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Jean-Luc Matte

Les chroniques CD écrites pour Trad. Magazine
(10/20 Espagne : Galice et Asturies 2)

De 1991 à 2009, j'ai rédigé diverses chroniques dans le revue Trad. Magazine que cette revue m'a autorisé à vous mettre en ligne. Les date de parution sont citées, mais ces textes ont été écrits au minimum deux mois auparavant et parfois jusqu'à plus d'un an...

Tout ceci était indépendant des chroniques que j'ai rédigé pour mes infosmumuses, mais pour cette mise en ligne, je ne me prive pas de mettre des renvois des unes vers les autres .... 

Pour savoir comment a débuté et fini cette aventure, lire "Chronique Story"

Sommaire de toutes les chroniques


Rodrigo Romani
"Albeida"

Durée : 60'36
Ed. Do Fol http://www.boa-music.com

J'aime ce type de CD qui, plutôt que d'essayer d'en mettre plein la vue dès les premières secondes, plutôt que de miser sur une première plage pêchue, prend le temps de se mettre doucement en place. Celui-ci débute ainsi par une alborada bien connue des amateurs de gaita, mais jouée lentement en duo harpe-guitare : une belle manière de revisiter un standard. Il faudra attendre quelques reprises pour voir s'y ajouter accordéon et percussions galiciennes. La seconde plage, très dansante ne déçoit pas non plus, mais la suite est très inégale à mon goût et les deux photos du livret illustrent bien la dualité de cet enregistrement : à l'intérieur une superbe photo de famille, contemporaine, pleine de joie de vivre, évoque mieux que tout autre discours la société traditionnelle galicienne insérée dans l'époque actuelle, la photo de la pochette est davantage digne d'un disque de variété. Il en est de même avec les morceaux de ce CD qui oscillent ainsi entre trad. et variété ou musique d'ambiance, entre Galice et musique brésilienne, cubaine ou atypique. Tout est techniquement irréprochable mais personnellement j'apprécie davantage les plages plus traditionnelles, celles qui rappellent que Rodrigo Romani est un ancien de Miladoiro, à l'image de celle où intervient Suzana Seivane par exemple.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°79 sept-oct 2001)


Henrique Otero
"O gaitero do Fragoso"

 

Durée : 50'52
Ed. Do Fol http://www.boa-music.com
Recommandé Trad. Mag.

Amateurs de gaita, à vos platines! Voici un CD garanti sans édulcorant, sans colorant de synthèse : juste un maître gaitero, ses gaitas en diverses tonalités et l'accompagnement traditionnel par petit tambour et grosse caisse, voire quelques percussions additionnelles locales. A y regarder de plus près il ne s'agit toutefois pas de traditionnel pur et dur puisque tous les morceaux sont des compositions de Henrique Otero mais tellement dans l'esprit du répertoire de la gaita que seule la lecture de la pochette permet de le déceler. On y retrouve tout ce qui fait le charme de ces airs, tant dans la rythmique que dans la construction mélodique, avec ces petits chromatismes et ces passages en mineurs caractéristiques. Henrique Otero, bénéficie d'ailleurs en Galice d'une solide réputation de compositeur. Il a un très bon sens mélodique et nous épargne les compositions alambiquées pour concours qui sont souvent de règle chez les jeunes solistes galiciens. Musicien de la génération intermédiaire entre collectés et revivalistes (tel par exemple Pierre Ladonne dans le monde de la cabrette), âgé de 70 ans, H. Otero est visiblement un musicien discret à l'image de la pochette où il n'apparaît quasiment qu'en silhouette). Une écoute distraite pourrait laisser penser que l'interprétation manque parfois légèrement de pêche (enregistrement en studio, percussions un peu trop en retrait au mixage) mais à y écouter de plus près, le jeu, très posé, est plein de finesses rythmiques et mérite des écoutes attentives et répétées.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°79 sept-oct 2001)


Xose Lois Foxo
"Musicas dau Caurel
vol.2 Cantares da Serra"

Durée :73'26
Zouma records http://www.novomilenio.com/zouma
Recommandé Trad. Magazine

Ce CD accompagne l'ouvrage du même nom présenté ci-après (chroniques livres). Contrairement au volume 1 entièrement interprété par Xose Lois Foxo, celui-ci est essentiellement un disque de collectage, entrecoupé de quelques plages seulement, joliment interprétées par Xose Lois à la gaita et son groupe Filandon (avec clarinette, saxo, accordéon et percussions : un son plutôt milieu de siècle). Xose Lois Foxo accompagne aussi à l'occasion l'un des chanteurs. L'ensemble est d'une belle qualité, ce qui ne nous étonnera pas, X.L. Foxo ayant pu faire une sélection au sein des heures de collectages qu'il a du effectuer dans sa région natale et dont témoigne l'ouvrage déjà cité.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°79 sept-oct 2001)

Rappel : volume 1


Anubia
"Segredo a voces"

Ed. Do Fol http://www.boa-music.com
Recommandé Trad. Magazine

Je n'ai pas encore croisé ce CD galicien en France et pourtant, contrairement à certains CD plutôt pointus que j'ai souvent l'occasion de chroniquer ici, celui-ci est d'un style susceptible d'intéresser un public assez large, sans pour autant être une soupe world commerciale comme il y en a déjà de trop. Une large distribution présenterait l'avantage de faire découvrir une tradition galicienne aussi forte qu'encore méconnue chez nous, celle des chants d'ensemble de femmes, dits "pandereta" car les chanteuses s'accompagnent généralement d'un tambourin dont le maniement est beaucoup plus complexe qu'on ne l'imagine au premier coup d'œil. Si les enregistrements bruts de tels chants (1) peuvent paraître un peu rudes au grand-public, les 6 femmes d'Anubia (et leur producteur, le musicien Pancho Alvarez) ont choisi de remplacer (sauf sur deux plages) les tambourins par un accompagnement plus actuel (accordéon, batterie, basse, guitares, bouzouki, clavier mais également violon, voire vielle ou gaita) confié, en particulier, à des musiciens de Berroguetto qui ont le bon goût de rester discrets lorsqu'il le faut. Les amoureux des percussions galiciennes pourront trouver ce choix discutable car il tronque une partie de la richesse de cette tradition, on pourra, à contrario, se féliciter de voir ce répertoire, cette technique vocale, sortir d'un cadre traditionnel parfois étroit en terme de diffusion. Ajoutons qu'elles disposent de pas mal d'atout pour réussir leur pari : un talent indiscutable, une technique vocale qui n'a rien à envier à celles d'autres traditions vocales déjà médiatisées et l'énergie de celles qui croient à ce qu'elles font.

 

(1) on pourra se référer, par exemple, aux deux excellents doubles CD (même si asturiens et non galiciens) "Muyeres" ed. Fonoastur qui présentent ce type de chant dans une version assez brute.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°80 nov-dec 2001)


Real banda de gaitas d'Ourense
"O Camino"

http://www.realbanda.com
Durée : 50' 42

J'ai déjà eu l'occasion de vous parler des publications de X.L. Foxo de type plutôt collectage et répertoire (chronique dans TM n°79) et une interview dans le n°37 présentait l'Ecole de gaita d'Ourense et sa banda, mais je n'avais encore jamais chroniqué d'enregistrement de cet ensemble qui n'en est pas à son coup d'essai et dont un précédent CD est distribué en France, par Ciré Jaune me semble-t-il. Pour ceux qui l'ignorent, la banda de gaitas est la forme galicienne (mais également asturienne) du pipe-band écossais ou du bagadou breton : un ensemble de cornemuses (gaitas) accompagné d'une batterie de percussions. Personnellement je regrette toujours que les galiciens aient repris à l'identique la batterie écossaise, tant dans son instrumentation (caisses claires, tambour et grosses caisses strictement du même type) que dans son style de jeu, alors que la tradition galicienne est une des plus intéressante en matière de percussion (style de jeu de tambour en contretemps, technique de jeu de la grosse caisse, tambourins etc…) et qu'il y avait certainement une adaptation possible au concept de la banda à développer (tout comme les bretons ont su adapter la présence des bombardes dans le bagad par rapport au pipe band qui n'en comprend pas). On a même droit, dans ce CD, à un solo de percussions que je vous mets au défi de reconnaître de celui de batteurs écossais ou bretons. La Real Banda de gaitas d'Ourense ("Real" est un qualificatif honorifique décerné par le roi d'Espagne) est la banda haut de gamme de Galice, elle rassemble en son sein les meilleurs éléments de l'école de gaita d'Ourense et son jeu est d'une efficacité et d'une précision remarquable : essayez, par exemple, de faire exécuter un vrai silence à une trentaine de cornemuse au milieu d'une phrase musicale avec une telle netteté. Les arrangements sont également très écrits et l'une des originalités de cette banda réside dans l'utilisation, sur certains morceaux, de gaitas de tonalités différentes créant ainsi des pupitres bien différenciés. Tout cela pourrait paraître sévère, si les rythmes et mélodies galiciens et leur côté tournoyant ne venait aérer cette belle rigueur : toutes les plages de ce CD sont des airs galiciens, traditionnels (dont quelques standards) ou compositions. Quant au titre de l'album, il se justifie par la présence d'une composition de M. Muniz pour le Xacobeo 99 et d'une marche de pèlerins traditionnelle.

Jean-Luc Matte (paru dans le n° 81 janv-fev 2002)

Rappels :

La Real Banda a à son actif une discographie impressionnante que je n'ai pas souvent eu l'occasion de vous chroniquer :

avec Maria do Ceo "Concerto de Nadal" (CD + DVD)

Voir également les ouvrages de X. L Foxo son directeur à partir de la chronique
Musicas dau Caurel : volume 1

et les albums de Marco Foxo (qui devait être trop jeune pour participer au CD objet de la présente chronique, mais gaitero soliste de l'ensemble par la suite)


Mercedes Peon
"Isué"

Bravos Trad. Magazine

Je commencerai paradoxalement par vous avouer que tout ne me plait pas dans ce CD auquel j'attribue tout de même les bravos : il y figure, à mon sens, quelques fautes de goût (la rythmique de la seconde plage par exemple) mais celles-ci me semblent témoigner avant tout du désir de Mercedes Peon d'explorer une foule de pistes nouvelles, avec une énergie impressionnante, un talent indéniable (quelle voix !), des références très bien maîtrisées à la tradition galicienne et notamment au chant féminin à pandeireta (tambourins). Bien qu'ayant déjà collaboré aux enregistrements de C. Nunez ou E. Budino (qui intervient, ici, sur une plage), elle n'emprunte pas les chemins tous tracés de la musique dite celtique (dont elle écrit d'ailleurs qu'il s'agit d'un phénomène davantage commercial que culturel) mais use, avec respect, d'autres cousinages, dont celui très convaincant avec certains chants collectifs de femmes nord-africaines. Elle nous offre au final un enregistrement où chaque plage a sa personnalité propre, sans pour autant former un assemblage décousu. Je ne vous ai pas encore dit qu'elle joue suffisamment bien de la gaita pour avoir décroché le trophée Mac Alan mais sa présence sur ce disque est essentiellement vocale, les parties de gaita demeurant quasiment toujours en arrière plan. Le véritable renouveau de la musique galicienne passe actuellement, avant tout, par certaines de ses interprètes féminines : Anubia (cf n° précédent), Susana Seivane, Mercedes Peon et quelques autres, leurs CD pointent timidement le nez en France, profitez-en.

Jean-Luc Matte (paru dans le n° 81 janv-fev 2002)


Mercedes Peon
"Ajru"

Discmedi : http://www.discmedi.com
Dijipack
Durée : 43'14
Bravos Trad. Magazine

Alors que ces messieurs semblent se contenter en grande partie de reproduire les modèles vus et entendus à Lorient, il semblerait bien que le véritable renouveau de la musique galicienne et de la gaita en particulier passe par les solistes féminines : Susana Seivane, bien entendu, enfin reconnue en France, mais également Mercedes Peon ou Cristina Pato, chacune dans un registre différent… J'avais déjà attributé un Bravo au premier CD de M. Peon, je récidive ici pour un second CD de la même veine, puisant dans la tradition galicienne de gaita et de chant à pandereita mais s'inspirant également des similitudes de celui-ci avec celui des femmes berbères, flirtant parfois avec des accents plus rock (mais jamais gratuitement et jamais lourdement), osant certaines harmonies, tout cela avec autant de talent à la gaita qu'au chant, une énergie à revendre et pas mal de sensibilité lorsqu'il en faut. Un CD moderne au bon sens du terme. Attention, ce CD existe en version longue et en version courte à trois titres sous une jaquette quasiment identique : vérifiez au dos avant achat. En cherchant par curiosité M. Peon sur les pages francophones d'internet, je suis tombé en premier lieu sur des sites belges et suisses ; je sais également qu'elle s'est produite cette année au Luxembourg… quand la découvrira-t-on en France ?

Jean-Luc Matte (paru dans le n°104 nov-dec. 2005)

Attention ce CD existe également en version 3 titres (boîtier cristal mais pochette identique)


Mercedes Peon
"Siha"

Discmedi : http://www.discmedi.com
Durée : 42'03
Recommandé Trad. Magazine

J'ai déjà eu le plaisir de vous chroniquer les deux albums précédents de cette chanteuse galicienne que j'ai eu enfin l'occasion d'entendre sur scène l'an passé : un personnage attachant, un réel talent, mais un choix de sonorités électriques et une sonorisation un peu artificielle qui s'accordaient mal avec le tout petit théâtre où elle se produisait et qui formaient comme une barrière avec un public pourtant si proche. Elle même en avait conscience et s'en est excusée, délaissant parfois le micro pour chanter en acoustique. Si je vous explique cela, c'est que le présent CD va encore plus loin dans cette voie mêlant les sons synthétiques, les percussions traditionnelles et la voix, immédiatement identifiable, de Mercedes Peon. Mais cela passe beaucoup mieux sur CD, à écouter un peu fort sur une bonne chaîne que sur une petite scène. Cet enregistrement est somme toute, un prolongement logique aux deux premiers albums dans lesquels elle travaillait déjà sur le chant des femmes galiciennes, s'auto-accompagnant de percussions, tout en s'inspirant également du chant des femmes berbères qui présente pas mal de similitudes. Tout d'abord reconnue comme joueuse de gaita, elle n'utilise plus cet instrument que sur une plage, en des boucles répétitives et non en instrument réellement mélodique. Ce ne sont d'ailleurs quasiment que les voix qui assurent le rôle mélodique ici : tout comme les nombreuses percussions (traditionnelles ou plus modernes), les divers instruments assurent essentiellement une fonction rythmique ou tout du moins répétitive, à laquelle s'ajoute, naturellement, un rôle harmonique. Mercedes Peon est une chanteuse qui allie style, personnalité, talent et une démarche originale mais ce CD est tout de même à réserver à ceux qui ne craignent pas l'innovation.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°114 juillet-août 2007)

Rappel : Mercedes Peon a participé aux deux premiers CD de Xosé Manuel Budino (cf ci-dessous)


Xavier Blanco
"A gaita de cana de Moana"

Voilà une démarche courageuse : enregistrer un CD entier, seul, autour d'une cornemuse pour le moins sommaire : une poche, un simple roseau en guise de chalumeau et un second roseau comme porte-vent ; et avec, pour tout accompagnement quelques percussions traditionnelles. Le principe n'est pas inintéressant mais, malheureusement, X. Blanco, s'il possède un style de jeu qui doit être très correct sur une gaita habituelle et s'il joue remarquablement juste sur cet instrument à anche simple, ne possède pas, à mon avis, un jeu suffisamment dynamique et ornementé (tel celui d'Alain Cadeillan par exemple) pour être totalement convaincant sur ce type de chalumeau plus ingrat. Les parties chantées sont, elles aussi, un peu tristounettes (effet de l'enregistrement en studio probablement). Ce CD possède toutefois un intérêt non négligeable pour ceux qui apprennent la gaita car, par voie de conséquence, les mélodies s'y déroulent avec une clarté remarquable.

Jean-Luc Matte (paru dans le n° 81 janv-fev 2002)


Xavier Blanco
"Instrumentos pobre"

Several Records : http://www.severalrecords.com
Recommandé Trad. Magazine

Après un CD consacré à une cornemuse primitive en roseau (que l'on retrouve sur quelques plages ici), Xavier Blanco continue dans la même veine en consacrant celui-ci aux instruments populaires " pauvres ", c'est à dire réalisés avec des ustensiles détournés de leur vocation première (cuillères, bouteilles, couvercles, balai, panier…) ou réalisés avec peu de moyen (instrument à archet monocorde…). Point d'invention ici, mais simplement la remise en service de techniques traditionnelles galiciennes. Si la fabrication de tels instruments est généralement simple, leur pratique est parfois plus complexe qu'il n'y paraît et, surtout, leur utilisation à bon escient, avec goût n'est pas une mince affaire. Xavier Blanco y excelle : il n'a d'ailleurs nul besoin du support d'autres instruments si ce n'est sa belle voix et le multi-enregistrement, pour nous offrir un CD jamais rébarbatif. Il démontre même que la sobriété peut être la meilleure qualité d'un arrangement, à l'image de cette chanson accompagnée par un rythme répétitif raclé sur une corde, sorte de bourdon dont on n'apprécie d'autant plus les fréquents changements de ton. Dommage que le livret et les trop rares photos de celui-ci ne nous renseignent pas plus sur ces instruments et leur manière d'en jouer.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°95 mai-juin 2005)


Xavier Blanco
"Gaitas troncais"

 

Several Records : http://www.severalrecords.com
Durée : 39'33

Troisième enregistrement en cinq années (cf TM 81 et 95) pour ce galicien adepte de la lutherie sauvage et qui consacre cet opus aux instruments à anches. Je ne résiste d'ailleurs pas à vous lister les dénominations des instruments utilisés : gaita de cana, gaita de sabugeiro, gaita redondal, gaita de membrana, gaita grileira, gaitela, gaita grileirina etc…mais ne vous y troumpez pas, le terme gaita en désigne pas forcément une cornemuse, cela peut être une clarinette rustique ou un hautbois. Encore une fois, il est dommage que les instruments ne soient pas tous représentés au moins par une photo. A quand le DVD ?

Si Xavier Blanco intervient seul sur l'enregistrement, probablement grâce aux possibilités du multipistes, il a pu arranger les morceaux, sur fond de percussions, à plusieurs instruments et plusieurs voix, y compris la sienne puisque la plupart des plages sont chantées, parfois à deux voix. Bien que bon chanteur et bon instrumentiste, le résultat manque parfois un poil de dynamisme et laisse deviner la solitude du studio. A quand une prestation et pourquoi pas un stage en France ?

Jean-Luc Matte (paru dans le n°109 de sept-oct 2006)


  Faltriqueira
" Faltriqueira"

 

Resistencia http://www.resistencia.es
Durée : 49'40
Bravos Trad. Magazine

Ce groupe de 5 jeunes chanteuses est une excellente surprise qui nous vient de Galice. Pratiquant le chant à "panderetas" (c'est-à-dire auto-accompagné au tambourin) apparemment depuis leur plus jeune âge, elles nous offrent ici, un peu à l'image du groupe Anubia (TM n°80) une version moderne de cette tradition : polyphonies d'une part mais également un accompagnement qui, s'il délaisse quelque peu les panderetas pour des percussions plus exogènes et de nombreux autres instruments parvient à conserver la dynamique du répertoire galicien. Visiblement elles ont choisi de jouer avec les couleurs instrumentales et elles parviennent à échapper au piège de l'instrumentarium world music gadget, même lorsqu'elles recourent à des instruments à la mode style berimbau, derbouka…ou encore au chant harmonique. Le secret de cette réussite tient sans doute à la qualité des musiciens invités et, surtout, à une technique vocale suffisamment assimilée de longue date pour résister à ces confrontations, pour s'en fortifier et non s'y diluer. A l'image des chanteuses flamandes de Laïs, les timbres de leurs voix trahissent leur jeunesse mais démontrent déjà une grande maturité musicale.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°88 mars-avril 2003)

Rappel : "Effecto" ed. Resistencia 2006

Faltriquerira CD Effecto


Etnika
"Los sonidos de Galicia"

 

Zouma Records : http://www.zoumarecords.com
Durée : 55'50

Cette compilation des éditions Zouma Records présente sept CD galiciens au travers de deux plages pour chaque. Un bon tour d'horizon de différents styles d'interprétation de la tradition galicienne, du trad. au plus moderne. J'ai déjà chroniqué dans ces colonnes certains de ceux-ci (Cristina Pato in TM n° 78, Mutenrohi dans le présent, il en est un ou deux autres dont je vous reparlerai prochainement.)

Jean-Luc Matte (paru dans le n°89 mai-juin 2003)


Quempallou

Zouma Records : http://www.zoumarecords.com
Durée : 44'42
Bravos Trad. Magazine

Un CD qui début par un chanteur a capella c'est souvent bon signe : signe que le groupe ne se réfugie pas derrière les effets et l'instrumentation. Lorsque, de plus, cette ouverture est sur un tempo qui prend son temps c'est encore mieux, signe que le groupe ne se réfugie pas non plus derrière une virtuosité de façade. L'instrumentation se met en place progressivement sur cette première plage que vient rompre un break de percussion lançant une danse bien enlevée à la gaita. Toute la qualité de ce groupe galicien est déjà résumée dans ce premier morceau. Le répertoire est indéniablement galicien (même s'il y a pas mal de compositions) avec toute sa richesse de modes et de rythmes. Prenons encore en exemple la troisième plage, celle qui donne son nom à l'album : une "chouta muneira" avec un rythme différent entre les deux parties et balançant suffisamment bien pour vous mettre de bonne humeur pour la journée. Ce jeune groupe est à rapprocher, dans son style de certains se ses aînés dont j'ai déjà eu l'occasion de vous entretenir : Os Cempes ou Xistra de Coruxo par exemple. Il semblent d'ailleurs partager également avec ceux-ci un certain sens de l'humour comme en témoigne leur livret ou un tango traité à l'ancienne.

Si vous ne devez avoir qu'un CD galicien dans votre discothèque, celui peut fort bien faire l'affaire ; ce n'est, naturellement, pas le seul mais ce n'est pas le cas de beaucoup de ceux que l'on trouve dans les bacs en France.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°89 mai-juin 2003)


Mutenrohi
"Danze"

 

Zouma Records : http://www.zoumarecords.com
Durée : 42'54
Recommandé Trad. Magazine

Voici un groupe qui aura intérêt à faire parler de lui, car je ne vois pas qui ira acheter spontanément un CD à la pochette aussi peu parlante sur le style de musique, l'origine du groupe etc… Mais laissons cela de côté et parlons plutôt musique : Mutenrohi est un groupe galicien, de tendance "celtique" mais de façon mesurée : sur fond de basse-batterie-piano-guitare, le violon (Raquel Rodriguez Fernandez) joue dans un style très néo-irlandais (notamment sur une langoureuse plage violon piano qui ne dénoterait pas comme musique de film) mais, à côté de cela, les voix de Xoan Carlos Fdez et de Cristina Barriga ainsi que la gaita de Xurxo Brea (sur quelques plages) nous rappellent que nous somme bien au sud du 45ème parallèle. Les lignes mélodiques (trad. et compositions) gardent d'ailleurs une couleur essentiellement galicienne malgré des influences plus ou moins perceptibles selon les plages. On pourra trouver la batterie (lorsqu'il ne s'agit pas d'une rythmique programmée) un peu trop présente mais c'est un choix qu'ils semblent assumer et ils savent également ménager des moments plus intimistes. Un groupe qui doit certainement cartonner en concert.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°89 mai-juin 2003)

Rappels : Mutenrohi "....e van dez" 2005 et "Maio"2003


 Xose Manuel Budino
"Zume de terra"

Dist Keltia musique
Durée : 55'40
Recommandé Trad. Magazine

Troisième opus pour ce gaitero galicien dont l'attirance pour la musique irlandaise s'est concrétisée depuis un certain temps déjà par la pratique du uillean pipe et des low-whistle en sus, naturellement, de la gaita galicienne dont il est une des plus fines lames…. Petite surprise dès les premières secondes d'écoute, il s'est également mis à la gaida bulgare, sans doute avec les conseils de Petko Stefanov. Ses trois CD successifs permettent de constater une évolution musicale : l'influence irlandaise est mieux digérée aujourd'hui et X.M. Budino utilise maintenant celle-ci avec davantage de parcimonie au sein d'un répertoire de sa composition aux couleurs musicales galiciennes (y compris vocales). Il semble par contre avoir fait la découverte des petites machines électroniques et des collages sonores. Je suis plutôt réservé sur l'usage des premières, la rythmique ainsi produite (funkie) écrasant la mélodie à l'inverse des percussions traditionnelles galiciennes qui l'allègent par leurs contretemps. Les collages sonores sont, par contre, souvent sympathiques, l'ensemble des documents utilisés et des musiciens invités (J. Molard tient une fois encore les parties de violon) produisant un patchwork assez intéressant, doté d'une relative unité générale malgré des ingrédients assez divers. On se demande déjà ce que nous réservera le quatrième opus…

Jean-Luc Matte (paru dans le n°97 sept-oct 2005)

Rappels : Xosé Manuel Budino "Paralaia" (avec M. Peon, Soig Siberil, Jacky Molard, Kepa Junkera...)

Xosé Manuel Budino "Arredor" 2000 (avec M. Peon, Jacky Molard, Donald Shaw, Paco Ibanez...)


Camaxe
"Imaxe"

 

Alea. Dist Wild Boar Music. Disponible également sur http://www.discmedi.com
Durée : 61'47
Bravos Trad. Magazine

Un coup d'œil sur les titres m'indique que le CD est galicien, mais le petit dé à jouer qui se ballade sur le côté du boîtier est la marque de l'éditeur belge Aléa.. La présence de la très douée chanteuse et joueuse de pandeireta Veronica Codesal (Ialma, Urban-Trad…) dans la liste des musiciens et un petit tour sur leur site http://www.camaxe.org confirment qu'il s'agit bien d'un groupe formé par des galiciens vivant en Belgique. Les noms des membres indiquent d'ailleurs que le groupe est loin d'être exclusivement formé de galiciens… Bien que le répertoire soit en très grande partie composé par le gaitero Miguel Allo qui fait office de leader de Camaxe, nous sommes en plein dans le style galicien et si les influences exogènes ne sont pas absentes (quelques percussions latines, un violon au son parfois un peu " celtique ", une flûte bansuri) l'esprit de cette musique est toujours préservé ce qui dénote, outre le talent du compositeur, l'excellent travail d'arrangements du bassiste Marc de Martelaer. Celui-ci a, en particulier, le bon goût de ne jamais en mettre trop, de ne jamais brouiller l'expression des musiciens sous un gros son un peu gratuit, et comme tous les solistes ont un sens musical et des choses à dire, il les laisse souvent s'exprimer presque seuls, dans de longs passages méditatifs qui alternent avec des parties plus dansantes et enlevées. Et, même dans ses dernières, lorsque les parties sont nombreuses, chacune reste lisible (belle prise de son également) et on échappe au gros son très rentre dedans et un peu facile de certains groupes. Pour l'anecdote signalons la présence d'une bourrée à temps composée, dont le début rappelle assez la célèbre " Derrière chez nous… " et dont le livret nous indique qu'elle a été inspirée par " une bourrée flamande entendue lors d'un bal " ; elle n'en est pas moins aussi dansante que bien des bourrées interprétées par des groupes de bal plus locaux… Je n'aurai donc qu'un regret : que Veronica ne chante que sur une plage…

Jean-Luc Matte (paru dans le n°101 mai-juin 2005)

Rappel : Camaxe : "Airexa" en 2008 (sans Veronica mais avec divers invités...)


Milladoiro
"25"

Discmedi http://www.discmedi.com
Durée : 59'10
Recommandé Trad. Magazine

C'est avec eux que nombre d'entre nous ont découvert la musique galicienne au début des années 80, ce sont eux également qui ont, les premiers, largement métissé celle-ci avec la musique irlandaise et celle des Chieftains en particulier. J'ai écouté nombre de groupes, solistes galiciens depuis, nombre de documents de collectage également et j'avoue que je les avais un peu perdu de vue, écoutant de temps à autre un de leur CD dont certains m'avaient pas mal déçu. Si ce CD réalisé à l'occasion de leurs 25 ans pourrait passer, au vu des titres, pour une simple compilation comme c'est souvent le cas pour les anniversaires, Milladoiro a choisi la solution plus noble consistant à réenregistrer leurs morceaux fétiches. Groupe exclusivement masculin, ils ont invité pour l'occasion 5 solistes fémines de renom: Susana Seivane, Ronda Larson, Eileen ivers, Claudia Ferronato, Anxo Pintos ainsi que le vielleux Anxo Pintos

C'est finalement un vrai plaisir de réécouter ces superbes mélodies, quinze arrangements largement remodelés et souvent avec originalité, dans différents styles dont une plage indéniablement dans le style Chieftains…

Jean-Luc Matte (paru dans le n°104 nov-dec. 2005)

Rappel : je n'ai pas ressorti mes vinyls de ce groupe, je me contenterai de vous citer :

-ce vinyl de 1980, réédité en CD en 1990 et qui doit être l'album par lequel j'avais découvert mon premier groupe galicien en 1980 ou 81...

- ce CD dont l'originalité est d'avoir été enregistré avec The English Chamber Orchestra : "Iacobus Magnus" ed Discmedi 1994

- celui-ci, double et en concert, datant de 1995 "As Fadas de Estrano Nome"...

....et dont la pochette nous livre la discographie complète du groupe jusqu'à 1995 (y compris participations à des albums d'autres groupes, bandes originales et autres...) je ne vous recopie que la page des albums propre au groupe, vous y retrouverez les deux ci-dessus...

et je vous rajoute encore celui-ci de 2002 : "O Nino do sol"

et Auga de Maio (non daté), CD sous cartonnage avec visuel différent :


Cadaba
"Do y Sidemol"

 

Durée : 50'13

Des galiciens qui semblent apprécier autant la musique irlandaise que la musique galicienne, voilà qui n'est plus vraiment original mais ceux-ci, plutôt que de fusionner les deux comme c'est généralement le cas, alternent quelques tunes à l'irlandaise avec une majorité d'airs galiciens, le tout sur des instruments galiciens : gaitas, percussions traditionnelles et également accordéon et flûte traversière. Petite surprise en jetant un oeil au livret : une seule des mélodies est traditionnelle, les autres sont des créations de deux des gaiteros du groupe ou de Roberto Salla qui ne semble pas y jouer mais à qui l'on doit enregistrement et production de ce CD. Ces compositions sont tout à fait dans l'esprit, qu'il soit irlandais ou galicien et, dans ce dernier cas, exploitent tant les rythmes que certaines bonnes ficelles de la musique traditionnelle galicienne et, notamment les changement de modes. L'interprétation se tient bien, mais il manque un je ne sais quoi de swing galicien dans pas mal de plages jouées un peu trop carrées et il faut attendre la plage 8 sur un rythme de rumba locale pour que cela décolle vraiment, ce que vient ensuite confirmer la belle plage 11. D'ailleurs si les musiciens de Cadaba sembent apprécier les morceaux rapides, c'est presque dans les plus lents qu'ils s'expriment le mieux, à l'image de cette petite valse jouée à la Tiersen…

Jean-Luc Matte (paru dans le n°105 Janv-fev. 2006)


Gueta na fonte
"Como agua de mayo"

 

Tecnosaga : http://www.tecnosaga.com
Durée : 50'46

Tant que le CD est scellé, la pochette bucolique ne vous en apprend pas plus que le nom du groupe et le titre de l'album. La photo au dos vous montre juste qu'ils sont sept. Un coup d'oeil à l'intérieur du livret (pas très facile à lire) dévoilant que ce groupe est asturien, les chances sont très fortes d'y entendre… violon, uillean pipe, bouzouki, harpe celtique. Vérification sur la platine : gagné ! Même si le répertoire est en très grande majorité composé par Monto Hevia (ne pas confondre par Miguel Angel Hevia), on se situe bien dans la mouvance celto-irlandaise et ils s'étiquettent d'ailleurs eux même sous " musica asturgaélica ". Le seul traditionnel presque local (une alborada galicienne) est interprété… au uillean pipe et c'est une composition (plage 6) qui vous transportera d'Irlande en Asturies le temps d'un morceau, le reste du CD alignant tout de même pas mal de clichés celtiques au goût de déjà entendu…. Cela dit, l'interprétation se tient, et on retiendra en particulier la voix de Vanesa Vez Caraduje et quelques beaux plans de gaita de Dani Alvarez. Mais vous pouvez vous faire votre opinion vous même : un court extrait de chaque plage figure sur leur site http://www.guetanafonte.com/

Jean-Luc Matte (paru dans le n°107 mai/juin 2006)


Daniel Garcia de la Cuesta
"Cantares de banduria"

Tecnosaga : http://www.tecnosaga.com
Durée : 66'39
Recommandé Trad. Magazine

Ne confondez surtout pas cette bandurria asturienne avec d'autres instruments au nom proche : celle-ci semble, avec ses trois cordes montées sur chevalet plat, sa caisse en 8, son archet en arc et sa position de jeu en tenue verticale entre les genoux, issue directement des illustrations médiévales. Cette impression n'est pas démentie à l'écoute : sonorité caractéristique de ce type d'instrument, jeu très modal en triple cordes avec un rôle prépondérant de bourdon soutenant le chant : sans céder au mythe de la transmission à l'identique (on est bien dans un contexte de musique traditionnelle avec tout ce que cela implique de vie et d'évolution au travers les siècles), voici un enregistrement que devraient écouter les pratiquants de la musique ancienne. Daniel Garcia de la Cuesta, auteur d'un ouvrage sur bandurria et rabel (le descendant espagnol du rebec) dont ce CD constitue un complément, chante en s'accompagnant à la bandurria sur les 18 premières plages, avant de céder la place à ses modèles Pepe Calvo et José Ramon Prida dans un enregistrement des années 60 puis à David Caballin dans douze collectages réalisés en 1982. Si Daniel Garcia de la Cuesta reprend, pour l'essentiel, les chansons des enregistrements anciens, son interprétation est bien plus facile d'écoute (les enregistrements anciens sont d'une qualité assez spartiate) et il possède un très beau timbre de voix, tout à fait adapté à ce répertoire.

Jean-Luc Matte (non paru ?)


Briganthya
"Viaje de bruxas"

Tecnosaga : http://www.tecnosaga.com
Durée : 45'14
Recommandé Trad. Magazine

Voici un groupe de musique galicienne, aux influences dites " celtiques ", ce qui n'a rien de très original, mais également aux influences basques, ce qui est moins courant mais qui s'explique apparemment tout simplement par l'origine du groupe. La gaita, y côtoie donc le bodhran mais également la txalaparta, ainsi que basse, batterie et claviers puisque le groupe se situe résolument dans une démarche folk-rock, et également le didjeridoo pour le petit côté world. Les morceaux (des compositions) sont plutôt bien arrangés, avec des constructions assez sophistiquées, ménageant des crescendos, des changements d'ambiance, voire de rythme. Les musiciens assurent parfaitement, avec une mention spéciale pour le jeu de diatonique. La voix de Laura Latienda vient donner un intérêt supplémentaire à cet enregistrement, en particulier lorsqu'elle s'attaque à la question des femmes battues dans la chanson "Temblando estás". Notons également que les musiciens de Luar Na Lubre interviennent individuellement sur plusieurs plages.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°109 de sept-oct 2006)


Paidacana
"12 anos"

 

 

Edicons do Cumio S.A. http://www.cumio.com
Ref :CD 31205
Durée : 46'17
Recommandé Trad. Magazine

Voici le type de CD galicien que j'écoute comme on respire une bouffée d'oxygène (marin), un groupe qui joue de façon très vivante, mais sans artifice inutile, la musique galicienne traditionnelle, de sa version la plus ancienne (deux gaitas, grosse caisse et petit tambour) à une version davantage première moitié XXème avec, en plus, clarinette, accordéon et saxo (et un petit tambour devenu caisse claire. Une évolution qui a d'ailleurs suivi celle de Paidacana dans ses 12 ans d'activité et le présent CD reprend des enregistrements de diverses périodes de la vie du groupe, sans que cela se ressente à l'écoute (son homogène d'un bout à l'autre). S'il leur manque encore un tout petit je ne sais quoi pour atteindre le niveau de groupes d'inspiration voisine tels Xistra de Coruxo ou Os Cempes, je classerai sans hésiter leur CD aux côtés de ceux de ces derniers.

Jean-Luc Matte (paru dans le N°120, juillet-août. 2008)

Rappel : voir l'album "Alen do mar" d'Oscar Ibanez, l'une des deux gaitas de ce groupe :


XVI Concurso de gaita Constantino Bellon

Ateneo Ferrolan : http://ateneo-ferrolan.blogspot.com/
Durée : 65'29 + 29'07
Ref : néant

Le premier CD de ce double album est la captation de ce prestigieux concours de gaita solo. On y entend même parfois les gaiteros rectifier leur accord avant de se lancer. Si le niveau technique est très élevé, l'enregistrement témoigne vraiment du " syndrome concours " et d'une recherche de la technique pour la technique, nuisant à la musicalité des interprétations. Citons par exemple ces interruptions de jeu, si peu naturelles sur une cornemuse, qui semblent presque un passage obligé dans cette épreuve mais qui arrivent rarement à bon escient. Quasiment aucun des airs de danse jouée ne vous donnera des fourmis dans les jambes et l'auditeur attendra en vain que les interprétations décollent enfin, que les musiciens se lâchent plutôt que d'enchaîner sans cesse les effets, les airs, les rythmes etc… Mais s'ils jouent ainsi c'est que visiblement le jury encourage cette pratique, dommage… Plus intéressant est le second CD, également enregistré en public, consacré au concours de compositions pour gaita et piano ou gaita et quatuor à cordes. On y trouve enfin la musicalité et l'expression qui font défaut sur le premier CD et si les compositions restent mélodiques et harmoniquement relativement sages, la haute technique qu'elles exigent tout de même des interprètes (anciens lauréats du concours solo) l'est à bon escient.

Jean-Luc Matte (paru dans le N°122, nov-dec 2008)

Rappel : les éditions antérieures de ce concours ont également donné lieu à édition de CDs, voici, par exemple, celui du second concours, en 1992, remporté par Jesus Vaamonde


Verdegaio
"Repenicoque na pedra"

Durée :52'42
Autoproduction A. Cadarso Suarez Rua do Bosque n11 Bertamirans 15220 Ames, A Coruna Espagne
verdegaio suivi de @hotmail.com
Ref : CDN416

Ce duo galicien est composé d'un gaiteros, Aexandre Cadarso, et d'un joueur d'accordéon diatonique, Xabier Blanco. Comme souvent sur ce type d'enregistrement, ils ont invité un certain nombre d'amis musiciens et chanteurs mais, ce qui est plus original, nos deux compères vont jusqu'à leur laisser totalement la place sur certaines plages, ce qui nous vaut un CD assez varié, d'autant que l'un et l'autre n'hésitent pas à délaisser leur instrument de prédilection pour mandoline, mélodéon ou accordéon chromatique. Si l'accordéon diatonique n'est pas exceptionnel en musique galicienne (1), il est tout de même bien moins présent que dans d'autres régions d'Europe, et l'accordéons à touches pianos est davantage présent dans les groupes actuels que son petit frère. Les amateurs de diato apprécieront donc et les autres constateront que l'instrument donne parfois un côté un peu plus trad. européen actuel au duo. De son côté, A. Cadarso ne se hisse certes pas au niveau des gaiteros d'exception (notamment dans le travail sur les notes longues), mais il assure tout de même très bien.. On aimerait parfois que cela swingue encore un peu plus, à la galicienne, mais tous deux ont un jeu agréable, dansant lorsqu'il le faut, et une bonne entente.

(1) citons par exemple Brais Maceiras qui joue aux cotés de S. Seivane

Jean-Luc Matte (paru dans le n°123 janv-fev..2009)


Zamburiel
"Rutas de viaje"

 

Several Records Ref SRD-362 : http://www.severalrecords.com
Durée : 65'25

Un coup d'oeil au livret nous permet de comprendre qu'il s'agit d'un groupe galicien de plus mêlant musique de tradition locale et influences irlandaises. Mais les premières plages nous rassurent, et notamment le premier reel, sur lequel le groupe a su trouver un son original, se démarquant du son irlandais habituel et même de ce qu'en font habituellement les groupes galiciens. Le CD recèle ainsi quelques plages bien réussies, malheureusement mêlées à des choses beaucoup plus commerciales dont certaines semblent presque formatées pour un passage télé ou radio. C'est un peu dommage pour ces sept musiciens qui font preuve d'une belle maîtrise instrumentale allant jusqu'à la virtuosité et d'une belle capacité dans les arrangements.

Jean-Luc Matte (paru dans le n°124 mars-avril 2009)


Voir également, et entre autres, dans les pages consacrées aux CD de l'éditeur Tecnosaga :

Vol. 17 :"Galicia"


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