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.Jean-Luc Matte
Infos mumuses

Présentations CD et DVD 6

Voici quelques CD dont j'ai continué à signaler la parution après la fin de mes infosmumuses en juin 2009, généralement parce qu'ils m'avaient été envoyés à cet effet...

Sommaire de toutes les chroniques, chroniques à venir


Juin 2016

Real banda de Gaitas de Ourense con Maria do Ceo
"Concerto de Nadal"
(CD + DVD)

 

La Real Banda de l'Escola Provincial da Gaita de Ourense (Galice) est l'ensemble qui rassemble les meilleurs élèves (voire professeurs) de cette école dont je vous ai déjà entretenu et dont je vous rappellerai juste qu'elle forme un nombre impressionnant de gaiteros mais également de percussionistes. L'une comme l'autre fondées et dirigées par Xose Lois Foxo, école et banda pratiquent principalement le répertoire traditionnel galicien mais avec une forte influence des pipes bands écossais, ce qui se traduit par des emprunts au répertoire, mais surtout par l'utilisation des percussions de trois pupitres des pipes bands (grosses caisses, tambours et caisses claires à forte tension). Un choix qui ne fait pas forcément l'unanimité, d'autant que la Galice est certainement l'une des régions d'Europe à posséder la plus riche tradition de percussions traditionnelles, des pandereitas aux castagnettes en passant par maints autres instruments ou utilisation d'objets courants, mais que X.L. Foxo a su pousser avec suffisamment d'exigence pour que le niveau technique n'ait aujourd'hui pas grand chose à envier à celui de pipes bands et autres bagadous. Mais encore, si cet album de 2005 dédié principalement à la nativité et aux chants des rois débute par des plages interprétées dans ce style par la Real Banda, les six dernières plages sont simplement chantées en soliste par des anciens, preuve s'il en était encore besoin (cf chronique des livres), que l'attrait pour le style écossais n'empêche nullement de mettre également en valeur les traditions galiciennes dans leur jus.

Un mot sur la présence de la chanteuse portugaise Maria do Ceo dont le timbre et le style vocal respirent le fado mais s'adaptent très bien à l'accompagnement de la banda, bien plus conséquent que les guitares habituelles...

Passons au CD maintenant, qui nous présente en image (et en son naturellement), le même concert au complet, avec quelques présentations parlées (galicien sous titré en castillan, ce qui permet de jouer aux sept différences...). Le film a été réalisé avec des moyens professionnels (collaboration avec une TV) mais permet de constater que l'on s'est déjà habitué à la HD et le contraste élevé témoigne de la volonté de conserver un éclairage modéré durant ce concert. Le duo CD-DVD est une bonne formule car le CD peut plus facilement être écouté, mais le DVD permet de capter un certain nombre d'éléments qui échappent à l'écoute : j'avais par exemple l'impression que les bourdons des gaïtas avaient des harmonies de cloches, j'ai pu constater qu'il y a vraiment une cloche qui joue parfois... Le DVD respecte à priori la chronologie du concert, plutôt ascendante (il faut finir fort avec l'invitée principale), tandis que le CD en a logiquement modifié l'ordre car l'auditeur prête souvent davantage attention aux premières plage d'un album et peut avoir tendance à oublier l'écoute sur la fin....

Cerise sur le gâteau, le DVD présente sur certaines plages un petit catalogue en images d'iconographie de la cornemuse dans le Nord-Est de la péninsule ibérique !

http://www.realbanda.com

Rappels : voir à partir de de la chronique du CD "O Camino"

et je vous en chroniquerai d'autres sous peu.

Maria do Ceo intervient également sur l'album de Marco Foxo Ganador solistas 2009

 

Arnito
"Ekut"

Voici un album concocté en solo, à la maison, par un guitariste, mais oubliez les préjugés que vous pouvez avoir en lisant cette description : Arnito est capable d'être beaucoup plus nombreux et la première plage en particulier occupe parfaitement l'espace et ferait une excellente musique de film...

Il faut dire qu'en dehors de pincer les cordes de ses guitares, oud, saz, banjo ou basse, il manie un peu les percussions, joue de l'archet sur un violoncelle, et use parfois discrètement de sa voix comme d'un instrument.

Je vous ai déjà parlé de son album précédent et je vous rappelle donc que son style musical se situe quelquepart entre le flamenco dans les attaques, mais parfois également du côté plus picking. Bref encore un inclassable qui sous une étiquette "World Jazz" un peu fourretout fait tout simplement de la musique et c'est très bien comme cela...

http://www.arnito.net  (album disponible en téléchargement uniquement, sur les principales plateforme de vente en ligne)

Rappels :

Voir à partir de la chronique de "IR"

 

Decker-MalempréS
"Chansons pour oreilles averties"

Le duo Decker Malempré est devenu trio sans changer de nom ou presque : juste l'ajout d'un s au second patronyme puisque Tania Malempré vient apporter sa voix au duo de Rémi Decker et Marc Malempré et, accessoirement, son physique à la pochette... Dans la lignée de l'album précédent le répertoire est essentiellement traditionnel, mais si le premier était exclusivement issu de collectages belges, celui-ci puise plus largement au répertoire francophone (jusqu'au Canada) afin de se consacrer à un thème particulier sur lequel le titre de l'album ne laisse aucune ambiguité. Les groupes, chanteuses et chanteurs trad. actuels ont, dans ce domaine, plutôt l'habitude de se consacrer aux chansons au double sens plus ou moins caché, dont celle ici intitulée "Le pont de Londres", que nous avait fait découvrir Evelyne Girardon dans les années 80 (sur "Amour de Fusain") et que Sylvie Berger a récemment remise en musique, est, à mon avis l'un des plus beau fleuron... Mais le trio démarre l'album de manière plus franco avec un pastiche de la Claire Fontaine bien plus direct et dans un interprétation volontairement burlesque. La suite est interprétée de manière plus conventionnelle et alterne textes à double sens, textes plus explicites mais également l"'Assassinat" de Brassens (il est toujours risqué de réinterpréter Brassens, Tania ne s'en sort pas si mal), une chanson de JP de Béranger, une de Bertrand Obrée, un sonnet de Louise Labbée remis en musique et une chanson d'infanticide, histoire d'aborder les suites parfois moins drôles de tous ces bons moments... Sans oublier quelques instrumentaux (plages ou intermèdes entre deux couplets) qui nous permettent notamment d'apprécier à nouveau le jeu de cornemuse de Remi Decker (voire celui de Marc), qui officie le reste du temps plutôt à la guitare et/ou rejoint au chant Marc et Tania. On saluera leur manière de réinterpréter les mélodies avec suffisamment de personnalité pour que certaines ne soient pas immédiatement reconnues.

Apprécions également le livret à la belle harmonie de couleurs sur lequel figurent toutes les paroles et les sources (c'est tout de même autre chose qu'un mp3...).

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels : voir à partir de Remi Decker et Marc Malempré "Codicille 2013" 

et pour Remi Decker à partir de Griff

 

Mai 2016 

Duo Macke - Bornauw
"It's baroque to my Ears"

"Since 2008 " est-il indiqué sous le nom du duo sur la pochette... Ils ont donc mis 8 ans à sortir ce premier album (1) et ils ont sans doute bien fait le laisser murir ainsi car le résultat est là, au dessus de ce que j'avais pu entendre de leur part il y a deux ans et demi au festival de Marsinne-Héron... Le duo est original puisqu'il rassemble une joueuse de musette baroque et un accordéon diatonique. Certes, Jean-Pierre Van-Hees et Hilke Bauweraets font de même (Birgit est d'ailleurs une ancienne élève de Jean-Pierre) mais Benjamin Macke rajoute l'usage de la basse aux pieds (2) ce qui leur permet de se démarquer. Leur répertoire pioche naturellement dans celui de la musette et l'on trouvera sans surprise ici des pièces d'E.P. de Chédeville, d'autres pièces de musique ancienne moins dédiées à l'instrument (Marin Marais, O' Carolan, Playford, un anonymes allemand du 18ème, une sarabande de même origine et un menuet suédois), un traditionnel tiré de E de Coussemaker, histoire de rappeler les origines de Benjamin, et une fugue de Nachum Heiman, compositeur israelien dont le nom ne vous dit probablement rien mais dont vous reconnaitrez sans peine cette composition inspirée de Bach. Et pour n'oublier personne une composition de Martin Coudroy et une du violoniste suédois Ola Bäckström. J'avais découvert Birgit Bornauw au sein de Griff, puis avec le CD du quatuor féminin "Bon matin", j'avoue la redécouvrir à nouveau ici avec un jeu qui conjugue à la fois assurance et amplitude notamment lorsqu'elle délaisse la musette pour une cornemuse dite breugheulienne sur le livret (perce Blanc-Dubois). Le passage d'une cornemuse à l'autre, avec leurs timbres et leurs styles très différents, associées à des répertoires tout aussi variés font que l'album s'écoute d'un bout à l'autre sans la moindre lassitude (et sans le moindre invité...) .

Benjamin assure fort bien un rôle souvent dévolu à l'accompagnement réussissant, lorsqu'il le faut, à faire oublier l'anachronisme de son diato, accentuant lorsqu'il le faut avec son jeu de basses aux pieds qui n'est pas sans rappeler certains jeux d'orgue, mais dont il n'abuse heureusement pas. On appréciera par exemple la suite de deux Noëls ou sa main droite assure un duo avec la musette qui donnerait presque le change avec un véritable duo de musettes, tandis que les basses viennent faire un accompagnement dans une tessiture totalement différente.

(1) ils avaient toutefois déjà enregistrés ensemble pour l'album Accordéon diatonique de Benjamin Macke

(2) un accordéon basse, pour l'accompagnement, qui se joue avec les pieds et qui n'existait qu'en Belgique...

Bemol production : http://www.bemolvpc.com

Rappels :

 

Benjamin Macke et Birgit Bornauw : "L'accordeon diatonique" (2012 Bémolproductions)

L'album suivant du duo : Duo Macke-Bornauw "Curly music"

 

Amazing Airbags

 

 

Benjamin Macke : voir discographie à partir de :

Birgit Bornauw :

Bon matin "En avant quatre!" (2012 Bémol productions)

Griff 6 "The False Fly" (2010 Appel Rekords)

Griff 3 "Astragu" - Winter Traditions (2010 Appel Rekords)

Transpiradansa "Granuba" (2009 Appel Rekords)

Transpiradansa "Transpiradansa" (2007 Appel rekords)

Griff "Griff" (2005 Appel Rekords)

"Jong Folk - Fars" (2005 Appel Rekords) CD collectif, Birgit y intervient avec Griff et The BBGE

"Jong Folk" (2003 Appel Rekords) CD collectif, Birgit y intervient avec Griff et Vuelta

"Dansend Folk" (2001 Appel Rekords) CD collectif, Birgit y intervient avec Netel et Vogel

 Voir également ma page de discographie de la musette baroque


Guo Gan - Emre Gültekin
"Lune de Jade"

Voici un album qui sonne sur tous les plans ou presque comme une évidence ! L'évidence de la simplicité tout d'abord, dès les premières notes du violon chinois ehru de Gua Gan, ce musicien qui ne nous est pas inconnu puisqu'il fait partie des "trois violons du monde" réunis par Mathias Duplessy. Simplicité de cet instrument à deux cordes, le plus souvent joué en monodique, mais la sonorité de chaque note est travaillée de l'attaque à la finale, de manière subtile et sans surcharge. La même évidence de la simplicité (apparente naturellement), dans le jeu des cordes pincées du turc Emre Gültekin ou de ses percussions. Un musicien qui ne nous est pas non plus inconnu puisqu'il a déjà enregistré sur un album deWouter Vanden Abele mais, surtout, par l'album qu'il avait signé sur ce même label avec son père et dont je constate à la relecture de ma chronique que j'avais déjà utilisé ce même terme d'"évidence" pour qualifier leur musique... L'évidence du respect mutuel entre ces deux musiciens, de leur écoute, pour une musique toujours limpide, même lorque l'un ou l'autre des trois invités vient discrètrement renforcer le duo... L'évidence d'un répertoire qui puise aux deux sources, avec une mention particulière pour l'interprétation toute en variations de la célèbre mélodie répandue dans tous les Balkans qui a fait l'objet du remarquable documentaire de l'ethonomuicologue Adela Peeva "À qui est cette chanson ?" /(Chia e Tazi Pesen ?) (1). Un plage qui à elle seule mérite l'écoute de cet album. J'ai commencé cette chronique en écrivant que cet album est une évidence sur tous les plans ou presque, la petite réserve est pour ceux qui trouveraient que ce type de rencontre entre des instrumentistes de cultures éloignées est toujours un peu artificielle, mais l'écoute de cet album prouve une fois de plus que lorsque deux musiciens maîtrisent parfaitement le langage musical de leur culture, toutes les rencontres sont possibles et ne peuvent entacher les couleurs, ou plutôt les palettes, que les héritages culturels ont confiées à chacun d'eux.

 

(1) : un documentaire à voir absolument, dont le début ne paye pas trop de mine mais qui monte en intensité et dont le souvenir ne vous lâche plus. Plusieurs fois primé, il a déjà été diffusé sous-titré en français sur Arte (sauf erreur de ma part), on en trouve des extraits sous-titrés en anglais sur le net mais souvent d'assez mauvaise qualité et il faut vraiment le voir d'un bout à l'autre.

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels : Guo Gan : Mathias Duplessy et les violons du monde : "Marco Polo" en 2010

et "Crazy horse" en 2016

Emre Gültekin : voir à partir de "L'exil refuge du barde"

 

 

Thimios Atzakas
"Udopia"

Carpe Diem Records est un intéressant label allemand plutôt spécialisé en musique ancienne, aux pochettes toujours sobres qui ne sont pas sans rappeler celles d'un fameux autre label international et ce n'est peut-être pas un hasard car ils ont en commun le choix de musiciens qui par delà les étiquettes, savent transmettre une émotion et je me surprends à chaque fois à me retrouver captivé à l'écoute d'un album qui, sur le papier ne m'enthousisamais pas forcément. Ils ne dédaignent pas de jeter un oeil de temps à autres vers les musiques traditionnelles ou leurs instruments. C'est le cas ici avec cet album du joueur d'oud grec Thimios Atzakas qui, s'il démarre l'album en solo, se voit progressivement accompagné par la chanteuse Avgeni Gatsi puis par divers autres instrumentistes compatriotes vu leurs noms (aux ney, mantoura, violoncelle, viole de gambe, marimba et percussions diverses) ainsi que le saxophoniste et joueur de lyra James Wylie qui ne doit pas être grec lui.... L'écoute montre très rapidement qu'il ne s'agit pas réellement de musique traditionnelle ni même de musique ancienne. Toutes les plages sont d'ailleurs des compositions de Thimios Atzakas à l'exception de la fameuse gnossienne de Satie interprétée ici au oud sur discret ostinato de marimba, mais que l'on ne reconnaitra vraiment qu'au bout de 5mn sur les 7mn20 que dure la plage, mais dont l'atmosphère est parfaitement restituée tout du long. Certaines autres plages sont parfois un peu plus modernes, mais jamais gratuitement donc oubliez les étiquettes et les préjugés et lancez-vous...

Carpe Diem Records http://www.carpediem-records.com

 

Cie Guillaume Lopez
"Dançats Projèct - Lo viatge de Piu-Piu"

Il faut avoir un certain courage pour oser enregistrer plusieurs vieux standards sur un même album, mais il n'est pas nécessaire de s'en munir pour attaquer l'écoute de ce CD. Car si c'est dans les vieux pots que l'on fait la meilleure cuisine, Guillaume Lopez et ses comparses (impossible de les citer tous, mais du beau monde...) savent concocter de forts bonnes choses en utilisant des recettes tout à la fois traditionnelles et nouvelles. Et ces vieux standards sont ainsi si bien renouvelés dans leur interprétation que l'on prend un réel plaisir à les écouter. Pas de modernisme forcé ici, juste des interprétations franches, parfois originales mais toujours servies par un jeu instrumental parfaitement maîtrisé et qui puise aux racines de la tradition.

Expliquons, pour être un peu plus clair, que cet album est la bande sonore d'un spectacle pour enfants, conté, d'où la présence des incontournables Jean Petit et autres Gigouillette. Mais, première bonne idée, la partie contée (écrite par B. Cauhapé) a été placée en fin d'album, en français puis en occitan, ce qui permet d'écouter tout le début comme un album de musique traditionnelle ordinaire. Ou pas si ordinaire que cela car bien au dessus de la moyenne des productions trad. actuelles...

Un enregistrement qui pourrait donc être un album de bal tout autant que l'album de spectacle conté, chanté et dansant qu'il est en réalité. Quelques plages font tout à fait honorablement intervenir de jeunes voix. Le conte est fort bien tourné, avec quelques clins d'oeils à notre époque histoire de retenir l'attention des adultes et pas seulement celle du jeune public... Et les dessins de Claude Ribouillault histoire d'emballer tout cela de couleurs vives et de brou de noix...

C.A.M.O.M. (Collectif Artistique et Musical Occitanie Méditerranée) http://www.lecamom.com distribué par L'Autre Distribution

 Rappels : voir à partir du CD du Duo Brotto Lopez "HDQ"

 

Dzouga !
"Enfanchinaires"

Second opus de ce duo de violons auvergnats composé par Laurence Dupré et Olivier Wely. Une étape toujours difficile pour un groupe ou un duo car l'effet de surprise du premier est passé et l'auditeur à toujours envie de retrouver l'émotion de la première rencontre...

Constatons tout d'abord qu'ils sont restés fidèle à leur répertoire de violon du Massif central, un répertoire qui comporte certes, sur le papier (à la lecture de certains titres...) des standards, mais dans des versions de violonneux, ce qui change souvent pas mal la donne, à l'image de la bourrée en ouverture "Ont menarem gardar" qbien différente de celle des cabrettaires (même le titre n'est pas exactement le même d'ailleurs...

Nos deux comparses se fondent dans des styles différents selon les morceaux et leurs origines (comparer les deux premières bourrées par exemple), les uns très enlevés, les autres plus "appuyés". L'écoute attentive permet d'ailleurs de bien distinguer ce second style avec ses subtilités, son atmosphère envoûtante, du style relou de certains groupes folk qui n'ont jamais compris ce qu'était une bourrée et qui écrasent voire applatissent plus qu'ils n'appuient...

Dommage d'ailleurs que le livret, toujours très documenté chez AEPEM, détaille les origines, dates et auteurs de collecte mais ne nous renseigne pas davantage sur ces styles, les particularités géographiques ou personnelles des musiciens collectés...

Une plage dans un style plus "bal champêtre" comme on le disait à l'époque, montre qu'il peut être intéressant de s'inspirer de l'interprétation par un musicien populaire de mélodies savantes bien connues par ailleurs. Et pour ne rien gâcher, nos deux violonneux laissent de temps à autre l'archet pour donner de la voix, avec la même cadence naturellement...

Rappel : voir à partir de "Dzouga ! Fatcha peta lou peis. - Violons des Monts d'Auvergne"

AEPEM : http://www.aepem.com

 

Tied & Nyckled
"Baroque update"

Je pourrais redire à propos de cet album bien des choses écrites à propos de celui de Wouter Vanden Abele ci-dessous, même si le concept est assez différent : c'est également un album qui ne vous attrape pas forcément à la première écoute, que l'on pourra même trouver un peu "transparent" tout d'abord mais que l'on retrouve ensuite avec davantage de plaisir à chaque nouveau rendez-vous. Comme son titre l'indique, le répertoire puise dans le baroque et y mêle des compositions des membres du trio (j'imagine déjà la réaction de ceux qui ne supportent pas que l'on mêle des "compos" à un répertoire traditionnel... Ici les pièces de deux de nos trois acolytes cotoient Monterverdi, Robert de Visée ou Fréderico Monpou...)

Philippe Malfeyt au théorbe et Romina Lischka à la viole de gambe entourent le nickelharpa de Didier François, sans doute un peu moins expressif, plus retenu que le violon de Wouter Vanden Abele mais finalement tout aussi chaleureux et sincère.

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels : voir à partir de ma l'album de Didier François avec Gilles Chabenat


Zefiro Torna - Franck Vaganée trio
"Scattered Rhymes"

Zefiro Torna est un trio de musique ancienne qui semble bien aimer les rencontres comme vous pourrez le constater en lisant mes chroniques précédentes.... Nous les retrouvons ici avec une nouvelle chanteuse soprano, Juliet Fraser qui assure fort bien (ce n'est pas une débutante...) la lourde tâche de remplacer Els Van Laethem, toujours présente au travers de certaines compositions. A ses côtés, pas de changement par contre : toujours Didier François (encore lui...) au nickelharpa et Jurgen De Bruyn aux cordes pincées.

Le Frank Vanganée Trio est, de son côté le trio de jazz du saxophoniste de même nom, entouré d'un contrebassiste (Jos Machtel) et d'un batteur (Lionel Beuvens).

Je laisserais à d'autres le soin d'ergoter sur le fait qu'il s'agisse de métissage, de fusion où de je ne sais quel mode de collaboration, avec tous les jugements de valeur présupposés que cela comporte, et je me contente de constater que le résultat a ici l'élégance de ce qui ne cherche pas à jouer la carte de l'originalité à tout prix, du spectaculaire ou de la nouveauté. Chacun des musiciens paraît rester dans son élément, ne pas chercher à faire semblant de parler la langue de l'autre et le plus curieux c'est que ce qui devrait donner un simple collage fonctionne ici parfaitement : les plages démarrent souvent façon musiques ancienne et nous mènent souvent insensiblement à des atmosphères jazz sans que l'on ne percoive la frontière des genres, sans que l'on ait l'impression d'une rupture. Le retour peut se faire de manière tout aussi douce. Peut-être le secret réside-t-il dans le fait que chacun de son côté sait que le véritable esprit d'une musique réside non pas dans ses aspects les plus immédiatement perceptibles, mais plutôt dans ce qui est enfoui plus profondément et qu'il n'est donc pas nécessaire de s'accrocher à ces aspects superficiels, aussi bien au sein de sa propre musique que de celle que l'on est appelé à croiser au fil de telles rencontres... Ne reste plus aux auditeurs qu'à adopter la même attitude pour se laisser porter.

Avec tout cela je ne vous ai pas dit que l'album était construit autour de pièces de toutes époques (de Monteverdi aux membres de l'ensemble ne passant par Lizt) ayant en commun de mettre en musique des sonnets de Pétrarque. Et pour une fois chez Homerecords, le livret est très complet.

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels : voir à partir de Amorroma / Traces / Zefiro Torna "Les Tisserands"

 Les tisserands

 

Mars 2016

Anne Niepold et Gwen Cressens
"Monochromatic"

Ce duo n'est pas le premier (1) à expérimenter la rencontre entre un accordéon chromatique et un accordéon dit "diatonique" mais en réalité presque aussi chromatique mais bisonore (2). Mais là ou celui-ci se démarque des précédents c'est qu'il ne joue pas sur l'opposition des timbres ou des styles de jeu mais, au contraire, les deux instruments sont la plupart du temps indifférenciables, l'accordéon bisonore d'Anne, déjà habituée au répertoire musette comme elle nous l'avais montré dans son précédent album, a sensiblement le même son et le même toucher que le chromatique (type Bayan) de Gwen. Et même lorsque ce dernier troque son armoire pour un bandonéon la différence ne saute pas aux oreilles. Sur un répertoire puisant à des sources variées (de la BO de Bagdad Café en ouverture à Astor Piazzolla (rassurez vous ils nous épargnent son standard au profit d'une pièce moins connue), en passant par Richard Galliano, Kurt Cobain (pas vraiment dans le style original) ou AntonioVivaldi (pas davantage dans les couleurs d'époque) (3) et, naturellement quelques compositions à eux. Tout cela joué avec une énergie expressive qui en fait un album qui bien qu'inspiré par le musette est indéniablement davantage à écouter qu'à entendre et de préférence par petits bouts comme on déguste une tablette de chocolat bien fort...

Venue au diato par le trad. chaque album d'Anne Niepold, toujours différent du précédent nous montre l'évolution d'un parcours musical qui s'éloigne indéniablement de ces racines mais comme, malgré son talent, le petit monde du trad. n'a pas su la reconnaître (surtout en France où l'on continue à ne même pas la connaître...), on ne saurai lui reprocher d'aller voir ailleurs si on y est...

 

(1) voir par exemple Fabian Beghin et Didier Laloy " Cryptonique " et d'autres exemples (Potes'Flor, Achrodia, Les Zéoles...) cités dans une note en bas de la chronique de cet album...

(2) le modèle spécifique du facteur Bertrand Gaillard

(3) pour être complet il y a également l'accordéoniste français François Parisi dans un de ses standards, le contrebassiste suédois Anders Jormin (1957-) et le pianiste brésililen Ernesto Nazareth (1863-1934)

Rappels : voir à partir de Deux accords diront "Gardadvergur"

GARDADVERGUR

 

Collectif
"Autboi le bel inconnu"

"Un panorama de la musique vivante autour du hautbois languedocien." annonce le sous-titre de ce très sympathique projet qui vise à faire connaître le hautbois du Languedoc sur son territoire d'origine mais également bien au delà. Et pour ce faire, l'association "Le chevalet de Cournonterral" (vous savez ce village célèbre pour sa tradition des Pailhasses...) s'est appuyé sur Philippe Carcassès (à moins que ce ne soit le contraire ?) pour réaliser cette anthologie de l'usage actuel de ce hautbois populaire dans divers types de musique : celle des joutes naturellement mais également bien d'autres formes (du rock au musette en passant par le ragga, des pièces plus classiques, des traditionnels bulgares ou turcs, des compositions actuelles et bien d'autres choses. Nous y retrouvons donc bien entendu les meilleurs suceurs d'anches de la région, d'Alain Charrié et son compère Laurent Audemard, en passant par Philippe Neveu, Laurent Eulry, Eric Livolsi et bien d'autres dont naturellement Philippe Carcassès. Ce qui saute à l'oreille c'est le niveau de la pratique actuelle et l'on est presque surpris de découvrir à la lecture du livret que cela ne date finalement pas de ces dernières années puisque la compilation n'hésite pas à puiser dans des publications des années 90 ou du début des années 2000 qui n'ont pas encore pris une ride. Cela incite d'ailleurs irrésistiblement à remettre sur sa platine les CDs d'Une anche passe ou de Souffleurs de rêves. Mais il y a également quelques inédits (du moins c'est ce qu'il me semble) dont un beau duo de boha (Pascal Jaussaud) et hautbois (Laurent Audemard). Il n'y a qu'une plage qui fait carrément plus amateur, ce qui ne fait que relever la bonne impression sur le reste et tempérer un peu le sentiment que ce hautbois est d'un maniement facile tant les interprètes nous donnent le change à ce sujet...

Rangé dans un joli livret de 16 pages en couleur avec parole donnée à quelques musiciens, ainsi qu'à Pierre Laurence et Bruno Salenson pour les aspect historique et lutherie (dommage que le hautbois représenté par trois fois en grand soit une version très modernisée avec clétage, on aurait bien aimé voir davantage d'instruments anciens...), le produit n'est pas destiné à la vente mais à la diffusion gratuite dans les médiathèques, écoles de musique et autres lieux collectifs où il aura quelques chances de susciter des vocations...

Autoédition "Le chevalet de Cournonterral"

Rappels très partiel (les albums que j'ai chroniqués):

Philippe Carcassès
Corne d'aur'oc Brassens chanté en sétois dont un extrait figure dans cette compilation
 

Biscam pas "Le bal Queb'Oc" & "Le bal Queb'Oc- La suite sioplet !", ceux-ci n'y figurent pas

Les Mourres de Porc "Chants de marins de Méditerranée 1 - Le Golfe du Lion"
Les Mourres de Porc
Ici également un morceau d'eux dans la compilation mais tirée d'un album dont je n'avais pas eu l'occasion de vous parler : "Cants setoris"

Les Souffleurs de Rêves (A. Charrié) " Es sus la talvera qu'es la libertat".

Il y a bien un morceau d'eux sur la compilation mais tirée de "Somi verdatier" dont je ne vous avais parlé à l'époque (et pourtant je m'en souviens encore....)
(voir d'autres références dont également celles d'Une Anche Passe à partir de Es sus la talvera qu'es la libertat)

Laurent Audemard et Alain Charrié : " Vredesconcerten Passendale - Le grand troupeau" : un album qui aurait mérité de figurer dans cette compilation car j'ai un vrai faible pour lui...

Laurent Audemard : Max Rouquette "Rasims de Luna" celui-ci n'ont plus n'y figure pas...

 

 

Wouter Vandenabeele et Friends
"Chansons pour le temps qui reste"

Pour comprendre le contenu de cet album en rapport à son titre, il est nécessaire d'avoir suivi les épisodes précédents "Chansons sans paroles" puis "Chansons pour la fin d'un jour" qui permettent d'anticiper le fait que les présentes chansons n'ont pas davantage de texte... Le violoniste Wouter Vandenabeele dont je vous ai déjà entretenu à de nombreuses reprises, depuis Ambrozijn jusqu'à Aurelia, signe à nouveau un opus à son nom, très intimiste, mais pas vraiment solo pour autant puisqu'il s'appuie sur le pianiste eRno le Mentholé (voir chronique toute récente), le violoncelliste Lode Vercampt et l'accordéoniste (chromatique) Sara Salverius pour dérouler ses morceaux que l'on ressentira tout d'abord comme des ambiances mais dont les mélodies s'affirment écoute après écoute. Ayant fait une pause de trois mois dans la rédaction de mes chroniques, je l'avais écouté plusieurs fois au début de cette période et c'est avec un vrai plaisir que je viens de retrouver certaines de ces belles lignes mélodiques, notamment celle de "Club 74", revenant avec une régularité envoutante, sur fond de quasi ostinato, entre deux variations, mais également de "La Rencontre" ou de "Vals pour Lynn" qui m'évoque certaine musique de M. Perrone pour le film "La Trace". J'allais qualifier l'ambiance générale de nostalgique mais ce n'est pas le bon terme car si ces musiques sont bien à la fois calmes et poignantes, elles dégagent indubitablement une force, un aspect bien plus positif que le repli sur son passé. De la belle ouvrage de la part d'un violoniste qui ne cherche pas les effets faciles, qui utilise souvent les pizzicati pour mieux se fondre avec le piano ou s'effacer devant ses autres complices, des musiciens qui laissent leur place aux silences...

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels :

Wouter Vandenabeele : voir à partir de "Chansons sans paroles"

Erno Le Mentholé : "La mécanique poétique"

 

Lode Vercampt :

Sjansons Patinées (de Didier François)

Tri a Tolia - Zummurude

dans Bodixchel, un groupe au répertoire méditerranéen avec Ludo Vandeau (l'ancien d'Ambrozijn) trois CDs : 2002: Todo Cambia, 2004: Métropole (le seul que j'ai écouté pour l'instant), 2006: Marguérite.

Sara Salverius : Voir Olla Vogala à partir de Marcel (en 2008, un album ou intervenait d'ailleurs Wouter)

 

Novembre 2015

Bordunikum
"Uberführn"

Ce n'est pas tous les jours que je vous entretien de musique autrichienne, quoiqu'il y ait quelques bons musiciens trad. dans ce pays (1) et le cornemuseux Sepp Pichler en fait indéniablement partie. Avec sa maîtrise parfaite des différents types de cornemuse qu'il pratique, il pourrait en remontrer à pas mal de joueur de 16 pouces par chez nous (ici sous leur forme allemande) , mais également à pas mal de joueur de bock de Bohême et il pratique enfin avec le même bonheur une petite moldanky, cette cornemuse à trois bourdons de bras et petit chalumeau cylindrique, dont le musée de Prague conserver deux beaux exemplaires anciens (2). Sur cet album qui date déjà de quelques années mais que je ne connaissais pas encore, il oeuvre en trio entouré du violoncelliste Eduard Luis Eibl et du joueur d'accordéon touches piano Christian Balkanic. Tous trois sont originaires de la région du Steiermark, à l'est de Salzburg, région dont Sepp, prof de musique de profession, défend les traditions et recherche le répertoire. Mais ici le répertoire interprété est plus large, couvrant d'autres régions d'Autriche mais également un air grec joué à l'orientale ou un monférine italienne. Si l'album démarre avec une couleur très autrichienne (polyphonie alpine à trois voix sur un beau fond de bourdon à la sonorité modulée par son pavillon) qui pourra éventuellement vous rappeler quelque peu vos idées reçues sur le folklore autrichien, la suite vous démontrera que les autrichiens connaissent autre chose que le Yodel et le cor des Alpes.... La cornemuse est naturellement le plus souvent au premier plan, joliment accompagnée par l'accordéon et le violoncelle (les violoncelles devrais-je dire puisque la pochette indique que trois instruments différents ont été utilisés selon les plages...)

(1) on pourrait citer les vielleux Simon Wascher et Matthias Loibner

(2) longtemps exposées au Musée de Strakonice, ici dans une reconstitution de Horst Grimm, mais Pavel Cip en a également fabriqué

Contact : http://www.sepp-pichler.at

 

 Erno Le Mentholé
"La mécanique poétique"

 

Encore un album qui n'a rien de trad. et qui n'a donc à priori rien à faire dans ces colonnes, sauf qu'il est très agréable à écouter et qu'il colle fort bien avec l'atmosphère actuelle d'entrée dans l'hiver : du piano solo très contemplatif, voir mélancolique et qui n'est pas sans m'évoquer certaine gnossienne de Satie. Des harmonies suffisamment recherchées pour susciter l'intérêt mais jamais dissonantes. On pourra regretter la quasi unité d'ambiance d'un bout à l'autre de l'album... ou l'apprécier (sauf si on est déjà en dépression avancée...). Erno Le Mentholé prouve, s'il en était besoin, que l'émotion ne nécessite pas forcément beaucoup de notes à la seconde (1) et que les respirations sont toutes aussi importantes,

(1) quoiqu'il en utilise parfois davantage qu'il n'y paraît au premier abord...

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappel : Quleques semaines seulement après le présent opus, est sorti l'album deWouter Vandenabeele et Friends "Chansons pour le temps qui reste", eRno faisant naturellement partie des "Friends" en question

 

Bernard L'Hoir
"She's..."

 

Comme le plus souvent chez cet éditeur, pas évident de trouver un lien entre cet album et les musiques traditionnelles dont je suis censé vous entretenir, mais comme ce sont toujours des albums très agréables à écouter, je ne résous pas à me censurer pour une simple question d'étiquette. Bernard L'Hoir est un compositeur belge, pianiste comme le sont souvent les compositeurs, dans un style plutôt musique de film jazzy et il est d'autant plus difficile de définir le style du présent album que l'ambiance y change à chaque plage : musique de film, mais dans des styles différents avec même une plage qui évoque un peu Pirate des Caraïbes et d'autres plus posées... Le livret m'apprend qu'en réalité chaque plage évoque une femme, d'où le titre...L'une d'elle était-elle parisienne d'ou ce petit côté jazz musette grace à l'accordéon chromatique de Rachel Gigot ? Une autre espagnole au vu (sic !) de la première plage un peu flamenco derrière les cordes de la guitare de Juan Carlos Mellado Tejón. Ce dernier est d'ailleurs présenté sur le site comme formant le duo de base avec Bernard L'hoir, les autres musiciens étant invités. Je pencherai plutôt pour un trio de base avec le batteur Teun Verbruggen (à moins que les percussions de certains morceaux soient programmées, auquel cas ce serait fort bien réalisé car cela ne sent jamais le synthétique...). On s'étonne d'ailleurs, après une écoute aveugle, de découvrir qu'ils ne sont pas plus nombreux car cette musique donne vraiment l'impression d'une musique d'ensemble. Il faut dire que le piano remplit bien l'espace, sans jamais toutefois sembler mis en avant. Le hautboïste Olivier Habran intervient également de même que trois choristes qui renforcent l'aspect orchestral.

Homerecords : http://www.homerecords.be


Wör
"Back to the 1780's"

 

Voici une belle surprise, venue de Flandres (Belgique) : un quintet acoustique interprétant de manière résolument actuelle des mélodies issues de recueils belges (Grammont, Anvers, Diste, Gand Bruxelles et Louvain) du XVIIIème siècle (1743 à 1781). La première bonne surprise est donc celle d'un répertoire original, principalement de contredanses à en croire les titres, pour la plupart d'ailleurs en français : La Cocarde, La Capricieuse, La Railleuse, La Lavandière... avec tout de même une maclotte. La seconde source de satisfaction est la qualité de l'interprétation : voici des musiciens qui maîtrisent parfaitement leurs instruments. Et enfin le troisième bon point est celui d'une interprétation certe actuelle dans les arrangements, mais qui ne s'est pas crue obligée de sacrifier au sempiternel duo basse-batterie : c'est ici un sax bariton qui assure la basse et une partie de la rythmique, secondé par une guitare acoustique rythmico-harmonique. Sur cette base mise en avant au mixage (un poil trop, c'est le seul reproche que j'aurai à leur faire), violon et cornemuse (flamande, c'est à dire "europipe" mais également musette baroque sur une plage) viennent poser les mélodies avec une belle entente. Reste enfin l'accordéon chromatique, pas toujours facile à identifier en écoute aveugle, qui assure principalement l'harmonie mais n'hésite pas également à venir doubler une mélodie, tandis qu'à l'inverse, le violon s'en vient souvent appuyer l'accompagnement. Ils sont flamands mais le résultat sonore pourrait très bien émaner d'un groupe du Morvan ou de toute autre province française et leur travail sur les recueils anciens n'est pas sans évoquer celui de certains bons musiciens allemands ou autrichiens. D'après leur site il s'agit de leur premier CD, souhaitons que celui-ci, avec son beau graphisme, les fasse connaître par chez nous...

Appel Rekords

Site du groupe : http://www.WeAreWor.com

Rappels :

Wör : 2017, second album : "Sssht"
chronique à venir sous peu

Pieterjan Van Kerkhoven, cornemuseux du groupe, à la musette sur l'album de l'ensemble Les menus plaisirs du Roy "Joseph Bodin de Boismortier - Divertissements de campagne"

 


Gildas Le Buhé et Philippe Gloagen
"Bouezh ar Vretoned"

Encore une fois, je me demande comment fait ce label du Nord pour convaincre des artistes bretons de talent d'être édités chez lui (1) ? Après Régis Huiban notamment, c'est le duo du chanteur Philippe Gloagen et du guitariste Gildas Le Buhé qui sort un album chez Bémol. A quand le logo "Produit dans le Nord" avec un beffroi à la place du phare ?... Trêve de plaisanterie, si nos deux acolytes sortent leur CD chez Bémol c'est qu'ils connaissent bien la maison pour y avoir déjà trois albums avec Wipidoup (quartet dont Regis Huiban est également membre). Ils nous offrent donc ici une version plus resserrée (en vrai duo, sans invité), toute aussi intéressante. Gildas le Buhé chante en breton avec une voix qui colle très bien à ce répertoire, un timbre certe moins typé que celui d'un YF Kemener ou d'un D. Prigent mais une diction tout à fait convaincante. Rien d'étonnant lorsque l'on vient d'une telle famille... Il passe de temps à autre au saxo (saksofon en breton d'après la pochette...) dans un style qui ne cherche pas "à faire breton", mais plutôt jazz. Philippe Gloagen ne cherche pas non plus à donner une couleur "bretonne" à sa guitare : le répertoire et la langue y suffisent fort bien. Il n'a pas besoin non plus de soutenir rythmiquement le chanteur, celui-ci se chargeant déjà de faire ressortir toute la cadence présente dans chaque mélodie qu'elle soit à danser ou écouter. Le guitariste dispose donc d'une réelle liberté et c'est un plaisir que de l'écouter construire un accompagnement varié, toujours mouvant enchaînant quelques contretemps, un arpège, quelques notes d'intermède lorsque le chanteur reprend son souffle etc. Ceci n'est pas sans me rappeler l'album d'Aurélien Tanghe...c'est à dire l'album précédent de cet éditeur...

(1) J'avais d'abord écrit "à venir enregistrer", mais je vois que cet album a été enregistré en Pays Bigouden

Bemol production : http://www.bemolvpc.com

Rappels : voir à partir de

Wipidoup " L'opium du danseur "


Arianna Savall et Peter Udland Johansen
"Il viaggio d'Amore"

Ce n'est pas souvent que je vous chronique des albums de musique ancienne et j'avoue que c'est un type de musique que je n'écoute finalement pas très souvent malgré mes activités iconographiques qui favorisent souvent les périodes médiévales et renaissance. Ce n'est peut-être d'ailleurs pas sans lien : j'ai tendance à trouver les groupes de musique ancienne soit trop appliqués et affectés, soit au contraire bien trop éloignés de ce que l'iconographie laisse supposer de l'interprétation de ces types de musique. Et bien voici un album qui m'a convaincu, malgré un répertoire plutôt disparate (1) qui va du XIVème au XXème siècle, de l'Espagne à la Norvège (en passant par l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, l'Angleterre et le Chili), empruntant à des compositeurs anonymes, comme à de beaucoup plus connus (Monteverdi, Schubert) mais également à des traditionnels, voire à une composition de la harpiste. Alors par quel miracle tout ceci fonctionne-t-il ? Tout simplement par une volonté de faire vivre tout cela, de l'interpréter non pas comme des oeuvres passées soumises à des codes particuliers, mais de manière tout à fait actuelle. Et si nombres de musiciens pensent que pour être actuel il faut utiliser des instruments dits "modernes", ce n'est pas le cas ici, tout juste une certaine liberté dans le choix des instruments, comme d'ailleurs dans celui des arrangements, ou dans l'utilisation de figures de style issues des musiques traditionnelles. Le résultat est ainsi une interprétation que ne semble jamais trahir les oeuvres originales mais qui vous accroche furieusement. Cette recette pourrait sembler simple à reproduire mais pour réussir ce petit tour de force, Ariana Savall, Petter Udland Johansen et leurs quatre amis disposent tout d'abord d'une technique instrumentale irréprochable, Ariana à la harpe triple, Petter au hardingfele et au cistre. Et, parallèlement, ce sont deux chanteurs d'un niveau tout aussi impressionnant. Le site internet d'Ariana m'apprends qu'ils ont déjà pas mal d'enregistrements ensemble à leur actif, ceci participe sans doute également à faire opérer la magie...Ils sont accompagnés dans ce "voyage d'amour" par guitares, dobro, colascione, contrebasse et percussion. Pour ne rien gâcher la prise de son est bonne et le livret de cet intéressant petit éditeur allemand est également en anglais et français (les paroles des chansons, sont dans leur langue d'origine avec traduction en anglais et allemand)

Carpe-Diem Records : http://www.carpediem-records.com

(1) si l'on excepte, naturellement, le thème conducteur qui donne son titre à l'album...

Rappel : leur album suivant : "The Wind Rose" (2017)


Octobre 2015

Sigrid Vandenbogaerde
"Gift"

 

J'aurai bien aimé ajouter cet album de violoncelle solo (vraiment solo si on excepte une plage sur laquelle on entend un peu la voix de l'instrumentiste) à ma page sur le violoncelle dans les musique traditionnelles mais j'ai eu beau chercher, difficile de trouver un lien avec celles-ci.

En tout cas un bel album des oeuvres de facture plutôt classique de J-S Bach (évidemment...), de Gaspar Cassadó (violoncelliste catalan 1897-1966), et de musiciens actuels : Manuel Hermia (souffleur entre jazz et musiques du monde), Françoise Derissen (violoniste belge multidomaines), Jean-Pierre Waelbroeck (compositeur belge), Line Adam (violoncelliste belge à ne pas confondre avec sa soeur Kathy Adam également violoncelliste), Sofia Gubaïdulina (compositrice russe vivant en Allemagne et d'une génération antérieure aux précédents), Nathan Renard, Renaud Lhoest (violoniste, pianiste et compositeur belge décédé en 2014)*.

Une interprète qui sait faire sonner son instrument, le heurter un peu aussi sur l'une des plages, mais l'on reste toujours dans le registre mélodique.

* comme la pochette ne précise rien sur ces compositeurs j'ai essayé de vous trouver quelques éléments minimaux...

Homerecords : http://www.homerecords.be


Photis Ionatos
"Périples"

Je ne dois pas être le seul à avoir le souvenir du duo d'Angélique et Photis Ionatos et notamment de l'album Réurrection en 1972 ("Y-a-t-il de la place au ciel pour les poëtes ?") puis "Il faut que je te dise" en 1975, albums sur lesquels ils mêlaient paroles en français et en grec. Angélique Ionatos a poursuivi en solo avec la carrière que l'on sait, retournant à ses racines grecques mais j'avoue avoir toujours eu un petit regret du duo, de ce français chanté avec accent... J'ignorais, par contre, que Photis Ionatos avait lui aussi poursuivi sa carrière, bien plus discrètement, en Belgique essentiellement et opté lui aussi pour le retour au chant en grec (voir en grec ancien). C'est donc avec plaisir que l'on retrouve sa belle voix ici, s'accompagnant à la guitare mais soutenu également avec tact par le bouzouki de Stélios Manussakis. Sans faire dans le folklore, guitare et bouzouki donnent juste ce qu'il faut de cette couleur qui sied si bien à la langue grecque et à la voix légèrement rauque de Photis. Notons également les interventions de Didier Laloy au diato (très belle mélodie) et de Jean-François Hustin à la flûte traversière ( également ingénieur du son). Si les livrets de chez Homerecords sont généralement peu bavard, cette fois ci je ne l'ai même pas reçu et j'ignore dont tout des textes interprétés sinon, par leur site internet que six nouvelles chansons sur des poèmes d'Aki Roukas rejoignent 8 réinterprétations de chansons précédemment enregistrées, ce qui fait un titre de trop puisque l'album n'en compte que 13... ;-)

Mais même sans les paroles, l'interprétation de Photis a des accents poignants et sincères bien mis en valeur par l'accompagnement instrumental. Et les mélodies s'inscrivent bien dans la mémoire et on les retrouve avec plaisir au fil des écoutes...

Homerecords : http://www.homerecords.be 


Multidelta
"L'arborescence des sources"

Je vous ai parlé tout récemment de Boris Trouplin à propos de l'album du groupe Boréale
"Ebène" sorti quasi en même temps que celui-ci, je ne reviendrai donc pas sur son jeu sur les diverses cornemuses ou au steel drum. Il retrouve ici son vieux complice de Minuit Guiboles, l'accordéoniste Aurélien Claranbaux pour un album en duo, dans une formule à danser qu'on pu notamment tester ceux qui étaient à Ars cette année (voir photos ici). Il ne serait toutefois pas judicieux de considérer qu'il s'agit d'une renaissance de Minuit Guiboles en formule légère car cet album a parfois des couleurs entendues dans les albums personnels de Boris Trouplin, avec notamment une plage dans les paroles de laquelle ressort son goût pour les assonances.

Le duo est agrémenté de temps à autre de quelques ajouts synthétique ou sample qui, personnellement me semblent souvent un peu superflus. Une mention toutefois pour un effet qui m'a bluffé… justement parce que l'on ne devine pas de suite qu'il est du à un artifice électronique… Je vous laisse le trouver. Une mention également pour la percussion rythmique de la dernière polka dont le livret nous apprend qu'il s'agit d'une machine à coudre mécanique passée en boucle...

Mais revenons au duo proprement dit : Boris, auteur de toutes les compositions sauf une qu'il laisse à son collègue, déroule les mélodies avec une belle énergie, fortement soutenu par le jeu très rythmique d'Aurélien, à la main gauche naturellement, mais également souvent à la droite. On sent une réelle complicité entre eux qui fait bien monter la mayonnaise. Maintenant qu'ils se sont retrouvé, souhaitons que cela dure...

Appel Rekords http://www.denappel.be

Rappels :

Boris Troupin, voir à partir de "Troisième souffle"

Aurélien Claranbaux :

- Duo Absynthe avec Sylvain Letourneau Album eponyme en 2011

et #2 (même pochette mais en rouge) en 201 ?

- Féo (avec Philippe Duval : flûte traversière, Benoit Roblin, vielle à roue, Sébastien Janjou : guitare et Antonin Pauquet :contrebasse : un CD éponyme en 2012

- Album solo " é uma ilha " annoncé pour février 2016 


Zlabya
"Les animaux et les choses"

 

Second album pour ce groupe des Flandres françaises qui fait dans la musique trad., dans un style jazz assez cool. La présence de la trompette (Theo Kaiser qui alterne avec la guitare) fait immanquablement penser au Sextet à claques ( à la relecture de ma chronique précédente je me rends compte que je l'avais déjà écrit...), mais l'ambiance est plus posée ici et si le livret ne nous indiquait pas qu'il s'agit de musique à danser (cercles, mazurka, scottisch, valses, hanter-dro etc..), cela ne serait pas forcément facile à deviner. Mais davantage que le percussionniste Florian Huygebaert, l'accordéoniste Raphaël Decoster assure tout de même la cadence nécessaire à la danse, avec un swing qui contrebalance bien le style plus tranquille des mélodistes (outre T. Kaiser, Kate Young invitée au violon) et du contrebassiste Jean Baptiste Guerrier. Peut-on espérer un prochain album en live, comme Bémol sait si bien le faire, histoire de ressentir davantage l'ambiance musique à danser ?

Livret de 16 pages pas vraiment bavard (graphique mais un peu conceptuel)….

Bemol production http://www.bemolvpc.com

Rappel : premier album en 2011 : "La méduse boîte"

 


Septembre 2015

 Aurélie Dorzée et Tom Theuns
"L'art de voler"

 Après trois albums en trio ("Aurélia") avec le percussioniste Stefan Pougin, Aurélie Dorzée et Tom Theuns ont enregistré cette fois ci en duo (avec un peu de re-recording tout de même...), dans des couleurs à la fois proches de celles du trio (on ne se refait pas...) mais tout de même différentes : peut-être un peu moins expérimentales quoique.... Il demeurent toujours dans un registre davantage chanson contemporaine que trad., à l'instar de quelques autres musiciens issus de notre petit monde et que les chemins artistiques conduisent insensiblement vers d'autres horizons. Ce qui ne nous empêche pas de continuer à les suivre et à les apprécier, peut-être davantage que si on ne les avais pas connu précédemment et on ne peut donc que les remercier d'ouvrir ainsi notre univers musical. Si le violon d'Aurélie trahit encore parfois les danses qu'il a pu interpréter, sa voix, souvent plutôt chuchotée, ou sans paroles, s'affranchit de cet héritage (mais il me semble qu'elle était surtout instrumentiste dans le domaine trad...). Quant à Tom Theuns, il a toujours cette voix unique et quelques accents blues qu'il place deci delà. On a tout de même droit à une sympathique mazurka façon musette. Les chansons sont interprétées en français principalement, mais également en allemand, ce qui n'est pas courant (dans un style sympathique qui me fait furieusement penser à Marcel Adam mais comme 99% d'entre vous ne le connaissent pas, cela ne vous avance pas à grand chose que je vous dise cela...) et en italien pour conclure l'album de manière enjouée. Tous les titres sont d'ailleurs des compositions du duo, parfois sur des paroles historiques (Charles d'Orléans, Goethe...) et avec une exception notable : la très belle réinterprétation de la fameuse "Nonchalante" d'Emmanuel Pariselle.

Homerecords : http://www.homerecords.be

Rappels : voir à partir de Aurélia "Festina Lente"


 

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