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Jean-Luc Matte

Les chroniques CD écrites pour Trad. Magazine
(9/20 Espagne : Galice et Asturies 1)

De 1991 à 2009, j'ai rédigé diverses chroniques dans le revue Trad. Magazine que cette revue m'a autorisé à vous mettre en ligne. Les date de parution sont citées, mais ces textes ont été écrits au minimum deux mois auparavant et parfois jusqu'à plus d'un an...

Tout ceci était indépendant des chroniques que j'ai rédigé pour mes infosmumuses, mais pour cette mise en ligne, je ne me prive pas de mettre des renvois des unes vers les autres .... 

Pour savoir comment a débuté et fini cette aventure, lire "Chronique Story"

Sommaire de toutes les chroniques


Os Cempes
" Os 100 Pes "

durée :50'10

Xistra de Coruxo
" Adicado "

durée : 46'44
Edités par Do Fol, Sierra de Algodoneles, 12. Madrid 28018 Espagne

Il a été écrit dans ces colonnes qu'il suffisait de mettre sur sa platine certains disques galiciens actuels pour se convaincre que les habitants de la Galice sont biens d'origine celte. Si cela peut sembler fonctionner effectivement avec certains groupes dont les musiciens sont allés se former en Irlande ou en Ecosse (ou ont participé aux nombreux stages organisés depuis quelques années en Galice avec des formateurs de ces pays, ou encore ont tout simplement écouté beaucoup de groupes de là-haut), c'est beaucoup moins probant avec des enregistrements anciens. L'écoute de ces derniers (je n'en connais malheureusement pas de facilement disponible en ce moment en C.D., ceux que je possède sont encore des vinyls, si j'en trouve je vous les indiquerai) met par contre en valeur un style musical dont l'identité n'est partagée, en tout ou partie, qu'avec les régions voisines : particulièrement les Asturies ou le nord du Portugal et, sur certains points, avec tout le nord de l'Espagne jusqu'à la Catalogne. Les groupes actuels qui poursuivent sur cette voie ne bénéficient pas de la popularité des groupes ou solistes irlandophiles (que ce soit chez eux ou à l'étranger) et sont peu disponibles en France. Les deux enregistrements que je vous propose ici sont édités par la même maison madrilène " Do Fol " qui dispose d'autres titres intéressants à son catalogue (par exemple le premier Os Cempes : " Opa "). Os Cempes et Xistra de Coruxo sont donc deux groupes dont l'instrumentation reprend celle de groupes galiciens du milieu du siècle, c'est-à-dire une base traditionnelle gaita (solo ou en couple), tambourin ou tambour et grosse caisse complétée par divers instruments traditionnels ou plus récents : flûte, fifre, clarinette, accordéon voire vielle-à-roue ou saxophone. L'adjonction de l'accordéon chromatique (ici à touches piano) ne vient en aucun cas étouffer la formation traditionnelle comme ce fut le cas avec le musette français et cette instrumentation respecte le schéma traditionnel en apportant une diversité des sonorités très bien gérée par les arrangements des deux groupes. L'alternance des chants et des instrumentaux renforce d'ailleurs cette diversité. Les percussionnistes galiciens sont généralement excellents et ni ceux d'Os Cempes ni ceux de Xistra de Coruxo ne font exception à la règle : il savent vous donner une incroyable envie de danser tout au long des plages.

Je ne vous ai pas précisé que Os Cempes (bien connu à Anost) est le groupe d'Anton Varela, facteur de gaita présent tous les ans à St-Chartier. Il y a d'ailleurs appris (comme tout le monde) la célèbre " Sansonette " de Dominique Forges dont il nous offre une interprétation tout galicienne qui renouvelle le morceau : une ou deux notes modifiées en fin de phrases sur la première partie, un phrasé de gaita et surtout une pulsation typiquement galicienne, tout en respectant le rythme de la scottisch, y suffisent. Os Cempes mêle les airs traditionnels et les compositions de leur accordéoniste (superbe " A Loureana " tant dans la mélodie que dans les harmonies !) alors que Xistra de Coruxo s'en tient essentiellement à des airs traditionnels ce qui n'exclut pas une certaine originalité (cette rumba par exemple, ramenée d'outre Atlantique par des émigrés galiciens de retour).

Un dernier coup de coeur pour les pochettes humoristiques : petites meules de paille musiciennes de Xistra et celle d'Os Cempes, pastiche-calembour très réussi de l'étiquette du Whisky " Hundred Pipers ", malheureusement insuffisamment connu en France pour que beaucoup puissent saisir l'allusion...

J.L Matte paru dans le n°62 nov-decembre 1998, C. Ribouillault avait déjà chroniqué Adicado dans un n° précédent)

Rappels :

Os Cempes : Voir tout d'abord les deux albums ci-dessous :"Circo Montecuruto"

et "Moe a Moa"

 

puis "ii Opa iii !! Carlos", Do Fol 1996

"Tentemozo" en 2012

et la même année 2012 Anton Varela (1955-2017) enregistre également avec Berros do Castro "Eirexado"

2017 : "Catalogo de Sons" en duo avec Carlos Beceiro (La Musgana) aux cordes pincées

Voir également l'hommage à Anton Varela par Cassandre sur https://www.internationalbagpipeorganisation.com/home/in-memory-of-anton-varela-1955-2017

 

Xistra de Coruxo : voir ci-dessous "Xistralia Republica independante"

"Tres nun"

ainsi que l'ouvrage de Xerardo Fernandez Santomé "Treboada Galega" (Livre + DVD)


Os Cempes
"Circo Montecuruto"

Ed. Do Fol http://www.boa-music.com
Bravo Trad. Mag.

J'attribue très souvent le "Recommandé Trad. mag." car j'ai la chance de chroniquer essentiellement des CD de qualité et qui me plaisent (et ce n'est pas un hasard : je les recherche), j'attribue beaucoup moins de "Bravos" car j'ai souvent une petite réticence sur l'un ou l'autre aspect. Ici pas de problème : voici un Bravo franc et massif pour un disque tout aussi entier d'un groupe déjà excellent à l'origine et qui se bonifie avec les années. Os Cempes poursuit une démarche basée non pas sur une tradition figée dans une époque donnée (généralement le début du siècle considéré comme la fin de la société traditionnelle) mais intègre l'évolution ultérieure de celle-ci. Outre Anton Varela (voir interview dans le présent n°) oeuvrent au sein de ce groupe, en une belle unité l'accordéon-piano d'Oscar Fdez Sanjurjo, le sax soprano de Serxo Cés et les percussions de Toni do Jaz (un nom prédestiné). Une belle brochette d'amis musiciens viennent ça et là apporter leur touche sans jamais rompre le son du groupe. La photo d'une funambule en couverture n'est pas qu'un habillage : les premières plages évoquent l'ambiance des orchestres de cirque tout en restant dans la musique trad. galicienne. Une ambiance qui sied parfaitement à Os Cempes : une énergie, une joie de vivre communicative, le tout sous une technique tellement irréprochable qu'elle passe inaperçue et ne glace jamais le discours musical.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°80 nov-dec 2001)


Os Cempes
"Moe a Moa"

 

Durée : 69'23
Recommandé Trad. Magazine

Si vous lisez régulièrement ces chroniques vous devez savoir tout le bien que je pense de ce groupe galicien dans lequel intervient notamment à la gaita le facteur Anton Varela et à la vielle Oscar Fernandez. Chacun de leur CD offre une couleur un peu différente et celui-ci n'échappe pas à la règle : enregistré en concert à Vigo (sur deux concerts seulement), il montre que le groupe déploie une belle énergie sur scène, faisant appel à une section basse-batterie qui lui donne des accents folk-rock que viennent renforcer la guitare électrique de Cabe Garcia et la voix de Serxo Ces que cet album met en avant (ainsi que son jeu de saxo). Naturellement, vielle à roue (électroacoustique), accordéon, gaita, et clarinettes sont toujours présents et toujours en excellentes mains, même si plus discrètement. Précisons qu'il ne s'agit pas d'une version live de leurs albums antérieurs : seuls deux des seize titres figuraient sur le précédent. Une petite plage CD Rom vous permettra de mettre un visage une peu moins statique que ceux des photos du livret sur ces différents instrumentistes qui, visiblement savent chauffer une salle. J'avoue toutefois que j'espère un prochain opus d'une couleur un peu plus acoustique : question de goût personnel…

Jean-Luc Matte (paru dans le n°98 nov-dec. 2005)

 


Xistra de Coruxo
"Xistralia Republica independante"

Zouma Record, Rua do Paseo, 30 - Ofic 7 32003 Ourense http://www.novomilienio.com/zouma
CD + partie CD Rom

Je vous ai déjà dit tout le bien que je pense de ce groupe galicien dont voici le troisième CD. Ils ont quitté le label Do Fol car, aux dires de Xerardo F Santomé, ils préfèrent être certains d'être distribués dans les villages galiciens plutôt qu'au Japon ce qui résume un peu la philosophie de ce groupe très sympathique… Ils se sont visiblement amusés sur le livret de ce CD (couverture dans le style des premières pages d'Astérix avec la loupe) mais si le répertoire est toujours superbement choisi (uniquement des traditionnels, peu connus car issus de leurs propres collectages), si les arrangements sont irréprochables, l'enregistrement manque un peu de la conviction, de la pêche qu'ils ont en concert. Souhaitons donc les voir rapidement sur les scènes françaises.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°75 janv-fev 2001)


Xistra de Coruxo
"Tres nun"

Zouma Records http://www.zoumarecords.com
Durée : 53'05
Bravos Trad. Magazine

Xistra de Coruxo est un groupe vraiment sympathique du sud de la Galice qui joue la musique de sa région, telle qu'elle a pu lui parvenir, avec ses chanteurs, ses gaitas et percussions diverses mais également avec la clarinette, quelques instruments à cordes pincées et l'accordéon chromatique. " Tres nun " est connu chez nous sous l'appellation " Trois en un " : à la vue de la pochette pas de doute possible, il s'agit bien d'une allusion au fameux dégrippant aujourd'hui disparu, car j'allais oublier de vous le dire, ces musiciens aiment bien manier l'humour et la dérision… Trois en un signifie ici tout simplement qu'ils ont mis dans un seul Cd trois visions de la musique traditionnelle mais s'ils avancent cela c'est surtout par honnêteté intellectuelle car, à l'écoute, leur pratique est, dans le paysage actuel, avant tout respectueuse de celle de leurs aînés. Je relèverai plutôt deux points forts parmi les diverses qualité de ce CD : d'une part un beau programme avec montée en puissance d'un début en finesse à une fin plus festive et, d'autre part, la qualité des percussions et de la rythmique en général, sans esbroufe mais tout en finesse et en efficacité : n'est-ce pas là la première qualité des musiques à danser ? Un seul regret : que ce groupe n'ait toujours pas été invité en France : il aurait vraiment sa place, non pas tellement sur une grande scène devant 1000 ou 2000 personnes (quoique…) mais plutôt dans un de nos festivals où il y a une vie après la scène….

Jean-Luc Matte (paru dans le n°95 mai-juin 2005)


Les Bravos sont apparus dans le n°65 de Trad. magazine (mai-juin 1999). J'ai attribué mes premiers Bravos au premier CD d'une artiste galicienne alors inconnue et dont j'ai eu le privilège d'être, à priori, le premier à saluer le talent en France (ce qui fait bien des " premiers " pour une même chronique non ?). J'ai ensuite longtemps déploré que les festivals français ne l'invitent pas (notamment St-Chartier) : seul Tatihou l'a fait en 2000 et il a fallu attendre plusieurs années et un passage à la Nuit celtique 2004 puis à Lorient 2005 pour qu'elle soit enfin connue dans l'hexagone. Son site officiel : http://www.susanaseivane.com

 

Suzana Seivane

Do Fol edicion, distribution : BOA Music Sierra de Algodonales, 12 - 28053 Madrid Espagne, http://www.boa-music.com
Bravos Trad. Magazine

Les groupes galiciens se répartissent schématiquement en quatre catégories : les ensembles traditionnels généralement dotés de deux gaitas, d'un tambour et d'une grosse caisse, les bandas tendance pipe-band, les groupes folks (et quelques solistes) irlandophiles mêlant allègrement répertoires et instruments irlandais et galiciens et, enfin, ceux qui ne se classent dans aucune de ces trois premières catégories. Et c'est justement à ces derniers que semble se consacrer essentiellement le label Do Fol et, loin d'être une catégorie fourre-tout, on y trouve des musiciens aux démarches très intéressantes, ceux qui font vivre la musique traditionnelle hors des carcans et hors des phénomènes de mode trop marqués, ceux qui s'appuient en premier lieu sur une technique et une connaissance de la tradition irréprochables pour créer leur musique. Tout comme Os Cempes ou Xistra de Coruxo précédemment chroniqués (T. Mag n°62), Suzana Seivane est indubitablement de ceux-ci, il faut dire qu'elle a quelques atouts pour elle : petite-fille du facteur le plus réputé de Galice, fille de sonneur, elle débute la musique à 3 ans et la gaita à 4 ans ; ajoutons encore qu'elle a pris, entre autres, Ricardo Portela comme référence. Elle a su s'entourer pour cet enregistrement de musiciens réputés et nous offre une musique pour gaita aux couleurs réellement galiciennes, tout en laissant la place aux compositions, à l'accordéon et à une guitare battante très efficace (même si je garde une préférence pour les percussions galiciennes qui restent, à mon sens, un must en matière d'accompagnement rythmique). S. Seivane est d'ailleurs aussi à l'aise pour faire tourner une valse ou une muneira que dans les exercices de virtuosité. Les photos du livret nous montrent une jeune fille très mignonne et visiblement de son temps, qui assortit même ses tenues à la couleur des bois de ses cornemuses. Puisse son physique lui donner, comme à quelques autres, un coup de pouce pour faire carrière sans sombrer dans les effets de mode.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°67 sept-oct 1999)

Rappels : voir juste ci-dessous


Suzana Seivane
"Alma de Buxo"

Bravos Trad. Magazine

J'avais déjà décerné les Bravos au premier CD de cette joueuse de gaita et j'avoue avoir eu une légère crainte en écoutant pour la première fois celui-ci. Certains exemples récents montrent en effet qu'il est difficile de rester au même niveau lorsque l'on démarre très fort, de ne pas verser dans une certaine facilité. C'était oublier que Suzana Seivane est issue d'une famille entièrement dévouée à la gaita, à sa facture et à sa musique ce qui la met à l'abri de toute démarche superficielle en la matière. Fallait-il d'ailleurs être issue de ce milieu pour donner comme thème graphique à un CD, le buis, cet arbre qui donne le bois dans lequel sont tournées les gaitas ! Susana Seivane poursuit donc sa route avec des mélodies et un style de jeu résolument galicien qu'elle se plait à placer dans des contextes divers : du folk un peu rentre dedans de la première plage au pur solo de la dernière (devinez lequel je préfère…) en passant par une chanson qu'elle interprète accompagnée au trikitixa par Kepa Junkera (bon d'accord, ce n'est pas la plus belle voix de Galice mais elle se défend…), une rumba interprétée en soliste au sein d'une harmonie (plutôt original !), un duo de gaitas, deux des airs favoris de son grand-père qu'elle reprend après un enregistrement en public de celui-ci, un chœur féminin qui comprend pas mal de pointures et auquel elle joint sa voix et pas mal d'autres choses. Bien entendu, sa technique à la gaita est toujours époustouflante de facilité, sa cadence irréprochable et, comme sur son premier CD, elle assure avec la même aisance un certain nombre de parties de tambour, pandeireta, bombo, voire claviers (il doit y avoir du multi-pistes derrière tout cela…). Je ne regrette personnellement qu'une chose : ne pas avoir encore eu l'occasion de l'entendre en concert…

Jean-Luc Matte (paru dans le n° 81 janv-fev 2002)

Rappels : voir juste ci-dessous


Susana Seivane
"Mares de tempo"

Boa music dist. France Keltia
Durée : 53'23
Recommandé

Il aura fallu du temps pour que cette jolie gaiterin galicienne de grand talent soit un tant soit peu connue en France : malgré des bravos décernés à ces deux précédents CD dans ces colonnes (1), à ma connaissance seules les Traversées de Tatihou l'avaient programmée en France, jusqu'à son passage à Lorient l'an passé qui l'a enfin fait connaître chez nous (et ce n'est pas fini…). Tandis que la plupart de ses collègues galiciens ou asturiens succombent aux sirènes des musiques dites celtiques et en oublient quasiment les richesses de leur propre tradition, Susana Seivane nous livre un troisième CD aux couleurs galiciennes, et si, comme dans les précédents, elle ne dédaigne pas de faire appel à quelques instruments d'un peu partout, si le tournage de ses bourdons (voir le dos de la pochette) est inspiré de celui du bagpipe (moins élégant que les courbes de celui des gaitas traditionnelles d'ailleurs…), son jeu et son répertoire demeurent toujours essentiellement dans l'esprit galicien. Si, après bien des hésitations, je ne lui décerne pas les bravos cette fois-ci, ce n'est pas que ce CD soit vraiment en retrait par rapport aux deux autres (elle joue et chante toujours aussi bien), mais, en premier lieu parce qu'elle n'en a plus besoin pour se faire connaître et, ensuite, parce que quelques plages (heureusement rares) commencent à sonner un peu variété internationale, avec, en particulier, un jeu de batterie dans l'air du temps, bien plus quelconque et moins léger que les irremplaçables percussions galiciennes. Saluons, par contre, le travail superbe de Braice Maceiras au diatonique. Un DVD accompagne le CD audio. On y trouve un clip assez sympathique et tout une floppée d' " extras " : manière d'excuser une qualité parfois un peu amateur pour des documents qui valent toutefois le coup d'œil comme cette flamboyante fin de concert à Buenos Aires avec, notamment, un accordéoniste qui doit être Chango Spasiuk, ou, plus original, cet extrait de concert avec un orchestre symphonique où aucune des caméras ne parvient à filmer la soliste autrement que de dos… ce n'est d'ailleurs pas le seul gag involontaire, je vous laisse trouver les autres… Un intéressant " making of " montre les musiciens invités (apparemment tous espagnols) et aide à apprécier certaines subtilités dans les arrangements.

J'espère seulement que la présence de ce DVD ne fera pas grimper le prix, ce serait dommage que cela vous détourne de ce beau CD….

(1) Le premier in TM n°67 et " Alma de Buxo " in TM n°81, ce dernier CD étant toujours distribué par Keltia

Jean-Luc Matte (paru dans le n°95 mai-juin 2005)

 
Susana Seivane en 2005 à Benodet (cliché JL. Matte)
Cliquez sur l'image pour l'agrandir

Rappels :

- voir les deux premiers juste ci-dessus

Mais si j'ai eu la chance d'être le premier en France à avoir un de ses albums à chroniquer, les circonstances ont fait que je n'ai malheureusement plus eu l'occasion de vous entretenir de cette musicienne exceptionnelle après son troisième album...

- Son quatrième CD "Os soños que volven" est sorti fin 2009

- DVD Susana Seivane e amigos en 2015

- CD Fa en 2018

-CD Dende o meu balcon en 2020

- voir sa participation à "Sud ar Su" du Bagad Kemper (CD et DVD)
- on peut l'entendre en live sur certains CD ou DVD enregistrés lors de Nuit celtique ou St-Patrick à Paris (Nuit celtique 2004 (vidéo visible ici) Bercy 2005 (vidéo visible ici et tant qu'à faire regardez également celle-ci mais tout ceci est tout de même en piètre définition vidéo...)
- certains titres de ses albums sont repris sur des compilations.


Pancho Alvarez
"Florencio, o cego Dos Vilares"

Do Fol - c/Sierra de Algodonales 12 - 28053 Madrid - Espagne - http://www.boa-music.com
Durée : 46'
Bravos Trad. Magazine

Pancho Alvarez a du se dire qu'on est jamais mieux servi que par soi-même et a enregistré seul toutes les parties de ce CD qu'elles soient vocales (belle voix à la Perlinpinpin) ou instrumentales : violon, mandoline, bouzouki, basse, guitares, concertina et percussions galiciennes. Cela aurait pu ne rester qu'une honnête prouesse technique s'il n'était d'une part un instrumentiste hors pair et s'il n'avait su donner à l'ensemble une cohésion et un dynamisme qui empêchent rapidement de réaliser que tout cela a été enregistré successivement, voix par voix, tant l'impression d'ensemble est forte. On ne s'étonnera pas que Carlos Nunez ait d'ailleurs recruté cet ancien de Na Lua au sein de son ensemble actuel. Ajoutons pour finir que le répertoire, principalement traditionnel est très bien choisi, que l'inspiration reste toute galicienne et vous comprendrez pourquoi je n'hésite pas à lui accorder les "Bravos".

Jean-Luc Matte (paru dans le n°70 mars-avril 2000 précédemment très brièvement chroniqué dans le n°63 par P. Cuny)

Rappel : Voir la chronique de son CD suivant ci-dessous


Berroguëtto
" Viaxe por Urticaria "

Do Fol edicion, distribution : BOA Music Sierra de Algodonales, 12 - 28053 Madrid Espagne, http://www.boa-music.com

J'espère que ce groupe est connu en Galice car la pochette de leur CD est telle que rien ne vous indique de quel genre musical il s'agit (même pas les instruments). Et pourtant ils ont soigné le concept : photos de studio des musiciens statufiés par un enduit de boues séchées de diverses nuances, référence historico-légendaire au " pays d'Urticaria ", tout cela est pensé… mais ne donne aucune idée du contenu sonore de l'album. Avant écoute on pencherait plutôt pour une musique expérimentale tendance planante ou rock, mais le son de la vielle qui ouvre la plage 1, puis la voix de Guadi Galego nous rassurent vite sur la base traditionnelle du groupe. Les arrangements soignés font ensuite intervenir saxo, guitares, batterie, harpe et autres gaita dans un style ni rock (ça ne cogne pas) ni jazz (pas vraiment chorus) ni contemporain (pas cérébral, ouf !), ni variété (ou alors c'est qu'il en existe de la bonne…), mais tout cela est plutôt réussi et varié. Berroguëtto est indéniablement un groupe qui cherche de nouvelles pistes mais remarquons que cette recherche d'originalité les mène quelquefois, comme beaucoup d'autres, à des clichés internationaux et c'est souvent lorsqu'ils restent proches de la tradition que leur son est le plus personnel.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°67 sept-oct 1999)


Berrogüetto
"Hepta"

Ed BOA music http://www.boa-music.com
Durée : 54'24 - 2' avant le morceau caché à la fin
Recommandé Trad. Magazine

Pancho Alvarez
"Nas cordas"

 

Ed BOA music http://www.boa-music.com
Durée : 57'04
Recommandé Trad. Magazine

 

Depuis son passage à St-Chartier l'été dernier, ce groupe galicien n'est plus inconnu en France. Certains, suite à ce concert, lui ont reproché de faire une musique pas assez typée mais, lorsque l'on a écouté leur CD précédent, on reconnaît leur sonorité dès les premières notes de celui-ci, preuve que leur musique, si elle ne sonne pas toujours vraiment trad. galicien, si elle utilise des instruments aujourd'hui universels (sax, batterie, violon, accordéon, bouzouki, banjo… et parfois seulement vielle et gaita), a tout de même une identité propre. Je regrette d'ailleurs que la voix de Guadi Galego ne soit pas plus présente sur cet enregistrement dont le programme est construit comme un concert, avec un morceau très enlevé en final. S'ils ont fait appel à six invités aussi divers que le joueur de duduk Jivan Gasparyan, Markus Svensson au Nickelharpa ou un ancien joueur d'harmonica, la présence de ceux-ci passe presque inaperçue tant ils se fondent dans la musique du groupe.

Egalement galicien, Pancho Alvarez est multi-instrumentiste (principalement violon, bouzouki, guitares diverses percussions) et chanteur (une voix et une manière de chanter qui n'est pas sans rappeler certaines voix revivalistes gasconnes). Il est certainement encore actuellement plus connu chez nous comme accompagnateur de Carlos Nunez que comme soliste et c'est certainement dommage : bien qu'amateur de cornemuse plus que de cordes, je suis personnellement plus sensible à ses enregistrements qu'à ceux de C. Nunez. Contrairement à son premier CD ("Florencio. O cego dos vilares" distribué en France) où Pancho tenait absolument toutes les parties (merci au mulipistes)… sauf le chœur féminin, il a sollicité, cette fois-ci, quelques collaborations dont, d'ailleurs, celle très discrète de C. Nunez à la flûte sur une plage. Mais pour le reste la démarche est la même et la qualité du produit également, à l'image de la première plage interprétée au bouzouki : un modèle de simplicité apparente, d'une grande efficacité musicale et qui ferait presque paraître lourds les arrangements plus étoffés qui apparaissent par la suite.

J'ai rassemblé ces deux chroniques car le style des deux CD est relativement proche : l'amateur de musique galicienne pourra être déçu que beaucoup de morceaux balancent davantage comme des reels ou des jigs joués à la manière actuelle (sur une rythmique en béton, rapide mais un peu raide) que comme des muneiras plus chaloupées. Mais cette tendance n'est en rien systématique (dès que la voix intervient, en particulier, l'origine des musiciens ne fait plus aucun doute) et si l'ambiance est parfois "celtique", ni Berroguetto ni Pancho Alvarez ne tombent dans la copie servile des modèles irlandais : ils savent dessiner une voie nouvelle qui s'émancipe un peu de la tradition sans la renier.

Jean-Luc Matte (paru dans le n° 82 mars-avril 2002)

Rappels :

Berrogüetto "Navicularia" Do Fol - Boa Music 1996

Pancho Alvarez : "Sonche atlantico" en 2012


Cantigas de Nadal

Do Fol edicion, distribution : BOA Music Sierra de Algodonales, 12 - 28053 Madrid Espagne, http://www.boa-music.com
Durée : 43'24

Si, pour vous, musique de Noël égale chorale de petits chanteurs, clochettes et autres, vous risquez d'être surpris car à l'image de la pochette sur laquelle n'apparaît ni neige, ni sapin, ni nativité, les morceaux de ce CD galicien ne comportent aucun des passages obligés habituels à ce type musical. Seule la plage 3 s'ouvre sur quelques sons de cloches, pour le reste l'ambiance est souvent franchement à la danse (on relève même un rythme de paso-doble/bossa-nova). La berceuse interprétée par A Quenlla est elle aussi entrecoupée de passages dansants ce qui est, d'après le livret une pratique traditionnelle. Il faut que je vous précise que cet enregistrement, fait appel à onze groupes galiciens qui ont tous enregistré un morceau sur le thème de Noël, spécifiquement pour ce CD (il ne s'agit donc nullement d'une simple compilation commerciale comme il en existe tant). Produite par le label Do Fol, elle rassemble des groupes dont nous avons déjà salué les productions : Os Cempes, Xistra de Coruxo, Berroguëtto (voir ci dessus) ainsi que plusieurs autres que le présent enregistrement donne envie de découvrir : les voix féminines de Leilia par exemple ou encore Pancho Alvarez, Uxia, Muxicas, Na Lua et Maite Dono. Attention toutefois car certains morceaux ne sont pas représentatifs des groupes en question : Xistra de Coruxo par exemple se fait ici discret et accompagne la chanteuse vielleuse invitée Maria Xose Lopez. Saluons enfin le remarquable livret dans lequel chaque groupe présente le morceau qu'il interprète (en espagnol, galicien et anglais). Il ne reste plus qu'à souhaiter que ce label trouve un distributeur en France, il serait dommage que cet aspect de la musique galicienne ne soit pas disponible chez nous.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°67 sept-oct 1999)

Rappel : voir ma page consacrée à la discographie de la période de la nativité en musiques traditionnelles


" Doce Polainas Enteiras "

Durée : 56 mn
Edicions do Cumio - Travesia de Vigo156 1° - 36206 Vigo tel :986 250 767

Les festivals internationaux comme St-Chartier offrent l'intéressante possibilité de dénicher des disques non importés sans avoir à se soucier de commande, envoi et paiement internationaux pas toujours aisés, merci donc au facteur de gaita qui a eu la bonne idée d'amener avec lui quelques exemplaires de cet excellent CD galicien qui réunit quelques-uns des gaiteros les plus réputés du moment, dont certains que l'on retrouve dans de nombreux enregistrements de concours. Mais ici il n'est pas question de compétition et les prestations n'en sont que meilleures : moins de stress et de virtuosité gratuite. La gaita se jouant traditionnellement souvent en couple, plusieurs de gaiteros ont utilisé l'enregistrement multipistes pour jouer eux-même les deux parties de gaita. Il ne se sont par contre pas privés de se faire accompagner par d'excellents tambours (on ne soulignera jamais assez la qualité des percussions traditionnelle galiciennes) voire par un accordéoniste ou un chanteur. Cet enregistrement nous offre un remarquable panorama de la pratique actuelle de la gaita dans l'esprit traditionnel et démontre s'il en était besoin que la musique galicienne se suffit à elle même et offre a ses jeunes interprètes (7 des gaiteros solistes présents ici n'ont pas la trentaine) de nombreuses possibilités créatrices (nombreuses compositions) en dehors de toute influence irlandaise, bretonne ou écossaise. Un disque de référence à conseiller à tous ceux qui cherchent à écouter de la gaita pur jus mais pas vieillotte ; et pour ceux qui souhaiteraient jouer ces compostions, il est possible (mais pas obligatoire) d'acquérir le disque encarté dans un recueil de partitions.

J.L. Matte (paru dans le n°68 Nov-décembre 1999)


Xesus Pimentel
" Musica de Galicia "

Durée : 45 mn
BOA Music c./sierra Algodonales 12 - Madrid 28053 http://www.boa-music.com

Carlos Nunez fait pas mal de bruit autour de ses clins d'oeil à la musique flamenco (voir T. Mag n°67) même si l'influence irlandaise reste présente chez lui lorsqu'il joue dans ce registre... Xesus Pimentel tente ici une démarche symétrique et beaucoup plus radicale : guitariste flamenco de formation, il nous propose ici un CD entier de musique galicienne : standard traditionnels, compositions d'auteurs galiciens et une composition personnelle. On ne peut parler réellement de métissage tant son parti pris est clair : le répertoire galicien est traité dans le style flamenco avec toute la technique instrumentale propre à celui-ci (y compris dans les percussions ou les parties chantées) et seules quelques interventions de gaita viennent s'immiscer dans cette unité. Le résultat est plus que convaincant : Xesus Pimentel maîtrise parfaitement toutes les possibilités de la guitare flamenco et nous en fait profiter en variant sans cesse au sein de chaque morceau, sonorités et harmonies. Son jeu sait être à la fois nerveux et léger, toujours efficace et sans effets gratuits..

Si vous ne connaissez pas la musique galicienne ça n'est pas vraiment le disque qui vous la fera réellement connaître mais c'est un enregistrement que tout guitariste se devrait d'écouter et qui ravira, outre les amateurs d'expérience nouvelle, tous ceux qui savent apprécier, par delà les clivages, des interprétations de ce niveau. Seule ombre au tableau, il vous faudra le commander en Espagne car aucun distributeur français ne s'est malheureusement encore décidé à importer les CD des éditions Do Fol et BOA music.

J.L. Matte (paru dans le n°68 Nov-décembre 1999)


Tejedor
"Texedores de Suanos"

Xuacu Amieva
"Tiempo de mitos"

Camerata Meiga
"Habelas Hailas"
 

Ed. Resistencia san Isidro Labrador, 19 - 28005 Madrid Espagne resistencia suivi de @interbook.net

Une disquaire de Lorient, auprès de laquelle je m'étonnais de ne trouver, dans la ville du festival interceltique (hors festival), aucun CD galicien ou asturien autres que les derniers Hevia et Nunes, m'avoua qu'il n'y avait guère de demande pour les enregistrements de ces régions, le public breton ayant rapidement considéré que les groupes de là-bas ne faisaient pas autre chose que de la copie de musique irlandaise ou écossaise, en moins propre. La situation est donc paradoxale car, d'une part, cette influence "celtique" sur les musiques du nord-ouest de l'Espagne doit beaucoup à Lorient et, d'autre part, parce que l'import en France de ces musiques se faisant souvent par des maisons bretonnes, les autres tendances musicales restent généralement ignorées chez nous. Ce dernier point est d'ailleurs plus vrai pour la Galice que pour les Asturies où la vague celtique a à peu près tout balayé. Il n'en reste pas moins vrai que la situation évolue tout doucement comme le montrent ces trois CD : si le trio familial galicien Tejedor s'inspire résolument des musiques trad. actuelles d'Irlande et d'Ecosse, on ne peut pas considérer qu'il ne s'agit que d'une pâle copie car la qualité est là. Leur album est d'ailleurs produit par Phil Cunningham qui signe quelques arrangements et participe directement à l'enregistrement. Certains morceaux sonnent donc franchement "gaélique actuel" (ornements de bagpipe remplaçant les vibrés caractéristiques de la gaita, parties de Uillean pipe, style des accompagnements de guitare, de percussion, rythme de certaines compositions mais également utilisation de la réverb. sur les flûtes ou le violon.) tandis que quelques autres restent fidèles à la tradition ce qui prouve que ces musiciens sont encore capables de faire la part des choses. Une mention particulière au passage pour la fidélité de la prise de son de la gaita.

Xuacu Amieva fit découvrir la gaita asturienne à beaucoup de français il y a une bonne dizaine d'années en venant aussi bien à St-Chartier qu'à Lorient (où il a du remporter le trophée Mac Callan si ma mémoire est bonne). Sa musique a mûri au fil des années et, s'il n'a pas abandonné la gaita, la flûte traversière (métallique classique) est son instrument de prédilection sur le présent disque. Un enregistrement plutôt intimiste (à l'image du premier morceau, air lent à la flûte quasiment solo qui se paye le luxe de ne pas enchaîner sur un air plus enlevé), dont Xuacu Amieva a signé toutes les compositions et certaines, en particulier les chansons, sont franchement réussies. Même si l'influence irlandaise est toujours présente, cet enregistrement témoigne d'une recherche musicale sans laquelle la musique trad. asturienne risque de tourner en rond en cherchant ailleurs des richesses qu'elle a en elle.

Si certains membres de Camerata Meiga faisaient, parait-il, partie auparavant d'un groupe galicien d'influence irlandaise, leurs horizons se sont visiblement diversifiés et ce CD est sans aucun doute le plus ibérique des trois. La présence de l'excellente chanteuse d'origine portugaise Amelia Muge sur quelques titres y est indubitablement pour beaucoup (le groupe l'a invitée pour ce disque, ils devraient essayer de la garder car sa très belle présence dans la voix donne du relief à tout l'album même si elle n'intervient que sur certaines plages ...). La palette instrumentale, relativement peu typée (entre autres : accordéon piano, saxo, violoncelle, contrebasse, percussions diverses; le gaiteros est un invité) permet une certaine liberté d'inspiration et l'intégration discrète d'influences diverses venues du Nord-Ouest, du Sud et de l'Est, toujours remarquablement maîtrisées et utilisées. Comme ceux de Tejedor et de X. Amieva, ce CD, comprend essentiellement des compositions. Je ne vous cacherai pas que ce dernier album, à la pochette un rien tristounette et muette (seuls ceux qui connaissent peuvent acheter un tel CD) est mon préféré parmi ces trois productions des éditions Resistencia. J'espère qu'elles sont ou seront toutes trois distribuées en France... et à Lorient.

J.L. Matte (paru dans le n°69 janv-fev.2000)

Rappels :

Tejedor : voir à partir de l'album juste ci-dessous


Tejedor
"Musica na maleta"

 

Resistencia S.I. Gta. San Antonio de la Florida 2. Baxu A 28008 Madrid Espagne http://www.resistencia.es
Durée : 51'04
Recommandé Trad. Magazine

Je vous avais entretenu en 1999 du premier CD de ce trio familial asturien dont la production était alors soutenue par l'accordéoniste écossais Phil Cunnigham. Je n'ai pas vu passer le second opus en 2003 mais voici le troisième sur lequel le trio associe toujours, comme pas mal de groupes galiciens et asturiens actuels, une part de répertoire et d'instruments locaux à une bonne part d'influences irlando-écossaises. Naturellement, ce type de fusion engendre du bon (à condition, naturellement d'apprécier ce type de démarche) et du moins bon. Jose-Manuel, Javier et Eva Tejedor ce placent dans la seconde catégorie, grâce à une belle technique instrumentale tant à la gaita (1) qu'au diatonique (m'est avis que l'accordéoniste doit en pincer pour le style de Sharon Shannon), mêlant, naturellement, technique asturienne et ornements des vertes contrées déjà citées. Il en est d'ailleurs de même pour ce qui est des compositions, signées par Jose-Manuel ou Javier (un seul traditionnel). D'autres aspects témoignent de l'influence des musiques dites celtiques actuelles, notamment certains emplois de bouzouki, voire la flûte de M. MacGoldrick ou, plus généralement, un son général assez lisse (notamment la sonorité de la gaita). Mais, à côté de cela l'auditeur reconnaîtra des couleurs typiquement galicio-asturiennes, par exemple cette mélodie alternant majeur et mineur et, naturellement, la voix d'Eva, sa langue et son accent. Un CD souvent dynamique sur lequel le trio reçoit le soutien de trois musiciens intervenant sur quasiment toutes les plages et d'une brochette d'invités dont un batteur efficace et non envahissant. Mais les plages enlevées alternent, heureusement, avec quelques passages plus posés (souvent chantés) qui montrent que le trio sait également faire passer l'émotion dans ce registre.

(1) Jose-Manuel a gagné le trophée de gaita Macallan du FIL à trois reprises dans les années 90 et si Javier est désormais accordéoniste, il l'a également emporté à la gaita en 94

Jean-Luc Matte (paru dans le n°114 juillet-août 2007)

Rappel : album "Texedores de Suanos" ci-dessus et participation au CD hommage à Gordon Duncan

Participation à l'album "Piperegrinos - As gaitas do Camino"


Chouteira
"Guahaue"

Do Fol - c/Sierra de Algodonales 12 - 28053 Madrid - Espagne - http://www.boa-music.com
Durée : 49'

Voici encore un excellent groupe galicien inconnu en France et se plaçant dans la lignée des groupes Os Cempes et Xistra de Coruxo également édités par le label Do Fol : une musique traditionnelle galicienne festive qui ne cherche pas ailleurs les trésors qu'elle a en elle mais qui ne cherche pas non plus à faire de l'archéologie musicale : l'accordéon piano est ici en bonne place, épaulé par les flûtes-à-bec qui, grâce au rééquilibrage des volumes permis par les sonos (en concert) et l'enregistrement, dialoguent d'égal à égal avec la gaita ou épaulent la voix féminine (dommage que la voix masculine ne soit pas à la hauteur de cette dernière). Ceux qui considèrent les flûtes à bec comme des instruments mineurs ont d'ailleurs intérêt à aller entendre ce qu'on sait en faire du côté de la Galice. Une grande partie de l'intérêt de ce disque réside dans la simplicité apparente des arrangements : tout paraît simple et évident, jamais aucun instrument n'est superflu ou ne fait de remplissage tant harmonique que rythmique et pourtant, à y écouter de plus près, tout cela est diablement réfléchi et soigneusement mis en place avec le dynamisme adéquat.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°70 mars-avril 2000)


Na Lua
"Feitizo"

Do Fol - c/Sierra de Algodonales 12 - 28053 Madrid - Espagne - http://www.boa-music.com
Durée : 51'

Leur passage à St-Chartier en 1986 n'avait pas enthousiasmé le public, il faut dire qu'ils entamaient alors une période très "électrique-boîte-à-rythmes" qui avait surpris en premier lieu les organisateurs (non prévenus) et qui a, heureusement, bien décanté par la suite comme en témoigne ce disque. Na Lua aime jouer sur les changements de couleurs sonores, à l'intérieur même des morceaux le plus souvent : si l'accordéon ou les flûtes par exemple savent jouer à fleur de peau, guitare battante, basse et batterie donnent de temps à autre au groupe un son plus musclé, en particulier lorsqu'elles épaulent le couple de gaitas. Tout comme Chouteira, Na Lua a visiblement soigné ses arrangements, et s'ils sont un peu moins limpides, si le son est parfois plus complexe (jusqu'à quelques bruitages de synthé, heureusement limités), tout cela nous donne tout de même un excellent disque qui sait ne pas tomber dans les ornières des voies trop facilement tracées.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°70 mars-avril 2000)

Rappel : Na Lua "Os tempos son chegados"Do-Fol Boa Music 1997


Maite Dono
"Corazon de Brief"

Durée : 40'
Do Fol - c/Sierra de Algodonales 12 - 28053 Madrid - Espagne - http://www.boa-music.com

Retour à davantage de sobriété avec Maité Dono, jeune chanteuse qui a eu le courage de réaliser un disque solo, avec pour seul accompagnement le piano de Manuel Gutiérrez. Si sa voix semble frêle au premier abord, une écoute un peu plus fine laisse percevoir de réelles qualités d'interprétation (et quelques petits défauts de jeunesse qui devraient rapidement s'effacer). On pourra s'interroger pour savoir s'il s'agit encore de musique traditionnelle : le placement souvent intimiste de la voix ne se concevant qu'avec une amplification (ou pour des berceuses), l'accompagnement de piano, le choix de compositions (d'Emilio Cao, un autre artiste édité par Do Fol dont je n'ai pas encore eu l'occasion de vous entretenir), tout cela ressort davantage de la chanson en général, mais il suffit d'observer la production actuelle dans le domaine de la chanson, pour réaliser que ce type de prestation sera bientôt suffisamment rare pour être à cataloguer en traditionnel.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°70 mars-avril 2000)

Rappel : Maité Dono "O mar vertical" 2001 http://www.xingra.com


"Paisaxes - Galicia en musica"

Durée : 38'
Do Fol - c/Sierra de Algodonales 12 - 28053 Madrid - Espagne - http://www.boa-music.com

Finalement si vous préférez vous faire par vous-même une opinion des divers enregistrements du label DoFol que j'ai eu l'occasion de chroniquer ci-dessus ou récemment dans ces colonnes (Berrogüetto, Susana Seivane, Xesus Pimentel) ainsi que ceux de Maria Manuela et Emilio Cao, vous pouvez vous offirir la compilation "Paisaxes, Galicia en musica" au très beau livret, mais personnellement je vous conseille plutôt "Cantigas de Nadal" du même éditeur (cf T.Mag n°67) qui rassemble également ces groupes dans des enregistrements originaux; ce qui vous évitera d'avoir des doublons par la suite…

Jean-Luc Matte (paru dans le n°70 mars-avril 2000)


Muxicas
"20 anos de Camino"

 

Clave records Horreo, 60 15702 Santiago (Espagne)
Recommandé Trad. Magazine

Il est toujours très agréable de découvrir un groupe qui pratique de manière irréprochable une musique dans un style que l'on apprécie. Il est moins courant de s'apercevoir que ce "nouveau groupe" tourne depuis 20 ans et a déjà sept disques à son actif ! Ce CD est d'ailleurs une compilation de ceux-ci avec deux inédits en prime. Muxicas c'est de la musique galicienne pure jus avec gaitas, vielle à roue, chromatique et percussions, des arrangements soignés qui prennent le temps de se mettre en place dans une simplicité apparente, pas de virtuosité gratuite mais une musicalité irréprochable, le tout au service d'un répertoire, d'un style galicien trop mal connu en France. Si vous appréciez des groupes tels Os Cempes ou Xistra de Coruxo, Muxicas ne pourra que vous séduire.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°75 janv-fev 2001)

Rappel : je ne vais pas vous lister tous leurs enregistrements précédents : en voici juste un que j'ai sous la main :

Muxicas "Naturalmente" 1998 Claverecords


Ialma
"Palabras darei"

Zoku EMI Belgium

Comme les bretons, les auvergnats et bien d'autres, les galiciens ont été nombreux à émigrer, vers Barcelone, l'Amérique du Sud et bien d'autres destinations. Les Galiciens de Belgique et de Bruxelles plus particulièrement sont très dynamiques et leur centre culturel "La Tentation" programme en concert de nombreux musiciens traditionnels de Galice et d'ailleurs (http://www.latentation.org). Le groupe Ialma vient également de Bruxelles et est composé de jeunes femmes d'origine galicienne chantant en s'accompagnant de leurs tambourins et autres percussions traditionnelles, certaines d'entre elles donnent d'ailleurs des cours au centre cité ci-dessus. Pour cet enregistrement, elles ont fait appel à quelques bons musiciens (gaitas bien entendu, mais également vielle, accordéon et même Luc Pilartz au violon…) pour intercaler quelques belles plages instrumentales entre leurs chants. Le résultat de tout cela est fort sympathique et n'a rien d'un disque galicien au rabais, tout au plus peut-on constater que leur voix sont un peu moins typées que certains enregistrement faits au pays. Seule fausse note, due certainement à l'éditeur : le livret aux très belles photos n'avait nul besoin du slogan aussi racoleur qu'usé : "le mystère des voix et percussions galiciennes" !

Jean-Luc Matte (paru dans le n°75 janv-fev 2001)


Ialma
"Nova era"

Kerua -7 Hullaertstraat - B-9880 Aalter Belgique
Kerua suivi de @pandora.be
Durée : 50'19
Bravos Trad. Magazine

Troisième CD de ce groupe regroupant cinq jeunes femmes belges mais dont les origines familiales ce situent du côté de la Galice. Il y a déjà un petit bout de temps, je vous avait parlé , dans ces colonnes, de leur premier CD, le plus traditionnel des trois. Leur second CD avait marqué un changement de cap marqué notamment par la présence de musiciens assurant un accompagnement plus fourni, ce qui permit au groupe de se faire un nom en Galice, région où les bons groupes sont suffisamment nombreux pour qu'ils faille marquer sa différence pour sortir du lot. Le présent CD continue sur cette voie alliant tradition du chant galicien féminin et accompagnements plus trads actuel (mais, à une guitare basse près, toujours acoustique) sans tomber dans la facilité du néoceltique. Le risque d'une telle démarche est, naturellement, de laisser le côté traditionnel se noyer dans la musique actuelle mais Ialma ne tombe jamais dans ce piège et ce pour trois raisons au moins :

- une parfaite connaissance de la tradition chantée galicienne qu'elles n'hésitent pas à aller parfaire sur place,

- des musiciens de qualité et qui ne sont pas des inconnus (Luc Pilartz, Didier Laloy, Jowan Merckx, Vincent Noiret….), voire des invités galiciens de renom (Guadi Galego, Mercedes Peon etc.)

- des arrangements qui ne cèdent jamais à la facilité et qui parviendraient même à faire passer pour trad. galicien une reprise des Red Hot Chili Peppers (faites le test vous même…).

Mon seul regret : que la batterie ou des percussions plus habituelles remplacent trop souvent les penderettas qu'elles manient pourtant si bien… Mais, par contre, cerise sur le gateau, la dernière plage fait intervenir Auria, ancienne chanteuse galicienne dont la voix possède un timbre et une intensité que n'ont pas encore les jeunes femmes de Ialma. Mais pourquoi le nom de cette " mémoire vivante " ne figure-t-elle pas au livret du CD ?

Jean-Luc Matte (paru dans le n°113 mai-juin 2007)

 

Rappels :

Ialma "Lévame" (DVD démo)


Lire ma chronique

2011 : un album édité par DoFol

2017 : "Camino - de Bruxelles à Santiago"

On peut également retrouver V. Codesal dans Camaxe, Urban Trad....

Vincent Noiret voir à partir de Nisia "Eredita" (2013)

Luc Pilartz : voir à partir de Luc Pilartz, Kieran Fahy et al. "Trip to Ireland"

Jowan Merckx : voir à partir d'Amorroma "Balance"
 Amorroma Balance


Asturiana Mining Company
"Patrimoniu"

Dist : Keltia - Durée : 48'26
Recommandé Trad. Magazine

Bien que disposant d'une tradition aussi riche que proche, le revivalisme asturien semble encore chercher sa voie : après une période dominée par les bandas et quelques groupes copiant sans beaucoup d'originalité le modèle irlando-écossais tout en se revendiquant farouchement asturiens , la situation semble décanter progressivement et l'on voit poindre timidement de nouvelles approches de la musique asturienne comme en témoignait par exemple le dernier CD de Xuacu Amieva (TM n°69 ) ou comme on le perçoit au travers du présent CD. Entendons-nous bien, ce groupe de formation relativement récente, emprunte encore pas mal aux techniques de jeu et au répertoire des vertes et/ou hautes terres mais l'on sent se dessiner d'autres inspirations dans cet ensemble aux accents parfois folk-rock, parfois plus trad, parfois jazz et parfois enfin un peu variétés (la dernière plage est digne d'un générique pour Drucker). Il fait d'ailleurs preuve d'originalité dans le traitement de certains airs (cette alborada, par exemple, traitée sur un rythme chaloupé inhabituel), servi en cela par d'excellents musiciens dont le gaitero chanteur Alberto Varillas (cf. http://www.geocities.com/gaiteru_varillas/index.html), peu connu en France bien que vainqueur du trophée Mac Allan de Lorient en 1988 devant certains Nunez, Hevia et Tejedor…. Indéniablement un groupe à suivre…

Jean-Luc Matte (paru dans le n°76 mars-avril 2001)


Cristina Pato
"Tolemia"

Fonomusic http://www.fonomusic.com import France Ciré jaune
Durée : 42'49
Bravos Trad. Magazine

Voici une chronique qui arrive avec pas mal de retard : sorti en 1999, ce CD n'avait pas été envoyé à la revue et bien que timidement distribué en France, je n'avais pas eu l'occasion de le croiser dans les bacs des disquaires. Un passage dans un grand magasin parisien m'aura permis de combler cette lacune. Il ne faut guère plus de 15 ou 20 secondes d'écoute de la première plage pour constater que C. Pato possède une maîtrise technique exceptionnelle de sa gaita. Deux ou trois morceaux suffisent ensuite pour se convaincre qu'au delà de la technique elle sait également faire parler ses tuyaux à la galicienne, tant en soliste qu'en accompagnement. Côté technique on relèvera une certaine propension à tirer les notes pour renforcer l'expression et on notera qu'avec elle, la gaita galicienne dépasse facilement l'octave. A 19 ans à peine, dotée d'une dégaine de poulbot contemporain (sur les photos il ne lui manque que les rollers) elle nous offre un CD qui possède la fraîcheur et toutes les qualités d'un premier enregistrement sans les défauts. Ajoutons pour ceux qui craignent les disques de solistes qu'elle a su remarquablement varier les ambiances et qu'elle sait s'effacer lorsqu'il le faut. Impossible de ne pas faire un parallèle avec le CD de S. Seivane (Bravo T.M. in n°67) sorti quasi en même temps ; cette dernière a déjà fait du chemin depuis et on a pu l'entendre en France, souhaitons qu'il en soit ainsi pour Cristina.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°77 mai-juin 2001)


Cristina Pato
"Xilento"

Fonomusic http://www.fonomusic.com
Durée : 49'13
Recommandé Trad. Magazine

J'ai récemment attribué les Bravos au premier CD de Cristina Pato paru en 1999 (T.M. 77). Il est toujours difficile pour un artiste de donner suite à un premier enregistrement réussi : utiliser les mêmes recettes peut permettre d'assurer un second volume honnête mais qui ne bénéficiera pas de l'effet nouveauté et paraîtra donc inférieur, aller plus loin, changer de voie, présente toujours un risque. C'est ce second parti qu'a tenté C. Pato : si son premier CD ménageait un savant équilibre entre tradition et modernité, jeu de groupe et solos, dynamisme et émotion, le présent enregistrement fait moins dans la dentelle et met quasiment tout du long en avant une solide rythmique (batterie, claviers, basse et autres guitares) au sein de laquelle Cristina, avec une technique toujours irréprochable tisse des riffs sur sa gaïta. Une orientation qui devrait lui permettre d'élargir son audience auprès d'un public jeune pas forcément branché trad. Elle suit en cela les traces d'autres gaïteros biens connus mais si le "celtisme" n'est pas absent de sa démarche, il est moins omniprésent que chez ceux-ci (elle varie les ambiances entre rock plus ou moins progressif, rythmes latinos, tambour style Bronx (portugais en réalité comme d'autres musiciens présents ici) etc…). Quant aux amateurs de musique plus traditionnelle, ils ne pourront nier les performances techniques et le professionnalisme de la demoiselle (que l'on découvre également pianiste) mais déploreront un son de gaïta trop lisse, un manque d'émotion, et un côté un peu commercial (réverb, variantes des premières plages reprises en fin de CD en "bonus track"…). Si vous êtes amateurs de folk-rock ce CD mérite le détour, si vous êtes un peu plus trad. écoutez ou réécoutez le premier, si vous êtes vraiment plus trad reportez vous sur les CD de collectage galiciens dont je vous ai déjà parlé.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°78 juillet-août 2001)


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