Jean-Luc Matte
Infos mumuses
Les citations de la semaine
Année
2001
Depuis le 25 octobre
2001, chaque semaine, je livre à votre sagacité, une
citation dont l'auteur est a découvrir. Ci-dessous une petite
compilation de celles de cette premier année
2001...
"La modernité… Oh vous savez, nous avons
tous intégré des batteries, des samplers, à une
époque ! Mais cela finit par dater. Lorsque j'écoute
des enregistrements des années 80, je peux les situer alors
que ceux des années 20 me paraissent frais et intemporels ! Il
faut laisser la musique se régénérer toute
seule. Les instruments "modernes" sont vites périmés.
C'est comme les ordinateurs ! Alors que les instruments acoustiques
ne sont jamais dépassés ! Et puis, je crois que
l'évolution est d'abord une affaire d'état d'esprit
!"
Mairead ni Mhaonaigh, la chanteuse violoniste d'Altan
"Raul, apprends à ne jouer qu'une seule
note, mais à bien l'habiller. Elle n'a pas besoin de cinquante
autres notes autour. Tu dois livrer le cœur, sinon la forêt
finit par cacher l'arbre"
Propos de ses ainés, rapportés par Raul Barboza
(source : Accordéon et accordéonistes sept. 2001)
" Patrick Molard le dit très bien : il
pense qu'il y a plus de points communs musicaux entre la musique
bretonne et celle de Roumanie ou de Bulgarie, qu'entre la musique
d'Irlande ou d'Ecosse. Lui qui est un grand joueur de cornemuse
écossaise et de uillean pipe, considère que s'il existe
des relations entre les pays celtiques, elles sont linguistiques ou
musicales sur la similitude des textes. Et celles-ci sont aussi
beaucoup de l'ordre, dirons nous, du fantasme, de la communion
rêvée avec les autres peuples celtiques. Surtout chez
nous, en Irlande un peu moins. Ce sentiment naît de l'envie de
se retrouver au sein d'une communauté plus grande. Maintenant
si on analyse musicalement les pièces de la
réalité, c'est très différent. Il y a
beaucoup de 6/8 en Ecosse et en Irlande. Il en Existe très peu
en Bretagne. L'histoire a fait que ça n'a pas pu se
réaliser; mais je ne suis pas du tout opposé à
travailler avec des musiciens celtiques"
Erik Marchand (Celtics août/septembre 2001)
"Contrairement à ce qu'un vain peuple
pense, la bourrée est une danse difficile. Dansée par
des danseurs traditionnels, elle peut être fine et
élégante. Etant donné que c'est une danse
populaire, bourgeois et citadins se plaisent à l'imaginer
lourde et grossière. Elle l'est souvent lorsque ce sont eux
qui la dansent"
Yvon Guilcher (la danse traditionnelle en France p.230)
"Les gendarmes se sont multipliés en
France bien plus encore que les violons, quoique moins
nécessaires pour la danse"
Paul-Louis Courier, Pétitions à la chambre des
députés pour les villageois que l'on empêche de
danser
"Polémiste du XIXe, PL Courier a écrit ce texte
à propos des villageois d'Azai (Touraine) qu'un
arrêté du préfet empêchait de danser :
l'origine de cette interdiction était le curé de la
paroisse, très intransigeant. A quelques kilomètres de
là, le curé de Veretz autorisait lui la danse le
dimanche sur la place, en en percevant le rôle social
(formation des couples), ainsi que son propre rôle de
"surveillant" : il vaut mieux des danses en plein jour, qui restent
dans les limites du "raisonnable", que des danses nocturnes au
cabaret, impossibles à moraliser. Le premier curé
était jeune, le second âgé, ayant vécu la
Révolution : c'est une page de l'histoire de
l'évolution du regard de l'Eglise sur les amusements
populaires au XIXe. Pour plus de détails, consulter mon DEA
(non édité) !! Sinon ce texte de Courier est vraiment
un bijou d'écriture (il fait environ 8-10 pages). Edith Marois
a monté son sujet de thèse à partir de cet
écrit de PL Courier : la danse dans la littérature au
XIXe" commentaire de J.F. Maxou Heintzen. Ajoutons, à propose
de PL Courier, que l'ensemble de son ¦uvre est parue sous le
titre "Pamphlets politiques et Lettres d'Italie".
"C'était pendant un orage (…) j'ai pris
un taxi et tout en roulant je me suis dit "Si en arrivant dans mon
village, je vois une personne qui n'est pas blottie au fond de sa
maison en train de regarder la télé ou boire son
thé, mais qui joue de son instrument traditionnel, il vient
avec moi". "
Hanitra Rasonaïvo du groupe Tarika (Madagascar).
"Je vais vous dévoiler mon sentiment
là-dessus : vu que nous jouons tous à l'unisson, plus
nous sommes nombreux, plus c'est mauvais, parce que chacun joue sa
version, fait ses fantaisies propres et ses fioritures, et surtout :
le plus fort possible, alors qu'il faudrait une grande discipline et
écouter les autres".
Marcel Piaud, vielleux, accordéoniste et cabrettaire
périgourdin dans l'ouvrage qui lui est consacré
"Routinier du Périgord" ed. Ol Contou (Le Bugue) 1992
"Le fondement de ma démarche
(découvert en partie en cours de route) consiste
précisément à créer des collections qui
n'existent pas en tant que telles, de façon institutionnelle,
afin de mettre en perspective des choses étiquetées
comme sans intérêt, mais riches
d'humanité"
Claude Ribouillault in Accordance n°18
"Je n'essaierai pas de vous dépeindre
ces cris de chacal, ces râles d'agonisant, ces gloussements de
dindon, au milieu desquels, malgré une extrême
attention, il ne m'a pas été possible de
découvrir que quatre notes appréciables (ré, mi,
si, sol)"
Hector Berlioz et relatée par Gérard le Vot dans les
actes du colloque "A la croisée des chemins - Musiques
savantes, musiques populaires, hommage à George Sand 23-25
octobre 97 à la Châtre" édité par Modal
poche. Je vous en mets un autre bout, toujours à propos du
même concert de musique chinoise entendu durant un
séjour à Londres : "L'air
(grotesque et abominable en tout point) finissait sur la tonique,
ainsi que la plus vulgaire de nos romances, et ne sortait pas de la
tonalité ni du mode indiqué dès le
commencement." Comme quoi on peut être un grand
musicien et oublier que pour juger d'une œuvre musicale il faut
savoir se placer dans le système de valeurs de celle-ci…
du même H. Berlioz dans son fameux traité
d'orchestration, à propos... du concertina "Le son est à la fois mordant et doux et,
malgré sa faiblesse, il porte assez loin, il se marie avec le
timbre de la harpe et avec celui du piano (…)"
"Au début j'ai fait un pari. Voir
jusqu'ou on pouvait aller artistiquement avec ce genre musical que
j'aime bien. Ca c'est la grande aventure. Aventure musicale et
humaine. Et puis je te l'ai dit, je ne suis pas rentier. En plus je
suis un genre de feignant, et ça, pour la musique du cœur,
c'est bien."
interview de Michel Bianco (du Corou de Berra) dans Accordance
n°8
"Toutes les audaces leur étaient
permises, jouer avec le violon dans le dos ou à l'envers,
boucher le hautbois de la cornemuse avec le genou, mettre deux,
trois, quatre chiens superposés à la vielle, ou bien
essayer le dernier micro-contact et l'ampli bien saturé qui
allait avec. Nos propres audaces de musiciens étaient souvent
dépassées par eux. Et bien sûr taper des pieds
avec élégance ou avec violence, avec des chaussures
spéciales à semelles de bois parfois pour s'accompagner
tout seul, faire le plus de bruit possible, sans l'aide de personne,
comme de vieux anarchistes qu'ils étaient, souvent proche de
l'extrême gauche, parfois de l'extrême droite : en tout
cas bien loin du localisme identitaire qui voulait les ramener
à une collectivité, eux dont le seul souci était
d'exister en tant qu'individu dans une société
traditionnelle ou néo-traditionnelle marquée par
l'anonymat."
Eric Montbel dans les actes du colloque "Imaginaires Auvergnats"
1996 édité dans la collection Modal poche
Citations 2002 >
retour aux infos
mumuses
Menu-->