intégral de ces sonates à la musette, accompagné d'un livret levant la confusion entre les deux compositeurs. Si le présent album cite bien les deux en couverture, le livret nous apprend que l'essentiel de l'oeuvre est bien de la plume de Nicolas Chédeville, ce dernier n'ayant emprunté au vénitien que la 6ème sonate et quelques fragments. Ce serait son éditeur qui aurait réalisé la falsification ,à son insu, en éditant la partition avec le seul nom de Vivaldi. Pour Jean-Pierre Van Hees, l'oeuvre a été écrite en premier lieu pour la musette, Nicolas Chédeville étant hautboïste et joueur de musette (5), et la mention des autres instruments (vielle, flûte, hautbois, violon) était une pratique courante à l'époque pour agrandir le cercle des acquéreurs potentiels.

L'oeuvre est enregistrée avec une instrumentation en trio musette, violoncelle (Ronan Kernoa), clavecin ou orgue (Luc Ponet) compatible avec la pratique de l'époque et une mention sur la partition. Le résultat est assez dense puisque la voix principale assurée par la musette est soutenue à la fois par ses bourdons bien présents (rappelons que les bourdons de la musette sont à anche double donc aussi sonore que les chalumeaux) et par les deux autres instruments qui occupent également pas mal d'espace sonore. Je trouve d'ailleurs que l'orgue (avec un judicieux choix de jeu flûté) seul ou joint au violoncelle, s'associe mieux à la musette que le clavecin. C'est donc un album à écouter dans de bonnes conditions acoustiques. D'ailleurs si Jean-Pierre Van Hees sait rendre toutes les subtilités de la partition, cet environnement sonore dense l'incite parfois à pousser un peu et à faire alors un peu trop ressortir les notes hautes, toujours délicates sur cet instrument, ce qui n'était pas le cas sur son enregistrement précédent en duo.

Outre les changements d'instruments d'accompagnement, la quatrième suite, prévue pour une musette plus grave apporte une petite rupture. Chaque sonate est elle-même découpée en plusieurs mouvements et les parties enlevées alternent avec des passages plus posés.

La musette est un instrument qui a repris vie il y a un peu plus de 40 ans désormais, les premiers albums qui lui ont été consacrés abordaient un répertoire choisi auprès de divers compositeurs. Les entregistrements de ce type ou le précédent, présentant dans leur intégralité des oeuvres plus conséquentes dédiées à cet instrument montrent que la pratique de cet instrument dans son répertoire original atteint désormais une vraie maturité.

(1) René Zosso joue apparemment les sonates 1,2 et 5 mais en duo avec un autre instrument soliste (violon ou hautbois)

(2) le livret ne précise pas qu'il ne s'agit que d'une des sonates de cette suite et n'en donne donc pas le numéro. Il attribue l'oeuvre à Vivaldi sans citer Chédeville

(3) mais je ne prétends pas être exhaustif. Il y a eu, par ailleurs des enregistrements sur d'autres instruments (plusieurs à la flûte, au hautbois....)

(4) il est respectivement indiqué "Nicolas Chédeville d'après A. Vivaldi" et "Nicolas Chédeville, attribuée à Antonio Vivaldi".

(5) voir l'album précédent de Jean-Pierre Van Hees déjà intégralement consacré à une oeuvre pour musettes de ce compositeur

http://www.etcetera-records.com

Rappels : Voir à partir de Jean-Pierre Van Hees
"Cornemuses - Un infini sonore"

.

L'organiste Luc Ponet avait déjà accompagné Jean-Pierre Van Hees sur l'album "Christmas in Belgium"

Les deux versions précédentes, partielles, à la musette :

Jean-Christophe Maillard, "L'art de la cornemuse vol.2 La musette de cour" - Ensemble "Les plaisirs champêtres" - Arion ARN 60378 (1997, réédition d'un 33t. Arion de 1983)
.

et : François Lazarevitch et Les Musiciens de Saint-Julien, " Le berger poète - Suite et sonates pour flûte et musette ", coll. " 1000 ans de cornemuse en France " Alpha, 2009

 

 


Marvara
"High On Life"

Marieke Van Ransbeeck est une musicienne belge flamande, joueuse de cornemuse flamande et musette baroque . Après avoir réalisé un cycle complet de formation auprès de Jean-Pierre Van Hees puis de son disciple Pieterjan Van Kerckhoven, elle est allée finalliser tout cela en parcourant les différents pays scandinaves ce qui lui permis de rajouter le säckpipa à son instrumentarium. Cet album, entièrement composé de sa plume est le résultat de ce voyage. Elle l'interprète avec sa compatriote Hilke Bauweraerts à l'accordéon diatonique, les danois Villads Hoffman (Cistre, guitare et violon) et Frederik Mensink (contrebasse) et, enfin, le percussioniste suédois Marten Hillbom.

Marieke m'a présenté cet album comme de la musique à faire la fête mais cela me semble très réducteur car il recèle bien des ambiances différentes et bien plus de finesses que d'énergie brute. Mais c'est effectivement un CD dont l'écoute fait du bien. Marieke est une de ces musiciennes de la génération actuelle à laquelle un vrai parcours de formation a donné une maîtrise totale de ses instruments et qui a su conserver toute sa motivation et sa curiosité. Son jeu de musette, ici hors du contexte de la musique baroque, sonne étrangement plus proche de celui du northumbrian pipe. Hilke Bauweraerts a, de son côté, un très beau jeu d'accordéon que l'on a déjà pu apprécier dans son album en duo avec JP Van Hees, et toutes deux se partagent le premier plan, leurs trois comparses scandinaves assurant des accompagnements qui les portent.

Le répertoire est varié, mêlant pièces et chansons à écouter et à danser : scottiche, polka, polska, slângpolska, valses et même un slow totalement assumé.

Editions Danish folk music http://www.gofolk.dk

Voir les photos de ses concerts fin août 2022 à Flariz et Monterei (Galice)

Rappels :

Marieke avait déjà accompagné Jean-Pierre Van Hees sur l'album "Christmas in Belgium"

Hilke Bauweraerts : 2017 : Duo Bauweraerts Van Hees"Fly in"


Joli Gris Jaune
"La longue errance"

Voici un CD réalisé dans le cadre (ou le prolongement) du travail de la Loure sur les chansons du cousinage entre Normandie et Amérique du Nord, travail qui a donné lieu à un livre avec double CD de collectages. Le quartet Joli Gris Jaune est composé de deux des auteurs de ce travail : Robert Bouthillier, musicien collecteur et chercheur bien connu dont on ne savait plus s'il était québécois ou breton et que l'on découvre ici également normand et Etienne Lagrange, violoneux normand. La violonneuse Emmanuelle Bouthillier (fille du premier) et l'accordéoniste Nadège Queugnet viennent fermer le carré. Et si j'ai cité les instruments, nos quatre compères chantent tous et se passent la voix principale au fil des plages ce qui est toujours agréable puisque cela amène de la diversité dans les timbres et les styles d'interprétation.

L'ouvrage de la Loure nous fait entendre des collectages, Joli Gris Jaune nous offre, dans ce CD également produit par la Loure, des interprétations actuelles, bien senties (Emmanuelle notamment n'a pas encore beaucoup d'enregistrements à son actif mais c'est déjà une valeur sûre....), dans des arrangements qui servent bien les mélodies. De plus ils ont le bon goût de ne reprendre que 2 ou 3 des 61 chansons du livre-CD et pas toujours selon les mêmes versions. Ce sont donc principalement d'autres chansons traditionnelles qui sont joués et chantés ici et si on n'a pas droit à des fiches aussi détaillées, le livret nous transcrit tout de même les paroles et nous livre un minimum d'indications sur l'origine de ces versions.

Un ouvrage "scientifique" centré sur le passé d'une part et un CD bien actuel d'autre part pour le plaisir et démontrer que ces chansons ont encore toute leur place aujourd'hui, voilà qui ne mélange pas les genres : certains apprécieront l'un plus que l'autre, personnellement les deux m'ont ravis....

La Loure, collection "Résonances" https://laloure.org

Rappels :

La Loure : Robert Bouthillier, Yvon Davy, Eva Guillorel et Etienne Lagrange "Les chansons du cousinage -Normandie - Amérique du Nord"

 

Emmanuelle Bouthillier au sein du groupe Planchée


Emilyn Stam et John David William
"The Farmer Who Lost His Cow and other Dutch tunes"

Le hasard a fait que j'ai reçu cet album la veille de l'arrivée dans ma même boîte aux lettres des deux productions de La Loure sur les chansons du cousinage (voir juste ci-dessus).

Nous sommes ici en Ontario, (une région dont il est d'ailleurs pas mal question dans le livre-CD de La Loure), non plus chez les colons francophones mais dans un répertoire venu de Hollande comme le rappelle le sous-titre. Emily Stam et John David William, deux musicien.ne.s multi-instrumentistes dont j'ai déjà eu l'occasion de vous entretenir, ont en effet la chance, ou plutôt la bonne idée, d'exploiter un recueil de 1000 "anciens et nouveaux chants de fermiers et contredanses de Hollande" publié en 13 tomes entre 1700 et 1716 en Ontario. Ils ne sont certes pas les premiers à se pencher sur ce petit trésor (l'ouvrage a été réédité en fac-similé en 1972 et 1985) mais les interprétations précédentes dont j'ai pu trouver trace semblaient plus axées musique baroque que traditionnelle. Avec leurs violon, piano, accordéons piano ou diatonique, clarinette et harmonica, notre duo s'empare de 22 de ces mélodies pour nous en offrir de belles interprétations instrumentales (1) trad. acoustiques actuelles qui nous rappellent que leur premier CD montrait un intérêt particulier pour les musique traditionnelles françaises....

Un vrai petit bonheur du début jusqu'à la fin et deux musicien.ne.s que l'on aimerait entendre, avec ce répertoire original, de ce côté de l'Atlantique (et pas uniquement en Hollande d'ailleurs...). Mais comme il leur reste 978 mélodies à exploiter auront-ils le temps ? ;-)

(1) s'il est question de chants dans le titre de l'ouvrage de 1700, je ne suis pas certain qu'il contient des paroles....

https://www.emilynandjohn.com

Rappels : voir à partir de Emily Stam and John David William "Honeywood"

 

et voir la chronique juste ci-dessous

 


Vinta
"Beagons"

J'allais juste mettre en ligne la chronique de l'album ci-dessus ( "The Farmer Who Lost His Cow and other Dutch tunes") que le facteur m'apportait cet album du quartet Vinta dont deux des membres ne sont autres que les mêmes Emilyn Stam et John David William, accompagnés par Nathan Smith au violon (et alto) et par Robert Alan Macke à la contrebasse. Mais cette fois-ci nous sommes plus dans la lignée de leur CD "Honeywood" avec un répertoire entièrement composé et qui s'inspire des tradtions d'Europe de l'ouest et de Scandinavie dixit le livret, mais j'ajouterai qu'il y en a une qui sonne bien québecoise.... (ou ontarienne ?). La crainte que l'on peut avoir lorsque des musiciens abordent en parallèle plusieurs traditions qui ne sont pas celles de leur contrée, et d'autant plus sur des mélodies de leur composition, c'est de le faire en dilettante ou de finir par confondre les différents styles (voire de ne pas attraper ceux-ci). Mais que l'on soit rassurés, ce n'est pas le cas ici : dès la première plage il n'y aucun doute sur le fait que l'inspiration soit scandinave et la "Bourrée isolée" suivie de "La patineuse" sont deux magnifiques bourrées pour violon interprétées dans les règles de l'art comme le feraient nos meilleurs violonneux trad actuels locaux. Je me suis dit que les deux violons (et compositeurs respectifs), Emilyn et Nathan avaient du traverser l'Atlantique à plusieurs reprises pour venir fréquenter des stages dans le Massif Central mais je n'ai pas trouvé de nom d'instructeur éventuel dans les remerciements du livret, juste une mention toutefois dans ce livret, à propos d'une autre plage, d'un passage en région lyonnaise. En tout cas le résultat est là et l'ensemble de l'album est un petit bonheur. La plupart des morceaux sont des danses mais les titres ne l'annoncent que rarement (trois seules mentions : bourrée, valse et gigue pour le plus québecois déjà cité ce qui confirme mon impression...) et les textes s'attardent davantage sur le contexte qui a inspiré chaque mélodie que sur son usage, les danseurs devront donc s'en remettre à leurs oreilles....

Je ne peux que conclure de la même manière que pour l'album précédent : espérons avoir l'occasion de les entendre sur scène, et, finalement,à quatre ce sera encore mieux qu'en duo....

Contact : https://www.vintamusic.com

Rappels : voir à partir de Emily Stam and John David William "Honeywood"

 

et voir notamment la chronique juste ci-dessus

 
 Arnito
"Le vent, la route"

.

Cet album date de 2019 et, en publiant cette chronique avec bien du retard début 2023 je vois sur le site d'Arnito qu'il en a publié 5 autres depuis (vu son mode de travail et d'édition, les confinements ont du être bien favorables à ses enregistrements et si en 2020 il a publié un album avec rien moins que l'orchestre symphonique de Budapest, on peut supposer qu'il l'avait enregistré avant la pandémie...). Mais j'ai cessé de chroniquer des mp3 (1) depuis 2019, celui-ci est le dernier qu'il me restait à traiter....

Notre guitariste "couteau suisse" se lâche ici et se met même davantage au chant sur cet album sur lequel il n'a invité qu'un seul instrumentiste mais pas moins de 6 choristes dont la présence demeure toutefois discrète. L'instrumentiste invité est Adama Koeta à la kora, (que l'on retrouvera comme seul invité sur l'album suivant d'Arnito) et il vient avec bonheur orner de guirlandes de notes l'accompagnement et un couplet instrumental d'une des chansons de l'album.

Arnito donne donc davantage de la voix, pas sur les premières plages toutefois (2), même si la première de celles-ci me fait penser à la balade irlandaise de Bourvil et me place donc déjà dans un registre chanson. Il faut attendre la trois ou quatrz plages pour qu'il commence à chanter, de façon un peu éthérée, en anglais. Puis on laissera agréablement passer quelques instrumentaux dont un à la rythmique sud-américaine ou encore un autre dont on s'interrogera s'il s'agit d'un musette un peu jazzy ou d'une mélodie façon cithare autrichienne. Mais certains de ces instrumentaux sont déjà introduits par une ou deux petites phrases en français histoire de nous amener enfin vers trois chansons en français, façon un peu Cabrel mais sans l'accent... L'anglais reviendra sur un titre et encore quelques instrumentaux jusqu'à clore ces 16 plages aux ambiances variées mais toutes appuyées sur la guitare.

Rappelons que même si "faits à la maison", ses albums sont toujours aussi professionnels.

Disponible uniquement en téléchargement ou streaming, voir à partir de son site : http://www.arnito.net

Rappels : voir à partir de "IR"

 (1) et encore moins des streaming, je suis de la vieille école.... Je n'ai jamais réussi à m'organiser correctement avec les albums dématérialisés....

(2) avec les mp3 on ne sait jamais si on écoute vraiment l'album dans l'ordre prévu donc j'espère que c'était bien le cas

 


La Perdrix Rouge
"Vendémiaire - Musique du Centre de la France"

Second album de ce trio du Puy-de-Dôme mais le sous-titre de l'album nous renseigne sur leur liberté de voir un peu au delà de leur horizon, du Berry au Morvan. Mais, surtout, et c'est suffisamment peu courant chez AEPEM pour qu'il faille le souligner, le répertoire de ce CD est, à une plage près, exclusivement constitué de compositions, soit de Philippe Beauger (5 plages), l'un des deux cornemuseux du trio, soit d'amis musiciens, bien connus pour la plupart et fins connaisseurs de la tradition : Philippe Prieur, Jean Blanchard, Jean-Marc Delaunay, Michèle Chevrier Reuge, Lionet Savarit. Pour avoir longtemps joué une de ses scottisch transmise par un ami commun, je ne suis pas du tout étonné des talents de compositeur de Philippe : sa scottisch Sorbet Coco mériterait de devenir un standard des boeufs de musiciens du Centre et il relève fort bien le défi de composer un Noël. Noël que le trio interprète fort bien, mais je suis certain qu'en concert, en situation en décembre, il réussissent à y faire passer la petite étincelle magique qui manque encore ici. L'album se partage donc entre compositions inédites, un grand standard morvandiau et quelques emprunts déjà entendus mais moins connus. Un premier bon point pour ce bel équilibre. Le second bon point tient naturellement à l'interprétation, ce sur quoi je ne me faisais guère de souci, connaissant d'une part les facilités musicales de Fabrice Lenormand, qui tient ici le pupitre le plus discret aux 20 et 23 pouces, laissant Philippe Beauger au premier plan à la 16 pouces et Guillaume Bouteloup tenir la cadence à la vielle. C'est d'ailleurs la première chose qui saute aux oreilles dès les premières secondes, les premiers tours de roue : quel plaisir ce doit être de poser le son de sa cornemuse sur une rhytmique aussi bien mise en place. Mais naturellement la vielle ne se limite pas à son chien comme on pourra le constater sur quelques rares moments où elle joue seule. Instants rares car, la plupart du temps vielle et grande cornemuses mêlent assez étroitement leurs voix. Le trio opte en effet pour des arrangements efficaces pas trop complexes (ce qu'apprécient toujours les danseurs qui n'aiment pas trop les polyrythmies...) même si une plage ou quelques passages nous montrent qu'ils sont tout à fait en mesure de faire plus complexe, ce qui densifie immédiatement le son du trio.

Un trio qui ne révolutionne donc pas la musique du Centre et ne cherche pas à la faire mais qui se montre remarquablement efficace.

http://www.aepem.com

 Rappel :

L'album précédent : "Vendanges tardives"

Fabrice et Philippe Beauger ont participé à quelques CD collectifs des Brayauds, La Perdrix Rouge interprétait d'ailleurs déjà deux plages sur le CD Les Brayauds "Bourrées du Massif Central volume 2"


Martin Lassouque
"Contras"

En 2013 Martin Lassouque et sa boha remportaient le premier prix en cornemuse solo du Son Continu, ce que l'on pouvait alors considérer comme la consécration de sa formation auprès de Yan Cozian et son entrée dans la cour des grands. Il aura donc mis 9 années pour nous offrir ce premier album soliste (non pas solo puisqu'il a sollicité trois amis dont Yan pour tois appuis sur trois plages).

Il a du pas mal cogiter pour en arriver là et cet album n'est pas un simple alignement de mélodies mais est construit sur un concept : développer et expérimenter un maximum de manière d'user du tuyau secondaire de la boha, celui que l'on dénommait jadis bourdon (je parlais personnellement de "bourdon variable") et qui est désormais qualifié de "tuyau semi-mélodique" par les cornemusicologues, ce qui me semble une cote un peu mal taillée, mais que Martin et Yan préfèrent désigner par "Contra" sur le modèle des "kontras" des cornemuses hongroises et voisines. Certes les bohaires avant lui ont tous déjà forcément réfléchi aux usages possibles de ce tuyau et expérimenté en la matière, mais Martin a essayé de reprendre les choses de manière plus systématique en travaillant par danses et par cellules rythmiques. Il nous en livre les résultats ici, sur un répertoire entièrement traditionnel, le livret donnant pour chaque plage (1), la formule utilisée sur le contra.

Cet album a donc un caractère un peu expérimental et quelques passages font un peu dresser l'oreille : tentative audacieuse, pas forcément dénuée de sens mais qui demanderait parfois encore un peu plus de prise en main ou qui passerait mieux dans un jeu de groupe qu'en solo. Paradoxalement, à trop travailler intellectuellement sur la cadence on risque toujours de perdre ce qui n'est que du ressort du ressenti dans celle-ci.

Mais, pour le reste, voici, outre un album agréable, une démarche des plus intéressantes pour un jeune musicien, une solide base pour l'avenir, à polir au fil des ans au contact des danseurs. Et un album qui gardera une place à part et dont on ne peut que souhaiter que les propositions qu'il contient ne soient pas négligées par les autres bohaires...

 

(1) en sus naturellement des sources, n'oublions pas qu'il s'agit d'une production AEPEM....

http://www.aepem.com

Rappels : Martin Lassouque a participé à divers albums collectifs dont

"Cornemuses landaises", CD collectif des groupes et musiciens landais utilisant l'instrument

ou ancore Bohas Orchestra "Cornemuses landaises - couleurs gasconnes"

Yan Cozian : voir à partir de : Yan Cozian dans la collection Cinq Planetes


Claude Quintard
"Accordéon chromatique - Musique d'Auvergne"

Claude Quintard n'est pas un inconnu dans notre petit milieu puisqu'après Didier Pauvert, Tiennet Simonin, Ludovic Rio et je dois en oublier, il accompagne régulièrement le cabrettaire Michel Esbelin (voir notamment l'album La bourrée à Régis). Mais le livret nous résume son parcours musical et nous fit découvrir qu'il est l'un de ces accordéonistes né dans le milieu musical auvergnat, un peu trop tard ans doute (1953) pr rapport à la grande époque, mais dans un environnement familial où la cabrette avait encore sa place,où l'on pouvait encore se retrouver à animer un bal à 12 ans et où il pu encore fréquenter quelques personnalités marquantes de la bourrée.... Un parcours qui passera par le monde folklorique puis s'arrêtera durant deux décennies avant de reprendre; sous les sollicitations de Michel Esbelin.

Comme le veut la collection, il joue ici en pur solo un répertoire auvergnat mêlant une bonne moitié d'inévitables standards (Moun Annetto, Bourées à Bonal ou à Bergheaud, etc...) et des mélodies un peu moins connues, dont, modestement placées en fin de programme, une composition personnelle, deux de son épouses et une de son compère cabrettaire de toujours Daniel Vidalenc.

Le jeu de son chromatique est bien celui d'une époque, utilisant divers artifices comme les changements de registre pour relancer l'attention. Mais jamais il ne sacrifie la cadence aux ornements et les bons danseurs de bourrée sentiront rapidement que derrière ce style musette bien plus coulé qu'un tiré poussé de diato, il n'en demeure pas moins toute la cadence et la force de la bourrée (qui est d'ailleurs une danse au style coulé mais énergique) ou des danses qui l'accompagnent.

http://www.aepem.com

Rappels : Je ne remonterai pas à ses vinyls de folklore auvergnats avec Marcel Marginier ou Daniel Vidalenc même si je dois en avoir certains dans mes cartons... Le livret du présent album nous apprend qu'il a publié un CD avec ce dernier en 2014 sous le nom "Duo cantalien"

- avec Michel Esbelin "La valse des ombres" ....
CD Michel Esbelin cabrette
....et "La Bourrée à Régis"


Carmen Penim
"Cantos de terra e sal"

Ne vous fiez pas à ses airs de diva sur les photos, Carmen Penim est bien une chanteuse traditionnelle galicienne, adepte des rythmes non parfaitement mesurés lorsqu'il ne s'agit pas de chants à danser et des notes qui s'écartent volontairement de la gamme. Elle a d'ailleurs du y faire adhérer Maurizio Poisinelli, son pianiste, d'origine italienne, formé au départ à une école plus classico-jazz mais qui a bien su s'adapter aux subtilités de ce monde musical particulier.

Carmen Penim a ce que l'on appelle une voix, conjuguant timbre, puissance et sens de la nuance. Le répertoire de cet album est entièrement traditionnel mais comme elle nous vient d'une région du sud de la Galice proche de la frontière portugaise, on ne s'étonnera pas que l'une des plages sonne quelque peu fado.

Si elle se produit souvent avec son seul pianiste, elle s'est entouré ici de différents invités dont trois batteurs percusionnistes (selon les plages) et c'est ce qui m'a quelque peu gêné car si les batteurs font preuve d'une belle technique, le fait de doubler le piano pour faire monter la sauce quasi systématiquement sur chaque plage s'avère un peu lassant et les interprétations de Carmen n'ont nul besoin de ces effets parfois un peu envahissants comme on le constate par exemple sur le début tout en sobriété de Canto de Seitura avec cette percussion discrète mais très précise et quelques notes de contrebasse. Les autres invités viennent apporter des couleurs particulières à certaines plages (gaita de Marco Foxo, nickelharpa, violoncelle etc...)

Mais, cette réserve émise, que cela fait du bien de se trouver immergé dans le répertoire chanté galicien !

Edition et distribution : Inquedanzas sonoras : https://www.inquedanzas.com

Voir les photos de ses concerts fin août 2022 à Flariz et Monterei

Rappels :

Marco Foxo : voir à partir de "Ganador Solistas 2009"

 


Fransesc Sans - Adrian Gil - José Manuel Tejedor - Luis Antonio Pedraza - Tiago Morais - Oscar Ibanez
"Piperegrinos - As gaitas do Camino"

Derrière le mot valise du titre mêlant cornemuse et pélerinage, se cache un chemin de Compostelle cornemuseux (1), allant de la Catalogne à la Galice avec un petit détour par le Portugal, par six virtuoses des six cornemuses régionales de ce trajet imaginaire, chacun offrant deux plages avant un final commun....

Le voyage débute en Catalogne avec Francesc Sans au sac de Gemecs (2). Le chemin se poursuit par l'Aragon avec Adrian Gil à la gaita de boto puis les Asturies avec le réputé José Manuel Tejedor. La Province de Castille et Leon est représentée par Luis Antonio Pedraza (de Zamora) à la gaita seabresa. Tiago Morais tient la gaita mirandesa (gaita de foles portugaise) et, enfin Oscar Ibanez, l'initiateur de ce projet représente la Galice a la gaita galega.

Ce pélerinage musical ne prend donc en compte que les types de cornemuses les plus marquants d'Espagne du nord, faisant l'impasse des reconstitutions plus récentes ou des traditions plus anecdotiques (Cantabrie par exemple). On apprécie que Castille et Leon aient été pris en compte mais on pourra regreter de ne pas être parti un plus à l'ouest avec la Xeremia des Baléares.... Mais comme tout projet de ce type il doit s'agir avant tout d'un projet basé sur des amitiés et des atomes crochus (et double crochus...) entre musiciens...

Ces six musiciens ont une parfaite maîtrise de leur instrument et la plupart en sont de réels virtuoses. On pourra donc regretter une certaine uniformisation de style (style influencé également par les ornements venus d'Irlande et d'Ecosse) et des échelles tempérées, y compris pour le représentant portugais, pays où les cornemuses à hautbois nettement non tempérés se maintiennent le mieux dans ce secteur. Moins virtuose, Luis Antonio Pedraza est certainement celui qui nous offre le jeu le plus typé et les deux plages aragonaises celles qui se distinguent par les couleurs mélodiques les plus particulières (les fameuses jotas aragonaises...).

Nos différents cornemuseux se produisent tous simplement en trios, plutôt acoustiques ( à l'exception de Tiago Morais qui n'est accompagné que d'un accordéon chromatique) et si l'on peut également regretter qu'un projet mettant en avant les différents types régionaux de cornemuses ne valorise pas les types traditionnels de formations, il faut reconnaître que, sur leurs bouzoukis, violons, guitare, chromatique, clavier, cajon et percussions plus locales ces musiciens accompagnateurs sont d'une efficacité remarquable au point que l'on vérifie parfois sur la pochette qu'il ne s'agit bien que de trios et que l'on se demande ce que pourraient apporter des formations plus étoffées, vu le talent de ces instrumentistes qui assurent parfaitement rythmique et harmonie. (3)

Et pour en revenir à nos cornemuseux, si leurs styles tend à se rapprocher, il faut reconnaître qu'il est impressionnant de maîtrise technique, de virtuosité et d'efficacité et que c'est toujours un plaisir d'entendre des cornemuses jouées à ce niveau...

(1) ou plutôt cinq cheminements convergeant vers Santiago selon le schéma figurant dans la pochette mais il semble bien que quelquesoit le nombre de routes, il n'y ait bien que "Le" chemin (El Camino), tout comme quelqu'en soit le nombre de types, il y ait bien "La" cornemuse....

(2) Attention, il ne s'agit pas du luthier bien connu de ceux qui fréquentent le Son Continu mais de son homonyme spécialiste du Sac de Gemecs, auteur notamment d'un ouvrage sur l'instrument et d'un article du colloque de Gaillac ("Cornemuses un monde qui bourdonne"

(3) Ayant vu récemment Oscar Ibanez sur scène, j'ai été scotché par l'efficacité d'Andrès Vilàn, son percussionniste, sur son seul cajon

http://www.inquedanzas.com

Rappels :

Oscar Ibanez "Alen Do Mar"

Tejedor : voir à partir de l'album "Texedores de Suanos"

Francesc Sans, voir à partir de son livre : Simo Busquets I Peret & Francesc Sans I Bonet
"Les Cornemuses i el Sac de Gemecs"

 


Fabrizo Piepoli
"Maresia"

S'il en était encore besoin, voici un CD qui prouverait qu'il est tout à fait possible de réaliser un album tout à fait professionnel... tout seul dans son studio. Il suffit "juste" d'être un excellent chanteur et multi-instrumentiste et de maîtriser toute la technique de prise de son jusqu'au mastering (1). Mais Fabrizio Piepoli n'a rien d'un débutant puisque sa discographie est déjà imposante et qu'il s'agit de son troisième album peronnel.

Lorsque j'écris multi-instrumentiste, Fabrizio Piepoli n'use ici que d'instruments à cordes (guitare battante ou classique, saz, oud, basse) et diverses percussions, guimbardes..., ce qui sied tout à fait au répertoire qu'il interprète ici : principalement traditionnel italien, plus précisément des Pouilles et alentours. Il le complète avec trois compositions qui s'y fondent parfaitement... un titre de deux sardes (2) et un fadodu lisboète F Viana (3) interprété dans le style et les couleurs instrumentales qui corresondent. Le titre de l'album est d'ailleurs un terme portugais et c'est malheureusement une des rares informations que nous fournit le livret, très beau dans sa sobriété mais qui nous laisse un peu sur notre fin. Il y a heureusement le site internet qui nous en apprend davantage : http://www.fabriziopiepolimusic.com.

Fabrizio Piepoli est un excellent instrumentiste comme le prouve à elle seule la première plage (instrumentale), mais c'est d'abord une voix, avec un vrai timbre, des interprétations très senties, de la scancion de la tarentelle à la douceur de la berceuse (4). Ce qui lui permet de nous offrir un de ces albums qui vous font un bien fou parce qu'il s'ancrent dans la vérité d'une tradition et la sincérité d'une expression.

(1) la pochette nous apprend toutefois qu'il y a eu un "mixage et mastering additionnel". Et il a tout de même délégué la prise des photos et le graphisme...

(2) le très beau Melagrànada ruja de Marisa Sannia sur un texte de Francesco Màsala dont on peut écouter une interprétation par Marisa Sannia elle-même en 2001 sur https://www.youtube.com/watch?v=OthiWwiZTyc. Une chanson qui semble d'ailleurs atypique mais d'autant plus appréciable dans le répertoire bien plus variétés de cette chanteuse... La version de F. Piepoli, autoaccompagnée à l'oud sonne, de ce fait, un peu plus orientale, mais fait également penser, sur la fin, à certains chanteurs corses.

(3) Franciso Vianna (1895-1945)

(4) je trouve que l'on n'évoque pas assez souvent ces petits chefs d'oeuvres que sont les "ninna nanna"

http://www.zeronovenove.com

Rappel : parmi les nombreuses collaborations de Fabrizo Piepoli, j'en ai retrouvée une dont je vous avais entretenue, à l'époque, dans Trad Magazine : Mario Salvi "Taranteria"

En 2023 il est la voix principal du trio La Cantiga de la Serena "La Novia"

 


Collectif
"Ronds et rondes traditionnels chantés du Bas-Berry recueillis et publiés par Barbillat et Touraine
Volume2"

La première chose que j'ai faite, après avoir écouté ces trois CDs et lu le livret et avant d'attaquer cette chronique, a été de relire ce que j'avais pu écrire sur le volume 1 avant d'éviter de me répéter puisque ce coffret et dans la continuité exacte du précédent, tant sur le plan musical que graphique. On pourrait d'ailleurs presque croire que l'ensemble a été enregistré en même temps et que seule la diffusion est étalée mais le livret nous apprend que la réalisation du premier volume a pris trois ans tandis que celle de celui-ci a tout de même pris deux années supplémentaires.

Rappelons tout de même que le propos de ce projet dirigé par Syvie Berger et Jean-Michel Péru, est d'enregistrer l'intégralité des ronds et rondes présents du recueil berrichon d'Emile Barbillat et Louis-LaurianTouraine dit "Le Barbillat-Touraine". Et assez logiquement, s'agissant d'une édition exhaustive se voulant donc de référence, il a été demandé aux chanteurs une interprétation au plus près de la partition (les éventuels écarts sont mentionnés et justifiés...).

Nous entendons donc dans ce volume 2 soixante six chansons supplémentaires, toutes chantées à capella, mais à répondre pour la quasi totalité, (j'ai remarqué que l'une qui n'est pas à répondre, est un bel exercice de souffle pour son interprète...). Lorsque je compte 66 chansons, il s'agit en réalité de 66 versions puisque plusieurs sont présentes en deux versions, voire plus, dans le recueil et donnent donc lieu à autant de plages et loin de présenter un caractère répétitif pour l'auditeur, ce n'est pas le moindre intérêt de l'album que de montrer ainsi comment un changement de tempo, parfois de refrain, peut transformer un chant traditionnel. C'est parfois même à l'écoute des paroles que l'on se rend réellement compte qu'il s'agit de la même que la précédente...

Nous retrouvons pour ce second volume les mêmes chevilles ouvrières que dans le premier : peu de défections (1) mais plutôt de nouveaux contributeurs vocaux (2). La nouveauté vient plutôt des 7 plages de rondes dites "enfantines" interprétées par trois groupes d'enfants ou ados (3).

Naturellement le livret replace chaque chant (en se reportant naturellement au recueil, mais en reprécisant toutefois le lieu de collecte et le nom du collecté) et Amaury Babault le complète par un bel article dans lequel il mentionne un certain nombre de variantes (connues ou perdues) de ces ronds du Berry dont ne subsiste en bal aujourd'hui que "le" rond d'Argenton prétendument unique et figé...

Chant à capella, répertoire de ronds et rondes uniquement, successions de versions d'une même chanson, interprétation au plus près du recueil, tout ceci peut paraître un peu rébarbatif sur le papier, mais c'est sans compter sur l'élan de la danse, sur la dynamique du chant à répondre, sur la clarté d'élocution des textes (non perturbés par un accompagnement), et naturellement sur le talent des chanteuses et chanteurs, tous éléments qui font que chaque CD s'écoute avec plaisir en une seule traite et que j'ai même parfois aligné l'audition de plusieurs à la file...

http://www.aepem.com

(1) Yvon Guilcher n'est plus présent dans le volume 2; ce qui risque de décevoir ses inconditionnels, deux ou trois autres absents seulement....

(2) je ne les citerai pas tous mais relevons la présence d'Arnaud Bibonne ou Lucien Pillot dont je vous ai plusieurs fois parlé dans ces chroniques

(3) sur ces plages c'est un enfant (parfois un duo) qui mène et le groupe, souvent soutenu par un adulte, qui répond. Par contre sur deux autres plages de ce volume les élèves du conservatoire de Chateauroux et Montluçon répondent respectivement à Anne Lyse Foy et Emmanuel Monnet

Rappels : voir à partir du volume 1 paru il y a deux ans :

http://www.aepem.com


Trio 14
"En Aeroplan - Musiques traditionnelles de Wallonie"

A propos d'une enquête sur le répertoire de danse des bals en Belgique, le Canard Folk (1) s'inquiétait de la faible présence des danses et donc du répertoire wallon dans les bals belges. Mieux qu'un courrier de réponse, cet album, comme le précédent, est une belle démonstration de l'intérêt, de la richesse, de la beauté d'un fond musical qui se prête tout à fait à une interprétation actuelle. Et lorsque j'écris actuelle, n'allez pas croire que ce trio fait appel à l'électronique ou à l'électrique (2), mais avec deux violons et une guitare acoustique (ou banjo) ils nous offrent, sur un répertoire en très grande partie traditionnel, des interprétations d'aujourd'hui qui se laissent écouter avec grand plaisir. Comme je l'avais déjà remarqué sur le premier album, Thibault Debehogne, le guitariste, n'est pas un simple accompagnateur mais participe aux mélodies, tenant parfois le premier rôle (3). Et nos trois musiciens jouent ainsi sur les arrangements pour varier les couleurs des mélodies d'un couplet à l'autre. La diversité musicale de cet album est également élargie par quatre invités (4) dont la chanteuse Mareille Vancamp qui apporte la présence toujours bienvenue de deux plages chantées au sein de cet album instrumental.

Une mention particulière pour le livret, doté d'une présentation résumée de l'histoire de la danse en Wallonie rédigé, avec la prudence qui sied à ce type d'exercice, par Aurélie Giet qui replace les différents morceaux de l'album dans cet historique. Puis ces morceaux sont listés un par un avec leurs sources et un petit commentaire du trio pour chacun.

Comme dit au départ de cette chronique, une belle démonstration s'il en était besoin, de l'intérêt du répertoire wallon, mais cela n'a rien d'étonnant puisque Julien Maréchal, l'un des deux violonistes du trio (le second étant Simon Wolfs) est une des chevilles ouvrières du projet Melchior, plateforme dédiée aux musiques traditionnelles de Wallonie.

 

(1) Pour ceux qui ne le connaisse pas, il s'agit d'une très sympathique petite revue sur les musiques trads, à l'ancienne (21x29,7 en noir et blanc agraffé), mais qui subsiste toujours dans un monde où de nombreuses de ses consoeurs sur papier glacé ont disparues. Les articles auxquels je fais référence sont parus dans les numéros 429 et 430 début 2022.

(2) à ce propos n'oublions pas que la guitare électrique a un siècle d'existence et que ce n'est donc plus un instrument aussi "moderne" que cela

(3) comme par exemple dans le trop court "Henriette et Damon" qui ravivera toutefois de beaux souvenirs à ceux qui ont apprécié la version de "Chants d'amour et de mort en Wallonie". Le tout aussi beau collectage d'origine (plus de 8mn...) peut être écouté sur le site du projet Melchior.

4) les trois autres sont Lucas Lejeune à la flûte et au violon et Cédric Libert et Antonin Monteil aux violons également

Contact : http://www.trio14.be

Rappels : Voir la chronique de leur premier CD "Rue de la gare"


Xosé Lois Foxo
"Cancioneiro antropoloxico - Quiroga, Ribas do Sil, Montanas do Lor"

(livre + 4CDs et 1 DVD)

Voir chronique dans la page consacrée aux livres


Violon Bidon
"Chroniques poilusiennes"

Second opus pour ce désormais quatuor qui se consacre exclusivement au répertoire des poilus de la guerre de 14-18.

Commençons par noter que le nom du premier album est devenu celui du groupe et que la composition a un peu évolué avec l'arrivée de Bernard Subert et ses clarinette ainsi puis celle de Robert Thébaut (le guitariste de Ciac Boum notamment). Mais pour le reste on retrouve Claude Ribouillault au violon et mandolines, et Emmanuel Pariselle aux accordéons. Mais ce qui n'est finalement pas si courant, c'est que tous les membres du groupe chantent et l'on passe ainsi d'une voix principale à l'autre au fil des plages ce qui est bien agréable.

L'album est construit selon une certaine chronologie : il débute par un pot-pourri va-t-en guerre et revanchard (tant pis pour ceux qui jugeront l'album à la première plage, celle-ci étant un peu le contre-exemple de la suite....) puis une chanson sur l'allongement du temps de conscription, l'adieu à la fiancée pour entrer ensuite davantage dans le vif du sujet ou plutôt dans l'enfer des tranchées sous tous leurs aspects, de la cuisine aux poux et l'album se clôt naturellement par le retour du poilu...

Ce qui frappe à l'écoute de toutes ces chansons c'est la variété des sujets traités, et surtout des approches de ceux-ci et ces écritures populaires, qui ne se rattachent souvent plus à des schémas traditionnels puisque la situation vécue est inédite font souvent preuve d'un talent certain. Et cela est frappant, même lorsqu'on a déjà entendu le premier opus de ce groupe qui nous en dévoilait déjà pas mal....

La plupart des chansons ont été écrites sur des timbres connus mais au bout de quelques écoutes, on oublie l'original et la chanson nouvelle, lorsqu'elle a été bien écrite comme c'est le cas de celles-ci, devient une oeuvre à part entière, cohérente et détachée de sa source musicale....

Tous ceux qui connaissent les travaux (et la passion) de Claude Ribouillault sur le sujet ne s'étonneront pas de trouver ici un répertoire en grande partie inédit. On n'y trouvera que deux ou trois standards comme Le Bois Leprêtre ou la superbe Chanson de Craonne dont on ne se lasse jamais.

Violon bidon a opté pour une publication économique dans une simple pochette carton, mais il existe un livret conséquent à aller consulter sur le site de Claude Ribouillault (la simple adresse ci-dessous suffit, pas besoin de taper celle bien plus longue qui figure sur la pochette). Vous y trouverez toutes les explications, détails des paroles, photos originales etc....

Un album qui est à la fois agréable à l'écoute, parfois humoristique mais plus souvent très émouvant et qui comble même des lacunes historiques : ainsi dans le très beau "Poilus d'Orient", l'auteur du texte explique ce que l'histoire retiendra de ces poilus qui ont fait la guerre sans la moindre possibilité de permission et l'on se rend alors compte qu'il fait erreur car le grand public les a totalement oublié aujourd'hui. Violon Bidon lui rend justice aujourd'hui et rien que pour cela cet album mérite d'exister...

https://artpopu.jimdo.com/

Rappels : voir à partir du premier opus : Claude Ribouillault et sa bande
"Violon bidon ! - Chansons et instruments des tranchées"


Léonie Chevalaz
"Coïncidéncia - Cornemuse du Centre"

Je suis revenu du Son Continu avec 5 albums à chroniquer et le premier que j'ai mis dans le lecteur, sur le chemin du retour, a été sans hésitation celui-ci car, a priori, tous devaient me plaire mais, sauf surprise, je me doutais un peu de ce que j'allais entendre dans les quatre autres, tandis que j'ignorais tout de cette jeune joueuse de cornemuse (1). Si la collection "Roulez jeunesse ! " n'est pas la plus prestigieuse chez AEPEM, c'est indéniablement une des plus intéressante par les découvertes qu'elle permet.

Pour ceux qui ne la connaissent pas déjà, découvrons donc cette praticienne de la 16 pouces (mais pas que....), qui fait partie de la bande de cornemuses d'Eric Montbel et qui a donc très vraisemblablement appris dans une proportion que j'ignore, avec ce dernier. Peut être également avec son père qui fait partie de la même bande et qui intervient (tout comme Eric), sur un titre de ce CD (2).

Dès le premier morceau, il apparaît clairement qu'elle a une très belle cadence et un jeu où tout est parfaitement en place et lorsqu'un temps est décalé c'est clairement volontaire. Elle semble d'ailleurs bien aimer décaler l'avant dernier temps d'une phrase afin d'en retarder la résolution. Si elle a appris avec Eric Montbel, ce qui semble fort probable à l'écoute, par exemple par une propension à introduire certaines notes par un glissé, par quelques coups de doigts de cabrettaires ou par un vibrato très chabrette sur une plage (vibrato partant du jeu de pieds et donc parfaitement sur la cadence), elle ne calque pas le style d'Eric et construit donc un son personnel. Ce style murira sans doute encore à l'avenir car si elle maîtrise tous les éléments techniques, elle semble ne pas encore avoir fait tous ses choix, en matière de vibrés par exemple : parfois marqués, parfois à peine audibles même sur de longues notes tenues.

Et puis, parfois, elle pose les tuyaux (enfin presque car il reste parfois un discret bourdon en fond, voire un mouvement de pieds) et attaque une chanson traditionnelle d'une petite voix et avec une modestie qui se révèlent toutefois rapidement d'une remarquable efficacité puisqu'elle fait preuve vocalement de la même cadence et de la même rigueur technique que sur son instrument et on finit la plage complètement bluffé...

Pour le reste un répertoire entièrement traditionnel, davantage orienté Auvergne et Limousin (jusqu'au Lot et à la Bresse) et non Berry Bourbonnais.

Outre Eric à la 23 pouces et Didier Chevalaz à la 16 pouces, Charles Pouysegur intervient au diato sur deux titres et Amandine Pauvert à la vielle à roue sur deux autres (dommage que la balance noie un peu la cornemuse dans le chien réglé très gras de la vielle). Elle assure donc en solo complet les 8 autres plages, visiblement avec un peu d'enregistrements multiples de ci de là....

Je n'ai donc pas regretté d'avoir écouté cet album en premier : ayant hâte de découvrir une nouvelle joueuse de cornemuse, j'ai également découvert une chanteuse tout aussi douée que l'instrumentiste.... J'espère qu'elle conservera ces deux cordes à son arc...

(1) et oui.... j'ai raté son apéro de présentation de l'album au Son Continu 2022

(2) son père Didier qui intervenait dans l'album "Le Grand Baleti" de cette bande alors que Léonie ne semblait pas encore de l'aventure à l'époque...

http://www.aepem.com

Rappels :

Eric Montbel, voir à partir de la chronique de "Topanga !"
Topanga

Eric Montbel et Didier Chevalaz : "Le Grand Baleti"


Adar
"Bohada"

 

Et si, pour une fois, je débutais ma chronique en parlant de la prise de son et du rendu des instruments... N'en déduisez pas que je cherche à retarder le moment de parler des musiciens, mais à une époque où il est de bon ton de regretter le son ( les craquements ?) des vinyls, cet album est une belle démonstration de la qualité à laquelle peuvent parvenir les bons ingénieurs du son avec les matériels actuels lorsque tous les éléments sont soignés depuis l'acoustique du lieu d'enregistrement, le positionnement des micros jusqu'au mixage, au mastering et j'en passe. Et même sur un matériel d'écoute d'une qualité moyenne, c'est un plaisir d'entendre le respect des sonorités des différents instruments, de pouvoir avoir une écoute analytique loin de certaines soupes à la mode.... Donc félicitons ici le studio Cryogène de Bègles et Julien Marques au mixage pour la qualité de leur travail (1).

Mais naturellement cette écoute au plus près ne pardonne rien pour les musiciens et ces deux là n'ont rien à craindre sur ce plan. Nous connaissons bien désormais les talents d'instrumentiste d'Arnaud Bibonne, ce qui nous fait souvent oublier qu'il est également un très bon chanteur... Nous connaissons bien moins Maider Martineau, une jeune basque dont les horizons musicaux se sont ouvert au delà des Pyrénées et qui oeuvre dans différents groupes, maniant accordéons (dont le Trikitixa basque naturellement), instruments à anches simples (dont l'alboka tout aussi naturellement) et percussions, et y apportant également sa voix et ses compositions.

Comme je l'écris souvent, le choix de la première plage est généralement révélateur, même si (surtout si....) celle-ci n'est pas réellement représentative de l'album. Ici il s'agit d'une composition de Maider, chantée a capella, en basque et qui montre que le duo ne cherche pas à épater la galerie avec ce premier album. Et pourtant le résultat est vraiment remarquable, les plages suivantes montrant que quelque soit la combinaison des instruments utilisés (voix comprises), cela fonctionne toujours avec une entente telle qu'on n'a jamais l'impression que l'un est devant et l'autre accompagne . Encore un duo qui amène à se demander pourquoi les groupes sont le plus souvent plus étoffés. Et s'il ont invité trois musiciens et une chanteuse (2) chacun sur une plage ce n'est certainement pas pour combler un manque mais pour l'apport d'une couleur supplémentaire. Mis à part un ou deux courts passages un peu plus débridés, l'interprétation est plutôt traditionnelle et ne choquera les oreilles les plus conventionnelles et ne perturbera pas les danseurs

D'ailleurs quasiment tous les titres sont à danser : danses baques (arin- arin, fandango, saut....), du sud-ouest (rondeaux, congos), de couples (valse, mazurkas, scottisch...) jusqu'aux bourrées à trois temps et l'inévitable chapeloise...
Une mention particulière à une ronde du Quercy dont les paroles pourraient passer pour traditionnelles et enfantines si il n'apparaissait pas qu'elles traitent des enfants de réfugiés. Ce qui m'amène à préciser que le répertoire est principalement du à Maider et Arnaud, avec quelques autres compositions (D. Deblonde, B. Roblin ou encore Lolita Demonteil Ayral pour un texte) et tout de même trois traditionnels. Il est un rondeau chanté, à la cadence parfaite, pas trop rapide, qui conduit à s'interroger : traditionnel ou pas ? Un regard à la pochette pour vérifier : il est signé.... Gilles Vigneault... Internet nous permet d'entendre l'original ainsi qu'une belle version des Charbonniers de l'enfer, bien différente de celle d'Adar puisque jouant sur des variations de rythme alors que notre duo basquo-gascon soigne les danseurs avec la régularité quasi envoûtante de son interprétation. Je gage que, comme moi, nombre d'entre vous s'essaierons rapidement à le jouer (ou à le chanter)

A la seizième plage, Arnaud s'offre une petite récréation avec une composition asymétrique bien dans l'esprit Europe de l'est (3)... Puis l'album s'achève sur une dernière "Zkotix" (pour une fois qu'un mot basque est facile à comprendre....)

Je ne vois pas trop ce que je pourrai déplorer sur un tel album : même la calligraphie du nom du groupe et les photos sont soignées. Ils ont juste oublié de faire figurer leur contact... On pourrait pinailler sur le fait qu'en s'ouvrant à d'autres horizons, Maider donne une couleur un peu moins basque pure et dure à ses interprétations des plages du répertoire de ce peuple mais lorsque j'écoute tout cela je me dis surtout que si j'avais pu écouter un tel album dans les années 80, je crois que je l'aurai usé jusqu'à la corde (4). Il passera sans doute plus inaperçu aujourd'hui mais je vais tout de même le garder en haut de la pile...

https://maidermartineau.wixsite.com/adar

Contact : adar.duo suivi de @gmail.com

 

(1) Et il ne sont, fort heureusement, pas les seuls actuellement à nous offrir des enregistrements de cette qualité, comme j'ai régulièrement l'occasion de vous le signaler même si je n'insiste pas toujours de manière si visible...

(2) Vianney Desplantes à l'euphonium, Benoit Roblin à la vielle à roue, Julien Marques au clavier Moog et Lolita Delmonteil Ayral au chant.

(3) dans ma première rédaction j'avais écrit "bien dans l'esprit de la kaba gaida qu'il utilise" mais paradoxalement cette plage 16 est jouée à la bohassa et c'est la mazurka de la seconde plage qui est jouée sur la cornemuse bulgare...

(4) ce que j'ai d'ailleurs fait avec un album de Perlinpinpin, qui n'est pas sans similitudes avec celui-ci.... Les plus perspicaces d'entre vous trouveront duquel il s'agit....

 

Rappels :

Arnaud Bibonne, voir à partir de son album avec Camille Raibaud "En Cadència"


Jean-Pierre Van Hees et Peterjan Van Kerckhoven
"Nicolas Chédeville - Les impromptus de Fontainebleau - pièces en deux parties pour les musettes"

 

Voilà un album qui est déjà un petit événement en soi puisqu'au sein de la discographie de la musette baroque il doit s'agir du premier CD comportant uniquement cet instrument (sans autre instrument), et également le premier entièrement en duo de musettes (1).

Se sont attaqués à ce défi deux de nos meilleurs interprètes sur cet instrument : Jean-Pierre Van Hees et son disciple (le terme élève n'est plus vraiment d'actualité) Pieterjan Van Kerckhoven.

Les XVIIème et XVIIème siècle ont engendré de nombreux recueils pour musette (tout comme pour d'autres instruments) de niveau et d'intérêt varié. En consacrant cet enregistrement aux Impromptus de Fontainebleau de Nicolas Chedeville, nos deux musiciens n'ont pas simplement opté pour un recueil tout à la fois musicalement intéressant et techniquement exigeant : ils ont également voulu démontrer que l'instrument n'a pas été un gadget à la mode (2) dans l'artistocratie comme certains le croient encore : une partie au moins des musiciens amateurs qui s'y sont consacrés à l'époque l'ont fait avec une vraie exigence. Parmi ces derniers figurait l'une des filles de Louis XV qui aurait joué ces pièces difficiles avec leur compositeur, ce qui confirmerait sa réputation de musicienne citée par d'autres témoignages et, à nouveau, le fait qu'il ne s'agissait pas d'une lubie anecdotique mais qu'elle s'était investie dans la pratique de cet instrument.

Mais cela est pour les aspects historiques et vous pourrez en lire davantage dans le livret, trilingue et illustré de quelques belles photos (3) ... L'important est ce que notre duo nous donne à écouter (4) : 39 pièces d'une à trois minutes environ (en 39 plages, détail pratique qu'apprécieront ceux qui les étudieront), soit l'intégralité du recueil, jouées sur trois couples de musettes de tonalités différentes afin de varier timbres et tonalités. Couples de musettes de même tonalité se doit-on de préciser (et non une grave et une plus aigüe). Le livret désigne d'ailleurs par "suites", les suites de pièces jouées dans une même tonalité, même si chaque pièce est bien traitée indépendamment et non enchaînée avec la suivante ce qui en trahirait un peu la structure.

Comme déjà annoncé, l'écriture est riche, les deux voix, égales, s'entrecroisent, par delà tout schéma simpliste et ces pièces méritent d'être étudiées de ce point de vue par ceux qui, aujourd'hui, écrivent des harmonisations pour duos d'instruments traditionnels. Certains de ces duos doivent d'ailleurs pouvoir être interprétés sur d'autre cornemuses non ?

Malgré les changements de bourdons évoqués ci-dessus et une variété d'intentions et d'ambiance entre les pièces, il faut reconnaître que la première écoute s'avère dense si vous la faites d'une seule traite, mais au fil des écoutes, lorsque les mélodies commencent à s'imprégner dans la mémoire, l'écoute devient de plus en plus agréable.

L'interprétation est d'un excellent niveau, bien enlevée et d'une belle précision.même si on détectera encore ça et là quelque petite note encore perfectible. Mais doit-on viser la froide perfection ou conserver à ces instruments un peu de ce qui fait leur caractère ?

http://www.etcetera-records.com

(1) lorsque le titre fait mention de pièces en deux parties, ce dernier terme est naturellement à comprendre dans le sens de l'époque c'est à dire à deux voix, comme dans l'expression "chacun tient sa partie"

(2) une "mode" qui aurait duré plus de deux siècles tout de même...

(3) renseignement pris ce ne sont pas exactement les 6 musettes utilisées dans l'enregistrement que l'on voit sur ces belles photos signées Lisa Deckers.

(4) Notons au passage que nous sommes ici dans le domaine de la "grande musique" et non des musiques traditionnelles et que c'est donc le nom du compositeur qui apparait en grand sur la pochette, puis le titre de l'oeuvre, sa nature ("pièces en deux parties pour les musettes") et, enfin seulement, celui des interprètes...

Rappels :  

Jean-Pierre Van Hees : voir à partir de la chronique de son ouvrage "Cornemuses - Un infini sonore"

Pieterjan Van Kerckhoven : voir à partir de : Les menus plaisirs du Roy "Joseph Bodin de Boismortier - Divertissements de campagne"

 
Collectages de Christian Oller
"Dames d'Ardèche - Song from France - 07 - Chanteuses et chanteurs"

Voici un titre d'album qui rend justice aux femmes, dont il faut bien constater que, reflet des pratiques anciennes, elles sont moins présentes dans les collectages que les hommes (quoique ce soit moins vrai pour le chant que pour les instrumentaux dont la pratique était externe au foyer donc moins accessible aux femmes). Et ce titre rend également justice au Vivarais (Ardèche) qui n'est pas une région du Massif Central dont j'ai souvent l'occasion de vous entretenir même si je le souhaiterai compte-tenu d'une partie de mes origines.... Christian Oller s'intéresse d'ailleurs surtout au plateau ardéchois, c'est à dire la moitié nord du département (1), celle grandement ignorée par les touristes qui réduisent souvent l'Ardèche à sa partie sud.

Mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas d'un album consacré exclusivement aux chanteuses : Christian Oller explique dans le livret qu'il s'agit davantage d'un hommage à celle(s) qui l'ont incité à se consacrer à ce territoire, à celles qui ont principalement perpétué ce répertoire. L'album comporte donc également des enregistrements de chanteurs, voire quelques instrumentistes.

Le répertoire, en grande partie originale nous montre encore une fois l'étendue du fonds des chants traditionnels francophone.

Les interprètes sont, quant à eux de grande qualité et on en vient même à se poser la question si la manière de chanter de certains, de poser la voix, n'est pas influencée par l'écoute des chanteurs du XXème siècle à la radio ou ailleurs. Mais ce n'est jamais flagrant et en écoutant ces collectages je me demande même si, au contraire, nous ne sommes pas passé à côté d'un aspect de l'interprétation traditionnelle : une dynamique particulière du phrasé (micro-tempo et intensité) qui donne ce côté un peu "ondulant" Un aspect que je ressens clairement chez plusieurs chanteuses et chanteurs ici qui doit être présent dans bien des collectages (il faut maintenant que je vérifie cela...) et qu'il ne me semble pas percevoir dans des ré-interprétations actuelles.

Je regrette seulement que le livret ne soit pas plus détaillé et ne localise pas chaque plage (et sur carte ce serait encore mieux mais si rare....) (2)

A commander chez Phonolite : https://phonolithe.fr

(1) voir un peu au delà des limites administratives départementales....

(2) mais mon souhait de disposer d'une carte est exaucé sur le site https://infrasons.org développé par l'AMTA et le CMTRA et sur lequel vous trouverez, entre autres, une cartographie interactive permettant d'écouter des extraits de collectages en cliquant simplement sur des points sur la carte de la région AURA

Rappels :  Collectages en Ardèche, voir à partir de la chronique du CD de l'Association Aigardent : "Apprends moi ton langage - Chansons des pays d'Ardèche"


Lucien Pillot
"Vielle à roue - Musique traditionnelle du Nivernais"

Voici un un vielleux dont je vous ai déjà entretenu pour sa participation aux albums de Face à Phasmes, qui faisait partie de la collection "Roulez jeunesse", puis de Los Cinq Jaus, et qui signe maintenant un album solo dans la collection "Un musicien un instrument un répertoire" ce qui est déjà en soi une forme de consécration.

Il joue naturellement le jeu de cette collection aux règles bien définies : du pur solo sur un type d'instrument (ici la vielle donc...) et uniquement sur des traditionnels d'un territoire donné, en l'occurrence ici le Nivernais et Lucien Pillot a même encore davantage ciblé son répertoire en piochant uniquement dans les collectages d'Achille Millien ce qui pourrait passer à priori pour un manque d'originalité mais ne l'empêche pas au contraire de nous dénicher de bien belles choses pas toujours connues.

Il joue sur une vielle alto, c'est à dire une vielle dont la longueur vibrante des cordes est plus grande que sur les vielles habituelles, ce qui permet des graves plus profonds notamment dans les bourdons et il est agréable d'entendre cet instrument en solo et dans sa version acoustique puisqu'il est plus souvent enregistré dans sa version électroacoustique.

Un bon vielleux se reconnait dès les premiers tours de roue car sa vielle est parfaitement réglée et c'est le cas ici, bien servi de plus par une prise de son aux petits oignons qui permet de distinguer très clairement bourdons, chien et clavier. Lucien Pillot joue d'ailleurs quelques mélodies lentes sans le chien, voire sans chien ni bourdon. Il ne cède d'ailleurs pas à l'artifice relativement évident d'ajouter progressivement bourdons ou rythmique pour relancer l'attention. Sur la dernière plage, comme il l'explique dans le livret, il a voulu reconstituer l'effet de changement de sens d'un archet classique. Cela fonctionne mais il place assez curieusement ces changements au sein des phrases...

Je ne vous ai pas encore précisé qu'il chante également sur quelques plages, de manière tout à fait intéressante, à l'unisson du clavier de sa vielle.

En bref, c'est tout de même beau la vielle bien jouée et bien enregistrée....

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Rappels : voir à partir de Face à Phasmes "Musique traditionnelle du Centre"

 


Duo Artense
"Per dançar - Muisque d'Auvergne et du Limousin"

Troisième opus de ce duo composé de Basile Brémaud au violon et Hervé Capel à l'accordéon chromatique pour un répertoire du Massif central (de la Corrèze au Puy de Dôme en passant par le Cantal) avec tout de même trois mélodies signées par l'un ou l'autre de nos deux musiciens.

Ce duo est naturellement une valeur sûre et, sauf coup de tête de leur part, on ne voit pas trop comment nous aurions pu avoir une mauvaise surprise avec ce nouvel album. Nous retrouvons donc avec plaisir leur style propre tant individuellement que dans le duo. Hervé joue du chromatique mais avec un maniement du soufflet parfois plus efficace que celui de bien des diatonistes malgré une différence évidente de poids de l'instrument. Il en résulte une dynamique unique qui réconciliera tout ceux que le chromatique trop dégoulinant aurait dégouté de l'instrument. Et il ne se prive pas d'utiliser les possibilités de son "bahut" et nous offre notamment un passage dans un registre très aigü, et qui bien qu'en accompagnement et de faible volume, capte finalement toute l'attention de l'auditeur.

Basile a toujours l'archet aussi efficace et c'est par l'usage de la voix qu'il évolue davantage. Il n'a certes pas encore le même niveau au chant qu'au violon mais il se défend bien et l'usage de la voix est tout de même un plus pour un tel duo. Le répertoire va du traditionnel un peu rugeux collecté chez les violonneux (1) à une valse très musette de Cayla et Colombo ce qui donne de la diversité à l'album et montre un duo toujours à l'aise dans cet éventail stylistique.

 Que dire de plus sinon qu'opus après opus, on ne s'en lasse pas et, naturellement, sur un parquet de bal c'est encore mieux....

(1) On retrouve dans les violonneux sources mentionnés dans le livret les noms bien connus d'Henri Tournadre, Elie Chamberet, Julien Chastagnol, Michel Péchadre, Eugène Amblard, André Gatignol. Il n'y a que celui de Jules Boyer que je ne connaissais pas... Citons également la présence d'une composition du cabrettaire Pierre Ladonne.

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Rappels : voir à partir de leur premier album

 


Bal O'Gadjo
"Humeurs du monde"

 

Bal O'Gadjo n'en est pas à son premier album, c'est même leur sixième mais, naturellement, la composition du groupe a évolué avec le temps (13 ans) et ne reste de la formation initiale que Lucile Magnan au violoncelle et Paul Oliver au violon et à la mandole algérienne. Fabien Bucher à la guitare et mandoline ainsi que Samuel Wornom aux percussions sont là depuis plusieurs albums maintenant et la dernière arrivée (mais déjà là sur l'album précédent) est Lucie Gibaux qui apporte avec sa clarinette un peu de vents dans ce monde de cordes. Cordes des instruments et cordes vocales (à vent...) puisque tous usent de la voix et que sur CD il est donc difficile de savoir qui chante quoi et quand mais il est certain que les voix principales ne sont pas les mêmes d'une plage à l'autre ce qui est bien agréable.

Comme l'indique le nom du groupe, il pratique un répertoire à danser en bal mais avec une inspiration tournée plus souvent vers l'est voire l'orient (ce qui devrait être synonyme mais ne l'est finalement pas réellement....) ou vers l'Afrique, ce qui ne les empêche pas de proposer les danses de bal folk habituelles : bourrées diverses, danses bretonnes, danses de couple... Si vous ne supportez pas que les danses n'aient pas la couleur propre à leur terroir passez votre chemin, par contre si vous aimez les expériences plus originales, tentez leurs bals. Mais comme il s'agit ici d'écouter un album, je ne me suis pas soucié des chorégraphies possibles et je m'en suis remis à l'écoute de ces compositions (aucune mélodie traditionnelle) instrumentales ou chantées. Dans ce dernier cas, nos lascars ne font pas dans la simplicité puisqu'au delà de l'interprétation de textes en diaoula, en tamashek, en rajasthani ou en crétois (et même en occitan ;-)), il vont jusqu'à écrire en bulgare ou à faire traduire leurs textes en arabe ou en bulgare.

Précisons enfin, à notre époque où l'accusation d'appropriation culturelle est devenue courante, que nos musiciens sont de vrais passionnés par les musiques qu'ils interprètent et que s'ils ratissent géographiquement assez large c'est probablement du fait de la diversité de leurs cinq parcours personnels. Leur imprégnation semble bien plus que superficielle et, dans un contexte actuel de repli, il n'est pas anodin d'ouvrir nos bals folks à des "sonorités" extraeuropéennes.

Contact : cooperzic.prod suivi de gmail.com


Les copains
"Autour d'Anost - musique du Morvan"

 

Il y a des albums dont on croit deviner le contenu avant de les mettre sur la platine : ici trois musiciens bien connus en Morvan, qui doivent totaliser pas mal d'heures de bal à eux trois, la référence à Anost, le village bien connu des amateurs de musiques traditionnelles (et pas que les vielleux), un nom de groupe qui annonce une démarche sans prétention et une pochette à l'avenant. Avec tout cela les bourrées morvandelles résonnent déjà dans notre tête alors que le CD n'est pas même encore sorti de sa pochette. Et pourtant l'album surprend : non pas que nos trois musiciens ait tenté quelque expérimentation, mais par un style, une cadence sonnant un peu musette (Gilles Desserprit pratique par ailleurs la cabrette ce qui explique sans doute en partie des choses...), les fameuses bourrées, qui n'occupent que trois des 16 plages sont presques valsées et l'album s'ouvre d'ailleurs pas une marche-polka plus marche de bal musette que polka, ce qui démontre que ce choix stylistique est parfaitement assuré. Ce constat fait, ne reste plus qu'à se mettre en piste (au propre ou au figuré) car il s'agit bien de musique à danser, avec des ensembles privilégiant l'unisson et juste de temps à autre quelque courte voix parallèle mais rien qui ne puisse perturber les danseurs. André (dit "Dédé" me semble-t-il) Chantereau au diato, Christian Citel à la vielle et Gilles Desserprit aux cornemuses sont trois instrumentistes qui maîtrisent parfaitement leurs instruments et savent les faire sonner. Je n'ai pas en mémoire d'enregistrements précédents de notre accordéoniste mais Christian Citel et Gilles Desserprit ont participé à pas mal d'albums collectifs, Christian au mélodéon dès1977 sur le troisième volume des fameux vinyls "Chanteurs et musiciens en Morvan" ! Si Gilles avait déjà enregistré un CD avec Les Traîne-bûches, il s'agit donc, pour deux des trois, de leur premier album complet, comme quoi il n'est jamais trop tard pour bien faire....

PS : nous sommes chez AEPEM donc naturellement des mélodies traditionnelles souvent méconnues (plus 6 compositions d'André Chantereau et deux du regretté Alain Vieillard) et les sources, comme d'habitude, indiquées dans le livret..

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Rappels (probablement non exhaustifs...) :

Christian Citel et Gilles Desserprit : sur des plages différentes des albums collectifs suivants :

"Tantôt sur la Muzote"Tantôt sur lai mûzotte
Noëls et airs religieux entre Bourgogne et Nivernais"

Bourrées du Morvan

Gilles Desserprit :

Au sein des Traîne-Buches "J'serais pas étonné qu'on ferme ! - Rock Morvandiau" 2011 après un premier titre de ce groupe dès 1998 sur l'album collectif "Odyssée en Morvan" et un autre sur l'album "Bourrées du Morvan" ci-dessus
..

Et dans les albums collectifs suivants :

"Dansons le Morvan" volumes 1 et 2 (1 plage sur chacun avec P. Desbrosse sous le nom "Les Postés", tout comme sur l'album "Bourrées du Morvan" ci-dessus)
..

"Sur les chemins de la Galvache"

"Mélodies en sous-sol - Musique traditionnelle des grandes cornemuses du Centre-France"

Christian Citel : "Chanteurs Et Musiciens De Villages En Morvan, Volume 3", Vendémaire 1977

André Chantereau : trois plages sur l'album collectif "Fête de l'accordéon à Saint-Léger-sous-Beuvray"

 

Baptiste Loosfelt
"Mésun - Violon traditionnel du Poitou"

 

Il suffit d'écouter les premières plages pour se dire que cet album de la collection "Roulez jeunesse" aurait très bien pu figurer également dans la collection "Un musicien, un instrument, un répertoire" car si Baptiste est un musicien encore jeune et pas trop connu (1), et si les photos de pochette sont plutôt décontractées, son jeu fait preuve d'une impressionnante maturité. La différence (entre l'appartenance à l'une ou l'autre collection) est que vous le paierez ainsi deux euros de moins et que Baptiste a pu inviter des copains musiciens sur 4 plages. Mais pour ce qui est du répertoire il ne s'éloigne pas ici du Poitou. et aurait donc respecté la règle d'unité géographique imposée sur l'autre collection.

Il y aura peut-être des âmes chagrines qui trouveront qu'il use un peu trop des doubles cordes et qu'il dispose ainsi d'une marge pour épurer son jeu, mais, d'une part, j'aime bien les doubles cordes au violon, surtout solo et, d'autre part, il le fait fort bien et très probablement (2) dans le style traditionnel du violon poitevin puisque la description des sources dans le livret laisse deviner qu'il a passé pas mal de temps à étudier les collectages au CERDO.... 

Comme je l'écrivais ci-dessus, le répertoire est quasi purement poitevin (et presque entièrement à danser) mais on ne s'y ennuie jamais et Baptiste donne même un peu de la voix, sans avoir à en rougir mais avec tout de même une marge de progression de ce côté là.... Il faut dire que le répertoire poitevin avec ses avant-deux et leurs annonces de figures impose l'usage des cordes vocales.

Voici donc un jeune musicien dont on ne demande qu'à suivre le parcours que je ne qualifierai pas de "prometteur" puisqu'il nous donne déjà tant plutôt que de le promettre...

 

(1) quoiqu'une recherche sur internet montre qu'il doit s'être déjà pas mal fait connaître par ses vidéos sur FB-Youtube et que s'il joue actuellement dans Cha¨avec Benoit Guerbigny et Corentin Boizot-Blaize, il a également de l'expérience en violon irlandais...

(2) je ne me prétends pas expert en styles régionaux de violon....

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Jean-Claude Blanc
"Cornemuses - Terres lointaines"

 

Lorsque l'on a été des précurseurs dans un domaine artistique donné, que le temps à passé, que de nouvelles générations sont arrivées avec leurs lots de petits jeunes surdoués dont les premiers pas ont été facilités par des instruments au point, des possibilités d'apprentissage structuré et des exemples de jeu à foison (de collectage ou plus récents), que reste-t-il à apporter ? C'est une question que doivent se poser (ou s'être posé) de nombreux musiciens trad. de la première vague des années 70. Mais je ne suis même pas certain que ce soit vraiment ce qui a motivé Jean-Claude Blanc dans une démarche où il a entraîné son frère Bernard et quelques amis musiciens fort bien choisis. Sans doute est-ce plus simplement un cheminement personnel, une recherche commune à bien des artistes qu'ils soient musiciens, graphistes ou autres : le désir d'aller à l'essentiel, de faire passer l'émotion avec un minimum d'artifice, le souhait d'épurer pour ne garder que l'essentiel. Une démarche que l'on peut envisager jeune mais à laquelle on ne parvient souvent qu'avec la maturité...

Leur album précédent ouvrait déjà bien cette voie et celui-ci me semble atteindre encore davantage ce but : dès la première plage nos deux frères cornemuseux font preuve d'une maturité réellement impressionnante dans leur style de jeu, avec un vibrato réduit au minimum et, pourtant, des notes toutes parfaitement tenues et senties, de l'attaque à l'extinction, sans une microseconde de relachement ou de monotonie. Et cette première plage est également admirable par un jeu à l'octave (14 et 26 pouces) au parallèlisme absolument parfait (encore plus perceptible dans un jeu à l'octave qu'à l'unisson) : ne peuvent arriver à un tel résultat que deux musiciens qui partagent exactement le même ressenti sur chaque note d'une mélodie, sur chaque motif rythmique et c'est d'autant plus remarquable sur une mélodie relativement lente et rytmiquement élaborée de ce type. Non seulement c'est très beau mais cela fait envie car jouer ainsi en parfaite communion avec un compère, sans tension, est un plaisir sans égal...

La seconde plage, interprétée par Jean-Claude à la 26 pouces (il n'utilise quasiment que cet instrument sur l'album) nous dévoile le second aspect de cet album : un jeu plus arrangé avec d'autres instruments, en l'occurence ici sax alto et contrebasse (piano également sur d'autres plages), mais toujours dans le même esprit d'aller à l'essentiel. Une seconde plage qui amène d'ailleurs à saluer la qualité de la prise de son et du mixage, avec ici un saxophone très subtilement un peu en arrière et qui donne une couleur tout à fait agréable à l'ensemble avec un côté un peu boîte à musique.

Je pourrai vous faire le topo plage par plage car chacune le mériterait : tout est d'une singulière beauté et rien n'est à jeter dans cet album au point qu'il est dommage de l'écouter d'une traite... Mais vous pouvez tout de même le faire sans craindre la lassitude vu le bon agencement des différentes formules instrumentales.

Je vais être un peu long mais je ne peux pas ne pas parler du travail de choix du répertoire et d'interprétation de celui-ci qui est également original : aucun traditionnel du Centre France ni même d'autres régions de l'hexagone mais des mélodies, orientales, séfarades, anglaises (Purcell, Gibbon, Dowland) ou scandinave, réappropriées par nos musiciens, en occultant totalement l'origine de celles-ci, sans chercher à conserver de couleurs spécifiques. Et effectivement, diffiicle à l'écoute de l'album de deviner par quel point cardinal celles-ci ont soufflé pour finir dans ces poches de cornemuses bourbonnaises. Il est aujourd'hui commun que des groupes piochent dans des répertoires exogènes, avec ou sans souci de respect du style de jeu propre à ces mélodies : je suis tenté de considérer que les meilleurs résultats sont obtenus par ceux qui vont au fond de leur démarche : soit travailler toutes les subtilités de l'interprétation originale, soit, comme ici, bannir toute folklorisation et phagocyter totalement la mélodie dans son propre univers musical (à condition naturellement d'en avoir construit un de qualité auparavant...).

Et, enfin, ce n'est pas la moindre des qualités de cet album, Jean-Claude a su bien s'entourer : de son frère Bernard à la 14 pouces sur six des 13 plages, mais également d'Olivier Ginetait, déjà présent sur le premier opus, à la 20 pouces et au sax alto : un musicien à mon avis pas assez connu en dehors de sa région, d'Aloïs Ginetait (fils du précédent ?) à la contrebasse et dont on regrettera juste qu'il ne joue pas davantage à l'archet tant c'est beau sur la plage où il le fait, et de Jean-François Déat dont le jeu dont le jeu est tellement sensible que, même moi qui ne suit pas trop fan de piano, à la première écoute d'un début de plage réalisée au piano soliste, j'ai presque redouté que l'entrée de la cornemuse ne rompe la magie de l'instant... Et signalons enfin les arrangements de Dominique Manchon sur six des mélodies, toujours inventif mais respectant ici la sobriété déjà évoquée.

Les deux albums "Vielleux du Bourbonnais" avaient, en leur temps été une révélation pour beaucoup en matière en jeu des musettes du centre (1), cet album et son prédecesseur sont à même d'influencer également le jeu de certains musiciens, dans un cercle probablement plus restreint mais de manière tout aussi profonde.

 

Autoproduction, contact jc.blanc2 suivi de @wanadoo.fr

(1) avec l'album "Cornemuses" de Montbel-Blanchard naturellement.

Rappels : voir à partir de leur premier opus : "Cornemuses"

 

 Belugueta
"Tres Cavaliers"

Voici un CD de polyphonies vocales bien trop court : 2 plages seulement même si chacune fait autour 8 mn, le temps de laisser bien se développer ces deux compositions du groupes sur des textes de l'une des membres. Compositions aux allures bien traditionnelles mais dont il est bien difficile d'affecter une parenté ou plutôt de choisir entre toutes les influences qui ressortent derrière ces polyphonies, occitanes certes par la langue principalement utilisée, par des couleurs pyrénéennes, par des accents qui rappellent parfois des groupes toulousains, voire aussi Le Corou de Berra. Mais on y décèle également bien d'autres influences, italiennes notamment (y aurait-il d'anciens stagiaires de Giovana Marini ?) et plus lointaines aussi.

Un coup d'oeil au site internet nous apprend que ces cinq jeunes chanteurs percussionistes sont pour la plupart instrumentistes par ailleurs et ont tous traînés leurs guêtres musicales dans bien des contrées, du Pays basque au Mexique en passant par l'Afrique, qu'ils ne sont pas nombreux à avoir des racines occitanes et, du coup, on se félicite qu'ils aient finalement réussi à trouver une belle cohérence artistique à ce projet, qu'ils aient réussi à faire prendre la sauce et marier les épices. On en reprendrai bien un peu non ?

https://belugueta.net/

 

Duo Rivaud Lacouchie
"Zo !"

Second CD, toujours sous une esthétique de papier peint des années 70, pour ce duo féminin violon-diato, à nouveau chez AEPEM donc toujours fidèle au répertoire traditionnel et même purement traditionnel Marche-Limousin : pas trace ici d'une composition ou d'un emprunt à une autre région... Et, de plus, un répertoire au sein duquel les standards ne sont pas légion.

Mais au delà du répertoire, c'est par son interprétation toujours aussi efficace que brille ce duo; pas de gros son ici mais deux instruments qui cherchent plutôt à se fondre et une prise de son-mixage qui ne cherche pas à faire ronfler les basses. Certains trouveront peut-être le spectre résultant un peu étriqué mais je ne peux que penser qu'il s'agit d'un choix qui met en valeur la connivence entre le violon et le diato.

Sur deux ou trois plages elles joignent le chant aux instruments, sans prétendre à faire oeuvre vocale (d'ailleurs elles n'ont même pas mentionné l'usage de leurs voix sur la pochette) mais tout à fait correctement (surtout sur "Vous n'irez plus au bal") et cela ravive l'intérêt de l'auditeur quoique ce ne soit, de toute façon, pas un album que l'on met sur la platine et que l'on oublie : il y a sans cesse une cadence qui vient vous prendre les pieds ou les avant-bras et difficile d'y résister...

Le jeu de violon d'Alexandra Lacouchie est certes moins proche des originaux, plus facilement "abordable", plus tempéré que ceux de Jean-Marc Delaunay ou Philippe Ancelin et le duo avec le diato renforce cela sans avoir besoin de compenser par quelque artifice, nos deux ménétrières conservent cette cadence qui fait tout le sel de ce répertoire particulier...

http://www.aepem.com

Rappel : voir à partir du précédent : "Ordich ! Musique traditionnelle Limousin Marche"

 

 

Trio Alfred Den Ouden
"Live"

Alfred Den Ouden fait partie de ces acteurs du petit monde trad. dont j'ai du entendre parler depuis que je suis tombé dedans dans les années 70, mais que je ne connaissais finalement toujours pas, probablement car son terrain de jeu ne doit guère s'éloigner de sa Flandre (française en l'occurence). En cherchant un peu quelle a pu être sa discographie, force est de constater qu'elle est riche de 33 tours puisqu'il fit partie des pionniers du revivalisme. Un artiste que je pensais donc ne pas connaître et pourtant, en écoutant sa voix dès la première plage de cet album, celle-ci m'est apparue comme le timbre évident pour chanter ce répertoire et cette langue. Est-ce une adéquation parfaite ou est-ce que finalement je l'avais déjà entendu sans le savoir (sur le vinyl du festival de Vesdun 1972 par exemple) ou bien a-t-il fait école dans la manière d'interpréter ce répertoire, je pense que je n'en saurai jamais rien mais il est toujours agréable d'entendre chanter une langue par une voix que l'on imagine même pas chanter autre chose...

Le livret nous renseigne sur la genèse de cet album live qui reprend pour l'essentiel (il y a quelques différence dont par exemple la reprise ici du fameux "Jan Mijne Man") le répertoire de l'album de 1974 "traditionele-volksmuziek-uit-frans-vlaanderen", album qui puisait essentiellement dans le répertoire collecté par Edmond de Coussemaker. Je viens de découvrir que sur cet album maintenant historique intervenait Bernard Blanc, c'est maintenant Gerald Ryckeboer qui tient les cornemuses mais également quelques autres instruments et la voix, le troisième larron du trio étant le vielleux Lode Bucsan. Quant à Alfred den Ouden, s'il chante en s'accompagnant principalement à l'accordéon ou aux concertinas (qui voisinent très bien avec les cornemuses d'ailleurs...). Trois invités ajoutent quelques touches supplémentaires, parmi eux, au banjo, Youra Marcus, récemment décédé et dont je suppose dont que se doit être le dernier enregistrement...

Lorsqu'un album débute par une voix seule posée sur un bourdon (celui de la vielle en l'occurence), c'est plutôt bon signe et ce d'autant plus lorsque l'ambiance sent la chaleur humaine, que l'enregistrement ne vise pas une froide perfection mais préserve la vérité du live en ne nettoyant pas quelques toutes petites scories deci delà. En 1974 ce répertoire pourtant ancien apparaissait nouveau, aujourd'hui, certaines de ces mélodies nous sont familières mais bénéficiant d'une double couche de patine, celle remontant au XIXème sur laquelle s'est déposée celle remontant à ces années revival.

https://bemolvpc.com/

 

Rappel : le vinyl de 1974 : "alfred en kriestien den ouden - traditionele-volksmuziek-uit-frans-vlaanderen"


 

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